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Enfin, cette moisson, ce prix de nos sueurs,
elle couvre le sol de verdure et de fleurs.
Un excès de soleil, et la voilà brûlée.
Puis c’est la brusque averse ou l’inique gelée.
C’est le fouet de la trombe et les fléaux de l’air.

 

Lucrèce – La Nature des choses – livre V

 

E – 6.200 à 6.000 AEC – HOLOCÈNE – Oscillation froide de Misox

 

Climat

Une crise climatique relativement brève, mais majeure, fut ressentie sur toute la planète aux alentours de 6200 AEC, depuis les régions arctiques jusqu’aux régions tropicales. On la connait essentiellement sous le nom de ‘’évènement climatique de 8200 BP’’, mais elle a localement reçu d’autres noms dont celui d’oscillation Misox que nous retenons ici. Ce fut l’un des évènements dit de Bond, correspondant au refroidissement des eaux de l’Atlantique par des glaces dérivantes. La biosphère subit alors un épisode intense de refroidissement et d’assèchement qui dura de cent à quatre cent ans selon les régions considérées. Ce fut la plus intense oscillation froide depuis le Dryas-3 dont elle fut une sorte de réplique atténuée, qu’il serait cependant excessif d’appeler **Dryas4. Au Sahara, cet épisode appelé ‘’Aride mi-Holocène’’ sépara en deux le ‘’Grand Humide Holocène’’. On ne connait pas l’extension contemporaine des déserts, mais il est probable que le beau Sahara vert fut malmené ; raison pour laquelle la carte E montre de nouveau des régions très arides que nous situons, faute de mieux, au niveaux des futurs grands ergs. Il est difficile de savoir dans quelle mesure cet évènement influença la reconfiguration du paysage ethnologique, mais la crise eut nécessairement un impact au niveau humain : de manière attestée, elle conduisit certaines communauté proche-orientales sédentaires à reprendre un mode de vie nomade ; mais, à l’inverse, il est également possible que la crise contribua à imposer la conversion agricole à des populations demeurées jusque-là réfractaires à ce progrès qui était très couteux en termes de qualité de vie.

 

Afrique du Nord et Sahara

Si l’extension des zones arides fut importante au cours de la crise climatique ; il est possible que les contacts entre les *Capsiens et les peuples *Ouest-Africains aient été perturbés. A cette époque, le Capsien récent était céramique. Des *Ibéromaurusiens subsistaient peut-être dans l’Atlas et dans les autres massifs montagneux du Maghreb ? En Mauritanie, d’autres *Ibéromaurusiens constituaient la culture d’Hassi-el-Abiod.

A l’Est de l’Afrique du Nord, nous proposons une situation ethnolinguistique globalement inchangée, avec les Tchadiques au Sahara Oriental et les *Proto-Berbères dans la vallée Egyptienne du Nil et peut-être en Cyrénaïque. Sur le Haut-Nil, se trouvaient les peuples *Paléo-Nilotiques.

 

Afrique sub-saharienne

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Asie Occidentale Méridionale (Levant, Proche-Orient, Moyen-Orient, Anatolie, Arabie)

Au Levant, le PPNB s’acheva v. 6200 AEC, en concomitance avec la survenue de la crise climatique froide et sèche qui eut des répercussions considérables sur les populations humaines. L’histoire d’Adam et Eve – chassés du jardin d’Eden par la colère de Dieu et condamnés à gagner misérablement leur vie sur une terre de souffrance – serait-elle le souvenir proche-oriental de cette crise climatique majeure ? Aux beaux temps révolus du Préboréal, le ‘’mésolithique d’abondance’’ était matérialisé par les champs spontanés qui s’étendaient à perte de vue sur les collines proche-orientales, et qui constituaient une illustration parfaite de ce que nos ancêtres ont appelé le ‘’Jardin d’Eden’’ ou ‘’l’Âge d’Or’’. Porté par ce climat idéal, le premier Néolithique n’avait finalement été qu’une amélioration du mode de vie mésolithique qui avait été assez peu couteuse en efforts, parce que les populations qui l’avaient adopté ne consacraient peut-être qu’assez peu de temps au travail ; se contentant de se ménager un accès facilité à des animaux vivants et de donner des ‘’coups de pouce’’ à la Nature pour augmenter la densité des champs spontanés. En dépit de ces innovations – qu’il n’est pas question de minimiser –, les gens du PPNA – et dans une moindre mesure ceux du PPNB – conservaient encore le mode de vie des ‘’chasseurs-cueilleurs’’ qui avait été celui de leurs ancêtres mésolithiques. La rupture majeure que nous percevons – nous – dans leur économie, n’était peut-être pour eux qu’un simple ‘’petit plus’’ qui ne modifiait pas substantiellement leurs ancestrales habitudes d’une civilisation mésolithique sédentaire ? … Pourtant, le coup de pouce à l’abondance spontanée avait certainement conduit à un important accroissement démographique dans un Monde dont les surfaces ‘’utiles’’ étaient contraintes. En effet, faute d’avoir encore inventé l’agriculture irriguée, la population proche-orientale du Préatlantique demeurait nécessairement confinée aux régions où les précipitations étaient suffisantes pour arroser correctement les champs. Ce qui fait que ce Monde idyllique était probablement saturé d’Humains lorsque survint la catastrophe climatique aux alentours de 6200 AEC.

