M – 3 500 à 3 200 AEC – Oscillation froide Piora SUBBOREAL ancien (1)
Puis l’airain et le fer à leurs yeux apparurent.
Mais l’airain, plus commun, vint aussi le premier.
Plus souple, à tout service il se laissait plier.
L’airain fendait la terre. Arbitre des batailles,
l’airain ouvrait au sang de béantes entailles,
gagnant champs et troupeaux, et chassant devant lui
tout ce qui n’avait pas sa force pour appui.
Lucrèce – La Nature des choses – livre V
M – 3.500 à 3.200 AEC – HOLOCÈNE – Oscillation froide Piora – SUBBOREAL ancien (1)
Climat
Après le froid et le sec intenses survenus v. 3500 AEC, le climat recommença à s’améliorer pour culminer modestement v. 3200 AEC. Globalement, la période située entre 3550 et 3350 AEC pourrait correspondre à ce qui est parfois qualifié d’oscillation froide de Piora. C’est ici que nous faisons commencer le début de la période Subboréale. Le climat s’améliora à partir de v. 3350. Mais à partir de cette époque, les déserts ne refleurirent jamais autant que dans le passé. Le beau ‘’Sahara vert’’, couvert d’herbes grasses qui convenaient si bien aux bovinés, laissa désormais la place à un Sahara toujours habitable mais recouvert d’herbes dures et de broussailles épineuses bien mieux adaptées aux ovicaprinés : un ‘’Sahara jaunissant’’. Notons bien cependant que l’asséchement définitif du Sahara commencera surtout après v. 3000 AEC.
Afrique du Nord et Sahara
Afrique du Nord Occidentale
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Egypte et Cyrénaïque
- Chez les Egyptiens, le Gerzehéen ou Nagada-2 (v. 3500 à 3200 AEC) acte l’introduction de la métallurgie du cuivre.
- Contrairement à leurs voisins agriculteurs du Nord, les *Austro-Egyptiens du Groupe-A (entre la 1° et la 2° cataracte) et ceux des semi-déserts voisins, restèrent de purs éleveurs (bœufs, moutons). Ceci ne doit pas inciter à penser que ces peuples méridionaux et ‘’latéraux’’ restaient en marge du progrès. En effet, ils commencèrent eux aussi à utiliser le cuivre v. 3500 AEC, ce qui atteste l’existence de relations de proche en proche tout au long de la vallée. Par conséquent, leur culture pastorale s’explique facilement dans une région où l’agriculture à grande échelle était impossible faute de connaître les techniques d’irrigations. Cela ne les empêchait pas de connaître le blé, l’orge et les légumineuses de leurs ancêtres proche-orientaux, qu’ils cultivaient peut-être sur des zones un peu plus favorables ou qui provenaient d’échanges avec leurs voisins du Nord ?
- Au Sud du Groupe-A se trouvait le groupe Pré-Kerma (v. 3500 à 2500 AEC). Son identité ethnolinguistique ne se laisse pas facilement deviner car il existe des similitudes et des différences avec le groupe A. Il s’agissait peut-être d’une population aux racines mixtes, Egyptienne et *Paléo-Nilotique ? Dans ce contexte, il est vain de spéculer sur leur langue sans connaissance des taux des haplogroupes ADN-Y des hommes de cette culture. Nous les appelons simplement *Kerma. La ‘’frontière’’ Sud du groupe *Kerma se situait au Nord de Khartoum, ainsi qu’on peut l’inférer de l’absence de moutons et de bœufs en amont de la confluence des Nils Bleu et Blanc dont nous laissons les rives peuplées de purs indigènes *Paléo-Nilotiques.
- Nous avons proposé qu’un groupe Berbère ancien basé sur E-M81 s’était détaché du groupe *Proto-Berbère vers 3700 AEC et avait peuple toute la Libye intérieure jusque sur l’Akakus. Bien que moins exigeants que les pasteurs Tchadiques, ces Berbères anciens durent être affectés par la sècheresse intense et se replièrent peut-être dans le Fezzan ? C’est de là qu’ils partiront bientôt à la conquête du Sahara et du Maghreb. Les *Proto-Berbères que nous basons sur E-V65 devaient encore occuper la Cyrénaïque [cf. carte L].
Sahara
A partir de v. 3300 AEC, le retour d’une certaine humidité ne put que favoriser les populations bovidiennes Tchadiques qui avaient certainement été très malmenées par la grande sécheresse de l’oscillation Piora. Dans l’immense domaine saharien qui était devenu bien moins adapté à son mode de vie, cette culture ne retrouva plus sa vitalité d’antan dans les régions septentrionales qui sont les plus sensibles à la sécheresse. Peu à peu, les Tchadiques se concentreront dans le Sud.
Afrique sub-saharienne
Afrique subsaharienne de l’Est
- En Afrique subsaharienne orientale, c’est v. 3500 AEC que le sorgho fut domestiqué au Nord des marais du Sudd. En l’absence de blé, d’orge, de lentilles (etc.), on doit affirmer qu’il s’est agi d’une invention de novo de l’économie de production Néolithique, totalement affranchie de l’agriculture proche-orientale. Notons que ces agriculteurs ignoraient encore la domestication des animaux, ce qui constitue une preuve additionnelle de leur indépendance. Avant même la fin de la glaciation [cf. atlas n°3], nous avions attribué l’est de la bande sahélienne à un proto-peuple Nigéro-Kordofanien qui avait vécu jusque-là dans une économie épipaléolithique puis mésolithique céramique. Logiquement, l’économie néolithique dut doper la démographie de la fraction des Nigéro-Kordofaniens qui l’avait inventé. Ce qui sera bientôt à l’origine de son succès et de son expansion [cf. carte O].
- Au Sud des marais du Sudd, sur le plateau éthiopien, sur le littoral africain de la mer Rouge et dans la corne de l’Afrique, vivaient toujours les populations que nous avons respectivement appelées Nilo-Sahariennes, *Paléo-Nilotiques, *Paléo-Ethiopiennes et *Paléo-Somaliennes. Tous ces groupes ethnolinguistiques demeuraient encore – et pour longtemps – en dehors de la modernité qui s’inventait plus loin au Nord et à l’Ouest. Ici, l’Epipaléolithique / Mésolithique acéramique africain LSA se prolongera jusque v. 2900 / 2500 AEC sur les côtes [cf. cartes O & suivantes], et même jusque v. 800 AEC sur le plateau éthiopien [cf. carte Z].
Afrique subsaharienne de l’Ouest
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Forêt pluviale
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Afrique du Sud
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Asie Occidentale Méridionale (Levant, Proche-Orient, Moyen-Orient, Anatolie, Arabie)
- La culture Sumérienne d’Uruk demeurait Chalcolithique récente / Bronze ancien 1 / BA1. Plusieurs siècles plus tôt, depuis leur base au Sud de la Mésopotamie, les Sumériens d’Uruk avaient mis en place un réseau commercial et peut-être en partie colonial qui s’était étendu sur la Mésopotamie du Nord puis jusqu’en Anatolie orientale et au Sud-Caucase ; il est possible que la recherche de minerai (dont la Mésopotamie est dépourvu) ait été l’un de ses principaux moteurs ? Vers 3500 AEC, ces Sumériens d’Uruk conquirent la Susiane qui – à partir de cette époque et pour très longtemps, jusqu’au I° millénaire AEC – devint une annexe de la Mésopotamie mais surtout devint un grand portail ouvert sur l’Iran. Cette nouvelle acquisition coloniale avait peut-être pour objectif la constitution ou le renforcement d’un second réseau commercial urukéen destiné aux échanges avec le peuple Elamo-Dravidien du Zagros et, derrière lui, avec les peuples du plateau iranien et de ses marges fertiles ? Du point de vue des Sumériens – que l’invention du chariot à quatre roues avait engagés dans un commerce international à longue distance –, la région élamo-dravidienne du Sud-Zagros et de sa frange orientale (i.e. Perside, Sagartie, Carmanie) constituait le premier relai de ce réseau commercial oriental ; tout comme la région sud-caucasienne constituait le premier relai de leur réseau commercial septentrional, lequel, par-delà Maïkop, atteignait l’Europe Balkanique du côté de l’Ouest, et atteignait des régions aussi loin que l’Altaï et les abords du monde Chinois de côté de l’Est. Bien évidemment le contrôle Sumérien s’interrompait aux premiers relais ; mais de relais suivants en relais suivants, ces deux réseaux commerciaux enfantés par le charriot à quatre roues constituaient une première ébauche de la mondialisation des échanges.
