T – 1 700 à 1 500 AEC – Oscillation froide → SUBBOREAL récent (2)
T – 1.700 à 1.500 AEC – HOLOCÈNE – SUBBORÉAL récent (2)
Climat
Si l’on suit servilement les glaces du Groenland, il semble que le climat se dégrada modestement entre v. 1700 et 1600 AEC. Cet épisode doit cependant être examiné à la lumière des éruptions volcaniques mondiales dont plusieurs semblent avoir été importantes au cours du XVII° siècle AEC. En particulier, une éruption majeure du volcan de l’île de Théra / Santorin survint en 1628 / 1626 AEC d’après le registre dendrochronologique qui pointe alors l’une des années les plus froides de ces 7000 dernières années. Puis le climat reprit le chemin d’un nouvel optimum – plus beau que le précédent – qui culminera aux alentours de 1500 AEC.
Au total, plutôt que 1700 à 1500 AEC, les bornes chronologiques de la carte T devraient peut-être être resserrées entre 1625 et 1500 AEC ? Mais ces questions sont encore controversées et nous n’y reviendrons que pour la Grèce et le bassin égéen, en conservant la date de 1700 AEC partout ailleurs pour le début de la période. Quoi qu’il en soit, au niveau global, la période couverte par la carte T fut assez clémente clémente et surtout humide.
Afrique du Nord et Sahara
Afrique du Nord Occidentale
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Egypte et Cyrénaïque
- Vers 1710 AEC, des Egyptiens firent sécession de la 13° dynastie à Avaris, sur la branche Pélusiaque du Nil déjà peuplée de par de nombreux Ouest-Sémites Amorites / Cananéens ; au cours de cette 14° dynastie cette composante *Pré-Hyksos se renforça au point de prendre le contrôle de l’état Pélusiaque. Vers 1650 AEC une nouvelle vague Amorite / Cananéenne fut celle des célèbres Hyksos auxquels s’étaient mêlés des éléments Indo-Hourrites qui leur avaient légué la maîtrise de la cavalerie, de l’arc composite et du char de guerre ; et qui apportèrent également les poules en Egypte. Composant la 15° dynastie installée à Avaris dans le Delta, ils vassalisèrent la 13° dynastie, puis ses épigones de la 16° dynastie et de la 17° dynastie gouvernant depuis Thèbes, dont les successions furent déterminées par des révoltes indigènes suivies d’une reprise en main du Sud par les Hyksos. Toute cette époque de l’histoire égyptienne qui dura de v. 1700 à 1530 AEC est connue sous le nom de ‘’seconde période intermédiaire’’.
- Vers 1560 AEC, au cours d’un épisode de sécheresse qui dura plusieurs années, la 17° dynastie Egyptienne de Haute-Egypte se rebella contre la tutelle Hyksos et entreprit une guerre de libération de la vallée qui se termina par la vassalisation des étrangers v. 1550 AEC puis par leur expulsion vers 1530 AEC. Cet évènement fondateur du Nouvel Empire signa l’avènement de la 18° dynastie qui n’était que le complet prolongement familial de la précédente. S’en suivront la reconquête bidirectionnelle du Sud égyptien jusqu’à la 2° cataracte et du Levant où s’étaient réfugiés les derniers Hyksos ; ces conquêtes seront achevées v. 1525 AEC. Notons que l’haplogroupe ADN-Y de la 18° dynastie serait R1B-V88, ce qui nous ramène à l’hypothèse d’une composante *Proto-Tchadienne ancienne dans la cristallisation du peuple Egyptien [cf. carte D].
- V. 1700 AEC, la pression des populations de Kerma contraignit les Egyptiens à évacuer la vallée du Nil entre la 1° et la 2° cataracte. Libérés de cette tutelle nordique, les indigènes du Groupe-C fusionnèrent avec le peuple de Kerma de même origine Nilo-Saharienne Nubienne qu’eux ; ces évènements marquèrent la naissance du royaume de Kouch (v. 1700 à 1550 AEC) ; royaume dont les dynastes étaient les ancêtres de la future et encore très lointaine 25° dynastie égyptienne.
Sahara
- Au Sahara Oriental Egyptien, la basse vallée du Wadi-Howar semble avoir été totalement abandonnée au cours du 2° millénaire AEC (v. 1700 AEC ?) ; tandis que sous la forme d’une oasis, le moyen cours de la rivière continua d’abriter une communauté humaine jusqu’au début du I° millénaire AEC.
- Dans le reste du Sahara, nous proposons une situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Afrique sub-saharienne
Afrique subsaharienne de l’Est
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Afrique subsaharienne de l’Ouest
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Forêt pluviale
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Afrique du Sud
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Asie Occidentale Méridionale (Levant, Proche-Orient, Moyen-Orient, Anatolie, Arabie)
- Le royaume Ouest-Sémite Amorite Paléo-Babylonien (1894 à 1595 AEC) était devenu une puissance de premier plan v. 1750 AEC [cf. carte S]. Après avoir secoué la suprématie Elamite, il avait suivi les traces des Empires disparus d’Akkad et d’Ur-III en s’emparant à son tour de toute la Mésopotamie et de la Susiane. Toutefois, la puissance babylonienne avait déjà commencé à décliner v. 1650, lorsque le Sud-Mésopotamien redevint indépendant sous la dynastie du Pays-de-la-Mer, Amorite elle aussi (v. 1650 à 1450 AEC ?)
- Au Proche-Orient, le Bronze-récent commença v. 1600 AEC. En concomitance avec ce jalon archéologique, c’est en 1595 AEC qu’un incroyable raid Hittite mit fin au royaume Amorite de Babylonie, ouvrant un siècle d’instabilité politique en Mésopotamie. C’est au cours de ce XVI° siècle AEC que les Kassites prirent le contrôle de la Basse-Mésopotamie, v. 1570 AEC. En supprimant le royaume de Babylone, les Hittites leur avaient donné un involontaire coup de main.
- A partir de v. 1750/1700 AEC, des groupes Indo-Hourrites installés sur le Haut-Tigre et le Haut-Euphrate infiltrèrent le Levant Cananéen où ils s’emparèrent même du pouvoir sur certaines cité-états. On déduit la réalité historique de cette intrusion parce que des princes levantins porteront encore des noms Indiens à l’époque égyptienne d’Amarna (XV° siècle AEC) et parce qu’il a bien fallu que des Ouest-Sémites Cananéens soient initiés aux nouvelles techniques militaires (char de guerre, arc à double courbure) afin de devenir ce que nous appelons les Hyksos. Nous faisons donc des Hyksos un peuple majoritairement Ouest-Sémitique mais infiltré par une aristocratie étrangère aux affinités Indo-Hourrites. Vers 1650, cet armement supérieur conduisit les Hyksos à s’emparer de l’Egypte.
- Vers 1600/1550 AEC, profitant de l’instabilité qui suivit l’effondrement du royaume Paléo-Babylonien, les micro-états Indo-Hourrites de Haute-Mésopotamie durent prendre de l’importance, suivant les traces de leurs cousins Kassites de Basse-Mésopotamie. Vers 1500 AEC, le jeune royaume Indo-Hourrite de Mitanni sera déjà devenu assez puissant pour englober le royaume Louvite de Kizzuwatna (Cilicie).
- Dans l’arrière-pays levantin, des groupes Amorites furent fédérés par des clans Para-Indiens similaires à ceux à qui avaient donné naissance aux Indo-Hourrites. C’est l’origine de la technologie militaire supérieure des Hyksos qui envahirent l’Egypte v. 1650 AEC.
- Vers 1700 AEC, les Hittites constituèrent un royaume au Centre de l’Anatolie. Il s’agrandit dans le siècle qui suivit mais laissa subsister des états Louvites dans le Sud. Les Palaïtes du Nord furent absorbés. Vers 1600 AEC, les Hittites étaient devenus assez forts pour s’emparèrent du royaume d’Alep puis pour enlever Babylone en 1595 AEC, au cours d’un raid audacieux mais sans lendemain. Toutefois, leur état s’abima rapidement dans des querelles de pouvoir, ouvrant un siècle d’instabilité au cours duquel des tribus indigènes du Nord, les Gasgas, accentuèrent l’insécurité des populations. Cet état d’anarchie Hittite prit fin v. 1525 AEC avec la restauration d’un pouvoir fort.
- Vers 1700 AEC, la 3° et dernière invasion Anatolienne en Anatolie fut celle des Lydiens qui s’installèrent dans l’Ouest de la péninsule. Sur les ruines de Troie-5, Troie-6 (v. 1700 à 1250 AEC) deviendra une grande ville puissante et fortifiée. Contrairement aux phases -4 et 5 qui avaient tourné le dos à la Méditerranée orientale, Troie-6 renoua avec le monde égéen comme au temps jadis de Troie-1 à -3 ; peut-être parce que les Lydiens fédérèrent les peuples Tyrrhéniens de la côte ? Toutefois, cela était encore peu marqué lors de la phase Troie-6 ancien (Troie-6a, 6b, 6c, de v. 1700 à 1500 AEC) mais deviendra une réalité à l’époque de Troie-6 moyen.
