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U – 1.500 à 1.200 AEC – HOLOCÈNE – SUBBORÉAL récent (3) optimum hittite c

 

Climat

Entre v. 1500 et 1200 AEC, malgré un refroidissement significatif survenu v. 1400 AEC, le climat mondial progressa peu à peu vers le plus bel épisode climatique survenu depuis celui de l’optimum Holocène, 3500 ans plus tôt. Précisons qu’il ne fera plus jamais aussi beau – c’est-à-dire chaud et humide – jusqu’à notre époque comprise. On notera que ce climat idéal, à la fois chaud et humide, correspondit assez étroitement à l’époque de l’expansion du Nouvel Empire Egyptien, ou à la belle époque de la dynastie Chinoise Shang (v. 1600 à 1046 AEC), ou encore au nouveau royaume Hittite, conformément au nom d’’’optimum hittite’’ qui lui est parfois donné. Au cours de cette période de trois siècles, les glaciers mondiaux régressèrent significativement.

Le brutal refroidissement qui surviendra v. 1160 AEC n’en sera que plus catastrophique et mettra fin en quelques années à la brillante civilisation du bronze récent [cf. carte V].  

 

Afrique du Nord et Sahara

Afrique du Nord Occidentale

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Egypte et Cyrénaïque

  • Vers 1500 AEC, c’est sur la 4° cataracte que les Egyptiens de la 18° dynastie portèrent la frontière Sud du Nouvel Empire, mettant fin au premier royaume Nubien de Kouch et instaurant le système de la vice-royauté de Nubie entre la 1° et la 4° cataracte.
  • Vers 1300 AEC, la 18° dynastie égyptienne fut remplacée par la 19° dynastie (v. 1300 à 1185 AEC) qui abandonna Thèbes pour s’installer à Pi-Ramsès dans le Delta du Nil. 

 

Sahara

  • Au Tibesti, vers 1500 AEC, on constate un changement des pratiques funéraires avec l’apparition de tombes monumentales. Les populations porteuses de ces changements devaient être Berbères. Peut-être leur vie matérielle était-elle devenue plus facile en raison de l’amélioration climatique ? Cette progression se fit elle au détriment d’un peuple Saharien déjà installé comme nous le suggérons sur la carte ? 

 

Afrique sub-saharienne

Afrique subsaharienne de l’Est

  • Les Sud-Couchitiques de la côte tanzanienne établirent leur pastoralisme bovin dans les Highlands de Tanzanie v. 1500 AEC. Ceci affecta nécessairement les populations *Proto-Hadzas d’haplogroupe B2b (ancêtres des Hadza et des Sandawe actuels), locuteurs des vieilles langues à clic. Plus tard, les Sud-Couchitiques de la côte et des Highlands seront recouverts par l’expansion des Nilotiques puis par celle des Bantous, et ils deviendront à leur tour résiduels dans la région.

 

Afrique subsaharienne de l’Ouest

  • Vers 1500 AEC, les premiers objets en fer fondu firent leur apparition en Afrique de l’Ouest qui fut certainement le théâtre d’une invention indépendante des techniques de fonderie. Ce progrès fut donc très rapide après l’acquisition du bronze. 

 

Forêt pluviale

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Afrique du Sud

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Asie Occidentale Méridionale (Levant, Proche-Orient, Moyen-Orient, Anatolie, Arabie)

  • Avant v. 1500 AEC, les objets réalisés en fer fondu étaient des ‘’curiosités technologiques’’, tant en Anatolie, qu’en Egypte, au Proche-Orient, en Iran et en Inde ; Mais à partir de cette date, ils commencèrent à devenir un peu moins rares dans toutes ces régions.
  • Au cours de ces trois siècles étendus entre v. 1500 et 1200 AEC, les états de Mésopotamie et du Levant passèrent par des fortunes changeantes :
  • Les Kassites avaient déjà commencé à prendre le contrôle de la Basse-Mésopotamie v. 1570 AEC ; mais ils s’affrontèrent entre eux pendant des décennies avant de laisser émerger, v. 1500 AEC, le royaume Kassite de Babylonie qu’ils appelaient Karduniash (v. 1500 à 1155 AEC). Désormais puissance de premier plan, les Kassites semblent avoir brièvement occupé l’Elam v. 1320 AEC. Mais, v. 1210 AEC, ils seront brièvement vaincus par les Assyriens, avant de se relever pour subsister encore pendant une cinquantaine d’années, puis de disparaître v. 1160 AEC dans la crise générale qui emporta la civilisation du Bronze récent.
  • Le royaume de Mitanni occupait toute la Haute-Mésopotamie, les hautes vallées du Tigre et de l’Euphrate ainsi que la Syrie. Fondé par des Indiens qui étaient parvenus quelques siècles plus tôt à fédérer les indigènes Hourrites, ils avaient adopté la langue de ces derniers à l’exception des termes techniques militaires et de certains noms propres qui demeuraient aryens. Vers 1400 AEC, le Mitanni occupait toute la Haute-Mésopotamie et constituait une puissance internationale de premier plan. Mais des dissensions internes et une guerre contre les Hittites, conduisit ses derniers à s’emparer du Mitanni v. 1360 AEC. Ils ne laissèrent subsister qu’un état mitannien réduit et vassal appelé Hanigalbat. Dans ce contexte, la province d’Assyrie, autrefois vassale du Mitanni, retrouva son indépendance peu après v. 1350 AEC ; puis prit le contrôle du Hanigalbat v. 1330 AEC, dans une complète inversion des rôles de suzerain et de vassal. Dans les suites, avec le soutien des Hittites, le Hanigalbat tenta plusieurs fois de secouer la tutelle Assyrienne. Vers 1250 AEC, la dernière de ces révoltes fut un échec définitif ; les Hittites s’étaient cependant approprié la boucle de l’Euphrate qui avait autrefois fait partie du Hanigalbat. C’est cette étape avancée de l’évolution régionale qui est figurée sur la carte U, faute de pouvoir représenter toutes les étapes successives de cette période de 3 siècles fertile en évènements politiques. Dans son élan conquérant, l’Assyrie régénérée s’empara brièvement du Karduniash v. 1210.
  • Outre l’Assyrie Sémitique, les difficultés du Mitanni libérèrent également de sa tutelle les princes Hourrites d’Arménie et d’Azerbaïdjan. C’est de ce cadre qu’émergera un jour le futur royaume d’Ourartou. Par simplification, ces Hourrites du Nord, demeurés indépendant après la chute de leur empire, sont appelés ici *Hourrites Ourartéens. Ces groupes comprenaient notamment les Azzi, situés à l’Ouest.
  • Les dynasties Elamites des Kidinuides (v. 1500 à 1400 AEC) puis des Igehalkides (v. 1400 à 1210 AEC) semblent avoir débuté comme vassales des Kassites de Babylonie. Elles s’étendaient au minimum sur les provinces d’Anshan et de Suze ; Suze que les Igehalkides furent les premiers à élamitiser en profondeur. Vers 1230 AEC, les Igehalkides repoussèrent une nouvelle attaque des Kassites et, forts de ce succès, attaquèrent la Babylonie plusieurs fois entre 1225 et 1215 AEC ; la fragilisant et facilitant au final sa conquête par les Assyriens v. 1210 AEC.
  • Fondé v. 1700 AEC, avec Hattousa pour capitale au centre de l’Anatolie, l’ancien royaume Hittite était déjà devenu, cent ans plus tard, une puissance politique dont le rayon d’action était suffisant pour détruire la lointaine Babylone en 1595 AEC ; toutefois, v. 1500 AEC, dans un contexte de guerres civiles, il connut une période de replis que les historiens ont qualifiée de moyen royaume. Etant parvenu à surmonter ces querelles internes v. 1400 AEC, le nouveau royaume Hittite partageait alors l’Anatolie avec des états Louvites vassalisés au Sud et à l’Ouest, et avec des états Tyrrhéniens situés le long des côtes égéennes. Au Nord-Est (côte de Trébizonde) et à l’Est (Anatolie orientale), des peuples Hattiens et/ou Kartvéliens – les Gasgas et les Azzi – luttaient activement contre son influence et menaçaient parfois la sécurité de ses populations. Vers 1360 AEC, le royaume Hittite avait détruit et vassalisé le Mitanni, ce qui le fit entrer en contact direct avec l’Egypte et avec la Babylonie Kassite. Dans le même temps, il poussait son influence jusqu’à la côte de la mer Egée, vassalisant au passage les principautés Louvites de la région. Le conflit avec l’Egypte portait sur la Syrie. Entrecoupé de guerres et de réconciliations, cet affrontement pour la domination du Levant dura un siècle, de v. 1350 à 1250 AEC. Après cette date, les Hittites firent la paix avec l’Egypte, pour mieux tenir à distance l’Assyrie qui montait en puissance. C’est cette période située aux alentours de v. 1250 AEC qui est montrée sur la carte U. L’état Hittite était encore solide lorsque survint la catastrophe générale qui l’emporta [cf. carte V].
  • Pendant toute cette période, le Levant Cananéen fut tiraillé entre les grandes puissances Mitannienne, Egyptienne et Hittite. A la fin de la période il était globalement partagé entre les Hittites au Nord, et les Egyptiens au Sud. Malgré ces aléas politiques, c’est à cette époque que les Cananéens furent à l’origine du tout premier alphabet ; lequel, en dépit de quelques changements mineurs, reste fondamentalement le nôtre.
  • C’est peut-être v. 1300 AEC que des pasteurs nomades Sémitiques Occidentaux Apirou / Habirou colonisèrent les collines de Judée où leurs descendants deviendraient un jour les Hébreux. Bien sûr, ils étaient pour l’instant polythéistes et la tabouisation du porc n’existait pas encore. Ils partageaient une même origine Amorite avec les Cananéens sédentaires et agricoles de la côte. Mais leur mode de vie différent les prédisposait à rejouer, une fois de plus, le scénario de la guerre fraternelle de Caïn et d’Abel ; cependant, pour l’instant, le puissant état Egyptien assurait la police et prévenait les troubles.
  • En future Colchide, la culture Transcaucasienne occidentale du bronze récent était celle des Colches. Cette culture particulièrement brillante donne une certaine validité à l’expédition des argonautes qui date de cette époque. La Colchide et la mer Egée commerçaient probablement mais en devant acquitter les taxes du verrou troyen ; l’expédition grecque des Argonautes aurait-elle constitué une tentative de commerce direct ?
  • En Anatolie de l’Ouest, Troie-6 aborda sa phase moyenne correspondant à Troie-6d et -6e (v. 1500 à 1420 AEC). Il s’agit de la phase Teucrienne des Pélasges Crétois puis Troyenne des Pélasges Arcadiens de Dardanos qui s’installa sur le site v. 1440 AEC. C’est alors que Troie-6 commença à tenir sa richesse du contrôle des Dardanelles, par où passait le commerce maritime entre la mer Egée et la mer Noire. Entre autres denrées commerciales, elle contrôlait peut-être l’acheminement de l’étain des gisements d’Anatolie ? Et, en cela, elle représentait un obstacle pour les Grecs Mycéniens. Vers 1420 AEC commença la phase Troie-6 récente correspondant à Troie-6f à -6h (v. 1420 à 1240 AEC) qui fut détruite vers 1250 AEC par un séisme dont la légende garda le souvenir, suivi du sac de la ville défaite lors de la 1ère guerre de Troie v. 1240 AEC. Dans les textes Hittites, la Troade était l’état de *Tarui, c’est-à-dire de Troie, ou de *(W)ilu, c’est-à-dire d’Ilion, l’autre nom de Troie. Elle devait servir de débouché commercial du monde hittite en Méditerranée ? Cette ville majeure de la Méditerranée était plus glorieuse que la ville de Troie-7a / Troie-6i (v. 1240 à 1185 AEC) qui fut la Troie homérique de Priam rebâtie sans rupture ethnoculturelle sur les ruines ; lors de cette nouvelle phase, le site était composé d’une citadelle mais aussi d’une ville basse dont la grande étendue n’a été découverte que récemment. Elle sera détruite en – 1183 selon Eratosthène.
  • L’état d’Ahhiyawa des textes Hittites était probablement la confédération des Achéens / Mycéniens, étendue aux îles de l’Egée passées sous leur contrôle entre v. 1450 et 1400 AEC malgré la persistance de leur population Tyrrhénienne / Pélasgienne indigène