- Au Levant Sémitique, le Chalcolithique récent / Bronze ancien 1 / BA1 se poursuivait.
- Entre v. 3400 et 3300 AEC, le retour de conditions climatiques plus favorables dopa peut-être de nouveau la démographie chez les agriculteurs Elamo-Dravidiens du Sud-Zagros et de ses franges orientales. Dans ce contexte, l’acquisition de la métallurgie, l’augmentation de la densité des échanges et l’appât du gain qui en résultait, pourrait avoir insufflé aux chefferies Elamo-Dravidiennes le projet de contrôler directement l’ensemble du plateau iranien pour limiter les intermédiaires au long du réseau commercial oriental ? Si les raisons de cette expansion demeurent spéculatives, il n’en demeure pas moins que l’haplogroupe L s’étendit dans ces régions orientales où il est présent aujourd’hui. Nous proposons d’appeler Elamoïde cette nappe ethnolinguistique qui s’étendit alors sur tout l’Iran ; elle était annonciatrice de la future civilisation BMAC [cf. carte N] qui s’étendra bientôt (sensu lato) entre le plateau iranien, la Sogdiane et les Indes [cf. ci-dessous].
- C’est en Cilicie (Anatolie orientale) que le bronze véritable – c’est-à-dire le bronze à l’étain – semble tout d’abord avoir remplacé le simple cuivre et le cuivre arsénié aux alentours de 3400 AEC. Cette évolution technologique permit d’allonger les anciens poignards en cuivre et de les métamorphoser en épées de bronze qui, en dépit de leur taille plus grande, étaient désormais suffisamment résistantes pour ne pas casser au premier choc dans la bataille. De fait, les plus anciennes épées que nous connaissons apparurent v. 3300 AEC en Anatolie orientale. A propos du bronze véritable, il faut comprendre que sa fabrication nécessite de l’étain ; c’est-à-dire un produit qui – contrairement au cuivre – ne se trouve disponible qu’en de très rares endroits dans le Monde. Ce besoin incontournable fera que, même lorsqu’ils disposeront du savoir-faire nécessaire, tous les peuples ne pourront pas avoir un accès équitable à cette nouvelle technologie. La bonne Fortune géologique ayant rendu l’Anatolie riche en étain, toute la région sera acquise au bronze véritable avant v. 3100 AEC.
- Vers 3400 AEC En Arménie et en Azerbaïdjan septentrional, l’apparition de la culture de Kura-Araxe / Culture Transcaucasienne Ancienne (v. 3400 à 2500 AEC) pourrait avoir résulté de tribus Indo-Européennes steppiques de Maïkop qui s’infiltrèrent au Sud-Caucase et se mêlèrent au substrat local ? Peut-être étaient-elles simplement à la recherche de nouveaux pâturages ? Mais il est plus probable qu’elles aient eu pour but de contrôler à leur profit la route commerciale qui reliait le Proche-Orient urukéen et le monde des steppes ? Les gens de Kura-Araxe connaissaient le cuivre arsénié (Chalcolithique récent). Ils avaient des chevaux et ils enterraient leurs princes dans des kourganes ; deux traits culturels dont l’origine steppique est hors de doute. Cependant, la base indigène demeura importante dans la culture de Kura-Araxe, ce qui autorise l’hypothèse que ces gens pourraient avoir parlé une langue kartvélienne ? On est peut-être une nouvelle fois dans un contexte de ‘’parasitage’’ d’un peuple indigène par une aristocratie Indo-Européenne qui s’était installée par la force ? Dans un premier temps, comme son nom l’indique, cette culture s’installa dans les bassins de la Kura et de l’Araxe.
- Sur la péninsule arabique, le Yémen se convertit à la fois à la poterie et au Chalcolithique v. 3500 AEC. Ces gens pourraient avoir été des Omotiques acculturés de proche en proche à ces technologies nouvelles pour eux ?
- C’est peut-être un peu plus tard, v. 3300 AEC, que le Chalcolithique parvint à son tour en Oman, en même temps que les poteries et que l’agriculture irriguée dans les oasis de la région. Ces concomitances laissent deviner l’installation d’un peuple étranger en expansion. De fait, ce pays que les proche-orientaux appelleront un jour Magan dans les textes qu’ils nous laisseront, pourrait avoir été atteint par l’expansion Elamo-Dravidienne ; c’est-à-dire avoir été la composante méridionale de la vague Elamoïde qui recouvrait le plateau iranien à la même époque [cf. ci-dessus].
- Le reste de l’Arabie était peut-être peuplé par les Couchitiques désormais céramistes et chalcolithiques.
Iran, Asie Centrale, Steppes Asiatiques Occidentales, Sibérie Occidentale, Altaï
- Vers 3400 AEC, des populations au stade Chalcolithique récent et qui provenaient probablement des régions d’Iran occidental que nous attribuons à une ethnie Elamo-Dravidiennes indivise jusque-là, commencèrent à se répandre sur le plateau iranien à la faveur de l’amélioration climatique débutante qui reverdissait toutes les régions sèches. Peu après cette époque ils atteignirent le seuil de l’Asie Centrale et furent à l’origine de ce qui sera connu 1000 ans plus tard sous le nom de Complexe BMAC. Nous postulons que ces populations étaient vectrices de l’haplogroupe L. Sur les piémonts du Kopet-Dag, le changement culturel observé correspond au début de la phase Namazga-3 (v. 3500 à 2500 AEC) dans laquelle l’archéologie identifie des habitants nouveaux et des coutumes nouvelles. Plus loin, en Sogdiane / Zeravchan, le site de Sarazm-1-2 témoigne de ce même phénomène. Au Sud-Est du plateau (Gédrosie), la culture de Mehrgahr-4 est également de même nature. C’est dans ce groupe du Sud-Est – qui dépassa les monts Suleyman et qui atteignit le Bas-Indus v. 3300 AEC – qu’il faut chercher les origines du peuple Harappéen et des Dravidiens qui seront un jour issus de lui ; raison pour laquelle nous pouvons dès à présent lui donner une identité Proto-Dravidienne.
- Les datations absolues incitent à penser que des groupes steppiques Indo-Européens fréquentèrent très tôt l’Asie Centrale méridionale, probablement dès v. 3500/3400 AEC. Nous attribuons ces mouvements venus du Nord à des éléments issus du groupe *Macro-Afanasievo [cf. carte L] qui étaient peut-être animés d’intentions commerciales ? Au passage, ils pourraient s’être mêlés à des groupes *Kelteminar et les avoir entrainés dans leurs mouvements. En effet, on a observé des fragments de céramiques steppiques et Kelteminar aux alentours de 3400 AEC dans la vallée du Zeravchan (le Zariaspes, affluent de l’Oxus dans le bassin duquel se développait la culture de Sarazm).
