X – 1 000 à 900 AEC – SUBBOREAL final (3)
X – 1.000 à 900 AEC – HOLOCÈNE – SUBBOREAL final (3)
Climat
A partir de v. 1000 AEC, le climat recommença à s’améliorer au travers d’une série d’oscillations de faible amplitude. Le climat resta cependant relativement frais ; bien loin de l’optimum que l’on avait connu entre v. 1500 et 1160 AEC.
Afrique du Nord et Sahara
Afrique du Nord Occidentale
- On ignore de quand date la première occupation humaine des îles Canaries, mais celle-ci pourrait avoir été voisine de l’an 1000 AEC ou même avoir été plus récente. A ce jour, les seuls résultats archéogénétiques antérieurs à la colonisation européenne concernent trois individus qui vécurent entre le VII° siècle et le XI° siècle de notre ère et qui, tous, portent le même variant de E-M81, c’est-à-dire de l’haplogroupe ADN-Y qui est aujourd’hui caractéristique des Berbères. Par ailleurs, les rares éléments de langage guanche qui nous sont parvenus (glossaires, toponymie et inscriptions) attestent tous avec certitude qu’il s’agit d’une langue berbère et même possiblement une langue du rameau sanhadja (membre du groupe Béranès). Devant cette convergence parfaite, il faut avancer que les Guanches n’étaient tout simplement qu’un groupe de Berbères insulaires. Mais comment des pasteurs Berbères qui passaient l’essentiel de leur vie à surveiller des moutons dans les savanes pelées du Sahara ont-ils pu acquérir les techniques de navigation sans lesquelles la colonisation de ces îles aurait été impossible ? Des îles qui sont d’ailleurs quasiment invisibles depuis la côte Africaine située à environ 100 km de la plus proche d’entre elles ! Et des îles qui étaient peuplées d’indigènes dont les chroniques des premiers colonisateurs Européens nous disent qu’ils ne possédaient pas de bateaux. Pour répondre à cette question, il faut se tourner vers les marins Phéniciens. Depuis le comptoir de Lixus au Maroc – dont nous avons respecté la date traditionnelle de fondation aux alentours de 1100 AEC [cf. carte W] – les hardis marins Phéniciens commencèrent probablement à explorer les côtes de l’Afrique Occidentale et découvrirent alors l’archipel des îles Canaries. Sur l’une de ces îles, ces marins auraient pu décider d’établir une base sûre où ils auraient eu l’idée d’installer des commensaux indigènes prélevés dans les tribus Berbères de la côte. Devenus de facto les premiers Guanches, ces gens pourraient avoir eu pour mission initiale d’assurer aux Phéniciens un approvisionnement vivrier régulier (moutons, chèvres, céréales) en prévision de futures expéditions le long des côtes de l’Afrique ? A ce raisonnement, on pourrait objecter que les Phéniciens ne fondèrent là aucune ville. Mais une ville est avant tout un espace de commerce et de contrôle du commerce, tandis que les Canaries pourraient n’avoir été qu’une simple halte navale ? Il est aussi possible que cette implantation trop lointaine ait plus ou moins rapidement fini par être considérée comme insuffisamment intéressante pour abriter un comptoir permanent ? Peut-être parce qu’une chaine de comptoirs plus pratiques avait ensuite été créée tout au long de la côte africaine dont les indigènes s’étaient avérés assez faciles à contrôler ? Les îles furent-elles complètement délaissées par les Phéniciens ? Ou fallut-il attendre la chute de Carthage pour que les Guanches tombent dans un relatif isolement pendant 1500 ans ? En attendant de finir tristement vendus comme esclaves et génocidés par les Espagnols …
Egypte et Cyrénaïque
- En – 943, la 21° dynastie Egyptienne s’effaça devant des mercenaires Berbères Meshwesh qui établirent la 22° dynastie Egyptienne (– 943 à – 775) à Tanis en Basse-Egypte. La famille royale de la 22° dynastie se fractura en une féodalité agressive issue de ses rangs ; cette situation morcela le territoire égyptien en principautés rivales qui reconnaissaient cependant le pouvoir théorique du pharaon.
- Dans le même temps, les grands-prêtres d’Amon régnaient toujours en Haute-Egypte.
Sahara
- L’amélioration climatique ne fut pas suffisante pour faire reverdir le Sahara ; mais à cette époque et jusqu’à l’époque Romaine, l’élevage de chevaux restait encore possible par endroit. Exécutées par les Berbères, les peintures de ‘’style cabalin’’ (v. 1000 à 500 AEC) représentent des chevaux et des chars de guerre sur les parois rocheuses. Le dromadaire était encore inconnu pour longtemps en ces contrées occidentales où il ne sera importé qu’à l’époque des Romains.