Cet évènement fut surmonté par les communautés qui vivaient dans les zones les moins impactées et qui parvinrent à maintenir leur mode de vie sédentaire et agricole, peut-être au prix de gros efforts. Cependant, d’autres communautés jusque-là agricoles furent contraintes de se tourner vers un pastoralisme nomade exclusif, c’est-à-dire durent abandonner les jardins et les villages de leurs ancêtres ; soit spontanément, soit parce que la crise avait amplifié les conflits intertribaux. Ces gens pensèrent peut-être que leur nouvelle vie était provisoire ? Pourtant, ils quittaient leurs villages pour toujours et commençaient une errance pastorale qui allait être sans fin ! Quelle meilleure image du ‘’Paradis perdu’’ pourrions-nous rechercher dans les débuts de la protohistoire ? En attendant la ‘’série 2’’ qui sera intitulée ‘’Caïn et Abel’’ et qui inaugurera l’incessant ballet du cobra et de la mangouste auquel se livreront jusqu’à nos jours  les populations pastorales et agricoles.

Sur le plan archéologique, cette période de transition marquée est appelée Yarmoukien ou PPNB/C au Sud-Levant, dans l’aire que nous attribuons aux ancêtres directs des Egyptiens (J1 et E-V22), et Amuquien-A-B au Nord-Levant, dans l’aire où nous plaçons le noyau originel du peuple Sémite (J1 et E-M123). Ces cultures demeuraient encore acéramiques. C’est seulement au sortir de l’épisode climatique froid, v. 6000 AEC, que le Levant entrera dans le Néolithique Céramique A (Pottery-Néolithic-A / PNA).

 

En Anatolie – toujours en avance sur le Levant –, le site de Çatal Höyük est emblématique de la phase Pottery Neolithic B / PNB. C’est à cette époque que des groupes Sémitidiques néolithiques commencèrent à pénétrer sur le plateau central anatolien, au détriment des mésolithiques locaux. Les rives du Bosphore restaient encore peuplées de tribus mésolithiques.

 

Nous avons attribué la vallée du Tigre et le Nord-Zagros à un groupe *Kartvélien ancestral, dont nous avons fait l’homologue oriental du groupe *Afrasien proche-oriental, désormais étendu à l’Anatolie-Europe et à l’Afrique. Sur le Haut-Tigre, s’étendait la culture de Halaf (v. 6200 à 5500 AEC) ; et en Mésopotamie la culture de Samarra (v. 6200 à 5500 AEC) qui était le successeur génétique de la culture d’Hassuna. A l’extrême Sud de la Mésopotamie, sur le littoral du  Golfe Persique, la culture acéramique dite d’Obeïd-0 débuta elle aussi v. 6200 AEC. Bien que les archéologues lui aient donné le nom d’Obéïd en référence au site où elle a été découverte, cette phase culturelle ne fut pas portée par les futurs Sumériens que nous associerons bientôt étroitement à la ‘’véritable’’ culture d’Obéïd [cf. carte G]. En effet, les habitations des populations d’Obéïd-0 étaient semblables à celles de la culture mésopotamienne de Samarra. Cette observation est d’ailleurs une preuve, parmi d’autres, de l’origine étrangère des futurs Sumériens qui viendront bientôt recouvrir ces populations antérieures. C’est pourquoi il est préférable de donner à Obéïd-0 le nom de culture d’Ouelli, sa dénomination alternative, et de faire de celle-ci un simple faciès méridional de la culture de Samarra. Dans ce contexte, on peut faire l’hypothèse qu’il s’agissait de Kartvéliens porteurs majoritairement de l’haplogroupe J2 ; qui acculturèrent peut-être des tribus G1b de Basse-Mésopotamie ? Et on peut penser que ce sont ces gens qui ont apporté l’agriculture au Nord de la rive arabe du Golfe Persique. Dans leur position géographique, les gens d’Ouelli étaient bien placés pour devenir les néolithisateurs de leurs voisins méridionaux de la côte arabe du Golfe Persique ; que nous pensons avoir été les ancêtres patrilinéaires des Sumériens.

