O – 2 900 à 2 800 AEC – Oscillation froide
Déjà les tours flanquaient les murailles des villes.
Déjà étaient partout de nombreux champs fertiles ;
et sur la vaste mer, mille voiles élancées.
Déjà les peuples avaient négocié des traités
Pour régler guerres et paix, lorsque les chants épiques
recueillirent le legs des annales antiques.
A peine l’écriture était-elle inventée.
Au-delà tout est nuit ; et, dans l’obscurité,
quelques vestiges seuls guident la conjecture.
Lucrèce – La Nature des choses – livre V
O – 2.900 à 2.800 AEC – HOLOCÈNE – Oscillation froide
Climat
Une nouvelle dégradation climatique froide et sèche se produisit entre v. 2900 et 2800 AEC. Bien que moins froide que celle de Misox v. 6200 AEC, elle pourrait avoir été plus intense que celle de Piora v. 3500 AEC. On ne reverra pas pareil froid avant le haut moyen-âge quand le climat se dégradera aux temps mérovingiens. Ainsi, des dunes se formèrent dans le delta du Nil, et toutes les rivières du Sahara se tarirent ; dans le même temps, les oasis du Rub’al-Khâli (Arabie) disparurent définitivement, transformant de nouveau la région en ce désert absolu que nous connaissons. Au Sahara, l’élevage bovin fut compromis, tandis que le pastoralisme des ovicaprinés progressa à son détriment. Cette sécheresse est également documentée au Levant.
Afrique du Nord et Sahara
Afrique du Nord Occidentale
- C’est potentiellement via l’Afrique du Nord et le Maroc que les fondateurs de la culture Campaniforme – que nous pensons *Proto-Ligures et porteurs de l’haplogroupe R1b-L21 – seraient parvenus au Portugal dès v. 2800 AEC. Cependant, plutôt qu’un Campaniforme parfaitement constitué, il ne pouvait s’agir que d’un *Proto-Campaniforme sous une forme encore indéterminée à cette date haute. C’est plus tard, v. 2600 AEC que la culture campaniforme authentique dut se répandre au Maroc, en même temps qu’elle s’étendait sur toute l’Espagne. L’Afrique du Nord archéologique étant mal connue, cela est en grande partie spéculatif malgré la présence attestée de vestiges (proto-) campaniformes.
- Dans l’arrière-pays de la bande littorale devaient se trouver des populations Sémitidiques épi-cardiales mêlées aux vestiges du peuplement Capsien.
Egypte et Cyrénaïque
- En raison de l’asséchement des affluents du Nil, les Egyptiens du Sahara Oriental se réfugièrent dans la vallée du Grand Fleuve. Ces évènements furent peut-être en rapport avec les troubles qui marquèrent la fin de la 1° dynastie Egyptienne et le début de la 2° dynastie que nous situons v. 2900/2800 AEC. C’est peut-être parce qu’elle vécut en des temps moins prospères, que cette dynastie est moins bien connue que la précédente et qu’elle s’abîma dans des troubles socio-politiques mal connus.
- Plus au Sud, sur le Haut-Nil, entre la 1° et la 2° cataracte, c’est v. 2800 AEC, que disparurent les traces des *Austro-Egyptiens Europoïdes du Groupe-A de Nubie et que le royaume d’Egypte perdit le contrôle de la région. Cependant, il est probable que le Groupe-A ne disparut pas réellement mais que la population est devenue moins visible pour l’archéologie en se reconvertissant à un pastoralisme exclusif du fait de la sècheresse.
- Encore plus au Sud, entre la 2° et la 4° cataracte, la culture Pré-Kerma se poursuivait, peut-être portée par une population aux racines mixtes, Egyptienne et *Paléo-Nilotique ?
- Sur le littoral de la mer Rouge et en amont de la confluence des Nils Bleu et Blanc, nous laissons le pays peuplé de purs indigènes *Paléo-Nilotiques.
Sahara
- L’asséchement Piora avait compromis le pastoralisme bovidien des Tchadiques dans plusieurs régions du Sahara avant que les *Berbères anciens ne prennent leur place, portés par un pastoralisme ovicaprinés moins exigeant [cf. cartes M & N]. Dans le Tassili, il faut leur attribuer la culture Europoïde d’Iheren.
- Au Sud du Sahara, des sites pastoraux néolithiques sont attestés dans le Ténéré v. 3000/2900 AEC. Nous les attribuons aux pasteurs Tchadiques du bovidien final.
Afrique sub-saharienne
Afrique subsaharienne de l’Est
- En Afrique subsaharienne, l’agriculture, initiée quelques siècles plus tôt par la domestication du sorgho, se développa dans la bande sahélienne qui, malgré l’assèchement, était encore beaucoup plus humide qu’aujourd’hui. Il faut voir dans cette agriculture le moteur qui allait pousser vers l’Ouest sahélien une partie du groupe Nigero-Kordofanien, laissant à l’Est le groupe Kordofanien qui survivra jusqu’à nous à l’état relictuel, comme dans une île qui sera bientôt entourée par un océan de peuples Nilo-Sahariens [cf. carte P].
- Sur la côte de Djibouti, dans la corne de l’Afrique, le LSA se termina v. 2800 AEC. Cela correspondit manifestement à l’arrivée de nouvelles populations qui amenaient avec elles le Bos taurus domestique et le mouton à queue grasse, ainsi que la poterie, le blé et l’orge, c’est-à-dire tout un matériel emblématique du néolithique proche-oriental qui ne pouvait provenir que depuis l’Arabie voisine. Dans la mesure où – parmi les Afrasiens d’Afrique de l’Est – les Omotiques sont les plus divergents, il pourrait s’agir de l’arrivée de ce peuple. Nous pensons que ces colonisateurs étaient basés sur les haplogroupes J1, T1 et E-CTS11051.
Afrique subsaharienne de l’Ouest
- C’est peut-être v. 2900 / 2800 AEC que des populations Nigero-Kordofaniennes E1b1a et E1b1b originaires de l’Est de la bande sahélienne et désormais pleinement agricoles (Sorgho), pénétrèrent à l’Ouest dans les vallées de la Bénoué et du fleuve Niger qui, respectivement, avait jusque-là été peuplées de Pygmées B2b encore épipaléolithiques (LSA) et d’*Ouest-Africains E1a encore mésolithiques céramistes. Ces colonisateurs néolithiques de l’Afrique de l’Ouest constituaient la branche Niger-Congo du vieux groupe Nigéro-Kordofanien désormais coupé en deux. C’est leur métissage avec les groupes *Ouest-Africains rencontrés qui leur fit acquérir les caractéristiques Africoïdes qui n’étaient pas originelles en Afrique de l’Est [cf. atlas n°3]. C’est de cette branche Niger-Congo que sortirons un jour les grands colonisateurs Bantous qui s’imposeront dans presque toute l’Afrique sub-saharienne [cf. cartes V & suivantes].