Afrique sub-saharienne
Afrique subsaharienne de l’Est
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Afrique subsaharienne de l’Ouest
- A partir de v. 1000 AEC, l’expansion Bantoue connut peut-être une pause lorsque le climat redevint plus humide, faisant croître de nouveau la forêt tropicale humide ? C’est à cette époque que les Bantous orientaux commencèrent à s’initier à la métallurgie du fer dans la région des grands lacs africains. La culture sidérurgique qu’ils installèrent dans les actuels Ruanda et Burundi est appelée Urewe (v. 1000 AEC à 500 CE). Faute de relai évident avec les pays méditerranéens, il est très probable que ce progrès doive être mis sur le compte du génie local. Ces techniques du fer ne seront pas totalement maîtrisées avant plusieurs siècles encore. Plus tard, elles serviront de booster au deuxième étage de la fusée Bantoue, et propulseront ce groupe ethnolinguistique dans toutes les directions, le conduisant à coloniser l’essentiel de l’Afrique subsaharienne.
Forêt pluviale
- On ignore la dynamique précise des changements génétiques et linguistiques subies par les populations Pygmées qui étaient prises en sandwich par les deux groupes-frères de colonisateurs Bantous. Logiquement, ces changements coloniaux affectèrent d’abord les régions périphériques. Les tribus Pygmées centrales durent conserver leurs vieilles langues à clic pendant encore plusieurs siècles.
Afrique du Sud
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Asie Occidentale Méridionale (Levant, Proche-Orient, Moyen-Orient, Anatolie, Arabie)
- Au début du siècle, la Babylonie était encore gouvernée par une dynastie d’origine Kassite qui parvint à se maintenir au pouvoir pendant une vingtaine d’années avant de se faire renverser par les Elamites aux alentours de 980 AEC. Mais ceux-ci se retirèrent rapidement de Mésopotamie et laissèrent la place à une période d’anarchie qui se prolongera jusqu’au milieu du siècle suivant.
- Avant cet effondrement, sous la pression de la désertification de l’Arabie, qui était déjà très avancée, c’est entre v. 950 et 900 AEC que les Sémites Occidentaux Chaldéens, avant-garde des Arabes et proches cousins des Araméens, rejoignirent ces derniers au Levant et en Mésopotamie. Ce faisant, ils contribuèrent à repousser les Araméens vers la Syrie, allégeant d’autant la pression que ceux-ci exerçaient sur l’Assyrie. Dans le Sud Mésopotamien, les Chaldéens s’installèrent à la place des Araméens, ajoutant leur touche à l’anarchie babylonienne.
- Pendant l’essentiel du siècle l’Assyrie demeura un petit royaume replié sur le Haut-Euphrate, en butte aux agressions Araméennes. Mais à partir de – 911, les Assyriens commencèrent à repousser ces nomades. Sans le savoir, ils inauguraient la période néo-assyrienne qui allait durer 3 siècles et faire de l’Assyrie le plus grand Empire de la Terre.
- Le Levant abritait des états confettis : La pentapole des Philistins occupait la côte Sud, et les cités-états Phéniciennes la côte Nord. Chez les Hébreux, le règne des rois bibliques David et Salomon couvrit l’essentiel du X° siècle AEC ; l’étendue précise de leur royaume se dérobe à l’archéologie mais pourrait avoir été plus limitée que ce que dit la Bible ; selon les dates traditionnelles, ce premier royaume éclata en deux entités en – 931 : Israël au Nord et Juda au Sud. D’autres états voisins existaient aussi à l’intérieur des terres, peuplés par des groupes Post-Amorites ou Araméens : du Sud au Nord se trouvaient Edom, Moab, Ammon, et Damas.
- Vers 1000 AEC, les Araméens conquirent une partie des états Néo-Hittites du Sud de la Syrie, mais conservèrent la même structuration politique qui réalisait une constellation de micro-états querelleurs et instables.