 

Iran, Asie Centrale, Steppes Asiatiques Occidentales, Sibérie Occidentale, Altaï

  • Vers 1500 AEC, en provenance des régions Andronovo, l’horizon de la céramique modelée peinte (v. 1500 à 1200/1100 AEC) se répandit en Asie Centrale méridionale. Ces poteries – qui sont généralement considérées comme ‘’primitives’’ comparativement à celles des époques antérieures – étaient celles des premiers Iraniens occidentaux qui arrivaient, depuis le Nord steppique, au contact de l’Iran Oriental post-BMAC. Lorsqu’on se décale des références céramique et que l’on se réfère aux métaux pour étalonner la périodisation, cette même culture intrusive est appelée Yaz-1 (v. 1500 à 1200/1100 AEC) ou encore culture du fer-ancien-iranien / fer-iranien-1. En effet, dès v. 1500 AEC, la technologie permettant de fabriquer des objets en fer fondu fut connue des Iraniens occidentaux. Il n’est pas aisé de déterminer si la sidérurgie fut une invention locale des forgerons steppiques dont la créativité était stimulée par le monde post-BMAC ? Ou s’il percola depuis l’Inde du Nord où cette curiosité technologique était déjà connue depuis plusieurs siècles. Le bon sens permettrait également de faire l’hypothèse d’une sidérurgie qui aurait diffusée depuis l’Iran du Nord Hourrite où le fer fut connu v. 1500 AEC, c’est-à-dire à la date où il apparut en Iran Oriental ; mais il est difficile de conclure en ce sens parce que le plateau iranien – situé entre ces deux régions – ne semble pas avoir connu le fer avant v. 1300 AEC. Quoi qu’il en ait été d’une invention locale ou non, le terme d’âge du fer est bien excessif lorsqu’il est appliqué à la culture de Yaz-1, car les rares objets de fer qu’elle nous a laissé étaient des raretés, dans une culture matérielle qui appartenait toujours au plein âge du bronze ! Parfois connue au travers de dénominations locales, la culture de Yaz-1 s’étendait sur un vaste territoire englobant le Nord-Est de l’Iran, l’Afghanistan et tout le Sud de l’Asie Centrale (Ouzbékistan, Turkménistan, Tadjikistan, et Kirghizstan) ; ces gens avaient une économie agro-pastorale et vivaient dans des villages sédentaires.
  • Grossièrement séparés par les actuelles frontières septentrionales du Turkménistan et de l’Afghanistan, on relève l’existence de deux grands ensembles au sein de l’horizon Yaz-1 : Le fer ancien du Nord (v. 1500 à 1200 AEC) est décrit sous une constellation de dénominations que l’on peut simplifier sous le nom de ‘’*complexe de Chust’’. Ces tribus Iraniennes demeurées inhumantes, conservaient un mode de vie traditionnel très steppique. Elles occupèrent le Ferghana, le Pamir et la Sogdiane où elles recouvrirent les cultures Indiennes de Zamanbaba et de Bishkent. Elles étaient également présentes sur l’Iaxarte, en aval du Ferghana. En Chorasmie, la culture iranienne de Tazabagjab (v. 1500 à 1200 AEC) se rattache aussi à ce groupe du Nord. Le fer ancien du Sud (v. 1500 à 1200 AEC) regroupe également un grand nombre de dénominations culturelles qu’on peut simplifier sous le nom de ‘’*complexe de Yaz’’ au sens strict. Ici, des interactions plus complexes se jouèrent entre les envahisseurs Iraniens et les populations locales Post-BMAC dont elles adoptèrent certains traits. Ce complexe s’étendit à toute la province du BMAC strictement défini, à savoir la Margiane, le Kopet-Dag, le Moyen-Oxus et la Bactriane dont les Indiens furent chassés en direction de l’Inde. L’absence d’inhumations connues conduit à se demander si les envahisseurs n’avaient pas déjà adopté la pratique funéraire iranienne consistant à exposer les cadavres aux oiseaux ? Les Iraniens classiques rendront ainsi hommage à leurs morts, comme le font toujours les actuels Parsis.
  • Il vient d’être dit que c’est v. 1500 AEC que les Iraniens du fer1 chassèrent les Indiens de Bactriane en direction de l’Est. Empruntant les cols, les Indiens Védiques atteignirent l’Inde du Nord et commencèrent à se répandre au Pendjab. La chronologie fine n’est pas connue, mais tous les groupes Indiens de Bactriane ne furent peut-être pas délogés en une seule fois. Ceux qui résistèrent le plus longtemps s’installèrent au Gandhara seulement un siècle plus tard, v. 1400 AEC ; là, ils établirent la culture du Swat / tombes du Gandhara (v. 1400 à 500 AEC) qui fut celle des premiers Indiens Dardiques. Isolés dans leurs montagnes, les Dardes et les chasseront les Iraniens de Bactriane, les conduisant eux aussi à se réfugier dans les montagnes. Là, ils seront encore beaucoup plus tard connus sous le nom de Kafirs (infidèles), puis convertis de force et depuis connus sous le nom de Nouristani (éclairés).’]Kafirs / Nouristani d’aujourd’hui constituent respectivement un précieux témoignage anthropologique des Indiens d’avant l’Inde et des Iraniens d’avant l’Iran.
  • Le peuplement du plateau iranien à la fin de l’âge du bronze est mal connu, ce qui laisse la place à des hypothèses. Malgré la pauvreté des fouilles et  la quasi absence de datations absolues, il semble cependant que le plateau iranien ne fut infiltré que très progressivement par les Iraniens : d’abord le Nord du plateau, puis le Centre et enfin le Sud. Remplaçant les chefferies Indiennes locales dont on devine l’existence plus qu’on ne les connait, il se pourrait  que des Iraniens occidentaux aient occupé l’Hyrcanie et le Nord du plateau iranien v. 1400 AEC ; et qu’ils atteignirent le Louristan v. 1300 AEC ? En tout cas, les objets en fer apparurent plus tardivement à l’Ouest qu’à l’Est du plateau ; et plus tardivement au Sud qu’au Nord. Avec eux, les nouveaux-venus Iraniens apportaient leurs poteries grise dites céramiques anciennes occidentales grises / Early Western Grey Ware / EWGW. 
  • Au Sud du plateau Iranien, les Indiens d’Iran se maintenaient pour l’instant en Drangiane, Arachosie et Gédrosie. Ils composaient un ensemble unitaire avec leurs frères déjà installés dans la vallée de l’Indus. A cette époque, le concept anthropologique de l’Inde était situé entre les deux Saraswati, celle d’Iran en Arachosie, et celle des Indes qui coulait parallèlement à l’Indus et qui étaient peut-être dès cette époque en train de se tarir.
  • Vers 1500 AEC, selon un processus interne graduel, les steppes asiatiques d’Andronovo-Alakul entrèrent dans une nouvelle phase culturelle appelée Sargary-Alekseyevka (v. 1500 à 1200 AEC). Il s’agissait principalement de la culture des Iraniens orientaux que l’on peut aussi qualifier de *Proto-Saces ; mais il s’agissait également de la culture de ceux des Iraniens occidentaux qui étaient demeurés dans les steppes méridionales, au Nord de leurs frères du complexe de Yaz. A cette époque, si peu de temps après l’extension initiale des Iraniens, la division en deux groupes – oriental et occidental – était loin d’être parachevée, et une série de tribus intermédiaires faisaient nécessairement le pont entre les ancêtres des Saces et ceux des Médo-Perses qui étaient situés aux deux extrémités du continuum iranien. Les populations agricoles et pastorales de Sargary-Alekseyevka vivaient dans une période climatique chaude et humide qui dut augmenter le nombre de bons pâturages et favoriser l’agriculture ; par conséquence, la taille du cheptel et la densité humaine durent croître en proportion. A cette époque où le pastoralisme purement nomade n’existait pas encore, les gens vivaient toujours dans des villages de maisons semi-enterrées, dont le nombre semble avoir augmenté. Mais v. 1300 AEC, les populations Sargary-Alekseyevka inventèrent des huttes démontables, qu’ils construisaient en claies de branchages avec une ouverture centrale pour laisser la fumée s’échapper ; ces structures légères n’étaient pas aussi maniables que le seront les futures yourtes, mais elles en annonçaient déjà le concept. Ce progrès remarquable augmenta la mobilité des tribus qui purent s’adonner à la transhumance semi-nomade, tout en continuant à pratiquer l’agriculture dans les oasis. C’était le début du grand pastoralisme nomade asiatique qui caractérisera les Turcs et les Mongols à l’époque historique. Précisément, les ancêtres de ceux-ci acquerront sans tarder cette innovation que les Iraniens propageront instantanément chez eux dans le contexte du phénomène Karasouk qui sera étudié plus loin [cf. Mongolie, Mandchourie].
  • Au cours de ces trois siècles cléments qui commencèrent v. 1500 AEC, les Iraniens orientaux – devenus plus nombreux – densifièrent leurs échanges avec les peuples Ouraliens du Nord et avec les peuples Altaïques de l’Est ; échanges dont la teneur varia certainement d’une région à l’autre en fonction des rapports numériques et des succès guerriers. Ainsi, il arriva probablement que des groupes indigènes fussent assimilés par l’ethnie dominante, au point même d’abandonner leur langue maternelle ; tandis que chez d’autres groupes, l’assimilation fut moins complète et engendra la constitution de sociétés / cultures métisses que l’archéologie repère sous l’appellation d’horizon Cherkaskul pour les Ouraliens et d’horizon Karasouk pour les Altaïques [cf. ci-dessous, Mongolie].
  • Au Nord, dans la forêt sibérienne méridionale et dans les forêts-steppes de l’Oural méridional, du Haut-Ob et du Haut-Ienisseï, l’horizon Cherkaskul (v. 1500 à 1200 AEC) correspond probablement à une interpénétration entre des éléments Iraniens steppiques issus d’Andronovo, et d’importants contingents indigènes que l’on doit identifier comme Ob-Ougriens et donc Ouraliens. Ceux-ci imposèrent leur langue, vraisemblablement par ce qu’ils  prédominèrent dans l’amalgame. Mais, au contact de leurs voisins steppiques, les groupes Ouraliens de la forêt-steppe se convertirent alors au pastoralisme nomade tout en conservant des habitudes forestières hérités de leurs ancêtres chasseurs et pêcheurs. En revanche, malgré le brillant héritage bronzier des steppes, les populations forestières Cherkaskul utilisèrent peu d’objets métalliques, probablement parce qu’elles ne s’étendaient pas sur des zones minières de premier plan, mais aussi parce que le métal était peut-être moins indispensable à leur économie forestière. Par ailleurs, la densité humaine de la forêt-steppe, et davantage encore celles des forêts, était plus faible que celle de la steppe. Les communautés Cherkaskul étaient surtout concentrées le long des rivières, qui servaient aussi de chemin de communication. A la différence de la société steppique, qui était extrêmement hiérarchisées, la structuration sociale des populations Cherkaskul semble avoir été moins formelle. Il est probable que certaines de leurs tribus se sont aventurés en direction du Sud, puisque des traits culturels originaires de la taïga sont retrouvés jusqu’en plein cœur des steppes orientales ! S’agissait-il de tribus vassales ? Certains de ces Ouraliens ‘’convertis’’ finirent peut-être par s’intégrer complètement au monde pastoral steppique ? Probablement ; tout comme il est possible, en symétrie, que certains groupes Iraniens se soient totalement ouralianisés après s’être établis dans les forêts ?