- Les *Ouest-Africains mésolithiques et céramistes E1a peuplaient encore l’Ouest atlantique de la bande sahélienne où ils avaient intégré les très vieux haplogroupes DE*, A et B. C’est parmi ces *Ouest-Africains du Niger que les Dogons actuels puisent en partie leurs racines : 50% d’entre eux portent toujours d’haplogroupe E1a et leur langue est très divergente comparativement au groupe cohérent des langues nigéro-congolaises ; considérant leur haplogroupe vestigial, ces divergences linguistiques peuvent être comprises comme le legs du substrat indigène pré-niger-congo. Notons que les Idjo / Ijaw du delta du Niger posent exactement les mêmes questions pour les mêmes raisons.
Forêt pluviale
Situation ethnolinguistique globalement inchangée. Il est possible que la sècheresse ait facilité la pénétration des agriculteurs Niger-Congo aux marges de la grande forêt pluviale.
Afrique du Sud
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Asie Occidentale Méridionale (Levant, Proche-Orient, Moyen-Orient, Anatolie, Arabie)
- En Basse-Mésopotamie, au Pays de Sumer, l’histoire commença véritablement v. 2900 AEC avec le début de la période des dynasties archaïques (v. 2900 à 2350 AEC) dont les listes royales nous sont parvenues. On utilisait toujours le cuivre à l’arsenic mais on périodise cette époque en Bronze ancien-2 / BA2. Il semble que c’est vers cette époque que les chariots à quatre roues tirés par des ânes commencèrent à être utilisés comme plateforme par les guerriers au combat. Elle connut aussi l’essor des premières cités véritables.
- Au Levant et en Haute-Mésopotamie, le groupe Sémite était désormais fragmenté en quatre sous-groupes : Nord-Sémitique / Eblaïtique ; Est-Sémitique / Akkadien ; Sud-Sémitique / Ethiopique ; et Ouest-Sémitique. Ce dernier sous-groupe aura prochainement une grande destinée puisque c’est de lui que sortiront les groupes Amorite (auquel les Hébreux sont liés, ainsi que les Cananéens / Phéniciens), Araméen, Chaldéen et Arabe. En compagnie d’haplogroupes plus mineurs, ce peuple Sémite en cours de fragmentation était basé sur J1, T1, R1b-V88 et surtout EM123.
- Au Sud-Caucase, la culture de Kura-Araxe / Culture Transcaucasienne Ancienne (v. 3500 à 2500 AEC) poursuivait son existence centrée sur la Grande-Arménie. Malgré ses indéniables composantes Indo-Européennes qui provenaient peut-être des origines anciennes de son aristocratie, la masse de ce peuple était peut-être Kartvélienne ? En effet, c’est de cette région qu’émergeront bientôt les Hourrites, de langue kartvélienne.
- La péninsule anatolienne était habitée par le peuple que nous avons jusque-là appelé *Sémitidique anatolien mais que nous pouvons désormais appeler Hattien à l’époque où nous sommes parvenus, qui n’est distante que de 1000 ans de celle qui verra l’installation des Hittites [cf. carte S]. Le formulaire religieux des Hittites a merveilleusement préservé quelques bribes de leur langue.
- Enfin, le littoral égéen de l’Anatolie était désormais peuplé de Tyrrhéniens / Pélasges basés sur R1b-M269* [cf. Europe égéenne et balkanique].
Iran, Asie Centrale, Steppes Asiatiques Occidentales, Sibérie Occidentale, Altaï
- Vers 3000 AEC, les agriculteurs chalcolithiques d’Iran, du Turkménistan et d’Afghanistan, étaient toujours au stade formatif du complexe BMAC, dont le site de Namazga-3 est caractéristique. Les principaux sites connus se situaient en Margiane, sur le Kopet-Dag et en Sogdiane / Zeravchan. C’est également l’époque où l’Hyrcanie (Gorgan) se convertit au chalcolithique et entra dans le système, mettant fin au vieux néolithique de Jebel. Toutes ces populations étaient vraisemblablement Elamoïdes, c’est-à-dire étroitement apparentés aux Elamites. Ces gens possédaient tout l’arsenal des animaux domestiques proche-orientaux, ainsi que le chameau de Bactriane, et le zébu dont ils furent vraisemblablement les domesticateurs. Ils connaissaient les chariots à quatre roues et à deux roues, mais n’utilisaient pas le tour de potier. Dès cette époque, Sarazm (Sogdiane) devint un important centre métallurgique et commercial (turquoise, lapis, étain) qui rayonnait à longue distance sur l’Asie Centrale méridionale, l’Elam, la Mésopotamie et probablement le monde des steppes. Cette brillante civilisation qui se mettait en place v. 3000 AEC, était comparable – mais non identique – à celle du Proche-Orient contemporain. Malheureusement, les populations BMAC n’écrivirent pas ou le firent sur des supports périssables dont aucun n’est parvenu jusqu’à nous ; ce qui nous prive de leur histoire.
- Les infiltrations steppiques dans ce monde BMAC en formation se confirmèrent à cette époque : au début du III° millénaire AEC, sur le Zeravchan / Zariaspa (Sogdiane) et dans le delta du Murghab / Margus (Margiane), séjournaient déjà des Indo-Européens dont la culture matérielle les apparente aux gens d’Afanasievo mêlés à des gens de Kelteminar, avec des influences venues de la culture Yamnaya orientale. Nous les avons nommés *Macro-Afanasievo et les avons fait reposer sur R1b-Z2103. Mais par facilité, nous pourrions aussi appeler *Anté-Indiens leurs groupes méridionaux qui commerçaient avec les villageois Elamoïdes BMAC. Ils n’étaient pas des conquérants, mais plutôt des pasteurs itinérants et des commerçants qui vivaient hors des agglomérations BMAC et qui ont donc laissé peu de traces.
- Aux alentours de 2900 AEC, les groupes Yamnayas orientaux les plus orientaux constituèrent la culture steppique de Poltavka. Nous pouvons les nommer *Poltavkas mais il s’agissait aussi de *Proto-Aryens, encore basés sur R1b-Z2103. Ici, le terme ‘’Proto’’ est particulièrement adapté car les Aryens ‘’définitifs’’ résulteront, comme nous le verrons, d’un large remplacement de R1b-Z2103 par R1a-Z94 [cf. carte R]. Vers 2900 AEC, certains de ces clans *Proto-Aryens *Poltavkas des steppes de l’Oural migrèrent vers les steppes du Tobol, portant probablement R1b-Z2103 qui vint se superposer ou s’additionner aux clans *Macro-Afanasievo locaux. Ce mouvement mit un terme aux éléments Botaï qui subsistaient encore, ce que nous pouvons traduire en termes d’assimilation.
