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L’homme apprit à monter, affrontant les alarmes 

les rênes à la main et de l’autre les armes ;

Mais ne sut pas de suite atteler deux chevaux ;
puis quatre ; puis conduire des chars armés de faux

 

Lucrèce – La Nature des choses – livre V

 

R – 2.200 à 1.900 AEC – HOLOCÈNE – Oscillation froide – SUBBORÉAL moyen (3)

 

Climat

Vers 2250/2200 AEC survint un nouvel épisode d’aridité et de refroidissement appelée ‘’évènement 4200 BP’’ qui affecta tout le XXIIème siècle AEC. L’oscillation ne semble pas impressionnante dans le profil des archives groenlandaises ; pourtant il fut l’un des évènements dits de Bond, correspondant au refroidissement des eaux de l’Atlantique par des glaces dérivantes. Les forêts qui bordaient les steppes eurasiatiques reculèrent et les prairies s’étendirent. Le Sahara fut particulièrement touché.

Puis, à partir de v. 2150/2100 AEC, le climat s’améliora de nouveau. Mais le Sahara ne se releva pas. Il s’agissait désormais d’un semi-désert entrecoupé de zones d’aridités impropres à la vie en l’absence de techniques spécialisées qui n’étaient pas encore inventées ; mais dans les massifs sahariens devenues des îles, la vie humaine n’était pas encore compromise.

A partir de v. 2000 AEC, le climat de la terre s’enfonça de nouveau dans un épisode froid mais supportable dont le maximum fut atteint v. 1900 AEC.

 

Afrique du Nord et Sahara

Afrique du Nord Occidentale

  • A partir de la carte R, nous cessons de représenter les établissements *Campaniformes sur la côte d’Afrique du Nord. Cela ne signifie pas nécessairement qu’il n’y en avait plus. A la place, nous installons des Berbères anciens.

 

Egypte et Cyrénaïque

  • C’est v. 2200 AEC que la brillante 6° dynastie égyptienne disparut, dans le contexte de l’oscillation froide et aride qui fut particulièrement ressentie dans le Sahara et qui mit conjointement fin à l’Ancien Empire et à la période du Bronze-Ancien-3. La baisse des crues du Nil fut exceptionnelle. Il est donc injuste d’attribuer l’effondrement politique égyptien au très long règne de Pépi II (près de 100 ans ?), comme on le lit souvent. La période d’instabilité politique qui accompagna la crise climatique est connue sous le nom de ‘’première période intermédiaire’’ et englobe les 7°, 8°, 9° et 10° dynasties égyptiennes qui furent en partie parallèles au cours du Bronze-Ancien-4 (v. 2200 à 2100 AEC). Au sortir de la crise climatique, v. 2080 AEC, la 11° dynastie réunifia la vallée entre le delta du Nil et la 1° cataracte, inaugurant la période du Moyen-Empire. Vers 1940 AEC, la 12° dynastie lui succéda après une guerre civile.
  • Entre la 1° et la 2° cataracte, le Groupe-C demeura indépendant jusqu’après v. 2000 AEC, date où l’Egypte conquis la région et vassalisa ses habitants. En raison de cette conquête nous faisons disparaitre ce groupe Nilo-Saharien ou Proto-Sahélien de type Nubien. La population de disparut pas pour autant. 
  • Entre 2° et la 4° cataracte, la culture Kerma ancien évolua en Kerma moyen (v. 2200 à 1750 AEC). Au plan ethnoculturel, cette culture demeurait proche des gens du Groupe-C, bien que ceux-ci fussent passés sous tutelle Egyptienne. Il s’agissait de Nubiens.

 

Sahara

  • Au Sahara, les Berbères anciens furent nécessairement très affectés par l’épisode aride de v. 2200.
  • Les Tchadiques étaient désormais repliés sur les rives du lac Tchad.

 

Afrique sub-saharienne

Afrique subsaharienne de l’Est

  • A la suite des Omotiques arrivés près de Djibouti v. 2800 AEC, puis à la suite des Nord-et-Centre-Couchitiques qui vinrent après eux v. 2500 AEC, les Est-et-Sud-Couchitiques débarquèrent dans la corne de l’Afrique v. 2200 AEC ; peut-être parce qu’ils étaient poussés par les Sud-Sémitiques encore appelés Ethiopiques ? Ce nouveau domino de peuples pourrait avoir été une conséquence de la désertification des pâturages de la péninsule arabique ? La cote Soudanaise étant occupée par les Nord-Couchitiques et l’Erythrée / Ouest du Somaliland par les Centre-Couchitiques, les nouveaux-venus se tournèrent vers l’Est du Somaliland où ils s’installèrent v. 2200 AEC. De là, en suivant la côte, le sous-groupe Sud-Couchitique colonisa v. 2000 AEC la bande littorale du Kenya et de Tanzanie (Lowlands) ; ils étaient bien sûr accompagnés de Bos taurus et des ovicaprinés proche-orientaux qu’ils introduisirent dans la région. On peut faire l’hypothèse que ce mouvement colonisateur repoussa les Omotiques au Sud du plateau éthiopien, dans la ‘’Région des Nations, Nationalités et Peuples du Sud / RNNPS’’ qui est aujourd’hui la leur et où Bos taurus et les ovicaprinés apparurent aussi v. 2000 AEC. Les tribus Est-et-Sud-Couchitiques demeurées au Somaliland après le départ des Sud-Couchitiques constituèrent par contrecoup le sous-groupe Est-Couchitique.
  • A cette époque, le groupe Nilo-Saharien avait atteint son extension actuelle, sauf dans l’Ouest de la bande sahélienne où il ne sera certainement présent que beaucoup plus tard. Au Nord et à l’Ouest de son aire d’extension d’alors vivaient les peuples Saharien, Koman, et Centre Soudanique qui étaient partis les premiers, et qui voisinaient avec les Fur-Maban, les Jebel et les Nubiens qui les avaient suivis en deuxième position. Enfin, en position méridionale et orientale du groupe – occupant ce qui est aujourd’hui le Sud-Soudan, l’Ouest du Kenya, le Nord de l’Ouganda et le Nord de la Tanzanie – vivaient les Nilotiques proprement dits.   

 

Afrique subsaharienne de l’Ouest

  • En Afrique de l’Ouest récemment colonisée par les peuples Niger-Congo, c’est également v. 2000/1900 AEC seulement que Bos taurus – et le mouton à queue fine – furent introduits en Afrique de l’Ouest via des pasteurs Tchadiques et Berbères anciens que l’avancée du désert repoussait vers le Sud. Cette époque correspond au début de ce que certains archéologues appellent le ‘’Néolithique récent d’Afrique de l’Ouest’’, phase culturelle qui correspondit pour la première fois à un Néolithique agro-pastoral complet. Aujourd’hui encore, ces populations Africoïdes d’Afrique de l’Ouest ne digèrent pas le lait à l’âge adulte. Cela s’explique facilement puisqu’elles ont eu 3 fois moins de temps que les peuples néolithiques Afrasiens d’Europe et d’Afrique pour s’adapter aux produits laitiers ! La métallurgie du cuivre apparut v. 2000 AEC sur la boucle du Niger, ce que certains chercheurs interprètent comme une invention indépendante. Toutefois, le groupe Berbère ancien – chalcolithique depuis longtemps – était tout proche de la bande sahélienne à l’Ouest de l’Afrique, et s’en était probablement rapproché en raison de l’assèchement du Sahara. A ce propos, il convient de remarquer que l’introduction de ce progrès technologique dans la région coïncida exactement avec l’introduction de Bos taurus, lequel ne peut pas avoir été acquis autrement que par transmission depuis la lointaine origine proche-orientale d’où provenait le bétail domestique. Ainsi, comme aux marges du monde chinois quelques siècles plus tôt, on voit donc que le cuivre et le bétail domestique constituèrent un packaging culturel venu du dehors ; les Afrasiens du Sahara jouant, ici, exactement le même rôle que les Indo-Européens steppiques venaient de jouer là-bas !
  • C’est peut-être v. 2000 AEC que le groupe Niger-Congo Atlantique remplaça le groupe Niger-Congo Mande qui semble l’avoir précédé en Afrique sahélienne de l’Extrême-Ouest. Cela peut-il être rattaché à une maitrise plus précoce du cuivre dans le groupe Atlantique qui stationnait près de la boucle du Niger ? 
  • Autorisons-nous une remarque additionnelle. Il se pourrait que ce soit l’acquisition concomitante de la métallurgie du cuivre qui ait permis aux ancêtres *Ouest-Africains des Dogons de maintenir leur lignée patrilinéaire E1a face aux colonisateurs Niger-Congo E1b1a1.

