N – 3 200 à 2 900 AEC – SUBBOREAL ancien (2)
N – 3.200 à 2.900 AEC – HOLOCÈNE – SUBBOREAL ancien (2)
Climat
Plutôt que v. 3500 AEC, certains chercheurs situent v. 3200 l’oscillation froide de Piora et invoquent alors un évènement volcanique ou météoritique survenu en 3195 AEC, année que la dendrochronologie pointe précisément comme l’une des plus froides de ces 7000 dernières années. Cependant, et sans certitude, nous avons interprété autrement les archives glaciaires du Groenland à partir desquelles nous avons établi toute la chronologie de l’atlas. Ainsi, la période comprise entre 3300 et 2950 nous apparait plutôt globalement clémente, en dépit d’une oscillation froide interne située entre v. 3200 et 3100 AEC. Si l’on veut raccrocher les deux logiques, ce petit froid pourrait-il avoir été la conséquence de l’évènement survenu en – 3195 ? Un évènement ponctuellement intense mais vite surmonté par la machinerie climatique qui répond à de nombreux paramètres complexes ? Par ailleurs, sans tomber dans l’astrolâtrie, nous remarquons que c’est en 3114 AEC que l’érudition croit devoir dater le début du calendrier Maya. Cela pourrait-il avoir correspondu à un évènement particulier ? Où à une refondation cultuelle par un peuple qui avait surmonté cet évènement et avait cru en tirer un enseignement spirituel ? A ce stade, laissons en suspens la question du climat au XXXII° siècle AEC et contentons-nous de constater que, sans être exceptionnel, il n’était pas mauvais aux alentours de 3000 AEC. Passée cette date il commencera à se dégrader de nouveau en direction d’une oscillation froide particulièrement intense qui culminera aux alentours de 2800 AEC [cf. carte O].
Afrique du Nord et Sahara
Afrique du Nord Occidentale
- C’est peut-être v. 3000 AEC – à l’occasion de l’amélioration climatique post-Piora qui devait faciliter les conditions de vie en bordure du Sahara – que les premiers Berbères anciens pénétrèrent en Afrique du Nord avec leurs troupeaux d’ovicaprinés. Mais probablement sans s’installer sur le littoral où devaient toujours vivre des peuples Sémitidiques Epi-Cardiaux probablement mâtinés d’éléments Capsiens ? Il faut cependant préciser que l’Afrique du Nord de cette époque est mal connue des archéologues. Nous avons attribué l’haplogroupe E-M81 à ces Berbères anciens.
Egypte et Cyrénaïque
- En Egypte, la période de Nagada-2 prit fin v. 3200 AEC. La période suivante, dite Semainien ou Nagada-3 (v. 3200 à 3100/3050 AEC) fut une adaptation à l’oscillation froide qui fut peut-être suffisante pour contraindre les Egyptiens du Sahara oriental à déserter les affluents asséchés du Nil et à se concentrer dans la vallée du Grand Fleuve. Pourtant, ce fut une période culturelle féconde pour les Egyptiens : ils connurent les premiers objets en bronze à l’étain et, surtout, ils inventèrent les hiéroglyphes qui – avec les pictogrammes sumériens inventés à la même époque – furent la plus ancienne écriture incontestable dans le Monde. Ces premières inscriptions modestes nous conduisent au seuil de l’histoire ; c’est grâce à elles que l’érudition moderne peut entrapercevoir l’existence d’une dynastie 0, raison pour laquelle on donne aussi à cette période le nom de Protodynastique.
- Entre 3100 et 3000 AEC, à l’époque où le climat recommençait à s’améliorer, un roi du Sud appelé Narmer conquit le royaume du Nord et unifia pour la première fois ‘’le roseau et l’abeille’’, acte de fondation de la 1° dynastie Egyptienne (v. 3100/3000 à 2900 AEC).
- Plus loin au Sud, sur le Haut-Nil, les *Austro-Egyptiens du Groupe-A restaient de purs éleveurs, probablement parce que le climat de leur région était trop sec pour faire pousser les céréales proche-orientales. La péjoration climatique de 3200 à 3100 AEC ne fit probablement qu’accentuer le problème. Puis le blé apparut soudainement au Soudan v. 3000 AEC, c’est-à-dire dès le début de l’amélioration climatique suivante. Le blé étant une céréale originaire du Proche-Orient, il dut nécessairement traverser le territoire du groupe A qui poursuivit pourtant son existence. Il est difficile de dire si l’apparition de l’agriculture dans la région découla d’une installation de paysans Egyptiens venus du Nord avec les techniques d’irrigation ? Ou si cela découla tout simplement de l’adoption de ces techniques par les *Austro-Egyptiens du groupe A qui n’avaient jamais été pasteurs que par nécessité ?
Sahara
- L’asséchement du Sahara survenu depuis 3500 AEC avait compromis le pastoralisme boviné des Tchadiques dans de nombreuses régions du Sahara où l’herbe était devenue insuffisante. Ce peuple parvint toutefois nécessairement à se maintenir au Sud du Sahara. Ainsi, des sites pastoraux que nous proposons d’attribuer à des Tchadiques sont attestés v. 3000 AEC dans le Ténéré. Cette époque fut probablement celle dite du bovidien final lorsqu’on se réfère à l’art rupestre. Dans l’Aïr, le cuivre fit son apparition v. 3000 AEC ; si la technique diffusa probablement via le monde Berbère en expansion [cf. ci-dessous], cela ne signifie pas que la présence de ce métal dans l’Aïr connote une présence Berbère aussi loin au Sud. On y verra plutôt la conséquence d’échanges commerciaux entre tribus d’ethnies différentes, où même une acculturation des Tchadiques locaux aux techniques métallurgiques ?
- Le pastoralisme ovicapriné des Berbères anciens était bien moins exigeant que le pastoralisme boviné. C’est probablement la raison qui explique que ce peuple profita des difficultés des tchadiques : ceux-ci avaient probablement déserté le Nord du Sahara pendant l’épisode de sécheresse initié v. 3500 AEC, et ce sont les Berbères qui les remplacèrent quand l’humidité revint, parce que cette humidité était insuffisante pour faire renaitre un beau ‘’Sahara vert’’ indispensable aux bovins, mais suffisante pour faire apparaitre un moins beau ‘’Sahara jaunissant’’ qui convenait très bien aux chèvres et aux moutons. Avec les ovicaprinés, les Berbères anciens diffusèrent la métallurgie du cuivre dans tout le Sahara jusqu’à la côte atlantique. Dans le Tassili, cette époque correspond au début de la culture d’Iheren dont les peintures font revivre un peuple disparu qui était visiblement Europoïde.
