Q – 2 500 à 2 200 AEC – Oscillation froide → SUBBOREAL moyen (2)
Q – 2.500 à 2.200 AEC – HOLOCÈNE – Oscillation froide – SUBBORÉAL moyen (2)
Climat
Autour de 2500 AEC, survint une oscillation froide et sèche qui fut relativement brève mais qui fut sévère par endroits. Naturellement, cet épisode climatique fut à l’origine de mouvements de populations. Selon la dendrochronologie, l’année 2345 AEC fut parmi les plus froides de ces 7000 dernières années et fut suivi d’une dizaine de mauvaises années selon la leçon des arbres. Cet épisode froid fut peut-être la conséquence d’une éruption du volcan islandais Hekla. Au décours de l’épisode froid, le climat s’améliora de nouveau jusque v. 2300 AEC, ce qui favorisa la propagation des nouvelles technologies du bronze. Puis, v. 2250 / 2000 AEC, un nouvel épisode péjoratif viendra de nouveau malmener les cultures humaines. Toutefois, le climat fut globalement satisfaisant entre v ; 2500 et 1900 AEC.
Afrique du Nord et Sahara
Afrique du Nord Occidentale
- L’Afrique du Nord de l’époque est mal connue. A partir de la carte Q, nous cessons de montrer les anciennes communautés épi-cardiales et épi-capsiennes en faisant l’hypothèse qu’elles avaient fini par se diluer entre les Berbères du Sahara et les *Proto-Campaniformes du littoral.
Egypte et Cyrénaïque
- C’est v. 2500 AEC, que les derniers habitants de l’Egypte extérieure (saharienne) se replièrent définitivement dans la vallée du Nil et dans les grandes oasis qui ont subsisté jusqu’à notre époque. A cause des changements climatiques, la basse vallée du Wadi Howar semble avoir été complètement abandonnée dès v. 2500 AEC, tandis que, sous la forme d’une oasis aujourd’hui disparue, des établissements humains persistèrent jusqu’au I° millénaire AEC dans la moyenne vallée de cette rivière.
- En Egypte nilotique, la fin de la 4° dynastie fut synchrone de la crise climatique de v. 2500 AEC. Les dynasties suivantes – la 5° dynastie (v. 2500 à 2350 AEC) et la 6° dynastie (v. 2350 à 2200 AEC) – bénéficièrent de l’embellie climatique qui suivit. En conséquence probable de meilleurs rendements de l’agriculture, l’Ancien Empire fut un état prospère qui englobait les oasis du désert et qui commerçait aussi bien avec le Levant Sémitique (Byblos) qu’avec le pays de Pount, c’est-à-dire probablement la côte du Soudan et de l’Erythrée désormais peuplées de Couchitiques [cf. Afrique subsaharienne de l’Est]. A la fin de la période, les Egyptiens empruntèrent la connaissance du bronze véritable à leurs voisin proche-orientaux.
- En Nubie, entre la 1° et la 2° cataracte, des nouvelles populations remplacèrent les *Austro-Egyptiens de l’ancien Groupe-A / B. Les gens du Groupe-C (v. 2500 à 1500 AEC) étaient vraisemblablement des Nilo-Sahariens, peut-être des Nilotiques, qui avaient remonté le Nil lors de la crise climatique ou à son décours [cf. ci-dessous] ; de fait, sur le plan anthropologique, on constate en Nubie le remplacement de l’ancienne population Europoïde par une nouvelle population aux caractéristiques physiques davantage Africoïde.
- Plus au Sud, entre la 2° et la 4° cataracte, la culture Pré-Kerma laissa la place à celle de Kerma ancien (v. 2500 à 2200 AEC) qui, elle aussi, doit probablement être attribuée à une population Nilo-Saharienne du groupe Nilotique Nubien qui s’implanta à cette époque et qui était de même nature anthropologique que les habitants du Groupe C [cf. ci-dessous]. Tous ces groupes méridionaux étaient déjà chalcolithiques et allaient prochainement emprunter la connaissance du bronze à leurs voisins Egyptiens. C’étaient des pasteurs et des agriculteurs sédentaires. Dans un processus d’amalgamation ethnique propre aux peuples pratiquant une économie de production, ils juxtaposèrent divers haplogroupes ADN-Y rencontrés.
Sahara
- Au Sahara, l’épisode sec de v. 2500 AEC fut certainement désastreux pour les derniers pasteurs bovidiens Tchadiques. Ils furent alors contraints de migrer au Sud du lac Tchad où leurs descendants se trouvent toujours aujourd’hui et où l’archéologie montre qu’ils introduisirent Bos taurus aux alentours de cette date.
- En contrepartie, les *Berbères anciens s’installèrent sur leurs traces avec leurs troupeaux de moutons et de chèvres. L’élite du peuple Berbère était enterrée sous des tumulus formés d’amoncellement de pierres – que les Berbères d’aujourd’hui nomment adebni / idebnan – et qui ne semblent rien devoir aux traditions des steppes.
Afrique sub-saharienne
Afrique subsaharienne de l’Est
- Originaires d’Arabie, nous proposons que les pasteurs Couchitiques arrivèrent dans la corne de l’Afrique v. 2500 AEC ; il est possible que la dégradation climatique ait asséché les prairies du Sud de l’Arabie, confrontant les bouviers au risque de perdre leurs troupeaux et à une accentuation des tensions intertribales ; de tels évènements pourraient avoir incité certaines tribus à rechercher de nouveaux pâturages de l’autre côté du détroit ? En synergie avec ces préoccupations pastorales, c’est v. 2500 AEC que l’on observe le plus ancien art pariétal bovidien dans la corne de l’Afrique. Ce groupe migrant constituait probablement la fraction du peuple Couchitique dont la langue ancienne était à l’origine des langues africaines actuelles dites nord-couchitiques et centre-couchitiques. La plus grande proximité de ces deux groupes au sein de l’ensemble linguistique couchitique global, incite à penser que leurs locuteurs formaient au départ un groupe particulier que nous appelons *Nord-et-Centre-Couchitique.
- Une fois sur le sol africain, une fraction des tribus *Nord-et-Centre-Couchitiques migra vers le Nord et s’établit sur la côte de l’Erythrée et du Soudan que les Egyptiens connurent dès lors sous le nom de ‘’Pays de Pount’’. Ces Nord-Couchitiques / *Pountiques apportèrent dans la région une civilisation métallurgique déjà avancée, qui était bien supérieure à celle des indigènes mésolithiques qu’ils recouvraient et qui étaient probablement des groupes *Paléo-Nilotiques littoraux. Dans les cartes suivantes, il ne sera plus question de ce vieux groupe *Paléo-Nilotique que nous avons été obligé de postuler et qui se fondit dans les nouveaux peuples qui l’avaient recouvert.
- l’intrusion des Couchitiques malmena probablement leurs cousins Omotiques arrivés en Afrique de l’Est avant eux, lors de la crise climatique précédente aux alentours de 2800 AEC. Ceux-ci pourraient avoir été expulsés vers le Sud du massif éthiopien, dans les actuelles provinces éthiopiennes de Somali et d’Oromo. Les Centre-Couchitiques prirent alors la place des Omotiques dans la région des Afars et des Issas.
- Aux alentours de 2700 AEC, nous avons laissé s’étendre vers le Nord et vers l’Ouest les groupes Koman, Centre-Soudanique (dont les Kunama) et Saharien (ancêtres des Toubous actuels) dont les langues nous permettent de penser qu’ils se séparèrent du groupe Nilo-Saharien originel dans l’ordre que nous venons d’indiquer. Dans le homeland méridional des Nilo-Sahariens demeurait un quatrième sous-groupe appelé Proto-Sahélien.
- C’est peut-être entre 2500 et 2200 AEC que ces populations Nilo-Sahariennes Proto-Sahéliennes s’étendirent à leur tour et se fragmentèrent bien évidement en plusieurs composantes qui durent malmener les peuples Nilo-Sahariens cousins qui s’étaient installés au Nord avant eux :
1) Le sous-groupe Fur-Maban (comprenant les futurs Songhaï qui, plus tard, migreront jusqu’au Sud du Niger et au Mali) s’installa au Darfour, à l’Est du lac Tchad.
2) Le groupe Nubien migra vers le Nord et s’installa au Nord de la confluence des deux Nils où il établit la culture de Kerma à sa phase ancienne. Le peuple du groupe-C pourrait avoir été de même origine que lui, où bien avoir appartenu à un groupe Nilo-Saharien plus ancien comme le peuple Koman qui aurait ainsi été refoulé vers le Nord par l’arrivée des Nubiens ? Par ailleurs, ce mouvement Nubien cantonna les Koman entre les deux Nils et les Kunama à l’Est du Nil Bleu.
3) Le groupe Jebel se détacha ensuite et s’installa au Soudan, au Sud des Nubiens.
4) Enfin, resté entre les marais du Sudd et le lac Victoria – dans la région originelle de l’ensemble Nilo-Saharien – demeura le groupe Nilotique proprement dit ; un groupe qui porte bien mal son nom puisque les peuples qui en sortiront (Alur, Luo, Datoga, Massaï, Turkana) habiteront le Sud-Soudan, le Nord de l’Ouganda, l’Ouest du Kenya et le Nord de la Tanzanie, sans jamais connaître les rives du Nil. Ces populations demeurèrent basées sur E2 comme l’était probablement le groupe Nilo-Saharien originel.
- La colonisation Nilo-Saharienne de l’Afrique Subsaharienne de l’Est laissa subsister l’ilot Kordofanien – groupe frère des Niger-Congos – qui est parvenu jusqu’à nous.
- Au cœur du massif éthiopien, subsistait toujours la vieille population épipaléolithique / mésolithiques *Paléo-Ethiopienne qui restait encore en marge des progrès technologiques et des changements ethnolinguistiques qui s’opéraient à ses pieds.