 

Forêt pluviale

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Afrique du Sud

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Asie Occidentale Méridionale (Levant, Proche-Orient, Moyen-Orient, Anatolie, Arabie)

  • Vers 2200 AEC, l’Empire d’Akkad commença à se déliter et les Elamites d’Anshan reprirent la Susiane aux mésopotamiens affaiblis. A l’époque, un état Elamite centralisé dominait peut-être encore tous les états du Zagros et de l’Ouest du plateau iranien ? Mais, comme l’état mésopotamien, il fut nécessairement affecté par la crise climatique et par l’instabilité politique généralisée qui en résultait. C’est vraisemblablement cette confusion politique proche-orientale, alliée à la nécessité de trouver de nouveaux pâturages, qui incita des tribus Ouest-Sémitiques d’Arabie du Nord à s’infiltrer au Levant où – connues sous le nom d’Amorites – elles établirent leur mode de vie pastoral et nomade sur le territoire des peuples sédentaires d’autrefois.
  • Vers 2150 AEC, le royaume d’Elam fragilisé et ce qui restait du royaume d’Akkad s’effondrèrent l’un et l’autre sous les coups des Guti et des Lullubi, venus du Nord Zagros. L’affiliation ethnolinguistique de ces ‘’barbares’’ est inconnue ; mais ils provenaient certainement de régions de l’aire kartvélienne qui avaient autrefois été recouvertes par l’expansion Kura-Araxe [cf. carte M] puis Trialeti [cf. carte Q], initiées toutes les deux par des bandes Indo-Européennes venues de l’autre côté du Caucase qui s’étaient laissées absorber par les indigènes *Kartvéliens. Les Guti, soumirent la Mésopotamie méridionale pendant une quarantaine d’années, entre v. 2150 et 2110 AEC.- En synchronie avec la nouvelle amélioration climatique et la transition Bronze-ancien-4 / Bronze-moyen-1, la Mésopotamie méridionale se débarrassa des Guti v. 2110 AEC. Grâce à un climat de nouveau propice à l’agriculture, le XXI° siècle fut celui de la renaissance Sumérienne connue sous le nom d’Empire d’Ur-III (2112 à 2004 AEC). A partir de la Basse-Mésopotamie, ces Néo-Sumériens conquirent toute la vallée du Moyen-Tigre et étendirent leur influence bien au-delà encore, rejouant le scénario qu’avait autrefois écrit l’Empire d’Akkad. C’est au cours de cette époque, v. 2050 AEC, que le cheval fit son apparition au Proche-Orient, où il fut d’abord considéré comme un fabuleux animal exotique ; les Néo-Sumériens apprirent à le monter, mais n’utilisèrent pas le char de guerre dont l’usage n’était pas encore parvenu jusqu’à eux. Le cheval était un cadeau commercial que l’on peut imaginer lié au commerce de l’étain. En effet, dès l’époque du royaume d’Akkad, les mésopotamiens s’étaient mis à utiliser de grandes quantités de bronze à l’étain (bronze véritable). Or, la seule région productrice d’étain de tout le Proche-Orient était située en Anatolie où les mines avaient un mauvais rendement, avec pour conséquence un coût d’importation prohibitif. C’est la raison pour laquelle, v. 2100 AEC, au seuil de leur renouveau culturel et commercial, les mésopotamiens se tournèrent fortement vers ‘’l’étain de Meluhha’’ c’est-à-dire vers l’horizon BMAC où se trouvaient les mines d’étain de Sarazm et peut-être d’autres mines encore non localisées en Afghanistan. Naturellement, cette gourmandise mésopotamienne en étain fit la fortune des intermédiaires commerciaux ; en particulier de l’Etat Elamite qui s’était restauré sous la bannière du royaume de Shimashki et qui organisait ce commerce [cf. ci-dessous, Iran]. Au point que l’Elam ambitionna de le contrôler de part en part en détruisant UrIII ; projet qui fut finalement accompli en 2004 AEC.
  • Combinée à une nouvelle crise climatique qui réduisait les prairies, l’instabilité maximale qui résultat de cet effondrement politique créa un appel d’air pour les nomades Amorites du Levant qui s’infiltrèrent alors dans toute la Mésopotamie aux alentours de 2000 AEC. Comme à chaque crise de ce type, il faut imaginer la transformation d’anciens champs en pâturages, et l’errance de bandes ‘’barbares’’ entre des cités rétrécies ou en ruine. D’un bout à l’autre de l’histoire, ce conflit entre Caïn et Abel fit l’objet d’une longue série de remakes internationaux dont les acteurs furent à chaque fois différents mais dont le scénario fut toujours identique. Dans la région mésopotamienne les Sémites occidentaux Amorites se taillèrent des petits royaumes que nous nommerons akkado-amorites ; parmi lesquels il faut mentionner Isin, Larsa, Eshnunna et Babylone, parce que ces nouveaux états étaient promis à des destinées brillantes. L’époque historique qui s’ouvrait porte le nom de période d’Isin-Larsa (v. 2000 à 1750 AEC).
  • Au Nord de la Mésopotamie, une fois débarrassée de la tutelle d’Akkad v. 2150 AEC, l’Assyrie archaïque connut une première période de prospérité qui la conduisit à établir des comptoirs commerciaux appelés karum (K) en Mésopotamie orientale, dont les plus lointains atteignirent la région du Haut-Halys. Le principal de ces karum était Kanesh qui – à la période suivante – servira de tête de pont à l’expansion du royaume Hittite historique. Par l’intermédiaire de ces établissements, les Assyriens commerçaient avec tout le plateau anatolien où se trouvaient notamment à l’époque, les proto-états Hatti de Hattousa et de Purushanda.
  • En Anatolie occidentale, la ville de Troie-3 succomba v. 2200 AEC ; fait que nous pouvons être tentés de relier à l’invasion de l’Anatolie par les Anatoliens Louvites [cf. ci-dessous]. Accréditant cette thèse invasionniste, la ville de Troie-4 (v. 2200 à 1900 AEC) se détourna du monde égéen – qui avait été le centre de gravité de Troie-1-2-3 – et s’intéressa désormais davantage à l’Anatolie intérieure où le peuple Louvite devait partager sa langue et le mode de vie terrestre de ses habitants. Pour des raisons inconnues qui pourraient avoir été accidentelles ou liées à de simples querelles internes, la ville de Troie-4 fut détruite v. 1900 AEC mais se reconstitua sans rupture ethnoculturelle sous la forme de Troie-5 (v. 1900 à 1700 AEC). En raison de leur centre d’intérêt continental, ces deux strates -4 et -5 ont été qualifiées de ‘’Troie anatolienne’’. A cette époque, la ville était probablement gouvernée par des Louvites, ce qui n’exclut pas la persistance d’une population littorale Tyrrhénienne, qui était d’ailleurs ethnolinguistiquement proche des Louvites.
  • En effet, c’est v. 2200 AEC que les Anatoliens Louvites envahirent l’Anatolie et s’installèrent à l’Ouest et au Sud de la péninsule, laissant le plateau central et l’Anatolie orientale aux populations Hattiennes qui vivaient là depuis des milliers d’années. Les Louvites avaient-ils été chassés des Balkans d’Ezero-3 par la pression des Greco-Phrygiens qui étaient eux-mêmes poussés par l’expansion méridionale des Proto-Italiotes ? [cf. Europe égéenne et balkanique].
  • Parvenus en Anatolie, les Louvites laissèrent subsister des populations Tyrrhéniennes sur la côte de la mer Egée, au Sud de la Troade.
  • Dans le même temps, et dans le contexte d’une invasion qui pourrait également avoir été celle de Louvites, Chypre entra dans l’âge du bronze véritable.
  • Après un premier exemplaire Hatti datant de v. 2500 AEC, quelques objets en fer fondu furent produits en Anatolie Centrale pré-hittite, entre v. 2200 et 1900 AEC. Leur grande rareté incite à les qualifier de ‘’curiosités technologiques’’, mais permet de souligner le niveau culturel remarquable des principautés de la région.
  • En Anatolie orientale et au Sud-Caucase, la culture de Trialeti (v. 2500 à 1900/1800 AEC) poursuivait son évolution. Elle exprimait plusieurs caractéristiques des cultures steppiques, avec notamment des grands kourganes qui accueillirent des offrandes de chars. Comme la culture Kura-Araxe qui l’avait précédée et qui avait introduit R1b-Z2103 au Sud du Caucase [cf. carte M], la culture de Trialeti fut vraisemblablement composite, avec une aristocratie d’origine Indo-Européenne R1b-Z2103 superposée à un peuple d’origine *Kartvélienne qui parvint à imposer sa langue aux envahisseurs. En effet, ce sont des langues kartvélienne qui seront observées plus tard dans toute cette région qui pourrait être celle dont seront originaires les Hourrites. Ces infiltrations d’Indo-Européens venus du Nord-Caucase mais demeurés linguistiquement discrets ne seront pas les dernières : après les *Kura-Araxes et les *Trialétiens viendront encore les Cimmériens puis les Scythes dont l’épopée a été écrite ; et les Mitanniens qui viendront depuis l’Est. Nous voyons que lorsque les Arméniens peupleront à leur tour la région et parviendront à lui imposer une forme – très modifiée – de leur langue ancestrale, ils auront été précédés par de très nombreux cousins qui avaient perdu la leur. Cette force linguistique des indigènes *Kartvéliens d’Anatolie orientale et du Sud-Caucase s’explique peut-être par la densité de leurs communautés, autant que par le faible nombre des envahisseurs étrangers qui furent vite absorbés ? En tout cas, ce fait linguistique qui est bien documenté à propos des Mitanniens mérite d’être mentionné et d’être projeté aux époques antérieures.
  • En Arabie du Sud, cette époque fut peut-être celle où s’installèrent les Sud-Sémitiques / Ethiopiques. Ce mouvement, potentiellement lié à la crise climatique de v. 2200 AEC et potentiellement influencé par d’éventuels mouvements Amorites vers le Sud, contribua à faire partir les derniers Couchitiques d’Arabie vers l’est de l’Afrique [cf. ci-dessus, Afrique subsaharienne de l’Est].