- Au Nord-Kazakhstan, la culture de Botaï-Tersek (v. 3600 à 3200 AEC) était désormais installée dans sa phase développée. Le mode de vie des habitants évoquait à la fois le Mésolithique (chasse, pêche) et le Néolithique steppique (élevage intensif des chevaux). Nous avons précédemment attribué cette culture à des *Para-Indo-Européens partiellement acculturés au Néolithique par le mouvement *Macro-Afanasievo. Les communautés Botaï-Tersek hivernaient dans des habitations semi-enterrées et passaient le reste de l’année à nomadiser dans des campements légers. On ne repère pas d’éléments typiquement Indo-Européens dans cette culture. Pourtant, son aire géographique devait être traversée par des communautés *Macro-Afanasievo, tout au long de la route commerciale qui reliait Maïkop à la culture d’Afanasievo proprement dite qui était en train de s’installer au Nord de l’Altaï [cf. ci-dessous]. Ce peuple *Macro-Afanasievo était majoritairement structuré par l’haplogroupe R1b-Z2103 et parlait une langue indo-européenne de type ‘’kentum’’.
- C’est v. 3400/3300 AEC qu’une fraction de l’ensemble Indo-Européen *Macro-Afanasievo fonda la culture d’Afanasievo proprement dite (v. 3300 à 2500 AEC) au Nord de l’Altaï, sur le Haut-Ienisseï (dont le bassin de Minoussinsk) et sur les affluents du Haut-Ob. Nous pouvons identifier cette fraction sous le nom d’*Afanasievo strictu senso. Ces gens se sont superposés aux indigènes de la culture de Bolshemys qui était déjà chalcolithique antérieurement à leur intrusion et qui disparut à cette époque. L’installation des Indo-Européens d’Afanasievo ne fut d’ailleurs certainement pas sans rapport avec la volonté de contrôler les gisements métallifères d’or et de cuivre des piedmonts de l’Altaï et du bassin de Minoussinsk ; mais si les gens d’Afanasievo connaissaient bien la métallurgie du cuivre, ils n’utilisaient pas encore le bronze. Dans les premiers temps de leur culture, leurs tombes contenaient de la poterie de type yamnaya ancienne ; on y retrouve aussi tout l’arsenal steppique caractéristique, y compris des sacrifices de chevaux.
Les métaux extraits au Nord de l’Altaï par le peuple *Afanasievo faisaient-ils l’objet d’un commerce à grande distance ? La question est légitime car, malgré leur éloignement, il est assuré que des gens continuèrent à circuler entre l’Altaï et les régions Yamnaya des steppes pontico-caspiennes, au long de ce qui était vraisemblablement une route commerciale empruntée par des chariots à 4 roues. Ce maintien ininterrompu de relations Est ← → Ouest explique pourquoi des traits culturels Yamnaya typiques apparurent dans l’Altaï dès avant l’optimum thermique de v. 3300 AEC et continueront d’y être retrouvés par la suite. C’est un des éléments qui incitent à penser que les gens d’Afanasievo (proprement dit) n’occupaient que l’une des extrémités d’une aire ethnoculturelle *Macro-Afanasievo bien plus vaste qui englobait alors toutes les steppes asiatiques occidentales et le Nord de l’Asie Centrale, y compris le Semiretchie et la Dzoungarie [cf. ci-dessous]. Leur mobilité et la densité basse de leur population pourrait rendre difficile la localisation archéologique de leurs sites, ce qui les rend presque invisible à nos yeux ? En tout cas, nous avons mentionné ci-dessus que du matériel de type Afanasievo a été retrouvé dans la vallée du Zeravchan / Zariaspes (Asie Centrale) dès v. 3400 AEC ; et on peut ajouter que, quelques siècles plus tard, on trouvera encore du matériel de type Afanasievo au Turkménistan et en Iran du Nord-Est, dans les régions du futur complexe BMAC [cf. carte O].
- Vers 3400 AEC, des groupes *Macro-Afanasievo – de même origine que ceux fondaient à la même époque la culture d’Afanasievo – semblent s’être installés dans le Semiretchie et en Dzoungarie. A cette époque, il est possible que le réchauffement ait rendu ces régions plus hospitalières qu’aujourd’hui. Des groupes *Macro-Afanasievo passèrent alors les portes de Dzoungarie et s’installèrent dans le Gansu Occidental qui était certainement plus vert qu’aujourd’hui ; entrant alors en voisinage avec les Chinois de Chine du Nord [cf. ci-dessous]. Cette présence Indo-Européenne ancienne dans le Gansu n’est pas une option mais doit être admise comme une certitude ! En effet, il faut bien expliquer comment le bœuf et le mouton se retrouvèrent à cette époque, et pour la première fois de l’histoire, à la fois en Mongolie Intérieure et en Chine ! La génétique moderne indique clairement que les ancêtres de ces animaux étaient originaires du Proche-Orient et uniquement de là. Dans ces régions de Chine de l’Ouest situées au-delà des steppes asiatiques occidentales, seuls les Indo-Européens ont eu la possibilité de se faire les vecteurs de ces espèces domestiquées. Il apparait ainsi que le Gansu fut le lieu où se rencontrèrent pour la première fois deux économies néolithiques qui étaient jusque-là demeurées parfaitement étrangères l’une à l’autre. Outre les animaux domestiques proche-orientaux, ils transmirent aussi le cuivre et le cuivre arsénié aux Chinois. Ces Indo-Européens *Macro-Afanasievo du Gansu étaient probablement les ancêtres *Proto-Arśi-Kuči des Arśi-Kuči qui s’installeront prochainement dans les oasis du Tarim où ils seront reconnus comme ayant parlé une langue ‘’kentum’’ [cf. carte N].
Baïkalie, Sibérie Orientale, Arctique
- L’intrusion des Indo-Européens dans les steppes asiatiques, n’avait pas modifié le vieux peuplement de la Sibérie Occidentale des forêts-steppes de l’Oural Oriental, du Tobol, de l’Ishim et de Baraba. Les populations locales demeuraient pour l’essentiel des Europoïdes que nous avons basé sur des formes anciennes de R1a-, peut-être R1a-Z93 autour duquel nous structurons les peuples de la Poterie Peignée. En effet, ces cultures constituaient la province orientale des peuples de la poterie peignée qui s’étendaient depuis les rives du Moyen-Ob à l’Est jusqu’à la mer Baltique à l’Ouest. D’Ouest en Est ces cultures sont nommées Surtanda, Krohalevo / Krohalevka et Ust-tartas. Elles étaient chalcolithiques en cela que nous retrouvons des objets en cuivre ; toutefois, il s’agissait probablement d’objets importés car ces gens ne commenceront à extraire du minerai que v. 3000 AEC. C’est peut-être à cette époque que le cheval pénétra chez eux depuis les steppes de leurs voisins méridionaux. Les autres cultures de Sibérie occidentale inspirent peu la recherche.
- Dans les régions arctiques, c’est à cette époque que la culture de Belkachi – que nous attribuons à un peuple *Proto-Tchouktche – s’imposa en direction de l’Ouest jusque sur la péninsule de Taïmyr ; mettant ainsi fin aux résidus locaux des cultures de Syalakh et de Sumnagin.
- la culture de Sumnagin persistait toutefois en Yakoutie et au Tchoukotka où vivaient respectivement les Eskimos Inuit-Yupik et les Eskimos Paléo-Eskimos.