- De même, des groupes *Paléo-Somaliens devaient subsister en Somalie, sur les côtes de l’Océan Indien.
Afrique subsaharienne de l’Ouest
- C’est peut-être v. 2500 AEC que les pasteurs Tchadiques, repoussés par la nouvelle avancée du désert, vinrent s’installer autour du lac Tchad qui demeurait bordé de belles prairies comme l’avaient autrefois été les lacs du Sahara en cours d’asséchement. Cette intrusion ethnolinguistique sépara les aires linguistiques nigéro-congolaises (à l’Ouest) et nilo-sahariennes (à l’Est). Ce sont probablement ces Tchadiques qui répandirent massivement l’haplogroupe R1b-V88 au Cameroun et au Nigéria, en parvenant à s’imposer comme les nouveaux chefs coloniaux des communautés locales E1b1a avec lesquelles ils se métissèrent.
- A l’instar des Nilo-Sahariens, les Nigéro-Congolais E1b1a connurent une importante expansion v. 2500 AEC. Tout le couloir sahélien à l’Ouest du lac Tchad finit d’être colonisé par leurs communautés agricoles jusqu’à la côte de l’océan atlantique. A cette époque, les Nigéro-Congolais n’avaient probablement pas fait l’acquisition de Bos taurus. Un courant de colonisation en direction du Nord fut à l’origine du sous-groupe Atlantique qui n’était pas encore localisé à proximité de l’Océan, mais qui stationnait plutôt alors sur la bouche du Niger ; tandis qu’un courant de colonisation en direction de l’Ouest mettait en place le sous-groupe Mandé. Sur leur passage, ils intégrèrent à la marge les anciennes populations *Ouest-Africaines E1a, et les vieux peuples DE*, A00, A0 et A1 de la côte atlantique.
- Cette grande expansion coloniale des Nigéro-Congolais, laissa en place des ilots indigènes descendant des populations mésolithiques développées que nous avons appelées *Ouest-Africaines et que nous avons basées sur E1a. Les Dogons du Mali (dont les ancêtres ne portaient certainement pas ce nom) et les Idjo du delta du Niger et de la Bénoué, constituent des résidus de ces populations antérieures aux Nigéro-Congolais, ainsi que l’atteste la fréquence élevée de E1a parmi leurs haplogroupes ADN-Y et quelques particularités de leurs langues.
Forêt pluviale
- C’est peut-être parce qu’ils vivaient désormais en marge de communautés agricoles que les rapports évoluèrent entre les Pygmées de l’orée de la forêt pluviale et leurs voisins Nigéro-Congolais et Nilo-Sahariens Centre-Soudaniques. Outre les probables raids guerriers lancés par les communautés agricoles contre les peuples de la forêt – aux motifs classiques de vengeances contre le pillage des récoltes, de rites initiatiques et du simple plaisir du massacre – se mit peut-être en place un système d’échanges de type céréales contre produits de la forêt ? Ainsi, sans attendre l’expansion Bantoue qui accentuera prochainement le phénomène, c’est peut-être dès cette époque que s’intensifia la percolation des haplogroupes ADN-Y néolithiques E1b1a et E2 en direction des Pygmées qui devaient jusque-là exclusivement porter des variants de l’haplogroupe B, et particulièrement B2b. Dans le même temps les langues des Pygmées s’en trouvèrent affectées, au point que celle des Mbuti fait aujourd’hui partie du groupe centre-soudanique (composante de la famille nilo-saharienne), tandis que celle de leurs cousins Baaka de l’Ouest fait aujourd’hui partie du groupe nigero-congolais. Ces observations, et beaucoup d’autres que nous relatons, doivent convaincre chacun que le fait colonial n’est pas une invention des Européens du XIX° siècle de notre ère, mais est un mécanisme fondamental de la bouillonnante et jamais terminée genèse des peuples.
Afrique du Sud
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Asie Occidentale Méridionale (Levant, Proche-Orient, Moyen-Orient, Anatolie, Arabie)
- Au Levant, la période du Bronze-Ancien / cuivre arsénié se termina vers 2500 AEC. Le Bronze-Moyen correspondit à son remplacement par le bronze véritable (i.e. à l’étain) qui était de meilleure qualité et qui se répandit rapidement à la fois au Nord et au Sud du Caucase. C’est peut-être chez les Sumériens que survint cette innovation, c’est-à-dire dans une région dépourvue de gisements métallifères. Ce constat géologique implique naturellement l’existence d’un réseau commercial solide si l’on considère que les principaux gisements d’étains étaient situés en Anatolie et en Asie Centrale. Dès son invention, la technologie du bronze véritable diffusa très rapidement dans toutes les directions. Vers 2200 AEC, il était connu d’Ouest en Est entre l’Egypte et le pays de l’Indus, et du Sud au Nord entre le pays de Sumer et les steppes.
- Grâce aux textes qui sont parvenus jusqu’à nous, l’histoire politique de la Mésopotamie de l’époque commence à être partiellement accessible. En dépit des chronologies fabuleuses produites par les listes royales, ces lointains documents nous livrent des noms de souverains qui ont vraisemblablement existé et nous renseignent sur une succession de leaderships, passant d’une cité-état à l’autre, qui reflète vraisemblablement une réalité évènementielle. Entre autres villes Sumériennes, il se pourrait que celles d’Uruk, de Mari et de Kish ont unifié la Mésopotamie chacune à leur tour. Puis, après une nouvelle hégémonie de la cité d’Uruk, un leader Est-Sémitique s’empara du pouvoir à Kish et unifia toute la Mésopotamie du Sud sous la bannière de la ville d’Akkad (v. 2300 à 2150 AEC). Cet évènement ne résulta vraisemblablement pas d’un conflit ethnique mais prit simplement l’apparence d’une simple rupture dynastique parmi tant d’autres ; toutefois, il témoignait certainement d’un renforcement progressif de la composante Est-Sémitique en Mésopotamie du Sud, région qui avait été exclusivement Sumérienne autrefois. La carte Q voit donc l’effacement de l’ethnie Sumérienne. Au cours du XXIII° siècle AEC, l’état d’Akkad s’étendit administrativement depuis le Sud mésopotamien jusqu’aux Moyennes vallées du Tigre et de l’Euphrate où il vassalisa les tribus et les proto-états locaux (dont l’Assyrie sur le Moyen-Tigre) ; mais des conquêtes sans lendemain le portèrent plus loin encore, jusqu’à la côte syrienne. Son extension remarquable lui a souvent valu le qualificatif d’empire akkadien ; ce fut le premier empire attesté dans l’histoire, au sens d’un gouvernement fédéral superposé à plusieurs états nations.
- En Syrie et à l’Ouest de l’Irak, les états de Mari (v. 2500 à 2300 AEC) sur l’Euphrate et d’Ebla (v. 2500 à 2300 AEC) sur la côte se partageaient la région v. 2500 AEC. Ces gens étaient – au moins ceux d’Ebla – des Nord-Sémitiques. Cependant, Ebla et son groupe ethnique ne sont pas représentés sur la carte Q car Ebla fut détruite v. 2300 AEC ; en conséquence, le groupe Nord-Sémitique se dilua probablement dans le groupe Est-Sémitique.
- En Anatolie Occidentale, v. 2400 AEC, la ville de Troie-2 fut détruite par un incendie. Rebâtie, elle devint Troie-3 (v. 2400 à 2200 AEC) sans rupture culturelle apparente ; ce qui nous permet de la conserver dans la sphère ethnolinguistique et culturelle Tyrrhénienne qui s’était établie dès le temps de Troie-1. Au cours de ces trois premières strates de son existence (Troie-1-2-3), la ville a été qualifiée de ‘’Troie maritime’’ parce qu’elle était très liée aux îles de la mer Egée, et en particulier à Chios, Lemnos, et Lesbos où florissaient d’autres communautés du peuple Tyrrhénien.
- En Anatolie Orientale et au Sud-Caucase, la culture de Kura-Araxe / Culture Transcaucasienne Ancienne (v. 3500 à 2500 AEC) se fragmenta vers 2500 AEC. L’apparition du bronze véritable dans la région fut-il un élément moteur de cette évolution ? A cette époque, une nouvelle intrusion Indo-Européenne venue du Nord-Caucase atteignit le Sud-Caucase et fut le ferment de la culture de Trialeti (v. 2500 à 1900/1800 AEC). Moins étendue que celle de Kura-Araxe qui l’avait précédée, la culture de Trialeti demeura essentiellement centrée sur les bassins de la Kura et de l’Araxe, avec des expansions en direction du lac de Van. Sa composante indo-européenne se traduisit en particulier par l’érection de grands kourganes surmontant les sépultures aristocratiques. Toutefois, comme déjà à l’époque de Kura-Araxe, il est vraisemblable que la langue kartvélienne indigène parvint à se maintenir ; car c’est très probablement de l’aire Trialeti qu’émergera le groupe Kartvélien des Hourri / Hourrites.
- Hors de cette zone Trialeti / Hourri, du Haut-Euphrate et d’Arménie, on peut commencer à mentionner d’autres groupes ethniques sur les cartes : Les Hattis (plateau anatolien) et les Gasgas (côte Sud de la mer Noire) étaient les héritiers du peuple que nous avons appelé Sémitidique anatolien ou Hattien. Quant à eux, les Colches (côtes de Géorgie) étaient probablement un peuple indigène Kartvélien qui n’avaient pas été directement impactés par la culture de Kura-Araxe. Au-delà de l’adoption du bronze véritable, cette région du Monde continuait à innover en matière de métallurgie ; ainsi, le plus vieil objet connu réalisé en fer fondu est un poignard Hatti datant de v. 2500 AEC.