- Après le départ des Chaldéens vers la Mésopotamie, les Sémites occidentaux qui étaient restés en Arabie doivent désormais être nommés Arabes. Successeurs des Amorites (dont les Hébreux et les Cananéens étaient issus), puis des Araméens et des Chaldéens, les Arabes furent le dernier avatar onomastique de cette série de peuples qui n’étaient en définitive que les vagues successives d’une seule et même réalité ethnolinguistique. Semblables sur le plan humain aux steppes d’Europe et d’Asie, les pâturages alternativement verts et semi-désertiques d’Arabie du Nord constituaient le fécond homeland de ce peuple Sémite occidental dont les éruptions terrifièrent pendant plusieurs millénaires les sédentaires qui écrivaient l’histoire. Bientôt, sans avoir besoin d’attendre l’avènement fédérateur de l’islam, les Arabes se répandront à leur tour sur tout le Levant, en mettant leurs pas dans ceux de leurs oncles Chaldéens, grands-oncles Araméens et arrière-grands-oncles Amorites. Mais dans cette nouvelle entreprise de colonisation, ils auront la chance de bénéficier d’un atout que leurs devanciers n’imaginaient pas : en effet, l’époque où nous sommes parvenus est celle où le dromadaire fut introduit dans la péninsule arabe en provenance d’Asie. Dans le contexte de la sécheresse croissante qui rendait de plus en plus difficile l’entretien des chevaux, cet animal résistant donna un nouveau souffle au nomadisme pastoral et ouvrit la voie au grand commerce caravanier qui allait bientôt s’établir entre le Nord et le Sud de la péninsule.
- Le Sud de l’Arabie était toujours peuplé par les Sémites méridionaux / Ethiopiques.
Iran, Asie Centrale, Steppes Asiatiques Occidentales, Sibérie Occidentale, Altaï
- Au début du siècle, les Elamites étaient encore assez puissants pour battre les Babyloniens v. 980 AEC. Mais leur état s’effondra rapidement dans les suites de cette victoire, peut-être parce qu’il était en butte aux tribus Iraniennes Perses qui étaient désormais installées à demeure sur son territoire.
- A cette époque, les Iraniens occidentaux étaient installés sur tout le plateau iranien. Les futures satrapies achéménides devaient alors constituer autant de royaumes tribaux Iraniens, qui étaient pour l’instant indépendants les uns des autres. Au Nord-Zagros et dans la région d’Ecbatane / Hamadān, étaient installés les Mèdes et un groupe de Perses. D’autres Perses étaient installés au cœur de l’Elam, dans la région d’Anshan. A l’Ouest du désert de Lut se trouvaient également les Carmaniens et les Sagartiens, probablement proches parents des Mèdes et des Perses. Les Hyrcaniens s’étaient installés sur les rivages Sud de la mer Caspienne. A l’Est du désert de Lut vivaient les Parthes, Ariens, Drangiens et Arachosiens ; ainsi que les Gédrosiens qui étaient en train de s’installer à la place des derniers Indiens d’Iran. Plus loin au Nord et à l’Est, les Bactriens et les Sogdiens formaient les groupes que nous appelons Avestiques dans la mesure où c’est dans leur langue que sera prochainement écrit l’Avesta zoroastrienne. Enfin, le rivage Sud de la mer d’Aral était le domaine des Chorasmiens de culture Amirabad.
- Plus au Nord, les Iraniens orientaux / Proto-Saces occupaient tout le système des steppes asiatiques occidentales, entre l’Oural méridional, l’Altaï et les monts Célestes. Contrairement à leurs frères occidentaux, ceux-ci conservaient une technologie du bronze.
Baïkalie, Sibérie Orientale, Arctique
- La Cis-Baïkalie et la Sibérie Orientale conservaient une situation ethnolinguistique globalement inchangée.
- En Alaska et dans l’Arctique américain [non visible sur la carte X], les Paléoeskimos avaient établi des cultures appelées Pre-Dorset, Saqqaq, et IndependenceI. Vers 1000 AEC, leurs groupes d’Alaska se convertirent à la poterie, formant la culture de Norton (v. 1000 AEC à 800 CE). Ces gens étaient davantage tournés vers la chasse aux mammifères marins que leurs ancêtres qui avaient essentiellement chassé les espèces terrestres.
Chine, Mongolie, Mandchourie, Corée, Japon
- En Chine du Nord, le royaume Chinois des Zhou occidentaux poursuivait son évolution.
- C’est peut-être à cette époque que les Tibéto-Birmans poussèrent vers le Sud-Est où le groupe Proto-Birman s’installa à la place des populations *Post-Karuo ; ainsi qu’au Nord-Est où les Tibétains Qiang s’installèrent à la place des Chinois de la culture de Xindian.
- En Chine du Sud, la culture Shi’erqiao (v. 1200/1150 à 800 AEC) se poursuivait chez les Hmong-Mien du Sichuan. C’est peut-être à cette époque que les Austronésiens Viets s’infiltrèrent au Guangdong et Guangxi, au détriment des Taï-Kadaï qui poussèrent eux-mêmes au Guizhou et au Yunnan ? Ces mouvements sont mal connus.