Chine, Mongolie, Mandchourie, Corée, Japon
- Peut-être v. 3400 AEC, c’est-à-dire au début du réchauffement qui reverdissait un peu les régions sèches, des groupes Indo-Européens *Macro-Afanasievo passèrent les portes de Dzoungarie et s’installèrent dans le Gansu Occidental qui était probablement plus accueillant pour leurs troupeaux qu’il ne l’est devenu aujourd’hui. Ce mouvement les faisait arriver au contact des Chinois *Proto-Han de Chine du Nord – ceux de Majiayao-Shilingxia qui évoluèrent alors en culture de Majiayao-Majiayao (v. 3300 à 2800 AEC) et ceux de Yangshao qui passèrent à la phase Yangshao-récent (v. 3300 à 3000 AEC) – ainsi qu’avec le peuple de Hongshan qui entra alors dans la phase Hongshan final (v. 3300 à 2900 AEC). Ci-dessus, nous avons dit que ce premier contact entre les deux grandes pôles néolithiques eurasiens – le proche-oriental et l’extrême-oriental – est la seule façon d’expliquer pourquoi le bœuf et le mouton (dont l’origine proche-orientale est certaine) commencèrent alors à être attestés chez les paysans extrême-orientaux qui n’avaient jusque-là connu que le millet et le porc chinois. Enfin, il faut ajouter que c’est également aux alentours de 3300 AEC que la culture de Hongshan connut le cuivre, dont la technologie était de même origine steppique que le mouton et le bœuf.- Vers 3300 AEC, des groupes agricoles Chinois Majiayao colonisèrent les contreforts orientaux du massif tibétain où ils allaient fonder les cultures agricoles (millet) de Yingpanshan (v. 3200 à 2500 AEC) dans l’Est du Sichuan et de Karuo (v. 3200 à 1900 AEC) dans l’Ouest du Sichuan et le Nord du Yunnan.
- De leur côté, également portés par l’amélioration climatique, les Tibéto-Birmans – de même origine Sino-Tibéto-Birmane que les Chinois – atteignirent le Cachemire, le Gandhara et le Haut-Pendjab v. 3300 AEC. Apportant la poterie, ces communautés s’installèrent à la place des groupes indigènes et entrèrent en contact avec les communautés indigènes d’Inde du Nord. Du point de vie indien, on appelle leur culture Néolithique du Nord.
- Au Sud des Chinois *Proto-Han, les Hmong-Mien entrèrent dans la culture Qujialing (v. 3500 à 2500 AEC) qui remplaça celles de Daxi (Guizhou / Sichuan oriental), de Sinianshan (Hunan occidental) et de Beiyin (Henan / Hubei) ; hormis quelques changements céramiques, il s’agissait fondamentalement de la même civilisation qui se poursuivait génétiquement.
- Les Austronésiens du littoral conservaient la culture de Dawenku au Nord (Shandong / Hebei). Mais à l’embouchure du fleuve Bleu, les cultures d’Hemudu (Jiangsu / Anhui) et de Majiabang (Zhejiang) furent remplacées par celle de Liangzhu (v. 3500 à 1900 AEC) qui était leur suite génétique. Plus au Sud, Keqitou (Fujian / Jiangxi / Hunan oriental) et Pakenpeng (Taiwan) se prolongeaient sans changement notable.
- Les Taï-Kadaï conservaient la culture de Post Xianglouling (Guangdong / Guangxi). Et les Austroasiatiques celle de Da-But.
- En Corée *Paléo-Coréenne, la phase Jeulmun-moyen (v. 3500 à 1900 AEC) commença v. 3500 AEC ; malgré la prolongation d’une économie mésolithique céramique, les populations locales se mirent à cultiver le millet et devinrent donc néolithiques.
- Au Primorye, les vieilles cultures de type Jeulmun laissèrent la place à la culture de Zaianovka (v. 3500 à 1500 AEC) qui semble constituer une rupture. Elle pourrait avoir été portée par les Nivkhes qui occupaient alors tout le bassin de l’Amour.
Indes
- C’est dans le contexte du réchauffement climatique que l’Harappéen ancien (v. 3300 à 2500 AEC) débuta au Pakistan dans la vallée de l’Indus (Harapéen-1 / phase Ravi, entre v. 3300 et 2800 AEC). Cette culture intrusive néolithique et chalcolithique constituait la limite Sud-Est de la ‘’plaque élamite’’ que nous attribuons à un peuple Elamo-Dravidien / Elamoïde. Sous la forme de la culture de Mehrgahr-4, elle avait commencé à se constituer v. 3500 AEC sur le versant iranien de la chaine des monts Sulaiman. Et c’est avec l’expansion harappéenne de cette culture que l’haplogroupe L1a entra dans la vallée de l’Indus v. 3300 AEC. A ce stade, ses porteurs doivent être qualifiés de *Proto-Dravidiens, car l’ethnie Dravidienne actuelle ne se constituera qu’après la fin de la civilisation harappéenne (cf. cartes U & suivantes).
- En Inde Centrale (Rajasthan, Gujarat, Madhya-Pradesh et Uttar-Pradesh) un véritable Néolithique et Chalcolithique commença v. 3300 AEC. Bien que plusieurs dénominations existent nous nous réfèrerons globalement à celle utilisée pour le Rajasthan, dite culture de Ahar. Laquelle sera périodisée en trois phases : ancienne (v. 3300 à 2500 AEC), mature (v. 2500 à 1900 AEC) et tardive (v. 1900 à 1500 AEC). Ces gens disposaient de poteries, de cuivre et d’une économie de production basée sur tout l’arsenal néolithique proche-oriental, ce qui laisse entendre que leurs ancêtres en provenaient. S’agissait-il de descendants de la culture de Mehrgarh-3 chassés par l’installation des *Proto-Dravidiens de Mehrgahr-4 ? Dans ce cas, il faudrait peut-être les rattacher au groupe Kartvélien que nous associons à l’haplogroupe J2 ? C’est cette hypothèse qui est matérialisée sur la carte M. Naturellement, le rouleau compresseur démographique d’une économie de production dut commencer à marginaliser les haplogroupes indigènes mésolithiques de l’horizon culturel Hakra qui étaient jusque-là très variés avec une prédominance probable de H. Il faut cependant nuancer cette affirmation dans la mesure où certains indigènes Veddhoïdes Hakra durent se convertirent à l’économie de production. C’est peut-être ce qui explique que l’haplogroupe H est encore aujourd’hui l’un des principaux haplogroupes indiens, mais selon un gradient Nord → Sud et un gradient continent → littoral qui aboutissent à une concentration très marquée dans le Deccan.
- Nous avons dit [cf. ci-dessus] qu’un Mésolithique céramique commença v. 3300 AEC dans les régions du Cachemire, du Gandhara et du Haut-Pendjab, sans avoir été précédé par des antécédents locaux. On l’appelle Néolithique du Nord, et il était porté par des Tibéto-Birmans probablement vecteurs de l’haplogroupe O2.
Indochine et Indonésie
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Nouvelle-Guinée, Australie, Tasmanie, Océanie
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Europe Centrale et Occidentale
Europe atlantique (Ouest-Centre & Ouest-Nord)
- En Belgique et dans le bassin parisien, la culture de Seine-Oise-Marne / SOM (v. 3500 à 2800 AEC) puisa ses racines à la fois dans la fragmentation de celle de Michelsberg et dans le Chasséen de France du Nord. Les sépultures étaient essentiellement collectives. Le métal n’était pas utilisé en dehors de quelques perles en cuivre. Parmi les faciès de cet horizon en régression, il faut également citer les groupes de la Céramique Incisée Profonde / CIP en Allemagne du Nord-Ouest et aux Pays-Bas.
- Sur le plateau suisse, la culture de Horgen (v. 3500 à 2800 AEC) était de même nature que la culture SOM, avec des racines à la fois chasséennes et Michelsberg. Elle recevait aussi des influences depuis la culture des vases à entonnoirs et depuis la culture de Baden.
- Dans le Sud de la France, le vieux chasséen éclata en plusieurs cultures épigones. Nous conservons cependant son nom sur la carte M.
