C – 8 000 à 7 000 AEC – HOLOCÈNE – BORÉAL récent
C – 8.000 à 7.000 AEC – HOLOCÈNE – BORÉAL récent
Climat
L’époque Boréale se caractérisa par un climat tempéré frais et moyennement humide. Les dates de cette période ne sont pas consensuelles parce qu’elles varient en fonction des régions et des méthodes de mesure. Après un Boréal ancien que nous avons situé entre v. 9000 et 8000 AEC, la partie récente du Boréal pourrait s’être étendue entre v. 8000 et 7000 AEC environ.
Afrique du Nord et Sahara
Les chercheurs récents ne croient plus à une domestication africaine du taureau sauvage, qui aurait été indépendante de celle survenue au Proche-Orient [cf. carte A]. Les bovidés (Bos taurus) apparurent v. 7500 AEC dans le Delta du Nil ; nécessairement en provenance du Proche-Orient, c’est-à-dire du Sud-Levant qui est la principale porte d’entrée de l’Afrique. Ce premier pastoralisme bovin pourrait acter l’arrivée en Afrique de groupes Tchadiques qui étaient encore au stade technologique PPNB ; et qui étaient probablement porteurs majoritaires de R1b-V88 si l’on se réfère à la fréquence importante de cet haplogroupe chez les Tchadiens d’aujourd’hui. Avant de partir pour le Delta, leurs ancêtres Proto-Tchadiques du Boréal ancien pourraient avoir vécu au Sud-Levant et peut-être au Sinaï [cf. carte B]. C’est cette localisation géographique qui explique le mieux pourquoi les linguistes hésitent à placer la langue tchadique dans le groupe boréo-afrasien (langues sémitiques, égyptienne et berbères) ou dans le groupe austro-afrasien (langues omotiques et couchitiques). En effet, dans sa position initialement sud-levantine, le tchadique – langue afrasienne ancienne – était en contact avec les deux groupes qui ne s’étaient pas encore écartés significativement l’un de l’autre [cf. carte B]. De ce fait, si l’on inclut généralement le tchadique dans le groupe boréo-afrasien, cela pourrait simplement se justifier par sa plus longue proximité géographique avec les langues égyptienne et berbère qui devinrent rapidement africaines à sa suite. La route de ces pasteurs Tchadiques – les premiers *Afrasiens d’Afrique – passa nécessairement par le Delta du Nil et la Cyrénaïque avant de se prolonger jusqu’au Fezzan v. 7400 AEC. Pourtant, ces hypothétiques Tchadiques du Delta et de Cyrénaïque n’ont pas laissé de trace archéologique. Cela pourrait s’expliquer parce qu’ils étaient des pasteurs itinérants et encore au stade PPNA/B, c’est-à-dire parce que leurs campements mobiles n’ont produit aucun de ces tessons de poterie qui sont généralement les marqueurs culturels les plus évidents en archéologie. En Cyrénaïque, les Tchadiques pourraient même avoir cohabité sans trop de heurts avec les *Capsiens locaux (potentiellement E-M310) si la chasse et la cueillette offraient une nourriture assez abondante à ces derniers ? Renforçant ainsi leur invisibilité que, seuls révèlent les restes de leurs bovins domestiques. Une fois parvenus au Fezzan, les groupes Tchadiques les plus avancés pourraient ensuite s’être convertis à la poterie sous l’influence de groupes *Paléo-Nilotiques de type Nabta-Playa qui étaient arrivés jusque dans les massifs sahariens. Bien qu’également hypothétique, cela permettrait d’expliquer que c’est par diffusion au sein de l’ensemble Tchadique que les premières poteries apparaitront en Cyrénaïque v. 7000 AEC ; à une époque où le Levant demeurait encore acéramique.
Puisque la domestication de Bos taurus eut lieu au Proche-Orient, ce sont très vraisemblablement des pasteurs venus de cette région qui seront plus tard les auteurs des peintures sahariennes dites de style bovidien. Le plus grand flou règne sur la datation de cet art rupestre saharien. Si jamais les Tchadiques du Fezzan ont entrepris de décorer précocement des parois rocheuses, il n’en reste rien aujourd’hui ; pour l’heure, eux et Bos taurus n’avaient pas encore atteint le Tassili et l’Akakus où leurs descendants exprimeront un jour leur art [cf. carte G].