- C’est v. 1000 / 950 AEC qu’un groupe Coréo-Japonais s’installa sur l’île de Kyushu dans l’archipel du Japon. Ils y introduisirent la culture du riz en rizières, et avec elle le début du Néolithique local. Le peuple Japonais cristallisa sur place à partir de ces immigrants néolithiques et du substrat des Aïnous méridionaux de culture Jomon. La culture mixte qui se constitua alors est appelée Proto-Yayoi (v. 1000 à 400 AEC). L’haplogroupe D1b de SM l’Empereur du Japon montre assez la part que prirent les indigènes dans cette nouvelle culture. Dans les siècles qui suivront, ces gens repousseront progressivement mais inexorablement les Aïnous mésolithiques vers le Nord de l’archipel.
Indes
- Les derniers Indiens d’Iran furent peut-être expulsés du plateau entre v. 1000 et 900 AEC ? Furent-ils à l’origine du groupe linguistique Indien Nord-Occidental, qui borde du Sud au Nord toute la chaine de montagne qui sépare aujourd’hui le monde Indien du monde Iranien ?
- C’est v. 1000 AEC que les objets en fer – adoptés par les Indiens Post-Védiques depuis déjà deux siècles – devinrent véritablement abondants dans les régions qu’ils dominaient et qui étaient désormais étendues à toute la vallée du Moyen-Gange. Grâce aux haches et aux charrues en fer, les forêts furent défrichées plus facilement qu’elles ne pouvaient l’être auparavant, ce qui permit aux Indiens de s’implanter plus solidement et plus densément dans toute l’Inde du Nord, le long du Gange et de ses affluents. En Inde du Nord, un chapelet de royaumes tribaux était désormais établi ; avec d’Ouest en Est : le royaume des Kuru ; le royaume de Pancala ; le royaume de Kosala qui avait dès lors absorbé son voisin du Sud, le royaume de Kashi ; et enfin le royaume de Videha, nouvellement installé au détriment des tribus Mundas, mais qui n’atteignait pas encore le delta du Gange.
- Le Bas-Gange demeurait donc encore le domaine des paysans Austro-Asiatiques Mundas.
- Dans le même temps, le fer apparut v. 1000 AEC chez les Dravidiens d’Inde du Sud, probablement par percolation depuis le Nord Indien. Toutefois, il s’agissait probablement d’importations et il semble que les populations du Deccan ne maitrisaient pas encore la technologie de production du fer
Indochine et Indonésie
- En Thaïlande, la culture encore purement néolithique de Ban Chiang ancien (v. 2500 à 1000 AEC) devait être portée par les Môns ; vers 1000 AEC elle se convertit à la métallurgie du bronze sous l’influence vraisemblable de la culture de Dong Dau du Nord Vietnam, et évolua en culture de Ban Chiang moyen (v. 1000 à 1 AEC). Au Cambodge, la culture de Samrong Sen (v. 1500 à 500 AEC) des Khmers, connut peut-être elle aussi le bronze aux alentours de 1000 AEC ? Achevant ainsi la conversion de toute la péninsule indochinoise à l’ère des métaux.
Nouvelle-Guinée, Australie, Tasmanie, Océanie
- Probablement venus de Bornéo, des groupes Malayo-Polynésiens Champa qui étaient vraisemblablement porteurs de l’haplogroupe O1a s’installèrent v. 1000 AEC sur les côtes méridionales et orientales de la péninsule indochinoise. Ils refoulèrent les Khmers côtiers et établirent la culture de Sa Huynh.
- A la même époque, les îles Marshal furent colonisées à partir des îles Mariannes et de Guam qui, elles-mêmes, avaient été colonisées par des Malayo-Polynésiens Philippins v. 1500 AEC.
- Enfin, des Malayo-Polynésiens Océaniques originaires du Vanuatu s’installèrent aux Fidji v. 1000 AEC. Ce groupe Fidjien sera lui-même très prochainement à l’origine du grand sous-groupe Polynésien.
Europe Centrale et Occidentale
Europe atlantique (Ouest-Centre & Ouest-Nord)
- La celtisation de l’Espagne se poursuivit au Bronze-Ibérique-final-2 / BIF-2 (v. 1000 à 900 AEC). A partir du Moyen-Ebre où s’étaient précédemment établis des champs d’urne anciens (v. 1150 à 1000 AEC), les Q-Celtes se répandirent v. 1000 AEC sur la Meseta orientale et centrale, qui était jusque-là peuplée par les *Epicampaniformes / Lusitaniens / Ligure de Cogotas-1. Cette culture entra alors dans la phase Cogotas-2 (v. 1000 à 500 ? AEC) qui était probablement celle d’une société dirigée par des Q-Celtes mais qui conservait sans doute un fort substrat indigène à même d’expliquer les éléments originaux de la culture de Cogotas2. Lors de la conquête de l’Hispanie, les Romains rencontreront dans cette région des tribus qu’ils nommeront collectivement Celtibères ; ainsi que d’autres nations voisines considérées comme apparentées aux Celtibères et appelées Vaccéens, Vetonnes et Carpétanes, chez lesquelles le substratum *Epicampaniforme était peut-être encore plus marqué que chez les Celtibères ?