- En Ibérie, c’est v. 3400 AEC que la métallurgie du cuivre / Chalcolithique apparut en milieu mégalithique post-cardial. S’est-il agi d’une invention indépendante ? Ou plutôt d’une diffusion partie de Sicile ? [cf. Europe méditerranéenne]. Au Portugal, ce premier Chalcolithique correspond à la phase-1 de la culture de Vila Nova de São Pedro / VNSP-1 (v. 3400 à 2900/2800 AEC) ; les gens vivaient dans des établissements non fortifiés. En Andalousie, ce fut l’époque de Los-Millares-1 (v. 3400 à 2900 AEC) au cours de laquelle les habitants construisirent les premières fortifications autours des villages ; signe probable d’une intensification des conflits. Les coutumes funéraires demeuraient de type mégalithique, avec des inhumations collectives.
Europe méditerranéenne (Ouest-Sud)
- Vers 3300 AEC, le Complexe de Remedello / Rinaldone / Gaudo (RRG) (v. 3300 à 2600 AEC) remplaça la culture néolithique de Lagozza en Italie du Nord et remplaça la culture chalcolithique de Diana au Centre et dans le Sud de la péninsule. Son apparition coïncida avec celle des objets en cuivre arsénié dans la péninsule italienne ; le début de cette culture est donc techniquement celui du Chalcolithique récent / Bronze ancien local ; elle prendra fin v. 2600 AEC, lorsque les populations Campaniformes s’installeront en Italie. Le complexe RRG se rattachait par plusieurs points au monde de la steppe, mais sans pour autant exprimer tout l’arsenal steppique classique ; en particulier, ces gens ne construisaient pas de kourganes, ce qui exclut de les associer à la vague *Liguro-Italo-Celte qui pénétrera d’ailleurs en Europe que v. 3100 AEC. Ces observations orientent plutôt vers les cultures balkaniques et danubiennes que nous attribuons au groupe Indo-Européen *Proto-Tyrrhénien entré en Europe balkanique v. 4200 AEC. Ce complexe RRG était décliné en trois variantes régionales :
- La culture de Remedello (v. 3300 à 2700 AEC) constituait le faciès RRG d’Italie du Nord et notamment de la vallée du Pô. L’héritage steppique n’y était pas massif mais se laisse cependant deviner par l’inhumation de corps avec les jambes repliées. Globalement, Remedello évoque les faciès hybrides que nous avons regroupés sous le nom de ‘’Néo-Vieille-Europe’’ et que nous avons attribués à des *Proto-Tyrrhéniens R1b-M269* qui est aujourd’hui un haplogroupe rare mais présent en Italie Centrale. Appuyant cette hypothèse, les objets remedello sont souvent décorés avec des motifs ornementaux qui sont par ailleurs connus dans les Balkans et qui, pour cette raison, sont qualifiés d’orientaux. Les haches de cuivre sont très semblables à celles que l’on découvrira sur l’homme de Similaun (Ötzi) qui vivait v. 3200 AEC et qui était probablement membre d’une tribu Remedello.
- La culture de Rinaldone (v. 3300 à 2800 AEC) était le faciès RRG d’Italie Centrale (Toscane et Nord du Latium) étendue à la Corse. Il s’agissait d’une culture guerrière comme l’atteste le grand nombre d’armes retrouvées. Une sépulture, dite ‘’tombeau de la veuve’’ est celle d’un homme de haut rang accompagné d’une jeune femme qui évoque inévitablement le rite de la sati ; et qui accrédite donc une participation steppique évidente dans les racines de cette culture. Certaines poteries ont été comparées à des poteries retrouvées plus tard en Anatolie, ce qui est également un argument pour une origine orientale de ce peuple.
- Dans le Sud-ouest de l’Italie, la culture de Gaudo (v. 3300 à 2600 AEC) était de même nature RRG. Les sépultures ressemblaient à celles des steppes et étaient peut-être même recouvertes de tertres à l’origine. Certaines céramique ont été comparées avec celles du monde égéen de l’époque ; ce qui nous ramène encore à la même hypothèse d’une origine orientale.
- Après avoir tout d’abord diffusé à Malte v. 3600 AEC, en provenance de la Sicile voisine de la culture de Diana [cf. carte L], le mégalithisme-2 / mégalithisme-moyen / mégalithisme chalcolithique (v. 3900/3400 à 2900 AEC) atteignit le Sud de l’Ibérie v. 3400 AEC (Los-Millares-1). Comme à Malte, le cadre culturel fut profondément modifié. En Ibérie, à l’instar de ce qui s’était déjà passé avec le mégalithisme-1 / ancien, ce mégalithisme-2 / moyen ne pénétra pas au Centre et au Nord-Est de la péninsule ; peut-être tout simplement parce que ces régions étaient pauvres, parce qu’elles étaient en marge des deux grands courants commerciaux, tournés l’un vers les îles de Méditerranée Occidentale et l’autre vers la façade atlantique ? En revanche, le Chalcolithique diffusa au Portugal, à l’origine de la culture VNSP-1 [cf. Europe atlantique]. Malgré ce progrès partagé, peut-être ces deux provinces devinrent-elles distinctes au plan ethnolinguistique : les îles de la Méditerranée Occidentale et le littoral Sud-Est de l’Espagne étant investis par des groupes chalcolithiques d’origine post-Diana (superposés au substrat post-cardial local) ; tandis que, la façade atlantique conservait une population post-cardiale homogène ?
- En Angleterre post-cardiale la culture de Windmill-Hill se poursuivait.
Europe égéenne et balkanique (Centre-Sud)
- Que les changements constatés v. 3600 AEC [cf. carte L] aient résulté d’une intrusion Anatolienne limitée ou d’une simple évolution interne, il est avéré qu’un ensemble de cultures nouvelles ou renouvelées s’établit dans les Balkans et dans les régions danubiennes aux alentours de 3500 AEC. Nonobstant les caractéristiques propres à chacune, elles faisaient toutes partie d’un horizon culturel commun appelé Complexe-Balkano-Danubien (v. 3500 à 3000 AEC) et que nous pensons très étroitement associé au peuple que nous avons appelé *Proto-Tyrrhénien. Sur le plan technologique, l’apparition de ces nouvelles cultures marque la transition entre le Chalcolithique ancien de la ‘’Vieille Europe’’, et le Chalcolithique récent du cuivre arsénié (souvent appelé bronze ancien) dont les techniques avaient rapidement diffusé depuis Maïkop et l’Anatolie. Dans les Balkans, ces nouvelles cultures étaient :
- La culture de Nakovana de la côte dalmate et, la culture albanaise de Maliq-3 (v. 3500 à 2500 AEC).
- La culture de Cernavoda-3 (v. 3500 à 3100 AEC) dont les racines steppiques étaient évidentes (abondance des chevaux, défunts recouverts d’ocre, céramique grossière), mais où les composantes indigènes de la ‘’Vielle Europe’’ demeuraient encore bien présentes (figurines féminines et céramiques plus fines). Nous avons proposé sans certitude que les fondateurs de Cernavoda-3 pourraient avoir été des Anatoliens qui se seraient imposés au peuple *Proto-Tyrrhénien de Cernavoda-1. Toutefois, cela n’a rien d’évident et la composante Anatolienne – si elle exista – fut peut-être réduite à une nouvelle aristocratie chez un peuple qui restait majoritairement *Proto-Tyrrhénien ? Cette question peut paraitre de peu d’intérêt lorsqu’on se souvient que les deux peuples partageaient une même origine * Tyrrhéno-Anatolienne Sredny-Stog-2 et que, sept cent ans seulement après les évènements de v. 4200 AEC, leurs langues étaient peut-être encore en partie inter compréhensibles ? Ils partageaient d’ailleurs probablement le même haplogroupe R1b-M269* que l’on retrouve aujourd’hui dans les Balkans et en Anatolie. L’absence de tombes kourganes ne conforte pas l’hypothèse Anatolienne. Le seul intérêt de cette hypothèse est que – au sein du Complexe-Balkano-Danubien – Cernavoda-3 partageait des traits avec la culture d’Usatovo (v. 3300 à 2900 AEC) que nous pensons Anatolienne et que nous pensons avoir été une étape de la migration des Anatoliens d’Anatolie. Or, parvenir à identifier la source des Anatoliens d’Anatolie, c’est également mieux circonscrire celle des Tyrrhéniens de Troie-1 et des îles de l’Egée [cf. carte N].