 

Baïkalie, Sibérie Orientale, Arctique

  • Nous laissons les Ouraliens Samoyèdes en Cis-Baïkalie avec la culture Glaskovo que nous leur attribuons.
  • En Sibérie orientale, la culture d’Ymyyakhtakh (v. 3000 à 1000 AEC) que nous attribuons aux Tchouktches, fut rejointe par la culture d’Ust-Mil (v. 1500 à 200 AEC) qui débuta v. 1500 AEC dans le Sud et remplaça rapidement celle d’Ulakhan-Segelennyakh dans le bassin de la Lena ; nous conservons toutefois celle-ci sur la Basse-Lena. Les gens d’Ust-Mil colonisèrent les bassins de la Moyenne-Lena, de l’Aldan, Maya, Olekma, Yana, Indigirka et Kolyma où, beaucoup plus tard, les Russes les appellerons Youkaghirs au XVII/XVIII° siècles. Dans leur avancée vers le Nord, la céramique gaufrée de la culture d’Ymyyakhtakh fut adoptée par les potiers d’Ust-Mil. Ces rapprochements attestent le métissage des groupes ethnoculturels dont le mode de vie devait être très proche.

 

Chine, Mongolie, Mandchourie, Corée, Japon

  • Vers 1300 AEC, la Chine des Shang (v. 1600 à 1046 AEC) atteignit son apogée territoriale, portée par l’optimum climatique. Les Chinois Han d’Erligang poussèrent à la fois en direction du littoral et en direction du Fleuve-Bleu. C’était une culture bronzière de haut niveau. C’est de cette époque, sur les ossements et carapaces oraculaires, que datent les plus anciens vestiges d’une écriture chinoise capable de transmettre toute la pensée.
  • Au Qinghai et au Gansu, la culture Qijia s’effaça v. 1500 AEC, laissant la place à la culture de Xindian (v. 1500 à 1000 AEC). Bien sûr, la technologie du bronze était maîtrisée. Les poteries Xindian continuèrent celles de Qijia, mais il est probable que l’évolution régionale résultait aussi d’un nouvel apport extérieur. Au Gansu du Nord, la culture de Siba (v. 2100 à 1400 AEC) s’effaça devant celle de Siwa (v. 1400 à 900 AEC) ; il s’agissait probablement d’une culture mixte, de substrat Chinois, mais recouverte par des Indo-Européens mêlant des reste de tribus *Post-Afanasievo *Para-Arśi-Kuči, des Iraniens orientaux arrivés jusqu‘à eux, et peut-être bien des Bulgares entrainés par le courant Karasouk ? [cf. ci-dessous]. Comprenons qu’il s’est agi d’une période de grande agitation dans les steppes orientales.
  • En Chine du Sud, la culture Sanxingdui (v. 1700 à 1150 AEC) se poursuivait chez les Hmong-Mien du Sichuan, produisant des objets en bronze de grande qualité. La culture Post-Shijiahe (v. 1900 à 1400 AEC) se poursuivait quant à elle chez les Hmong-Mien du Moyen-Fleuve-Bleu.
  • En Chine du Sud, nous pensons que c’est un mouvement de l’ethnie Taï-Kadaï qui porta v. 1500 AEC le bronze véritable au Nord-Vietnam. Cette nouvelle culture de Dong Dau constitua une véritable rupture avec la culture antérieure de Phung Nguyen [cf. Indochine, Indonésie].
  • Abordons maintenant l’important phénomène Karasouk qui affecta la Mongolie et la Mandchourie aux alentours de 1300 AEC. Nous pouvons comprendre ce phénomène comme ayant été une version exacerbée, orientale et Altaïque du phénomène Cherkaskul que nous avons situé septentrional et Ouralien [cf. ci-dessus]. Ce que nous appelons horizon Karasouk s’étendit de v. 1300 à 900/800 AEC. Depuis déjà longtemps, dès v. 2200 AEC, les pentes orientales de l’Altaï Mongol avaient été sillonnées par des groupes Indo-Européens *Macro-Afanasievo, et nous avons vu qu’il est par conséquent possible que des groupes Altaïques acculturés par eux aient été précocement intégrés à la frange orientale du monde steppique. Cette question s’est particulièrement posée au travers de la culture Chermurchek [cf. carte Q à S].
  • Globalement, le phénomène Karasouk correspond à une nouvelle et cette fois-ci très profonde acculturation des populations Altaïques au mode de vie steppique et pastoral des Indo-Européens ; acculturation qui pénétra très loin en direction de l’Extrême-Orient steppique et forestier. Autrefois, on situait généralement le phénomène Karasouk v. 1500 AEC, mais les datations C14 l’ont rajeuni aux alentours de 1300 AEC. Outre ces datations absolues, le début du XIII° siècle AEC est très vraisemblable pour deux raisons : tout d’abord parce que nous avons vu que la densité des populations steppiques avait certainement augmenté en cette époque clémente et constituait de ce fait un trop-plein générateur de conflits internes, mais aussi et peut-être surtout parce que l’invention des habitations démontables favorisaient désormais considérablement les déplacements des populations steppiques. Ainsi, nous devons nous représenter cette invention située v. 1300 AEC comme un accélérateur migratoire qui fut aussi important que l’adoption du chariot à quatre roues v. 3600 AEC [cf. carte L] et que l’invention de l’équitation v. 4400 AEC [cf. carte I]. Comprenons que ce qui a fait le succès des Indo-Européens dans le Monde est d’avoir été à l’origine de la plus ancienne de ces trois inventions, puis, au moyen des deux autres, d’avoir propagé d’un bout à l’autre de l’Eurasie tout le savoir technologique évolutif dont ils n’étaient pas nécessairement les auteurs mais dont ils furent le vecteur.
  • A l’instar de l’horizon Cherkaskul, l’horizon Karasouk se constitua dans un cadre multiethnique uni par le pastoralisme semi-nomade. Il diffusa rapidement en Mongolie et jusqu’en Mandchourie. Dans tout ce domaine, la métallurgie reposait encore principalement sur le cuivre arsénié, peut-être en raison de difficultés à se procurer l’étain nécessaire à la production de bronze ? Mais le bronze était parfaitement connu au point que c’est toujours de cette époque que l’on parle lorsqu’on évoque l’‘’âge du bronze mongol’’ en l’absence d’autre précision. Le caractère Indo-Européen de cette culture est évident en raison de l’existence de kourganes, de poteries similaires à celles de Sargary-Alekseyevka / Begazy-Dandybai, de maisons semi-enterrées et de stèles anthropomorphes représentant des individus Europoïdes qui parsemèrent les steppes mongoles. Bien sûr ces gens élevaient des chevaux, aux côtés des autres espèces domestiques d’origine occidentales. Avec les chevaux, les moutons, les chèvres et dans une moindre mesure les bovins, devinrent les piliers économiques des nouvelles populations de Mongolie. Durant cette période, les chevaux occupèrent une place importante dans les rituels que nous laissent imaginer les sépultures monumentales retrouvées dans toute la Mongolie ; ces grands kourganes suffisant d’ailleurs à eux seuls pour révéler l’existence de rituels nouveaux. À l’instar d’autres régions des steppes eurasiennes, on assista à un accroissement des interactions sociales et à une accentuation de la hiérarchisation ; phénomènes qu’il faut probablement imputer aux conséquences sociétales de l’installation du nomadisme pastoral équestre. 
  • En conformité avec l’hypothèse ethnolinguistique que le courant Karasouk fut un courant Iranien, l’archéogénétique révèle des hommes d’haplogroupe R1a-Z94 et des femmes porteuses d’haplogroupes ADN-mt venus d’Occident, c’est-à-dire les uns et les autres d’origine Indo-Européenne Yamnaya orientale. Toutefois, si les Iraniens orientaux furent bien les vecteurs du phénomène Karasouk, l’horizon géographique Karasouk a largement dépassé le seul domaine Iranien. Pour se représenter ce qui se passa à cette époque, il faut concevoir des groupes iraniens dynamiques et mobiles, qui s’avancèrent dans le domaine Altaïque, c’est-à-dire en premier lieu sur le territoire Bulgaro-Turc, puis rapidement sur le territoire Mongolo-Toungouse. Partout, ils acculturèrent les indigènes à leur mode de vie pastoral et à la métallurgie ; les Bulgaro-Turcs, furent plus étroitement convertis que leurs cousins Mongolo-Toungouse situés plus loin. Cette acculturation des Altaïques par des Iraniens est probablement à l’origine de la fréquence – non négligeable – de l’haplogroupe R1a-Z94 chez les Bulgares, Turcs, Mongols et même chez les Toungouses. Le fait que ces peuples parlent aujourd’hui des langues altaïques – et non pas une forme extrême-orientale de l’iranien – démontre à l’évidence que l’élément Iranien n’a pas été suffisant pour imposer sa langue en Mongolie et en Mandchourie. Dans un premier temps, peut-être après avoir été initialement employés pour garder des bêtes, il est possible que les Bulgaro-Turcs vassalisés aient acquis les rudiments du pastoralisme semi-nomade ainsi qu’un certain nombre de nouvelles coutumes au contact de leurs envahisseurs technologiquement plus évolués. A partir de cet état premier, des clans Altaïques pourraient avoir constitué des hardes pastorales vassales, fédérées par des clans royaux Iraniens qui rivalisaient entre eux. Comme toujours dans l’histoire des sociétés anciennes, ces Iraniens échangeaient des femmes avec leurs voisins indigènes pour sceller des alliances et des allégeances ; et/ou razziaient des femmes indigènes, selon les usages immémoriaux des guerres tribales, particulièrement dans les situations d’allégeance fluide. Quoique mineurs dans la hiérarchie clanique, les clans pastoraux Altaïques finirent peut-être par devenir plus nombreux que les clans Iraniens qui étaient eux-mêmes en cours de métissage. Peut-être aussi, la conversion des Bulgaro-Turcs au pastoralisme, favorisa-t-elle également la croissance de la population indigène ? Et donc sa force linguistique ? A la troisième étape, certains de ces clans mineurs – peut-être via des coalisations qui augmentaient leur force – pourraient avoir atteint une puissance suffisante pour rompre leurs allégeances et finalement s’emparer du leadership sur telle ou telle portion de l’immense steppe ? Le maelström incessant des alliances, des trahisons, des querelles de frontières et des représailles pour les grandes questions universelles que sont le manquement à la hiérarchie ou les vols de bétail et de femmes, donnait aux clans entreprenants bien des occasions de tenter l’aventure … A ce moment, la langue iranienne s’effaça des régions les plus extrême-orientales, mais elle se maintint encore pendant très longtemps au Kazakhstan et au Gansu occidental où elle devait être solidement portée par une population Iranienne plus nombreuse. Ce scénario est hypothétique, mais tous ceux qui se sont intéressés à l’histoire plus récente des steppes, savent bien qu’il n’a rien d’audacieux et que c’est pour cela que les steppes eurasiatiques sont une mosaïque ethnique en demi-teintes ; mais une mosaïque fortement unie par un même mode de vie issu de Karasouk
  • Après 1300 AEC, le paysage ethnoculturel des steppes orientales Karasouk devint le suivant :

