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Y – 900 à 800 BCE – HOLOCÈNE – SUBBOREAL final (4)

 

Climat

A partir de v. 850 AEC, le climat mondial subit de nouveau un refroidissement mais avant tout une augmentation de l’humidité que l’on détecte aussi bien en Europe qu’en Sibérie. Ces conditions qui culminèrent v. 800 AEC et qui durèrent environ un siècle semblent avoir été favorables aux peuples des steppes du fait de l’extension des pâturages ; il en résulta par conséquent un accroissement de la densité humaine des nomades.

Cette transition aura quelque chose d’un peu artificiel, mais l’amélioration climatique qui suivra constituera le début conventionnel de la période Subatlantique dans laquelle nous vivons toujours.

 

Afrique du Nord et Sahara

Afrique du Nord Occidentale

  • C’est de la fin du IX° siècle AEC, précisément en l’année – 814, que l’on date traditionnellement la fondation traditionnelle de Carthage. A proximité de Carthage, les anciens situaient en l’année – 1101 la fondation d’Utique, bien que les plus anciens vestiges identifiés datent seulement de v. 800 AEC.

 

Egypte et Cyrénaïque

  • En – 818, un prince apanagé de la 22° dynastie (– 943 à – 715) fit sécession et fonda un état Egyptien rival de celui de ses cousins à Léontopolis dans le Delta ; c’est ce que l’on appelle la 23° dynastie (– 818 à – 715) dont l’histoire est parallèle à celle de la 22° dynastie régnant depuis Tanis ; et également parallèle à celle des grands-prêtres d’Amon (– 1080 à – 775) régnant depuis Thèbes.
  • Vers 900 AEC, l’une des principautés rivales s’imposa aux autres chez les Kouchites égyptianisés de Napata. Au siècle prochain, elle sera à l’origine de la 25° dynastie Egyptienne qui unifiera de nouveau la vallée du Nil.

 

Sahara

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Afrique sub-saharienne

Afrique subsaharienne de l’Est

  • C’est v. 900 AEC, que des Sud-Sémitiques / Ethiopiques d’Arabie traversèrent le détroit de Bab-el-Mandeb et s’installèrent dans la corne de l’Afrique où ils furent à l’origine du premier état Ethiopien, le royaume de Damot situé en actuel Tigré. Cette date est toutefois très incertaine. Ce sont probablement les Ethiopiques qui introduisirent le zébu (Bos indicus) en Afrique. Le royaume d’Axum fut peut-être aussi ancien que le royaume de Damot ? Mais il ne deviendra important que v. 500 AEC, lorsqu’il parviendra à contrôler le commerce naval sur la mer rouge.
  • Cette implantation des Ethiopiques-Ethiopiens en Afrique de l’Est, sépara le groupe Nord- et Centre-Couchitiques du groupe Est- et Sud-Couchitiques.
  • A l’époque, le plateau éthiopien demeurait encore peuplé par des groupes préhistoriques *Paléo-Ethiopiens qui étaient toujours attardés dans le très ancien Âge de la Pierre Récent africain (Late Stone Age, LSA). Ces régions montagneuses ne commenceront à être infiltrées par les Ethiopiques qu’après la disparition du royaume de Damot, v. 500 AEC seulement. Il est étonnant de constater que cette région d’Afrique de l’Est qui avait été à l’origine de toutes les innovations technologiques et même cognitives, fut l’une des régions du Monde où la préhistoire paléolithique demeura le plus longtemps vivante.
  • Dans la région située à l’Ouest du lac Victoria, les Bantous orientaux développaient leur culture sidérurgique Urewe. C’est peut-être dès cette époque, qu’à partir du Rouanda et du Burundi, ils s’étendirent au Kivu. 

 

Afrique subsaharienne de l’Ouest

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Forêt pluviale

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Afrique du Sud

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Asie Occidentale Méridionale (Levant, Proche-Orient, Moyen-Orient, Anatolie, Arabie)

  • Poursuivant sa résurrection amorcée en – 911, le royaume d’Assyrie redevint une puissance solide v. 880 AEC, puis retrouva v. 860 AEC son étendue du XII° siècle AEC. Ayant reconstitué ses forces, l’Assyrie lança une série de raids dans toutes les directions : contre les états du Levant, contre les états Araméens et Néo-Hittites de Syrie, et contre la Babylonie qui devint une simple province assyrienne v. 855 AEC. Cependant, cette ascension fulgurante fut bientôt interrompue par une longue guerre civile au cours de laquelle les vassaux reprirent leur indépendance v. 830 AEC. De nouveau autonome, la Babylonie fut dès lors dirigée par une dynastie d’origine Chaldéenne. Puis, s’étant de nouveau ressaisis, les Assyriens reconquirent une nouvelle fois le Levant en – 806. A la fin du IX° siècle AEC, la Babylonie Chaldéenne parvenait toujours à conserver son indépendance, mais dans la précarité d’une forte menace assyrienne.
  • Le Sud-Levant était toujours partagé entre la pentapole des Philistins qui occupait la côte, et les deux états Hébreux rivaux de Jérusalem et de Samarie.
  • Le reste de la côte levantine était le domaine des cité-états Phéniciennes qui commençaient à fonder ou à renforcer des comptoirs commerciaux en Méditerranée occidentale, précédant en cela les Grecs. Notons à ce propos que les Phéniciens avaient pris la suite des Grecs Achéens / Mycéniens en Méditerranée Occidentale et avaient commencé à aller plus loin qu’eux, jusqu’au-delà des colonnes d’Hercule / Gibraltar. Peut-être avaient-ils même commencé à explorer les rivages atlantiques de l’Europe et de l’Afrique ainsi que nous le schématisons sur la carte Y ? Sachant que le vocabulaire Indo-Européens nous indique que ces peuples effectuaient leurs calculs en base 10, il est frappant de constater que le commerce européen n’a pas été structuré sur les dizaines et sur les centaines, mais sur les douzaines et sur les grosses qui étaient précisément la base de calcul des peuples Sémites ; usage qui était encore prévalent vers 1900 et qui n’a pas totalement disparu. On comprendrait volontiers ce paradoxe si les Phéniciens avaient relevé à leur profit les anciens réseaux Ligures atlantiques ; peut-être jusqu’aux Cassitérides ?
  • L’Anatolie et le Sud-Caucase étaient partagés par un ensemble hétéroclite de peuples d’origines diverses. Au Sud-Caucase vivaient les résidus du grand peuple Kartvélien d’autrefois, essentiellement représentés par les Colches et peut-être par les Uttéens. Les Ibères du Caucase représentaient peut-être l’élément le plus visible du groupe Nord-Caucasien, de lointaine origine paléolithique [cf. atlas n°3]. Plus au Sud, le royaume d’Ourartou était désormais une réalité politique qui s’était constituée sur le vieux fond Hourrite régional. Sur la côte de Trébizonde vivait le groupe Thrace des *Proto-Arméniens Mushki, ancêtres des Arméniens qui cristalliseront définitivement plus tard sur le substrat Ourartéen. Au Sud de ceux-ci, vivaient toujours des résidus Gasgas qui avaient échoué là après l’agitation du XII° siècle AEC et qui étaient en train de se fondre dans les nouvelles recompositions ethniques. Au Sud de ceux-ci encore, persistaient des états dits Néo-Hittites mais dont les habitants s’exprimaient en langue louvite. A Chypre, et sur la côte de Cilicie qui lui fait face, vivaient des Grecs Achéens. Outre ceux-ci, toute la région Sud de l’Anatolie péninsulaire était peuplée de Louvites. Le plateau anatolien, la côte du Pont et l’ancienne Troade étaient le domaine des Phrygiens. Enfin, la côte égéenne était peuplée par les Grecs Eoliens au Nord et les Grecs Ioniens au Sud dont la culture céramique était désormais passée au stade Géométrique (v. 900 à 700 AEC localement) tandis que la Grèce péninsulaire conservait encore le style Proto-Géométrique ; preuve évidente que l’introduction du style Géométrique en Grèce ne doit pas être associé avec une éventuelle invasion Dorienne.
  • La péninsule arabe était habitée par les tribus Arabes au Nord et au Centre ; et par le groupe Ethiopique / Sud-Arabique au Sud. C’est peut-être vers cette époque que des tribus Ethiopiques franchirent le détroit de Bab-el-Mandeb et devinrent les premiers Ethiopiens [cf. Afrique subsaharienne de l’Est]. 