- La culture d’Ezero-1 (v. 3500 à 3100 AEC), située en Bulgarie et dans la plaine Thrace, ressemblait à Cernavoda-3. Ici comme là, nous pensons que, composante Anatolienne mineure ou pas, ’il s’agissait de *Proto-Tyrrhéniens. En Grèce du Nord, la culture de Sitagroi-4 (v. 3500 à 3100 AEC) devait également abriter des *Proto-Tyrrhéniens. Nous proposerons bientôt que c’est chez ces peuples *Proto-Tyrrhéniens d’Ezero et de Sitagroi qu’il faudra situer les ancêtres du peuple Tyrrhénien / Pélasge proprement dit, qui allait prochainement s’installer à Troie-1, en Grèce continentale et dans les îles de la mer Egée [cf. carte N]. Peuple dont une fraction sera – un jour lointain – à l’origine du peuple Etrusque, ou du moins de son aristocratie [cf. carte Z].
- En revanche, la culture thessalienne de Rachmani (v. 3600 à 3100 AEC) était probablement portée par des indigènes qui n’étaient ni *Proto-Tyrrhéniens ni Anatoliens. Tout comme la culture d’Attica-Cephala (v. 4100 à 3100 AEC) au Sud de la Grèce et dans les îles de la mer Egée. Ces peuples chalcolithiques n’avaient pas intégré les évolutions technologiques de la métallurgie.
- Vers 3300 AEC, lors d’une brève transition archéologique nommée Tripolye-C1/C2, toutes les grandes pseudo-villes Cucuteni-Tripolye du Bug, du Dniestr et du Dniepr furent abandonnées. On peut se demander si la migration des Proto-Germains des Amphores Globulaires [cf. ci-dessous] n’a pas mis à mal ces agglomérations et n’a pas entrainé vers l’aventure nordique une partie de la jeunesse de cette vieille culture ? A l’issue de la crise, commencera le Tripolye Récent / Ttripolye-C2 (v. 3300 à 2800 AEC). Au cours de cette nouvelle et dernière période de Tripolye, la crise climatique qui surviendra v. 3200 AEC aura un impact négatif sur cette culture agricole déjà fragilisée [cf. carte N].
Europe Centrale (Centre-Centre)
- Outre les Balkans, le complexe balkano-danubien s’étendait aussi aux régions danubiennes comme son nom l’indique. A l’instar de leurs homologues balkaniques, les cultures chalcolithiques récentes (cuivre arsénié / bronze ancien) qui émergèrent dans la région v. 3500 AEC mêlaient des composantes indigènes et steppiques :
- La culture de Cotofeni (v. 3500 à 2800 AEC) utilisait des poteries steppiques décorées à la cordelette. Ceci est un élément important pour tenter une identification ethnique. En effet, cette technique artistique n’était pas encore connue lorsque les groupes *Proto-Tyrrhéniens envahirent les Balkans v. 4200 AEC ; c’est après leur départ qu’elle s’était développée dans les steppes pontiques, chez les Anatoliens de Dereivka. Cela pourrait signer l’origine Anatolienne des gens de Cotofeni ou du moins de certains d’entre-eux ? On avancera cependant à leur propos la même hypothèse que pour ceux de Cernavoda-3, c’est-à-dire qu’il s’agissait essentiellement d’un peuple *Proto-Tyrrhénien.
- Au Nord-Ouest de Cotofeni, la culture de Baden (v. 3500 à 3100/2800 AEC) constitua une rupture matérielle entre le premier Néolithique européen et ce que l’on pourrait appeler le Néolithique avancé de l’âge du bronze européen. En effet, si l’on fait abstraction des progrès à venir dans les techniques métallurgiques, les débuts de la culture de Baden correspondirent à une transformation en profondeur de la société et de la vie quotidienne des communautés agricoles d’Europe Centrale qui n’allaient plus subir de changement radicaux avant le début du XX° siècle ! Notamment, c’est au travers du relai essentiel de Baden que les populations d’Europe continentale firent l’acquisition des premiers moutons à laine et des premiers chariots à 4 roues pleines. L’agriculture était variée, tous les animaux domestiques européens étaient connus, et c’est probablement à cette époque que la fabrication des produits dérivés de l’élevage (tissage, fromage, artisanat) fut parfaitement et définitivement maitrisée. Les populations de la phase ancienne de Baden, dite Baden-Boleraz (v. 3500 à 3300 AEC) vivaient dans des villages fortifiés qui témoignent d’une insécurité permanente entre des communautés rivales. Ces gens pratiquaient des sacrifices animaux et humains ; les morts étaient incinérés ou inhumés ; les tombes étaient individuelles ou collectives, et les kourganes n’existaient pas. Considérées dans leur ensemble, ces caractéristiques révèlent à la fois une base indigène et un apport steppique qui n’était probablement pas Anatolien. En effet, l’absence de kourganes laisse penser que l’aristocratie de Baden était plutôt d’origine *Proto-Tyrrhénienne.
- Vers 3300 AEC, profitant du réchauffement, la culture de Baden entama sa phase classique dite Baden-Kostolak (v. 3300 à 3100 AEC), au cours de laquelle elle s’étendit du Sud de la Pologne et au Nord de la Save en Serbie. Plus de mille sites de cette époque sont connus ; la plupart ne sont pas fortifiés, ce qui témoigne d’une moindre intensité des conflits que lors de la période précédente ; ceux du Nord sont en général plus grands et plus stables que ceux de Bosnie ou Croatie. La culture semble avoir conservé son caractère hybride sur le long terme.
- Pour résumer, la culture de Baden fut à la fois une sorte de relai – dans l’espace et dans le temps – entre la culture des steppes et l’Europe d’Unétice ; et en même temps l’héritière du vieux fond néolithique des cultures indigènes Sémitidiques et *Vinciennes. Ses caractéristiques métisses laissent deviner que ce fut un espace de cristallisation ethnoculturelle et linguistique. De ce fait, il est difficile de savoir si les cadres dirigeants de Baden – héritiers d’un monde steppique déjà lointain – étaient parvenus à conserver, ou pas, la langue *proto-tyrrhénienne de leurs ancêtres patrilinéaires ? Le réseau commercial du Complexe-Balkano-Danubien aurait pu aider à la préserver ? Mais si ce fut le cas, elle devait néanmoins avoir subi une forte évolution comparée aux langues anatoliennes qui étaient demeurées plus proches de leurs devancières steppiques.
- Les cultures Post-Lengyel et Post-Michelsberg se maintenaient encore à l’Ouest de Baden et des Amphores Globulaires [cf. Europe atlantique].
Europe nordique et scandinave (Centre-Nord)
- Aux alentours de 3500 AEC, les cultures du Nord de l’Europe Centrale demeuraient issues des bouleversements survenus cinq siècles plus tôt [cf. carte J]. Elles n’étaient pas coupées du progrès car la phase récente de la culture des vases à entonnoirs ou TRB3 / TBK-3 (v. 3500 à 3300 AEC) connut le cheval domestique et les premiers chariots à 4 roues tirés par des bœufs. Partie de Maïkop v. 3700 AEC, cette révolution des transports avait donc mis à peine deux siècles pour parvenir jusqu’en Allemagne du nord, à travers toute une chaine de cultures qu’elle avait contribué à modifier en profondeur. La pratique indo-européenne du sacrifice était répandue dans le TBK-3 ; de même que les haches en cuivre qui devaient être importées, en l’absence de mines locales. Le TBK-3 vit aussi se développer une architecture mégalithique tardive, c’est-à-dire postérieure en âge aux mégalithes atlantiques. Plutôt qu’une culture indo-européenne, il s’agissait plutôt d’une culture dont les cadres dirigeants avaient une lointaine ascendance patrilinéaire Indo-Européenne. De ce fait, la langue des populations TBK-3 pourraient avoir conservé des traits *proto-tyrrhéniens sur une base indigène sémitidique qui pourrait avoir été prédominante ?