- Au Sud du Portugal et en Andalousie, les populations Pré-Tartessos (v. 1100 à 900 AEC) étaient peut-être elles aussi déjà dirigées par une aristocratie Q-Celte qui s’était mêlée à un fort substrat *Épicampaniforme ? On peut se demander si un port de commerce fut créé dès cette époque près de l’embouchure du Betis / Guadalquivir ? La Bible mentionne bien l’existence de Tarsis / Tartessos sous le règne de Salomon (v. 970 à 930 AEC), mais ne s’agit-il pas d’un anachronisme ? Cette même question chronologique se pose aussi pour la fondation du comptoir commercial Phénicien de Gadir / Gades / Cadix, traditionnellement datée de – 1104 AEC au Sud de l’embouchure du Guadalquivir. L’érudition moderne rajeunit généralement ces deux dates ; mais si de puissantes villes sont peu probables à une date aussi haute dans le lointain Occident, on ne peut pas exclure l’existence de petits comptoirs Phéniciens sur ces côtes.
- Dans le reste de la péninsule hispanique, depuis le centre du Portugal jusqu’aux Asturies, le Bronze-Atlantique-Final / BAF (v. 1200 à 900 AEC) demeurait *Épicampaniforme / Lusitanien.
- En France de l’Ouest, les groupes d’Aquitaine et de la côte Atlantique mêlaient peut-être des tribus Q-Celtes originaires des Champs d’Urnes, et des tribus Ligures indigènes ; situation Celto-Ligure mixte qu’on devait également observer à l’approche de la côte méditerranéenne et des Préalpes. La France du Centre et de l’Est demeurait de culture RSFO, c’est-à-dire probablement peuplée de Q-Celtes et/ou de Vénètes.
- Au Bronze-Final-3b, la Grande-Armorique participa à l’horizon des épées en langue de carpe / Carp’s tongue complex (Carp.) (v. 950 à 800 AEC) qui était également installée sur les îles britanniques. On pourrait parler d’unification culturelle, si les deux rives de la Manche – c’est-à-dire les Cassitérides – n’avaient pas déjà été unifiées depuis fort longtemps dans le réseau commercial de l’Atlantique Nord. Une fois de plus, il s’agissait d’une nouvelle étape partagée. Ces Q-Celtes comprenaient les Vénètes ou bien étaient les Vénètes [cf. carte Z].
- Vers 950 AEC, les îles britanniques passèrent au Bronze-Récent-2 / BR2 (parfois appelé BR3) / période-7 / MS12 (v. 950 à 800 AEC), correspondant à la phase d’Ewart-Park en Angleterre et à la phase de Dowris-A (v. 950 à 800 AEC) en Irlande. La culture d’Ewart-Park s’intègre dans l’horizon des épées en langue de carpe / Carp’s tongue complex (v. 950 à 800 AEC) qui concernait également le continent. Il est vraisemblable que ces gens parlaient une langue q-celtique ; mais une langue q-celtique qui pourrait avoir été davantage marquée par le substrat *Épicampaniforme / Ligure que les dialectes du RFSO qui provenait directement d’Europe Centrale ?
Dans le même temps, l’Ecosse aussi était dans cette même période-7 (v. 950 à 800 AEC).
- Sur les côtes de la mer du Nord, la culture Belge du Bas-Rhin (v. 1200 à 800 AEC) commençait à subir une pression de la part des Germains qui s’étaient installés à proximité.
Europe méditerranéenne (Ouest-Sud)
- Jusque v.1000 AEC, la culture Protovillanovienne des Q-Italiotes d’Italie était restée homogène. Mais à partir de cette date, deux siècles après s’être installée sur la péninsule, elle commença à se fragmenter en faciès régionaux. Porté par les premiers Latins, le faciès Protovillanovien ‘’récent’’ du Latium est appelé culture Latiale (v. 1000 à 600 AEC) ; laquelle commença par la phase Latiale-1 (v. 1000 à 900 AEC) qui réalisait cependant une synthèse entre la culture Apenninique des indigènes Proto-Italiotes et le Protovillanovien intrusif. Les rites funéraires étaient massivement incinérants. D’autres faciès Protovillanoviens récents s’égrenaient du Nord au Sud de la péninsule, depuis ce qui deviendra plus tard la Vénétie, jusqu’en Sicile Orientale où les Sicules d’affiliation incertaine étaient désormais établis.