Dans ces régions du Sahara Central (Tassili, Akakus), les peintures de style têtes rondes ou de ‘’style martien’’ semblent dater du Boréal et pourraient avoir perduré jusqu’à l’aride mi-Holocène [cf. carte G] ; nous les attribuons à des populations *Ouest-Africaines qui ne possédaient pas encore l’élevage. Le style des poteries sahariennes était assez uniforme depuis le Haut-Nil jusqu’à l’Egypte au Nord et jusqu’au Mali à l’Ouest. On les qualifie de poteries à décor ondulé (wavy line) ou à décors ondulé en pointillé (dotted wavy line). Cette homogénéité céramique signifie-t-elle que tous ces groupes faisaient partie d’un seul et même peuple pan-saharien ? C’est difficile à dire car on comprend encore mal la dynamique de ces groupes dont le retour ultérieur du désert a effacé l’histoire et dispersé les gènes. Quoi qu’il en soit, même si nous individualisons au Boréal trois groupes sahéliens que nous appelons *Paléo-Nilotique, *Ouest-Africain et Nigero-Kordofanien, tous ces peuples africains du Sahara venaient de la bande sahélienne et avaient une base haplogroupale E1 homogène.
Dans la partie égyptienne de la vallée du Nil, le Qarounien (Fayoum) et l’Elkabien (Haute-Egypte) demeuraient des cultures épipaléolithiques acéramiques. Leurs auteurs pourraient avoir été des *Proto-Berbères porteurs de E-V65 ; situation que l’on déduit de la géographie et de la phylogénie des héritiers de E-M35. Avec les *Ibéromaurusiens E-M78* de la côte maghrébine et de Mauritanie (culture d’Hassi-el-Abiod), et avec les *Capsiens E-M310 de Tripolitaine et des régions intérieures du Maghreb, ils étaient les derniers vestiges encore non afrasianisés de la vieille expansion E-M35 survenue au LGM [cf. atlas n°3].
Afrique sub-saharienne
Dans l’actuelle bande sahélienne, le climat humide du Boréal dut engendrer un mésolithique d’abondance (âge d’or local) qui permit la croissance démographique des populations Nigero-Kordofaniennes et *Ouest-Africaines sans qu’elles aient eues le besoin d’inventer une économie de production. Toutes étaient encore de purs chasseurs-cueilleurs et le resteraient encore longtemps.
Asie Occidentale Méridionale (Levant, Proche-Orient, Moyen-Orient, Anatolie, Arabie)
Vers 8000 AEC, aucune des régions extérieures au ‘’croissant fertile’’ n’avait déjà encore été convertie à l’économie néolithique. Dans les limites de cet ensemble, les quatre animaux domestiqués en plus du chien étaient maintenant présents presque partout : Le bœuf, la chèvre et le mouton étaient connus depuis l’Anatolie méridionale jusqu’au Zagros central, ainsi qu’en Mésopotamie et au Levant. Toutefois, le mouton n’avait peut-être pas encore atteint le Sud-Levant ? Si ce fait était avéré, il donnerait du poids à l’hypothèse que les Tchadiques (qui ne possédaient pas de moutons mais uniquement des bœufs) venaient bien de cette région [cf. ci-dessus]. En cette seconde partie du Boréal, le porc semble quant à lui avoir été encore confiné aux Hautes vallées de l’Euphrate et du Tigre, d’où il débordait déjà dans le Zagros et dans ses marges mésopotamiennes. Bien que désormais pleinement acquis à une économie néolithique consolidée, reposant à la fois sur des végétaux et sur des animaux domestiques, le Proche-Orient restait cependant très en retard sur d’autres régions du Monde en matière de céramiques : à l’époque où nous sommes parvenus, les poteries existaient depuis près de 10.000 ans en Extrême-Orient, et depuis plus de 1000 ans en Afrique sahélienne. Ce retard technologique n’a pas d’explication évidente ; mais, en contrepartie, il faut souligner que le Proche-Orient avait été la région la plus en avance du monde en matière de domestication végétale et surtout animale. Une fois amorcé et généralisé au ‘’croissant fertile’’, le processus de néolithisation proche-oriental continua à se propager comme un feu de prairie dans toutes les directions, tant chez les *Afrasiens du côté occidental, que chez ceux que nous postulons avoir été les *Kartvéliens originels, du côté oriental :
Groupe Afrasien
Du côté *Afrasien, le Sud-Ouest de l’Anatolie entra dans le néolithique PPNB v. 7500 AEC, par diffusion depuis la Cilicie. Les populations immigrées J1, E-V13 et T1 avaient intégrées des groupes indigènes G2a. Le site majeur de Çatal Höyük fut fondé à la fin du Boréal, v. 7000 AEC. Nous avons vu [cf. carte B] que sur le plan ethnolinguistique, ces ancêtres directs des futurs européens néolithiques, constituaient le sous-groupe Sémitidique, qui était le plus septentrional et le plus occidental au sein de l’ensemble *Afrasien.