- Dans le même temps, d’autres groupes Yamnayas orientaux ethniquement proches, que nous pouvons globalement rattacher au peuple *Proto-Thrace, introduisaient le même haplogroupe R1b-Z2103 au Nord-Caucase dans la culture Post-Maïkop où ils allaient établir les prémisses de la culture des Catacombes.
- Au Nord de l’Altaï la culture Afanasievo se prolongeait. Du matériel Afanasievo était également présent dans l’Altaï mongol. A cette époque, nous avons dit qu’un peuple *Macro-Afanasievo occupaient certainement des territoires bien plus vastes que la seule région qui entourent le site éponyme d’Afanasievo. On peut même faire l’hypothèse que toutes les steppes asiatiques à l’Est et au Sud de l’Ishim éraient sillonnées par des gens de l’Horizon Afanasievo qui s’étendait jusqu’au Gansu et dans le bassin du Tarim où étaient désormais installés les Arśi-Kuči / Tokhariens. Nous laissons toutes ces fractions reposer sur R1b-Z2103.
Baïkalie, Sibérie Orientale, Arctique
- Vers 2900 AEC, au contact des Indo-Européens *Afanasievo, le cuivre fit son apparition chez les Ouralo-Youkaghires de Cis-Baïkalie ; ce qui justifie l’identification d’une nouvelle phase culturelle locale, dite Glaskovo (v. 2900 à 1200 AEC). En réalité, la transition fut graduelle. Certains croient aussi reconnaitre un apport étranger venu des Altaïques de Mongolie. A l’appui, de cette hypothèse, on croit trouver en Cis-Baïkalie des marqueurs culturels par ailleurs présents en Mongolie et en Mandchourie de l’époque. Mais il s’est probablement agi surtout d’influences, et le substratum Serovo Ouralo-Youkaghire N1a dut rester majoritaire. Les tribus de culture Glaskovo demeuraient mésolithiques céramistes, mais elles semblent avoir adopté une économie de subsistance plus diversifiée que celle de leurs ancêtres, ce qui leur permit de quadrupler la densité de leur population. Ce dynamisme populationnel jouera certainement un rôle important à l’origine des futures migrations Ouraliennes et Youkaghires.
- Les Tchouktches de culture Ymyyakhtakh et les *Proto-Tchouktches de culture Bel’kachi occupaient toujours la vallée de la Lena et le Grand Nord, à l’exception du Tchoukotka peuplé par les (Néo)Eskimos Inuit-Yupik.
- Les Paléoeskimos de culture ‘’Arctic Small Tool tradition’’ s’étaient établis en Alaska v. 3000 AEC [cf. carte N]. En moins de 500 ans, ils avaient peuplé tout l’Est de l’Arctique où ils avaient établi des cultures appelées Pre-Dorset, Saqqaq, et Independence-I.
- Les *Proto-Ienisseïens occupaient toujours la vallée de l’Ienisseï.
Chine, Mongolie, Mandchourie, Corée, Japon
- En Mongolie Intérieure, la culture néolithique et désormais chalcolithique de Hongshan final disparut v. 2900 AEC, probablement sous l’effet de la péjoration climatique qui compromit les cultures de millet. Depuis quatre siècles environ, ces populations que nous avons appelées *Para-Ouralo-Altaïques avaient adopté les vaches et les moutons introduits en Extrême-Orient par les pasteurs Indo-Européens de type *Macro-Afanasievo qui s’étaient installés au Gansu ; lesquels étaient probablement les proches parents des Arśi-Kuči / Tokhariens du Tarim. Dans cette région de Mongolie intérieure, la période transitionnelle de Xiaoheyan (v. 2900 à v. 2200 AEC) est très mal connue ; on sait cependant que les descendants des gens de Hongshan virent leur démographie décroitre et que les survivants s’adonnèrent au pastoralisme.
- Le plus vieil objet métallique de Chine proviendrait de la culture de Majiayao, précisément entre 2900 et 2700 AEC.
- En Chine du Nord, la culture de Longshan (v. 3000 à 1900 AEC) s’était installée v. 3000 AEC, portée par la période clémente qui avait permis de cultiver le riz à de plus hautes latitudes, en complément du millet déjà cultivé de longue date par les peuples Yangshao ; peut-être le riz avait-il eu le temps de s’adapter à un climat plus froid ? Les populations Chinoises Han de Longshan élevaient toujours des cochons chinois, mais se mirent aussi à élever des vaches et des moutons. Comme en Mongolie intérieure, ces animaux typiquement proche-orientaux avaient nécessairement été acquis auprès des Indo-Européens *Macro-Afanasievo du Gansu occidental ; peut-être ces derniers s’étaient-ils d’ailleurs encore davantage rapprochés du monde Chinois en raison de la péjoration climatique ? Ces gens possédèrent aussi quelques petits objets en cuivre au sujet desquels il existe un débat pour savoir s’ils étaient le résultat d’un commerce ou d’une production locale.
- De proche en proche, les cultures Néolithiques de Chine du Sud firent à leur tour l’acquisition des animaux domestiques proche-orientaux (bœuf, mouton) ; ils s’ajoutèrent aux animaux domestiques locaux (cochon chinois et poule).
- C’est également à partir de cette époque que d’authentiques pictogrammes apparurent dans plusieurs cultures néolithiques de Chine du Nord et du Sud (Longshan, Dawenku, Liangzhu) ; toutefois, il ne s’agissait pas encore d’une véritable écriture capable de noter toute la pensée, et il faudra encore attendre 1500 ans pour que les peuples de la Chine accèdent définitivement à ce progrès.
- Au Tibet, la situation demeura globalement inchangée. Cela peut-être dû au froid qui entrava les progrès de l’agriculture et freina la démographie des communautés agricoles.
- En Mandchourie et au Primorye, les Nivkhes développaient toujours les cultures de Voznesenka sur le Bas-Amour, d’Osinevo sur le Moyen-Amour et de Zaianovka (v. 3500 à 1500 AEC) au Primorye.
- Nous laissons la Mongolie Occidentale peuplée par des tribus *Proto-Turco-Bulgares et la Mongolie Orientale par des tribus *Proto-Mongolo-Toungouses.
Indes
- Dans la vallée de l’Indus, peut-être peu affectée par l’oscillation climatique, le Harapéen-1 / phase Ravi (v. 3300 à 2800 AEC) se poursuivait. Nous pensons que ses porteurs étaient majoritairement des individus d’haplogroupe L qui constituaient l’extrémité orientale de la plaque Elamoïde. C’est chez eux qu’il faudra, plus tard, chercher les ancêtres linguistiques – en en partie génétique – des Dravidiens actuels.
- Au Cachemire, Gandhara et Haut-Pendjab, la culture Néolithique du Nord était portée par des Tibéto-Birmans d’haplogroupe O2.