1) Sur le substrat de la population Okunevo s’installa peut-être une aristocratie Iranienne / Sace ? De nos jours, c’est chez les Turcs de l’Altaï que l’on trouve la plus forte proportion de R1a- parmi tous les peuples Altaïques, cette fréquence allant de 40% à plus de 50% selon les tribus. C’est probablement un legs iranien, même si R1a était antérieurement présent dans la région ainsi que nous l’avons vu. 

2) Au Sud de cette région de l’Altaï, la culture de Baitag (v. 1300 à 900 AEC) se forma dans le Kobdo. Dans ces régions très occidentales de la Mongolie actuelle, elle était portée par des Indo-Européens que l’on peut penser Iraniens sur un substrat Bulgare. Les provinces mongoles d’Uvs (au Nord du Kobdo), de Khovsgol et d’Arkhangai (Nord de la Mongolie Occidentale) sont les régions où où des chevaux domestiques sont le plus anciennement observés dans des sites rituels de l’âge du bronze tardif, aux alentours de 1300 AEC. Cela pourrait être concomitant de l’adoption du grand pastoralisme mobile monté (équestre). 

3) Dans le même temps, au Sud-Ouest et au Sud de la Mongolie, se forma la culture de Tevsh (v. 1500 à 900 AEC) qui était le faciès oriental de Baïtag. On l’a reconnue dans les provinces de Govi-Altyaï (sud du Kobdo), de Övörkhangai, de Baiankhongor, d’Ömnögov, et dans le prolongement de cette province méridionale en Mongolie Intérieure. La culture de Tevsh était pareillement portée par des Iraniens mêlés à des Altaïques acculturés que l’on peut penser Turcs. Chez ces nomades, on trouve des sépultures sous tumulus qui relèvent de la tradition indo-européenne. Mais cette culture du bronze récent s’apparente aussi à celles de nomades du Nord (v. 1500 à 1200 AEC) de la Chine au temps des Shang. Aujourd’hui, et naturellement au travers d’une histoire remuante bien postérieure à Karasouk, les Turcs expriment encore beaucoup l’haplogroupe R1a que les clans iraniens leur ont légué ; outre les Turcs de l’Altaï déjà évoqués (40 à 50%), R1a- est fortement exprimé chez les Shors (60%), les Dolgans (16%), les Ouzbeks (25%), les Turkmènes (16%), les Kazakhs (6% mais avec des pointes à plus de 30% chez certaines tribus), les Ouighours (6% à plus de 30% dans certains groupes) ; en revanche, R1a est faiblement représenté chez les Yakoutes (2%). 

4) Au Nord-Est de la Chine, apportée par le courant Karasouk, la culture de Xiajiadian supérieur – intrusive sur le territoire de la culture de Xiajiadian inférieur – était celle de Proto-Mongols, ancêtres des Xianbei et des Wuhan. Aujourd’hui, environ 10% des Mongols expriment R1a-. Mais on trouve aussi cet haplogroupe chez les Han du Gansu et chez les Han du Henan de l’Ouest ou environ 10% de la population exprime cet haplogroupe occidental.

5) Enfin, à l’extrémité orientale du courant Karasouk, Les Toungouses installèrent la culture bronzière d’Urilsky dans la vallée de l’Amour, à la place de l’ancienne culture néolithique d’Osinoe-Ozero qui était celle de Nivhkes. 

  • Vers 1500 AEC, les Nivkhes de Mandchourie – porteurs des cultures sœurs de Voznesenka (Bas-Amour), d’Osinovoe Ozero (Moyen-Amour), et de Zaisanovka (Primorye) – développèrent leur agriculture (millet) grâce au début de l’optimum climatique qui favorisait la végétation dans leur pays froid. Puis, v. 1300 AEC, les Nivkhes subirent le phénomène Karasouk qui installa dans la vallée du Moyen-Amour la culture bronzière d’Urilsky, probablement portée par les Toungouses Nanaïques et Djurchen / Mandchous. Toutefois, les Nivkhes du Bas-Amour parvinrent à se maintenir puisque leur groupe a survécu jusqu’à notre époque, quoique réduit à un territoire minuscule. Ainsi, si l’on peut créditer l’optimum climatique du fait que les Nivkhes remontèrent le long de la côte de la mer d’Okhotsk – où ils constituèrent la culture agricole de Tokareva – on peut aussi se demander si ce mouvement n’était pas le fait de réfugiés qui fuyaient l’installation des Toungouses ? Vers 1200 AEC, les Nivkhes subsistaient au Primorye, dans la Basse vallée de l’Amour, dans le Nord de Sakhaline et sur la côte de la mer d’Okhotsk.
  • Vers 1500 AEC, grâce à l’optimum climatique et sous la pression des Chinois Shang qui poussaient en direction de la côte, des groupes de culture Yueshi migrèrent vers le Nord en suivant le littoral. Ce peuple *Yueshi s’était constitué plusieurs siècles plus tôt de la rencontre d’agriculteurs Chinois avec les agriculteurs Austronésiens, indigènes de la côte. Bien qu’une proto-agriculture existait déjà depuis longtemps en Corée, c’est avec leur intrusion qu’un véritable néolithique agricole pleinement constitué s’installa au Nord de la péninsule coréenne. Puis, v. 1300 AEC, l’extrémité de la poussée Karasouk amena à son tour des Toungouses au Nord de la Corée ; ces Toungouses apportèrent le bronze dans la région. La cristallisation du peuple Coréen – et du peuple Japonais qui en découle partiellement – résulta de cet amalgame de peuples venus successivement s’empiler dans un Finis Terrae. Cette construction complexe explique pourquoi le protolangage coréo-japonais est difficile à classer : une partie des linguistes fait du coréo-japonais un rameau précocement détachée d’un ensemble hypothétique dit par eux **macro-altaïque ; mais d’autres linguistes disent que ce prétendu **macro-altaïque n’a jamais existé et qu’il faut plutôt rechercher l’origine du coréo-japonais du côté des langues austronésiennes. La base pluriethnique complexe sur laquelle a cristallisé le peuple Coréen, incite à reconsidérer ces hypothèses et à proposer que la protolangue coréo-japonaise naquit d’un multi-créole qui se constitua par la conjonction des langues indigènes *paléo-coréennes, additionnées d’un apport austronésien (langue yueshi), puis d’un apport altaïque (langue toungouse). La culture de ce nouveau peuple – dite culture Mumun (v. 1500 à 300 AEC) – commença par la phase Mumun ancien (v. 1500 à 800 AEC). Issu beaucoup plus tard de l’ensemble Mumun, la langue japonaise conservera ces mêmes traits linguistiques métis, qui s’amalgameront à leur tour avec la langes des Aïnous Jomons. Lorsqu’on récapitule ces ingrédients, les difficultés du classement deviennent évidentes.
  • Pendant que ces évènement fondateurs se déroulaient en Corée du Nord, le Sud *Paléo-Coréen de la péninsule conserva sa vieille culture Jeulmun récent, qui restait un ‘’mésolithique céramique avancé’’ proto-agricole.