Toujours un peu en retard sur le Nord de la Mésopotamie et sur l’Anatolie, c’est seulement v. 7500 AEC que le Levant entra dans une phase de transition entre le PPNA et le PPNB qui est notée PPNA/B sur la carte. A l’image du vieux ‘’hub moyen-oriental’’ dont il a longuement été question dans l’atlas n°3, le Levant constitua un nouveau ‘’hub secondaire’’ depuis lequel se succédèrent plusieurs vagues migratoires *Afrasiennes. Nous proposons que :
- les Tchadiques (R1b-V88) partirent pour l’Afrique v. 7500 AEC, à un stade culturel désormais PPNA/B [cf. ci-dessus].
- les Egyptiens (E-V22, J1), de langue boréo-afrasienne, peuplèrent le Sud-Levant et peut-être le Sinaï à leur suite mais n’entrèrent pas encore dans la vallée égyptienne du Nil. Ils commençaient à se détacher ainsi des autres *Boréo-Afrasiens du Nord-Levant et du Moyen-Euphrate, qui étaient les ancêtres des Sémites au sens strict du terme. C’est peut-être v. 8000 AEC que l’haplogroupe E-Z830 donna naissance à ses deux variants : E-M123 (ancêtre de E-M34) qui est caractéristique des Sémites, et E-CTS11051 qui est caractéristique des Austro-Afrasiens aujourd’hui dominants dans la corne de l’Afrique. Chez les Sémites, des individus porteurs des haplogroupes minoritaires J1, T1 et R1b-V88 demeurèrent sédentaires aux côté des individus majoritaires E-M123, ainsi que nous l’observons chez les populations actuelles de la région.
- les Austro-Afrasiens (ancêtres des Omotiques et des Couchitiques) pourraient s’être installés sur la côte arabe du golfe d’Aqaba (région de Midian) aux alentours de 8000 AEC ou un peu avant [cf. carte B]. Leur groupe ethnique se structura autour de E-CTS11051, de T1 et de J1. Dès v. 8000 AEC, on trouve des gravures de bovins en Arabie du Nord. Ces populations installées au Sud de l’évolution culturelle PPNA/B demeuraient encore PPNA même si cette distinction perd un peu de son sens chez un peuple pastoral qui n’était peut-être pas sédentaire. Certains de leurs groupes atteignirent le Yémen v. 7500 AEC. Or, la glottochronologie situe v. 7500 / 7000 AEC la séparation entre les langues omotiques et couchitiques les deux rameaux actuels des langues austro-afrasiennes ; constatation qui pourrait s’expliquer assez simplement par une séparation géographique qui serait survenue dans cette fourchette chronologique : ainsi, les Omotiques (peuple résiduel de l’Ethiopie actuelle) pourraient descendre du groupe de pasteurs qui quitta précocement le Sud-Levant vers 7500 AEC en passant par le Hedjaz ou en longeant le littoral de la mer Rouge jusqu’au Yémen, à une époque où le reste de la péninsule arabe restait encore semi-désertique. Notons que cette expansion néolithique des Omotiques en Arabie fut donc contemporaine et symétrique de celle des Tchadiques en Afrique, et celle des Sémitidiques en Anatolie méridionale, les deux autres directions possibles au sortir du Levant ; dans les trois cas, il s’est agi de la première vague d’expansion du peuple *Afrasien ‘’composite’’. Plus tard, v. 7000 AEC, profitant de précipitations devenues maximales, des groupes austro-afrasiens demeurés jusque-là en position septentrionale (en Arabie du nord et aux abords du pays de Madian) se répandront au Centre de l’Arabie, cristallisant la naissance de l’ethnie Couchitique dans les verts pâturages de la péninsule où s’effaceront provisoirement le souvenir des anciens déserts [cf. carte D].