 

Iran, Asie Centrale, Steppes Asiatiques Occidentales, Sibérie Occidentale, Altaï

  • Vers 2200 AEC, la confédération Elamite était suffisamment forte pour prendre la Susiane aux Akkadiens Mais elle fut affectée par la crise climatique de v. 2200/2150 AEC et par les invasions ‘’barbares’’ qui accompagnèrent cet épisode. Un état Elamite parvint toutefois à se maintenir, sans que nous puissions juger de son extension. Puis, en synchronie avec l’amélioration climatique, la dynastie de Simashki (v. 2100 à 1950 AEC) releva le royaume d’Elam v. 2100 AEC, et reconstitua une confédération qui englobait les états élamites d’Anshan,  de Huhnur,  de Bashime,  de Zabshali et de Marhashi. Poursuivant cette dynamique, les Elamites finirent par s’emparer d’Ur en 2004 AEC ; ce qui engendra la période d’instabilité Amorite mentionnée plus haut.
  • Au Nord-Est de l’Iran, l’horizon BMAC classique survécut à la crise climatique de v. 2200 AEC, mais n’en sortit pas indemne. En effet, à partir de v. 2150 AEC, des Aryens de type Sintashta [cf. Steppes asiatiques] apparurent dans le monde BMAC et se firent progressivement de plus en plus nombreux. L’asséchement des pâturages d’Asie Centrale méridionale fut-il l’un des moteurs qui conduisit des tribus Aryennes à s’installer entre les centres urbains du BMAC ? C’est-à-dire non pas seulement à y vivre, mais aussi à y mourir comme nous l’indique l’apparition de coutumes funéraires steppiques dans la région. Dans la région, ce nouveau comportement colonisateur des peuples steppiques contrastait amplement avec les simples relations commerciales qu’avaient autrefois entretenues leurs ancêtres avec les établissements du BMAC formatif. Ces gens des steppes étaient les pionniers de l’ethnie Indienne en cours de cristallisation au Sud de l’ensemble Aryen. Bien sûr, ces premiers Indiens étaient accompagnés par leurs chevaux, qui se répandirent en même temps qu’eux dans le monde BMAC ; il se pourrait que le cheval ait tout d’abord constitué un cadeau de prestige que les Aryens Indiens offraient aux rois indigènes ; cadeau que ces derniers se mirent aussi rapidement à s’offrir entre eux au gré de leurs propres négociations commerciales … de telle façon que, de proche en proche, le cheval fit son apparition au Proche-Orient v. 2050 AEC. Si le commerce avec leurs frères du Nord n’avait probablement pas disparu des préoccupations despremiers Indiens, la nature de leurs relations avec les indigènes BMAC oscillait certainement entre des échanges pacifiques et des tensions armées. Dans ce contexte nouveau d’une insécurité régionale croissante, les enceintes fortifiées des villes BMAC constituaient une protection contre les rezzous des nomades, mais aussi contre les guerres que les cité-états indigènes se livraient entre elles pour essayer de maintenir un accès optimal aux ressources dont l’acheminement était perturbé par les crises. L’utilisation de mercenaires Aryens par des cités rivales accroissait peut-être aussi le niveau de tension générale, et donnait de plus en plus d’importance sociale aux nouveaux-venus ? Ces gens du BMAC étaient-ils les Dasas dont parle le Rig-Véda ?
  • La vieille culture mésolithique de Kelteminar était depuis longtemps rongée par les intrusions Indo-Européennes sur son sol. A cette époque, elle finit par disparaître sous le mode de vie steppique qui la recouvrit définitivement. Ces indigènes *Kelteminar avaient-ils été d’haplogroupe R2 ? Mêlés aux nouveaux-venus R1a et acculturés au mode de vie steppique, certains de leurs groupes accompagneront ultérieurement l’invasion Aryenne des Indes
  • Entre v. 2200 et 1900 AEC, les steppes européenne et asiatiques partagèrent un même horizon culturel appelé Filatovka-Potapovka-Sintashta, du nom des trois cultures Post-Poltavka qui le composaient [cf. Europe steppique et caucasienne pour Filatovka et Potapovka].
  • Dans la région des steppes du Tobol et de l’Ishim, des groupes *Abashevo du Sud de la forêt russe rejoignirent leurs cousins *Poltavkas orientaux v. 2300 à 2200 AEC. La fusion de ces deux groupes Yamnayas orientaux entraîna la cristallisation des Aryens historiques, dont l’auto-ethnonyme reste porté de nos jours par leurs descendants Indiens et Iraniens. La culture de ces premiers Aryens était celle de Sintashta-Arkaïm (v. 2200 à 1900 AEC). Strictement définie, elle occupait initialement le Nord-Ouest de l’Asie Centrale, depuis l’Oural méridional jusqu’aux steppes du Tobol et de l’Ishim, et jusqu’à l’Oulou-Taou. Les rituels funéraires des Aryens de Sintashta impliquaient massivement les sacrifices, et certains vestiges archéologiques seraient éclairés par les textes du Rig-Véda. Contrairement à leurs cousins nomades d’Europe, les gens de Sintashta vivaient dans des villages fortifiés qui étaient également des lieux de production métallurgique intensive. L’insécurité guerrière que révèlent ces fortifications découlait peut-être d’une compétition entre les clans pour la possession des pâturages et des gisements métallifères ? Par ailleurs, les échanges commerciaux avec la civilisation BMAC, devaient doper la compétition entre chefs pour l’acquisition de biens de prestiges ou de produits utiles à la guerre. Quoi qu’il en ait été de leurs motivations à se battre, le caractère extrêmement belliqueux de la culture de Sintashta est évident : les sépultures contiennent beaucoup d’armes et c’est dans les tombeaux aristocratiques que l’on retrouve les plus anciens chars de guerre à deux roues rayonnées, invention apparue v. 2100 AEC. Grâce à leurs roues allégées et à leur caisse également conçue pour être légère, les nouveaux chars de guerre étaient beaucoup plus maniables et dix fois moins lourds que les anciens chariots à quatre roues ; ce qui leur permettait de couvrir des distances cinq fois plus grande dans le même temps. L’invention du char de guerre permit de mettre au point une nouvelle tactique de combat qui consistait à faire avancer des escadrons composés de cinq ou six chars. Tous ces progrès militaires étaient des réponses aux conflits et attisaient les conflits. Sur le plan génétique, la société de Sintashta offre un mix d’hommes porteurs de l’haplogroupe R1a-Z94 associés à des hommes porteurs des haplogroupes R1b-Z2103. On peut être tenté de comprendre Sintashta comme la prise de possession des steppes par une élite indo-européanisée R1a-Z94, au détriment des anciens possesseurs R1b- qui étaient les héritiers patrilinéaires directs des plus anciens Indo-Européens. C’est à cette nouvelle élite que profita essentiellement la force d’expansion en direction du monde BMAC ; même si certains individus R1b-Z2103, et même R2 incorporés au passage, en profitèrent aussi à la marge.
  • L’installation d’un clan R1a-Z94 à la tête de la société de Sintashta-Arkaïm allait assurer le succès de cet haplogroupe dans toutes les steppes orientales où il domine encore aujourd’hui toutes les communautés Aryennes et est devenu très présent chez les peuples Altaïques chez lesquels le phénomène Karasouk nous montrera prochainement l’importance des racines Aryennes (cf. carte U]. Pour l’heure, c’est dès cette époque que s’amorça la séparation entre les Aryens Indiens d’une part, qui sont ceux qui partirent en direction du Sud et se confrontèrent au monde BMAC, et les Aryens Iraniens d’autre part, qui sont ceux qui demeurèrent dans les steppes au Nord de l’ensemble Aryen.
  • Au Semiretchie, la culture Begash-1 était peut-être portée par des *Poltavkas-orientaux, proches parents mais différents des Aryens ?
  • A l’Est de l’aire des Yamnayas orientaux, dans les régions de l’Altaï, du Kobdo et de la Dzoungarie, les groupes Okunevo et Chermurchek étaient probablement constitués des descendants de groupes *Macro-Afanasievo R1b-Z2103, mêlés à des indigènes Ouraliens et Turco-Bulgares.
  • Issu de ce même groupe *Macro-Afanasievo, les Arśi-Kuči / Tokhariens vivaient dans les oasis du Tarim / Xinjiang.