 

Iran, Asie Centrale, Steppes Asiatiques Occidentales, Sibérie Occidentale, Altaï

  • C’est peut-être v. 900 AEC seulement qu’un groupe d’Iraniens occidentaux Perses s’installa dans la région du lac d’Ourmia, là où les Assyriens signalèrent leur présence vers le milieu du IX° siècle AEC. Habituellement, on fait de ces Perses du Nord les ancêtres de ceux de Perside qui allaient être à l’origine de la dynastie impériale des Achéménides. Toutefois, il serait plus logique de voir en eux une fraction ectopique de la nation Perse, désormais éloignée de l’ensemble principal de la tribu qui vivait déjà en Perside ? En effet, une présence Iranienne était déjà notée au siècle précédent dans la région d’Anshan, c’est-à-dire en Perside. Au IX° siècle AEC, la carte Y montre cette Perside déjà dirigée par des Perses devenus rois d’Anshan, tandis qu’un Elam Elamite résiduel persistait encore en Susiane, dans ce qui avait autrefois été une province périphérique du défunt Elam impérial.
  • De l’autre côté du plateau iranien, la future Bactriane – peut-être augmentée des régions voisines de Sogdiane et de Margiane ? – était le cœur du royaume Kayanide dont l’existence se situe à la frontière de la légende et de l’histoire iranienne, mais dont on a conservé la mémoire parce que c’est sur son territoire que Zarathoustra fonda la religion zoroastrienne. Les dates de ce royaume Iranien Avestique sont controversées ; il fut peut-être une réalité politique entre v. 900 et 550 AEC. Comme pour celles du royaume Kayanide, la période où vécut le prophète du mazdéisme est difficile à cerner mais ne devait pas être très éloignée de celles de la carte Y. 
  • En l’absence de chronologie fiable, cet atlas fait l’hypothèse que c’est à cette époque que les derniers Indiens d’Iran furent expulsés de Gédrosie ? Le climat frais et humide était peut-être favorable aux populations Iraniennes du plateau et donc à l’augmentation de leur densité, ce qui aurait accru leur pression sur l’ethnie Indienne rivale ?
  • A l’Ouest des steppes asiatiques, le IX° siècle AEC fut le dernier de la culture *Proto-Sace de Begazy-Dandybai, où – si l’on préfère – le premier de la culture Sace / Saka de Tasmola. Ici, l’hésitation ne résulte pas d’une incertitude chronologique mais de l’impossibilité de définir un seuil précis au long d’un processus culturel graduel qui affecta les steppes asiatiques entre v. 900 et 800 AEC. En effet, au cours de ce siècle, les Iraniens orientaux abandonnèrent progressivement la vie semi-sédentaire et le pastoralisme semi-nomade, pour adopter un grand pastoralisme nomade exclusif et le style de vie et d’alimentation que cela implique. Il est possible que l’augmentation des pluies ait contribué à cette évolution en rendant la vie plus facile dans les steppes ? Mais outre l’extension des bons pâturages, des innovations technologiques – comme l’invention du harnachement et des selles de chevaux – facilitèrent grandement les déplacements humains : lesquels alternaient nécessairement entre motivations pacifiques (pastoralisme) et belliqueuses (défense des pâturages et des troupeaux grâce au développement de l’archerie montée). Par ailleurs, les Saces / Sakas pourraient avoir commencé à adopter la technologie du fer à cette même époque. Le groupe le plus occidental de cet ensemble Sace était celui où devaient se trouver les ancêtres des Scythes qui allaient bientôt occuper les steppes européennes. Les autres groupes – également tous Saces, c’est-à-dire Iraniens orientaux – devaient préfigurer des nations dont le souvenir évanescent parviendra jusqu’à nous, comme celles des Massagètes, des Sauromates qu’il faut peut-être confondre avec les Issédons s’il ne s’agissait pas de deux groupes voisins, ou encore la nation des *Yueshi-Wusun, peut-être encore indivise, qui le groupe oriental du monde Sace / Saka. C’est peut-être dès cette époque, qu’une fraction de ces derniers poussa jusqu’au Gansu oriental, devenant les premiers Yueshi / Tochares ? Au Semiretchie (bassin de l’Ili), la culture de Begash-3 était celle d’un autre groupe Sace ou encore Proto-Sace au nom inconnu. Séparés des Yueshi / Tochares, les Wusun / Ases / Alains, pour l’heure nomadisant peut-être en Dzoungarie, les remplaceront un jour dans le bassin de l’Ili où ils seront à leur tour bousculé par les Yueshi lorsque ces derniers reflueront vers l’Ouest au cours du III° siècle AEC [cf. atlas n°5].
  • Au Nord-Est des steppes asiatiques occidentales, les habitants des régions que nous avons qualifiées de province *Karasouk occidentale [cf. carte V] et de ‘’frange orientale du monde Sace’’, voyaient leur mode de vie évoluer au même rythme que leurs frères de Begazy-Dandybai. A Tagar, cette phase de transition est connue sous le nom de Bainovo (v. 900 à 800 AEC). Il s’agissait encore d’une culture du bronze tardif, et le site de Tagar était un très important centre métallurgique. Les gens étaient des éleveurs de chevaux et de gros et petit bétail. Les chefs étaient enterrés sous de grands kourganes, selon la coutume immémoriale des Indo-Européens des steppes. Il est possible mais non assuré qu’il se soit agi du peuple barbare que les Chinois nommeront plus tard Dingling / Dinlin / Gaoche / Chile / Tiele et qui sera alors turcisé ?

 

Baïkalie, Sibérie Orientale, Arctique

  • En Cis-Baïkalie, les Ouraliens Samoyèdes poursuivaient la culture Shiversky (v. 1200 à 800 AEC).
  • Nous proposons une situation ethnolinguistique globalement inchangée en Sibérie Orientale et dans l’Arctique. Peut-être, toutefois, la culture Ymyiakhtakh que nous attribuons aux Tchouktches, se rapprocha-t-elle de la mer d’Okhotsk ?

 

Chine, Mongolie, Mandchourie, Corée, Japon

  • Malgré de premiers revers infligés par un peuple steppique (cf. ci-dessous], le royaume Chinois des Zhou demeurait prospère en Chine du Nord. La technologie demeurait au stade du bronze. Au Qinghai, les Tibétains Qiang mirent en place la culture Kayue (v. 900 à 600 AEC) qui remplaça la culture Xindian.
  • En Chine du Sud, les équilibres ethnolinguistiques ne semblent pas avoir été bouleversés au cours de ce siècle.
  • En – 843, les Xianyun – plus tard connus sous le nom de Xiongnu – attaquèrent la Chine des Zhou. Ce peuple que nous localisons en Mongolie Intérieure avait certainement une composante Sace issue du courant Karasouk, mais il faut plutôt les considérer comme des Bulgares en utilisant ce terme comme un nom des futurs Huns d’Europe ?
  • En Mongolie, la province culturelle *Karasouk orientale coïncidait avec la culture des tombes en dalles (Slab graves). Nous proposons de situer les ancêtres des Turcs en Mongolie Occidentale et les ancêtres des Mongols en Mongolie Orientale. Dans la région que nous attribuons aux Turcs, R1a-Z94 est observé à l’époque ; attestation de l’interpénétration des Altaïques et des Iraniens au sein de l’horizon Karasouk [cf. Carte V].
  • Plus loin à l’Est, le peuple des Toungouses était déjà géographiquement éclaté en plusieurs composantes, Toungouses Septentrionaux, Toungouses Nanaïques et Toungouses Djurchen ; ces derniers peuplant la future Mandchourie.
  • En Corée, les derniers résidus de la culture Jeulmun disparurent v. 900 AEC. A partir de cette date, la Corée fut désormais entièrement peuplée par des Coréens de culture Mumun.
  • Les Japonais Proto-Yayoi occupaient les îles Sud du Japon, tandis que les Aïnous peuplaient le reste de l’archipel.

 

Indes

  • Les Indiens poursuivaient la conquête de l’Inde, par la charrue et par la hache autant que par l’épée. Le royaume de Videha conquit le Bengale Oriental jusqu’au nord de la côte birmane. Dans le même temps, les Indiens méridionaux Marathi terminaient la conquête du Maharastra.
  • Cette avancée laissait en place des groupes tribaux indigènes, dans lesquels se juxtaposaient de vieux éléments indigènes Veddhoïdes, des Mundas et des Dravidiens. Pour certains, ces groupes tribaux ont survécu jusqu’à notre époque, mais en subissant un flux génétique important de la part des envahisseurs, et parfois en abandonnant leur langue ancestrale au profit de dialectes aryens. 
  • Cependant, les Dravidiens conservaient leur entité ethnolinguistique dans le Sud.

 

Indochine et Indonésie

  • A l’exception de premières infiltrations Indiennes sur la côte de Birmanie, l’Indochine ne semble pas avoir connu de bouleversement majeur à cette époque. 