 

Iran, Asie Centrale, Steppes Asiatiques Occidentales, Sibérie Occidentale, Altaï

Depuis le Nord-Zagros, la poterie se répandit en direction des rives de la mer Caspienne qu’elle atteignit v. 6000 AEC, certainement apportée par un mouvement de ces populations désormais céramistes du Haut-Tigre et du Zagros que nous proposons d’appeler *Kartvéliennes et qui apportaient une nouvelle fois dans la région l’haplogroupe agricole oriental J2. En dehors de l’Hyrcanie maritime / Mazandéran, il faudra encore attendre 5500 AEC environ, pour que le plateau iranien et ses marges fertiles disposent de poteries. Pour l’instant, les cultures de Jeitun / Djeitun (dont la future culture de Namazga-1 sera un aspect oriental) et de Mehrgarh-1 – toutes deux installées v. 7000 AEC – demeuraient encore acéramiques. 

A la même époque, les autres groupes humains d’Asie Centrale (cultures de Hissar, de Jebel / Urstjust, et de Kelteminar) demeuraient encore mésolithiques et acéramiques ; de telle sorte qu’au Préatlantique et au début de l’Atlantique, la région Iran / Asie Centrale était scindée en deux ensembles technoculturels bien différents ! L’un productiviste au Sud et l’autre non-productiviste au Nord.

Après 6500 AEC, la poterie commence à être attestée sur l’Ob (Mésolithique céramique de l’Ob) et dans la steppe de Baraba (Mésolithique céramique de Baraba) avec une typologie qui indique une provenance orientale. On peut penser que ce progrès a percolé depuis les régions Kitoï et/ou depuis l’Altaï où la poterie était apparue v. 7000 AEC.

 

Baïkalie, Sibérie Orientale, Arctique

Situation ethnolinguistique globalement inchangée en Baïkalie *Kitoï et en Sibérie Orientale Eskaléoute.

Des mouvements de peuples pourraient cependant s’être produits au Nord de l’Altaï ? En effet, on y retrouve des individus dont les caractéristiques dentaires s’apparentent à celles des indigènes de l’ancienne Europe Orientale, tandis que d’autres individus conservent les caractéristiques héritées des indigènes. S’est-il agi d’une poussée vers l’Est de populations R1a dans un domaine jusque-là R1b et Q1 ? Tous ces gens étaient Europoïdes, contrairement aux *Kitoï Mongoloïdes.  

 

Chine, Mandchourie, Mongolie, Corée, Japon

En Chine du Nord, c’est peut-être à cette époque que des groupes Sino-Tibeto-Birmans originaires de la région Henan / Shanxi / Shaanxi, étendirent la culture Peiligang (v. 7000 à 6000 AEC) en direction de l’Ouest (Ningxia / Gansu oriental / Qinghai oriental). Il faut voir dans ce mouvement celui qui sépara les Chinois Han, demeurés sédentaires, et les Tibéto-Birmans. De ces groupes occidentaux qui devaient véhiculer C2c et O2-M134, naitront bientôt la culture Chinoise Dadiwan dans la plaine ; ainsi que le groupe Tibéto-Birman proprement dit, qui cristallisera au Qinghai à partir de la rencontre de ces migrants et des montagnards indigènes.

En Mongolie Intérieure, c’est v. 6200 AEC que se constitua la culture de Xinglongwa (v. 6200 à 5500 AEC) Il s’agissait d’une culture dont les bases mésolithiques céramiques assez riches s’étaient enrichies d’une production agricole basée sur le millet. En tablant sur une continuité avec les populations néolithiques locales plus récentes, nous proposons de baser ce peuple sur des formes racine N1a* du grand haplogroupe N1a. 