- En Arabie du Nord et du Centre, les Ouest-sémitiques laissés en arrière par le départ des Amorites étaient devenus les Araméens, en position d’attente pour de futures invasions du Proche-Orient.
- Les Sud-Arabiques / Ethiopiques vivaient dans le Sud de la péninsule arabe.
Iran, Asie Centrale, Steppes Asiatiques Occidentales, Sibérie Occidentale, Altaï
- Vers 1750 AEC, le royaume Elamite d’Elam s’était replié dans ses montagnes [cf. carte S]. Privé des tutelles commerciales qu’il avait précédemment exercées sur l’Orient BMAC et sur l’Occident mésopotamien, il n’était plus qu’une puissance locale. Puis, v. 1700 AEC, les vieux centres urbains du plateau iranien finirent de s’effondrer totalement et définitivement [cf. ci-dessous]. A partir de cette date, même Anshan, la capitale Elamite, ne fut plus qu’un insignifiant petit centre urbain. Dans ce cadre devenu relictuel, la dynastie Elamite des Epartides pourrait avoir subsisté jusque v. 1500 AEC.
- Dans le monde Post-BMAC (v. 1800 à 1500 AEC) du plateau iranien et de l’Asie centrale méridionale, le Bronze final (v. 1700 à 1500 AEC) commença v. 1700 AEC. Ce changement d’époque ne connotait pas une progression du savoir technologique mais était au contraire le marqueur d’un appauvrissement culturel découlant de l’effondrement des réseaux commerciaux qui irriguaient autrefois les cité-états. Des indigènes Elamoïdes BMAC subsistaient cependant dans les ruines des anciennes cités de leurs ancêtres, tandis que les Indiens – qui encadraient désormais la société – exerçaient leurs activités pastorales à proximité de ces vestiges urbains qui leur étaient inutiles. En Bactriane, toutefois, des établissements fortifiés de belle taille existaient toujours, peut-être parce qu’ils étaient devenus les places forte d’une élite Indienne locale qui avait mieux su préserver la civilisation des indigènes en se superposant à eux ? En effet, on assista à cette époque à un début de fusion entre les deux cultures, indigène et intrusive. C’est ainsi que, malgré le conservatisme linguistique et religieux de leurs prêtres, les Indiens empruntèrent de nombreux mots et habitudes de vie aux peuples BMAC ; matériel culturel intégré qu’ils emporteront bientôt avec eux aux Indes.
- Vers 1700 AEC, les Indiens de Bactriane poussèrent jusqu’au Gandhara, précédemment peuplé par des tribus Tibéto-Birmanes. Dans cette position, ils étaient parvenus au seuil du Pendjab et de la vallée de l’Indus où subsistait toujours une société harappéenne très affaiblie et désormais infiltrées par des tribus Indiennes qui avaient pénétré la vallée par le Sud [cf. Asie du Sud].
- Au Kazakhstan, l’horizon Andronovo qui avait débuté v. 1800 AEC [cf. carte S] atteignit son apogée entre v. 1700 et 1500 AEC. Depuis le départ des tribus qui étaient devenues les Indiens au contact de la civilisation BMAC, les tribus Aryennes demeurées dans les steppes étaient devenues les Iraniens. Ces Iraniens de l’époque d’Andronovo conservaient le char de guerre de leurs ancêtres et produisaient activement des armes en bronze. C’étaient des Yamnayas steppiques typiques, qui enterraient leurs morts en position latérale fléchie, qui pratiquaient les sacrifices et la sati… Ils étaient essentiellement basés sur R1a-Z94, et leurs haplogroupes mitochondriaux (transmis par les femmes) étaient eux aussi d’origine occidentale. En conformité avec ces précisions génétiques, il s’agissait de purs Europoïdes. Comme leurs frères-ennemis Indiens, les Iraniens utilisaient le svastika dans leurs décorations. Cette phase mature de l’horizon Andronovo comprenait deux faciès aux frontières floues, dits Andronovo-Alakul (v. 1700 à 1500 AEC) à l’Ouest et Andronovo-Fedorovo (v. 1700 à 1500 AEC) à l’Est des steppes asiatiques. On assistait donc à un début de différenciation, au sein d’une aire culturelle Iranienne encore très homogène.
1) Le faciès Alakul couvrait la région originelle de Sintashta et plus globalement les steppes et les forêts-steppes au Nord et à l’Ouest du domaine Andronovo. Dans l’Oural méridional, les groupes Alakul débordaient de part et d’autre dans la zone steppique. A l’Ouest, ils s’interpénétraient sans frontière bien nette avec les Srubnaya *Proto-Cimmériens des steppes européennes. Au Sud, ils touchaient le monde Post-BMAC désormais dirigé par des Indiens. Au Nord, des groupes Alakul s’infiltrèrent dans la taïga méridionale où ils accentuèrent une acculturation déjà marquée des tribus Ouraliennes Ob-Ougriennes ; ce phénomène de pénétration culturelle vers le Nord est ici qualifié de *Pré-Cherkaskul, en référence au phénomène Cherkaskul qui en sera l’accentuation à la période suivante. Pour toutes ces raisons, il apparait que l’ethnogenèse des peuples Alakul fut certainement plus complexe qu’une simple suite linéaire depuis Sintashta ; d’ailleurs, de très nombreuses poteries Alakul étaient de type peigné, et provenaient donc du courant culturel développé chez les habitants des forêts situées au Nord des steppes. Les tribus Alakul / Fedorovo extrayaient le cuivre des mines de l’Altaï et exploitaient les gisements d’étain du Haut-Irtych. Ils maniaient la technique de la cire perdue qui avait peut-être été inventée par leurs voisins Ouraliens. Leurs défunts étaient toujours inhumés sous de grands kourganes et le rite de la sati était respecté.
2) Le faciès Fedorovo, sans frontière géographique ou temporelle bien nette avec Alakul, couvrait plutôt le Sud et l’Est du domaine steppique où il entrait en contact avec les Turco-Bulgares. On ne peut cependant pas assimiler les gens de Fedorovo à des Turco-Bulgares, car aussi récemment qu’au III° siècle AEC, des Iraniens authentiques vivront encore très loin à l’Est dans les steppes asiatiques. Mais c’est probablement à cette époque que des groupes Turco-Bulgares – que nous identifierons désormais comme Bulgares – commencèrent à être initiés à la vie steppique des Indo-Européens dont ils adoptèrent l’essentiel de la culture à l’exception de la langue ; et au côté desquels leurs tribus se mirent à nomadiser. Les coutumes funéraires Fedorovo comprenaient la crémation, laquelle était moins présente voire absente chez les Alakul. Chez eux aussi, on trouvait des céramiques peignées qui témoignaient de contacts avec les peuples de la forêt septentrionale.
- Les Ouraliens Ob-Ougriens qui s’étaient imposés dans les forêts de Sibérie Occidentale étaient déjà en partie acculturés au mode de vie et aux technologies steppiques, et étaient même devenus innovants. Entre v. 1700 et 1500 AEC, ces relations steppes / forêts continuèrent d’opérer et sont ici appelées *Pré-Cherkaskul, en référence au phénomène Cherkaskul qui concernera la période suivante au cours de laquelle elles s’intensifieront encore.
- Marginalisés par l’avancée des Iraniens extrême-orientaux, des peuples de type *Post-Afanasievo mêles à des indigènes et/ou à des populations étrangères infiltrées, se maintenaient au Nord de l’Altaï (Okunevo), dans le Kobdo (Chermurchek final ?) ainsi que dans le Xinjiang / Tarim (Arśi-Kuči) et en Mongolie Intérieure (Xinjiang orientale). Dans certaines de ces régions extrêmes, l’haplogroupe R1b-Z2103 des anciens peuples *Macro-Afanasievo était en compétition avec N1a, Q1b1-L330 et probablement les haplogroupes Altaïques C2c et C2b2.
Baïkalie, Sibérie Orientale, Arctique
- En Cis-Baïkalie, la culture Glaskovo tardive était probablement portée par les ancêtres des Ouraliens Samoyèdes N1a qui étaient encore en position très méridionale si l’on se réfère à leur implantation actuelle.
- En Sibérie Orientale, la situation ethnolinguistique était globalement inchangée. Nous pensons que les Proto-Youkaghires de la culture d’Ulakhan-Segelennyakh poursuivaient la descente de la Léna au détriment des Tchouktches.