 

Nouvelle-Guinée, Australie, Tasmanie, Océanie

  • A partir de l’archipel des Fidji, les îles Tonga et les îles Samoa furent peuplées v. 900 AEC. C’est au bout de ce processus et seulement à l’époque nous nous venons d’atteindre que se forgea le groupe Proto-Polynésien. A partir de Samoa, la prochaine scission donnera naissance au groupe Polynésien au sens strict du terme, dit Proto-Polynésien-Nucléaire. 

 

Europe Centrale et Occidentale

Europe atlantique (Ouest-Centre & Ouest-Nord)

  • Au Bronze-Ibérique-final-3 / BIF-3 (v. 900 à 750 AEC), une grande partie de la péninsule hispanique était déjà peuplée par des Q-Celtes dont les ancêtres étaient venus d’Europe Centrale lors du grand chambardement survenu v. 1150 AEC [cf. carte V].  En Catalogne et au Nord du Levante, la culture des Champs d’urnes existait toujours dans sa phase récente (v. 1000 à 700 AEC). Au Centre de la péninsule, vivaient les Celtibères de Cogotas-2 ainsi que les autres peuples Q-Celtes apparentés. L’expression ’’celtibère’’ des Anciens pourrait connoter l’association de Celtes avec ce que nous appelons des Ligures / Lusitaniens, car le terme Ibère pourrait avoir été attribué à une variété de Ligures plutôt qu’au peuple d’affinité Euskarienne auquel les modernes réservent habituellement ce nom ? [cf. carte Z].
  • Dans le Nord de la péninsule hispanique, c’est seulement à cette époque que les indigènes *Epicampaniformes de Galice et des Asturies furent infiltrés par des Q-Celtes venus de ces groupes du plateau central ; ceux-ci implantèrent la culture des oppida du Nord-Ouest / Castro (v. 900 AEC à la conquête romaine), ainsi appelée en raison des nombreux oppida fortifiés.
  • En Andalousie et au Sud du Portugal, le royaume de Tartessos est la dénomination grecque de ce que les Phéniciens appelaient Tartoush et les Hébreux de la Bible Tarshish / Tarsis. A partir de v. 900 AEC, un véritable royaume – dont la capitale pourrait avoir été Huelva – semble s’être constitué dans la vallée du Bétis / Guadalquivir qui se terminait alors par un vaste golfe aujourd’hui ensablé que les anciens appelaient ‘’lac Ligustin’’. La première phase de ce royaume pourrait être dite Tartessos-A ou Tartessos-*pré-orientalisant (v. 900 à 750 AEC) ; il s’agissait en effet d’une époqueoù le style oriental n’avait pas encore pénétré aussi loin en Méditerranée Occidentale. On s’est longtemps interrogé sur l’identité ethnolinguistique des gens de Tartessos. Mais une relecture récente des inscriptions lapidaires invite à voir en eux des Q-Celtes dont les ancêtres devaient par conséquent provenir in fine de la Catalogne des Champs d’Urnes. Pourquoi, alors, n’ont-ils pas développé une culture andalouse des ‘’Champs d’Urnes’’ ? Peut-être parce que les ancêtres Q-Celtes de l’aristocratie tartessienne n’étaient pas assez nombreux pour pouvoir conserver leur culture intacte et parce que, dans ce contexte numérique, ils avaient eu deux siècles – entre v. 1100 et 900 AEC – pour se mêler au substrat indigène *Epicampaniforme qui avait fortement modifié leurs coutumes et certainement impacté leur langue ? Si tant est que les Celtibères étaient le produit d’une association de Q-Celtes et d’Ibères qui étaient alors une variété de Ligures du Nord-Est et du Centre de la péninsule [cf. ci-dessus & carte Z], les *Tartessiens pourraient être le produit d’une association de Q-Celtes et de Ligures méridionaux *Proto-Tartessiens. Les aristocrates Tartessiens enterraient leurs morts sous des tumulus funéraires. La céramique brunie réticulée – caractéristique de cette période ancienne de Tartessos – continuera d’exister jusque v. 700 AEC, à une époque où la phase orientalisante aura déjà commencé.
  • Le centre du Portugal et les régions adjacentes d’Espagne demeuraient probablement non-Celte, conservant la vieille langue lusitanienne des *Epicampaniformes / Ligures locaux. Certains chercheurs que nous ne suivons pas ont cependant fait l’hypothèse d’une celticité des Lusitaniens. Tout dépend de l’éventuelle proportion d’éléments Celtes qui auraient pu pénétrer dans ce groupe que nous pensons massivement indigène.
  • La région Aquitaine devait conserver une population Ligure et Q-Celte mêlée, tandis que le RSFO Q-Celte et/ou Vénète existait toujours en France du Centre et de l’Est. Comme les côtes de Méditerranée Occidentale, les côtes de France atlantique étaient peut-être alors fréquentées par des expéditions commerciales Phéniciennes qui seraient venues parasiter les anciennes routes maritimes post-campaniformes ? Nous avons déjà exposé que cela permet d’expliquer pourquoi l’usage commercial français adoptera la numération sexagésimale des Proche-Orientaux qui était pourtant étrangère aux peuples Indo-Européens.
  • C’est à cette époque que les premiers objets en fer firent leur apparition en Suisse comme dans les autres régions sur la frange Nord des Alpes où se situe le site autrichien de Hallstatt. Cela témoigne-t-il d’une première infiltration de bandes P-Celtes dans la région ? Et/ou d’une acculturation des Q-Celtes locaux au contact de ces éléments intrusifs ? Cela est difficile à dire et ces deux hypothèses – sédentaire et invasionniste – ne sont pas mutuellement exclusives comme c’est presque toujours le cas en matière de peuples. Les P-Celtes qui apportèrent la ‘’vraie’’ (i.e. phase sidérurgique) culture de Hallstatt ; c’est-à-dire la culture de Hallstatt-C (v. 900 / 800 à 650 AEC) portaient peut-être le variant Z36 de l’haplogroupe R1b-U152 ? Tandis que les Q-Celtes (et les Vénètes ?) déjà installés au Nord des Alpes portaient peut-être le variant L2 du même haplogroupe ? Le nouveau groupe qui s’implanta sur la frange Nord-Est des Alpes (Autriche, Hongrie) allait développer la variante orientale de la culture de Hallstatt, tandis que le nouveau groupe qui s’implanta à l’Ouest (Bavière, Bade-Wurtemberg, Suisse, France Orientale) allait développer sa variante occidentale.
  • La Grande-Armorique et les îles Britanniques du Bronze-final-3b et du Bronze-Récent-2 (v. 950 à 800 AEC), conservaient sans heurt les cultures du complexe des langues de carpe (toute la Cassitéride), dont les faciès d’Ewart-Park (Grande-Bretagne) et de Dowris-A (Irlande). Peut-être ce territoire littoral des futures Normandie et Bretagne faisait-il partie de ce que Strabon nomme la ‘’Belgique Parocéanique’’, laquelle se serait autrefois étendue depuis la Belgique actuelle jusqu’à l’embouchure de la Loire ? Les Vénètes du Vannetais étaient-ils déjà installés où ne le firent-ils que plus tard, sous la pression des P-Celtes Gaulois ?
  • Sur les rivages de la mer du Nord, la culture Belge *Epi-Hilversum (v. 1200 à 800 AEC), résistait à la pression des Germains qui semblent avoir été moins entreprenant à cette époque.