Afrique sub-saharienne
Afrique subsaharienne de l’Est
- En Afrique subsaharienne, l’agriculture avait débuté quelques siècles plus tôt par la domestication du sorgho à l’Est de la bande sahélienne qui était beaucoup plus humide qu’aujourd’hui [cf. carte M]. Dès v. 3000 AEC, grâce au léger regain d’humidité, l’économie agricole s’étendit rapidement dans la bande sahélienne, au moins dans le domaine que nous attribuons aux peuples Nigéro-Kordofaniens basés sur E1b1a1. La densité humaine accrue fut peut-être un élément de leur expansion ? [cf. carte O].
Afrique subsaharienne de l’Ouest
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Forêt pluviale
- En Afrique de l’Ouest, il est possible que les contacts s’intensifièrent entre les populations Africoïdes savanicoles *Ouest-Africaines majoritairement E1a et les populations forestières Pygmées d’haplogroupes A et B. Nous avançons cette hypothèse parce que la forêt pluviale costale régressa certainement beaucoup pendant le siècle de sècheresse, au profit du mode de vie savanicole.
- Toutefois, ces contacts ne concernaient que la forêt côtière et les lisières de la bande sahélienne ; le reste de la grande forêt pluviale restait encore à l’écart du changement, certainement du fait d’un équilibre parfait entre les Pygmées et leur cadre de vie immuable.
Afrique du Sud
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Asie Occidentale Méridionale (Levant, Proche-Orient, Moyen-Orient, Anatolie, Arabie)
- Vers 3900 AEC, l’expansion commerciale des Sumériens d’Uruk avait généré un réseau étendu sur la Mésopotamie, l’Anatolie orientale, le Sud et le Nord du Caucase, la Susiane et même le plateau iranien [cf. carte K & suivantes]. Il s’agissait d’une culture très dynamique et c’est v. 3200 AEC – à la même époque que leurs homologues d’Egypte – que les intellectuels d’Uruk inventèrent des pictogrammes qui permettaient, pour la première fois, de transmettre à distance des notions matérielles et des instructions. Pourtant, aux alentours de 3100 AEC, peut-être en lien avec la crise climatique, cette belle organisation supra-étatique s’effondra ; entrainant dans sa chute les cultures d’Anatolie Orientale et jusqu’à celle de Maïkop, pourtant situé de l’autre côté du Caucase.
- En Mésopotamie méridionale, la culture Sumérienne de Djemdet Nasr (v. 3100 à 2900 AEC) succéda sans transition à celle d’Uruk avec une ambition qui pourrait paraître réduite mais qui préparait l’émergence des premiers états historiques du Pays de Sumer. Dès le début de cette période, les scribes perfectionnèrent la proto-écriture sumérienne inventée un siècle plus tôt, à la fin de l’époque d’Uruk.
- Sur la côte anatolienne du Nord-Ouest, à la place de la culture chalcolithique de Kumtepe-B (v. 3700 à 3100 AEC), la ville de Troie1 (v. 3100/3000 à 2650 AEC) fut fondée v. 3100/3000 AEC par une nouvelle population que nous pensons avoir été constituée de réfugiés *Proto-Tyrrhéniens / Tyrrhéniens venus Sitagroi-4, d’Ezero-1 et de Cernavoda3. Le site de Troie-1, qui fut dès cette phase initiale entouré d’une muraille, était impliqué dans un commerce maritime avec le peuple de même origine que lui qui s’installa à la même époque dans les îles de la mer Egée et fonda la civilisation cycladique à la place de l’ancienne culture d’Attica-Cephala. [cf. aussi Europe égéenne et balkanique].
- Vers 3100 AEC, à partir de son noyau centré sur l’actuelle Arménie et le Nord de l’Azerbaïdjan, la Culture Transcaucasienne Ancienne également dite de Kura-Araxe (v. 3500 à 2500 AEC) s’étendit dans les montagnes d’Anatolie orientale, ou elle établissait ses modestes villages sur les ruines des grands établissements urukéens. Symétriquement, elle s’étendit également en direction du Nord-Ouest de l’Iran (Godin-tepe).
Iran, Asie Centrale, Steppes Asiatiques Occidentales, Sibérie Occidentale, Altaï
- Au Sud-Est des actuels Turkménistan et Ouzbékistan, la phase formative de l’horizon BMAC – ou culture de Namazga-3 (v. 3500 à 2500 AEC) – se poursuivit. L’oscillation froide de v. 3200/3100 AEC – où l’amélioration climatique qui suivit ? – incita peut-être les gens du Kopet-Dag à se répandre en Margiane où se développa la culture de Kelleli dans le delta du Murghab / Margus. En Transoxiane / Zeravchan le site de Sarazm fut agrandi ; tandis que celui de Shahr-i Shōkhta était fondé sur l’Hilmend en Drangiane / Séistan.
- L’aire *Kelteminar, toujours mésolithique céramique, s’agrandit en direction de la mer Caspienne, peut-être parce que l’épisode climatique Piora avaient malmené les agriculteurs Jebel ?
- Au Nord-Ouest des *Kelteminar, au-delà de l’Emba qui est la frontière du Monde steppique européen, se trouvaient les Yamnayas orientaux basés sur R1b-Z2103 [cf. ci-dessous Europe Orientale] ; et au Nord-Est les tribus que nous avons appelées *Macro-Afanasievo, basées elles aussi sur R1b-Z2103. La découverte d’objets yamnayas dans les steppes asiatiques plaide pour l’existence d’une route commerciale sillonnée par des charriots à quatre roues entre les steppes européenne et l’Altaï. Pourtant, la culture Botaï persistait encore au Nord Kazakhstan dans sa phase Botaï final / Post-Botaï (v. 3200 à 2900 AEC) ; ces derniers indigènes *Para-Indo-Européens devaient être en voie d’acculturation.