 

Baïkalie, Sibérie Orientale, Arctique

  • A l’époque où nous sommes parvenus, portés par le cheval et par une tradition guerrière agressive, les descendants de la vieille nation Indo-Européenne couvraient une aire géographique gigantesque qui allait du Portugal à la Mongolie Intérieure, et de la Finlande à la frontière iranienne ! Ce comportement colonisateur à grande échelle avait surtout concerné les steppes ; mais il allait désormais être reproduit en milieu forestier par une autre grande famille ethnoculturelle, elle aussi promise à une belle extension géographique. En effet, v. 2200/2100 AEC, matériellement favorisés par la technologie du bronze véritable empruntée à leurs voisins Indo-Européens, des groupes Ouraliens Serovo-Glaskovo de Cis-Baïkalie entamèrent une migration en direction de l’Ouest ; ils recouvrirent tout d’abord la culture d’Ust-Tartas v. 2200 AEC, puis colonisèrent toute la bande forestière située au Nord des steppes, laquelle était jusque-là demeurée le domaine des *Paléo-Européens mésolithiques de la culture peignée. Ces groupes Ouraliens de Sibérie Occidentale étaient les Finno-Ougriens encore indivis. Devenus les cadres dirigeants de la nouvelle société coloniale forestière, les Ouraliens Mongoloïdes se métissèrent abondamment avec les indigènes Europoïdes dont ils conservèrent une partie de la culture matérielle et en particulier la céramique peignée. C’est pourquoi, bien que proches cousins patrilinéaires des Youkaghirs Mongoloïdes partis exactement à l’opposé – et bien que partageant avec eux l’haplogroupe extrême-oriental N1a –, les Finno-Ougriens s’écarteront rapidement du type Mongoloïde, et prendront un aspect de plus en plus Europoïde au fur et à mesure qu’ils se rapprocheront de l’Europe. Cette progression ethnoculturelle d’Est en Ouest, sur tout le territoire de la céramique peignée, est ce que l’on appelle le « phénomène Seima-Turbino ». Il en résulta une chaine de cultures cousines installées v. 2200 AEC, appelées : Samus, Elunino et Krotovo-ancien. Vers 2100 AEC, les Ouraliens qui s’étaient installés dans la ceinture de forêts et de forêts-steppes au Nord de Sintashta, exprimaient déjà de nombreux éléments matériels d’origine steppiques : équitation, pastoralisme des chevaux et des animaux domestiques proche-orientaux, bronze à l’étain dont ils faisaient grand usage. A partir de cette époque, les gens de Seima-Turbino ne se contentèrent plus d’imiter leurs voisins méridionaux, et devinrent possiblement les inventeurs de la technique du bronze ‘’à la cire perdue’’ ; ils développèrent aussi un réseau commercial au long duquel s’échangeaient notamment le cuivre et l’étain nécessaire à leur production de bronze ; enfin, ils vivaient dans une société militaire, hiérarchisée, agressive et conquérante, qui ressemblait sur bien des points à celle de leurs voisins Aryens avec lesquels ils étaient fréquemment en conflit. Entre v. 2100/2000 et 1900 AEC, des groupes Krotovo continuèrent leur marche vers l’Ouest et atteignirent la chaîne des monts Oural qui donnerait un jour son nom à leur groupe ethnique tout entier ; installant sur le versant oriental les cultures d’Odinovo-ancien et de Tashkovo-ancien.
  • Les tribus Serovo-Glaskovo qui étaient restée en Cis-Baïkalie, constituèrent les ancêtres patrilinéaires des Ouraliens Samoyèdes. On notera que ceux-ci étaient encore en position très méridionale, comparativement aux territoires du Grand Nord qui sont devenus les leurs aujourd’hui.
  • Vers 2200/2100 AEC, en suivant les traces de nombreux devanciers qui avaient cheminé au long de la même route dès le milieu du Paléolithique supérieur [cf. atlas n°3], et en belle synchronie avec le mouvement migratoire de leurs frères Finno-Ougriens partis en direction de l’Ouest, les groupes Ouralo-Youkaghirs de la Haute-Léna entreprirent de descendre le ‘’boulevard de la Léna’’. Ce mouvement migratoire fit qu’ils devinrent les premiers *Proto-Youkaghirs. Ils connaissaient le bronze véritable, ce qui leur conférait un avantage guerrier sur les populations Tchouktches de culture Ymyyakhtakh, moins avancées qu’eux. Au cours de leur progression dans les bassins de l’Aldan, de l’Olekma, de la Vilyui, et de la Moyenne-Léna, ces *Proto-Youkaghirs se métissèrent nécessairement avec les indigènes Tchouktches rencontrés ; ceux-ci étant Mongoloïdes comme eux-mêmes, les Youkaghirs d’aujourd’hui expriment toujours fortement ce type humain extrême-oriental. Le métissage avec les Tchouktches explique pourquoi leur culture d’Ulakhan-Segelennyakh (v. 2200 à 1500 AEC) ne fut pas qu’une simple continuation de celle de Serovo-Glaskovo à laquelle elle était pourtant clairement affiliée : en effet, leurs poteries s’apparentaient à la fois à celles de Cis-Baïkalie et aux poteries Ymyyakhtakh indigènes.