- Le reste de la Sicile était partagé entre les Sicanes au Centre (des Ligures anciennement présents dans l’île, peut-être ‘’enrichis’’ d’éléments Illyriens ?), et les Elymes (Liguro-Anatoliens) à l’Ouest.
- Le Sud-Est de l’Italie demeurait aux mains de tribus Illyriennes *Post-Apenniniques dont les Messapiens seront les mieux connus.
- Sur la côte adriatique italienne, ceux que l’érudition appellera Nord-Picéniens étaient peut-être des Ligures ou des *Post-Apenniniques qui auraient résisté aux invasions ? Contrairement aux Messapiens, leurs trop courtes inscriptions résistent au déchiffrement.
- Sur la côte adriatique croate, les cultures Liburnienne (Lib) au Nord et Dalmatienne (Dal) au Sud prolongeaient la culture des Castellieri que nous avons dite Illyrienne.
- Les tiers Centre et Sud de la Sardaigne étaient le domaine des Shardanes / Sardes de culture Nuragique ; tandis que le Nord de la Sardaigne et la Corse demeuraient Ligures.
Europe égéenne et balkanique (Centre-Sud)
Situation ethnolinguistique globalement inchangée. Le site de Troie-7b3 (v. 1075 ? à 950 AEC) qui était probablement peuplé de colons Grecs Eoliens fut déserté pour des raisons inconnues v. 950 AEC. Le site restera totalement désert jusque v. 700 AEC.
Europe Centrale (Centre-Centre)
- Tout comme l’Europe atlantique et l’Europe du Nord, l’Europe Centrale conservait encore une métallurgie du bronze, tandis que l’Europe Egéenne s’était convertie au fer depuis 100 ans. Ce décalage technologique tenait peut-être au fait que, dès la fin de la crise climatique, le peuple Celte avait rapidement rétabli le réseau commercial de l’étain des ‘’îles Cassitérides’’ et que les métallurgistes d’Europe Occidentale et Centrale n’avaient donc pas eu besoin de se tourner vers des nouvelles technologies plus complexes à mettre en œuvre ; nous rappelons ici que, contrairement à eux, leurs confrères du Proche-Orient et de l’Egée y avaient peut-être été forcés parce qu’ils s’étaient trouvé confrontés à une pénurie en matières premières étrangères qui avait peut-être duré une 50 aine d’années avant que les Phéniciens ne rétablissent un commerce à longue distance.
- Au Sud de l’Europe Centrale, la culture des Champs d’Urnes Gava – que nous pensons portée par des Q-Italiotes, proches parents sédentaires des Latins – se poursuivait à la phase Gava-3 (v. 1000 à 900/800 AEC). Dans les vallées de la Save, de la drave et du Moyen-Danube, la culture du bronze que nous avons nommée Pré-Glasinac se prolongeait. Nous proposons que ces gens étaient des Q-Italiotes, et qu’ils seront recouverts par des P-Italiotes à l’âge du fer [cf. carte Y].
- Le faciès Gava Holihrady de Galicie se prolongeait lui aussi au Nord-Ouest de l’Ukraine. En relation avec la géographie (monts des Vénètes) nous avons proposé que cette culture était peut-être portée par des Vénètes demeurés en arrière des Vénètes orientaux partis fonder la culture de Lusace, en arrière des Vénètes méridionaux partis en Anatolie et en arrière des Vénètes occidentaux qui étaient allés se fondre dans le mouvement RFSO de la Grande Celtique [cf. carte V]. Dans le scenario protohistorique et géographique que propose l’atlas n°4, la langue vénète pourrait avoir été un dialecte q-celtique ou peut-être avoir été un dialecte italo-celtique tardif tendant vers le celtique pour certains traits, mais qui serait demeuré un peu plus conservateur que lui et un peu plus influencé par les langues slaves dans sa position frontière des Carpates.
- Vers 950 AEC, au Nord de l’Europe Centrale, le Hallsttat-B1 (v. 1050 à 950 AEC) évolua sans rupture en un faciès dérivé appelé Halstatt-B2/B3 (v. 950 à 800 AEC). Nous pensons que cette culture était toujours celle de Q-Celtes qui s’attardaient encore dans un plein âge du bronze. Ils devaient porter majoritairement les haplogroupes R1b-DF27 et R1b-U152-L2 que leurs cousins migrants des champs d’urnes avaient déjà répandu dans une grande partie de l’Europe de l’Ouest. Dans les régions coloniales du Sud-Ouest de la France et de l’Hispanie, R1b-DF27 restera prédominant jusqu’à nos jours, c’est-à-dire résistera bien aux invasions suivantes. Dans les régions coloniales du Nord-Ouest de la France et des îles britanniques, R1b-L21 avait mieux résisté que dans les provinces du Sud-Ouest et continuera à résister aux invasions suivantes, puisqu’il est toujours prédominant dans ces régions aujourd’hui. En France Centrale et sur le pourtour des Alpes, R1b-U152-L2 devait être bien implanté. En Europe Centrale, R1b-DF27 s’était probablement effacé devant L2.