 

Europe méditerranéenne (Ouest-Sud)

  • Au Sud des Alpes, l’âge du fer commença v. 900 AEC. En Italie du Nord occidentale (Piémont et région des lacs de Côme et Majeur), la culture de Golasecca (v. 900 à 400/300 AEC) constitua une forme méridionale de la culture sidérurgique de Hallstatt-C. L’origine de la culture Golasecca découla-t-elle simplement de l’adoption du fer, par les groupes bronziers Proto-Golasecca ? Où bien d’une nouvelle population dominante venue se superposer au substratum Proto-Golasecca / Protovillanoviens dont nous avons déjà questionné l’affiliation Q-Celte ou Q-Italiote ? Généralement, les chercheurs supposent que les gens de Golasecca étaient des P-Celtes hallstattiens car les futures inscriptions de la région, dites lépontiques, se rattacheront clairement à ce groupe linguistique. Toutefois, la langue lépontique des inscriptions ressemblera beaucoup au gaulois et pourrait donc avoir été apportée plus tard dans cette région, seulement au temps des mouvements des Gaulois laténiens ? En alternative à sa possible celticité, il ne faut pas exclure de rattacher l’aristocratie de Golasecca au groupe que nous appelons P-Italiote ; car, initialement, ceux-ci pourraient avoir été très proches des P-Celtes hallstattiens, voire de même origine, avec pour principale différence que, contrairement à eux, ils choisirent de migrer au Sud plutôt qu’au Nord des Alpes ? [cf. ci-dessous]. Selon ce scénario alternatif, ce groupe Golasecca, venu de l’Est, pourrait s’être replié au Piémont et dans la région des lacs en réaction à l’installation en Vénétie des Vénètes de la culture d’Este ? [cf. ci-dessous]. Pour compléter, on peut alors se demander si la recherche archéologique n’affilie pas généralement le groupe de Golasecca à un peuple P-Celte parce que ce possible groupe P-Italiote resta au Nord de l’Italie et n’eut donc pas l’occasion de se mêler aux peuples indigènes de la péninsule ; lesquels peuples modifièrent profondément la culture et la langue des P-Italiotes péninsulaires ? La culture Proto-Golasecca évolue en première partie de la culture de Golasecca est dite Golasecca-1 (v. 900 à 600 AEC). Ces gens étaient incinérants et enterraient les urnes de leurs princes dans des tombes à char. La nouvelle phase ne fut pas déterminée par une simple évolution génétique : nous pensons que Golasecca-1 découle en partie d’une nouvelle infiltration PItaliote sur un substrat Q-Italiote qui s’était lui-même superposé au substrat Terramare et Ligure ? Leurs établissements constituaient une étape du commerce entre le monde italien et le monde de Hallstatt, et au-delà encore vers l’ambre de la Baltique.
  • C’est également vers 900 AEC que les Vénètes de Vénétie pourraient s’être installés dans la région qui conservera leur nom, parce que c’est à cette époque que commença la culture d’Este / culture Atestine (v. 900 à 182 AEC) qui vit l’introduction du fer en Vénétie. La phase initiale de cette culture est diteEste-1 (v. 900 à 750 AEC). Aux côté d’Este, Padoue était un autre établissement important. Les auteurs anciens disaient que les Vénètes remplacèrent le peuple des Euganéens que l’on crédite généralement d’avoir été Ligure (cf. le nom semblable à celui des Ingauni, une tribu Ligure d’Italie du Nord) mais qui pourraient tout aussi bien avoir été proches des *Apenniniques ou des *Terramares ? Ce qui n’exclut pas que ces Euganéens aient déjà subi des influences Q-Italiotes à l’époque des infiltrations Champ d’Urnes Protovillanoviennes ? Certains chercheurs pensent que les Vénètes de Vénétie se sont installés v. 1150 AEC dans le contexte de l’infiltration Protovillanovienne [cf. carte V], tandis que d’autres – que nous suivons – font coïncider leur installation avec le début de la culture Atestine seulement. Nous suivrons ces derniers parce qu’on repère une rupture avec les marqueurs culturels du bronze récent en Vénétie atestine, dont un renouvellement des styles céramiques. L’habitat se concentre aussi en un petit nombre de grands établissements qui devaient être des capitales de chefferies, à la place de l’ancien émiettement en nombreux petits sites. Si on ignore d’où venaient ces Vénètes de Vénétie, il faut cependant faire remarquer que la phase initiale de la culture d’Este / Atestine n’est qu’un simple faciès de la culture de Hallstatt-C qui s’étendait au Nord des Alpes. La langue vénète de Vénétie n’est pas de type p-celtique ni p-italique mais se rapprocherait plutôt du q-celtique, avec également quelques composantes évoquant les langues germaniques et slaves. Les composantes q-celtiques du vénète ont pu conduire à une erreur d’interprétation selon laquelle il aurait proche du latino-falisque. Ces composantes q-celtiques du vénète conduisent à se demander si les Vénètes de Vénétie ne vinrent pas des Alpes autrichiennes dont ils auraient été expulsés après s’être acculturés à la métallurgie du fer ? En effet, de l’autre côté des Alpes, la Vindélicie de l’époque classique comprenait plusieurs toponymes et ethnonymes qui évoquaient le souvenir des Vénètes : celui de la région de Vindelicie elle-même ; de son peuple des Vendéliques et de sa capitale Augusta Vindelicorum ; mais aussi et surtout le nom du lac de Constance (lacus Venetus) ; celui de la ville d’Aquilea de Vindelicie, homonyme de l’Aquilée qui sera la capitale des Vénètes de Vénétie ; celui de la tribu des Vennones en amont du lac de Constance sur le Haut-Rhin ; celui de la tribu des Venostes sur le Haut-Athesis / Haut-Adige, qui poursuit ensuite son cours dans sa vallée appelée val Venosta avant de passer près de Vérone et d’Este, c’est-à-dire en pleine Vénétie ; et enfin celui de la tribu des Vennonetes qui vivait en amont du lac de Come. Tous ces toponymes et ethnonymes pourraient ancrer de l’autre côté des Alpes l’origine des Vénètes de Vénétie. Nous faisons ici l’hypothèse que ce peuple s’installa après la pénétration des P-Italiotes en Italie (Sud des Alpes) et les premiers mouvements P-Celtes au Nord des Alpes ; peut-être en réaction à ces derniers. Ce faisant, les Vénètes de Vénétie auraient pu repousser les P-Italiotes dans le Piémont d’une part (Golasecca ?) et dans la péninsule italienne d’autre part, où ils introduisirent alors le fer et les langues sabelliques / osco-ombriennes.
  • En Istrie et sur la côte qui la poursuit immédiatement au Sud, les Liburniens pourraient également s’être installés v. 900 AEC sur la base de la couche Champs d’Urnes locale, et avoir été une fraction des Vénètes comme semblent l’indiquer quelques vestiges onomastiques et toponymiques. Toutefois, cette affiliation ethnolinguistique n’est pas consensuelle et certains chercheurs rattachent la langue liburnienne au fourre-tout illyrien, voire à d’autres langues encore. Peut-être parce qu’il s’agissait d’un peuple qui avait cristallisé sur la base d’éléments hétérogènes ?

 

Abordons maintenant la fin de l’italianisation de l’Italie que nous avons située parmi les huit grandes énigmes de la protohistoire européenne.

Une nouvelle invasion de l’Italie par des bandes P-Italiotes venues d’Europe Centrale eut elle lieu à cette époque, aux alentours de 900 AEC ? Cela en symétrie des mouvements P-Celtes que nous venons de postuler au Nord des Alpes dans le monde de Hallstatt-C (v. 900/800 à 650 AEC) ? C’est ce que nous allons proposer et, cela, bien que de nombreux chercheurs répondent aujourd’hui ‘’non’’ à cette question parce qu’ils pensent que les cultures Villanovienne, Latiale et Atestine furent simplement des dérivés régionalisés d’un Protovillanovien plus ancien qui se serait converti à la sidérurgie. Nous ne doutons pas que ces chercheurs ont en partie raison, car – comme nous l’avons expliqué à de nombreuses reprises – la cristallisation des peuples se fait ordinairement sur la base d’un terreau indigène bousculé par des envahisseurs en nombre plus ou moins important, et donc plus ou moins capables de lui imposer ses propres normes culturelles et linguistiques. Mais nous proposons bel et bien que la culture Villanovienne (v. 900 à 700 AEC) et les autres faciès contemporains d’Italie du Nord s’établirent dans le contexte de nouveaux mouvements humains venus du bassin danubien : le Villanovien-1 (v. 900 à 800 AEC) se superposa aux installations Protovillanoviennes – de même origine géographiques – qui s’étaient établies sur la péninsule trois siècles plus tôt. Si des traces concrètes d’une invasion de l’Italie v. 900 AEC ne sont pas archéologiquement explicites, il ne faut pas considérer cela comme un argument rédhibitoire, car beaucoup de guerres historiques parfaitement incontestables n’ont pas laissé de traces archéologiques explicites. De plus, à l’appui de l’existence de véritables mouvements humains, on doit remarquer que la culture Villanovienne possède de nombreux points communs avec celle de Hallstatt-C qui s’établissait au même moment de l’autre côté des Alpes dans la vallée du Danube (Bavière et de Haute-Autriche) ; commun au point que les stades initiaux du Villanovien ne s’en distinguent pas.