- De nos jours, l’haplogroupe J2 demeure bien représenté aux Indes, essentiellement au Pakistan et dans tout l’Ouest de l’Inde. Mais lorsque l’on s’intéresse aux tribus restées en marge de la civilisation indienne classique, on observe que J2 est principalement concentré dans le Deccan avec un gradient Nord Sud. Préservée par la stratification extrême et durable de la société indienne, cette répartition actuelle pourrait être la trace fossile du Néolithique Indien du Sud. Il faut dès à présent anticiper cette réalité en construction, bien que l’extrémité Sud du Deccan ne fût pas encore atteinte par la néolithisation à l’époque de la présente carte. Nous proposons que ces gens d’Inde Centrale, en progression vers le Sud, constituaient la frange la plus orientale d’un groupe Kartvélien déjà très fragmenté et parlaient donc une langue lointainement apparentée au kartvélien, puisque nous associons à l’haplogroupe J2 cette famille linguistique aujourd’hui presque entièrement éteinte.
- Le reste des Indes – piedmonts de l’Himalaya, Côte orientale et Deccan – demeurait le domaine d’un très hétérogène peuple Veddhoïde chez lequel s’exprimait une grande variété d’haplogroupes anciens.
Indochine et Indonésie
- Au Nord-Vietnam, la culture néolithique et rizicole de Phung-Ngyuen (v. 3000 à 1500 AEC) était portée par des Austroasiatiques qui contenaient peut-être encore les ancêtres des Munda. Leurs cousins Khmers et Môns étaient déjà constitués en sous-groupes distincts et étendaient respectivement leurs champs dans les vallées du Mékong et du Chao Phraya.
- L’Indonésie demeurait peuplée de Papouasiens, toujours en retard avec leur culture hoabinhienne.
Nouvelle-Guinée, Australie, Tasmanie, Océanie
- La Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Nord de l’Australie (Terre d’Arnhem) étaient peuplés par des Australiens basés sur l’haplogroupe C1b2b. Nous proposons sans certitude qu’ils étaient déjà séparés en deux groupes qualifiés de Non-Pama-Nyungan en terre d’Arnhem (où commençaient à se forger les ethnies Macro-Gunwinyguan, Tankic et Garawan) et Pama-Nyuggan en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
- Le reste de l’Australie demeurait peuplée par les *Paléo-Australiens que nous pensons d’haplogroupe DE*.
Europe Centrale et Occidentale
Europe atlantique (Ouest-Centre & Ouest-Nord)
- Avec les Etrusques, les Vénètes, les Basques, les Ibères, les Illyriens, les Celtes des îles britanniques et les Italiotes d’Italie, le peuple vecteur de la culture campaniforme – que nous appelons peuple *Campaniformes – est l’une des huit grosses épines de la protohistoire européenne. Cette liste d’énigmes devrait également comprendre les Ligures, mais nous allons expliquer qu’il est licite de les confondre avec ces derniers. Malgré des controverses persistantes, l’horizon campaniforme – qui caractérisa l’Europe Occidentale puis l’Europe Centrale du III° millénaire AEC – semble bien avoir été porté par un peuple authentique. Il ne s’agirait donc pas simplement une nouvelle mode céramique prestigieuse dont la seule qualité ou le seul produit contenu dans les gobelets aurait assuré sa diffusion à grande échelle. Outre les fameux gobelets en cloche (campana) dont cette culture tire son nom, les autres marqueurs caractéristiques du Campaniforme sont des boutons en os perforés en ‘’V’’, des pointes de flèches pédonculées, des brassards d’archers en pierre, des coupes à un ou plusieurs pieds, et parfois des poignards à languette en cuivre. Quand ils veulent bien leur accorder le statut d’un peuple authentique, ceux des chercheurs qui répugnent à voir des Indo-Européens de partout en font un peuple indigène de l’Europe Occidentale. De fait, semblant donner raison à ces thèses ‘’anti-invasionnistes’’, c’est bien à l’extrémité occidentale de la grande forêt primaire d’Europe – au Portugal – que l’archéologie situe les prémices du phénomène campaniforme v. 2800 AEC ; origine occidentale indigène qui semble à première confirmée par l’archéogénétique, puisque cette discipline moderne révèle que les sujets *Campaniformes étudiés en diverses régions d’Europe portaient des haplogroupes ADN-mt (i.e. maternels) indigènes.
Pourtant, malgré ces apparences auxquelles certains s’accrochent par défiance envers les invasions Indo-Européennes, une origine purement occidentale du peuple *Campaniforme est complètement non satisfaisante. En effet, la culture Campaniforme est clairement d’origine Indo-Européenne, au point que ses fameux gobelets ‘’en cloche’’ étaient des objets stylistiquement proches de la poterie cordée, que ses sépultures étaient conformes aux rites funéraires Indo-Européens et que l’archéogénétique montre que les sujets *Campaniformes masculins étaient tous d’haplogroupe R1b-L21, c’est-à-dire exprimaient un variant extrême-occidental de l’haplogroupe R1b-P312 lui-même caractéristique des Yamnayas occidentaux ! C’est pourquoi, même avant de connaître ce dernier argument, les indo-européanistes ont avancé que les *Campaniformes étaient un peuple précocement détaché du groupe Indo-Européen d’Europe Centrale, c’est-à-dire du groupe Italo-Celte. Comment concilier tous ces faits ?
L’analyse conjointe des données converge vers une solution recevable si des Yamnayas occidentaux masculins R1b-L21 précocement migrés en Extrême-Occident, ont contracté des unions avec les femmes indigènes rencontrées dans ce lointain Far-West. Mais par où sont-ils passés ? Avant l’établissement des dates absolues C14, il était logique de faire directement provenir les *Campaniformes depuis l’Europe Centrale, puisque c’est là que s’étaient installés les autres Yamnaya occidentaux. A partir de cette région, en suivant le Danube et le Rhin pour commencer, ils auraient peu à peu diffusé jusqu’à l’Extrême-Occident ; étant en cela le premier peuple Indo-Européen à avoir réalisé cet exploit, bien avant les Celtes et les Romains qui suivront un jour leurs traces. Mais cette diffusion transcontinentale directe et simple est incompatible avec les dates hautes relevées chez les *Campaniformes du Portugal (v. 2800 AEC).