- De leur côté, et peut-être sous cette pression, les Tchouktche Ymyyakhtakh intégrèrent les derniers groupes de la culture de Belkachi que nous avons associée à des Proto-Tchouktches. C’est v. 1700 AEC, à la faveur du réchauffement, qu’un groupe Tchouktche colonisa les îles Wrangel et fut responsable de l’extinction des derniers mammouths de la planète.
Chine, Mongolie, Mandchourie, Corée, Japon
- En Chine du Nord, la dynastie Shang (v. 1600 à 1046) succéda à celle des Xia v. 1600 AEC. C’est à cette époque que le blé (céréale typiquement occidentale) fut introduit dans la région, nécessairement via des échanges avec les barbares Indo-Européens que nous avons appelés *Macro-Afanasievo. Au plan archéologique, la phase Erlitou-4 (v. 1600 à 1500 AEC) est superposable à la phase Erligang-ancien (v. 1600 à 1500 AEC) et aux débuts de la seconde dynastie Chinoise.
- La culture Post-Shijiahe (v. 1900 à 1400 AEC) se poursuivait chez les Hmong-Mien du Moyen-Fleuve-Bleu. Vers 1700 AEC, au Sichiuan, la culture Baodun des Hmong-Mien évolua en culture Sanxingdui (v. 1700 à 1150 AEC) qui produisit de magnifiques objets en bronze.
- Nous sommes mal renseignés sur le reste de la Chine ; en particulier sur la Chine du Sud.
- En Mongolie, la culture Mönkhkhairkhan (v. 1700 à 1500 AEC) était une culture bronzière rencontrée dans les provinces de Khovd / Kobdo, Zavkhan et Khövsgöl, c’est-à-dire en Mongolie Occidentale. Malheureusement, la culture de Mönkhkhairkhan n’est connue que par quelques sépultures, ce qui signifie qu’on ignore tout du mode de vie des habitants. Il est cependant possible que le petit pastoralisme – de type indo-européen steppique ancien – s’installa à cette époque en Mongolie Occidentale. En effet, des ossements de moutons / chèvres et de bovins ont récemment été retrouvés dans une même sépulture du début de l’âge du bronze (v. 1900 à 1700 AEC) dans la dépression de Darkhad du nord de la Mongolie Occidentale (province de Khovsgol), tandis que des os de chevaux ont été trouvés dans une tombe voisine de la même période. Il est cependant probable que le grand pastoralisme monté n’était pas encore connu. Les origines de la culture de Mönkhkhairkhan ne sont pas claires : si les technologies métallurgiques sont vraisemblablement venues des steppes Indo-Européennes, certains ornements de défunts se placent cependant dans la continuité avec les traditions néolithiques de Mongolie et même de Mongolie Orientale. Nous en ferons donc la culture d’une population aux racines métisses, partiellement acculturée par des Indo-Européens que nous proposons de type *Post-Afanasievo Chermurchek. Dans cette population Mönkhkhairkhan, nous proposons que les Proto-Bulgares (ancêtres des Huns / Xiongnu) étaient la composante occidentale (Kobdo), tandis que les Proto-Turcs étaient la composante orientale, dans les bassins de la Selenga et de l’Orkhon. Il est hautement vraisemblable que les dialectes locaux survécurent au mélange.
- La Mongolie Orientale de l’époque est plus que très mal connue. Elle devait rester néolithique / chalcolithique. Elle devait abriter une ethnie Proto-Mongolo-Toungouse encore indivise.
Indes
- A partir de v. 1700 AEC, le climat redevint chaud et sec. Les villes de l’Indus furent complètement abandonnées au stade dit Harappéen 5 (v. 1700 à 1300 AEC) ; peut-être parce que la production de nourriture n’était plus suffisante pour alimenter les importantes fractions de la population qui s’adonnaient autrefois à des activités secondaires ou tertiaires ? Cet affaiblissement matériel et humain pourrait expliquer les premières infiltrations humaines en provenance du monde BMAC désormais intégralement indianisé. Toutefois, malgré ces chocs ethnoculturels, la civilisation de l’Indus ne disparut pas et les cultures ultérieures de la région continueront à se rattacher à elle de multiples façons.
- Sur les hauteurs du Moyen-Indus, au débouché de la passe de Bolan, c’est v. 1700 AEC qu’apparurent à Pirak des poteries grossières et les premiers chevaux connus du côté indien de la chaine des Suleyman ; ce qui signe sans ambiguïté une pénétration Indienne, qui venait probablement d’Arachosie. Vers la même époque, il est possible que d’autres groupes Indiens aient pénétré aux Indes depuis la Gédrosie où venait de s’installer la culture probablement Indienne de Jhukar à la place de celle de Kulli et débordant sur le Sind. Au Pendjab, les toutes premières incinérations aux Indes apparurent dans la culture du cimetière H où se mêlaient des traits Harappéens et des traits steppiques Indiens.
- Au Gujarat, la culture de Rangpur continuait localement la culture des Harappéens.
- Dans la vallée du Gange, la culture OCP, à base Harappéenne elle aussi, se poursuivait également. C’est ici que nous verrons l’origine Proto-Dravidienne des Dravidiens historiques, au seuil nordique du mouvement qui allait les conduire dans le Sud du Deccan.
- Au Rajasthan, le Néolithique de Ahar poursuivait sa phase tardive (v. 2000 / 1900 à1500 AEC). Nous l’avons proposé porté par le peuple J2 que nous avons osé qualifier de Kartvélien en raison de cet haplogroupe.
- Basé sur ce même peuple J2, le Néolithique d’Inde du Sud se poursuivait également, au stade Néolithique III (v. 1800 à 1500 AEC). Au cours de la période, la pratique des mégalithes s’étendit depuis le Karnataka vers le Maharashtra.
- Enfin, toute l’Inde Orientale était peuplée par des agriculteurs Austroasiatiques Munda O1b1.
Indochine et Indonésie
- En Indochine Austroasiatique, la situation ethnolinguistique était globalement inchangée, avec les peuples Khmers et Môns reposant les uns et les autres sur O1b1.
- Les Austronésiens Malayo-Polynésien Malais peuplaient la péninsule qui porte leur nom, ainsi que Java et Djakarta. Leurs cousins Bornéens peuplaient Bornéo, et leurs cousins Philippins les Philippines.
- Continuant leur progression, c’est peut-être vers cette époque que les Malayo-Polynésiens de Sulawesi peuplèrent de nouvelles îles. Cette colonisation installa le groupe Malayo-Polynésien Central aux Moluques du Sud, à Timor, Sumba, Sumbawa et Flores ; tandis que le groupe de Nouvelle-Guinée occidentale s’installait aux Moluques du Nord et en Papouasie Occidentale. Ce dernier contenait les ancêtres des Polynésiens. Tous ces peuples en formation reposaient sur O1a.
Nouvelle-Guinée, Australie, Tasmanie, Océanie
- Peut-être les Pama-Nyungan finirent-ils de coloniser l’ensemble du littoral australien au cours de cette époque ? Ainsi, sans certitude quant à la date, la carte T montre la fin de la colonisation de l’Australie par les colonisateurs Pama-Nyungan, au détriment du peuple antérieur *Paléo-Australien qui était le vestige de la première expansion des Hommes Modernes [cf. atlas n°3].
- Sur la carte T, nous voyons que l’étirement du groupe Pama-Nyungan fut à l’origine de sous-familles linguistiques constituant autant de sous-groupes ethniques appelés Nord, Ouest, Sud et Centre ; ce dernier étant une composante du groupe Sud.
- En Tasmanie, les *Paléo-Australiens Tasmaniens constituèrent l’ultime relique témoignant des premiers Humains non-Africains et de la vaste nappe aujourd’hui très résiduelle des peuples d’haplogroupe DE* / D. Les Tasmaniens disparaitront 3500 ans plus tard, dans le génocide total de leur peuple que commettront les Britanniques au milieu du XIX° siècle CE.
Europe Centrale et Occidentale
Europe atlantique (Ouest-Centre & Ouest-Nord)
- A l’exception des régions pyrénéennes où survivait nécessairement une forme ancienne de la langue euskarienne, toute la péninsule hispanique de la fin du Bronze-Ancien-Moyen / BAM (v. 1900 à 1500 AEC) demeurait Epicampaniforme et probablement de langue Lusitanienne. En concordance, nous appelons Lusitanien ce peuple qui constituait la fraction Sud-Occidentale du vaste peuple Ligure. Au Portugal et en Andalousie Occidentale, la culture du Bronze du Sud-Ouest Ibérique poursuivait sa phase BSOI-2 / Atalaia (v. 1900 à 1500 AEC). En Castille du Nord et au León, la culture Proto-Cogotas (v. 1700 à 1500 AEC) était la forme locale du même ensemble. En Murcie et en Andalousie orientale, la culture d’El-Argar entra dans sa phase Argarique-B / El-Argar-5 (v. 1700 à 1500 AEC) ; au cours de cette période, la nation Argarique atteignit à la fois le sommet de sa culture et son extension maximale. Il s’agissait d’une société très hiérarchisée qui, v. 1500 AEC, se délita pour des raisons non comprises. Enfin, sur la côte méditerranéenne de l’Espagne, le Bronze du Levante (v. 2200 à 1100 AEC) continuait son long et discret chemin.