Etant donné la complexité des questions mêlées du Villanovien et des P-Italiotes, nous allons devoir les explorer point par point : 

  • L’archéologie villanovienne. La culture Villanovienne était initialement un faciès méridional de la culture de Hallstatt-C qui était originaire des pays danubiens. Parmi ses marqueurs forts, il faut citer la coutume incinérante, l’urne funéraire dite biconique, et bien sûr l’introduction des objets en fer. Outre ces vestiges matériels, on remarque aussi la concentration des habitats en de grands sites proto-urbains qui devaient être des capitales de chefferies tribales. A partir de v. 900 AEC, la culture villanovienne-1 (v. 900 à 800 AEC) apparait dans quatre régions d’Italie : la plaine du Pô en Emilie-Romagne (Villanova est un site proche de Felsina / Bologne), la Toscane, la Campanie et les Marches sur la côte adriatique (Sud Picenum). L’hypothèse que nous faisons d’une association entre la culture Villanovienne et des intrus qui auraient été P-Italiotes a été considérablement obscurcie par la thèse de l’autochtonie des Étrusques qui a été adoptée par la plupart des chercheurs du XX° siècle en dépit des propos répétitivement contraires des Anciens ; thèse dont il faut cependant préciser qu’elle tend à régresser aujourd’hui [cf. carte Z]. A première vue, le fait que trois des quatre régions Villanoviennes seront historiquement le siège des trois dodécapoles Étrusques au début de l’histoire, semble pourtant accréditer une association consubstantielle entre ce peuple et la culture villanovienne : dodécapole toscane (peut-être initialement réunie autour de Volsinie / Orvieto), dodécapole padane (réunie autour de Felsina / Bologne en Emilie-Romagne), et dodécapole campanienne (réunie autour de Capoue). Par ailleurs, le fait que la culture matérielle des Étrusques historiques puisera authentiquement (une partie de) ses racines dans la culture Villanovienne, est également un argument régulièrement invoqué au secours de cette association que nous rejetons pourtant. En faveur de ce rejet, outre les très nombreuses attestations d’une origine égéenne des Étrusques [cf. carte Z] qui sont pour nous l’ultime vestige des Pélasges non grécisés, un argument archéologique conduit à rejeter une association consubstantielle du peuple Étrusques avec la culture Villanovienne : la quatrième des régions citées plus haut (Marches / Sud Picenum) fut le siège d’une forte implantation Villanovienne, sans qu’aucun auteur ancien ou moderne n’ait jamais mentionné une présence Étrusque en ces lieux ! En Etrurie, la transition entre le vieux rite Apenninique de l’inhumation et le rite Protovillanovien / Villanovien de l’incinération fut progressif, comme si deux populations s’étaient interpénétrées. Pour ethnologiser cette remarque, on pourrait proposer que des intrus Q-Italiotes puis P-Italiotes se sont mêlés aux indigènes *Vieux-Ombriens (d’origine Ligure et *Apenninique) dont ils sont devenus les cadres dirigeants et auxquels ils ont imposé leur langue p-italique ; laquelle a été modifiée au contact des dialectes indigènes et q-italiques installés précédemment. De sorte que les Ombriens historiques préromains seraient un peuple dont la base populationnelle et le nom (hétéro- ou auto-ethnonyme ?) serait indigène mais dont la langue serait devenue p-italique ? Ce nom Ombrien venu du fond indigène pourrait découler de celui des Ambrons et donc avoir été hérité de la vieille époque de l’Italie Ligure ? Pline dit à ce propos que les Ombriens étaient un très ancien peuple de l’Italie. De son côté, Tite-Live dit que les Ombriens de la plaine du Pô avaient autrefois reculé une première fois devant les Sabelliens / Sabins, puis (?) devant les Etrusques. Puis que désormais mêlés à ceux-ci, l’invasion Gauloise les chassa définitivement de la plaine du Pô. Enfin, Solin (historien du III° siècle CE) aurait affirmé que les Ombriens étaient de la race des anciens Gaulois. Aucun de ces auteurs ne se trompe car ils ne font qu’insister sur l’une ou l’autre strate d’une ethnie en redéfinition permanente du fait des nouveaux apports. Les Ombriens furent à une époque assez étendus pour entrer en conflit avec les Liburniens et les Sicules qui habitaient la côte du Picenum. Plus tard, ces Ombriens historiques de Toscane seront bousculés par les Etrusques qui reproduiront exactement le même processus en devenant leurs cadres dirigeants et en imposant leur propre langue, mais bien sûr sans anéantir ni le peuple conquis ni sa culture Villanovienne [cf. carte Z]. Tandis que d’autres Ombriens ‘’libres’’ conserveront leur indépendance en Ombrie et en Emilie-Romagne, en attendant que ces derniers soient à leur tour submergés par les Étrusques de la dodécapole padane. En Ombrie, le faciès Villanovien de Terni-2 (Ombrie) était peut-être celui des Ombriens où une aristocratie P-Italiote s’était massivement imposée à un ancien peuple aux affinités Apenninique. Massivement, parce que dans cette région les incinérations prédomineront, alors qu’au Sud et à l’Est du Latium, la culture des Tombes à Fosses, elle aussi nécessairement dominée par une aristocratie P-Celtique si l’on se réfère aux groupes linguistiques de l’Italie Pré-Romaine, demeurera inhumante et à base indigène Apenninique plus marquée. La question des Ombriens n’est pas simple. Antérieurement aux Etrusques, ils semblent avoir habité la Toscane et l’Ombrie, mais aussi une partie de la plaine du Pô (Emilie-Romagne) au Sud-Ouest des Vénètes, et même le Sud du Latium, au-delà du territoire des Latins. Outre ces Ombriens, les Sabins (plutôt considérés comme d’affiliation Osque), vivaient également au Nord de l’Italie (dans la région de Brescia en Lombardie) et dans les Abruzzes, au Sud de l’Ombrie. Peut-être s’agissait-il de deux fragments d’un même peuple séparé par ses cousins Ombriens ? Ce qui est curieux, c’est que le territoire de la Grande-Ombrie se partage entre le rite incinérant villanovien en Toscane et dans le Nord, et en rite inhumant de type Tombes à Fosses par ailleurs. Les Sabins et autres Osques et Sabelliens étant de type inhumants (sauf les éventuels Sabins du Nord). Il existe un villanovien du Picenum (Marche). On doit remarquer que, puisqu’il n’y a jamais eu d’Étrusques dans cette région, l’identification du villanovien aux Etrusques démontre ici son inanité. Les Sud-Picéniens étaient une fraction P-Italiote voisine des Sabins (fraction P-Italiote de type Osque) qui vivaient dans la province de l’Aquila. Il existe aussi un villanovien de Campanie, ou plutôt des zones villanoviennes incinérantes au milieu d’un continuum inhumant de type Tombes à Fosses. Il est difficile de savoir si ce sont des fractions de peuples P-Celtiques arrivés là parmi les indigènes Post-Apenniniques, ou s’il s’agit de colonies villanoviennes toscanes venues-là par la mer ?
  • La linguistique villanovienne. Il faut bien que les langues sabelliques / osco-ombriennes se soient installées dans la péninsule, et que cette installation ait été postérieure à l’éclatement de l’unité linguistique italo-celtique ; c’est-à-dire qu’elle ne peut pas être plus ancienne que la première moitié du II° millénaire AEC au maximum. Pour ceux des chercheurs qui ont identifiés les ancêtres Q-Italiotes des Latins avec le peuple *Terramaricole, il n’y a pas de difficulté pour associer au mouvement Protovillanovien le peuple P-Italiote de langue sabellique ; position qui explique que le Villanovien ne peut alors être considéré que comme une simple évolution génétique du Protovillanovien. Pour ceux qui, comme nous, associent le Protovillanovien à l’arrivée des Q-Italiotes (éventuellement mêlés de *Terramaricoles arrachés au passage) [cf. carte V], il faut que le Villanovien ait été porté par un mouvement humain postérieur, qu’il est alors logique de rattacher à l’arrivée des P-Italiotes de langue p-italique / sabellique. Aux alentours de 900 / 800 AEC, les différences entre le p-celtique / gallo-brittonique et le p-italique / sabellique pourraient avoir été minces. Parmi les dialectes p-italiques, l’ombrien (Nord et Centre de l’Italie) pourrait avoir des points de contact assez marqués avec le p-celtique. C’est ce que pensait Léon Homo qui distingue les Sabelliens des Ombriens qui seraient arrivés les derniers et qui seraient pour cela plus proches des Celtes. 
  • Au Sud de la culture Villanovienne, la culture des Tombes à Fosses était la continuation de la culture Apenninique à l’âge du fer. En dépit de nécropoles villanoviennes que nous interprétons comme résultant de l’installation et de la domination de tribus P-Italiotes, les Marches et l’Ombrie des IX° et VIII° siècles AEC demeuraient massivement des provinces de cette culture qui était celle des vieux peuples indigènes *Apenniniques que nous avons dit *Proto-Italiotes / Illyriens. C’était aussi le cas de la Molise, des Pouilles, de la Campanie (où existait cependant des fractions Villanoviennes), de la Basilicate, de la Calabre et de la Sicile ; toutes ces régions méridionales manifestant par là qu’elles avaient été moins imprégnées que le Nord de la péninsule par les vagues Protovillanovienne et Villanovienne.
  • Dans le Sud de l’Italie le peuple Osque / Opisque historique (Sud de l’Italie sauf la côte adriatique = Molise, Campanie, Basilicate) parlait également une langue p-italique mais qui regroupait une famille de dialectes distincts des dialectes ombriens. Contrairement aux Ombriens (devenus) incinérants en adoptant la culture Villanovienne des P-Italiotes, les Osques sont demeurés inhumants de culture Tombes à Fosses, quoique devant être considérés eux aussi comme un peuple P-Italiote du fait d’une langue p-italique attestée. Comme pour les Ombriens [cf. ci-dessous], la question de leurs origines se pose. On peut remarquer la terminaison en osco des Osques et en isco des Opisques est compatible avec l’un des rares éléments à peu près consensuel que nous auraient laissés les langues ligures. Mais cela vaut aussi pour les Falisques qui sont des *Quasi-Latins et il vaut peut-être donc mieux baser le nom des Opisques sur celui de la déesse de l’abondance Ops / Opis ? On peut cependant se demander si les toponymes et ethnonymes en -()sc(), fréquents dans toute l’Italie, n’étaient pas un héritage que s’était partagé plusieurs peuples ? Le p-italique évolua sur le substrat linguistique des tribus *Apenniniques ? Ce qui expliquerait pourquoi les Osques de langue p-italique pouvaient être considérés par les Romains comme étant le plus ancien peuple de la péninsule ?
  • Les leçons des Anciens sur les peuples préromains sont à première vue déroutantes tant elles se contredisent et obscurcissent la réflexion. Les leçons des modernes ne sont pas plus claires dans la mesure où toutes les strates populationnelles arrivée dans la péninsule italienne depuis 2900 AEC environ n’étaient probablement que des pulsations successives venues d’un même ensemble Yamnaya occidental et étaient donc très proches les unes des autres à la fois sur le plan linguistique et culturel, nonobstant les nouvelles techniques et les nouvelles modes apparues avec le temps. Sur le long terme, depuis l’établissement des Yamnaya occidentaux dans le bassin danubien v. 3100 AEC [cf. carte N], nous résumons ici que nous avons distingué trois vagues majeures de peuplement de l’Italie : 1) celle des *Proto-Ligures de Laterza au Sud v. 2900 AEC [cf. carte O] bientôt suivie de celle des Ligures v. 2600 AEC [cf. carte P] ; 2) celle des *Proto-Italiotes / Illyriens, Terramares & *Apenniniques v. 1700 / 1600 AEC [cf. carte T] ; 3) celle des Q-Italiotes Protovillanoviens v. 1200 AEC [cf. carte V]. L’établissement des P-Italiotes dans la péninsule et des Vénètes en Vénétie représentant par conséquent une quatrième vague de peuplement Yamnaya occidental v. 900 AEC. Désormais parvenus à 150 ans seulement de la fondation de Rome, si tant est que cette structuration du peuplement de l’Italie présente quelques bases de véracité, toute la question revient à proposer des affiliations pour les différents peuples protohistoriques dont les Anciens nous ont relaté l’existence. 
  • Carte X, nous avons brièvement exposé la théorie de Walde (1917) selon laquelle il pourrait avoir existé, à date ancienne, d’une part un groupement dialectal latino-gaélique (i.e. une unité q-italique + q-celtique à un certain niveau que nous situons à l’époque des Champs d’Urnes), et d’autre part un groupement dialectal osco-ombrien-gallo-brittonique (i.e. une unité p-italique + p-celtique à un certain niveau nécessairement plus récent) ; et qu’il pourrait donc bien avoir existé un ensemble relativement homogène de tribus Italo-Celtes tardives que nous pourrions également appeler *P-Italo-Celtes. La suite de ce scénario implique que celles des tribus *P-Italo-Celtes qui s’avanceront au Sud des Alpes sur les traces des groupes Q-Italiotes, renforceront rapidement les composantes italiques de leur langue et seront à l’origine des peuples P-Italiotes Sabelliens / Osco-Ombriens une fois qu’elles seront installées en Italie. Sur le plan archéologique, ce scénario implique par ailleurs que la succession ne fut pas totalement directe entre le Protovillanovien bronzier (apporté par des tribus Q-Italiotes), et l’ensemble culturel regroupant le Villanovien et la culture Atestine sidérurgiques (apportés par des tribus P-Italiotes et Vénètes respectivement). 