- On peut alors essayer de reconstituer le scénario suivant : aux alentours de 3000 AEC, en complément de leur établissement Italo-Celte principal situé dans les pays danubiens, une fraction basée sur R1b-L21 du groupe Yamnaya occidental, poussa jusqu’aux rivages de la mer Adriatique. Sur ce littoral, les envahisseurs s’imposèrent aux vieilles sociétés chalcolithiques locales qui étaient les héritières d’une longue tradition maritime remontant in fine au vieux peuple néolithique cardial qui avait déjà été recouvert par des groupes Indo-Européens Nakovana issus de l’invasion de v. 4200 AEC et donc potentiellement Proto-Tyrrhéniens R1b-M269* [cf. carte N] ? Une fois de plus, il s’est agi du ‘’parasitage’’ d’une société indigène agricole et sédentaire, par un peuple nomade pastoral. Mêlés aux indigènes dont ils devinrent les cadres dirigeants, ces Yamnayas occidentaux littoraux *Proto-Campaniformes pourrait avoir été à l’origine de la forme dalmatienne de la culture de Vucedol dite Ljubljana-Adriatique (v. 3100 à 2600 AEC) ; avant qu’une de leurs fractions s’installe sur la rive d’en face, à l’origine de la culture italienne de Laterza (v. 3000 à 2300 AEC). Ce faisant, ils héritèrent d’une tradition de relations maritimes ancienne avec la Sicile, Malte, la côte maghrébine et même l’Hispanie ; c’est-à-dire avec toutes les provinces post-cardiales de la Méditerranée Occidentale. Constituant désormais l’aristocratie d’une société de marins, les *Proto-Campaniformes pourraient alors avoir affrété une série d’expéditions maritimes dont les objectifs oscillaient entre piraterie et commerce. Vers 2900 AEC, à une époque encore antérieure à la diffusion du fameux gobelet en cloche, ils progressèrent peut-être rapidement le long de la côte maghrébine, en emportant avec eux la vieille coutume steppique d’élever des stèles aux guerriers morts, d’où le nom de ‘’peuple des stèles’’ qui leur est parfois donné. Ils emportaient aussi les techniques de construction mégalithiques découverte au passage chez les peuples ‘’mégalithiques-2’’ de Sicile et de Malte. Nous appellerons ‘’mégalithisme-3’’ ou ‘’mégalithisme des stèles’’ cette nouvelle phase du mégalithisme d’Europe Occidentale qui comprendra l’érection de stèles pour honorer des rois et/ou des grands guerriers décédés. En Hispanie, les stèles furent particulièrement nombreuses au Portugal, c’est-à-dire dans la région où cristallisa le phénomène campaniforme ; mais elles s’exportèrent également plus loin au Nord, sur la façade atlantique du domaine campaniforme en cours de constitution. Malheureusement, sur toute la côte d’Afrique du Nord, il n’y a qu’au Maroc que nous connaissons des vestiges de cette époque ; vestiges que des datations récentes ont situés voisins de 2900 AEC ! C’est depuis le Maroc que les commerçants-pirates *Proto-Campaniformes pourraient avoir atteints le Sud de la péninsule hispanique, v. 2900 AEC. Péninsule hispanique où ils ont peut-être été attirés par l’aisance matérielle des cultures mégalithiques et chalcolithiques indigènes post-cardiales de Los-Millares-1 et de Vila Nova de São Pedro / VNSP1. Notons bien que si les *Proto-Campaniformes disposaient d’une supériorité militaire, il aurait suffi de quelques clans d’envahisseurs dominants R1b-L21, pour que – métissé avec les femmes indigènes néolithiques – leurs descendants *Campaniformes se répandent sur toute la façade atlantique [cf. cartes suivantes].
- Dans la suite de l’atlas, ce peuple *Campaniforme sera assimilé au peuple Ligure dont le nom protohistorique est parvenu jusqu’à nous. Les raisons de cette équivalence sont basées sur le fait que partout ou les auteurs antiques les plus anciens signaleront des Ligyes / Lygiens / Lugiens (forme grecque), des Liguses / Ligures (forme latine peut-être dérivée d’une déformation celtique), des Ligustes (forme originelle de ce terme ?) ou des Ambrons (auto-ethnonyme originel ?), les archéologues retrouveront la culture Campaniforme / Epicampaniforme, et les généticiens retrouveront l’haplogroupe R1b-L21. Ces trois identités superposées – le nom, la culture et l’haplogroupe ADN-Y – doivent absolument être soulignées. En outre, il faut aussi remarquer qu’il n’est géographiquement pas possible de ne pas superposer un grand peuple protohistorique auquel les très anciens auteurs classiques attribuent TOUT l’Occident, et une grande culture archéologique dont les fouilles ont montré qu’elle occupait TOUT l’Occident à la même époque protohistorique qui fut antérieure aux mouvements celtiques. A l’évidence, il n’y a pas assez de place en Europe Occidentale pour traiter ces deux immenses entités contemporaines comme si elles devaient être deux réalités différentes.
- Après v. 2900 AEC, on pense généralement que la culture andalouse de Los-Millares-2 (v. 2900 à 2600 AEC) demeura indigène. Mais on peut aussi faire l’hypothèse qu’elle ait commencé à être encadrée par des *Proto-Campaniformes fortement acculturés par le milieu indigène ?
- Au Portugal une nouvelle phase de la culture de Vila Nova de São Pedro s’installa aussi v. 2900 AEC. De la même façon, cette phase VNSP-2 (v. 2900 à 2200 AEC) fut vraisemblablement portée par des *Proto-Campaniformes, venus encadrer les indigènes de la phase VNSP-1. Et c’est dans ce milieu culturel mixte que seront bientôt conçus les premiers gobelets en cloche – dits de ‘’style maritime’’ – et que cristallisera la culture Campaniforme proprement dite. Laquelle était probablement celle des premiers Ligustes / Liguses / Ligures [cf. carte P et suivantes].
- Pendant que se déroulaient ces évènements ethnographiques porteurs d’avenir, la façade atlantique de Grande-Bretagne, de la France et de l’Espagne conservait sa vielle culture néolithique mégalithique ; faute de nouveaux apports étrangers depuis la néolithisation du continent, ces régions devaient toujours être peuplées de tribus Sémitidiques qui devaient désormais parler des langues bien diversifiées ; dont celles des régions pyrénéennes qui furent certainement l’une des composantes de la future langue basque. En raison de cette filiation supposée avec le basque, les langues néolithiques d’Europe Occidentale sont parfois appelées **vasconiques ou **euskariennes. Mais nous ne suivrons pas cette tendance, ce qui explique que nous leur avons préféré le terme de sémitidique. En effet, dans le contexte particulier aux refuges montagnards, l’euskarien actuel est le produit d’une stratification linguistique – un créole multiple – qui a intégré toutes les langues ayant infiltré le massif des Pyrénées, depuis l’aurignacien jusqu’au latin, en passant par le sémitidique cardial et le celtique ; toutes strates dont il conserve aujourd’hui la trace. Nous devons nous féliciter que l’euskarien / basque conserve encore des bribes de ces langues anciennes disparues ; mais ce n’est pas une raison suffisante pour appeler **euskarienne toutes les langues successives qui ont été parlées dans les plaines voisines et dans lesquelles il a successivement puisé pour enfin apparaitre sous la forme du basque actuel.
- Vers 2800 AEC, il est possible que des gens de la culture de Seine-Oise-Marne se soient infiltrés dans le domaine atlantique, peut-être poussés par les Yamnayas du peuple Cordé ; cette influence Seine-Oise-Marne sera encore visible chez le peuple Arténacien, plusieurs siècles plus tard.