- Puis, vers 3300 AEC, la culture probablement Proto-Germains des amphores globulaires (v. 3300/3200 à 2100 AEC) remplaça les groupes TBK de l’Est et du Sud de cette ancienne aire culturelle, et réduisit par conséquent la culture TBK finale à ses groupes les plus septentrionaux (Danemark et Suède méridionale). La culture des amphores globulaires pratiquait les sacrifices funéraires et la sati qui sont des marqueurs forts de son appartenance au monde Indo-Européen. Le caractère ‘’kentum’’ des langues germaniques incite même à les comprendre comme une expansion septentrionale précoce du groupe Yamnaya occidental héritier de Repin ; cela est d’ailleurs confirmé par l’haplogroupe ADN-Y majoritaire des peuples Germains actuel qui est R1b-U106, un variant de R1b-L11 (descendant immédiat de R1b-L51) caractéristique du groupe Yamnaya occidental ; variant dont nous situons par conséquent l’apparition v. 3300 AEC, c’est-à-dire au moment où la fraction Proto-Germaine s’est détachée de cet ensemble Yamnaya occidental dont la masse demeurait encore steppique (i.e. les ancêtres indivis des Liguro-Italo-Celtes). Ce mouvement septentrional de la fraction Yamnaya occidentale Proto-Germaine longea l’arc carpatique sur son côté oriental. Ce qui signifie que les migrants traversèrent le territoire de la culture de Cucuteni-Tripolye et pourraient de ce fait avoir entraîné des clans de ce peuple à leur suite. Le fait que c’est précisément à cette époque que les grandes pseudo-villes Cucuteni-Tripolye ont été désertées dans la vallée du Boug, n’est peut-être pas une simple coïncidence. C’est l’une des explications possibles de la présence de l’haplogroupe R1a-Z284 chez les peuples Germains actuels, aux côté de R1b-U106 : parce que R1a-Z284 – variant de R1a-Z282 que nous avons attribué aux populations Cucuteni-Tripolye – pourrait avoir été sélectionné à cette occasion, aux alentours de 3300 AEC. Ce scénario d’un peuple steppique guerrier qui s’associe à un peuple agricole prospère, évoque le mythe germanique selon lequel les Dieux Ases guerriers, s’associèrent aux Dieux Vanes riches et inventifs, aux origines de la société divine devenue accomplie. Les évènements que nous situons v. 3300 AEC pourraient en avoir constitué la base ? A moins qu’il ne faille situer cette base dans la rencontre avec le peuple TBR / TBK ? Les deux tentatives d’historicisation du mythe n’étant pas si différente si les ‘’Vanes’’ représentaient au sens large toutes les populations agricoles européennes que les *Proto-Germains rencontrèrent sur leur passage. A ce sujet, notons que le vieux fond Sémitidique des populations néolithiques finit par être intégré, ainsi que le montre la proportion non négligeable d’individus E-V13 chez les peuples Germains actuels.
Europe Orientale
Europe steppique et caucasienne (Est-Sud)
- Vers 3500 AEC, dans les steppes ouralo-caspiennes du début de l’optimum thermique, la culture Khvalynsk final / Yamnaya ancienne évolua sans rupture en culture Yamnaya récente / Yamnaya classique (v. 3500 à 2500 AEC), encore appelée culture des tombes à fosses / Pit graves. Ce sont les tribus steppiques de cette époque qui entamèrent la scission de l’unité linguistique de la nation Indo-Européenne Yamnaya. Sur le plan culturel, elle restait cependant homogène, avec une stratification sociale élevée et avec un mode de vie pastoral semi-nomade.
- Vers 3300 AEC, profitant du réchauffement – peut-être parce qu’ils étaient dopés par une démographie en hausse et/ou parce qu’ils étaient poussés hors des steppes de la Volga par des groupes Yamnayas orientaux des steppes de l’Oural [cf. ci-dessous] –, les groupes Yamnayas occidentaux des steppes de la Volga et du Don bousculèrent les groupes Anatoliens de Seredny-Stog-Final qui étaient demeurés dans les steppes pontiques après l’agitation survenue v. 3600 AEC. Certaines tribus Anatoliennes des steppes du Dniepr et du Bug furent alors dispersés, tandis que d’autres furent vassalisés et/ou plus ou moins rapidement assimilés [cf. ci-dessous]. En effet, l’archéologie montre la persistance de communautés Sredny-Stog-Final jusque v. 2800 AEC, date où elles se seront définitivement fondues dans ce qui sera alors devenu la culture Yamnaya récente. Au contraire des Anatoliens R1b-M269*, les Yamnayas occidentaux qui s’installèrent dans les steppes du Pont véhiculaient spécifiquement le variant R1b-L11 de R1b-L51, lui-même variant de R1b-L23 ; ce qu’il nous faut comprendre comme résultant du probable héritage patrilinéaire d’un grand *h₃rḗǵs / rex oublié qui avait autrefois unifié les tribus de Repin et que nous pourrions appeler le ‘’roi L51’’, ancêtre direct du ‘’roi L11’’, si nous voulons leur restituer une identité posthume. Nous savons aussi qu’ils parlaient des dialectes occidentaux (i.e. Repin) de l’indo-européen classique (stade 3 brugmannien que nous appelons langue yamnaya), lequel avait divergé depuis plus de 1000 ans des langues anatoliennes (stade 2 brugmannien) qu’ils étaient en train de faire disparaitre des steppes pontiques.
- Au cours de leur mouvement en direction de l’Ouest, les Yamnayas occidentaux se divisèrent en deux groupes aux alentours de 3300 AEC :
1) Nous avons vu qu’après avoir traversé – et semble-t-il malmené [cf. Europe égéenne et balkanique] – le territoire de Cucuteni-Tripolye, un groupe Yamnaya occidental s’aventura jusqu’au Nord de l’Europe Centrale et s’imposa sur le territoire de la culture des Vases à Entonnoirs / TBK [cf. Europe nordique et scandinave]. Ce mouvement fut vraisemblablement à l’origine de la culture des Amphores Globulaires (v. 3300/3200 à 2100 AEC) qui était probablement celle des Proto-Germains. Conformément à cette hypothèse, les linguistes s’accordent à reconnaitre que les langues germaniques se sont détachées précocement du tronc des langues indo-européennes occidentales. Il faut cependant préciser qu’elles ont également été très remaniées par la suite, et que ce remaniement en profondeur a tout lieu de s’être produit au contact des peuples indigènes TBK. C’est le départ des Proto-Germains qui sélectionna le variant R1b-U106 de l’haplogroupe Yamnaya occidental R1b-L11 (descendant immédiat de R1b-L51). Nous avons également proposé que le variant R1a-Z284 de R1a-Z282 – dont la distribution est aujourd’hui essentiellement scandinave – fut légué aux Germains par une tribu Cucuteni-Tripolye qui se laissa entrainer dans cette migration. Il est toutefois possible que R1b-Z284 ait été sélectionné plus tard, v. 2800 AEC seulement [cf. carte O].