En résumé, nous proposons le scénario suivant : 1) Détachées d’un ensemble Italo-Celte tardif, à la langue désormais labialisée et possédant désormais la technologie du fer ainsi qu’une culture que nous pourrions résumer sous le nom de ‘’horizon hallstatt-C’’, des bandes *Proto-P-Italiotes incinérantes pénétrèrent en Italie par le Nord-Est v. 900 AEC ; tandis que d’autres se répandaient dans les vallées de la Save et de la Drave. 2) Rapidement, ces *Proto-P-Italiotes furent délogés de Vénétie par l’installation des Vénètes. Certains s’installèrent alors à l’Ouest de la région des Grand-Lacs à l’origine de la culture de Golasecca dans ses phases initiales que nous postulons non encore celtisées. D’autres s’installèrent à l’Est de la région des Grands-Lacs, en Emilie-Romagne et en Toscane, à l’origine des peuples P-Italiotes Sabelliens historiques. 3) D’autres bandes P-Italiotes pénétrèrent rapidement en profondeur dans la péninsule italienne, apportant le ferment des langues osques au Sud de l’Italie. Peu nombreux, ces envahisseurs *Proto-Osques purent imposer leur langue (au moins dans la couche supérieure du néo-peuple en cours de cristallisation) mais furent culturellement absorbés par les indigènes qui conservèrent la culture inhumante des Tombes à Fosses, continuatrice de la culture Apenninique. Notons que la côte orientale du Sud de l’Italie ne fut point conquise par les *Proto-Osques et demeura peuplée par des *Proto-Italiotes / Illyriens Iapyges de culture Apulienne, le dérivé local de la même culture Apenninique. 4) Les autres bandes P-Italiotes continuèrent à stationner au Nord et au Centre de l’Italie (Toscane, Sud des Marches / Sud Picenum), mais ne parvinrent pas à s’implanter au Nord des Marches (Nord Picenum où persista une langue a priori non-italique) non plus que dans le Latium où persista une langue qitalique. A cette époque, la chaine des Apennins n’était peut-être encore que partiellement pénétrée par les envahisseurs, conservant encore pour un temps la culture Apenninique des ‘’Ombriens originels’’, descendant des anciens Ligures et des *Apenniniques mêlés. 5) Ce stade 4 sera celui que les Étrusques viendront bientôt mettre à mal [cf. carte Z]. 6) Les Etrusques fédéreront les peuples P-Italiotes des régions qu’ils conquerront, tout d’abord la Toscane Ombrienne, puis la plaine du Pô également Ombrienne. D’autres Ombriens P-Italiotes se replieront alors dans les montagnes de l’Apennin, devenant les Ombriens historiques. Sur l’autre côte, les P-Italiotes Sud-Picéniens ne furent pas inquiétés par les Etrusques. 7) A l’étroit dans l’Apennin, le peuple P-Italiote Sabellien / Sabin pulsera vers le Sud au rythme des ‘’printemps sacrés’’, à l’origine des Samnites qui empiéteront peu à peu sur le territoire des Osques, tandis que ceux-ci seront par ailleurs mis à mal par les installations Grecques. 