En Mandchourie, nous proposons de laisser inchangées les cultures installées à la fin du Boréal [cf. carte C] ou au début du Préatlantique ; que nous avons attribuées à une population *Paléo-Altaïque comparable à celle de la Mongolie Orientale de l’époque. 

 

Indes

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Indochine et Indonésie

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Nouvelle-Guinée, Australie, Tasmanie, Océanie

En raison de leur homogénéité relative, les formes ancestrales des langues australiennes actuelles ne peuvent n’être arrivées qu’assez récemment en Australie [cf. carte N]. Ces langues n’ayant pu venir que depuis la grande île de Nouvelle-Guinée ou des îles voisines comme Timor, c’est à l’époque de la carte E que nous proposons de situer l’homogénéisation ethnolinguistique de cette ancienne Nouvelle-Guinée qui était alors *Proto-Australienne et basée sur C1b2b. 

 

Europe Centrale et Occidentale

Vers 6800 AEC, les agriculteurs Sémitidiques anatoliens s’étaient installés en Thessalie où ils avaient établi la culture néolithique Proto-Sesklo [cf. carte D] Depuis cette tête de pont, ils avaient atteint les rives méridionales de l’Adriatique dès v. 6500 AEC. Ils continuèrent ensuite à diffuser dans deux directions : au Nord, vers les Balkans centraux, où ils établirent la culture néolithique de Starcevo (v. 6200 à 5300 AEC) dans l’actuelle Serbie et les régions danubiennes voisines ; et à l’Ouest, vers les côtes de la mer Adriatique où ils établirent la culture Cardiale. Tous ces gens des deux Néolithiques européen – le Danubien et le Cardial – portaient principalement les haplogroupes E-V13 et G2a, et dans une moindre mesure J1 et T1. Nous retrouvons ici les deux voies de pénétration du continent européen qui s’ouvrent au-devant de tous les envahisseurs ; nous les avons déjà vues arpentées lors des migrations paléolithiques [cf. atlas n°3], et elles le seront encore plus tard.

Depuis la côte adriatique des Balkans, les colons néolithiques Sémitidiques traversèrent la mer et s’installèrent en Italie sur la côte orientale ; étendant ainsi l’aire de la culture cardiale. Bien que de même provenance anatolienne que les colons starcévien qui fondaient à la même époque le Néolithique Danubien et centre-européen, les colons cardiaux allaient connaître un tout autre destin en progressant le long des côtes de la Méditerranée Occidentale qu’ils allaient bientôt entièrement coloniser, mais aussi en progressant par voie de mer (îles de Méditerranée occidentale, littoral d’Afrique du Nord) ainsi que l’avaient fait leurs ancêtres qui avaient traversé la mer Egée en colonisant toutes ses îles. 

 

Au Nord de l’Europe Occidentale, les cultures Maglemosienne (Svaerdberg et Duvensee) évoluèrent à partir de v. 6500 AEC en une nouvelle phase appelée culture de Kongemose. Il s’agissait toujours d’un mésolithique acéramique. 

 

Europe Orientale

Dès le début du Préatlantique des poteries alimentaires étaient apparues à l’Est des steppes européennes sur le Bas-Don, la Basse-Volga et la Moyenne-Volga [cf. carte D]. C’est probablement depuis ces régions orientales que la poterie progressa en direction de l’Ouest. Elle apparut v. 6200 AEC dans la culture de Bug-Dniestr. Sans certitudes, nous faisons l’hypothèse que l’haplogroupe R1a-Z283 aurait pu accompagner cette expansion. Nous profitons de ce mouvement pour faire apparaitre le variant R1a-Z282 de Z283 au sein de la culture de Bug-Dniestr ; ceci parce qu’elle fut l’une des racines de la culture de Cucuteni-Tripolye [cf. carte G] dont nous verrons qu’elle entretiendra une forte interaction avec les futurs intrus Indo-Européens [cf. carte J] ; l’idée étant que ce seront des clans de Cucuteni-Tripolye – acculturés par les Indo-Européens dont ils auront appris la langue – qui porteront l’essentiel de l’expansion de ce groupe linguistique en Europe du Nord et surtout en Europe Orientale [cf. carte Q].

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