- Sur l’Altaï, le Haut-Ob et le Haut-Ienisseï, la culture d’Afanasievo se poursuivait. Son peuple *Afanasievo était la fraction nord-orientale de l’ensemble *Macro-Afanasievo. Des artéfacts de cette culture antérieurs à 2500 AEC ont aussi été trouvés du côté mongol des montagnes de l’Altaï, dans la province de Baian-Ölgii.
- Des tribus de même origine *Macro-Afanasievo formaient quant à elles une fraction sud-orientale que nous avons appelée *Proto-Arśi-Kuči et qui s’étendait au Semiretchie, en Dzoungarie et jusqu’au Gansu Occidental. C’est peut-être v. 3100 AEC que certaines de ces tribus méridionales pénétrèrent dans le bassin du Tarim / Xinjiang et furent à l’origine du peuple Arśi-Kuči / Tokharien. Cela explique les similarités archéologiques constatées entre la culture d’Afanasievo et le Chalcolithique du bassin du Tarim. Près de 2000 ans plus tard, les oasis du Tarim subiront au moins une autre vague de peuplement venues des Steppes Indo-Européennes ; celle-ci sera basée sur R1a-Z94, peut-être aux alentours de 1200 AEC, et sera donc le fait d’Iraniens orientaux de langue ‘’satem’’ [cf. carte V] ; mais cette nouvelle intrusion ne sera manifestement pas suffisante pour faite disparaitre la vieille langue ‘’kentum’’ des textes indo-européens du Tarim. En effet, les langues tokhariennes que ces textes nous ont fait découvrir au début du XX° siècle étaient de type occidental, et conservaient même certains traits qui les apparentaient aux langues anatoliennes. Malgré la distance géographique considérable, il ne faut pas s’en étonner. En effet, les unes et les autres pourraient avoir été parlées par des populations porteuses de variants de R1b-L23, l’haplogroupe racine des premiers Indo-Européens steppiques. Si les Anatoliens et les Tokhariens n’ont évidemment pas lieu d’être confondus, il faut remarquer que les uns et les autres se sont développés en périphérie des innovations linguistiques et génétiques yamnayas et post-yamnayas ; ce qui explique qu’ils ont conservé des haplogroupes anciens et des dialectes anciens. C’est un cas typique de conservatisme des marges.
Baïkalie, Sibérie Orientale, Arctique
- La Cis-Baïkalie conservait sa culture Serovo que nous pensons avoir été celle des Ouralo-Youkaghires indivis.
- A l’Est de ceux-ci, La culture Ymyyakhtakh (v. 3000 à 1000 AEC) apparut v. 3000 AEC. Peut-être favorisée par l’épisode clément, elle cristallisa dans le bassin de la Moyenne-Léna, à partir d’éléments méridionaux qui s’amalgamèrent à la culture ‘’indigène’’ de Bel’kachi que nous avons qualifié de *Proto-Tchouktche. Tout comme les gens de Bel’kachi qui les avaient précédé, les gens d’Ymyyakhtakh avaient leurs racines en Trans-Baïkalie. Nous pensons qu’il s’agissait des ancêtres patrilinéaires des Tchouktches actuels et qu’ils étaient essentiellement basés sur l’haplogroupe P1*(non-Q non-R).
- Quand on les examine de manière diachronique, ces cultures de Sibérie Orientale sont comparables à des véhicules avançant les uns derrière les autres sur le ‘’boulevard de la Léna’’ ; ce qui explique que leurs dates d’existence se chevauchent puisque, quand l’une commence au Sud, la précédente existe toujours plus loin au Nord. Ainsi, v. 3000 AEC, alors que la culture d’Ymyyakhtakh commençait au Sud, la culture Bel’kachi (v. 4200 à v. 2200 AEC), encore solidement implantée sur toute la Sibérie Orientale septentrionale, se répandit en Yakoutie Orientale, à l’Est de la Basse-Léna ; on peut inférer ce mouvement grâce à l’apparition des toutes premières poteries dans cette région. Au-delà encore, cette intrusion de *Proto-Tchouktches Bel’kachi en direction du Tchoukotka pourrait avoir incités les *Macro-Eskimos Sumnagin à se replier en direction de l’Est, et même avoir poussé une partie d’entre eux à s’installer aux Amériques.
- En effet, c’est v. 3000 AEC, que les Paléoeskimos – de culture mésolithique, acéramique et microlithique dite « Arctic Small Tool tradition » – franchirent le détroit de Béring et s’installèrent en Alaska, peut-être en contrecoup du domino de peuples qui vient d’être suggéré. En moins de 500 ans, tout l’Est de l’Arctique sera peuplé par ces Paléoeskimos qui développeront des cultures appelées Pre-Dorset, Saqqaq, et Independence-I.
- Ces Paléoeskimos n’étaient pas les ancêtres patrilinéaires des Eskimos d’aujourd’hui. Les ‘’véritables’’ Eskimos Inuit-Yupik seront issus des tribus qui demeurèrent en Asie après le départ des Paléoeskimos. C’est seulement 1800 ans plus tard qu’ils franchiront à leur tour le détroit de Béring (cf. carte V).
Chine, Mongolie, Mandchourie, Corée, Japon
- Chez les Chinois Han, la culture de Yangshao-récent (v. 3300 à 3000 AEC) évolua sans rupture en celle de Longshan (v. 3000 à 1900 AEC) ; outre le millet déjà cultivé par leurs ancêtres, ces gens se mirent aussi à cultiver du riz en provenance de Chine du Sud ; il est probable que c’est l’amélioration climatique qui autorisa la diffusion vers le Nord de cette céréale, en préalable à l’évolution de variétés adaptées au climat septentrional. C’est à partir de cette époque que d’authentiques pictogrammes apparurent dans plusieurs cultures néolithiques de Chine (Longshan, Dawenku, Liangzhu) ; toutefois, il ne s’agissait pas encore d’une véritable écriture capable de noter toute la pensée, et il faudra encore attendre 1500 ans pour que les peuples de la Chine accèdent à ce progrès.
- A l’Ouest de la culture de Longshan, la culture de Majiayao était toujours dans sa phase Majiayao. Il s’agissait aussi de Chinois.