- Au Nord-Zagros, dans la région du lac d’Ourmia, les Gutis pourraient avoir été un groupe épigone de la culture de Kura-Araxe. De même, le groupe Khirbet-Kerak d’Anatolie Orientale – détaché trois siècles plus tôt de la culture de Kura-Araxe – devait être constitué de populations proches des Hourrites qui sont ici appelées Azzi. Quant au pseudopode nord-levantin de ces Khirbet-Kerak [cf. carte P], il pourrait s’être fondu dans les populations Sémitiques locales car il n’a pas laissé d’épigones.
- La technologie du cuivre arsénié était déjà connue au Yémen depuis v. 2600 AEC, et atteignit l’Oman v. 2400 AEC. En Oman / pays de Magan, il se pourrait que le progrès fut venu de la sphère élamite ?
- A l’Ouest de la péninsule arabique en voie de désertification, la descente du groupe Sud-Sémitique / Ethiopique fut peut-être portée par le bronze véritable ? Elle dut se faire au détriment du groupe Couchitique qui occupait auparavant l’Arabie du Sud. En concordance, c’est peut-être v. 2500 AEC que des Couchitiques traversèrent en Afrique de l’Est et constituèrent le sous-groupe Nord-et-Centre-Couchitique [cf. Afrique subsaharienne de l’Est]. Les couchitiques demeurés en Arabie constituèrent dès lors le groupe Sud-et-Est-Couchitique.
Iran, Asie Centrale, Steppes Asiatiques Occidentales, Sibérie Occidentale, Altaï
- Au Nord-Ouest de l’Iran (Sud du Louristan), le royaume d’Awan (Aw) émergea v. 2500 AEC. S’agissant du plus ancien état Elamite dont nous possédons la liste royale, il semble avoir été le noyau autour duquel s’agrégèrent d’autres états pour constituer le premier empire d’Elam. Vers 2400 AEC, toujours dynamiques, les rois d’Awan dominèrent peut-être brièvement la Basse-Mésopotamie encore pleinement Sumérienne. Cent ans plus tard, au moment où émergea le royaume Est-Sémitique et Sumérien d’Akkad v. 2300 AEC, Awan était parvenu à dominer un véritable empire Elamite désormais étendu au Zabshali (Za), à Anshan (An), au Sherihum (Sh) et au Simashki (Si). Selon les Akkadiens qui vainquirent leur coalition, le royaume d’Elam était alors allié au royaume de Marashi (Gédrosie). Cinquante ans plus tard, v. 2250, la même coalition Elamite et Marashi aurait de nouveau été vaincue par Akkad. La Susiane n’était pas élamite à cette époque, mais constituait encore pour longtemps une annexe de la Mésopotamie Sumérienne et Sémitique.
- Au sortir de l’oscillation climatique péjorative de v. 2500 AEC, l’horizon culturel BMAC / civilisation de l’Oxus entra dans sa phase dite classique (v. 2500 à 1800 AEC). A cette époque, se mit en place une société proto-urbaine et proto-étatique centrée sur de grands établissements comme Namazga-4 (v. 2500 à 2300 AEC). Au travers d’un réseau commercial à longues distances dont l’une des extrémités était la Mésopotamie suméro-akkadienne, cette civilisation couvrait désormais toute l’Asie Centrale méridionale, depuis le royaume d’Elam jusqu’à la vallée de l’Indus harappéenne, en passant par l’ensemble du plateau iranien, l’Afghanistan et le Pakistan. Vers 2500 AEC, l’apparition du tour de potier et du bronze bouleversa la culture matérielle de ces gens. Ces progrès technologiques avaient probablement transité depuis le Proche-Orient ? Mais il n’est pas impossible que quelques infiltrations Indo-Européennes *Anté-Aryennes / *Poltavka, aient également contribué à les implanter ? Toutefois, si elle exista, cette composante steppique demeura limitée en Asie Centrale car nous ne trouvons pas de restes de chevaux dans les sites BMAC de l’époque. Une telle observation rend peu crédible que l’élite politique du monde BMAC classique ait parlé une langue indo-européenne comme le proposent certains chercheurs qui attribuent cette civilisation aux ancêtres des Indiens. Nous ne les suivons pas et pensons qu’il s’agissait de populations Elamoïdes étroitement apparentés aux Elamites.
- L’horizon BMAC atteignit son apogée v. 2300 AEC, correspondant au début de la phase Namazga-5 (v. 2300 à 1800 AEC). Dopées par l’acmé de l’optimum climatique, les agglomérations atteignirent de grande taille et s’entourèrent d’enceintes fortifiées qui les protégeaient des autres cités-états avec lesquelles elles rivalisaient pour le contrôle des routes commerciales. Il s’agissait de véritables villes au sens moderne, car elles abritaient une administration palatiale et des établissements religieux dont les bâtiments étaient parfois déclinés dans une architecture monumentale. Les plus grandes de ces villes étaient probablement les capitales de proto-états commerciaux qui rayonnaient sur un ensemble d’oasis ou de vallées dont les nombreux villages étaient peuplés d’agriculteurs (blé et orge) maitrisant l’irrigation ; ces gens utilisaient le charriot et avaient domestiqué le chameau. Les tablettes élamites et akkadiennes nous livrent le nom de plusieurs proto-états ou même de royaumes qui ponctuaient cette koinè culturelle [cf. carte R]. Sur l’aire culturelle BMAC strictement définie (Bactriane, Margiane, Sogdiane) les entités politiques préfiguraient peut-être déjà les futures provinces assyriennes puis achéménides, car celles-ci seront plus tard dictées par la géographie : c’est pourquoi nous proposons qu’il exista dès cette époque des proto-états de Margush / Margiane, de Bakhtrish / Bactriane, de Suguda / Sogdiane ou encore de Parthava / Parthie. Sur les piedmonts du Kopet-Dag, Namazga-5 et Altyn-Depe étaient probablement les capitales de leurs régions respectives. Tous ces proto-états pourraient correspondre à ce que les Akkadiens appelaient globalement Anakku (?), du terme qui désignait l’étain dans leur langue. De fait, cette région figure parmi celles – pas si nombreuses au Monde – où était extrait ce métal qui était devenu indispensable à la nouvelle technologie du bronze véritable. Au Sud-Est de l’Iran, le royaume d’Aratta correspondait peut-être à la Zranka / Drangiane / Seistân, sur le Bas-Hilmend / Arakottos. Sur le Haut-Hilmend / Arakottos, les Harappéens de l’Indus avaient fondé le comptoir colonial de Mundigak dans le but de faciliter leurs échanges avec le monde BMAC. Le royaume de Marhashi (v. 2600 à 1800 AEC ?) était situé en Gédrosie occidentale. Encore plus loin vers le Sud-Est, l’état ou le groupe d’états appelés Meluhha correspondait à la civilisation harappéenne [cf. ci-dessous Indes]. En Karmana / Carmanie, au Centre de l’Iran, se trouvait le royaume de Shimashki, dont la dynastie régna un temps sur la confédération Elamite, postérieurement à la dynastie d’Awan. Les royaumes Elamites du Zagros ont déjà été défini [cf. ci-dessus].
- Vers 2600 AEC, les Yamnayas orientaux que nous appelons désormais *Poltavkas – en leur donnant le nom de la phase culturelle de leur époque (v. 2600 à 2200 AEC) – s’étaient installés sur une grande partie des steppes asiatiques occidentales. Au point que v. 2400 AEC, les *Poltavkas orientaux occupaient l’ensemble du Kazakhstan actuel. Ces gens habitaient des villages sédentaires où ils vivaient à la fois de l’agriculture et d’un pastoralisme dont l’envergure limitée était contrainte par ce mode de vie. Leur langue était ‘’satem’’ et ils devaient encore être basés sur R1b-Z2103. Vers 2400 AEC, ils furent probablement à l’origine de l’installation de la culture de Begash-1 (v. 2400 à 1700 AEC) au Semiretchie (Sud du lac Balkhach) ; en effet, c’est alors qu’on trouve pour la première fois dans la région, du bétail et des céréales originaires du Proche-Orient.
- A l’extrême Est des steppes asiatiques, c’est peu après 2500 AEC que les gens d’Afanasievo acquirent la technologie du bronze véritable (i.e. à l’étain). Une date si ancienne – c’est-à-dire aussi proche de l’invention du bronze véritable – impressionne, car elle est contemporaine de la diffusion du bronze véritable au Sud et au Nord du Caucase ; elle signifie nécessairement que l’ensemble des steppes était parcouru par une route commerciale efficace où transitaient rapidement les techniques et les idées, dans un monde où les gens se comprenaient peut-être encore facilement de part en part. Cette évolution pourrait justifier l’identification d’une nouvelle phase culturelle appelée Okunevo qui débuta v. 2400 à 2300 AEC et que l’on pourrait attribuer à un Horizon Post-Afanasievo / Afanasievo tardif. Toutefois, l’histoire de ces populations orientales dut être plus complexe que cela. En effet, la population d’Okunevo comportait 25% d’hommes R1b- (pouvant être R1b-Z2103 et/ou R1b-M73 ?) qui étaient logiquement les descendants du peuple Indo-Européen *Afanasievo, mais également 50% d’hommes N1a que l’on peut penser d’origine Ouralienne, et 25% Q1b1-L54 (pouvant être son variant Q1b1-L330) qui pourraient avoir été les descendants de groupes Kitoï du Baïkal ou de groupes venus de la dépression de Kobdo (culture de Chermurchek) ? L’importante proportion archéogénétique de N1a pourrait nous conduire à changer l’affiliation ethnolinguistique de la région d’Afanasievo sur la carte Q ; toutefois, il est possible que les éléments N1a aient été acculturés par le peuple *Afanasievo selon un schéma comparable à celui qui sera décrit pour R1a-Z94 [cf. ci-dessous]. Dans le doute où nous sommes de la langue parlée à Okunevo, les éléments matériels de type Afanasievo nous conduisent sans certitude à la maintenir dans le monde Indo-Européen.