- Toute la France était peuplée par des groupes Ligures qui formaient des faciès régionaux sans rupture avec ceux des époques précédentes : faciès du Centre-Ouest (v. 1900 à 1500 AEC) ; faciès Aquitain (v. 1900 à 1500 AEC) ; faciès Languedocien (v. 1900 à 1500 AEC) ; faciès Rhodanien (v. 1900 à 1500 AEC) ; faciès Provençal (v. 1900 à 1500 AEC). Le bronze français de cette époque est appelé Bronze-Ancien-1 / BA1 (v. 1900 à 1500 AEC) sur la façade atlantique, tandis qu’il est appelé Bronze-Ancien-3 / BA3 (v. 1700 à 1500 AEC) en France de l’Est.
- La culture des tumulus armoricains (v. 2200 à 1500 AEC) poursuivait son évolution particulière ; sa population était de même base Ligure que celle de toute l’Europe de l’Ouest, mais était depuis plusieurs siècles en contacts très étroits avec les gens d’Unetice ‘’classique’’ dont la culture était en train d’évoluer en culture des Tumulus (orientaux) ; ces gens d’Unetice venus d’Europe Centrale se mêlaient en continu aux Armoricains, et construisaient avec eux une culture du bronze originale et dynamique au sein de la koinè Nord-Atlantique basée sur le commerce de l’étain. Du fait de ces apports à flux continu, il n’est besoin d’aucune invasion massive pour expliquer la celtisation progressive de la région armoricaine et des îles britanniques, dont les habitants pourraient avoir parlé une langue ligure déjà mêlée d’éléments proto-celtiques. A l’époque où nous sommes parvenus, nous pourrions appeler *proto-celtique-2 le stade linguistique de la transition Unetice/Tumulus. Rappelons que le modèle que nous proposons d’une celtisation progressive des langues ligures des rives de la Manche, explique pourquoi la base haplogroupale locale est massivement restée R1b-L21 et donc Ligure, tandis que le R1b-DF27 que nous avons attribué aux Proto-Celtes d’Unetice et des Tumulus s’est implanté seulement discrètement sur les rives de la Manche et dans les îles britanniques [cf. carte S]. En l’absence de matériel conservé, il est impossible de savoir à quoi ressemblait le *proto-celtique-2 des Tumulus. Il est quasi certain qu’il conservait le ‘’Kw’’ et il est possible qu’il ait également conservé le ‘’P initial’’.
- Pour les mêmes raisons liées aux gisements d’étain de Cornouailles, les îles britanniques du Bronze-Ancien-3 / BA3 ou période-4 (v. 1700 à 1500 AEC) participaient à ce même ensemble proto-celtisé. En Grande-Bretagne, la culture de Wessex-2, correspond au MS7 – MA6 / Arreton.
- L’Ecosse et l’Irlande étaient-elles plus conservatrices ? C’est-à-dire conservaient-elles encore une langue de type ligure ? Rien ne permet de l’affirmer car l’évolution technologique de ces régions se fit sans décalage patent vis-à-vis de l’Angleterre. On peut toutefois penser que les tribus les plus éloignées de l’épicentre du changement étaient nécessairement les plus conservatrices comme le sont toujours les Finis Terrae ; surtout si elles n’avaient pas grand-chose à échanger. En Irlande cette phase est appelée Derryniggin (v. 1700 à 1500 AEC).
- Comme en Armorique et en Grande-Bretagne, les cultures de la mer du Nord du Bronze-Moyen-A / BMa (v. 1700 à 1500 AEC) – cultures d’Elp et d’Hilversum – furent influencées par la culture des Tumulus (orientaux) qui avait succédé à celle d’Unetice et que nous attribuons également à des Proto-Celtes ; à ce propos, il est intéressant de remarquer qu’elles avaient déjà été influencées par la culture d’Unetice et qu’elles le seront encore par les futures cultures des Champs d’Urnes / Hallstatt-A-B qui seront la postérité d’Unetice [cf. cartes V à Y]. Cette position débitrice plus que millénaire des peuplades de la mer du Nord envers l’Europe Centrale conduit à penser que les régions d’Elp et Hilversum constituèrent sur le long terme des provinces marginales de la culture Proto-Celte puis Celte dominante. Ce qui ne veut pas dire que les populations de ces régions parlaient exactement a même langue que les Celtes d’Europe Centrale. A ce stade, nous conserverons le nom de Ligures / Ambrons aux populations de la culture d’Elp, et attribuerons le nom de *Proto-Belges à celle d’Hilversum [cf. carte V pour la discussion sur la langue belge]. En anticipation de cette discussion, il suffira de dire que ces populations avaient une langue plus conservatrice qui, contrairement au celtique ‘’classique’’, gardait le ‘’P initial’’.
- Pour résumer, nous proposons que les habitants Proto-Celtes R1b-DF27 d’Unetice / Tumulus (orientaux) prirent le contrôle du réseau de l’étain, mais sans faire disparaitre ni même marginaliser les populations *Epicampaniformes / Ligures R1b-L21 qui l’avait tout d’abord créé et qui se laissèrent linguistiquement acculturer. Ce qui signifie que, tout comme les premiers *Campaniformes / Ligures avaient autrefois parasité le réseau d’échange des populations *Epi-cardiales, les Proto-Celtes d’Unetice parasitèrent et renforcèrent le cœur du réseau d’échange européen campaniforme. Il en résulta un accroissement du trafic entre l’Europe Centrale et les Cassitérides (i.e. ensemble armoricain / Cornouaillais) selon un axe Est-Ouest au sein duquel la langue proto-celtique puis q-celtique s’imposa à toutes les populations d’origine Ligure. Cependant, hors de ce courant principal, toutes les autres populations de même souche ne furent que plus marginalement touchées par les innovations linguistiques, parce qu’elles n’étaient pas à l’initiative de l’extraction et du commerce de l’étain mais étaient seulement clientes de ce réseau. C’est la raison pour laquelle on croit observer un plus grand conservatisme linguistique chez les Proto-Belges (au Nord du réseau), chez les Ligures de France et d’Italie du Nord (au Sud du réseau), chez les Lusitaniens (au Sud-Ouest du réseau) et chez les Proto-Italiques (au Sud-Est du réseau). A la différence des Proto-Celtes, des Italo-celtes récents et des Proto-Italiotes, tous ces peuples avaient une même base *Epicampaniforme et exprimaient le même conservatisme de part et d’autre de l’axe Est-Ouest de la koinè de l’étain ! Même si, à l’exception de l’italique, le matériel survivant de ces langues est aujourd’hui dérisoire, nous constatons principalement que, contrairement au celtique, elles conservèrent toutes non seulement le ‘’Kw’’ mais également le ‘’P initial‘’.
- Sur le plan génétique, nous avons commencé à défendre que c’est la couche Proto-Celte puis Q-Celte d’Unetice, des Tumulus et de leur épigone de Hallstatt-A-B / Champs d’Urnes qui ont véhiculé l’haplogroupe R1b-DF27 en Europe Occidentale où on le trouve aujourd’hui. Or, si cet haplogroupe existe bien sur le littoral atlantique Nord, en France et dans les îles Britanniques (où survit le q-celtique gaël), c’est seulement avec des fréquences relativement basses (entre 5 et 20%, contre 5 à plus de 60% pour le R1b-L21 des Ligures / *Campaniformes) ; Au contraire, R1b-DF27 est très abondant en France du Sud-Ouest et en Hispanie (entre 20 et 50%, contre 1 à 5% pour R1b-L21), avec même une concentration extrême dans le pays Basque et les Asturies (entre 50 et 70%, contre un R1b-L21 ponctuellement plus élevé dans le reste de l’Europe du Sud-Ouest). Comment expliquer cela ? Nous le verrons dans les commentaires des cartes suivantes. En anticipation des explications de la carte V, contentons-nous de dire que cette répartition paradoxale pourrait se comprendre si les Q-Celtes du Nord ont, pour l’essentiel, été des Ligures / *Campaniformes R1b-L21 qui ont été ‘’pacifiquement’’ q-celtisés par un petit nombre d’individus R1b-DF27, et si les Q-Celtes du Sud ont, pour l’essentiel, été les véritables descendants patrilinéaires R1b-DF27 des gens d’Unetice / Tumulus / Hallstatt A-B / Hallstatt-C-D qui – à l’étape des Champs d’Urnes – s’imposeront ‘’traumatiquement’’ aux indigènes R1b-L21 du Sud-Ouest et amoindriront considérablement leur descendance patrilinéaire [cf. carte V]. Pour finir, il faut aussi se demander pourquoi R1b-DF27 est aujourd’hui devenu faible dans sa région d’origine d’Unetice ? La raison est simple : l’expansion P-Celte se fera tardivement à ses dépens en imposant l’haplogroupe R1b-U152 à sa place [cf. cartes Y & Z] ; et cela en attendant que celui-ci soit à son tour recouvert par l’haplogroupe Germain R1b-U106 ; ce qui, au total, laissera peu de place en Europe Centrale à l’antépénultième R1b-DF27.