- Dans l’Est du Sichuan la culture de Yingpanshan (v. 3200 à 2500 AEC) étaient une expansion des agriculteurs Chinois de Majiayao (millet). De même origine Majiayao, la culture agricole de Karuo (v. 3200 à 1900 AEC) s’était installée dans l’Ouest du Sichuan et le Nord du Yunnan [cf. carte M].
- Le Nord du plateau tibétain était peuplé de Tibéto-Birmans dont les tribus les plus extrêmes venaient de s’installer au Nord du Pakistan actuel [cf. carte M]. Le Sud-Est du Tibet restait encore peuplé de *Paléo-Tibétains d’haplogroupe D, en voie de régression.
- Au Hunan, Hubei et Jiangxi, dans le bassin du fleuve Bleu, la culture néolithique de Qujialing (v. 3500 à 2500 AEC) était probablement portée par des Hmong-Mien. Les Austronésiens du littoral se partageaient toujours en plusieurs cultures apparentées ; du Nord au Sud il s’agissait des cultures néolithiques de Dawenku, de Liangzhu (embouchure du fleuve Bleu), de Tanshisan et de Quiglonjyuan. Les Daïques / Taï-Kadaï portaient quant à eux les cultures de Yonglan, de Yuan Shan & Shixia qui actent les débuts du néolithique dans la région. Il semble que des nouveaux-venus d’origine Austronésienne soient venus s’installer dans la vallée de la rivière des Perles où ils implantèrent la riziculture v. 3200 AEC. Nous avançons que les indigènes mésolithiques locaux se convertirent à ce nouveau mode de vie entre v. 3200 et 3000 AEC. Ce fut également le cas du peuple mésolithique de Da But auxquels nous attribuons une identité Austro-Asiatiques basés sur O1b1. La nouvelle culture néolithique de ce peuple est appelée Phung Nguyen dans la vallée du fleuve Rouge, et Néolithique du Yunnan (v. 3100 à 2500 AEC) dans les moyennes vallées du Mékong et du Chao Phraya.
- Au Nord de la Chine, la Mongolie était peuplée par les Turco-Bulgares à l’Ouest et par les Mongolo-Toungouses à l’Est. A l’occasion de l’oscillation froide, le Gobi était redevenu complètement désertique et il ne retrouvera jamais ses prairies d’antan.
- Les Nivkkes étaient implantés dans tout le bassin de l’Amour et au Nord de Sakhaline.
Indes
- Au Nord du Pakistan, le Néolithique du Nord était porté par des Tibéto-Birmans récemment arrivés dans la région.
- Au cours de cette période, les Harappéens Proto-Dravidiens se répandirent dans toute la vallée de l’Indus (Harapéen-1 / phase Ravi, entre v. 3300 et 2800 AEC). Nous pensons qu’ils étaient porteurs de l’haplogroupe L1 et que – mêlés aux gens du Sud et de l’Est – certains de leurs descendants deviendront les Dravidiens [cf. cartes U & suivantes].
- Il est probable que cette implantation harappéenne / Proto-Dravidienne ait eu des répercussions sur les populations indigènes du Pendjab qui furent peut-être repoussées vers l’Est ? Nous avons précédemment tenté d’attribuer une ethnie Kartvélienne à ces populations pour expliquer l’introduction de l’haplogroupe J2 aux Indes. Vers 3000 AEC, elles se répandirent alors dans l’état du Mahārāshtra et au Nord du Karnataka, au Nord-Ouest du Deccan. Ce fut l’origine de ce qui est appelé Néolithique Indien du Sud dans sa phase 1.A. La culture matérielle de ce peuple restait microlithique, mais les poteries firent leur apparition dans les régions dites. S’il n’existe pas de claires évidences en faveur d’une économie de production, celle-ci n’est pas exclue ; et nous parait même plausible si les colons venaient du Nord puisque cette région était déjà acquise à la céramique et à l’économie de production de type proche-orientale.
- L’Inde des piedmonts himalayens ainsi que l’Inde du Sud et de l’Est demeuraient mésolithiques. Les populations de ces contrées étaient Veddhoïdes, si l’on accepte de regrouper sous ce nom valise une série de peuples anciens diversement amalgamés selon les régions. Peuples qui laisseront un fort substrat lorsque des colons venus du Nord s’installeront dans le Sud [cf. carte R].
Indochine et Indonésie
- Vers 3100 AEC, les populations du Nord-Vietnam – jusque-là de culture Da-But – entrèrent dans le Néolithique agricole, probablement sous l’influence de leurs voisins. La nouvelle phase culturelle locale est appelée Phung-Nguyen (v. 3100 à 1500 AEC).
- Vers 3000 AEC, la culture Néolithique du Yunnan était portée par des Austro-Asiatiques. En descendant les vallées du Mékong et du Chao Phraya certains de leurs groupes commencèrent à se répandre sur l’Est de l’Indochine qui était jusque-là restée hoabinhienne, c’est-à-dire technologiquement très en retard [cf. Asie du Sud]. Au rythme des houes, le riz fut rapidement introduit sur la péninsule, porté par des groupes en position ancestrale patrilinéaire vis-à-vis des Khmers, des Môns et des Mundas. Ces nouveaux-venus O1b1 commencèrent à remplacer les indigènes hoabinhiens que nous avons associés aux Papouasiens d’haplogroupes M et S. Mais la colonisation fut certainement accompagnée d’un métissage avec les indigènes ; ce qui explique certaines caractéristiques anthropologiques des populations actuelles de la péninsule, comme la sundadontie.
Nouvelle-Guinée, Australie, Tasmanie, Océanie
- En concomitance avec l’apparition intrusive du Néolithique en Indochine, c’est peut-être v. 3000 AEC seulement que les Papouasiens d’haplogroupes M et S se répandirent sur les îles des Célèbes, de Timor, des Moluques, et prirent pieds en Papouasie Nouvelle-Guinée. La chronologie de ces mouvements n’est pas assurée faute de vestiges archéologiques suffisants ; mais cette colonisation exista nécessairement et se produisit a une date qui ne peut pas avoir été beaucoup antérieure ou postérieure à celle que nous proposons. Les Papouasiens commencèrent alors à remplacer dans toutes ces îles les ancêtres linguistiques des Aborigènes Australiens d’aujourd’hui. De nos jours, M et S demeurent faiblement présents en Indochine, ce qui constitue probablement la trace vestigiale de leur ancienne répartition continentale.