 

Indes

  • Vers 1500 AEC, sous la pression des Iraniens, une partie des Indiens de Bactriane franchirent le Gandhara et débouchèrent dans la plaine du Pendjab. Emportant avec eux l’haplogroupe R1a-Z94 qui domine l’Inde Aryenne d’aujourd’hui, mais aussi plus marginalement R1b-Z2103 et R2. Ce fut le début de la culture védique ancienne (v. 1500 à 1200 AEC) pendant laquelle l’essentiel du Rig-Veda fut probablement composé ; il ne faut cependant pas exclure que certaines sections de l’ouvrage sacré soient plus anciennes encore, et datent par conséquent du temps où les Indiens vivaient dans le monde post-BMAC. Aux Indes, les premiers Indiens Védiques vécurent dans une province coloniale marginale de l’ensemble ethnolinguistique Indien qui comprenait encore une grande partie du plateau iranien, c’est-à-dire les plaines fertiles de Drangiane et d’Arachosie, ainsi que la Gédrosie et peut-être la Carmanie ? Au Pendjab et au Sind, les Védiques rencontrèrent nécessairement les Indiens de Pirak et du cimetière-H qui s’étaient établi dans la région deux siècles avant eux, en arrivant probablement par le Sud. Cette présence simultanée de deux groupes Indiens différents aux Indes, repose la question des Dasa / Dasyus que combattirent les Védiques : s’agissait-il, comme cela a déjà été suggéré, des indigènes Elamoïdes BMAC dont ils annexèrent le territoire entre v. 1900 et 1700 AEC ? Ou bien des Iraniens qui les refoulèrent peu à peu d’Iran entre v. 1500 et 900 AEC ? Ou bien encore de ces alter-ego du Sud, qui pour n’être pas moins Indiens que les Védiques, pouvaient avoir développé un accent et des coutumes différents au contact prolongé des Harappéens ? Enfin, une dernière hypothèse consiste à penser que, dans le Rig-Veda, le terme ‘’Dasa’’ était devenu une appellation générique qui désignait n’importe quelle sorte d’étrangers potentiellement hostiles, tout comme les ‘’Barbares’’ des Grecs ? 
  • Mais Il n’est pas nécessairement besoin d’étrangers pour faire la guerre : des conflits survinrent inévitablement entre les différentes tribus Védiques, dont la célèbre bataille des dix rois décrite dans le Rig-Veda. Comme toujours avec les textes anciens, cette bataille a reçu une estampille légendaire par les uns, tandis que les autres ne voient pas pourquoi elle ne témoignerait pas de faits réels ? Bien sûr, l’épisode n’est pas daté, mais le contexte géographique indique que la vallée de la Sarasvatî limitait encore l’horizon Védique du côté de l’Est, ce qui fait penser à une date antérieure à v. 1200 AEC. En effet, v. 1200 AEC, les Védiques n’avaient pas encore dépassé le Doab du côté de l’Est.
  • A partir de v. 1500 AEC, les objets en fer – connus dès v. 1900 AEC dans le monde Harappéen – commencèrent à devenir un peu moins rares en Indes du Nord. Dans cette région, ils devinrent même fréquents à partir de v. 1300 AEC. Comme le firent les Hittites avec les Hattis qu’ils avaient conquis, les Indiens Védiques tirèrent profit de la technologie plus avancée des Harappéens qu’ils parasitèrent.
  • Le Néolithique d’Inde Centrale (que nous avons résumé sous le nom régional rajahsthanis de Néolithique de Ahar) prit fin v. 1500 AEC. Peut-être faut-il mettre cela en relation avec le début de l’installation des *Post-Harappéens Dravidiens en Inde Centrale et dans le Deccan. Nous faisons l’hypothèse que ceux-ci étaient les héritiers tardifs de la civilisation harappéenne ; et que cette appartenance (étirée) à la nappe élamoïde explique les traits partagés entre les langues élamite et dravidiennes au sein d’une famille élamo-dravidienne qui ne fut peut-être en réalité qu’une famille *macro-élamite / élamoïde si les caractéristiques propres des langues dravidiennes s’expliquent par les substrats indigènes néolithiques (Kartvéliens ?) et mésolithiques Veddhoïdes ? En tout cas, il faut se persuader que les Dravidiens n’étaient pas installés dans le Deccan de toute éternité puisque la séparation dialectale qui a conduit aux différentes langues dravidiennes que nous connaissons se produisit seulement entre 1000 et 500 AEC selon des arguments linguistiques. A l’époque où nous sommes parvenus, la langue dravidienne devait être en cours de constitution en Inde Centrale et commençait peut-être à se répandre vers le Sud. Mais l’essentiel de son territoire actuel n’était pas encore atteint et la séparation dialectale était encore à venir. C’est ce peuple qui dut diffuser l’haplogroupe L1 en Inde Centrale, au détriment des populations J2.
  • Vers 1500 AEC, des monuments mégalithiques apparurent à l’Est du Karnataka. Cette mode qui perdurera jusqu’au début de l’ère CE en Inde du Sud, atteindra v. 1200 AEC le Maharashtra et le Tamil Nadu. La céramique tournée diffusa parallèlement.  Les poulets et le cheval firent également leur apparition en Inde du Sud ; certainement par diffusion de proche en proche depuis le monde Indo-Européen pour le cheval (cadeaux de prestige entre chefs ; attestation très rare) ; et depuis le néolithique Munda pour les poulets (diffusion de villages en villages de cet animal originaire du Sud-Est asiatique). 

 

Indochine et Indonésie

  • Vers 1500 AEC, le bronze véritable apparut au Nord-Vietnam avec la culture Dong Dau qui constituait une rupture avec la culture antérieure Phung Nguyen. Il est possible que cette nouvelle culture ait été établie par un mouvement des Taï-Kadaï de la côte Chinoise méridionale, qui effectuaient ainsi le début du mouvement qui les porteraient un jour en Thaïlande. Si cette date haute est solidement établie, cela signifie que la technologie du bronze percola rapidement vers le Sud depuis la Chine du Nord.
  • En revanche, dans le monde Austro-Asiatique, la culture Ban Chiang ancien (v. 2500 à 1000 AEC) de Thaïlande restait purement néolithique et devait être portée par les Môns. Au Cambodge, la culture de Samrong Sen (v. 1500 à 500 AEC) a été une culture du bronze, mais peut-être pas avant v. 1000 AEC ; elle était portée par les Khmers.
  • Vers 1500 AEC, continuant sur leur lancée, les Malayo-Polynésiens O1a du groupe Néo-Guinéen occidental installèrent le groupe Océanique sur la côte Nord de la Nouvelle-Guinée et jusqu’aux îles de l’archipel Bismarck. Ce groupe Océanique est historiquement important, puisque c’est de lui que sortiront tous les Polynésiens qui peuplent aujourd’hui une aire considérable de l’Océan Pacifique. A l’Ouest des Océaniques, se trouvaient : 1) le groupe Néo-Guinéen occidental dont ils étaient issus et qui occupait la Papouasie Occidentale et les Moluques du Nord / Maluku Utara ; et 2) le groupe Malayo-Polynésien central qui vivaient aux Moluques du Sud, à Timor, Sumba, Sumbawa et Flores.
  • A la même époque, v. 1500 AEC, l’archipel des îles Mariannes et l’île de Guam furent directement peuplées à partir des Philippines, par des contingents appartenant au groupe Malayo-Polynésiens Philippin. Les Chamorros des Mariannes et de Guam ne sont donc pas des Polynésiens au sens ethnolinguistique du terme, puisque ces derniers sont membres du groupe Océanique.

 

Nouvelle-Guinée, Australie, Tasmanie, Océanie

  • Echappant à l’installation des marins Malayo-Polynésiens Océaniques, le centre et le Sud de la Nouvelle-Guinée-Papouasie demeuraient aux mains des Papouasiens d’haplogroupes M et S.
  • En Australie, serait-ce à la faveur de l’optimum climatique et de la régression temporaire des déserts, que les Pama-Nyungan commencèrent à peupler le désert australien, après avoir colonisé tout le pourtour de l’île-continent ? Pour ce faire, au contact de la frange désertique, ils avaient dû précédemment élaborer des techniques de survie en milieu semi-aride, que ne pouvaient pas connaître leurs ancêtres tropicaux. Les descendants de ces pionniers des semi-déserts s’adapteront plus tard à des conditions de vie plus extrêmes encore. Comme nous le visualisons sur la carte U, le désert fut simultanément peuplé par des Pama-Nyungan du Centre et par des Pama-Nyungan de l’Ouest.

 

Europe Centrale et Occidentale

Europe atlantique (Ouest-Centre & Ouest-Nord)

  • Dans la péninsule hispanique, des groupes régionaux s’étaient depuis longtemps constitués à partir du vieux fond *Epicampaniforme / Lusitanien. Au Sud du Portugal et en Andalousie Occidentale, la culture du Bronze du Sud-Ouest Ibérique était parvenue à la phase BSOI-3 / Santa Vitória (v. 1500 à 1100 AEC) ; cette époque nous a laissé des stèles représentant des guerriers et des armes. En Castille du Nord et au León, la culture Cogotas-1 (v. 1500 à 1000 AEC) avait directement succédé à celle de Proto-Cogotas, sans changement de population visible. En Murcie et en Andalousie Orientale, la société Post-Argarique (v. 1500 à 1200 AEC) continua – mais de manière plus terne – celle de la brillante culture d’El-Argar ; les sites d’habitation étaient implantés sur les hauteurs et étaient fortifiés, ce qui témoigne d’une instabilité politique. Sur la côte valencienne de l’Espagne, les gens de la culture du Bronze du Levante (v. 2200 à 1100 AEC) s’installèrent dans la Mancha v. 1500 AEC ; sur ce territoire colonial – peut-être instable – ils établirent des mottes fortifiées artificielles que l’on appelle précisément des motillias (v. 1500 à 1200 AEC). En Catalogne, le groupe du Nord-Est exprimait une culture *Epicampaniforme qui partageait des traits avec les groupes Ligures rhodaniens et du Languedoc que nous distinguerons désormais des Ligures Lusitaniens qui occupaient le reste de l’Hispanie ; cet aspect ‘’continental’’ pouvant avoir été accentué par un domino de peuple initié par l’avancé des *Proto-Celtes des Tumulus au Nord-Est de la France et par l’impact qui en résulta sur la culture rhodanienne à partir de v. 1500/1400 AEC [cf. ci-dessous]. A ce propos, il faut indiquer  qu’un auteur de la fin du XIX° siècle a proposé de distinguer, dans la péninsule hispanique préceltique, les Ligures qui auraient été des Indo-Européens venus pour lui depuis la mer, et les Ibères qui auraient également été des Indo-Européens à son avis, mais qui seraient venus par la terre depuis le Nord. Dans cette hypothèse que l’on pourrait appeler de la ‘’Grande Ibérie’’, ces Ibères-là auraient occupé autrefois une grande partie de la France et même de l’Allemagne ainsi que l’attesteraient un certain nombre de toponymes que d’autres auteurs ont par ailleurs qualifié de ligures. D’une certaine façon, nous nous rangeons à cette distinction en considérant que les *Vieux-Ibères antérieurs aux Ibères Euskariens historiques étaient des Ligures continentaux dont l’aire d’extension couvrait aussi la Catalogne sur la péninsule Hispanique.
  • A l’exception de la Grande-Armorique et des régions du Nord-Est (Bassin Parisien, Picardie, Flandres) intégrées dans la koinè de l’étain [cf. ci-dessous], la France du Bronze-Moyen (v. 1500 à 1200/1150 AEC) demeurait encore exclusivement peuplée de Ligures diversifiés en faciès régionaux : le faciès des Duffaits couvrait la région Centre et le Nord du Massif Central, tandis que le faciès Vindo-Médocain s’étendait sur la façade atlantique. Au Sud-Ouest du Massif Central se trouvait le faciès du Noyer. Le Languedoc avait aussi son faciès régional Languedocien. Tous ces groupes perdurèrent peut-être jusque v. 1200/1150 AEC.
  • En revanche, l’ancien faciès Ligure Rhodanien subit une rupture plus tranchée que les autres faciès français : au cours du Bronze-Moyen1 (v. 1500 à 1400 AEC), la tradition de la culture Rhodanienne demeura forte ; mais au Bronze-Moyen-2 (v. 1400 à 1300 AEC), la partie Nord de la région fut nettement influencée par la culture Proto-Celte des Tumulus orientaux (Bourgogne, Franche-Comté). 
  • Vers 1500 AEC, la région de Grande-Armorique entra dans le Bronze-Moyen. Les cultures locales *post-tumulus – héritières génétiques de celle des tumulus armoricains et construisant toujours des tumulus – sont dites de Tréboul (v. 1500 à 1400 AEC), puis de Bignan (v. 1400 à 1300 AEC), puis de Rosnoen-1 (v.1300 à 1200/1150 AEC), laquelle inaugura le Bronze-Atlantique-Récent local. Ces cultures – qui n’étaient en réalité que des phases successives d’une seule et même culture armoricaine – demeuraient en étroite relation avec les autres cultures de la côte atlantique Nord et avec l’Allemagne des Tumulus au sein de ce que nous avons appelé la koïnè de l’étain. Ces gens de Grande-Armorique continuaient eux aussi à édifier des tumulus, et le feront jusqu’à la transition avec l’âge du fer, qui survint v. 600 AEC seulement dans cette région qui s’accrocha pendant longtemps au bronze qui avait fait sa fortune.
  • Vers 1500 AEC, les îles britanniques entrèrent elles aussi dans le Bronze-Moyen ou période-5 (v. 1500 à 1200/1180 AEC). Cette classification centrée sur la technologie métallurgique est concurrencée par une autre classification centrée sur les céramiques, dans laquelle on parle alors de culture de Deverel-Rimbury (v. 1500 à 1200 AEC) pour caractériser cette période. Ces gens étaient le plus souvent incinérants et construisaient des tumulus, comme sur le continent. En Ecosse, cette période est appelée Glentrool (v. 1500 à 1200/1180 AEC), tandis qu’elle est connue sous les noms de Killymaddy (v. 1500 à 1400 AEC) et de Bishopsland (v. 1400 à 1200/1180 AEC) en Irlande. Cet atlas fait l’hypothèse que ces gens parlaient déjà une forme ancienne de celtique, étant membres d’un réseau commercial, politique et intellectuel qui unifiait les côtes de l’Atlantique-Nord autour d’un axe de l’étain. C’est à cette époque que les épées de bronze dites ‘’rapières’’ ou ‘’épées dépourvues’’ de soie – correspondant à un allongement des anciens poignards de bronze – firent leur apparition dans le monde Proto-Celte des Tumulus et se répandirent dans les îles britanniques où il a été montré qu’elles ne sont pas héritières des poignards locaux.