Groupe Kartvélien
Des mouvements coloniaux néolithiques de même type que ceux que nous venons d’observer en Afrique et en Arabie se déroulèrent concomitamment en direction du Moyen-Orient. Nous avons déjà expliqué pourquoi nous les attribuons à d’anciens *Kartvéliens originaires de la vallée du Haut-Tigre et porteurs de l’haplogroupe J2 ; mais il est utile de répéter le raisonnement au seuil de l’expansion du groupe Zarzien. En symétrie avec l’expansion néolithique occidentale d’un peuple J1 qui intégra les haplogroupes ADN-Y de peuples mésolithique occidentaux et méridionaux devenus vecteurs des langues afrasiennes, nous observons que le peuple néolithique porteur de J2 entrepris une expansion néolithique septentrionale et orientale au cours de laquelle il dut lui aussi intégrer les ADN-Y des peuples mésolithiques rencontrés (notamment G2a au Nord et G1a à l’Est). Dans les deux cas, *Afrasiens et *Kartvéliens, c’est le moteur démographique dopé par l’économie de production qui permit ces expansions ; et c’est l’acculturation spontanée et/ou contrainte des groupes mésolithiques rencontrés qui explique que les haplogroupes J1 et J2, que nous plaçons à l’origine du Néolithique proche-oriental, s’associèrent à des peuples porteurs de nouveaux haplogroupes, dont certains finirent par submerger ceux qui les avaient initiés. Cependant, contrairement à la première expansion *Afrasienne qui ne sera ensuite recouverte que par de nouvelles colonisations également *afrasiennes, l’expansion que nous appelons *Kartvélienne sera balayée par plusieurs colonisations d’origines différentes qui effaceront sa langue ; à l’exception de son seul rameau Géorgien. Concrètement, les agriculteurs issus du groupe Zarzien étaient vraisemblablement porteurs de l’haplogroupe J2b. On pourrait décrire leur culture matérielle comme un ‘’PPNB oriental’’. Aux IX° et VIII° millénaires AEC, ils étaient séparés en deux cultures sœurs : le Nemrikien sur le Haut- et le Moyen-Tigre, et le M’lefatien sur le Bas-Tigre. A partir de ces positions, certains de leurs clans – peut-être en tension pour le contrôle des bonnes terres dans un contexte de démographie croissante – progressèrent dans la basse vallée de l’Euphrate et dans la plaine de Mésopotamie dont le climat était alors moyennement humide mais qui était désormais suffisamment accueillante pour qu’on y retrouve des restes d’animaux domestiques. Dans la région de l’embouchure des deux grands fleuves, ces colons J2 durent intégrer les indigène G1b. Ce groupe poussa peut-être dès cette époque au Nord de la côte arabe du Golfe Persique.