- On peut aussi tenter de rattacher à cette époque la pénétration des Australiens d’haplogroupe C1b2b en Australie ; ceux-ci venant coloniser ce continent jusque-là peuplé de *Paléo-Australiens que nous pensons avoir été structurés par l’haplogroupe DE*. Envisager un remplacement ethnolinguistique total à une époque aussi récente peut paraître étrange, tant nous avons l’habitude d’associer les ‘’peuples premiers’’ arrivés jusqu’à nous à une préhistoire réputée immuable et de profondeur insondable ; en particularité dans le cas des Aborigènes d’Australie dont la vulgate répète à l’envie qu’ils seraient présents sur la grande île depuis 60.000 ans. Pourtant, la grande homogénéité des langues aborigènes d’Australie exclut absolument une présence très ancienne de ces langues sur cette île-continent. Actuellement, il existe deux familles de langues indigènes en Australie : 1) les langues pama-nyungan qui sont très homogènes et qui couvrent aujourd’hui presque toute l’Australie à l’exception de la terre d’Arnhem dans le Nord tropical ; 2) les langues commodément regroupées en un groupe valise appelé ‘’non-pama-nyungan’’, qui sont beaucoup moins homogènes quoique non totalement étrangères les unes aux autres, et qui sont seulement localisées en terre d’Arnhem. Or, il apparait que les langues pama-nyungan doivent in fine être considérées comme un grand sous-groupe clairement rattaché à l’ensemble ‘’non-pama-nyungan’’. Dans ces conditions, pour éviter le paradoxe qui consisterait à inclure le pama-nyungan dans le groupe non-pama-nyungan, il convient plutôt de nommer macro-pama-nyungan la famille linguistique australienne toute entière ; et de la diviser en quatre branches (macro-gunwinyguan, tankic, garawan, et pama-nyungan) qui n’ont pas pu se séparer il y a bien longtemps.
Pour concilier ces faits linguistiques, nous proposons deux scénarios alternatifs : a) les Australiens *Macro-Pama-Nyungan indivis vivaient aux Célèbes et dans les îles de la Sonde. Le groupe Non-Pama-Nyungan serait arrivé en Australie le premier, peut-être en provenance de Timor et de l’Ouest de la Nouvelle-Guinée Papouasie où ils auraient été les premiers Australiens confrontés à l’avancée des Papouasiens. Pour un temps, le groupe Pama-Nyungan occupa encore le reste de la Nouvelle-Guinée avant de s’installer en Australie lui-aussi [cf. carte Q]. Sans certitude, c’est le scénario que nous matérialisons sur la carte N et les suivantes. b) les Australiens *Macro-Pama-Nyungan indivis s’installèrent en terre d’Arnhem dans les conditions que nous avons dites ; puis le groupe Pama-Nyungan se détacha d’eux et peupla toute l’Australie à l’exception de la terre d’Arnhem dont il provenait ; laissant cette dernière à leurs frères sédentaires qui devinrent ainsi le groupe ‘’Non-Pama-Nyungan’’. Les divisions internes de ce groupe s’expliquant facilement par sa position géographique en tête de pont de la colonisation de l’Australie par les Australiens.
Europe Centrale et Occidentale
Europe atlantique (Ouest-Centre & Ouest-Nord)
- Sur la côte Atlantique française, groupe de Peu-Richard (v. 3200 à 2200 AEC), était l’héritier post-chasséen (i.e. post-cardial) du groupe des Matignons.
- En Angleterre post-cardiale de la culture de Windmill-Hill, la première phase de construction de Stonehenge est datée de v. 3100 AEC.
Europe méditerranéenne (Ouest-Sud)
Situation ethnolinguistique globalement inchangée depuis celle dont nous avons proposé l’installation v. 3300 AEC [cf. carte M].
Europe égéenne et balkanique (Centre-Sud)
- Vers 3100 AEC, se produisit un évènement depuis longtemps effacé de la légende mais qui eut pourtant une portée déterminante dans l’histoire future de l’Europe : la masse du peuple Indo-Européen Yamnaya occidental s’installa dans les pays danubiens ; peut-être sous la pression des Yamnaya orientaux qui le chassait des steppes pontiques ? [cf. Europe Orientale]. Nous pouvons affirmer qu’il ne s’est pas agi de simples raids audacieux lancés par des cadets de famille désireux de se forger un destin loin de leurs possessifs ainés, mais bien de l’avancée de tout un peuple en marche qui pénétra en Europe Centrale avec ses charriots, ses chevaux et son bétail : hommes, femmes, enfants, vieillards et prêtres. Nous appuyons cette affirmation sur le fait que – grâce à sa probable supériorité militaire – ce peuple transposa massivement sa langue et ses coutumes steppiques en Europe Centrale où elles ne furent que très peu modifiées par le substrat indigène. C’est cela qui explique que les langues italo-celtes conserveront jusqu’à nos jours de nombreux archaïsmes datant de l’indo-européen commun ; et cela qui explique que leurs locuteurs conserveront jusqu’en pleine époque historique des coutumes et des idées religieuses directement issues des steppes. Si la première invasion Indo-Européenne *Proto-tyrrhénienne de v. 4200 AEC avait mis fin à la ‘’Vieille Europe’’ et inauguré une sorte de ‘’Néo-Vieille Europe’’ métisse, l’invasion Indo-Européenne Yamnaya occidentale de v. 3100 AEC fut le point de départ de la véritable Europe historique. Jusqu’au grand brassage des populations qui efface inexorablement le caractère Indo-Européen de l’Europe depuis le milieu du XX° siècle – il s’agira de la dernière composante majeure de l’ethnogenèse du continent européen que connurent nos pères.