 

Europe méditerranéenne (Ouest-Sud)

  • En Sicile, la culture de Thapsos (v. 1500 à 1200 AEC) présentait des points communs avec celle des Apennins dont elle pourrait avoir été une émanation. Serait-elle celle des premiers Sicanes qui seraient alors le pendant insulaire sicilien des Iapyges Messapiens péninsulaires dont nous avons fait des Illyriens. A moins que le courant apenninique n’ait constitué qu’un adstrat adopté par des Sicanes qui auraient été d’origine Ligure ?
  • Ces Sicanes, repoussèrent à l’Ouest de l’île le peuple de la culture de Castellucio, aux racines Ligures et Anatoliennes dont nous avons fait les ancêtres des Elymes [cf. carte S].
  • En Sardaigne, v. 1500 AEC, la culture nuragique (v. 1500 à 900 AEC) suivit la culture pré-nuragique de Bonnanaro-A, d’origine Epicampaniforme. La première phase de cette culture est parfois appelée Bonnanaro-B (v. 1500 à 1200 AEC). Nous pensons qu’elle était portée par un peuple Ligure.
  • En Italie péninsulaire, la culture Apenninique se prolongeait dans ses phases Proto-Apenninique-2 (v. 1500 à 1400 AEC), Apenninique (v. 1400 à 1200 AEC) et Sub-Apenninique (v. 1200 à 900 AEC). Se prolongeaient également la culture des Terramares en Italie nord-orientale, et ainsi que la culture des Castellieri de l’autre côté de l’Adriatique. Nous avons proposé que ces deux cultures italiennes, bien que l’une inhumante (Apenninique) et l’autre incinérante (Terramare) pourraient avoir été basées sur le variant R1b-L2 de R1b-U152. Ce n’est d’ailleurs qu’à partir de v. 1300 AEC que les *Terramaricoles commencèrent à incinérer leurs morts, selon la nouvelle coutume qui commençait à se répandre à l’époque au sein du monde Italo-Celte, tout en continuant à placer les restes humains dans des ossuaires communautaires qui étaient différents de la coutume latine, elle-même plus semblable aux Champs d’urnes. Les inhumations ne disparurent toutefois pas complètement. La culture Apenninique fut moins impactée par ces innovations venues d’Europe Centrale. Tous ces gens faisaient partie du groupe Proto-Italiote. Sauf peut-être les ancêtres de ceux qui nous laissèrent les rares inscriptions non-déchiffrées dites nord-picéniennes ? 

 

Europe égéenne et balkanique (Centre-Sud)

  • A partir de 1550 AEC, en Grèce du Sud et en Thessalie, commença la période Mycénienne classique qui est celle des Grecs et qui s’étendit sur l’Helladique-récent-2 / HR2 / LH2 (v. 1550 à 1425/1420 AEC) et  l’Helladique-récent-3ab / HR3ab / LH3ab (v. 1425/1420 à 1180/1160 AEC). A l’HR3, les Grecs adoptèrent l’écriture ‘’linéaire A’’ des Crétois et l’adaptèrent à leur propre langue, créant ce que l’on appelle écriture ‘’linéaire B’’. Ils utilisaient cette écriture pour des opérations comptables, mais pas pour transcrire des pièces d’histoire où de littérature (sauf dans le cas où ils auraient utilisé des supports périssables qui ont entièrement disparu). Toutefois, des fragments historiques de cette époque nous sont quand même parvenus par deux canaux : la tradition orale véhiculée par des générations d’aèdes, puis tardivement transcrite par les érudits de l’université d’Alexandrie ; et les tablettes Hittites, plus sèches et plus obscures, mais qui ont l’immense avantage d’être des documents contemporains des faits relatés. L’état d’Ahhiyawa / Achéens des textes Hittites était vraisemblablement la confédération des Grecs, placée sous la bannière des rois de Mycènes. Il est possible que dès cette époque, les princes Mycéniens aient utilisés des mercenaires Grecs originaires des régions épirotes au Nord ? La densité de ceux-ci aurait pu augmenter peu à peu dans certaines régions méridionales, conduisant à une différenciation dialectale croissante entre les élites Mycéniennes et un peuple de plus en plus ‘’dorianisé’’ ? Faute de trouver les traces de la célèbre invasion dorienne chère aux auteurs des XIX° et XX° siècles, c’est de cette manière discrète que certains chercheurs se représentent aujourd’hui l’origine des futurs Doriens dont les traces ne deviendront visibles qu’au sortir des siècles obscurs.
  • Vers 1425/1420, les Grecs Achéens / Mycéniens conquirent la Crète, inaugurant le Minoen-récent-3ab / MR-3ab / EM-3ab (v. 1425/1420 à 1180/1160 AEC) où période Post-Palatiale qu’il faut comprendre comme étant celle des palais Grecs. Leur objectif était probablement de contrôler le trafic maritime à la place des indigènes Tyrrhéniens Minoens. Comme nous l’avons maintes fois évoqué dans d’autres situations et en tous lieux, on peut penser qu’une aristocratie Grecque parasita les indigènes Tyrrhéniens dont les dernières communautés non complètement intégrées seront appelées Etéocrétoises par les Anciens. Désormais maîtres de la Crète, les Grecs Achéens adaptèrent à leur propre langue l’écriture ‘’linéaire A’’ des anciens (Etéo)crétois ; ce fut l’origine du ‘’linéaire B’’ qui transcrivait une forme ancienne de la langue grecque et qui fut également utilisé sur le continent. Cette conquête fut suivie d’une période de prospérité qui allait durer un peu plus de 200 ans. C’est à cette époque que régna la dynastie Grecque de Minos.
  • Dès v. 1500 AEC, des artéfacts Mycéniens sont attestés en Italie méridionale et en Sicile Orientale. Puis, au moins dès le début du XIII° siècle AEC, en Sardaigne et sur la côte méditerranéenne de l’Espagne. On peut penser que les tessons retrouvés sont les témoins d’un commerce actif. Un commerce qui se rapprochait des sources de l’étain ?
  • Entre v. 1400 et 1200 AEC, les Grecs Achéens / Mycéniens commencèrent à coloniser le littoral de la Macédoine et de la Phrygie européenne, peut-être parce qu’ils cherchaient à s’emparer du contrôle des Dardanelles ? Une partie de l’enjeu pourrait avoir été l’accès aux gisements d’étain d’Anatolie dont le commerce avec l’Egée était verrouillé par la cité-état de Troie ? Vers 1250 AEC, la destruction sismique de Troie-6 constitua une aubaine pour ces Grecs en quête de pouvoir et de richesse ; ils prirent la ville de Laomédon v. 1240 AEC.
  • Vers 1400 AEC, les Cyclades devinrent une dépendance du monde Grec Mycénien et le demeurèrent jusque v. 1000 AEC. Le dialecte grec éolien (en Thessalie) et le dialecte grec ionien (qui était répandu sur une grande partie des îles et des côtes de l’Egée et auquel il faut rajouter le grec attique) furent partiellement les héritiers du vieux substrat linguistique tyrrhénien des Cyclades et des rivages de l’Egée.
  • En revanche, les îles du Nord de la mer Egée – dont Lemnos – demeurèrent à l’abri de cette emprise ethnoculturelle Grecque et conservèrent encore longtemps leur ancienne culture égéenne et leur ancienne Population Tyrrhénienne parlant une langue tyrrhénienne proche de ce que sera l’étrusque. C’est la longue survivance de la langue lemnienne qui autorise à l’affirmer avec une certaine assurance.
  • Au total, le parasitage des populations Tyrrhéniennes R1b-M269* par des Grecs R1b-Z2103, fut un phénomène identique au parasitage des populations Ligures R1b-L21 d’Armorique et des îles britanniques par des Proto-Celtes R1b-DF27 et peut-être R1b-L2 d’Unetice / Tumulus. Dans les deux cas, nous pouvons conclure qu’une nouvelle population a pris la place d’une ancienne, mais cette conclusion est en partie insatisfaisante parce que les vieilles populations sont demeurées majoritaires en lignées patrilinéaires (fréquence notable de R1b-M269* dans le monde égéen et de R1b-L21 dans le monde atlantique) ; ce constat génétique nous amenant à penser que les cultures et les langues qui nous apparaissent comme gaélique ou grecque, sont au moins respectivement en partie ligure et tyrrhénienne.  