- Entre steppes et marécages, les cultures chalcolithiques de la forêt – dites de Surtanda et d’Odinovo – poursuivaient la tradition de la Poterie Peignée enrichie des technologies du cuivre arsénié. Nous avons proposé de les baser sur R1a-Z93.
- Sur le Moyen-Ienisseï et ses affluents, les *Proto-Ienisseïens demeuraient très en retard. Nous pensons qu’ils étaient toujours basés sur C2b1a2, bien que l’haplogroupe prédominant chez les Kets soit aujourd’hui Q1b1-L330.
Baïkalie, Sibérie Orientale, Arctique
- En Cis-Baïkalie également, c’est peu après 2500 AEC, que les Ouralo-Youkaghires de culture Glaskovo furent initiés à la métallurgie du bronze ; vraisemblablement par les Indo-Européens d’Afanasievo qui venaient eux-mêmes d’en faire l’acquisition. C’est peut-être en relation avec cet important progrès que commença à se fragmenter ce peuple qui était jusque-là demeuré unitaire : les tribus du Haut-Ienisseï et du Haut-Ob seront bientôt à l’origine des Ouraliens Finno-Ougriens, et c’est ce groupe qui pourrait aussi avoir été impliqué dans la formation de celui d’Okunevo v. 2300 AEC ; à leur contact immédiat les futurs Ouraliens Samoyèdes devaient occuper la vallée de l’Angara ; plus loin à l’Est, sur la Haute-Léna, se tenaient peut-être déjà les futurs Youkaghires. La fragmentation de l’ensemble Ouralo-Youkaghire allait initier une grande épopée colonisatrice qui est aujourd’hui bien oubliée mais que l’omnipotence actuelle de N1a dans toute l’Eurasie septentrionale nous permet heureusement de reconstituer [cf. cartes R & suivantes].
- Vers 2400 / 2300 AEC, de nouvelles populations atteignirent le Nord de la Sibérie Centrale, y compris la péninsule de Taïmyr. Il s’agissait vraisemblablement des Tchouktches de culture Ymyiakhtakh qui avaient enfin atteint l’extrémité septentrionale du boulevard de la Lena et qui se répandait maintenant sur la côte de l’Océan Arctique à la faveur de l’embellie climatique.
- La culture *Proto-Tchouktche de Bel’Kachi se maintenait cependant en Yakoutie Orientale.
- A l’extrémité nord-orientale du continent, les (Néo)Eskimos conservaient leur vieille tradition mésolithique acéramique.
- A la même époque, v. 2400 / 2300 AEC, profitant eux aussi de l’épisode clément, les Nivkhes du Bas-Amour progressèrent le long de la côte Sud de la mer d’Okhotsk. Devenus tout récemment agricoles [cf. Extrême-Orient], ils apportèrent les premières poteries et quelques rudiments agricoles sur cette côte peu hospitalière.
Chine, Mongolie, Mandchourie, Corée, Japon
- La Chine du Nord était le domaine des Chinois Han, porteur de la culture de Longshan (v. 3000 à 1900 AEC). A l’Ouest elle se prolongeait par la culture Longshan du Shandong (v. 2600 à 1900 AEC) ; cette province maritime de Longshan s’en différenciait néanmoins du fait de ses composantes indigènes et peut-être par la survivance de dialectes austronésiens ? A l’Ouest se trouvait la culture de Majiayao à la phase Majiayao-Machang (v. 2500 à 1900 AEC), qui était également portée par des Chinois. Elle faisait le lien avec les Tibéto-Birmans du plateau tibétain, qui étaient de même origine désormais bien lointaine.
- Sur le Moyen-fleuve-Bleu, la culture de Shijiahe (v. 2500 à 1900 AEC), certainement portée par les Hmong-Mien, remplaça celle de Qujialing v. 2500 AEC. Il est possible que, dès cette époque, les Hmong-Mien aient entamé le mouvement vers l’Ouest qui allait les porter vers leurs régions historiques. Ce mouvement qui dut affecter le Néolithique du Yunnan était-il lié à une pression que les Chinois Han exerçaient sur les Hmong-Mien au Nord ?
- Au Sichuan Oriental, la culture Chinoise de Yingpanshan (v. 3200 à 2500 AEC) fut remplacée par une poussée des Hmong-Mien du fleuve Bleu qui implantèrent à sa place la culture de Baodun (v. 2500 à 1700 AEC) basée sur le millet comme son prédécesseur, mais aussi sur le riz. Au Sichuan Occidental et dans le Nord du Yunnan, la culture Chinoise de Karuo (v. 3200 à 1900 AEC) se prolongeait.
- Les Austronésiens de l’embouchure du fleuve Bleu portaient toujours la culture de Liangzhu (v. 3500 à 1900 AEC). Ceux qui vivaient plus au Sud portaient celle de Tanshisan ; ces derniers étaient les ancêtres linguistiques des Vietnamiens que nous pouvons désormais commencer à désigner sous ce nom. De même origine Austronésienne, des marins Formosans commencèrent à quitter leur île v. 2500 AEC pour coloniser les Philippines où ils devinrent les Malayo-Polynésiens [cf. Malaisie, Australie, Océanie].
- Sur le littoral Sud, les Daïques / Taï-Kadaï portaient la culture néolithique de Baiyangcun (v. 2500 à 1900 AEC).
- Vers 2500 AEC, la culture Chemurchek / Qiemu’erqieke / Khemceg (v. 2500 à 1700 AEC) émergea de part et d’autre de l’Altaï, de l’Altaï Mongol et en Dzoungarie. Même si nous en ignorons précisément l’extension, les régions de Russie et du Kazakhstan voisines de l’Altaï pourraient aussi avoir appartenu à cet horizon culturel. Cette culture n’est connue que par quelques tombes qui contenaient du matériel de type Afanasievo et Okunevo et qui étaient parfois surmontées de stèles anthropomorphes. Comme à Okunevo, on pourrait avancer le terme d’Horizon Afanasievo tardif pour la situer dans un contexte plus large. On sait peu de chose du mode de vie de ces populations. L’agriculture n’est pas attestée mais les animaux domestiques proche-orientaux étaient présents ainsi que les chevaux. L’identité ethnique est indéterminée mais les tombes contiennent des individus Europoïdes et le plus logique consiste donc à penser qu’il s’agissait d’épigones de la culture d’Afanasievo. A l’instar de celle d’Okunevo, on peut cependant avancer un certain degré d’interpénétration entre des éléments steppiques qui semblent avoir été prédominants et des *Proto-Turco-Bulgares rencontrés au Kobdo ?
- Dans le même temps, le reste de la Mongolie Occidentale (i.e. Kobdo excepté) et toute la Mongolie Orientale devaient demeurer de culture néolithique ou peut-être chalcolithique ? Cette région est très mal connue à cette époque. Nous penchons plutôt pour des peuples mésolithiques chasseurs-cueilleurs céramistes et au moins proto-agricoles à défaut, peut-être, d’être pleinement agricoles.
- En Mongolie Intérieure, la culture pastorale de Xiaoheyan (v. 3000 à v. 2200 AEC) pourrait avoir été basée sur N1a*. Le mode de vie devait consister en un petit pastoralisme à distance relative de villages sédentaires où l’agriculture était pratiquée.
- Au décours de l’épisode climatique de v. 2500 AEC, une économie agricole (millet), apparut sur le Bas-Amour. Il se pourrait que ce progrès culturel ait été porté par le Nivkhes, dont nous avons fait les cousins méridionaux des Tchouktches. L’agriculture fut-elle une invention locale ? Où faut-il invoquer des contacts avec la proche Corée, où les *Paléo-Coréens de culture Jeulmun-moyen (v. 3500 à v. 1500 AEC) étaient déjà proto-agricoles depuis 1000 ans ? Au cours de l’épisode clément, des groupes Nivkhes du Bas-Amour s’installèrent sur la côte Sud de la mer d’Okhotsk.
Indes
- Vers 2500 AEC, la culture des Harappéens du Pakistan entra dans sa phase mature dite Harapéen-3 (v. 2500 à 1900 AEC), que nous situons en synchronie avec la phase mature de l’horizon BMAC dont elle constituait sensu lato la province sud-orientale. Cette culture de l’âge du bronze pourrait avoir été portée par une constellation de proto-états ; mais il n’est pas possible d’exclure l’existence d’une centralisation qui pourrait avoir été au moins partielle à certaines époques. Les habitants du Proche-Orient nommaient la région Meluhha. Elle s’étendait d’Ouest en Est depuis la Gédrosie orientale (culture de Kulli) jusqu’au Sind, et du Sud au Nord depuis les embouchures de l’Indus et de la Sarasvatî indienne jusqu’aux piedmonts himalayens. Sur le plan génétique, la civilisation harappéenne – qui était désormais pleinement constituée – devait être portée par l’haplogroupe L1. De nos jours, cet haplogroupe est bien représenté chez les populations ‘’intégrées’’ de la plaine de l’Indus et de la côte Ouest de l’Inde. Mais dans le monde tribal indien – qui reflète plus exactement l’Inde pré-indo-européenne – l’haplogroupe L1 est particulièrement fréquent dans l’ensemble du Pakistan, ainsi que dans le Gujarat, le Maharashtra, le Rajasthan, le Pendjab, l’Haryana et le Cachemire. Ces populations de l’Indus disposaient d’un système d’écriture qui demeure indéchiffré car nous ne possédons aucun texte de grande longueur. De nombreux chercheurs se sont acharnés à tenter de lire un dialecte dravidien, mais sans beaucoup de succès. Ce peuple que nous identifions pourtant comme *Proto-Dravidien parlait plutôt un dialecte élamoïde méridional et oriental qui devait être encore relativement proche de l’élamite ? Dans le scénario que nous serons amenés à reconstituer, la famille actuelle des langues dravidiennes découlera parfaitement de cette langue de l’Indus, mais seulement après l’action de substrats linguistiques indigènes rencontrés en Inde Centrale et en Inde du Sud au cours de pérégrinations inconnues qui surviendront après l’effondrement de la civilisation harappéenne. Rappelons que la famille linguistique dravidienne actuelle n’est homogène que parce qu’elle est récente. On est donc en droit d’avancer qu’elle est le produit d’un seul rameau post-harappéen qui a vécu une histoire singulière ; et que – faute de cognats parvenus jusqu’à nous – cette singularité ne nous permet pas d’accéder directement à la langue de l’Indus.