Europe méditerranéenne (Ouest-Sud)
- Vers 3100 AEC, la migration des Yamnayas occidentaux en Europe balkanique et Centrale s’était accompagnée de la diffusion d’une pratique initiée dans les steppes pontiques, laquelle consistait à sculpter de grossières stèles anthropomorphes, probablement en mémoire de héros guerriers et souverains. A ce propos, on évoque parfois un ‘’peuple des stèles’’. Cette mode se prolongea en milieu Italo-Celte danubien, mais elle se répandit également en Méditerranée Occidentale en relation avec l’expansion des *Proto-Campaniformes que nous venons de faire découler de la culture Ljubljana-Adriatique de la côte dalmatienne [cf. ci-dessus Europe atlantique & ci-dessous Europe égéenne]. Etant donné les tailles respectables de certaines de ces stèles et la superposition de cette nouvelle pratique aux coutumes mégalithiques qui préexistaient en Europe Occidentale, on pourrait parler ici de mégalithisme des stèles ou de ‘’mégalithisme-3’’ (v. 2900 à 2500 AEC).
Europe égéenne et balkanique (Centre-Sud)
- Le gros du peuple Yamnaya occidental R1b-P312 n’avait fait que traverser le Sud des Balkans v. 3100 AEC, avant d’installer la culture de Vucedol dans les Balkans Centraux. Toutefois, quelques-unes de leurs bandes étaient restées en arrière, sur le Bas-Danube et en Valachie Orientale. La culture de Cernavoda-2 (v. 3100 à 2800 AEC) fut celle de cette arrière-garde que nous appelons *Tardo-Italo-Celte, et qui s’était installée à l’Ouest du peuple Anatolien d’Usatovo.
- Sur les Carpates méridionaux et en Transylvanie, le peuple *Proto-Tyrrhénien de Cotofeni – version sud-orientale du peuple de Baden – se maintenait pour l’instant.
- Sur la côte dalmate, la culture Ljubljana-Adriatique (v. 3100 à 2600 AEC), forme locale de Vucedol, avait remplacé la culture Nakovana et nous faisons l’hypothèse qu’elle pourrait avoir été le support de la cristallisation d’un groupe *Proto-Campaniforme / *Proto-Ligure basé sur l’haplogroupe R1b-L21 ? Cela parce que nous pensons que la culture Campaniforme, qui commencera au Portugal, arrivera là par la mer. En suivant cette logique, il se pourrait que dès v. 3000/2900 AEC, des groupes Ljubljana-Adriatique entreprenants aient traversé l’Adriatique et aient été à l’origine de la culture de Laterza (v. 3000 à 2300 AEC) qui s’installa en Italie du Sud-Est (Pouilles, Basilicate). Cette hypothèse nécessite que les Yamnayas occidentaux de la côte dalmate ait rapidement été initiés à la navigation par le peuple Nakovana auquel ils s’étaient imposés [cf. ci-dessus]. Cela n’a rien de novateur car nous avons déjà vu que les invasions de l’Europe en provenance de l’Est (l’Anatolie ou, ici, la Dobroudja) se séparent régulièrement en deux branches : une branche intracontinentale danubienne qui, dans le cas présent est celle des Italo-Celtes, et une branche littorale méditerranéenne qui, dans le cas présent est celle des *Proto-Ligures Ljubljana-Adriatique proches des habitants de Vucedol. Les rituels funéraires de Laterza étaient divers, mais comprenaient des tombes à fosses recouvertes de tumulus, qui évoquent inévitablement le monde des steppes [cf. également ci-dessus Europe atlantique]. Si l’origine Ljubljana-Adriatique de la culture Laterza était confirmée, elle constituerait le second jalon sur la route qui allait conduire des Indo-Européens à fonder la culture Campaniforme dans le lointain occident. Toutefois, cette hypothèse se heurte à un problème de taille : il n’y a pas d’individu R1b-L21 sur la côte adriatique actuelle. Si l’on veut quand même défendre cette hypothèse d’une association des *Campaniformes avec R1b-L21 (groupe frère du R1b-ZZ11 des Italo-Celtes), il faut donc postuler que R1b-L21 a disparu de la côte adriatique, que ec soit sous la simple pression interne de la démographie indigène ou à l’occasion de mouvements humains ultérieurs. Pour cela, il faut que le clan R1b-L21 initial n’ait pas été nombreux et se soit rapidement engagé dans son aventure extrême-occidentale. Il existe cependant une hypothèse alternative qui fait naitre le Campaniforme en Europe Centrale (où R1b-L21 subsiste sans être très abondant) et le fait se répandre seulement dans un second temps en Europe Occidentale. Toutefois, nous répugnons à suivre cette thèse pour des questions de datation, dans la mesure où la culture Campaniforme semble être apparue au Portugal v. 2800 AEC et avoir diffusé à partir de là dans toute l’Europe Occidentale et Centrale où elle apparait plus récente.
- Nous avons vus qu’en Grèce, en Crète, dans les Cyclades et en Troade, une même population Tyrrhénienne – qui devait être celle que les Grecs qualifieront plus tard de Pélasges –, s’était superposée aux indigènes de la mer Egée qui pratiquaient la navigation depuis le tout premier néolithique européen ; à leur tour, dans de nombreux siècles, ces Pélasges R1b-M269 transmettront le flambeau maritime aux Grecs.
- La culture d’Usatovo – que nous pensons Anatolienne – disparut v. 2900 AEC, peut-être parce que les Yamnayas orientaux Greco-Phrygiens s’installèrent à sa place sur le Bas-Boug et le Bas-Dniestr. On peut faire l’hypothèse que des contingents Usatovo s’installèrent en Dobroudja, proche du groupe Anatolien d’Ezero-2 et de Sitagroi-5a déjà installé en Thrace et en Macédoine.
- La vénérable civilisation de Cucuteni-Tripolye n’était déjà plus représentée sur la carte N, après que ses populations se soient converties au mode de vie pastoral des Indo-Européens avec lesquels ils vivaient en symbiose depuis de nombreux siècles. Ses dernières lueurs disparurent entre v. 2900 et 2800 AEC. Une partie de la jeunesse *Epi-Tripolye suivit peut-être les Cordés dans leur conquête du Nord de l’Europe, devenant ainsi l’une des racines des ethnies *Proto-Slaves et Baltes désormais au seuil de leur cristallisation ethnique respective [cf. ci-dessus].
Europe Centrale (Centre-Centre)
- Nous avons vu que v. 3100 AEC, les Yamnayas occidentaux *Proto-Liguro-Italo-Celtes R1b-P312 s’étaient séparés en une branche *Proto-Ligure R1b-L21 devenue littorale et maritime en parasitant les vieilles populations locales, et en une branche Italo-Celte R1b-ZZ11 qui avait envahie la vallée du Danube qu’elle commença dès lors à ponctuer de milliers de kourganes. Les indigènes Baden méridionaux furent assimilés ou vassalisés, tandis que, les groupes *Proto-Tyrrhéniens de Cotofeni et du Nord de Baden-Final prolongèrent encore leurs cultures indigènes jusque v. 2800 AEC.