 

Chine, Mongolie, Mandchourie, Corée, Japon

  • A l’Ouest de la Chine du Nord, certainement à l’occasion d’une phase climatique propice à l’extension de l’agriculture vers le Nord, des groupes Majiayao-Machang s’installèrent au Nord-Ouest du Gansu, dans une région où vivaient déjà des Indo-Européens *Macro-Afanasievo R1b-Z2103 dont nous avons fait des *Para-Arśi-Kuči de culture Post-Afanasievo / Chermurchek. Au contact de ce peuple étranger, les Chinois de l’Ouest découvrirent la technologie du bronze et la répandirent dans toute l’aire de la culture de Majiayao et de Longshan où les objets de métal importés étaient jusque-là restés anecdotiques. Les *Majiayao installés au Nord furent à l’origine de la culture de Siba (v. 2100 à 1400 AEC); tandis que les autres *Majiayao évoluaient en culture de Qijia (v. 2100 à 1500 AEC).
  • En Chine du Nord, le bronze à l’étain apparut en synchronie avec le début de la dynastie des Xia (v. 2100 à v. 1600 AEC), la première dynastie Chinoise Han. La période ancienne des Xia, correspond à la culture de Longshan-récent (v. 2100 à 1900 AEC). Les premiers objets chinois en bronze furent d’emblée parfaits, ce qui exclut totalement qu’ils aient été le produit d’une invention locale, puisque la région n’était jamais passé par un stade chalcolithique préparatoire.
  • Au Tibet, c’est peut-être à cette époque que le groupe Tibéto-Birman recouvrit définitivement les *Paléo-Tibétains qui avaient subsisté dans la haute vallée du Brahmapoutre. Ces populations indigènes persistèrent toutefois en tant que substrat ethnique qui légua aux populations plus récentes de la région les vieux haplogroupes DE*, D1a et D1c, qui sont les vestiges de la première sortie d’Afrique des Hommes modernes [cf. atlas n°3].
  • Dans la vallée du fleuve Bleu et en Chine du Sud, les cultures locales demeuraient encore purement néolithiques. Le métal ne sera connu qu’à la période suivante.
  • En Mongolie Intérieure, l’expansion vers le Nord des Chinois Han de Longshan (v. 3000 à 1900 AEC) sinisa les populations de Xiaoheyan v. 2100 AEC et fut à l’origine des cultures de Zhukaigou et de Xiajiadian inférieur qui étaient de même origine et qui se ressemblaient beaucoup. On peut penser à une extension du monde agricole vers le Nord, à l’occasion du retour des conditions clémentes ?
  • Plus loin encore vers l’Est, les steppes mongoles occidentales et orientales étaient respectivement le domaine des Turco-Bulgares et des Mongolo-Toungouses. Dans ce dernier groupe, la vieille base indigène d’haplogroupe C est resté très marquée jusqu’à aujourd’hui, avec C2c pour haplogroupe prédominant chez les Mongols et C2b1a2-M48 chez les Toungouses. Probablement restaient-ils les uns et les autres dans l’ignorance du bronze. 
  • L’avancée des *Proto-Youkaghirs dans le bassin de la Lena eut pour effet collatéral de couper définitivement les Nivkhes de Mandchourie de leurs cousins Tchouktches de Sibérie Orientale ; ainsi, les deux groupes de langues évoluèrent désormais séparément et s’éloignèrent considérablement l’un de l’autre. 

 

Indes

  • Vers 2200 AEC, la civilisation harappéenne entra dans sa phase 3C (v. 2200 à 1900 AEC). Nous adoptons la thèse selon laquelle la population était Proto-Dravidienne et basée sur l’haplogroupe L1.
  • A cette époque, les Austroasiatiques Munda basés sur O1b1 continuèrent leur progression en remontant les vallées du Gange et de la Yamuna où ils apportaient leur Néolithique asiatique qui comprenait le riz Oriza japonica, et la banane. Cette progression les mit en contact avec les *Harappéens auxquels ils empruntèrent les techniques chalcolithiques dès v. 2200 AEC. Ceci permet de penser que le cuivre pénétrera en Chine du Sud selon deux voix : celle qui provenait des Indo-Européens depuis le Nord, et celle qui provenait des *Harappéens depuis le Sud-Ouest.
  • Prolongement méridional du Néolithique du Centre de l’Inde que nous avons regroupé sous la bannière de la culture d’Ahar, le Néolithique d’Inde du Sud, désormais au stade II.A, atteignit le Sud du Karnataka, le Kerala et le Tamil Nadu v. 2200 AEC. Outre les poteries qui faisaient pour la première fois leur apparition au Sud du Deccan, ces agriculteurs disposaient du classique arsenal néolithique proche-oriental auquel s’ajoutaient des graines locales. Avec audace, nous avons appelé cette population  *Kartvélienne afin de donner une identité à sa base haplogroupale J2
  • Peu après avoir atteint le Sud du Deccan, cette population néolithique colonisa l’île de Ceylan / Sri-Lanka, parachevant ainsi la néolithisation totale de l’Inde du Sud.

 

Indochine et Indonésie

  • Toute l’Indochine était désormais peuplée d’agriculteurs Austroasiatiques O1b1 qui devaient déjà former les grands sous-groupes Khmers, Môns et Munda. Vers 2200 AEC, ils atteignaient peut-être la région de l’actuelle frontière thaïlandaise sur l’isthme de Kra.
  • Les Malayo-Polynésiens avaient cristallisé aux Philippines v. 2500 AEC à partir d’un groupe d’Austronésiens Formosans essentiellement basés sur O1a qui étaient proches parents des ancêtres des Vietnamiens. Dès v. 2300 peut-être, ils avaient atteints les côtes de Bornéo et des Célèbes [cf. carte Q]. Sur l’île de Bornéo, cristallisa alors un groupe Bornéo-Indonésien / Malayo-Polynésiens occidental, dont l’apparition détermina par contrecoups celle du groupe Philippin demeuré en arrière aux Philippines.
  • Puis, v. 2000 AEC, les Bornéo-Indonésiens donnèrent à leur tour naissance à de nouveaux sous-groupes : celui des Indonésiens / Malais qui s’installèrent à Java, Sumatra et au Sud de la péninsule Malaise où ils remplacèrent les derniers Hoabiniens ; et celui des Sulawesiens qui s’installèrent aux Célèbes et fusionnèrent avec les groupes pionniers qui étaient directement venus des Philippines. 

 

Nouvelle-Guinée, Australie, Tasmanie, Océanie

  • On peut penser que tous ces mouvements eurent pour conséquence de repousser les anciennes populations Papouasiennes basées sur M et S, qui ne subsistaient plus qu’en Papouasie-Nouvelle-Guinée et pour quelques temps encore dans les petites îles de la Sonde.
  • En Australie, les Pama-Nyungan commencèrent la colonisation du continent, vers l’Ouest et vers le Sud. A l’Ouest, ils ne recouvrirent pas leurs cousins Non-Pama-Nyungan de la terre d’Arnhem. Mais, au Sud, ils repoussèrent les anciennes populations *Paléo-Australiennes que nous avons proposé de baser sur l’haplogroupe DE*. Pour l’instant, les Pama-Nyungan laissèrent le désert en dehors de leur colonisation ; probablement parce qu’ils n’avaient pas encore inventés les techniques spécialisées nécessaires à la survie en milieu hostile.