- A l’est de la civilisation de l’Indus perdurait un Néolithique indigène qui est mal décrit et dont la connaissance pâtit d’un foisonnement de dénominations très localisées et mal datées. En étendant la culture néolithique du Rajasthan à tout le centre de l’Inde, nous attribuons cette époque à la culture d’Ahar parvenue dans sa phase mature (v. 2500 à 1900 AEC). Nous avons proposé de la rattacher à un peuple d’origine lointainement Kartvélienne et basé sur J2.
- C’est probablement une expansion méridionale de ce peuple qui continuait d’implanter le Néolithique au Sud de l’Inde. A cette époque dite du Néolithique I.B d’Inde du Sud, il atteignait désormais l’Andhra Pradesh. L’arsenal de production proche-oriental est attesté, ce qui signe sans ambiguïté l’origine lointaine de ce néolithique. Sur le plan des innovations culturelles, on relève le début d’une pratique locale constituant à élever des monticules de cendres qui avaient peut-être une valeur cérémonielle ?
- Peut-être v. 2500 AEC, les populations Tibéto-Birmanes du Cachemire – jusque-là demeurées mésolithiques céramiques et donc très en retard –, reçurent un pack néolithique proche-oriental complet comprenant bœuf, porc, mouton et chèvre. Ce qui se fit nécessairement via leurs voisins Harappéens. Ce groupe du Cachemire – qui ne mérite vraiment son appellation de Néolithique du Nord qu’à partir de cette époque – disparaîtra lors de la pénétration Aryenne dans le sous-continent. Nous postulons qu’il était basé sur O2.
Indochine et Indonésie
- A la même époque, les Austro-Asiatiques O1b1 – jusque-là cantonnés au Nord et à l’Est de l’Indochine – finirent de coloniser toute la péninsule : en descendant la vallée du Mékong, les Khmers s’installèrent au Vietnam, au Cambodge et au Laos ; tandis qu’en descendant les vallées de la Thanlwin et de l’Ayeyarwady, les Môns s’installaient en Thaïlande et au Sud de la Birmanie. Cette colonisation agricole recouvrait des régions jusque-là préservées du changement depuis des éons. La culture Hoabinhienne disparut alors ; et, avec elle, disparurent aussi les Papouasiens continentaux qui laissèrent néanmoins subsister leurs haplogroupes M et S avec des taux résiduels [cf. Malaisie, Australie, Océanie]. Notons cependant que les caractéristiques anthropologiques qui distinguent les Asiatiques du Nord de ceux du Sud sont de toutes évidences un legs des anciennes populations méridionales.
- Dans le même temps, les Mundas O1b1 furent le groupe Austro-Asiatique qui partit le plus loin en direction de l’Ouest. Dès cette époque, ils s’installèrent au Bengale, dans la basse vallée du Gange et du Brahmapoutre où ils apportèrent les poteries et la culture du riz originaire de Chine du Sud.
- Vers 2500 AEC, portés par leur démographie néolithique, les agriculteurs Austronésiens de Formose / Taiwan, se répandirent aux Philippines, apportant l’haplogroupe O1a et recouvrant les très anciennes populations d’haplogroupe DE*, D2 et C1b2a qui étaient restées tranquillement isolées jusque-là. Sur ces îles, nous saisissons l’origine de la cristallisation ethnolinguistique du peuple Malayo-Polynésiens. En quelques siècles, à partir de cette base avancée, ceux-ci commencèrent à se porter sur les côtes des Célèbes et de Bornéo où leur démographie malmena nécessairement les indigènes Papouasiens. Ce qui n’était que le début de leurs longs voyages.
Nouvelle-Guinée, Australie, Tasmanie, Océanie
- Selon un classique ‘’domino de peuples’’, nous pouvons proposer que l’expansion Austro-Asiatique en Indochine, et l’expansion Malayo-Polynésienne à Bornéo et aux Célèbes, n’ont pas été sans rapport avec l’installation des Papouasiens sur l’île de Papouasie-Nouvelle-Guinée ; puis de là, au Vanuatu. En effet, la colonisation de l’Indochine et de la Malaisie par ces deux peuples agricoles se fit au détriment des peuples Papouasiens indigènes de ces régions qui étaient encore au stade épipaléolithique / mésolithique hoabinhiens et que nous avons vus porteurs des haplogroupes M et S. A l’époque où nous nous situons, v. 2300 AEC, les Papouasiens conservaient peut-être encore la péninsule malaise, ainsi que Sumatra, Java et les îles de la Sonde ?
- Poursuivant la cascade du ‘’domino de peuple’’, cette époque fut peut-être celle où les Australiens Pama-Nyungan quittèrent la Papouasie-Nouvelle-Guinée, emportant avec eux leur haplogroupe C1b2b. Précédemment, nous avons fait l’hypothèse que d’autres Australiens – groupes Non-Pama-Nyungan Gunwinyguang et Tankik – s’étaient plus anciennement implantés en terre d’Arnhem où ils avaient importé les langues non-nama-nyungan, peut-être dès v. 3000 AEC [cf. carte N]. Ici, nous postulons sans certitude une arrivée plus tardive des langues pama-nyungan, parce que celles-ci sont aujourd’hui encore très homogènes et n’ont donc pas pu arriver en Australie à une date très ancienne. Il semble que ce groupe linguistique ait commencé sa diffusion à partir de la péninsule de Cook ; laquelle est toute proche de la Nouvelle-Guinée-Papouasie.
Europe Centrale et Occidentale
Europe atlantique (Ouest-Centre & Ouest-Nord)
- Nous avons vus que v. 2600 AEC, les *Campaniformes s’étaient répandus sur toute l’Ibérie [cf. carte P]. L’Andalousie était alors entrée dans la phase de Los-Millares-2b (v. 2600 à 2400 AEC), qui était au moins partiellement de culture campaniforme. Par la suite, à la phase Los-Millares-3 (v. 2400 à 2200 AEC), la culture andalouse devint incontestablement campaniforme comme l’attestent les nombreux marqueurs caractéristiques de cette culture (boutons perforés en ‘’V’’, flèches métalliques, poignards à languette). A cette époque récente, les anciennes structures funéraires collectives furent parfois réutilisées pour pratiquer des inhumations de type secondaire. Mais malgré cet hommage au passé indigène, ces nouvelles inhumations devinrent le plus souvent individuelles ; trait culturel qui indique une plus forte imprégnation Indo-Européenne. A la fin de la période, v. 2200 AEC, le site de los-Millares sera détruit par un assaut militaire d’origine inconnue.
- Nous avons également vus [cf. carte P] que dans la foulée de leur ‘’conquête’’ de l’Espagne, les *Campaniformes avaient atteint très rapidement les côtes de Provence, le Nord de l’Italie et la Corse. Partout, ils avaient fondé des comptoirs aux embouchures des grands fleuves, qu’ils devaient remonter pour mieux commercer avec les peuples de l’intérieur. Ainsi, v. 2500 AEC, les commerçants / pirates qu’étaient probablement les *Campaniformes, remontèrent la vallée du Rhône et atteignirent la Suisse puis l’Allemagne méridionale. En suivant les voies fluviales – qui étaient les seules routes aisément praticables dans la grande forêt primaire d’Europe Occidentale – ils s’imposèrent de partout aux communautés indigènes [cf. Europe Centrale & Europe nordique et scandinave].
- Sur la côte Atlantique, d’autres communautés de commerçants / pirates *Campaniformes, poursuivirent le ‘’parasitage’’ déjà bien avancé de la vieille culture mégalithique atlantique post-cardiale qui s’étendait depuis le Portugal jusqu’au Danemark. Grâce à leur supériorité commerciale et militaire, ils devinrent rapidement les nouveaux cadres dirigeants de ces sociétés maritimes ouest- et nord-atlantiques qui étaient déjà interconnectées de longue date par le cabotage.
- Toutefois, les *Campaniformes ne s’implantèrent pas tout de suite dans une vaste région de France qui s’étendait entre la côte atlantique et l’Ouest du couloir rhodanien ; laquelle fut pendant plusieurs siècles le domaine de la culture d’Artenac (v. 2500 à 1900 AEC). Les gens d’Artenac étaient des indigènes Sémitidiques de culture post-chasséenne, auxquels s’étaient joints des groupes issus de la culture de Seine-Oise-Marne aux alentours de 2800 AEC [cf. carte O]. Tout d’abord collectives selon la vieille coutume néolithique indigène, les sépultures d’Artenac, évoluèrent peu à peu vers des tombes individuelles et tumulaires ; ce qui s’explique vraisemblablement parce que ces communautés indigènes furent, au cours des siècles, de plus en plus infiltrées par des groupes *Campaniformes et donc Indo-Européens. Ce sont également ces intrus, venus commercer plus ou moins pacifiquement avec les indigènes d’Artenac, qui firent connaître le cuivre aux populations locales.
- Vers 2450 AEC, les *Campaniformes – encore au stade chalcolithique récent – s’installèrent en Belgique, aux Pays-Bas et au Danemark où ils mirent fin à la culture cordée des Haches de Bataille. Ces groupes *Campaniformes de Belgique, des Pays-Bas et du Danemark (v. 2450 à 1900 AEC) évolueront plus tard sous la forme des cultures dites du bloc du Nord-Ouest. Deux mille ans après leur installation, les Ambrons du Danemark pourraient avoir été leurs ultimes descendants devenus germanisés, comme les Ombrones d’Italie pourraient avoir été leurs descendants italiotisés et les Ombrones de la Vistule leurs descendants vénéto-germano-slavisés ? Ces questions débattues depuis des siècles ne sont pas simples et n’auront peut-être jamais de solution évidente.