 

Europe Centrale (Centre-Centre)

  • L’Europe Centrale du Bronze-Moyen, passa par les phases BM-C1 (v. 1500 à 1400 AEC), BM-C2 (v. 1400 à 1300 AEC) et BM-D (v. 1300 à 1200 AEC). Il existe donc un net décalage des termes avec le Proche-Orient dont la culture de l’époque est appelée Bronze-Récent. C’est une question de convention héritée de l’histoire de la recherche.
  • La culture des Tumulus orientaux était étendue sur l’essentiel de l’Europe Centrale mais se déclinait en plusieurs faciès régionaux. Aux alentours de 1400 AEC, des groupes Tumulus d’Allemagne s’avancèrent en France de l’Est. Leur culture influença également les îles britanniques [cf. Europe atlantique]. Globalement, les peuples des Tumulus doivent être considérés comme des Proto-Celtes. Peut-être étaient-ils structurés sur R1b-DF27 principalement à l’Ouest et R1b-L2 principalement à l’Est ?
  • Toutefois, le faciès le plus oriental des Tumulus, dit de Piliny (v. 1500 à 1200 AEC) devrait peut-être encore être considéré comme Italo-Celte récent ? Au Nord de la Hongrie et en Slovaquie il s’agissait d’un faciès de transition entre la culture des Tumulus et la future culture des Champs d’Urnes qui semble trouver dans cette région ses plus anciennes manifestations. En effet, c’est ici et à cette époque que l’on trouve les premières sépultures plates contenant des cendres conservées dans des urnes. Si nous proposons une identité Italo-Celte récente au groupe de Piliny, c’est parce que les fameux champs d’urnes – qui pourraient trouver ici leurs racines – se retrouveront ensuite aussi bien dans le domaine assurément Q-Celte d’Europe Occidentale, dans le domaine probablement Q-Italiote de la culture Gava qui remplacera le complexe Otomani / Suciu-de-Sus dans le Sud, et dans le domaine Vénète lusacien [cf. carte V]. Toutefois, c’est dans l’ensemble de l’Europe danubienne qu’il faut étudier le passage de l’inhumation à la crémation qui fut un processus continu entre v. 1400 et v. 1200 AEC dans ce qu’on peut appeler la culture des Champs d’Urnes anciens. Pour être exact, quelques morts étaient déjà incinérés dès l’époque d’Unetice, mais cette pratique était toujours demeurée marginale.BM-3 Au BM-C2 (v. 1400 à 1300 AEC) dans la phase récente de la culture des Tumulus, 90% des sépultures étaient tumulaires et 20% des défunts étaient déjà brulés. Au BM-D (v. 1300 à 1200/1150 AEC), au début de la culture des Champs d’Urnes, le nombre de sépultures tumulaires ou plates était à peu près équivalent et 70% des défunts étaient brulés ; les alentours de l’année – 1300 constituent le point de bascule entre les deux rites. Au Hallstatt-A (v. 1200/1150 à 1050 AEC), 90% des sépultures seront devenues des tombes plates, avec 80/ de crémation au Hallstatt-A1 (v. 1200/1150 à 1100 AEC) et 95% au hallstatt-A2 (v. 1100 à 1050 AEC). Notons que des tumulus seront encore utilisés au Hallstatt-A pour des inhumations secondaires d’urnes cinéraires, mais qu’on en élèvera toujours pour les morts les plus prestigieux bien que ceux-ci seront désormais incinérés. Au XX° siècle, on a voulu ‘’en finir avec les champs d’urnes’’ et on a voulu comprendre cette vaste aire des champs d’urnes comme le résultat d’une simple ‘’mode funéraire’’ qui se répandit sur une grande partie de l’Europe. C’est certainement en partie vrai mais en partie seulement. Dans cet atlas, nous reviendrons cependant à la vieille hypothèse d’une diffusion génétique des Champs d’Urnes que nous associerons à la fois aux Q-Celtes et à leurs homologues Q-Italiotes [cf. carte V]. Au sein de l’ensemble Italo-Celte encore bien solide, il faut se représenter les premiers Q-Celtes (essentiellement R1b-L2 ?) émergeant sur la frange occidentale du groupe de Piliny sans solution de continuité avec les groupes Proto-Celtes des Tumulus (à la fois R1b-DF27 et R1b-U152-L2 ?), et les premiers Q-Italiotes (essentiellement R1b-U152-Z56 ?) émergeant sur sa frange méridionale sans solution de continuité avec les groupes Proto-Italiotes de la mouvance Otomani (essentiellement R1b-L2 ?). De telle sorte qu’il s’agit d’une position un peu artificielle mais pratique pour se représenter les ancêtres des hommes de chair et d’os qui participeront bientôt au phénomène des Champs d’Urnes [cf. carte V]. Avec pour principale différence linguistique un plus grand conservatisme du groupe méridional où des locuteurs de dialectes conservateurs interagirent successivement dans l’entre soi avec d’autres locuteurs de dialectes conservateurs.
  • Orientaux eux aussi, les groupes Tumulus de Silésie (culture pré-Lusacienne), de Petite-Pologne et des Carpates Occidentales contenaient possiblement les ancêtres Proto-Vénètes des Vénètes. Etaient-ils basés sur R1b-U152-L2 ? Nous verrons bientôt qu’il est possible de s’interroger sur leur appartenance à la mouvance Q-Celte ? [cf. carte V], tout comme il est possible d’en faire un groupe à la fois autonome des Celtes et des Italiotes mais ethniquement, culturellement et linguistiquement très proches des uns et des autres ? Notons que la région que nous leur attribuons coïncide avec l’aire postulée des Italo-Celtes Récents dont les Proto-Vénètes pourraient avoir été proches. Le caractère ‘’indifférencié’’ qui sera plus tard souligné à propos des inscriptions Vénètes de Vénétie, pourrait trouver son explication dans l’indifférenciation tardive du groupe Italo-Celte Récent.
  • Vers 1400 AEC, en Moldavie roumaine, la culture de Monteoru (v. 2200 à 1400 AEC) que nous avons associé à un peuple Proto-Italiote succomba à la vague Thraces porteurs de la culture Noua. De même, v. 1400 AEC, la culture Proto-Italiote voisine de Wietenberg se replia à l’Ouest de son territoire transylvanien, sous la pression d’autres tribus Noua qui s’installaient en Transylvanie Orientale. Les Thraces s’installèrent aussi dans la Dobroudja, et en Valachie Orientale, à l’origine de la culture Coslogeni ; et enfin dans la plaine Thrace, à l’origine de la culture de Zimnicea-Plovdiv (v. 1300 à 1150 AEC)
  • Plusieurs autres groupes Proto-Italiotes furent moins malmenés par cette invasion parce qu’ils vivaient à plus grande distance. En Valachie Occidentale et dans le Banat, les cultures Proto-Italiotes de Tei et de Verbicioara survécurent à la pression des Thraces qui devinrent leurs voisins. Plus loin vers l’Ouest, les autres cultures Proto-Italiotes de Girla-Mare, de Cruceni-Belegis, et de Pecica furent certainement moins malmenées par le mouvement étranger.
  • Enfin, au Nord de la Hongrie, la culture de Suciu-de-Sus (v. 1300 à 1200 AEC) constituait une évolution génétique des groupes Otomani, peut-être renforcés par un apport de réfugiés Wietenberg ? Les sites Suciu-de-Sus étaient fortifiés. Les morts étaient brûlés et le plus souvent enterrés sous des tombes plates, bien que des grands tumulus aient aussi été érigés. Nous proposons de situer dans cette culture de Suciu-de-Sus – forme transitionnelle entre les cultures Otomani et Gava – les groupes basés sur l’haplogroupe dont sortirons les Q-Italiotes Protovillanoviens R1b-U152-Z56 lors de la vague Gava / Champ d’Urnes [cf. carte V]. Il est toutefois possible que les groupes Suciu-de-Sus d’Ukraine transcarpatique aient contenu les ancêtres Proto-Vénètes des Vénètes, eux aussi membres d’un ensemble Italo-Celte R1b-U152 encore fluide.
  • A ce stade il est temps de résumer l’état ou se trouvait la dissolution de la vieille communauté Italo-Celte de Vucedol [cf. carte N] au seuil de la catastrophe du XII° siècle AEC [cf. carte V]. A l’époque où nous sommes parvenus, c’est surtout vers le Nord-Ouest que les fractions septentrionales de ce peuple s’étaient étendues, dans l’ancien domaine des Ligures qui avaient eux-mêmes anciennement recouverts les peuples Sémitidiques et Tyrrhéniens du Nord de l’Europe Centrale. Cette expansion sur le domaine de ce substrat avait modifié les dialectes italo-celtiques migrants que nous avons appelés proto-celtiques (cultures d’Unetice et des Tumulus). En symétrie – et quoique plus conservateurs parce que moins confrontés à des peuples étrangers – nous avons appelés proto-italiques les dialectes des groupes Italo-Celtes du Bas-Danube (cultures d’Otomani, de Monteoru, Wietenberg, Tei, Verbicioara, Girla-Mare, Cruceni-Belegis, Pecica), d’Italie du Nord (culture des Terramares) et des rivages illyriens de la mer Adriatique (culture de Castellieri) ; lesquels étaient les plus éloignés du protoceltique. Mais au centre du vieux domaine Italo-Celte, en Hongrie du Nord, en Slovaquie et peut-être en Tchéquie et en Ukraine Transcarpatique actuelles, la vieille unité linguistique n’était peut-être toujours pas rompue dans le groupe de Piliny. Proposer la conservation de cette unité italo-celtique dans la deuxième moitié du II° millénaire AEC peut paraitre hardi, alors que la glottochronologie situe plutôt sa rupture aux alentours de 2000 AEC. L’ancienneté de cette date doit cependant être réexaminée en soulignant qu’il ne s’est pas agi d’une évolution linguistique simple, à la manière des langues polynésiennes qui se divisaient dans un espace vide. D’une part, le celtique des îles britanniques (le seul que l’on connait vraiment) connut d’emblée une évolution accélérée parce qu’il s’est créé sur des substrats linguistiques déjà complexes. D’autre part, si l’histoire ancienne du latin fut vraisemblablement plus conservatrice que celle du celtique, le latin ‘’abouti’’ que nous connaissons subit lui aussi une évolution accélérée, quoique plus tardivement, sous l’influence des substrats ligure, proto-italique et étrusque mal connus, puis du grec. Ainsi, lorsque nous comparons aujourd’hui le celtique et l’italique, il ne faut pas oublier que nous ne faisons que comparer les deux pseudopodes – à la fois opposés et altérés secondairement de manières différente – de l’ancien continuum italo-celtique d’Europe Centrale ; et que cela ne permet pas de dater précisément la divergence, parce que, faute de vestiges linguistiques suffisants nous sommes dans la complète ignorance de ce qui se passait entre ces deux extrêmes du continuum.
  • Dans cet atlas, nous proposons que le centre du continuum linguistique fût le groupe de Piliny où se forgeaient les Champs d’Urnes et dont les habitants parlaient encore des dialectes italo-celtiques récents dans la seconde partie du II° millénaire AEC. Le q-celtique constitua une évolution de la prononciation des tribus globalement situées au Nord de cette zone centrale, avec pour caractéristique notable le maintien du ‘’Kw’’ mais déjà potentiellement la chute du ‘’P initial’’. Lorsque les Champs d’Urnes s’étendront bientôt [cf. carte V], ce sont ces tribus qui partiront sur les traces des Proto-Celtes, se mêleront à eux et deviendront authentiquement des Q-Celtes. Elles pourraient aussi avoir été à l’origine des Vénètes et de leur langue vénète dont le peu qui nous reste apparait conservateur ; à moins que ceux-ci aient formé un groupe distinct mais cependant frère et qui se mêla en partie à eux [cf. carte V]. Le proto-italique et le q-italique des groupes méridionaux d’Otomani / Suciu-de-Sus / Gava demeurèrent eux aussi conservateurs ; l’un de ces dialectes sera prochainement porté en Italie par le pseudopode protovillanovien, et sera la matrice ancestrale du latin [cf. carte V]. Notre scénario de la séparation du celtique et de l’italique est donc basé sur la survenue de trois pulsations à partir de l’aire italo-celtique conservatrice centrale : 1) pulsations protoceltique et proto-italique déjà accomplie avant 1200 AEC ; 2) pulsations q-celtique, q-italique et vénète au seuil de se réaliser v. 1200 AEC ; et 3) pulsation P-celtique et P-italique qui seront plus tardives [cf. carte Z]. A chaque fois, celles des trois vagues qui se dirigeront en direction du Nord-Ouest absorberont les traits linguistiques locaux et deviendront les étapes successives de l’évolution du celtique. A chaque fois, celles des trois vagues qui se dirigeront en direction du Sud-Est et du Sud-Ouest resteront plus conservatrices parce qu’agissant sur un substrat conservateur, jusqu’à ce que le pseudopode protovillanovien / latin se modifie au contact de l’étrusque puis du grec. 4) c’est la disparition des langues intermédiaires proto-italiques et italiques d’Europe Centrale qui donnera, tardivement, l’impression d’une rupture significative entre le celtique des îles britanniques et le latin.