- A l’époque où nous sommes parvenus, la langue italo-celtique avait commencé à se fragmenter seulement 1000 ans auparavant. Ce qui signifie qu’une certaine intercompréhension devait encore exister d’un bout à l’autre du domaine. Et qu’il persistait même peut-être une authentique unité linguistique italo-celtique tardive au cœur de la vieille et désormais gigantesque nation Italo-Celte ? Unité résiduelle que l’on peut essayer de situer du côté de la Slovaquie, du Nord de la Hongrie et peut-être de la Bohême-Moravie ? En effet, lorsque nous étudions la séparation entre les langues italiques et celtiques, nous le faisons à 95% sur la base d’une comparaison entre le matériel latin et le matériel celtique insulaire, c’est-à-dire sur la base des deux extrémités du continuum, simplement parce qu’elles se trouvent être celles qui livrent les meilleures sources exploitables. Ce qui signifie que, lorsque certains chercheurs datent la séparation des deux familles de langues aux alentours de 2000 AEC, ils ne datent en réalité que la séparation de deux rameaux extrêmes ; et qui plus est de deux rameaux extrêmes qui ont ensuite été modifiés par leurs substrats et adstrats respectifs.
- A ce stade, nous allons tenter d’explorer l’apparition des langues p-celtiques (gaulois, briton) et p-italiques (sabellien, osque, ombrien) pour laquelle il n’existe pas de consensus. Rappelons que ces deux types de langues ont subi la fameuse labialisation des vélaires (‘’Kw’’ → ‘’P’’ et ‘’Gw’’ → ‘’B’’). Pour l’expliquer, il existe deux possibilités : 1) Soit il s’est agi d’un phénomène unitaire qui apparut dans une région géographique donnée et qui s’est propagé ensuite aux langues celtiques d’une part et aux langues italiques d’autre part ; 2) Soit ces modifications de la prononciation se sont produites indépendamment dans des contextes géographiques et culturels différents ?
- Si nous nous plaçons dans le cadre du scénario n° 1, il faut envisager des mouvements de populations aux alentours de 900 / 800 AEC, dont le moteur pourrait avoir été l’acquisition de la métallurgie du fer par des tribus d’Europe Centrale. Dans ce cas, c’est probablement entre 1200 AEC (départ des groupes Champs d’Urne bronziers dont les descendants seront un jour à l’origine des inscriptions q-celtiques) et 900 AEC (arrivée du fer en Italie et au Nord des Alpes) que la labialisation des vélaires se serait produite dans un groupe Italo-Celte tardif d’Europe Centrale. Ces bornes chronologiques étant posées, on peut proposer que cette nouvelle prononciation qui allait caractériser les langues p-celtiques et p-italiques émergea aux alentours de 1000 AEC au sein d’un groupe de dialectes italo-celtiques tardifs. Nous proposons de situer cette double évolution technologique et linguistique dans les régions slovaques, nord-hongroise et tchèques où nous pensons que survécut jusqu’à cette époque les restes de la vieille unité italo-celtique. Au sein de cette région, les monts Métallifères de Slovaquie pourraient avoir été le point de départ de la technologie du fer en Europe Centrale, aux alentours de 900 AEC ; et cette technologie de qualité supérieure aurait pu apporter un avantage guerrier aux tribus qui apprirent les premières à la maitriser et qui purent de ce fait se répandre dans une Europe restée encore bronzière [cf. carte Y]. Pour compléter le scénario n°1, il faut alors supposer que – outre le phénomène de labialisation des vélaires – il aurait initialement existé une certaine proximité entre les dialectes p-celtiques et p-italiques. De fait, malgré l’absence d’un consensus, cette hypothèse a trouvé il y a 100 ans un début de démonstration selon lequel il pourrait avoir existé d’une part un groupement dialectal latino-gaélique (i.e. une unité q-italique + q-celtique à un certain niveau que nous situons à l’époque des Champs d’Urnes), et d’autre part un groupement dialectal osco-ombrien-gallo-brittonique (i.e. une unité p-italique + p-celtique à un certain niveau nécessairement plus récent) ; et qu’il pourrait donc bien avoir existé un ensemble relativement homogène de tribus Italo-Celtes tardives que nous pourrions également appeler *P-Italo-Celtes. La suite de ce scénario n°1 implique que celles des tribus *P-Italo-Celtes qui s’avanceront au Sud des Alpes sur les traces des groupes