- Les Italo-Celtes R1b-ZZ11 inaugurèrent la période du Bronze Ancien carpatique. Nous avons nommé *Tardo-Italo-Celte la fraction de ce groupe demeurée en arrière, que nous pensons avoir été à l’origine de la culture de Cernavoda-2 [cf. Europe égéenne et balkanique]. Mais le groupe Italo-Celte principal s’était installé dans les Balkans Centraux où il fut à l’origine de la culture de Vucedol (v. 3000 à 2200 AEC) qui se présente globalement comme un substrat Baden additionné d’apports pontiques. Mille ans plus tôt, les premières invasions steppiques de l’Europe avaient peut-être été conduites par des aventuriers audacieux qui n’avaient pas nécessairement été en grand nombre. Mais contrairement à eux, les fondateurs de Vucedol-A (v. 3000 à 2800 AEC) furent tout un peuple en marche qui s’était trouvé une nouvelle patrie. Cette situation particulière eut des répercussions importantes en termes ethnolinguistiques. En effet, lorsqu’un peuple entier se déplace et vainc les indigènes de sa nouvelle patrie, sa langue a toutes les chances de se maintenir au long cours ; ceci parce que, étant nombreuses dans toutes les couches de la société victorieuse, les femmes immigrées continuent à transmettre leur langue maternelle à leurs enfants, exactement comme elles l’auraient fait si leur peuple ne s’était jamais déplacé. De plus, les prêtres et les vieux – gardiens universels des traditions – empêchent que les coutumes indigènes remplacent les coutumes ancestrales de leur peuple. Dans ce contexte, les indigènes vassalisés doivent nécessairement apprendre la langue des nouveaux dominants. Toutefois, les contacts quotidiens avec les indigènes Baden introduisirent quand même de nombreux mots et quelques formes grammaticales dans la langue des envahisseurs. Cette langue indo-européenne de type ‘’kentum’’, était l’italo-celtique encore indivis, dont l’unité ancienne a été reconnue il y a plus de 100 ans. En effet, la culture de Vucedol était nécessairement celle des ancêtres des Italiotes et des Celtes, qui allaient rester encore indivis pendant près de 1000 ans. C’est parce que – contrairement aux *Proto-Germains – il s’agissait de tout un peuple et non de bandes rapidement mêlées aux indigènes, que l’italo-celtique sera une langue yamnaya occidentale conservatrice, ainsi que nous l’enseigne la comparaison avec les langues yamnaya orientales que sont le sanscrit et les langues baltiques.
Europe nordique et scandinave (Centre-Nord)
- Nous avons vu que dès v. 3000 AEC, après avoir bouté hors des steppes leurs cousins Yamnaya occidentaux, des groupes Yamnaya orientaux *Proto-Balto-Slaves R1b-Z2103 s’étaient installés au Sud-Est de l’arc carpatique où ils avaient fini d’intégrer et d’acculturer ce qu’il restait de l’ancienne culture de Cucuteni-Tripolye, créant les bases de la culture de la Céramique Cordée qui s’installa d’abord en Pologne centrale et méridionale vers 3000 / 2900 AEC [cf. carte N]. La langue de ce peuple avait déjà subi la satemisation, mais pas encore l’augment qui se développera dans les steppes européennes après son départ. Dans la région riche de l’ancienne culture de Tripolye s’étaient installés à demeure des clans R1b-Z2103 qui étaient les descendants patrilinéaires des premiers Yamnayas steppiques. Mais plus loin vers le Nord, l’expansion cordée – qui se fit entre v. 2900 et 2800 AEC – fut essentiellement le fait des clans tripolyens acculturés R1a-Z282, ainsi qu’en témoigne le faible taux de R1b-Z2103 chez les Européens orientaux Baltes et Slaves d’aujourd’hui. C’est peut-être même cette expansion septentrionale qui sélectionna les trois grands variants de R1a-Z282 : 1) R1a-Z284 fut sélectionné chez un peuple *Para-Slave qui occupa la Pologne et qui fut à l’origine de la culture cordée des Haches de Batailles ; 2) R1a-Z280 fut sélectionné par la migration qui porta le peuple Balte et la culture cordée dans les pays baltiques ; 3) R1a-M458 fut sélectionné chez le peuple Slave qui occupa la Biélorussie où s’implanta également la culture cordée. Ces propositions sont développées ci-dessous et dans le paragraphe consacré à l’Europe Orientale.
- La culture des Haches de Bataille / Tombes Individuelles (v. 2800 à 2400 AEC) fut le surgeon occidental de la culture cordée ancienne de Pologne. Nous pensons qu’elle fut portée par un courant *Para-Slave R1a-Z282. Après s’être tout d’abord installées en Basse-Saxe, ces tribus cordées se répandirent v. 2800 AEC sur un immense territoire englobant la Rhénanie, les Pays-Bas, la Belgique, la France Orientale, la Suisse et la Scandinavie. Dans leur expansion, elles recouvrirent le territoire de la culture Proto-Germains des Amphores Globulaires et purent même entraîner avec elles quelques bandes globulaires jusqu’en France Orientale, selon le processus classique des agrégations ethniques qui se produisent souvent lors des agitations de peuples. Toutefois, la culture des Amphores Globulaires ne disparut pas totalement d’Allemagne et coexistera même avec la culture Cordée pendant encore quatre siècles. Outre la culture des Amphores Globulaires, la culture des Haches de Bataille a également amalgamé les traditions du peuple des gobelets à entonnoirs / TRB / TBK.
- L’étude des courants Balte et Slave est reportée plus loin [cf. Europe Orientale].
- Malmenées sur leur territoire allemand, certaines tribus Proto-Germaines R1b-U106 des Amphores Globulaires envahirent le Sud de la Scandinavie v. 2800 AEC et mirent un terme à la phase finale de la culture des Gobelets à Entonnoirs / TRB / TBK. Ces tribus furent accompagnées dans leur conquête par des groupes Cordés des Haches de Bataille, et c’est peut-être à l’occasion de cette traversée que fut sélectionné le variant R1a-Z284 de R1a-Z282 qui apparait aujourd’hui comme spécifiquement Germain. En outre, des clans TRB / TBK R1a-L664, lointains héritiers des temps mésolithiques, furent aussi du voyage.