 

Europe Centrale et Occidentale

Europe atlantique (Ouest-Centre & Ouest-Nord)

  • A partir de v. 2200 AEC, il devient préférable de nommer ‘’*Epicampaniformes’’ les héritiers de l’ancien peuple *Campaniforme, car des faciès régionaux bien différenciés commencèrent alors à se constituer au sein du grand domaine culturel ouest-européen.
  • Vers 2200 AEC, la péninsule hispanique Epicampaniforme entra dans le Bronze-Ancien-Initial / BA1 (v. 2200 à 1900 AEC). Comme chez leurs ancêtres *Campaniformes, l’archerie était importante chez ces peuples. On utilisait toujours le cuivre arsénié mais les forgerons commençaient également à utiliser le véritable bronze à l’étain, favorisés en cela par l’existence de quelques gisements locaux mais peut-être aussi parce que la péninsule hispanique était activement impliquée dans un réseau d’échange à longue distance. Au Portugal, la phase VNSP-3 (v. 2200 à 1900 AEC) de la culture de Vila Nova de São Pedro était la déclinaison locale de l’Epicampaniforme. Le Sud de la péninsule hispanique était partagé entre la culture du Bronze du Sud-Ouest Ibérique (v. 2200 à 1100 AEC) – à la phase BSOI-1 / Ferradeira (v. 2200 à 1900 AEC) – et la culture d’El-Argar / Argarique (v. 2200 à 1100 AEC) à la phase Proto-Argarique / El-Argar-1 et -2 (v. 2200 à 1900 AEC). De même nature que les autres cultures hispaniques, le Bronze du Levante (v. 2200 à 1100 AEC) occupait la côte méditerranéenne de l’Espagne.
  • La façade Ouest-Atlantique française avait été fréquentée par les *Campaniformes dès v. 2500 AEC ; tandis que l’intérieur des terres était demeurée de culture indigène Arténacienne (v. 2500 à 1900 AEC). Toutefois, cela ne dura pas et, v. 2200 AEC, on commença à voir apparaitre des sépultures individuelles et tumulaires, dans cette culture d’Artenac qui ne pratiquait jusque-là que des inhumations collectives selon la vieille tradition des indigènes Sémitidiques. Egalement, le cuivre diffusa dans la région, et les pointes de flèches devinrent nombreuses, signe classique d’un milieu de plus en plus acculturé au campaniforme.
  • En dehors de l’aire de la culture d’Artenac qui était encore un peu en retard, les *Epicampaniformes du Centre et l’Est de la France entrèrent dans le Bronze-Ancien-1 (v. 2200 à 1900 AEC) ; bien que nommée ainsi, il s’agissait d’une époque de transition où – contrairement aux régions de l’Est du pays, plus modernes – la culture matérielle demeurait encore essentiellement chalcolithique, malgré l’existence de quelques objets en bronze. On peut se demander si cela n’était pas un indice de la rareté de l’étain, par exemple au cas où les riches gisements d’étain des Cassitérides (Bretagne / Cornouaille) n’auraient pas encore été fonctionnels ? Les faciès régionaux de la France de l’Ouest qui fleuriront à l’époque suivante, n’étaient pas encore très différenciés. Dans la vallée du Rhône, en Bourgogne et en Suisse, se trouvait la culture Rhodanienne (v. 2200 à 1900 AEC). Comme en Provence, malgré l’existence de quelques objets en bronze véritable, ces régions demeuraient essentiellement chalcolithiques en raison probable de difficultés à s’approvisionner en étain. A l’exclusion des gens d’Artenac, tous les groupes *Epicampaniformes / Ligures français parlaient probablement une forme ancienne de la langue ligure ; ancienne parce que de beaucoup antérieure au faible matériel qui nous est parvenu et qui témoigne peut-être d’une celtisation partielle ?
  • En synchronie avec le continent, les îles britanniques entrèrent également dans le Bronze-Ancien-1 / BA1 ou période-2 (v. 2200 à 1900 AEC). En Irlande, cette phase est appelée Killha (v. 2200 à 1900 AEC). Vers 2200 AEC, assez  rapidement, la crémation remplaça les anciennes inhumations dans le Sud de l’Angleterre, et la forme des tumulus évolua. Il est difficile de savoir ce que cela signifie.
  • Partout en Europe, l’époque Epicampaniforme qui commençait fut la grande époque des débuts du bronze véritable, c’est-à-dire du bronze à l’étain. Or, lorsqu’on examine la carte du territoire *Campaniforme / *Epicampaniforme, on constate qu’il recelait la totalité des gisements d’étain en Europe : au centre du Portugal (territoire originel des *Campaniformes), en Galice, dans les pays de la Loire, en Bretagne / Cornouaille (Cassitérides) et plus marginalement en Italie du Nord et en Europe Centrale dans les monts Métallifères. L’apparition du bronze à l’étain – et la découverte des gisements atlantiques d’étain – dopa probablement le commerce le long de la façade atlantique, ce qui explique que les îles britannique – à mi-chemin du réseau commercial atlantique – reçurent aussi bien des influences venues d’Ibérie que des influences venues d’Europe Centrale. En effet, unis par les échanges au long de la voie atlantique et rhénane, le Portugal Epicampaniforme et l’Allemagne d’Unetice n’étaient que les deux extrémités d’un même monde occidental dont les deux rivages de la Manche constituaient à la fois le centre géographique et le pôle d’attraction du commerce minier.

 

Europe méditerranéenne (Ouest-Sud)

  • La culture de La Polada  (v. 2200 à 1700 AEC) était le faciès Epicampaniforme d’Italie du Nord, depuis le Piémont jusqu’à la Vénétie. La côte de Ligurie et la Romagne témoignent également de cultures proches, ainsi que les îles de Corse et de Sardaigne. Tout ce monde était vraisemblablement Ligure au sens restrictif – c’est-à-dire italo-alpo-provençal – du terme.

 

Europe égéenne et balkanique (Centre-Sud)

  • Si les Greco-Phrygiens se firent expulser de la Dobroudja et de la Moldavie roumaine par l’installation de la culture (Italique ?) de Monteoru comme nous allons le proposer [cf. Europe Centrale], ils pourraient alors s’être installés en Thrace Occidentale v. 2200 AEC à la place des populations Anatoliennes d’Ezero-3 (v. 2600 à 2200 AEC ?) ; lesquelles pourraient avoir été les Anatoliens Louvites qui traversèrent alors l’Hellespont pour s’installer en Anatolie. Leur style de poterie est parfois qualifié de proto-minyen [cf. ci-dessous].
  • Restées en arrière de ce mouvement migratoire, certaines tribus Anatoliennes parvinrent à se maintenir en Thrace orientale, le long de la côte de la mer Noire. Ce groupe – porteur de la culture de Gulobovo (v. 2200 à 1900 AEC) – était nécessairement celui des *Proto-Hittites qui restera sur place encore trois siècles avant de migrer à son tour en Anatolie.
  • Dans le même temps, nous proposons que la Macédoine et la Grèce du Nord ne furent pas affectées par l’installation des Greco-Phrygiens en Thrace Occidentale et demeurèrent aux mains des gens de Sitagroi-5 (v. 2600 à 2200/1900 AEC ?) dont nous avons proposé qu’ils étaient Anatoliens. Ces cultures sont mal connues, et les dates C14 elles-mêmes – lorsqu’elles existent – varient considérablement d’une publication à l’autre, rendant la reconstruction historique bien hasardeuse. Nous proposons cependant que ces Anatoliens là – qui ne connaitront jamais l’Anatolie – étaient les ancêtres des *Minyens de Grèce [cf. carte S]. Il se pourrait que certains d’entre eux se soient infiltrés en Grèce dès cette époque. En effet, comme en Anatolie qui devenait Louvite, on constate dès cette époque l’apparition de poteries dites Proto-Minyennes en Grèce. Nous n’insisterons pas sur ce point et ferons venir vers 1900 AEC seulement le gros du contingent Anatolien qui peuplera la Grèce Minyenne (cf. carte S).
  • Vers 2200 AEC, le monde Gréco-Egéen entra dans le Bronze-Ancien-3 / BA3 / EB3 (v. 2200 à 1900 AEC) qui se déclina en trois faciès régionaux comme par le passé :