 

Europe nordique et scandinave (Centre-Nord)

  • Le Bronze Nordique ancien BN-2 (v. 1500 à 1300 AEC), commença v. 1500 AEC, porté par les ancêtres directs des Germains. Vers 1300 AEC, il évolua en BN-3 (v. 1300 à 1100 AEC).
  • Vers 1500 AEC, les envahisseurs Ouraliens Samis – déjà installés depuis au moins deux siècles à l’intérieur de la Finlande méridionale – vainquirent et assimilèrent les Baltes Kiukais de la côte finlandaise, ainsi que les derniers indigènes *Paléo-Européens de la culture Asbestos qui vivaient encore au Nord du pays. A partir de cette époque, la culture matérielle de Finlande s’homogénéisa sous la domination des Sami qui ne sont pas ‘’le plus vieux peuple indigène d’Europe’’ comme on le babille généralement. Il avait fallu 1000 ans seulement pour que ce peuple Ouralien de Cis-Baïkalie diffuse jusqu’au Nord de la Scandinavie son haplogroupe N1a. Bien qu’initialement Mongoloïdes, ces gens étaient peu à peu devenus Europoïdes au cours de leur migration, du fait des métissages successifs avec les *Paléo-Européens de la culture de la Céramique Peignée. Mais les Sami – étant les premiers arrivés au Nord de l’Europe, et s’étant installés dans des régions très faiblement peuplées – furent de tous les Ouraliens d’Europe ceux qui épuisèrent le plus rapidement leurs occasions de se métisser, dévoilant à l’ethnographie moderne le stade de métissage où les Finno-Permiens étaient parvenus aux alentours de 1900 AEC. Lorsque, plus tard, ils furent repoussés dans le grand Nord scandinave par de nouveaux intrus Finnois – Ouraliens comme eux, mais entre-temps devenus davantage Europoïdes qu’eux –, les Sami continueront d’exprimer, jusqu’à notre époque, des traits Mongoloïdes légers.
  • En revanche, les groupes Ouraliens Finniques de la culture de la Céramique Textile (v 1800 à 500 AEC) qui vivaient plus au Sud (Carélie, Sud de la Finlande), continuèrent à se mêler intensément à des communautés indigènes Europoïdes plus nombreuses, de telle façon que leurs traits Mongoloïdes résiduels disparurent peu à peu presque totalement ! Les peuples Finniques stationneront dans cette région jusque v. 500 AEC, avant que certains d’entre eux entreprennent de repousser les Samis au Nord de la Finlande [cf. atlas n°5]. 

 

Europe Orientale

Europe steppique et caucasienne (Est-Sud)

  • Portée par un peuple que l’on pourrait appeler *Proto-Cimmérien, la culture Srubnaya des steppes de l’Oural, de la Volga et du Don, était étroitement apparentée à celle des Iraniens d’Andronovo (v. 1800 à 1500 AEC) qui la continuait géographiquement à l’Est jusqu’aux portes de la Chine. Les princes srubnaya étaient enterrés sous des kourganes recouvrant une sépulture construite en charpente ; d’où le nom de leur culture, dite aussi des ‘’tombes à charpentes’’. Les habitats, initialement fortifiés et constituée de maisons rectangulaires et semi-enterrées, évoluèrent en de vastes villages ouverts à partir de cette période. L’économie était agricole et pastorale, avec seulement un semi-nomadisme pastoral sur de courtes distances. Les habitations démontables ne devaient pas être connues. Peut-être le furent-elles à la fin de la période ?
  • Vers 1500 AEC, des groupes *Proto-Cimmériens / Srubnaya avancèrent à l’Ouest du Don et chassèrent au-delà du Dniepr le peuple Thrace de la culture des Catacombes finales.
  • Dans les steppes du Nord-Caucase, le bronze du Caucase était une forme ancienne de la culture du Kouban qui commencera v. 1200 AEC [cf. carte V]. Il pourrait avoir été porté par les ancêtres directs des futurs Cimmériens et des futurs Méotes historiques. En effet, nous faisons l’hypothèse que les *Cimméro-Méotes constituaient les groupes méridionaux d’un ensemble *Proto-Cimmérien / Srubnaya plus large, qui était établi depuis les steppes Volga-Oural jusqu’au Caucase et au Dniepr.
  • Vers 1500 AEC, à l’Ouest de la steppe pontique, la culture Mnogovalikovaya / catacombes finales fut repoussée au-delà du Dniepr par la pression des *Proto-Cimmériens de culture Srubnaya / tombes à charpentes. Elle évolua alors en complexe Sabatinovka-Noua-Coslogeni (v. 1500 à 1150 AEC). Ce complexe culturel était celui des Thraces. Comme les premiers Grecs, ce peuple de langue ‘’satem’’ devait être basé sur R1b-Z2103. Ils étaient au seuil d’envahir leurs territoires historiques de l’antiquité classique puis de bouleverser l’Europe Centrale, dont ils allaient bientôt chasser des tribus Proto-Italiotes et Italiotes [cf. carte V]. Selon le découpage en région adopté dans l’atlas, les trois groupes devraient être traités dans trois chapitres distincts (Europe steppique, Europe Balkanique et Europe Centrale) ; mais par souci de cohésion, ils sont exposés successivement ci-dessous en raison de leur origine commune :

1) Le groupe Sabatinovka (v. 1500 à 1200/800 AEC) vivait dans la partie occidentale des steppes ukrainiennes jusqu’aux bouches du Danube.

2) Le groupe de Noua provenait d’un groupe Sabatinovka qui s’était infiltré v. 1400 AEC sur le territoire des Proto-Italiotes Witenberg (Transylvanie, dont ils n’occupèrent que l’Est) et Monteoru (Moldavie roumaine). Puis, v. 1300 AEC, la culture Noua remplaça également la culture Proto-Slave de Komarov, à l’exception du Nord de son territoire. Peut-être les ancêtres des Albanais (langue satem) se situaient-ils parmi eux ?

3) Dans le même temps, un autre de leurs groupes occupa la Valachie Orientale et la Dobroudja et fut, v. 1400 AEC, à l’origine de la culture de Coslogeni qui dura jusqu’à l’antiquité classique. Ils poussèrent aussi jusqu’en Haute-Thrace / Thrace bulgare / plaine thrace, où ils installèrent v. 1300 AEC la culture de Zimnicea-Plovdiv (v. 1300 à 1150 AEC). Ces gens étaient les premiers véritables Thraces de Thrace, que l’on pourrait plus justement qualifier de *Thraco-Arméniens parce que c’est de leurs rang que sortirons bientôt les Proto-Arméniens [cf. carte V]. En Thrace, leur extension se faisait nécessairement au détriment des Phrygiens dont les premiers groupes apparurent peut-être v. 1300 AEC en Anatolie de l’Ouest.

 

Europe Orientale (Est-Centre & Est-Nord)

  • La culture Pré-Lusacienne de Silésie (bassin de l’Oder) n’était peut-être pas celle des ancêtres directs des Vénètes orientaux, mais les peuplades de la région participeront probablement à la cristallisation de l’ethnie Vénète [cf. carte V].
  • Vers 1400/1300 AEC, la culture Proto-Slave de Komarow fut remplacée par la culture Thrace Noua sur la plus grande partie de son territoire.
  • Les autres Yamnayas orientaux d’Europe Orientale poursuivirent sans rupture les cultures Trzciniec (*Para-Slaves), Est-Trzciniec (Proto-Slaves), Sosnica et Pamariu (Baltes occidentaux).
  • Les Ouraliens d’Europe, constituaient trois groupes : à l’Est, les Permiens de culture Mezhovka ; à l’Ouest, les Volgaïques de cultures Kazan et Pozdniakovo ; et au Nord les Finniques.
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