- Vers 2450 AEC, des groupes *Campaniformes venus du Nord-Ouest de la France (Armorique) s’implantèrent également au Sud de la Grande-Bretagne et de l’Irlande. Il s’agissait des premiers Indo-Européens qui foulaient le sol du grand archipel. En Angleterre et en Ecosse, cette période campaniforme initiale – toujours chalcolithique – est simplement appelée période-1 / Mount-Pleasant (v. 2450 à 2150 AEC). En Irlande, on la nomme Knocknagur (v. 2450 à 2150 AEC). Le Nord de la Grande-Bretagne et de l’Irlande furent atteints par le phénomène campaniforme v. 2400 AEC. Dans toutes les îles, les tumulus ‘’long-barrow’’ des indigènes néolithiques, furent alors remplacés par les tumulus ‘’round barrow’’ qui étaient associés aux rites funéraires de type Indo-Européen et à tous les marqueurs campaniformes classiques.
- Au total, si les Italo-Celtes vinrent coiffer les cultures néolithiques du courant danubien, les Ligures / *Campaniformes vinrent coiffer les cultures néolithiques du courant cardial, en empiétant largement sur le monde du courant danubien ; signe évident de leur vitalité. Quel fut le moteur de l’expansion des *Campaniformes dans le Nord et dans le Centre de l’Europe ? Plus tard, au temps du bronze véritable (i.e. après v. 2200 AEC), la côte atlantique constituera une région très convoitée, parce que les hasards de la géologie ont concentré le long de ses rives les principaux gisements d’étain en Europe (Portugal, Galice, pays de Loire, Armorique, Cornouaille). Mais pour l’heure, ce métal ne présentait pas encore une grande importance ; ce qui signifie probablement que d’autres moteurs commerciaux existaient. Peut-être s’agissait-il de l’or dont l’Irlande était très riche, au point qu’elle aurait pu exciter des convoitises et d’attirer des aventuriers ? Mais nous avons déjà vu que, depuis ses débuts, l’expansion des *Campaniformes avait ‘’parasité’’ les anciens réseaux commerciaux maritimes et fluviaux post-cardiaux, lesquels véhiculaient – entre autres biens de consommation – des haches en jadéite et de l’ambre diffusés à travers tout l’occident. Nouveaux propriétaires de ce vieux réseau commercial occidental, les *Campaniformes en prolongèrent l’existence et en modernisèrent les objectifs, même si nous ne les comprenons que partiellement. Il est cependant certain qu’à partir de leur homeland, sur l’embouchure du Tage (Portugal), ils diffusèrent leurs gobelets maritimes non seulement sur les côtes méditerranéennes d’Espagne, de France et d’Italie Occidentale, mais aussi le long de la façade atlantique ; les deux réseaux commerciaux étant d’ailleurs interconnectés par les voies fluviales.
- Sur le plan des productions technologiques et architecturales, on peut qualifier cette époque de chalcolithique récent (v. 2500 à 2200 AEC) et de post-mégalithisme (v. 2500 à 1200 AEC). En effet, en s’imposant comme nouveaux cadres dirigeants d’une ancienne civilisation, les *Campaniformes continuèrent d’utiliser les constructions mégalithiques de leurs prédécesseurs tout en en renouvelèrent totalement le cadre conceptuel ; au point qu’il est licite de parler de ‘’révolution mégalithique’’ pour décrire la transition entre deux mondes, l’ancien et le nouveau. Des stèles anthropomorphes continueront à être sculptées jusqu’à l’arrivée des Celtes en occident.
- Lorsque la toponymie, l’onomastique et, à partir du 6° siècle AEC, des inscriptions anciennes, nous révèlent l’existence de langues indo-européennes occidentales anciennes qui n’étaient ni celtiques ni italiques, on est obligé de penser que ces langues étaient des vestiges de l’expansion *Campaniforme, puisque celle-ci fut à l’origine du plus vieil ensemble ethnoculturel Indo-Européen d’Europe Occidentale. Cette observation fait écho aux propos des Anciens qui se souvenaient que tout l’Occident avait autrefois été peuplé de Ligures avant l’arrivée des Celtes. Dans cet atlas, nous avançons que le peuple archéologique *Campaniforme est parfaitement superposable au peuple historique des Liguses / Ligures / Ligyes et/ou au peuple Ambrons / Ambrones.
- Cette nation Campaniforme / Ligure – étendue du Portugal à la Pologne et d’Ecosse ou du Danemark à la Sicile – pourrait avoir été ancestrale du groupe Lusitanien d’Ibérie, du groupe Ligure / Liguse de France, d’Italie et d’Espagne, du groupe Lugien de Petite-Pologne, du groupe Lugien d’Ecosse, et peut-être aussi de maints autres parmi lesquels le substratum du groupe Goïdélique / Gaëlique et le substratum du groupe Belge protohistorique.
Europe méditerranéenne (Ouest-Sud)
- Au début de la période considérée, la péninsule italienne était coupée en deux entités ethnoculturelles, avec la culture Campaniforme au Nord et au Centre du pays, et la culture de Laterza (v. 3000 à 2300 AEC) au Sud, y compris en Campanie. Vers 2300 AEC, les *Campaniformes que nous identifions aux Ligures historiques submergèrent les gens de Laterza, réalisant l’unification culturelle de toute l’Italie. Celle-ci pourrait avoir été facilitée par une certaine intercompréhension puisque les gens de Laterza et les Campaniformes de l’époque n’étaient séparés que par 5 siècles de divergence dialectale si l’on veut bien suivre le scénario que nous reconstituons. Selon certains chercheurs, toute la côte orientale et le Sud de la péninsule (mais pas la Sicile) fut influencé par la culture de Cetina de la côte dalmate. Dans ce cas, la péninsule italienne était coupée en deux dans le sens de la longueur ; situation qui perdurera jusqu’au seul de l’antiquité classique.
- Vers 2300 AEC, les Baléares, la Sardaigne et la Sicile furent à leurs tours touchées par le phénomène Campaniforme. Ce que nous interprétons comme l’origine de leur peuplement Ligure.
Europe égéenne et balkanique (Centre-Sud)
- Entre v. 2500 et 2200 AEC, portant les cultures d’Ezero-3 et de Sitagroi-5b, les Anatoliens stationnaient en Thrace sur la côte de la mer Noire au Nord du Bosphore, ainsi qu’en Macédoine. Ces deux localisations pouvant avoir été ancestrales pour les Anatoliens d’Anatolie et les Anatoliens de Grèce respectivement ? Ils étaient proches quoique distincts des Tyrrhéniens avec lesquels ils partageaient peut-être l’haplogroupe R1b-M269.
- Plus au Sud, les cultures Helladique-Ancien-2 (v. 2600 à 2200 AEC), Cycladique-Ancien-2 (v. 2600 à 2200 AEC), et Minoen-Ancien-2 (v. 2600 à 2200 AEC), se poursuivaient. Comme à Troie, toutes étaient portées par les Tyrrhéniens / Pélasges qui étaient une variante méridionale des Anatoliens, mais dont la langue avait été davantage modifiée au contact direct des indigènes balkaniques néolithiques.
- Sur la côte Dalmate, la culture de Cetina (v. 2400/2300 à 1900 AEC) recouvrit une base composée de groupes Vucedol littoraux et d’indigènes balkaniques. Cette culture centrée sur la Dalmatie mais dont les sites s’échelonnent entre la région de Trieste et l’Albanie présentait de nombreux points communs avec le Campaniforme de Méditerranée, mais l’opinion majoritaire fait de Cetina une culture hybride ayant fusionné des éléments authentiquement campaniformes sur un fond indigène marqué. Les morts illustres étaient enterrés sous des tumulus, mais la crémation était également présente. De l’autre côté de l’Adriatique, avec une concentration au Sud de la péninsule italienne mais une présence sur toute la côte orientale de la péninsule jusqu’en Vénétie, il existait également des sites Cetina qui sont comme une préfiguration de la composante Illyrienne de ces régions. Peut-être résultèrent-ils de mouvements que nous pourrions situer v. 2300 AEC ?
- Dans l’arrière-pays dalmate (Alpes Dinariques), la culture locale de l’époque est dite Dinara-1, mais il s’agissait simplement du faciès local de la culture de Cetina.
Europe Centrale (Centre-Centre)
- Vers 2500 AEC, les Balkans Centraux étaient occupés par la culture Italo-Celte chalcolithique récente de Vucedol (v. 3000 à 2200 AEC) désormais parvenue à la phase Vucedol-C (v. 2600 à 2200 AEC). Dès l’époque précédente, des communautés Vucedol s’étaient infiltrées dans la plaine hongroise et sur la Haute-Tisza où leur faciès septentrional est connu sous le nom de faciès de Mako (v. 2800 à 2200 AEC). A l’époque de la carte Q, des attributions ethnolinguistiques plus précises seraient encore parfaitement anachroniques parce que l’unité linguistique italo-celtique devait encore être totale ; mais le groupe de Mako constituait néanmoins l’amorce à partir de laquelle se détachera prochainement un groupe Proto-Celte dont le destin sera de s’étendre au Nord des Alpes.
- Des groupes *Campaniformes – eux aussi chalcolithiques récents – firent intrusion dans les Balkans Centraux et en Europe Centrale v. 2500 AEC. Initialement partis de la péninsule hispanique, certains avaient cheminé le long de la côte méditerranéenne, tandis que d’autres avaient remonté la vallée du Rhône avant de s’avancer plus loin vers l’intérieur du continent européen. Sur le territoire de leurs cousins Italo-Celtes – dont ils s’étaient séparés 5 siècles plus tôt et dont ils comprenaient peut-être encore partiellement la langue – ils implantèrent des communautés que nous connaissons sous le nom de groupes de Csepel (v. 2500 à 2200 AEC) et du Mures (v. 2500 à 1600 AEC). Il s’agissait peut-être de comptoirs commerciaux participant à des réseaux d’échanges à longue distance ?