- Ces nouveaux-venus étaient les ancêtres patrilinéaires *Proto-Liguro-Italo-Celte des futurs Ligures, Italiotes et Celtes. A partir de l’haplogroupe R1b-P312 (forme *Proto-Liguro-Italo-Celte de l’haplogroupe Yamnaya occidental R1b-L51), c’est probablement cette migration qui sélectionna le variant R1b-L21 qui deviendra caractéristique du peuple Ligure / *Campaniforme, et le variant R1b-ZZ11 qui deviendra caractéristique du peuple Italo-Celte. Concrètement, il est possible que P312 se soit divisé en ses deux variants avant ou après l’entrée en Europe Centrale ; mais cela ne change pas le reste de l’histoire que nous façonnons en rejouant le scénario classique des invasions de l’Europe à partir des Balkans ou, dans le cas présent, de la Dobroudja : à savoir, comme nous allons le voir, la séparation entre un courant danubien et un courant littoral. Comme toujours également, il faut comprendre la sélection de ces deux nouveaux variants comme résultant de la postérité de deux rois qui parvinrent à fédérer des tribus et à conduire leur avancée de victoires en victoires : 1) Venant de la Dobroudja, la fraction R1b-ZZ11 des Yamnayas occidentaux remonta la vallée du Danube v. 3100 AEC et installa la culture de Vucedol (v. 3000 à 2200 AEC) dans les Balkans centraux ; il s’agissait du groupe danubien Italo-Celte qui allait peupler la steppe de Pannonie. 2) Dans le même temps, la fraction R1b-L21 des Yamnayas occidentaux pourrait s’être installée sur la côte dalmate ; nous proposons que ce groupe littoral postulé constituait un groupe *Proto-Ligure / *Proto-Campaniforme dont les descendants ne pourront véritablement être qualifiés de Ligures / *Campaniformes que lorsqu’ils se seront installés dans le Far-West européen et auront interagi avec son substratum indigène [cf. cartes O & suivantes]. Aux alentours de 3000 AEC, ce groupe devenu littoral avait fini de parasiter la culture indigène de Nakovana dont la phase culturelle suivante, parfois appelée Ljubljana-Adratique (v. 3100/3000 à 2600 AEC), comprend des éléments Vucédol sur la côte ; parasitage qui mit pour la première fois des Yamnayas occidentaux en position de cadres dominants d’un peuple de marins. Si l’on admet, comme nous allons le proposer, une identité entre le peuple *Campaniforme de l’archéologie et le peuple Ligure des textes, cette association d’une aristocratie Yamnaya avec un peuple littoral indigène est la manière la plus simple d’expliquer pourquoi le phénomène Campaniforme semble avoir débuté en Extrême-Occident dès v. 2800 AEC, c’est-à-dire plus tôt qu’en Europe Centrale [cf. carte P]. Toutefois, il ne faut pas cacher la principale difficulté de ce scénario : il n’y a pas d’individu R1b-L21 sur la côte adriatique actuelle ! Nous reviendrons sur cette question carte P. Notons aussi que sur cette côte, il n’y a actuellement pas non plus d’individus R1b-M269* (c’est-à-dire M269 non-L23) ou d’individus R1b-P312* (c’est-à-dire P312 non-L21 & non-U152) mais que ces haplogroupes sont aujourd’hui faiblement représentés aux côtés de R1b-L21 dans toutes les régions qui furent autrefois parcourues par les *Campaniformes. Cela laisse penser que ces haplogroupes rares ont accompagné L21 et nous oblige à dire qu’ils auraient disparu avec lui de la côte adriatique ; ce qui est une authentique faiblesse de l’hypothèse littorale. Sauf si l’on postule que les groupes Vucedol furent peu nombreux sur la côte, qu’ils ne parasitèrent que quelques communautés littorales avant de prendre le large, et qu’ils furent ensuite remplacés par des groupes indigènes ?
- La migration en masse des Yamnayas occidentaux bouleversa naturellement les peuples balkaniques rencontrés. Ainsi, en Bulgarie / Roumanie, la culture de Cernavoda-3 disparut v. 3100 AEC. Ce que l’on appelle parfois Cernavoda-2 (v. 3100 à 2800 AEC) consiste en des vestiges en partie contemporain de la fin de Cernavoda-3, mais quand même plus récents dans l’ensemble. Ces gens installés dans la Dobroudja, en Valachie orientale et au Sud de la Moldavie roumaine étaient-ils des Yamnaya occidentaux *Tardo-Italo-Celtes restés en arrière de ceux qui partirent fonder Vucedol ? Ou étaient-ils des Anatoliens arrachés à la culture d’Usatovo ? La noblesse de Cernavoda-2 était enterrée sous des kourganes, coutume funéraire qui était appliquée aux chefs dans les deux groupes.
- En Thrace, la culture d’Ezero-2 (v. 3100 à 2600 AEC) commença peut-être aussi v. 3100 AEC ? Ces gens pourraient avoir été des Anatoliens poussés en Bulgarie et en Macédoine par l’intrusion des Yamnaya occidentaux ? Au Nord de la Grèce, la culture Sitagroi-5a (v. 3100 à 2600) était peut-être de même nature Anatolienne ? À leur tour, ces possibles Anatoliens pourraient avoir poussé les Tyrrhéniens en Grèce, dans les îles de la mer Egée et en Troade ? Tyrrhéniens qui auraient pu être les gens d’Ezero-1 et de Sitagroi-4 ?
- Dans le monde égéen, c’est également à la même époque que disparurent les cultures de Rachmani et d’Attica-Kephala (Thessalie, Grèce du Sud, îles de la mer Egée) et que commencèrent les cultures du Bronze-Ancien-1 / BA1 / EB1. Cette nouvelle culture homogène qui s’installa de manière synchrone dans plusieurs régions fut un contrecoup de l’agitation steppique. Sur le plan ethnolinguistique, ces réfugiés étaient la fraction Tyrrhénienne / Pélasge (i.e. méridionale) de l’ensemble *Proto-Tyrrhénien qui disparut alors dans les pays danubiens où s’installait le peuple Yamnaya occidental. L’origine géographique de ces Tyrrhéniens / Pélasges pourrait avoir été l’aire des cultures de Cernavoda-3, d’Ezero-1 et de Sitagroi-4, sur lesquelles s’établirent les cultures de Cernavoda-2, d’Ezero-2 et de Sitagroi-5 que nous pensons Anatoliennes. Sur le plan régional, les variantes du BA1 sont détaillées ainsi :
1) Helladique-Ancien-1 / HA1 en Grèce continentale du Nord ; et culture d’Eutresis-3 (v. 3100 à 2600 AEC) en Grèce du Sud.