Q-Italiotes, renforceront rapidement les composantes italiques de leur langue et seront à l’origine des peuples P-Italiotes Sabelliens / Osco-Ombriens une fois qu’elles seront installées en Italie. En symétrie, elle implique également que celles des tribus *P-Italo-Celtes qui s’avanceront au Nord des Alpes sur les traces des groupes Q-Celtes, renforceront rapidement les composantes celtiques de leur langue et deviendront le noyau fondateur des peuples P-Celtes Gaulois / Brittons. Sur le plan archéologique, ce scénario n°1 implique par ailleurs que la succession ne fut pas totalement directe entre le Protovillanovien bronzier (apporté par des tribus Q-Italiotes), et l’ensemble culturel regroupant le Villanovien et la culture Atestine sidérurgiques (apportés par des tribus P-Italiotes et Vénètes respectivement). Or, beaucoup d’archéologues croient pourtant à une continuité entre ces deux faciès successifs, et cela d’autant plus facilement qu’aucun vestige ne vient formellement démontrer une invasion de l’Italie v. 900 AEC ; invasion qui serait pourtant bien pratique pour conclure à l’origine intrusive de la culture Villanovienne. Cela compromet-il le scénario n°1 ? Peut-être pas, car il est possible de relativiser cette absence de matériel en songeant que des archéologues ignorants l’histoire pourraient facilement expliquer la romanisation de la Gaule par des nouvelles modes traversant un fond celtique demeuré stable mais pénétré par des influences culturelles pan-méditerranéennes si les écrits de César et des autres annalistes Romains n’étaient pas arrivés jusqu’à nous pour nous convaincre qu’une sévère invasion de la Gaule se produisit bien au milieu du I° siècle AEC ! Alors pourquoi de nouvelles tribus n’auraient-elles pas envahi l’Italie huit siècles plus tôt sans nous laisser des traces plus évidentes que cela ? En théorie, l’étude des haplogroupes ADN-Y devrait nous aider à voir plus clair. Malheureusement, l’histoire précise des variants de l’haplogroupe R1b-U152 n’est pas encore suffisamment déchiffrée pour constituer un guide complémentaire. En attendant, nous avons proposé que le variant L2 – très répandu – pourrait avoir été porté à la fois par les Q-Celtes et les populations Proto-Italiotes ? Que le variant Z56 pourrait avoir été majoritaire chez les Q-Italiotes ou du moins dans le rameau de ce groupe qui s’installa en Italie ? Et que le variant Z36 pourrait avoir été celui d’une partie des P-Celtes et que c’est peut-être à eux plutôt qu’à un peuple P-italiote qu’on devra son implantation en Italie ? Dans ce cas, à ce stade déjà fin de la phylogénie de R1b-U152, il faut concevoir que le groupe *P-Italo-Celtes abritait plusieurs variants de cet haplogroupe, et que c’est purement par le hasard des succès claniques que tel ou tel d’entre-eux se retrouvera plus tard avec des fréquences plus ou moins marqué dans tel ou tel groupe d’héritiers.
- Si l’on se place dans le cadre du scénario n°2, le p-celtique et le p-italiques furent des innovations linguistiques convergentes mais indépendantes l’une de l’autres ; ce qui pose au final moins de questions. Dans ce scénario, il faut concevoir un groupe Italiote Unitaire qui arriva en Italie en une seule fois, soir avec les *Terramares ou les *Apenniniques aux alentours de 1700 / 1600 AEC, soit plus probablement avec les *Protovillanoviens aux alentours de 1150 AEC. Ensuite, il faut supposer que le p-italique évolua sur le substrat linguistique des tribus *Apenniniques ? Ce qui expliquerait pourquoi les Osques de langue p-italique pouvaient être considérés par les Romains comme étant le plus ancien peuple de la péninsule ?
Europe nordique et scandinave (Centre-Nord)
- En Scandinavie, le Bronze-Nordique-Récent-B5 (v. 950 à 750 AEC) commença v. 950 AEC. A cette époque, le déplacement de certaines tribus Germaines vers le Sud se poursuivit à l’Ouest du Jutland, au détriment des groupes Belges du Bas-Rhin frontaliers.
Europe Orientale
Europe steppique et caucasienne (Est-Sud)
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Europe Orientale (Est-Centre & Est-Nord)
- L’Europe Orientale Indo-Européenne et Ouralienne ne semble pas avoir connue de changements fondamentaux à l’époque de la carte X. Toutefois, les Ouraliens pourraient s’être étendus vers le Nord à la faveur de l’amélioration climatique ?