- Face à la quasi inexistence du matériel linguistique ligure / campaniforme, on peut dire à peu près ce qu’on veut sur cette langue. Sans davantage de substance à analyser que leurs collègues, certains chercheurs ont pourtant avancé que la langue ligure aurait été plus proche du celtique que de l’italique. Mais, même si cela pouvait véritablement être objectivé, cette communauté pourrait tout aussi bien avoir résulté d’une proximité originelle que d’une convergence aréale tardive. Ainsi, le ligure de Ligurie historique se rapprochera inévitablement du celtique à une époque tardive, quand les populations Ligures locales seront recouvertes par des Celtes et deviendront les tribus Celto-Ligures que les Romains combattront et pacifieront ; des populations qui seront alors déjà devenues davantage Celtes que Ligures si l’on se base sur le nom des peuples qui est pratiquement notre seul guide.
- A l’encontre de la thèse d’un ligure celtisant, nous proposons que la langue ligure fût originellement bien distincte du celtique au sein de l’ensemble yamnaya occidental. En effet, s’étant détaché précocement des dialectes italo-celtiques dont nous savons grâce à leurs descendants qu’ils conservaient globalement les formes et le vocabulaire du vieil ensemble steppique , le proto-ligure et peut-être le ligure ‘’mature’’ pourraient également être demeurées des langues conservatrices qui auraient conservé les vélaires ‘’Kw’’ et auraient maintenu le ‘’P initial’’ ? Si le matériel ligure de France et d’Italie – proche de zéro – ne permet bien évidement aucune affirmation sur ce point, il semblerait pourtant que le matériel belge (à peine plus riche) et le matériel lusitanien (sensiblement plus riche) nous autorisent seulement à dire que ces deux langues étaient l’une et l’autre conservatrices avec le double maintien du ‘’Kw’’ et du ‘’P initial’’ ; conservatisme qui a conduit certains chercheurs à proposer que ces langues pourraient avoir appartenu au groupe italique, alors qu’il faut plus probablement voir dans ces traits linguistiques de simples archaïsmes partagés avec le groupe italique, à l’encontre du celtique qui aurait été la branche la plus innovante de la famille des langues yamnaya occidentales. Or, la reconstitution protohistorique que nous proposerons dans les prochaines pages de cet atlas nous amènera à conclure que le lusitanien pourrait avoir été le vestige extrême-occidental et méridional de l’ensemble linguistique ligure (qu’il ait été on non influencé par le celtibère) ; et donc que la langue ligure était une langue conservatrice. Le belge serait longtemps resté un vestige septentrional de la langue ligure. Comme la Ligera / Loire en France, la Lys fut une Liga.
- Cependant, si l’on suit notre scénario ‘’littoral’’, on peut admettre que la langue ligure commença à interagir avec les langues néolithiques cardiales (tyrrhénisées) dès l’établissement du groupe Proto-Ligure / Ljubljana-Adriatique (Vucedol littoral) sur la côte dalmate [cf. carte N] ; et que ce même substrat cardial continuera à peser sur son évolution lorsque le proto-ligure s’établira dans la péninsule hispanique et deviendra ce faisant le ‘’ligure ancien’’ [cf. carte O]. Au total, cela nous conduit à imaginer la langue ligure comme une forme ectopique de l’italo-celtique, mais comme une forme qui fut peu ou prou modifiée par le substrat néolithique sémitidique cardial. Cela dans une proportion indéterminable faute de matériel subsistant. Ce qui revient à dire qu’il faut imaginer à propos de l’occidental ligure une histoire très similaire à celle qui a été reconstituée pour le septentrional proto-germanique dont nous savons solidement qu’il fut une langue modifiée ; modification qui se fit nécessairement au contact des langues indigènes sémitidiques danubiennes continentales et scandinaves. Or, le germanique est un créole qui a modifié sa prononciation, a modifié sa grammaire et a incorporé peut-être jusqu’à 30% de mots indigènes ; MAIS tout cela en demeurant sans ambiguïté une langue yamnaya occidentale dont la reconstitution à date ancienne incite même à penser qu’elle aurait encore été comprise par les Italo-Celtes qui vivaient à l’époque où nous nous situons. Ce raisonnement par comparaison ne vaut pas raison ; mais il nous permet de supposer que la langue des Ligures / *Campaniformes venus commercer en Europe Centrale était elle aussi comprise par leurs clients Italo-Celtes. Pour poursuivre encore un peu notre comparaison imaginaire entre le ligure et le germanique, il faut ajouter que ce dernier conserve partiellement les vélaires et conserve le ‘’P initial’’, quoique sous la forme atténuée d’un ‘’F’’, et est donc – malgré sa créolisation – une langue assez conservatrice sur ces aspects-là ; ce qui nous ramène au conservatisme supposé du ligure qui s’est lui aussi détaché précocement de l’ensemble yamnaya occidental.
- Avant terminer ce long exposé linguistique basé sur rien, revenons aux relations que purent entretenir le ligure et le celtique. Etant donné l’inter-compréhensibilité que nous venons de postuler à date ancienne, la perméabilité dialectale pourrait avoir été grande entre les locuteurs des deux groupes cousins, et cela particulièrement dans la région de leur plus grand contact qui était précisément celle où vivaient les ancêtres des Celtes. C’est donc par anticipation des cartes suivantes que nous allons nous livrer à une hypothèse additionnelle : laissant de côté la question de la celtisation très tardive des dialectes ligures du Sud méditerranéen [cf. ci-dessus], nous pensons que la langue des Ligures d’Allemagne et des Cassitérides sera précocement influencée par la langue des Proto-Celtes puis, un peu plus tardivement, par celle des Celtes, lorsque les uns puis les autres se détacheront du vieil ensemble Italo-Celte et avanceront vers l’Ouest pour dominer la koinè de l’étain [cf. cartes S & suivantes]. Ainsi, nous aurons l’occasion de développer l’hypothèse que les langues celtiques de la côte atlantique et des îles britanniques seront le produit d’une percolation continue venue du continent de langue celtique ; c’est-à-dire qu’elles seront le résultat d’un apprentissage progressif du celtique par les populations Ligures atlantiques. Hypothèse qui permet d’expliquer la forte prévalence de R1b-L21 dans ces régions jusqu’à l’époque contemporaine.
- En résumé, nous proposons que la langue ligure – nonobstant d’importants apports probables du substrat sémitidique cardial sur lequel elle évolua – était une langue précocement détachée du tronc italo-celtique, qui demeura conservatrice (maintien du ‘’Kw’’ et du ‘’P initial’’) et qui sera peu à peu repoussée aux marges de l’Occident par la vague Proto-Celte puis les deux vagues Celtes ; lesquelles celtiseront les Ligures de l’intérieur du continent et des îles britannique, avant de celtiser plus tardivement les Ligures de Provence et de Ligurie. Mieux protégés des Celtes par leur insularité, les Ligures de Corse conserveront peut-être une langue non celtisée plus longtemps que tous leurs autres frères ?
- A l’opposé du latin conservateur (‘’Kw’’ et ‘’P initial’’), et du ligure que nous venons lui aussi de postuler conservateur quoique créolisé, le celtique gallo-brittonique (‘’Kw’’ → ‘’P’’ et disparition du ‘’P initial’’) sera donc probablement in fine la forme la plus évoluée (i.e. différenciée) des épigones de la vieille langue yamnaya occidentale.
- En Transylvanie et sur les Carpates méridionaux, les cultures jumelles de Schneckenberg (v. 2600 à 2200 AEC) et de Glina-3 (v. 2600 à 2200 AEC) – héritières délocalisées de ‘’l’arrière-garde’’ *Tardo-Italo-Celte de Cernavoda-2 – poursuivaient leur existence.
- Tout ce monde des peuples d’Europe Centrale vivait les derniers siècles du Chalcolithique récent qui prendra fin v. 2200 AEC, avec l’apparition du bronze véritable dans la région. Cela signifie qu’à cette époque, l’Europe Centrale et l’Europe Occidentale étaient technologiquement en retard sur le Proche- et Moyen Orient, ainsi que sur le monde des steppes où le bronze véritable se répandait déjà.
Europe nordique et scandinave (Centre-Nord)
- A cette époque, le peuple *Campaniforme sillonnait toute l’Europe Occidentale et Centrale. Issus des groupes d’Europe Centrale et peut-être d’autres groupes qui avaient longé le littoral atlantique, des *Campaniformes s’installèrent v. 2450 AEC sur le littoral de la mer du Nord et de la Baltique où ils recouvrirent le peuple *Proto-Balto-Slave des Haches de Batailles. Vers 2400 AEC, à partir de cette base littorale, un de leurs groupes poussera jusqu’en Pologne du Nord où il installera le comptoir d’Iwno qui fut le plus oriental jamais fondé par des *Campaniformes [cf. Europe Orientale]
- Vers 2400 AEC, à partir du littoral septentrional, un groupe *Campaniforme s’installa dans la péninsule danoise. On ne peut pas mentionner l’installation de ces *Campaniformes du Danemark sans rappeler la mention de Plutarque selon laquelle les Ligures d’Italie s’appelaient eux-mêmes Ambrons, ni sans ajouter qu’une nation des Ambrons – probablement originaire du Danemark – participa à l’invraisemblable migration à très longue distance que les Romains stoppèrent en Provence en 102 AEC. Plus de 2000 ans plus tard, les ennemis de Marius étaient-ils les descendants celtisés puis germanisés du peuple que nous voyons s’installer au Jutland vers 2400 AEC ? Et leur nom ethnique d’Ambrons fut-il utilisé par leurs clients pour désigner l’ambre de la Baltique, un produit que les Ligures auraient acheminé dans toute l’Europe en suivant un réseau commercial à longue distance ? Quoi qu’ait été l’histoire oubliée de ce peuple Ambron du Danemark, il faut constater que les toponymes antiques ou actuels en Ambr- sont bien représentés en Espagne, dans toute la France, en Italie du Nord et du Centre et au Nord des Alpes, et sont présents en Angleterre ainsi que dans l’ancienne Illyrie. Au total, cette répartition ne contredit pas l’association que nous faisons entre *Campaniformes / Ligures et Ambrons.