 

  • Vers 900 AEC, sous l’influence des P-Italiotes Osco-Ombriens / Sabelliens nouveaux venus, commença la phase Latiale-2 (v. 900 à 770 AEC) chez les Q-Italiotes Latino-Falisques du Latium. Succédant à la phase Latiale-1 qui était le produit d’une première fusion entre les éléments protovillanoviens intrusifs et les éléments apenniniques indigènes, cette deuxième phase témoigne de l’apport Villanovien, dans une succession d’ingrédients ethnoculturels identiques à ceux du faciès ombrien de Terni. On peut donc essayer de comprendre la culture Latiale-2 comme un faciès de la culture villanovienne. Toutefois, à la différence du faciès toscan et d’Emilie-Romagne (Villanovien proprement dit), du faciès de Terni (Villanovien de Terni) ou du faciès Sud-Picénien (Villanovien des Marches) où l’élément P-Italiote l’emporta, l’élément Q-Italiote parvint à demeurer prédominant dans le Latium, à l’origine du groupe Latino-Falisque dont les premières inscriptions nous révèlent une langue q-italique dès le VII° siècle AEC. Si tant est qu’un groupe Vénète appelé Venetulani s’installa dans le Latium et entra dans les ingrédients de la cristallisation Latino-Falisque [cf. carte V], c’est peut-être de cette époque qu’il faut dater son mouvement ? A l’interface du monde Villanovien et du monde des Tombes à Fosses, la culture Latiale-2 fut essentiellement incinérantes (urnes cabanes) mais connut également le rite inhumant ; mélange de rite en proportion inéquitable qui subsistera jusqu’à l’époque des grandes gentes patriciennes romaines où les Cornelii Scipiones demeureront inhumants tandis que les autres patriciens seront incinérants.
  • Au Sud du Latium, malgré la pénétration antérieure de la culture Protovillanovienne, la culture des Tombes à Fosse qui commença v. 900 AEC fut l’épilogue de la culture Apenninique. Nous proposons de la considérer comme résultant d’une base indigène solide, pénétrée par des groupes P-Italiotes de type Osque / Opisques qui apportèrent le fer et imposèrent leur domination, mais sans modifier les coutumes funéraire inhumantes de la population locale. Cette culture des Tombes à Fosse était répandue depuis le Sud du Latium (où la pratique incinérante cohabitait avec la pratique inhumante) jusqu’en Sicile Orientale (qui fait inévitablement penser aux Sicules) en passant par la Campanie et la Calabre. Précédemment, nous avons proposé d’affilier la culture Apenninique à une ethnie Proto-Italiote qu’il serait possible d’appeler Illyrienne. La culture des Tombes à Fosses pourrait être le produit de ce socle indigène et d’une aristocratie Osque / Opisque qui se serait imposé à lui. 
  • Sur la côte orientale d’Italie du Sud, entre le promontoire du Gargano et le Sud des Pouilles, la culture Apulienne était elle aussi l’héritière de la culture Apenninique. Le peuple de cette région, appelé Iapyges, était divisé en trois fractions : les Dauniens vers le Gargano, les Peucétiens au milieu des Pouilles, et les Messapiens à l’extrémité des Pouilles dans le talon de la botte. La différence entre cette côte orientale et le reste du Sud de la péninsule pourrait avoir été qu’une aristocratie P-Italiote ne s’imposa pas à l’Est, laissant ainsi perdurer la langue illyrienne jusqu’à l’époque greco-romaine. De telle façon, qu’il y aurait également une logique à penser que les Nord-Picéniens – dont les rares inscriptions sont encore rebelles au déchiffrement –  devaient être affiliés au même groupe Illyrien, mais était désormais séparé des Iapyges par les Sud-Picéniens devenus P-Italiotes.
  • Au Sud de l’Istrie, le reste de la côte Dalmate était de culture liburnienne et dalmate que nous postulons *Italique-ancienne / Illyrienne. Ce peuple ou peut-être plus tôt un peuple qui partageait quelques racines communes conservait aussi une implantation en Italie du Sud-Est, où vivait le peuple Sud-Italiotes Messapien, de même origine Illyrienne. Cette question Illyrienne n’est cependant pas aussi simple, car la notion d’Illyrie protohistorique et antique était peut-être un fourre-tout ethnologique déjà très comparable à celui des Balkans modernes où coexistaient des nombreux peuples d’origines diverses qui ont donné lieu à la belle image culinaire de la macédoine de légume. A l’époque où nous sommes parvenus, le fer se répandit dans les Balkans où les anciennes cultures du bronze Post-Vatin laissèrent la place à la culture Glasinac, centrée dans ce qui est aujourd’hui la Bosnie et l’Ouest de la Serbie. Celle-ci fut-elle portée par des P-Italiotes qui se seraient répandus dans les vallées de la Save et de la Drave parallèlement à l’avancée de leurs frères qui se répandaient en Italie ? C’est encore une question sans réponse évidente, mais certains vestiges linguistiques dits illyriens ont été compris comme ayant été affecté par la labialisation des vélaires. En outre, la culture de Glasinac nous a livré des chars miniatures surmontés d’oiseaux, comme on le voit dans les cultures Italiotes anciennes. A l’époque classique, la région Glasinac sera celle du peuple des Autariates, considérée comme des Illyriens mais qui seront tardivement celtisés. Dans le fourre-tout ethnique complexe de l’Illyrie ancienne, ces prétendus Illyriens étaient-ils des P-Italiotes ? Comme l’auraient été également les Panons qui vivaient plus haut dans les vallées de la Save et de la Drave ?
  • Dans l’arrière-pays dalmate (Alpes Dinariques), les pratiques funéraires se modifièrent entre 900 et 800 AEC, avec l’apparition de grands cimetières communautaires et l’apparition d’ambre baltique dans les tombes. Cette culture perdurera jusqu’à l’époque romaine.
  • Vers 900 AEC, toujours, la culture Sarde aborda sa phase Nuragique-3 (v. 900 à 250 AEC). Le fer fut alors introduit sur l’île mais le bronze continua d’être beaucoup utilisé. Cette civilisation très brillante est surtout connue pour ses nombreuses tours en pierres et pour ses belles statuettes en bronze. Comme dans une grande partie du monde égéen – avec lequel les liens demeuraient continus – la céramique géométrique d’importation remplaça la céramique protogéométrique v. 900 AEC. Au cours de cette période, les Shardanes / Sardes durent également faire face à la pression des Phéniciens.

 

Europe égéenne et balkanique (Centre-Sud)

  • Dans le monde égéen, les interactions entre les sous-groupes ethnolinguistiques sont mal connues en ces ‘’siècles obscurs’’’. Nous avons vu que la thèse classique des **invasions doriennes ne trouve aucune justification entre v. 1200 et 1000 AEC [cf. carte W]. Pour tenter de sauver cette hypothèse emblématique de l’invasionnisme ‘’à l’ancienne’’, on pourrait alors être tenté de placer ce mouvement migratoire v. 900 AEC ? Pourtant, cela ne marche pas non plus si l’on se réfère aux styles céramiques, c’est-à-dire au seul support qui nous est accessible. En effet, tandis que la période géométrique commença v. 900 AEC en Attique, dans les Cyclades et en Asie Mineure, d’autres régions comme l’Eubée, la côte Nord du golfe de Corinthe (Locride, Doride, Phocide) et le Péloponnèse, conserveront le style protogéométrique jusque v. 750 AEC ; tandis que la Thessalie le conservera jusque v. 850 AEC seulement. On constate par conséquent que le vieux style protogéométrique – dont les chercheurs estiment aujourd’hui qu’il se rattache génétiquement aux poteries des temps Mycéniens – persistera plus longtemps que partout ailleurs dans les régions qui seront Dorienne à l’époque classique (Locride, Doride, Phocide et Péloponnèse) ; ce qui permet de penser que ces régions ne connurent pas de bouleversements ethniques avant au moins 750 AEC.
  • La tradition mentionne que les Doriens seraient passés par la Thessalie, et Strabon disait même que les Doriens étaient initialement des Eoliens qui avaient été chassés de Thessalie et dont la langue (Dorienne) aurait cristallisé dans l’isolement des montagnes de Grèce centrale (i.e. la Doride, située dans les montagnes qui séparent la Thessalie de la Béotie, l’une et l’autre de langue Eolienne). Pourtant, le dialecte Dorien se rattache à la Grèce Epirote du Nord-Ouest et non pas à la Thessalie Eolienne. Les propos des anciens ne se valident donc pas sur le terrain où l’archéologie moderne se borne à constater que le style Géométrique commença v. 850 AEC en Thessalie et en Béotie, c’est-à-dire 100 ans avant son apparition dans le Péloponnèse où résideront les Doriens Spartiates à l’époque classique. Il n’est donc pas simple de concilier ces données. L’évolution du style céramique thessalien fut probablement indépendante de tout mouvement humain significatif et se fit plus probablement par simple diffusion depuis l’Attique ou le style Géométrique commença v. 900 AEC. Sans rapport avec cela, des Grecs Epirotes se seraient-ils installés en Thessalie vers cette même époque ? Et désormais vecteurs de ce nouveau style céramique, se seraient-ils rués v. 750 AEC sur les régions Doriennes des temps classiques (Locride, Doride, Phocide et Péloponnèse) ? [cf. carte Z].
  • En Crète orientale – où le style protogéométrique n’avait jamais existé –, le style Submycénien laissa la place au style protogéométrique-B (i.e. tardif) v. 825 AEC. En Crète occidentale, ce style protogéométrique-B semble être apparu un peu plus tôt, v. 850 AEC, comme une suite du Protogéométrique-A local. Ces différences de style et de chronologie entre les deux régions crétoises traduisaient probablement l’existence de groupes ethniques différenciés ; de fait, les inscriptions Etéocrétoises (i.e. des ‘’Vrais Crétois’’) sont localisées dans l’Est de la Crète, et ce n’est certainement pas un hasard si c’est cette région qui manifesta le plus longtemps sa fidélité au vieux style céramique des temps Mycéniens. Avec une lecture invasionniste des évènements, la Crète orientale Etéocrétoise aurait pu être recouverte par des Crétois occidentaux v. 825 AEC ? Mais plus pacifiquement, la population Etéocrétoise pourrait aussi avoir succombé à la nouvelle mode céramique, sans perdre son identité qui semble avoir perduré jusqu’à l’âge classique. 
  • C’est probablement entre v. 900 et 800 AEC que l’alphabet fut emprunté par les Grecs à leurs voisins Phéniciens ; la forme des lettres, le nom des lettres et l’ordre des lettres furent adoptés en bloc, dans un esprit de dépendance totale. Il semblerait que les Pélasges des îles Egéennes furent les premiers ‘’Grecs’’ à se servir des lettres alphabétiques, et que c’est via leur intermédiaire que les Grecs péninsulaires les adoptèrent à leur tour. 