Europe méditerranéenne (Ouest-Sud)
- En Italie du Nord occidentale, la culture de Viverone (v. 1700 à 1500 AEC) préfiguration de celle de Scamozzina (v. 1500 à 1200 AEC) réalisait l’évolution génétique des groupes Campaniforme / Polada locaux. Ces gens devaient être des Ligures.
- Vers 1700 AEC, en Italie du Nord Orientale et Centrale (plaine du Pô), les groupes Polada locaux – d’origine *Epicampaniforme / Ligure – furent remplacés par la culture des Terramares (v. 1700 à 1200 AEC) qui résulta d’une intrusion en provenance de la zone Otomani d’Europe Centrale ; provenance qui explique les différences matérielles constatées avec la culture indigène voisine de Scamozzina. La culture des Terramares était probablement celle d’un peuple *Proto-Italiote qui pénétra en Italie par le Nord et se mêla aux Ligures locaux. Elle a toutefois été considérée comme un antécédent possible de la future culture Latiale en raison de la forme régulière des habitats qui semblaient être une préfiguration des villes romaines, avec leurs deux axes principaux se coupant à angle droit. Dans cet atlas, nous ne suivrons pas ce scénario mais proposerons quand même que des fractions du peuple *Terramaricole se laisseront entrainer plus tard par le mouvement Protovillanovien / Q-Italiote [cf. carte V] et pourront de cette façon participer à la genèse de la culture Latiale et du peuple Latin. Sous toutes réserves, le peuple des Terramares pourrait avoir été structurée par le variant R1b-L2 de l’haplogroupe R1b-U152 qui conserve aujourd’hui des taux importants en Italie du Nord mais aussi dans toute l’Italie, et qui est présent en Europe danubienne et dans ses prolongements d’Europe Occidentale et même Orientale ; lequel L2 pourrait s’être répandu avant les autres variants de U152, le Z56 (Italiote) et le Z36 (Gaulois / Laténien). Ces pasteurs et cultivateurs *Terramaricoles sont célèbres depuis le XIX° siècle pour leurs villages dits ‘’lacustres’’ parce que certains semblent avoir été bâtis sur pilotis ; mais c’étaient également des métallurgistes qui produisaient des armes en bronze de qualité (épées, poignards) dont ils faisaient le commerce jusque dans le Sud de la péninsule qui appartenait alors à la culture Apenninique, peut-être en partie de même origine Proto-Italiote que la culture des Terramares, mais qui était venue depuis l’autre côté de la mer Adriatique [cf. ci-dessous]. Les *Terramaricoles étaient encore de rite funéraire inhumants. Ce n’est qu’à partir de v. 1300 AEC qu’ils commenceront à incinérer incinéraient leurs morts, selon la nouvelle coutume qui commençait à se répandre à l’époque au sein du monde Italo-Celte.
- En Italie du Nord Orientale, dans la future Vénétie Occidentale, le peuple des Euganéens, que nous situons à cette époque, devait être représentatif de cette strate populationnelle qui était composée de Ligures recouverts par des Proto-Italiotes R1b-L2. Plutôt qu’un peuple véritablement Ligure comme on le propose parfois il pourrait alors s’agir d’un peuple proche des *Terramaricoles ? Plus tard, ils seront à leur tour bousculés par les Vénètes [cf. carte V].
- Vers 1600 AEC, de nouveaux groupes venus de ces régions d’Europe Centrale que nous avons dites *Proto-Italiotes, s’installèrent en Istrie, en Vénétie Orientale et en Dalmatie, formant la culture des Castellieri (v. 1600 à 1100 → 300 AEC) sur le substrat *Post-Cetina. On l’appelle ainsi en raison des petits établissements proto-urbains fortifies (châtelets) qui la caractérise. En Vénétie, cette culture inhumante des Castellieri sera balayée trois siècles plus tard par l’arrivée de la culture incinérante Q-Italiote protovillanovienne. Pour certains chercheurs, cette culture est limitée au Nord, mais elle diffusa aussi en Dalmatie où elle se confondit avec la culture Post-Cetina et où elle perdurera après la phase ‘’Champ d’Urne’’ jusque v. 300 AEC (i.e. jusqu’à la conquête romaine) sous le nom de culture Dalmate. Potentiellement, cette culture des Castellieri était portée par le peuple que les protohistoriens du XX° siècle ont appelé Illyrien et dont les Dalmates et peut-être les Pannoniens seront plus tard des fractions historiques ; peuples historiques qui seront alors probablement en partie recomposées avec des tribus Italiotes et/ou Vénètes dans des proportions impossibles à évaluer faute de tout matériel linguistique. Si les haplogroupes ADN-Y indigènes devaient être abondants dans les régions montagneuses où ils le sont toujours, il se pourrait que L2 ait diffusé sur la côte dalmate depuis le Nord ?
- Dans l’arrière-pays dalmate (Alpes Dinariques) la culture Dinarique / Dinara-2 ou culture Posusje se poursuivait. Les populations vivaient dans des fortins proches des Castellieri.
- Vers 1600 AEC toujours, un peuple aux mêmes affinités que nous appelons *Proto-Italiotes apporta en Italie la culture Apenninique (v. 1600 à 1200/900 AEC) dans sa phase Proto-Apenninique-1 (v. 1600 à 1500 AEC). On n’en trouve pas trace dans le Nord Terramaricole de l’Italie, mais des vestiges similaires existent chez les Castellieri et sur la côte dalmate de l’autre côté de l’Adriatique dont nous avons dit que la culture était en partie issue de la base indigène Post-Cetina. Ceci laisse donc penser que ces gens pourraient être arrivés en Italie par voie maritime ; et qu’ils pourraient avoir constitué une fraction migrante des Illyriens dont les Messapiens du Sud de l’Italie (et peut-être les Sicanes) seront un jour un vestige historique et dont les Ombriens ‘’originels’’ pourraient également avoir été une composante. Tandis que les *Terramaricoles occupaient tout le nord de l’Italie à l’exception de ses extrémités occidentale et orientale, les peuples *Apenniniques occupèrent tout le reste de la péninsule, y compris le futur Latium et bientôt la Sicile [cf. carte U]. Comme les *Terramaricoles, ils pourraient avoir eu R1b-L2 comme haplogroupe principal, et cela bien que les *Terramaricoles aient été fréquemment incinérants et probablement plus massivement d’origine Yamnaya, tandis que les *Apenniniques étaient inhumants et avaient certainement une composante indigène plus marquée. Le Picenum fut-il touché par ces évolutions ? Il est fréquent de considérer les rares inscriptions nord-picéniennes comme des vestiges d’une langue non-indoeuropéenne. Mais ce n’est pas une position unanime et toute notre reconstruction de la protohistoire européenne ne plaide pas en ce sens. Le nord-picénien serait-il alors un vestige des dialectes *épicampaniformes / ligures locaux ? Ou un vestige d’époque romaine des langues apenniniques ?
- Au total, nous faisons sans certitude des fameux Illyriens un rameau *Proto-Italiote L2 qui aurait interféré avec le substrat *Post-Cetina. Lorsque l’on considère la géographie globale de l’Europe Centrale et Occidentale en réfléchissant à la postérité des premiers Yamnaya occidentaux dont les Italo-Celtes constituent le groupe central, les régions illyriennes apparaissent clairement comme faisant partie des marges ; des marges au même titre que le sont les côtes de la Méditerranée occidentale et celles de toute la façade atlantique entre le Portugal et le Danemark, îles britanniques comprises. Dans tous les cas, ces régions marginales et littorales dont la base populationnelle d’origine Yamnaya avait été Ligure et *Proto-Ligure seront celles qui résisteront le plus longtemps à la pression des divers héritiers du groupe Italo-Celte central et continental.