- La colonisation *Campaniforme n’atteignit pas la Scandinavie méridionale où le peuple Proto-Germain – mêlé de quelques éléments *Proto-Balto-Slaves des ‘’Haches de Batailles’’ – s’était installé v. 2800 AEC. Il est devenu temps d’appeler Germain le peuple qui portait le Chalcolithique scandinave (v. 2800 à 1900 AEC). Outre les haplogroupes indigènes paléolithiques et néolithiques demeurés importants, les haplogroupes ‘’indo-européens’’ principaux du peuple Germain que sont R1b-U106, R1a-Z284 et dans une moindre mesure R1b-Z2103, reflètent les ingrédients qui précédèrent la cristallisation ethnique. Sa langue également conserve le témoignage de ces apports [cf. carte P].
Europe Orientale
Europe steppique et caucasienne (Est-Sud)
- Entre Bas-Don et Bas-Prut, les steppes pontiques et le Nord-Caucase de l’époque étaient occupées par la culture des catacombes, qui devait être celle des *Proto-Thraces basés sur R1b-Z2103.
- Plus loin vers l’Est, les steppes du Haut-Don, de la Volga et de Oural étaient le domaine d’un groupe *Poltavka occidental que nous qualifierons bientôt de Proto-Cimmérien [cf. carte R]. Chez ceux-ci, l’haplogroupe R1b-Z2103 commençait à s’effacer devant l’haplogroupe R1a-Z94 venu d’Abashevo [cf. ci-dessous]. Au-delà de la frontière orientale de ce groupe, se tenaient les clans *Poltavkas orientaux des steppes asiatiques [cf. ci-dessus Steppes asiatiques].
- Il est temps d’affronter la question de l’implantation de R1a-Z94 dans le monde des steppes qui fut un évènement majeur venant rompre l’ancienne transmission phylogénétique des haplogroupes steppiques indo-européens R1b- qui était ininterrompue jusque-là. En effet, l’époque où nous sommes parvenus est celle où des clans R1a-Z94 commencèrent à s’emparer du leadership dans les steppes de la Volga et de l’Oural, au détriment des vieux clans R1b-L23 de type R1b-Z2103 qui descendaient en lignée patrilinéaire directe des anciens Yamnayas Orientaux. Nous devons tenter d’expliquer ce renouvellement quasi-total des haplogroupes masculins dans les steppes européennes orientales, en attendant que le phénomène se propage un peu plus tard – via Sintashta – à tout le système des steppes asiatiques qui le transmettra à son tour à l’Asie Centrale, à l’Iran et aux Indes actuelles [cf. cartes R & suivantes]. Permettons-nous une hypothèse. Près des mines de la Bielaïa, des clans forgerons Abashevo R1a-Z94, qui étaient d’origine Garino-Bor mais qui étaient acculturés à la civilisation Yamnaya, pourraient avoir acquis une renommée particulière dans le métier des armes ? Dans ce cas, ils auraient pu louer leurs services et être utilisés comme mercenaires par les chefs de clans *Poltavkas occidentaux R1b-Z2103 qui étaient probablement en guerre perpétuelle les uns contre les autres pour le leadership sur les steppes ? On pourrait alors concevoir une histoire semblable à celle que connaitront dans un lointain avenir les Turcs Mamelouks au sein des principautés Arabo-Kurdes, ou encore semblable à celle que nous reconstituerons bientôt pour expliquer la prise de pouvoir des premiers Hittites au sein des principautés Hatti d’Anatolie, ou encore celle des Mitanniens et des Kassites en Arménie et en Mésopotamie [cf. cartes R & S]. Dans les exemples historiques et protohistoriques cités, les soldats étrangers s’empareront rapidement du pouvoir et renouvèleront puissamment les haplogroupes ADN-Y pour la raison toute simple qu’il existe une polygamie de droit et de fait des élites politiques masculines. Dans une situation de guerres larvées entres plusieurs nations indigènes, les mercenaires étrangers appelés au secours de chacune d’entre elles peuvent s’emparer du pouvoir en moins d’un siècle et – sans qu’il leur soit besoin d’arrêter les luttes séculaires qu’ils reprennent à leur compte – renouveler en quelques siècles à peine les haplogroupes masculins à l’échelle d’une population toute entière. Nous avons déjà plusieurs fois expliqué ce processus qui peut être rapide et quasi-total quand les populations indigènes sont peu denses [cf. atlas n°3]. Dans le cas du remplacement de R1b-Z2103 par R1a-Z94, la langue indo-européenne / yamnaya orientale / poltavka fut conservée parce que les mercenaires eurent le temps de s’acculturer complètement avant de prendre le pouvoir et de devenir, tout simplement, les nouveaux chefs de très vieilles communautés tribales dont la vie remuante se poursuivit comme par le passé.
Europe Orientale (Est-Centre & Est-Nord)
- Les *Proto-Balto-Slave de culture cordée récente (v. 2500 à 2200 AEC) occupaient désormais presque toute l’Europe Orientale depuis l’arc carpatique et la Silésie à l’Ouest, jusqu’aux monts de l’Oural à l’Est :
1) Sur sa bordure Ouest, en Pologne, les envahisseurs *Proto-Balto-Slaves s’étaient superposés à des Proto-Germains R1b-U106 dont certaines tribus durent restes en place après l’invasion. Nous appelons *Para-Slave la population qui en résulta et qui devait être principalement basée sur R1a-M458, R1a-Z280 et dans une moindre mesure R1b-Z2103. Dans cette région de la Basse-Vistule et de la Petite-Pologne, des apports *Campaniformes R1b-L21 se produisirent à partir de v. 2400/2300 AEC ; comme nous l’avons supposé en d’autres lieux, il s’agissait peut-être de comptoirs implantés à la lisière orientale du réseau commercial campaniforme.
2) Les *Proto-Balto-Slaves de Biélorussie, essentiellement R1a-M458, formaient à cette époque la culture du Dniepr moyen, qui était celle des ancêtres des Slaves.
3) Les *Proto-Balto-Slaves des Pays Baltes, principalement R1a-Z280, étaient les Baltes occidentaux de culture Pamariu / Rzucewo (v. 2500 à 1000 AEC et au-delà). Un de ces groupes Baltes occidentaux traversa alors le golfe de Finlande et s’installa sur la côte baltique de la Finlande, fondant la culture Kiukais (v. 2400 à 1500 AEC).
4) La supériorité technologique et le dynamisme des Baltes orientaux, leur avait permis de s’emparer rapidement, v. 2600 AEC, de toute la forêt Russe jusqu’à la chaine des monts Oural. Eux aussi étaient basés sur R1a-M458 et R1a-Z280. Etant donné l’immensité de leur aire géographique et probablement la nature des substrats rencontrés, la culture cordée de ces colonisateurs se différencia dès v. 2500 AEC en faciès culturels distincts. 4a) La culture de Fatyanovo-Balanovo (v. 2500 à 1900 AEC), s’étendait du lac Pskov aux monts Oural et se déclinait en deux faciès régionaux appelés Fatyanovo au Nord-Ouest et Balanovo au Nord-Est, sur le territoire duquel se trouvaient de riches gisements métallifères dans les piedmonts de l’Oural. 4b) La culture d’Abashevo (v. 2500 à 1900 AEC) occupait quant à elle le Sud de la forêt russe, entre le Haut-Don et les piedmonts de l’Oural méridional qui étaient également riches en minerais. Nous avons vus [cf. carte P] que ce groupe Abashevo s’était formé sur une base triple : un substrat indigène *Paléo-Européen Garino-Bor, qui avait été recouvert par des Baltes orientaux et/puis par des *Poltavkas occidentaux qui avaient été attirés, les uns et les autres, par les activités minières et métallurgiques. De ce melting-pot culturel était née une société développée, à la fois métallurgique et fortement guerrière.
- Vers 2500 AEC, la culture d’Abashevo atteignit la vallée du Haut-Oural où ses porteurs implantèrent probablement R1a-Z94. Ce peuple *Abashevo, mi-Balte et mi-*Poltavka était le prélude à Sintashta et donc à l’épopée gigantesque des Aryens qui se sépareront plus tard en Iraniens et en Indiens [cf. cartes R & suivantes].
- Enfin, outre le monde post-cordé Proto-Slave et Proto-Balte d’Europe Orientale, il est intéressant d’évoquer l’existence de vestiges Campaniformes dans les pays de la Vistule. Il s’agit du groupe d’Iwno, qui fut la colonie *Campaniforme la plus orientale de toutes. Si l’on passe sur le fait que la culture de ce groupe se mêlera prochainement avec celle des groupes post-cordés locaux [cf. carte R], son intérêt principal réside dans l’abondement qu’il apporte à l’hypothèse déjà évoquée d’une association étroite entre la culture Campaniforme et le peuple Ligure ; Ligures dont Plutarque rappelle qu’ils se nommaient également Ambrons / Ombrones. En effet, à l’époque classique, Ptolémée cite un peuple appelé Ombrone dans le bassin de la Vistule. Peuple dont le nom renforce l’association que nous faisons entre les Ligures et les *Campaniformes une fois qu’on le rapproche des vestiges campaniformes d’Iwno.