Groupe Elamo-Dravidien
Pareillement, le PPNB ‘’oriental’’ s’implanta v. 7500 AEC au Sud-Zagros, dans la région montagneuse qui deviendra l’Elam et dont nous faisons la patrie d’un peuple *Elamo-Dravidien basé sur l’haplogroupe L. Faute d’une proximité particulière entre les langues élamite et kartvélienne (i.e. le rameau parvenu jusqu’à nous) au sein des langues nostratiques, il se pourrait que l’acculturation rapide des indigènes du Sud-Zagros à une économie néolithique complète, ait permis une survie des langues élamo-dravidiennes et de l’haplogroupe L ? En ces débuts du néolithique, le différentiel technologique culturel et militaire n’était peut-être pas gigantesque entre les clans néolithiques qui avançaient et les clans indigènes qui demeuraient mésolithiques ; de sorte que certains de ces derniers avaient peut-être le temps de s’adapter à l’économie de production et de résister ainsi à la pression démographique des colonisateurs. En effet, il faut se représenter ceux-ci comme avançant lentement, de génération en génération et de manière non concertée, à la recherche de terres utiles. Des animaux volés, du grain échangé avec les indigènes contre des produits de leur chasse, ont pu permettre aux Elamo-Dravidiens de la ‘’frontière’’ de s’adapter à la nouvelle donne assez rapidement et de laisser le Néolithique diffuser chez eux de proche en proche ; ce qui leur permit de résister aux étrangers par le ventre des femmes ?
Asie Centrale, Steppes Asiatiques Occidentales, Sibérie Occidentale, Altaï
- Vers 8000 AEC, l’Est de l’Hyrcanie (Sud-Est de la mer Caspienne), la côte orientale de la mer Caspienne, la Margiane, la Drangiane et l’Arachosie demeuraient encore peuplés de tribus mésolithiques *Nostratique-3-Septentrionales de culture Jebel acéramique, qui exprimaient vraisemblablement l’haplogroupe G1a.
- Dans le Pamir, persistait une vieille culture paléolithique dite de Hissar que nous pensons avoir été celle des Burusho, basés sur l’haplogroupe C1b1 peut-être déjà enrichi de nouveaux apports venus depuis la Bactriane voisine.
- La Chorasmie (rives Sud de la mer d’Aral et bassin de l’Oxus / Amou Daria) et la Sogdiane (bassin de l’Iaxarte / Syr Daria) constituaient le domaine du peuple *Kelteminar, peut-être basé sur l’haplogroupe R2, dont la culture encore au stade Pré-Kelteminar demeurait un Epipaléolithique ou un Mésolithique acéramique.
- Au Nord du peuple *Kelteminar, les peuples des steppes asiatiques occidentales demeuraient inchangés avec, au Kazakhstan septentrional, les Proto-Indo-Européens principalement basés sur R1b-M269. Eux aussi avaient pour culture un Epipaléolithique acéramique.
Baïkalie, Sibérie Orientale, Arctique
Dans cette grande région, nous proposons une situation ethnolinguistique inchangée, à l’exception d’une poursuite de la colonisation Sumnagin dans le Grand-Nord à l’Est de la Basse-Léna (Yakoutie, Tchoukotka intérieur), ainsi que vers l’Ouest, sur la péninsule de Taïmyr qui était encore pleinement continentale en raison d’un niveau des mers encore très bas. Dans tous les cas, on peut comprendre ces mouvements comme le remplacement progressif des *Na-Déné-Ienisseïens C2b1a1 par des Eskaléoutes Q1a1-F146.
C’est peut-être à cette même époque que les derniers clans Na-Dene quittèrent l’Asie pour le Nouveau-Monde. Ne laissant plus subsister l’ancienne culture Denali que dans le seul Kamchatka.