2) Demeuré dans les steppes pontiques du Dniepr et du Don, en arrière des Proto-Germains des Amphores Globulaires, le gros du peuple Yamnaya occidental constituait encore un grand ensemble unitaire et fluide qu’il nous faut appeler *Proto- Liguro-Italo-Celtes pour mieux le circonscrire, parce qu’il regroupait les ancêtres linguistiques et patrilinéaires de ces trois futures grandes nations. Si nous ne pouvons pas aller beaucoup plus loin dans notre tentative de reconstitution historique, il faut cependant proposer que c’est à cette époque que fut sélectionné le variant R1b-P312 de l’haplogroupe Yamnaya occidental R1b-L11 (descendant immédiat de R1b-L51). En effet, c’est exclusivement sur R1b-P312 que reposeront les haplogroupes ADN-Y des trois futurs peuples cités. Comme toujours, il faut comprendre la quasi-hégémonie de P312 en Europe Occidentale comme résultant de l’effet clonal de la postérité d’un grand roi oublié qui parvint un jour à exercer son hégémonie sur les dernières tribus Yamnaya occidentales steppiques : le ‘’*h₃rḗǵs / rex / roi P312’’, lointain descendant patrilinéaire des ‘’rois L51 & L11’’.
- Malgré la conquête de leur territoire ukrainien par les Yamnayas occidentaux, certains groupes Anatoliens réussirent à se maintenir en plusieurs lieux :
1) Au Nord des bouches du Danube, les groupes Anatoliens locaux –- dits de Mikhaïlovka-1 (3700-3300 AEC) –- restèrent en place, peut-être après avoir été renforcés par l’arrivée d’autres clans Dereivka / Sredny-Stog-final qui se retrouvaient expulsés des steppes pontiques ? Ce fut l’origine de la culture d’Usatovo (v. 3300 à 2900 AEC) qui reçut également de nombreux apports de la culture de Cucuteni-Tripolye avec laquelle les gens de Dereivka avaient toujours échangés et qui demeurait en position frontalière. En suivant la reconstitution que nous proposons, les gens d’Usatovo étaient membres d’une chaine continue de peuples Tyrrhéno-Anatoliens basés sur R1b-M269* qui s’étendaient depuis la culture de Baden dans la plaine de Pannonie, jusqu’à la culture de Maïkop au Nord-Caucase, en passant par la culture Kemi-Oba de Crimée [cf. ci-dessous]. La métallurgie d’Usatovo révèle d’ailleurs l’existence de contacts avec Maïkop-final ; ce qui signifie qu’une fois l’agitation de v. 3300 AEC passée, les liens commerciaux séculaires entre l’Ouest et l’Est des steppes pontiques se reconstituèrent au Nord de la mer Noire. Nous proposons que les gens d’Usatovo seront un jour à l’origine des Anatoliens d’Anatolie (Palaïtes, Nésites / Hittites, Louvites …). A ce stade de la réflexion, il convient de resituer ce qu’étaient les Anatoliens d’alors ? Gens de Kemi-Oba et de Maïkop mis à part, ils étaient le groupe le plus oriental (i.e. le plus steppique et dont la langue avaient été la moins altérée) du vaste ensemble balkano-danubien des peuples *Tyrrhéno-Anatoliens émigrés en Europe. Cette position ectopique avait préservés le groupe Anatolien du melting-pot d’Europe Centrale et des Balkans qui avait modifié la culture et la langue de leurs frères migrants *Proto-Tyrrhéniens ; ils conservaient une langue clairement indo-européenne qui nous apparait de type ancien (stade 2 de Brugmann) parce qu’elle n’avait pas subi les évolutions des langues yamnayas qui sont à l’origine de nos langues actuelles. Lors de l’invasion de l’Europe balkanique par les Yamnayas occidentaux, qui surviendra v. 3100 AEC, les Anatoliens d’Usatovo parviendront à se maintenir en place, tandis qu’une partie des *Proto-Tyrrhéniens balkaniques – ceux d’Ezero-1 et de Sitagroi-4 – se réfugiera en Grèce, dans les îles de l’Egée et en Troade où ils seront à l’origine du peuple Tyrrhénien / Pélasge [cf. carte N]. Le nouveau substrat linguistique avec lequel ceux-ci devront composer (celui du peuple que nous avons appelé Sémitidique Anatolien) altérera encore une fois l’héritage indo-européen des dialectes tyrrhéniens, les conduisant alors en direction de l’étrusque et du lemnien ; langues que nous pourrions considérer comme des créoles.
2) Les groupes Mikhaïlovka de Crimée parvinrent à conserver leur ‘’indépendance’’ ; leur culture, dite de Kemi Oba (3300-2600 AEC), prolongera pendant 700 ans le souvenir de Sredny-Stog-Final, c’est-à-dire des anciens Anatoliens d’Ukraine.
3) De même, nous venons de rappeler que le Nord-Caucase de Maïkop continua d’entretenir ses liens étroits et anciens avec l’Ouest des steppes pontiques. Nous pensons qu’il s’agissait aussi d’une fraction du peuple Anatolien. Vers 3500 AEC, ces gens entrèrent dans la phase Maïkop-Final (v. 3500 à 3100 AEC) au cours de laquelle ils continuèrent à commercer activement avec l’ensemble des steppes européennes, ainsi qu’avec le Sud-Caucase qui était toujours intégré au réseau commercial urukéen mais qui était désormais contrôlé par les chefferies Kura-Araxe.
- Le groupe Indo-Européen demeuré dans les steppes de l’Oural était celui des Yamnayas orientaux (v. 3600 à 2800 AEC). Vers 3300 AEC, certaines de leurs fractions s’avancèrent en direction de l’Ouest et prirent la place des Yamnayas occidentaux des steppes de la Volga ; mouvement qui fut à l’origine plausible du domino de peuple que nous avons étudié ci-dessus, à moins qu’il n’en ait été que la conséquence. Ce peuple encore unitaire des steppes de l’Oural et désormais de la Volga était l’ancêtre linguistique et en partie patrilinéaire d’un grand nombre de langues et de peuples à venir. Ainsi, en alternative au terme Yamnaya oriental, nous pourrions anticiper son avenir en lui attribuant le long ethnique énumératif de *Proto-Balto-Slavo-Greco-Phrygo-Thraco-Aryen. Les populations de cet ensemble fluide parlaient encore probablement une langue de type ‘’kentum’’. Si leurs frères occidentaux s’étaient structurés autour de l’haplogroupe R1b-L51 (qui venait de se séparer en variants R1b-U106 et R1b-P312), les Yamnaya orientaux étaient quant à eux structurés autour de l’haplogroupe R1b-Z2103, le groupe frère de R1b-L51. Bien plus tard, ce groupe oriental subira un remplacement partiel de ses élites qui se restructureront autour de plusieurs variants de l’haplogroupe R1a-, avec pour conséquence un infléchissement de la prononciation des dialectes indo-européens locaux. Un des changements les plus frappants sera une assibilation connue sous le nom de ‘’satemisation’’ en référence à l’évolution de la prononciation du nombre 100 qui illustre bien que l’ancienne occlusive ‘’K’’ placée en début de mots demeura inchangée dans les langues indo-européennes occidentales (kentom → kentum), tandis qu’elle fut altérée en sifflante ‘’S’’ dans les langues indo-européennes orientales (kentom → satem). Nous repousserons l’étude de ce phénomène en son temps [cf. cartes N & suivantes].
Europe Orientale (Est-Centre & Est-Nord)
- En Finlande, en Carélie et dans l’Europe Orientale à l’Est de l’aire des Amphores Globulaires et au Nord des steppes, se poursuivait la vénérable culture de la Poterie / Céramique peignée basée sur des variants de R1a-. Les groupes de Finlande inventèrent la poterie réfractaire au feu en utilisant de l’argile naturellement riche en fibre d’amiante ; pour cette raison leur culture est dite de la Céramique à l’Amiante ou Asbestos ware.