1) En Grèce, des archéologues ont cru repérer une rupture culturelle v. 2200 AEC, matérialisant la limite entre l’Helladique-Ancien-2 et l’Helladique-Ancien-3 / HA3 / EH3 (v. 2200 à 1900 AEC). Pour certains chercheurs, c’est alors que les Grecs seraient arrivés en Grèce, mais c’est une thèse que nous ne retenons pas. L’hypothèse d’une infiltration Anatolienne improprement mais traditionnellement dite *Minyenne pourrait aussi être tentée, mais nous la reportons plus tard [cf. carte S]. Enfin, d’autres chercheurs pointent le caractère ténu du changement culturel et l’absence de kourganes édifiés sur le sol grec de cette époque. Le plus simple consiste donc à laisser les populations Tyrrhénienes / Pélasges R1b-M269* en place. Profitons-en pour dire qu’en dépit des invasions à venir, cet haplogroupe demeurera fortement représenté jusque dans la Grèce d’aujourd’hui, attestant la permanence du vieux fond Pélasge.

2) En Crète, le Minoen-Ancien-3 / MA3 / EM3 (v. 2200 à 2000 AEC) correspondit aux deux derniers siècles de la période ‘’pré palatiale’’. Les habitants étaient probablement Tyrrhéniens et ce sont peut-être leurs descendants qui seront plus tard appelés Etéocrétois. Il s’agissait d’une société innovante qui passa à la période du Bronze Moyen dès v. 2000 AEC avec le Minoen-Moyen-1 / MM1 (v. 2000 à 1900 AEC). C’est v. 2000 AEC que les premiers palais furent construits à Cnossos et à Phaistos. L’administration des cités états – voire de l’état crétois unique centralisé ? – reposait sur un système d’écriture inspiré des hiéroglyphes, que nous nommons ‘’écriture crétoise pictographique’’ et dont témoigne le disque de Phaistos qui semble cependant un peu plus récent.

3) Les Cyclades du Cycladique-Ancien-3 / CA3 / EC3 (v. 2200 à 1900 AEC) conservaient elles aussi leur peuplement Tyrrhénien / Pélasge ; de même que l’Attique et le Péloponnèse qui ne seront concernés qu’à l’Helladique Moyen par le phénomène Minyen.

 

Europe Centrale (Centre-Centre)

  • Le ‘’véritable’’ âge du bronze commença v. 2200 AEC en Europe Centrale, avec le Bronze-Ancien (v. 2200 à 1600 AEC) dont la première partie fut le Bronze-A1 / BA1 (v. 2200 à 1900 AEC).
  • Au sortir de la crise de v. 2200 AEC, la vieille culture Italo-Celte ancienne de Vucedol basée sur R1b-ZZ11 commença à se polariser en deux faciès qui dessinaient très grossièrement les futurs Italiques au Sud et les futurs Celtes au Nord, mais sans qu’il soit pour autant question d’une véritable scission entre ces peuples à une date aussi haute ; car nous allons voir que la séparation des deux ethnies sœurs fut un processus complexe :
    • Dans le Sud, l’ensemble culturel du ‘’bronze carpatique’’ (v. 2200 à 1300 AEC) est également qualifié de ‘’complexe / horizon Otomani’’ au sens large du terme. Il définissait la culture d’un groupe *Proto-Italiote auquel il faut peut-être rattacher les Illyriens (nés d’une interaction avec le substrat Cetina) et dont se détacheront prochainement les Q-Italiotes (ancêtres des Latins) au contact de la vague des champs d’urnes Gava. La société de l’horizon Otomani était fortement hiérarchisée autour d’une aristocratie militaire qui vivait dans des établissements bien fortifiés disposant de zones religieuses consacrées. La métallurgie du bronze (armes) atteignait un niveau de qualité élevé, et les aristocrates s’enrichissaient en contrôlant les stations intermédiaires d’un réseau commercial à grande distance que nous pensons avoir été animé par des *Campaniformes / Ligures qui cheminaient d’une principauté à l’autre au départ des îles britanniques (étain) et de la Baltique (ambre) jusqu’au seuil du monde balkanique. Dans cet horizon culturel Otomani, les morts étaient soit enterrés soit incinérés, mais cette dernière pratique s’amplifia au cours des derniers siècles. Ce riche horizon était dans le détail composé de plusieurs faciès apparentés : Au sens restrictif du terme, la culture d’Otomani-Füzesabony (v. 2200 à 1300 AEC) débuta parmi les groupes Vucedol du bassin de la Tisza avant de s’étendre en Roumanie de l’Ouest, Hongrie de l’Est, Slovaquie et Ukraine Transcarpatique. La culture de Wietenberg (W.) (v. 2200 à 1400 AEC), était le faciès transylvanien d’Otomani, mais avait la particularité de s’être établie sur la base locale Schneckenberg (i.e. *Tardo-Italo-Celte). Tant Otomani que Wietenberg utilisaient désormais le bronze à l’étain. Ces deux cultures proches étaient à la fois incinérantes et inhumantes.
    • Au Sud et à l’Est d’Otomani-Wietenberg, la culture de Monteoru (v. 2200 à 1400 AEC) s’établit en Moldavie roumaine, dans la région Sud-Carpatique et dans la Dobroudja ; dans ces régions, elle se superposa à la culture de Foltesti (v. 2600 à 2200 AEC) dont nous avons postulé qu’elle abrita le groupe Greco-Phrygien [cf. carte Q]. La formation de Monteoru pourrait avoir résulté d’un mouvement Otomani survenu v. 2200 AEC ; lequel aurait chassé les Greco-Phrygiens en direction de la plaine thrace en position intermédiaire d’un domino de peuple qui conduisit les Louvites à émigrer en Anatolie ? [cf. Europe égéenne et balkanique]. La culture voisine de Tei (T.) (v. 2200 à 1200 AEC) résulta peut-être du même processus en Valachie centrale et dans le Nord de la Bulgarie, de part et d’autre du Bas-Danube ; dans les derniers siècles de son existence, Tei servira de relai entre le monde Grec Mycénien et le monde Otomani. Les morts étaient inhumés à la mode steppique, en position repliée.
  • Héritier au moins en partie du groupe Campaniforme de Csepel (v. 2500 à 2200 AEC), le groupe de Nagyrev (v. 2200 à 1900 AEC) occupait la plaine entre le Danube et la Tisza ; De même origine que Csepel / Nagyrev, le groupe de Maros / Mures (v. 2500 à 1600 AEC) était aussi une communauté Epicampaniforme. Dans les deux cas, selon la logique des hypothèses ethnoculturelle adoptées ici, il se serait agi de communauté dont le substrat Ligures se diluera dans l’ensemble *Proto-Italiote. Nous pensons que ces établissements étaient des comptoirs commerciaux établis sur le territoire de principautés *Proto-Italiotes qui les protégeaient et profitaient des taxes.
  • Vers 2200 AEC, peut-être sous une influence plus marquée des *Campaniformes / Ligures installés parmi eux et à leur frontière occidentale, les gens du faciès Vucedol septentrional de Mako s’étaient déjà suffisamment différenciés de leurs frères méridionaux du bassin carpatique, pour que leur culture justifie la nouvelle appellation de complexe Unetice (v. 2200 à 1600 AEC). Ce complexe culturel – formé en Slovaquie – fut celui qui sera à l’origine des Celtes. Toutefois, il ne s’agissait pas encore de Celtes au plein sens du terme et nous proposons plutôt qu’ils constituaient encore une unité Italo-Celte récente.  Au cours de sa première phase – dite Unetice-Nitra (v. 2200 à 1900 AEC) – la culture d’Unetice était limitée à la Slovaquie en attendant de s’étendre plus tard en Tchéquie. Le bronze véritable était désormais connu dans la région et entrainait d’énormes besoins en étain ; cette ressource était présente en Allemagne campaniforme dans les monts Métallifères, mais était surtout abondante sur le littoral atlantique. Dans les deux cas, les *Campaniformes / Ligures en assuraient probablement la commercialisation à longue distance, et la région d’Unetice-Nitra aurait pu être la porte d’entrée de ce commerce de l’étain pour les peuples plus méridionaux du complexe d’Otomani ? Nous pensons que c’est cette position nodale dans le commerce à longue distance de l’étain qui incitera  le peuple d’Unetice à vouloir le contrôler ; motivation économique qui sera à l’origine du peuple Proto-Celte puis Celte [cf. cartes S & suivantes]
  • le Nord de l’Europe Centrale demeurait *Epicampaniforme. Jusqu’au Jutland et en Silésie. Les populations étant potentiellement Ligures / Ambrons. Bien sûr, tout ce monde était passé au stade du bronze véritable / BA1. Si, dans ces régions septentrionales et occidentales, nous plaçons ces Ligures dans une position de leadership qui contraste avec leur statut d’invités au sein du monde Italo-Celte du cœur de l’Europe Centrale, c’est peut-être parce que les Ligures avaient eu plus de facilité à s’imposer aux indigènes du Nord et de l’Ouest qu’ils n’en auraient eue pour faire le même sort à leurs nombreux et belliqueux cousins Italo-Celtes.