 

Europe Centrale (Centre-Centre)

  • Le Hallsttat-B2 (v. 950 à 850 AEC) fut suivi du Hallsttat-B3 (v. 850 à 800 AEC) qui fut la dernière période de l’âge du bronze et des champs d’urnes en Europe Centrale. Ce bronze tardif caractérisait le Nord de l’Europe centrale et l’Europe occidentale continentale. Il était porté par des populations Celtes qui demeuraient vraisemblablement  Q-Celtes.
  • Parallèlement à la prolongation de ce vieux monde du bronze, un âge du fer précoce émergea dans une région correspondant à l’actuelle Slovaquie, dont nous avons fait l’hypothèse qu’elle aurait pu être l’aire nucléaire du P-celtique autant que du P-italique [cf. carte X]. A partir de v. 900 AEC apparurent des objets précoces en fer sur la bordure Nord des Alpes et jusqu’à Golasecca en Italie du Nord. C’est la raison pour laquelle la transition Hallstatt-B / Hallstatt-C est située entre v. 900 et 800 AEC selon les régions. On qualifie généralement de hallstattiens occidentaux ces groupes qui apportèrent le fer sur le plateau suisse et à Golasecca. A la même époque, peut-être en provenance du Sud de la même région slovaque, d’autres groupes sidérurgiques pénétrèrent en Italie via la Vénétie, apportant la culture Villanovienne ; ceux-ci sont apparentés aux hallstattiens-C orientaux. On peut cependant remarquer sur la carte Y que ces termes ‘’occidentaux’’ et ‘’orientaux’’ sont mal choisis ; il s’agissait plutôt d’un courant ‘’Nord-Alpin’’ et d’un courant ‘’Sud-Alpin’’ respectivement ; le premier véhiculant le p-celtique et le second le p-italique.
  • Puisque la culture atestine (i.e. d’Este) apparut également v. 900 AEC en Vénétie, cela signifie que le groupe *Vénète-Italiote qui la portait est arrivé là à la suite immédiate des P-Celtiques Villanoviens. Potentiellement, il s’agissait des Vénètes italianisés de longue date, qui vivaient jusque-là en Galicie où ils portaient la culture Gava Holihrady. Ces gens furent peut-être emportés par l’enthousiasme généralisé d’une migration à longue distance plutôt que chassés de chez eux par la poussée des Slaves Chernoles ? Car la culture Holihrady (v. 1200 à 800 AEC) semble avoir perduré sur place pendant encore un siècle.
  • Des groupes Italiotes demeurèrent longtemps au Sud de l’Europe centrale. Leur langage est très mal connu. Il s’agissait peut-être de Q-Italiotes formant un continuum avec les Proto-Italiotes Illyriens de la côte dalmate ? Les Pannoniens de l’époque romaine seront l’un de leurs principaux groupes.
  • Glasinac (v. 900 à 200 AEC) = culture du fer des Balkans centraux. Issue en partie des épigones de Vatin (Crucenis Belegis) mais peut-être avec un ferment invasif que nous pourrions imaginer P-Italiote si c’est bien ce courant de peuplement qui porta le fer en Italie. Ici, il pourrait donc s’être agi d’un mouvement symétrique dans les vallées de la Save et de la Drave ? 
  • Issue de groupes Noua du Bas-Danube, la culture de Bessarabie-1 (v. 900 à 600 AEC) débuta v. 900 AEC. Il s’agissait des Daces. Dès cette époque, il est possible que ces gens aient fait pression sur les peuples Italiotes carpatiques et Transylvaniens ? Soit, ils contribuèrent à les chasser vers l’Italie (où au moins vers la Pannonie), soit ils s’installèrent dans le vide qu’ils avaient laissé ?

 

Europe nordique et scandinave (Centre-Nord)

  • En Scandinavie méridionale, le Bronze Nordique récent / BN5 (v. 900 à 750 AEC) était porté par les ancêtres directs des Germains. Au cours de ce siècle, leur implantation continentale ne progressa pas significativement.

 

Europe Orientale

Europe steppique et caucasienne (Est-Sud)

  • Les Cimmériens historiques pourraient avoir leur origine dans un groupe *Proto-Cimmérien de la culture du Kouban, au Nord-Caucase. Vers 900 AEC, ces groupes se répandirent sur les steppes pontiques, apportant la culture de Chernogorovka (v. 900 à 800 AEC) entre le Bas-Don et le Prut. Bien sûr, cette phase culturelle se constitua sur le substrat Belozerka.
  • Au Nord du Caucase, la culture du Kouban-2 (v. 1100 à 700 AEC) se poursuivait. Après le départ des groupes fondateurs des Cimmériens historiques, les groupes demeurés sur place furent connus sous le nom de Méotes ? Les anciens qui appelaient Marais des Méotes (Palus Meotis) ce que nous appelons mer d’Azov.
  • Plus loin à l’Est, dans les steppes de l’Oural, vivaient peut-être des groupes intermédiaires entre les Cimmériens et les futurs Scythes, ici qualifiés faute de mieux de *Para-Cimmériens.
  • Toutes ces populations des steppes européennes n’étaient probablement pas des iraniens au sens restrictif du terme ; mais ils descendaient comme eux des anciens peuples Poltavkas et devaient donc parler des langues apparentées à l’Iranien.

 

Europe Orientale (Est-Centre & Est-Nord)

  • Comme précédemment, la vaste Europe orientale était partagée entre les indo-Européens orientaux et les Ouraliens.
  • En Pologne, les Vénètes / Vénèdes Orientaux poursuivaient la culture de Lusace (v. 1200 à 400 AEC).
  • Chez les *Proto-Slaves, au Nord de la Biélorussie, la culture bronzière *Est-Tzrciniec-final vivait son dernier siècle. Au Sud de la Biélorussie, la culture Belogrudovka (v. 1100 à 900 AEC) qui avait été un *Chernoles-formatif, évolua en culture Chernoles (v. 900 à 800 AEC) strictement définie. Au contact du groupe Vénète italianisé de Holihrady, ces *Proto-Slaves du Sud avaient été influencés par le phénomène champ d’urnes ; mais ils continuaient aussi à enterrer certains de leurs morts sous des tumulus.
  • Les Baltes furent amputés de leur province estonienne où s’installèrent les Ouraliens Finniques Estoniens.
  • A partir de v. 900 AEC, les Ouraliens Finniques étaient étendus sur une vaste région. Au Nord, les Sami étaient déjà divisés en Sami-occidentaux (Norvège, Suède), Sami-orientaux (Nord et péninsule de Kola) et Sami-méridionaux (Finlande). Sur le continent, nous venons de voir les Estoniens installés en Estonie ; au Sud du lac Ladoga vivaient les Finnois, et au Sud du lac Onega les Vepses.  Dans le bassin de la Dvina, se trouvaient certainement d’autres groupes Finniques ici qualifiés de Nord-Finniques. Au Sud de cet ensemble, les Ouraliens Volgaïques occupaient le bassin de la Moyenne- et de la Haute-Volta. Enfin, toute la région située à l’Ouest de la chaîne des monts Oural était le domaine des Ouraliens Permiens qui avaient peut-être fini de remplacer les derniers groupes *Paléo-Européens dans l’Extrême-Nord. Saluons leur mémoire ; à partir de cette époque, le vénérable groupe *Paléo-Européen ne subsista plus que dans son réduit du Nord-Caucase.
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