2) Cycladique-Ancien-1 / CA1 / EC1 (v. 3100 à 2650 AEC) qui débuta par le faciès dit des grottes de Pelos. Plus au Nord, les îles non-cycladiques de la mer Egée durent également être occupées par la même vague de réfugiés Tyrrhéniens / Pélasges partis de Cernavoda-3 / Ezero-1. Beaucoup plus tard, v. 600 AEC, les habitants de l’île de Lemnos écriront encore une langue tyrrhénienne proche de l’étrusque [cf. carte Z]. C’est dans ce groupe cycladique ou minoen [cf. ci-dessous] qu’il faut situer les ancêtres des Etrusques.
3) Minoen-Ancien-1 / MA1 / EM1 (v. 3100 à 2600 AEC), qui constitue la première partie de la période ‘’pré-palatiale’’ (v. 3100 à 1900 AEC). Il est possible que cette fraction méridionale des réfugiés Tyrrhéniens aient constitué le peuple que les Grecs nommeront plus tard Etéocrétois, c’est-à-dire ‘’vrais crétois’’ ; terme qui pourra signifier ‘’indigènes que les colonisations Mycénienne puis Dorienne ne sont pas encore parvenus à faire disparaitre’’.
4) Troie-1 (v. 3100/3000 à 2650 AEC) en Troade [cf. ci-dessus Asie Occidentale méridionale].
Europe Centrale (Centre-Centre)
- Vers 3100 AEC, la cristallisation ethnique du peuple de Baden fut brutalement interrompue au Sud de son aire géographique par l’arrivée massive des Yamnayas occidentaux qui jetaient les bases de la culture de Vucedol. Les groupes Baden du Nord, non assimilés, éclatèrent alors en faciès régionaux dont l’ensemble constitua une phase Baden tardive (v. 3100 à 2800 AEC).
- En Transylvanie, et dans le Sud des Carpates orientales, la culture de Cotofeni – qui était le pendant oriental du Baden – se poursuivit également sous la forme d’un Cotofeni-tardif (v. 3100 à 2800 AEC). Dans les deux cas, il s’agissait de groupes indigènes *Paléo-Tyrrhéniens qui pourraient avoir connu une forme de vassalisation par les Yamnayas occidentaux ?
- A l’Ouest de Baden, des résidus Epi-Lengyel / Post-Lengyel existaient toujours.
Europe nordique et scandinave (Centre-Nord)
- En Scandinavie, la culture des gobelets à entonnoirs / TRB récent se poursuivait.
Europe Orientale
Europe steppique et caucasienne (Est-Sud)
- Nous avons vu que, v. 3400 / 3300 AEC, des tribus appartenant au groupe Yamnaya oriental et basées sur l’haplogroupe R1b-Z2103 avaient occupé les steppes de la Volga et du Don. Là, elles avaient remplacé le groupe Yamnaya occidental qui s’était alors rassemblé dans les steppes du Dniepr, à l’Ouest du Don ; et dont la fraction *Proto-Germains avait même migré au Nord de l’Europe Centrale [cf. carte M]. Vers 3000 AEC, nous proposons que ces Yamnayas orientaux débarrassés de leurs cousins occidentaux commençaient alors à se fragmenter en trois fractions que nous situons ainsi : 1) la fraction qui prit la place des *Proto-Liguro-Italo-Celtes dans les steppes du Dniepr et du Don v. 3100 AEC constituait un groupe *Proto-Greco-Phrygo-Thrace dont les dernières composantes étaient les plus orientales. Dans ce groupe, R1b-Z2103 ne subira pas un remplacement important. Les *Proto-Greco-Phrygiens s’installèrent peut-être dans les steppes du Dniepr, tandis que les *Proto-Thraces occupaient les steppes du Don et de la Basse-Volga. 2) la fraction qui suivit les traces des *Proto-Germains en direction du Sud de la Pologne constituait un groupe *Proto-Balto-Slave qui inaugurait la culture Cordée. Or, quoique toujours existant chez les Balto-Slaves, R1b-Z2103 semble avoir été très largement supplanté par R1a-Z282. Pour expliquer ce fait, nous proposons qu’un contingent *Proto-Balto-Slave R1b-Z2103 relativement peu nombreux accultura v. 3000 AEC tout ce qui restait du peuple R1a-Z282 de Cucuteni-Tripolye ; peuple indigène qui était déjà en partie indo-européanisé et que la crise climatique froide avait peut-être incité à se tourner, tout comme les Indo-Européens, vers une économie pastorale qui les rendaient plus mobiles. Ces ultimes *Tripolyens léguèrent leur haplogroupe ADN-Y indigène à leur postérité qui s’était mise à parler une langue indo-européenne balto-slave ; ce qui constitue un exemple de remplacement linguistique. Cependant il faut également remarquer que R1b-Z2103 – le probable haplogroupe original du groupe *Proto-Balto-Slave – reste aujourd’hui présent dans l’ancienne région de Cucuteni-Tripolye, tandis qu’il l’est de moins en moins au fur et à mesure qu’on s’avance vers le Nord et vers l’Est de l’aire Balto-Slave actuelle. Cette observation signifie peut-être dire que les clans R1b-Z2103 les plus favorisés se sont implantés dans la région conquise de Cucuteni-Tripolye, et que tout le reste de l’expansion septentrionale *Proto-Balto-Slave a été le fait des clans acculturés R1a-Z282 qui étaient moins favorisés ? Moins favorisés au début ! Car ce seront ces groupes acculturés qui domineront bientôt toute l’Europe Orientale de la culture cordée Balto-Slave. 3) la fraction qui demeurait en arrière dans le vieux homeland Indo-Européen des steppes de la Moyenne-Volga et de l’Oural constituait un groupe *Proto-Aryen / *Poltavka qui devait encore être basé sur R1b-Z2103.