- Dans les commentaires des cartes suivantes, sans insister davantage sur les détails hypothétiques de leur cristallisation, nous appellerons simplement Illyriens les habitants de l’ancienne province d’Illyrie, mais sans oublier leur appartenance au groupe Yamnaya occidental en dépit du fort substratum indigène que nous révèlent toujours les haplogroupes ADN-Y des Balkans actuels. Par conséquent, cela signifie que nous adoptons une hypothèse très différente de la position traditionnelle des protohistoriens du XX° siècle qui firent le plus souvent des Illyriens les ancêtres directs des Albanais. Pourtant, cette affiliation albanaise, basée sur quelques vestiges épigraphiques tardifs, ne nous parait pas logique. Ne serait-ce que parce que les Messapiens, un des trois peuples Iapyges d’Italie méridionale supposés être d’ascendance Illyrienne, parlaient une langue ‘’kentum’’, tandis que les Albanais parlent une langue ‘’satem’’. Ces Albanais – dont nous faisons une fraction des Thraces dont la langue a beaucoup évolué – ne viendront que beaucoup plus tard dans la région qui est aujourd’hui la leur. A notre avis, c’est au contact du substrat des langues proto-italiques / illyriennes que l’albanais s’éloignera du thrace en incorporant des éléments de son support ; évolution qui conduira des linguistes à le confondre avec ce support.
Europe égéenne et balkanique (Centre-Sud)
- En Grèce, la période de la carte T est assimilée à l’Helladique-Récent-1 / HR1 / LH1 (1700/1625 à 1550 AEC). Cette chronologie qui n’est pas consensuelle donne la primauté à la catastrophe de Santorin des géologues pour le top départ de l’HR1 ; catastrophe que ceux qui s’attachent à lier les mythes à l’histoire assimilent volontiers à la légende du déluge de Deucalion mais qui ne peut pas l’être car celui-ci survint en – 1533 ; catastrophe dont l’intensité pourrait expliquer le changement d’époque entre un ‘’avant’’ et un ‘’après’’. Sans moyen de trancher avec certitude, il faut bien reconnaitre que cette chronologie explique mieux que d’autres l’histoire que nous nous efforçons de reconstituer.
- En effet, à l’encontre de nombreux chercheurs qui ont situé l’arrivée des Grecs en Grèce au début de l’Helladique Moyen, c’est-à-dire v. 2000/1900 AEC, nous proposons avec d’autres que les Grecs Achéens / Mycéniens attendirent plutôt le début de l’HR2 v. 1550 AEC – pour pénétrer en Grèce péninsulaire. Deucalion étant le père d’Hellên, héro éponyme du peuple Grec, la synchronie entre le déluge / tsunami et le début – au moins littéraire – du peuple Grec mérite d’être soulignée ; même s’il s’agit évidemment d’un argument faible. Sans certitude, nous pensons que les Grecs pourraient s’être répandus en Grèce seulement aux alentours de 1625 AEC. Ainsi, à Mycènes, la construction des fameuses tombes royales dites du ‘’cercle B’’ a été située entre v. 1650 et 1550 AEC selon une chronologie longue. Quant aux tombes du ‘’cercle A’’, elles ont été situées entre v. 1550 et 1500 AEC selon cette même chronologie et ce sont donc elles qui seraient celles des premiers rois Grecs. Toutefois, une chronologie plus resserrée – et mieux adapté à notre propos – a situé l’ensemble des deux cercles entre 1600 et 1500 AEC ; ce qui ne change rien au raisonnement.
- Ceux des Grecs qui envahirent la Grèce pourraient ne pas avoir été très nombreux. Cette configuration génétique rend probable que les ‘’barbares’’ R1b du Nord, encore semi-nomades, s’imposèrent en tant que cadres dirigeants d’une société sédentaire du Sud qui étaient un peu plus ‘’civilisée’’ qu’eux ; et que ces colonisateurs ‘’barbares’’ s’intégrèrent rapidement à leur civilisation déjà ancienne, mi par violence, mi au moyen d’unions contractées avec , parce que Deucalion et son fils Hellên avaient vaincu les Pélasges de Thessalie. Le ‘’parasitisme’’ est fréquent dans l’histoire des civilisations : il en fut ainsi des Wisigoths, des Francs et des Arabes qui parasitèrent les Gréco-Romains en diverses régions ; des Hyksos qui parasitèrent les Egyptiens ; des Turcs, Mongols et Mandchous qui, successivement, parasitèrent les Chinois, etc. Et les mariages royaux viennent parfois unir indigènes vaincus et envahisseurs vainqueurs (parmi les très nombreux exemples, songeons à l’un des plus illustres : celui d’Alexandre et de Stateira, la fille de Darius III.’]des femmes indigènes de la classe dirigeante. Sur ce point, les généalogies royales puisées dans ce que nous appelons abusivement ‘’mythologie’’ montrent parfaitement que l’union des élites dynastiques des deux peuples fut une réalité.
- Ainsi, nous tenons pour licite que les habitants de la Grèce sont fondamentalement restés des indigènes Tyrrhéniens / Pélasges / Anatoliens, mais parasités par une aristocratie Grecque qui mit plusieurs siècles pour s’imposer sur toute la péninsule et dans les îles, mais qui parvint cependant à y fixer sa langue yamnaya, quoique fortement modifiée par le substrat local [cf. ci-dessous]. Outre la génétique, les généalogies royales et les influences linguistiques, de nombreux détails viennent à l’appui de cette thèse qui laisse survivre longtemps un peuple indigène nombreux mais muet. Ainsi, par exemple, on remarquera que les premières murailles cyclopéennes d’Athènes seront plus tard dites ‘’pélasgiennes’’ (comme si les premiers Grecs, qui jusque-là ne connaissaient que des architectures en bois, avaient reconnu le talent constructeur des indigènes) ; ou que les paysans de l’Attique seront dits ‘’Pelaistai’’ à l’époque classique (comme si une aristocratie étrangère s’était superposée à des indigènes qui constitueront pendant longtemps le fond de la population grecque). Si les traces du peuple indigène seront encore palpables et nombreuses dans la Grèce de Périclès, c’est parce que l’invasion des Grecs en Grèce ne remontera alors qu’à plus de 1000 ans à peine. Au total, les chercheurs fixistes et les chercheurs invasionnistes ne font finalement qu’appuyer les uns une moitié, et les autres l’autre moitié, d’un même fait universel : celui du métissage et de la recristallisation des peuples qui survint en tous lieux et en tout temps à l’issue de chaque invasion.
- Nous avons donné à ces indigènes Pré-Grecs le nom collectif de Tyrrhéniens / Pélasges / Anatoliens qu’il convient ici de discuter. A l’époque classique, les souvenirs des Anciens étaient confus quant à l’identité précise des peuples qui vivaient en Grèce péninsulaire avant la venue des Grecs / Hellènes ; selon les habitudes des anciennes sociétés, ils se représentaient ce passé comme une histoire de personnages légendaires reliés par des généalogies, plutôt que comme une histoire de peuples véritables, même si ces personnages étaient des rois ou des chefs de tribus et donc des conducteurs de peuples. Bien sûr, leurs légendes généalogiques n’étaient pas datées autrement que par la succession des générations, qui était parfois divergente d’une histoire à l’autre ; ou qui le sont devenues dans les versions qui sont parvenues jusqu’à nous. Hérodote et d’autres auteurs nous apprennent que la Grèce s’était autrefois appelée ‘’Pélasgie’’. Mais sous cette bannière élargie des Pélasges / Pélastes, certains auteurs distinguaient cependant des Pélasges véritables (conduits par Pelasgos et parfois distingués des Tyrrhéniens, quoique proches d’eux) et d’autres gens que nous qualifions de Minyens (conduits par Minyas). Pelasgos était unanimement perçu comme très ancien et même comme le ‘’premier homme’’ ayant habité l’Arcadie dans le Péloponnèse ; mais le peuple des Pélasges qui descendait de lui était également associé par les Grecs classiques à la Crète, à l’Attique, à la Thessalie, et à la côte d’Asie Mineure. Dans cet atlas, nous suivons absolument la leçon des Anciens, même si nous appelons plus volontiers ce peuple Tyrrhénien pour connoter que les Étrusques sortiront un jour de ses rangs. Nous rappelons en outre que nous considérons ces Pélasges / Tyrrhéniens comme les descendants de la première vague Indo-Européenne arrivée en Europe v. 4200 AEC en provenance des steppes pontiques de Sredny-Stog-2 [cf. carte J] ; descendants qui avaient été poussés dans le monde égéen sous la pression de mouvements steppiques ultérieurs [cf. carte N]. Les Minyens, quant à eux, étaient associés à la Béotie ancienne, mais aussi à l’île de Lemnos (Nord égéen) dont ils auraient été chassés par les Pélasges avant de se réfugier en Laconie dans le Péloponnèse. Mais dans cet atlas, nous les considérons comme un groupe Anatolien, descendant lui-aussi du peuple de Sredny-Stog-2 ; mais descendant de la fraction de ce peuple qui avait quitté les steppes pontiques plus tard que la première, aux alentours de 3200 AEC [cf. cartes N & O]. Si les anciens ne distinguaient pas très bien ces Minyens des Pélasges, c’est non seulement parce que les uns et les autres constituaient à leurs yeux les anciens indigènes de la Grèce perçus comme un tout, mais aussi parce que pour les Yamnayas qu’étaient les Grecs, ces deux sortes d’indigènes faisaient partie d’un seul et même groupe ethnolinguistique dont ils percevaient peut-être l’ancienne communauté de langage héritée de Sredny-Stog-2.