 

Europe nordique et scandinave (Centre-Nord)

  • Si toute l’Europe continentale se convertit rapidement à l’utilisation du bronze à l’étain à partir de v. 2200 AEC, les Germains de Scandinavie méridionale demeurèrent au stade Chalcolithique dans la position quasi insulaire d’une terre qui devait être ingrate en raison des oscillations froides qui se succédèrent.

 

Europe Orientale

Europe steppique et caucasienne (Est-Sud)

  • Entre v. 2200 et 1800 AEC, les steppes de la Volga, de l’Oural, du Tobol et de l’Ishim faisaient partie d’un même horizon culturel appelé Filatovka-Potapovka-Sintashta, du nom des trois cultures sœurs qui composaient cet ensemble d’Ouest en Est. Tous les peuples de cet ensemble partageaient les mêmes rituels funéraires (kourganes, sacrifices du cheval …), les mêmes armes en bronze, les mêmes types d’outils et les mêmes styles de poterie. Leur technologie bronzière et guerrière était accomplie. Nous pouvons sans trop de risque dire que leur langue yamnaya orientale était de type ‘’satem’’ et avait intégré l’augment. 1) La culture de Filatovka (v. 2200 à 1900 AEC) était une forme récente de celle des *Poltavkas occidentaux qui était située dans les steppes du Haut-Don et de la Basse-Volga. Dépourvus d’habitats fortifiés, les populations menaient une vie semi-nomade. 2) La culture de Potapovka (v. 2200 à 1900 AEC) constituait le faciès des steppes de l’Oural. Ici, l’influence Abashevo était plus marquée qu’à Filatovka, comme elle l’était aussi dans la culture de Sintashta. C’étaient les ancêtres des peuples de la culture Srubnaya / tombes à Charpentes. Les cultures de Potapovka et de Filatovka étaient probablement celles des *Proto-Cimmériens que l’on pourrait aussi qualifier de *Para-Aryens pour connoter à la fois la proximité et la différence des deux groupes. Avec les restes d’Abashevo, ces cultures seront bientôt à l’origine de la culture Srubnaya / des Charpentes. Sur le plan génétique, R1a-Z94 était en train de supplanter R1b-Z2103 qui subsistait peut-être à des taux plus élevés chez les clans les plus occidentaux. Nous avons déjà notifié ce remplacement de l’ancienne élite des steppes par une nouvelle qui diffusa peu à peu son haplogroupe acculturé à l’ensemble des steppes orientales. Nous avons formulé une hypothèse pour expliquer cette substitution [cf. carte Q]. 3) La culture de Sintashta-Arkaim (v. 2200 à 1900 AEC) a été décrite plus haut [cf. Steppes asiatiques]. Ici, la prédominance de R1a-Z94 fut totale ainsi que nous pouvons l’inférer du pourcentage écrasant de cet haplogroupe chez les Indo-Iraniens d’aujourd’hui, mais aussi chez les Altaïques et particulièrement chez les Turcs qui le diffuseront plus tard en Occident lorsqu’ils coloniseront l’Anatolie et le littoral d’Afrique du Nord. 
  • Au Nord-Caucase et dans les steppes pontiques à l’Ouest du Don, la culture des Catacombes était celle des Thraces. Vers 2100 AEC, au sortir du siècle froid, cette culture du bronze entra dans sa phase finale appelée Mnogovalikovaya / KMK / Babino (v. 2100 à 1700/1400 AEC).

 

Europe Orientale (Est-Centre & Est-Nord)

  • Vers 2200 AEC, la culture cordée récente de Pologne et de Biélorussie évolua en complexe IwnoMierzanowiceStrzyżów (v 2200 à 1700 AEC). Les cultures d’Iwno et de Mierzanowice avaient reçu une composante campaniforme ; et toutes deux étaient probablement portées par ce que nous avons appelé des *Para-Slaves, les frères occidentaux des ancêtres des Slaves historiques [cf. ci-dessous]. A l’Ouest, en Silésie, un autre groupe *Para-Slaves formait une interface avec les groupes *Epicampaniformes de l’Ouest. Plus loin à l’Est, la culture de Strzyżów était celle des ancêtres des Slaves. Toutes ces populations étaient encore technologiquement chalcolithiques mais importaient des objets de bronze depuis la région Unetice / Otomani d’Europe Centrale. Il ne s’agissait peut-être pas d’un véritable retard technologique, mais d’une plus grande difficulté à se procurer de l’étain à l’écart des circuits commerciaux de l’époque ? Ces cultures seront suivies par le complexe Trzciniec-Komarov-Sosnica qui sera leur suite génétique et bronzière. 
  • Sur la côte baltique se trouvaient les Baltes occidentaux du groupe Pamariu-Rzucewo, et de l’autre côté du golfe de Finlande ceux du groupe Kuikais, de même origine.
  • Les Baltes orientaux de Fatyanovo et de Balanovo occupaient le Nord de la grande forêt russe. Sur les piedmonts sud-occidentaux de l’Oural et dans le Sud-Est de la forêt russe, la culture Abashevo tardive (v 2200 à 1900 AEC) était villageoise et pastorale. Ses fortes relations avec les cultures steppiques firent que des groupes Abashevo participèrent à l’origine de la culture de Sintashta [cf. Steppes asiatiques]. Ces relations avec les steppes se poursuivirent tout au long de la période au point que l’on trouve des poteries Abashevo dans les tombes des cultures de Potapovka et de Sintashta. Dans ces régions d’Europe de l’Est, les gens d’Abashevo jouaient peut-être le même rôle commercial que les *Campaniformes en Europe de l’Ouest et en Europe Centrale.
  • Enfin, tout au Nord de l’Europe Orientale vivaient les derniers indigènes *Paléo-Européens, qui avaient encore une civilisation Mésolithique céramique divisée en plusieurs faciès de la Céramique / Poterie Peignée : Asbestos en Finlande, Volosovo-récent dans le bassin de la Dvina et Petchora dans ceux de la Petchora et de l’Ousa. 
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