- Au seuil de cette nouvelle fragmentation, il est temps d’aborder la question de l’évolution linguistique qui distingua les langues yamnaya occidentales (conservatrices) des langues yamnaya orientales (innovantes) ; phénomène qui peut être résumé sous le nom de satemisation même s’il ne se limita pas à l’assibilation qui fit évoluer en sifflante ‘’S’’ / ‘’satem’’ l’ancienne occlusive ‘’K’’ / ‘’kentum’’ placée en début de mots. On peut faire deux hypothèses principales à ce sujet : 1) celle d’une évolution interne propre aux dialectes yamnaya orientaux ; 2) celle d’une évolution qui se fit dans le contexte de l’acculturation des peuples R1a- de Cucuteni-Tripolye et du vaste ensemble forestier de la Poterie Peignée. Hypothèse 1 : La satemisation des dialectes yamnayas orientaux pourrait résulter d’un classique phénomène de ‘’centralité’’ dû au fait que ce furent les Yamnayas orientaux qui continuèrent à occuper le vieux homeland des Indo-Européens après l’installation des Yamnayas occidentaux en Europe Centrale. Or, les régions centrales sont souvent des régions innovantes. Expulsés des steppes, les dialectes occidentaux ‘’kentum’’ résulteraient alors tout simplement d’un classique ‘’conservatisme des marges’’. Comment sait-on que ce furent eux les conservateurs ? Parce que les langues tokhariennes (résidu supposé des langues *macro-afanasievo) et les langues anatoliennes (au stade 2 de l’indo-européen détaché en amont de l’émergence du stade 3 yamnaya) – c’est-à-dire deux groupes de langues détachées anciennement du homeland linguistique indo-européen – étaient toutes de type ‘’kentum’’, ce qui permet d’affirmer que les formes les plus anciennes de l’indo-européen commun l’étaient également. Hypothèse 2 : La satemisation des dialectes yamnayas orientaux pourrait être une conséquence de l’apprentissage de la langue yamnaya par des tribus indigènes acculturées ? En effet, si jusqu’à la fin du IV° millénaire AEC le groupe Yamnaya oriental était resté basé sur l’haplogroupe R1bZ2103, nous avons avancé que l’acculturation du peuple R1a-Z282 de Cucuteni-Tripolye marginalisa cet haplogroupe originel des *Proto-Balto-Slave (langues ‘’satem’’) à partir de v. 3000 AEC. Plus tard, aux alentours de 2500 AEC, nous verrons que le même phénomène de remplacement de R1b-Z2103 par R1a-Z94 se produira dans un clan Garino-Bor à l’origine des Aryens (langues ‘’satem’’). D’où la question posée : la satemisation résulta-t-elle d’un défaut de prononciation des populations R1a- qui apprirent la langue yamnaya ? Toutefois, pour que cela soit vrai, il faudrait que le groupe Cucuteni-Tripolye R1a-Z282 et le groupe Garino-Bor R1a-Z94 – séparés depuis longtemps – aient imprimé le même défaut de prononciation à l’Ouest (langues balto-slaves) et à l’Est (langues aryennes) de l’aire linguistique yamnaya orientale ; ce qui est peu probable.
- A l’époque où nous sommes parvenus, v. 3000 AEC, la satemisation n’était pas encore aboutie et ne touchait pas uniformément tous les groupes Yamnayas orientaux. Si, comme nous l’avançons, les *Proto-Greco-Phrygiens sont bien issus des Yamnayas orientaux, ils furent moins touchés que les autres orientaux par la satemisation ; surtout les Grecs et les Phrygiens dont les langues sont restées ‘’kentum’’ parce qu’ils devaient constituer le groupe le plus occidental des Yamnaya orientaux (cf. carte O). Toutes les autres langues orientales, le balto-slave, le thrace et l’aryen / indo-iranien sont de type ‘’satem’’. En revanche, un autre trait linguistique, l’augment, rattache les langues balto-slaves aux langues occidentales, tandis que le gréco-phrygien, l’aryen / indo-iranien et peut-être le thrace font partie de l’’’aire de l’augment’’ ; ce qui laisse penser que ce trait s’est développée chez les Yamnaya orientaux demeurés steppiques après le départ des *Proto-Balto-Slaves.
- Peut-être basés sur R1b-M269*, les seigneurs Anatoliens d’Usatovo régnaient sur le Bas-Boug, le Bas-Dniestr et les bouches du Danube, une région prospère ponctué de grands kourganes où reposaient leurs ancêtres. Avant la crise de v. 3100 AEC, ils entretenaient des relations suivies avec leurs homologues de Maïkop que nous pensons Anatoliens comme eux. Avant cette crise, nous avons vus également qu’ils avaient renforcés leurs liens – et même probablement leur emprise – sur la culture de Cucuteni-Tripolye au sein de laquelle les éléments steppiques étaient devenus nombreux. Vers 3100 AEC, la culture d’Usatovo ne semble pas avoir été lésée par le passage des Yamnaya occidentaux en route vers l’Europe Centrale. Ceux-ci achetèrent-ils leur passage pour pouvoir s’exfiltrer plus aisément des steppes pontiques ? A moins qu’ils n’aient exigé un tribut pour ne pas ravager Usatovo ? Nous prolongerons cette culture jusque v. 2800 AEC [cf. carte O].
- Au Nord-Caucase, la fin de la culture de Maïkop fut synchrone des évènements violents qui virent l’extension de la culture de Kura-Araxe en Anatolie orientale et l’effondrement du réseau commercial d’Uruk, vers 3100 AEC. Ces évènements interrompirent le négoce avec le Proche-Orient mais aussi avec l’Ouest de la mer Noire. Une phase Post-Maïkop (v. 3100 à 2800 AEC) suivra néanmoins cet effondrement ; mais elle fut très pauvre comparativement à la fastueuse époque antérieure. Nous avançons que la phase Post-Maïkop était toujours portée par le même peuple Anatolien R1b-M269* autrefois issu de la culture disparue de Seredny-Stog-2.
Europe Orientale (Est-Centre & Est-Nord)
- Vers 3000 AEC, le sous-groupe *Proto-Balto-Slave initialement R1b-Z2103 des Yamnaya orientaux incorpora comme nous l’avons dit les restes du peuple R1a-Z282 de Cucuteni-Tripolye et s’avança au Nord en suivant le chemin qu’avaient emprunté trois siècles avant eux le groupe Yamnaya occidental *Proto-Germains des Amphores Globulaires. Ils installèrent la culture de la céramique cordée.
- Pour l’instant, ils ne dépassèrent pas le Sud de la Pologne, laissant subsister leurs devanciers *Proto-Germains globulaires plus loin au Nord.
- La Biélorussie, les pays Baltes et les régions encore plus orientales, demeuraient le domaine des peuples *Paléo-Européens de la Céramique / Poterie Peignée.