- Cependant, la conquête de la Grèce par les Grecs ne fut probablement pas homogène et laissa subsister des poches indigènes non acculturées pendant plusieurs générations. Ainsi, il est possible que la Thessalie et l’Attique soient demeurées purement Pélasgienne plus longtemps que la Grèce de l’Ouest et une partie du Péloponnèse, avant des que Grecs et/ou des indigènes qui avaient adoptés la langue grecque ne finissent par s’imposer de partout ? Précisément, pour certains linguistes, le groupe Grec Eolien résulterait initialement de l’installation de Grecs sur le substrat Pélasge de Thessalie / Larisse ; tandis que le groupe Grec Ionien résulterait initialement de l’installation de Grecs sur le substrat Pélasge d’Attique et d’Eubée. En revanche, l’influence linguistique Pélasgienne pourrait avoir été plus réduite sur le groupe Grec Achéen / Mycénien qui s’installa sur les côtes du Péloponnèse ; peut-être parce que la densité des envahisseurs Grecs fut d’emblée plus importante dans cette région et que des royaumes assez puissants y furent rapidement constitués ? Tout ceci demeure bien entendu spéculatif, en l’absence de connaissances suffisantes sur les langues protohistoriques.
- Originaires de Grèce du Nord, les Grecs Achéens / Mycéniens laissèrent des arrière-gardes septentrionales composées des Grecs Epirotes au Nord-Ouest et des Grecs Macédoniens au Nord-Est. En Thrace Orientale, les Phrygiens constituaient le groupe frère des Grecs, avec lesquels ils devaient encore être en continuité linguistique.
- En Crète, les dates du Minoen-récent-1 / MR1 / LM1 font le même grand écart que les dates de l’Helladique. Selon une chronologie longue, on peut les situer entre v. 1700 et 1625 AEC. Cependant, comme en Grèce péninsulaire, une chronologie courte permet de rajeunir ces dates entre v.1625 et 1550 AEC. Dates mises de côté, l’archéologie constate que la transition MM → MR1 s’accompagna d’une destruction des palais crétois, suivie de leur reconstruction ; au point que cette nouvelle période est également appelée ‘’Palatiale récente / Néopalatiale’’. Pourquoi ces destructions ? La chronologie courte permet de les attribuer à l’explosion du volcan de Santorin / Théra, qui a précisément été datée en l’année 1627/1628 AEC par plusieurs méthodes de datation. Le terrible tsunami qui accompagna l’effondrement de la caldeira et ravagea les côtes de Crète suffit à expliquer les destructions. Des réfugies Pélasges de Grèce et des iles vinrent-ils accentuer les troubles chez les Pélasges de Crète ? Internes à une même culture, de tels mouvements seraient difficiles à déceler. Quoi qu’il en ait été, le choc fut considérable au point qu’il pourrait, pour certains, avoir été à l’origine de la légende de l’Atlantide. L’écriture pictographique sur argile du MM fut abandonnée et de nouveaux caractères furent inventés au MR1, peut-être mieux adaptés à de nouveaux supports qui ont tous disparu (cuir, toile ?) ; il s’agissait désormais de ce que l’on appelle écriture ‘’linéaire A’’ ; laquelle pourrait avoir connoté une langue tyrrhénienne peut-être proche de l’étrusque. Cette civilisation parvint à se restaurer. Ainsi, aux MR1 et MR2, une influence minoenne se fit de nouveau sentir en de nombreux lieux de la Méditerranée Orientale [cf. ci-dessous].
- Par conséquent, au Cycladique-Récent (v. 1700 à 1400 AEC selon la chronologie longue ou v. 1625 à 1425/1400 AEC selon la chronologie courte), les îles vécurent sous la domination crétoise, sinon politique, du moins culturelle. Peut-être cela allait-il de soi car ces insulaires étaient de même origine Tyrrhénienne que les gens de Crète et que le substrat sur lequel cristallisaient les Grecs de Grèce péninsulaire.
Europe Centrale (Centre-Centre)
- Vers 1700 AEC, la culture Unetice entra dans sa phase finale dite Unetice-Mad’arovce (v. 1700 à 1600 AEC) qui constitua sa transition avec la culture des Tumulus. La pratique de l’incinération débuta à cette époque, mais encore sous une forme marginale ; en Europe centrale, c’est seulement v. 1300 AEC que la crémation se généralisera. Sans être en mesure de distinguer ces deux stades sur des éléments précis, nous avons déjà dit que ces gens formaient le noyau Proto-Celte d’où sortiront plus tard les peuples assurément Celtes. Sans certitude, elle pourrait avoir contenu des clans R1b-DF27 (surtout à l’Ouest ?) et des clans R1b-U152-L2 (surtout à l’Est ?).
- Après cette phase initiale, c’est v. 1600 AEC que l’Europe Centrale entra dans la période du Bronze-B (v. 1600 à 1500 AEC). Succédant génétiquement à la culture d’Unetice-Mad’arovce sur le même territoire, la culture des Tumulus (v. 1600 à 1200 AEC) tient son nom des nombreux kourganes qui parsemaient son étendue. Remplaçant les tombes plates des gens d’Unetice, la réapparition des tumulus funéraires à inhumation fut le trait le plus visible du changement culturel. Dans les derniers temps de cette culture, la pratique de l’incinération recommencera à se répandre à partir du Nord de la Hongrie et de la Slovaquie où se situera le groupe de Piliny [cf. carte U]. Il existait plusieurs groupes territoriaux, eux-mêmes fragmentés en sous-entités qui devaient être autant de nations tribales : Danube Moyen ; Pré-Lusaciens ; Europe Centre-Occidentale. En France du Nord, les influences du complexe des Tumulus se mêlaient à la frange orientale des cultures atlantiques.
- Si l’essentiel de la culture des Tumulus était celle d’un peuple Proto-Celte, nous faisons l’hypothèse que le Nord de la Hongrie et la Slovaquie contenaient encore des populations Italo-Celtes récentes. Nous proposons d’en faire la matrice commune des Q-Celtes, des Q-Italiotes et des Vénètes ; c’est-à-dire de populations dont les dialectes encore indifférenciés tiraient en direction du celtique au Nord, en direction de l’italique au Sud et en direction du vénète à l’Est. C’est dans ce groupe de Piliny qu’émergera le phénomène des Champs d’Urnes à l’époque suivante [cf. carte U]. Peut-être tous ces gens étaient-ils structurés autour de l’haplogroupe R1b-U152, mêlant des variants L2 et d’autres variants dont émergeront Z36 et Z56 ?
- La culture d’Otomani (v. 2200 à 1300 AEC) était étendue en Roumanie de l’Ouest, Hongrie de l’Est, Slovaquie et Ukraine Transcarpatique. Forme méridionale de la culture Proto-Celte des Tumulus, et en étroite relation avec elle au point d’être parfois considérée comme un simple faciès de cette culture, nous pensons qu’elle était le noyau d’un peuple Proto-Italiote peut-être structuré sur R1b-U152-L2. Comparativement aux dialectes celtiques en évolution au contact des substrats d’Europe Centrale septentrionale et atlantique, la langue de ces peuples demeurait plus conservatrice.
- A l’époque où nous sommes parvenus, la culture de Mures – dont nous avons vus la base *Epicampaniforme – s’était séparée en entités régionales : culture de Pecica (Pec.) (v. 1600 à 1200 AEC) et culture de Verbicioara (Ver.) (v. 1600 à 1150 AEC) où les morts étaient soit inhumés soit brûlés. Ces cultures méridionales étaient matériellement proches de celle d’Otomani, ce qui signifie peut-être qu’elles découlaient de nouveaux mouvements Proto-Italiotes venus du Nord, potentiellement R1b-U152-L2 ? Cela expliquerait peut-être le développement de l’incinération à la place des inhumations de l’époque Vatin (v. 1900 à 1600/1500 AEC) qui ne disparurent pas cependant ? Cette nouvelle phase régionale regroupe : la culture Vatin-tardive / Post-Vatin de Cruceni-Belegis (Va-CB) (v. 1600/1500 à 1150 voire 900 AEC) où les morts étaient incinérés contrairement à l’ancien rite inhumant de Vatin, et qui avait d’importants liens avec la Grèce Mycénienne ; et la culture de Girla-Mare (G.M.) (v. 1600/1500 à 1150 AEC) qui était également essentiellement incinérante. Les établissements non fortifiés étaient de petite taille, très différents des grands établissements fortifiés et proto-urbains de la période Vatin ‘’classique’’, ce qui, outre l’incinération, fait penser à de nouvelles populations. A cette époque, nous avons vu que d’autres Proto-Italiotes s’installèrent aussi sur la côte de Dalmatie où ils recouvrirent les anciens peuples ‘’Vucedol littoraux’’ qui avaient été à la base de la culture de Cetina et que nous avons qualifié de *Proto-Ligures. Ils établirent dans la région la culture des Castellieri qui était vraisemblablement celle des Illyriens et qui demeura principalement inhumante jusqu’au seuil de l’époque classique. Ce peuple des Castellieri qui conservait des éléments Cetina pourrait être à l’origine de la culture Apenninique inhumante qui s’installa à cette époque en Italie où elle pourrait avoir porté le nom des Ombriens / Umbriens [cf. ci-dessus Europe méditerranéenne] ; dans les deux cas, il s’agissait de peuples inhumants, ce qui contraste avec les autres peuples du bassin danubien. Au Nord de cette région, dans la future Pannonie, la crémation était répandue.