La langue germanique étant de type ‘’kentum’’, on peut en déduire que la composante ‘’Amphores Globulaires’’ fut plus nombreuse que la composantes ‘’Cordée’’ dont la langue devait être ‘’satem’’ si l’on se réfère aux langues balto-slaves d’aujourd’hui. La conquête de la Scandinavie par ces groupes mêlés mais à fort substratum Indo-Européen apporta le cuivre arsénié et des coutumes steppiques ; toutefois, des objets TRB / TBK perdurèrent dans la nouvelle culture nordique, ce qui permet de penser que la part des indigènes fut importante dans la cristallisation ethnique des Germains Scandinaves protohistoriques qui survint à l’issue de cette période de conquête. Au cours de cette cristallisation, les indigènes scandinaves TRB / TBK vassalisés durent apprendre la langue indo-européenne de leurs nouveaux chefs ; ce faisant, ils infléchirent profondément la langue proto-germanique, au point de modifier sa prononciation et d’introduire environ 30% de vocabulaire indigène dans ce qui était au seuil de devenir la langue germanique ancienne. Sur le plan anthropologique, la blondeur des Germains Scandinaves est également un trait hérité des indigènes pré-indo-européens de la région. Sur le plan religieux, les Germains conservèrent l’ancienne religion hérités des steppes ; mais qui fut enrichie de pratiques chamaniques héritées des indigènes TRB / TKB.
Europe Orientale
Europe steppique et caucasienne (Est-Sud)
- Depuis le départ des Yamnaya occidentaux (*Proto-Liguro-Italo-Celtes) pour l’Europe Centrale v. 3100 AEC, et le départ des Yamnaya orientaux * Proto-Balto-Slaves partis au Nord installer la culture de la céramique cordée v. 3000 AEC, les steppes pontiques restaient le domaine du groupe Yamnaya oriental désormais divisé en trois composantes encore basées sur R1b-Z2103 : *Proto-Greco-Phrygienne dans les steppes du Dniepr, *Proto-Thrace dans les steppes du Don et de la Basse-Volga, et *Poltavka / *Proto-Aryenne dans les steppes de la Moyenne-Volga et de l’Oural [cf. ci-dessus, steppes asiatiques occidentales]. Dans ces groupes, le processus de satemisation était diversement avancé.
- Nous proposons que les steppes du Dniepr étaient occupées par un groupe *Proto-Greco-Phrygien R1b-Z2103 encore indivis ; et que, v. 2900 AEC, ce groupe s’installa sur le Bas-Boug, le Bas-Dniestr et les bouches du Danube, c’est-à-dire à l’emplacement de la culture d’Usatovo qui fut alors dispersée [cf. ci-dessus Europe égéenne et balkanique].
La langue grecque et la langue phrygienne (mal connue) sont demeurées ‘’kentum’’, tout comme le latin, le celte ou le germanique ; raison pour laquelle il est d’usage de rattacher le grec aux langues yamnayas occidentales. Pourtant il s’agit vraisemblablement d’une erreur : le grec n’est pas la langue occidentale la plus orientale, mais la langue orientale la plus occidentale ! Cette distinction, qui pourrait paraitre futile, est fondamentale. En effet, considérer le grec comme le dialecte le plus occidental du yamnaya oriental permet de comprendre trois faits : 1) Les isoglosses du grec avec l’italique et avec le celtique sont peu nombreuses, alors qu’elles devraient être plus abondantes si le grec était réellement une langue occidentale. Ces quelques traits occidentaux rencontrés dans le grec peuvent s’expliquer par la position géographique tampon du proto-grec, ou bien par l’incorporation de traits occidentaux lorsque les *Proto-Grecs prirent la place des *Proto-Liguro-Italo-Celtes dans l’Ouest des steppes pontiques. 2) Le grec appartient à l’’’aire de l’augment’’ qui regroupe les langues yamnaya orientales à l’exception des langues balto-slaves. 3) Malgré son appartenance aux langues ‘’kentum’’, le grec possède de nombreuses isoglosses en commun avec les langues aryennes, avec le thrace (dont l’albanais et l’arménien, langues ‘’satem’’, sont des vestiges très modifiés) et avec les langues balto-slaves. Si on veut absolument faire du grec une langue occidentale, on dira que ces traits s’expliquent parce qu’il a plus longtemps voisiné avec les langues orientales que toutes les autres langues occidentales. Mais il est beaucoup plus simple d’en faire une langue orientale qui a échappée à la satemisation, tout en exprimant massivement les autres caractéristiques des langues orientales. 4) Il s’agit même de la seule explication raisonnable parce que, chez les Grecs actuels, les haplogroupes ADN-Y d’origine Indo-Européenne sont un peu R1b-M269* (hérité du substrat Tyrrhéno-Anatolien / Pélasge) et R1b-Z2103 (hérité des Yamnayas orientaux originels) ; tandis que l’haplogroupe R1b-L51 / R1b-L11, typique des Yamnaya occidentaux, est pratiquement absent de Grèce.
- Nous identifions comme *Proto-Thrace le groupe probablement R1b-Z2103 qui nomadisait dans les steppes du Don et de la Basse-Volga. La satemisation avait touché ce groupe dans la mesure où le thrace historique (mal connu) sera plus tard une langue ‘’satem’’. Dans le Nord-Caucase, ce sont peut-être des groupes *Proto-Thraces qui mirent fin à la phase Post-Maïkop v. 2800 AEC [cf. ci-dessous].
- Dans le Nord-Caucase, la culture Post-Maïkop (v. 3100 à 2800 AEC), qui était portée par des Anatoliens R1b-M269* demeurés en arrière des Anatoliens historiques, fut envahie v. 2800 AEC par des groupes Yamnaya orientaux *Proto-Thraces que nous pensons avoir été basés sur R1b-Z2103. Ce sera l’origine de la culture des Catacombes [cf. cartes P & suivantes].
Europe Orientale (Est-Centre & Est-Nord)
- Nous venons de voir que v. 2800 AEC, le peuple *Balto-Slaves majoritairement basé sur R1a-Z282 qui avait installé la culture de la Céramique cordée en Pologne méridionale, fut pris d’une agitation dont résulta l’installation de la culture *Para-Slave des Haches de Bataille à l’Ouest. Ce mouvement – ou la migration ultérieure d’une fraction en Scandinavie – sélectionna le variant R1a-Z284 de R1a-Z282 [cf. ci-dessus].
- Dans le même temps, d’autres groupes cordés partirent vers l’Est où ils furent à l’origine des Baltes et des Slaves.
Le groupe Balte s’installa dans les actuels pays baltes desquels ils repoussèrent vers l’Est les peuples Niemen et Narva de la Céramique Peignée. Ce mouvement sélectionna le variant R1a-Z280 de R1a-Z282.
Le groupe Slave protohistorique s’installa quant à lui en Biélorussie où ses descendants deviendront un jour les Slaves historiques après avoir reçus de nouvelles influences. Ce mouvement sélectionna le variant R1a-M458 de R1a-Z282 au côté du variant R1a-Z280.
- Le reste de l’Europe Orientale demeurait le territoire des *Paléo-Européens de la Céramique / Poterie Peignée.