- Pour revenir aux hypothèses linguistiques, nous pensons qu’à l’époque où nous sommes parvenus, l’ancienne unité linguistique italo-celtique était en train de se distendre mais n’était pas encore rompue. Elle était dans la situation d’un dégradé de parlers yamnayas occidentaux récents / italo-celtiques dont : 1) l’extrémité Nord et Ouest (culture des Tumulus) constituait un groupe de dialectes protoceltiques, tandis que 2) l’extrémité Sud et Est (cultures de Castellieri, Verbicioara, Pecica, Cruceni-Belegis, Girla-Mare) constituait en symétrie un groupe de dialectes proto-italiques au sein duquel nous proposons de distinguer : 2a) une fraction migrante illyrienne / *Apenninique principalement inhumante (culture des Castellieri & culture Apenninique) ; 2b) une fraction migrante padane *Terramaricole . Dans les deux cas, il faut et il faudra comprendre cette situation comme résultant d’un apport plus massif de populations invasives au Nord (i.e. capable d’imposer leurs coutumes étrangères) qu’au sud (i.e. se laissant absorber dans la coutume des indigènes).’]en partie incinérante (culture des Terramares) ; et 2c) une fraction sédentaire demeurée danubienne en partie incinérante. 3) Enfin, au centre du continuum, persistait un groupe de dialectes italo-celtiques récents au sein duquel l’unité linguistique n’était pas encore rompue et dans lequel émergeraient bientôt les prémices des champs d’urnes sous la forme du faciès de Piliny [cf. carte U]. Pour cette raison, nous ne séparons pas les groupes Celtes et Italiotes par un pointillé continu sur la carte T. Toutes ces langues en devenir conservaient encore les anciennes vélaires ‘’Kw’’ et le ‘’P initial’’ du vieux yamnaya occidental, sauf peut-être le protoceltique qui pourrait déjà avoir été en train de réduire ce ‘’P initial’’ ? Il est cependant impossible d’être affirmatif sur ce point aux dates que nous explorons.
Europe nordique et scandinave (Centre-Nord)
- Le Bronze Nordique ancien poursuivait sa période 1B (v. 1600 à 1500 AEC), porté par les ancêtres directs des Germains.
- Vers 1700 AEC, les Samis – qui formaient le groupe Nord-Ouest des Ouraliens Finno-Permiens – s’infiltrèrent dans le Sud de l’hinterland finlandais, laissant subsister pour un temps les Baltes Kiukais sur la côte baltique, ainsi que les indigènes *Paléo-Européens de culture Peignée / Asbestos dans le Nord du pays. Premiers Ouraliens de Finlande, les Samis seront plus tard repoussés vers le Nord par leurs frères Finnois qui vivaient pour l’instant au Sud des lacs Ladoga et Onega.
- Cette carte est la dernière sur laquelle nous faisons figurer les très vieilles cultures épipaléolithiques des côtes norvégiennes et suédoises. Elles étaient les héritières directes des vieux peuples *Epimagdaléniens qui avaient autrefois suivi le retrait des glaces pour maintenir le mode de vie de leurs ancêtres. Force est de constaté qu’ils avaient fait le mauvais choix.
Europe Orientale
Europe steppique et caucasienne (Est-Sud)
- Vers 1700 AEC, les groupes Thraces Catacombes-final / Mnogovalikovaya / Babino du Bas-Don subirent la pression des *Proto-Cimmériens de culture Srubnaya, leurs voisins de l’Est. Ils se replièrent dans les steppes du Dniepr et jusqu’au Prut. Ce peuple devait être basé sur R1b-Z2103.
- Dans le même temps, la culture Srubnaya apparut au Nord-Caucase. Ce sont peut-être les groupes Srubnaya de cette région qui furent les ancêtres directs des Cimmériens historiques ? Ce peuple était basé sur R1a-Z94.
Europe Orientale (Est-Centre & Est-Nord)
- Le Complexe Trzciniec-Komarov-Sosnica / TKS (v. 1700 à 1100 AEC) était le bronze moyen et récent d’Europe Orientale, véhiculés par les descendants de la culture cordée récente, puis de ses épigones Iwno-Mierzanowice-Strzyżów. Elle était composée de quatre cultures sœurs :
1) La culture Trzciniec (v. 1700 à 1100 AEC) était celle d’un peuple que nous avons appelé *Para-Slave. Vers 1650/1600 AEC, du fait de sa position occidentale au sein du complexe TKS, la culture de Trzciniec subit de fortes influences de la culture d’Unetice / Tumulus. Le terme ‘’influence’’ sous-estime probablement la réalité puisque ce que l’on peut appeler groupe Trzciniec ‘’Pré-Lusacien’’ – celui qui était au contact direct des Proto-Celtes – peut aussi être appelé groupe Tumulus ‘’Pré-Lusacien’’. Cette culture mixte qui se développa dans le bassin de l’Oder pourrait laisser penser qu’il était dominé ou à tout le moins influencé par une aristocratie Proto-Celte que l’on pourrait aussi être tentés d’appeler *Proto-Vénète ? mais c’est peut-être plutôt chez les groupes Proto-Celtes de Petite-Pologne et du Nord des Carpates – qui participaient globalement à la culture des Tumulus – qu’il faudra situer la fraction *Proto-Vénète qui sera un jour à l’origine des futurs Vénètes d’Europe Orientale et Occidentale ? [cf. carte V]. Une culture Trzciniec non pré-celtisée et que nous attribuons à une ethnie *Para-Slave existait alors dans le bassin de la Vistule.
- La culture Komarov (v. 1700 à 1100 AEC) au Sud-Est du territoire Trzciniec était, elle aussi, *Para-Slave. Tandis que leurs frères du Nord étaient influencés par les groupes Celtes d’Unetice puis des Tumulus, les gens de Komarov furent pareillement influencés par les groupes Italo-Celtiques du complexe Otomani-Fuzesabony.
- En Biélorussie, la culture Est-Trzciniec (v. 1700 à 1100 AEC) était celle des ancêtres directs des Slaves. Vers le Nord, ils étaient en parfaite continuité avec les Baltes occidentaux dont les Slaves constituaient en quelque sorte le groupe méridional.
- La culture Sosnica était celle des Baltes occidentaux, ancêtres des Vieux-Prussiens, des Lithuaniens et des Lettons. Etant plus éloignés de l’Europe Italo-Celte, ces gens reçurent moins d’influences occidentales. Dans leur isolement relatif, ils furent donc moins confrontés aux évolutions linguistiques successives que leurs voisins subissaient à chaque fois qu’ils s’envahissaient les uns les autres ; c’est ce qui explique, qu’aujourd’hui encore, ces langues conservent un caractère archaïque qui doit rappeler l’état de la langue des premiers Yamnayas orientaux parvenus dans ces régions.
- Vers 1700 AEC, l’unité des Ouraliens Finno-Permiens commença à se rompre et à donner naissance aux deux grands groupes actuels des Ouraliens d’Europe : 1) les Permo-Volgaïques constituaient le groupe oriental et nord-oriental des Ouraliens d’Europe. Au sein de ce groupe, l’identité des Permiens (Oudmourtes et Komis) résulta probablement de la colonisation de la vallée de la Kama au détriment des derniers Baltes de Balanovo ; tandis que les Volgaïques (futurs Mari et Mordves) demeurèrent en position centrale dans le bassin de la Moyenne-Volga où ils établirent les cultures de Kazan et de Pozdniakovo.
2) les Finno-Samiques constituaient le groupe occidental et nord-occidental des Ouraliens d’Europe. C’est dès cette époque, v. 1700 AEC, que les Samiques / Samis se détachèrent de cet ensemble en partant s’établir en Finlande, laissant leurs frères Finniques (Finnois, Estoniens, Vepses, Ingriens, Caréliens, etc.) au Sud des lacs Onega et Ladoga.