Chine, Mandchourie, Mongolie, Corée, Japon
En Chine Centrale du Nord (rivière Wei et Est de la boucle du fleuve Jaune, dans les provinces de Shanxi, Shaanxi, Henan et Gansu oriental), le groupe *Proto-Sino-Tibéto-Birman, que nous postulons basé sur C2c et dont nous faisons l’héritier local de l’ancien groupe ethnolinguistique *Déné-Caucasien, fut peut-être rejoint par des groupes de langue austrique et porteurs de l’haplogroupe O2a-M134 qui venaient de la région que nous attribuons aux Hmong-Mien dans la vallée du fleuve Bleu. En effet, il faut bien que l’haplogroupe méridional O2a, très répandu chez les Chinois Han actuels, soit un jour parvenu dans la région où cristallisa l’ethnie Han. Nous pensons que c’est cet apport méridional d’un groupe Hmong-Mien proto-agricole et céramiste qui fut le ferment de la cristallisation du peuple Chinois ou plus exactement Sino-Tibéto-Birman, aux alentours de 8000 AEC. C’est probablement cet évènement fondateur qui explique les composantes austriques relevées dans la langue chinoise han moderne ; ce que l’on peut comprendre comme la résultante d’un certain degré de créolisation venu modifier un vieux substrat déné-caucasien qui parvint à demeurer majoritaire. Il faut donc expliquer pourquoi la racine principale de langue chinoise han fut celle des indigènes paléolithiques de la vallée du fleuve Jaune et de son affluent la Wei ? Nous avançons que c’est probablement parce que les clans Hmong-Mien proto-agricoles qui pénétrèrent dans la vallée de la Wei n’étaient pas nombreux. A leur imitation, les *Proto-Sino-Tibéto-Birmans pourraient avoir rapidement développé une économie de même type et ainsi être parvenus à conserver la majorité démographique. La proto-agriculture qui se mit en place localement était fondée sur le millet, une céréale qui résiste bien à des précipitations irrégulières, et qui possède un cycle de vie rapide, bien compatible avec les besoins de populations humaines encore semi-sédentaire. Ce n’est peut-être qu’au Préatlantique que le nouveau peuple Sino-tibéto-Birman transformera sa proto-agriculture en une véritable agriculture [cf. carte D]. Et c’est la force démographique résultant de ce Néolithique désormais constitué qui mettra en marche le moteur de son expansion future [cf. carte E] ; en particulier de l’expansion du peuple Chinois Han qui portera jusqu’à nous – et avec quel succès ! – le flambeau linguistique de la vieille famille Déné-Caucasienne Orientale [cf. atlas n°3].
Dans la vallée du fleuve Bleu, c’est peut-être autour de 8000 AEC que l’haplogroupe O2a2 donna naissance à ses deux grands variants O2a2a-M188 (à l’origine de O2-M7 fréquent chez les Hmong-Mien) et O2a2b-P164 (à l’origine de O2a2b1-M134 fréquent chez les Han). Mais cette division pourrait être antérieure, la date de v. 8000 AEC pouvant seulement correspondre à la migration septentrionale du clan qui fonda O2-M134. C’est donc par l’artifice d’un raccourci que la carte C présente la séparation de O2-M7 et de O2-M134 à cette date.
A la même époque, les populations céramistes de la vallée du fleuve Bleu que nous pensons Hmong-Mien et que rattacherons désormais globalement à O2a2a1a2-M7 passèrent d’une proto-agriculture de cueillette à une véritable agriculture de production basée sur la variété locale du riz sauvage. Ce Néolithique céramique – dit de Pengtoushan (v. 7500 à 5000 AEC) – ne connaissait pas les animaux domestiques. Rappelons que c’est la grande différence des Néolithiques orientaux avec celui du Proche-Orient.
Dans la basse vallée du fleuve Jaune (Hebei), le devenir de la culture néolithique ancienne de Nanzhuangtou [cf. cartes A & B] est mal compris. En symétrie avec l’apport Hmong-Mien O2a sur la Wei et la boucle de la moyenne vallée du fleuve Jaune, nous proposons que des groupes Austronésiens O1b2 vinrent s’installer au Hebei et au Shandong à cette même période, depuis la province littorale du Jiangsu. Ces nouveaux-venus se mêlèrent aux indigènes N1b et il en résulta peut-être une cristallisation ethnique à l’origine de la future culture de Houli ? [cf. carte D].
Etant donné que les peuples l’ancienne Mandchourie et de la Corée connurent très précocement la poterie [cf. atlas n° 3], les archéologues qualifient généralement leurs cultures de ‘’néolithiques’’. Toutefois, ces cultures ne connaissaient encore pas l’économie de production et doivent donc plus justement être qualifiées de mésolithiques céramiques selon le code appliqué dans cet atlas aux peuples qui se nourrissent exclusivement de chasse, de pêche et de cueillette. Au Primorye et dans le bassin de l’Amour, c’est v. 8000 AEC que survint une transition entre un (pseudo-) ‘’néolithique’’ ancien et un (pseudo-) ‘’néolithique’’ moyen qui se déclinera jusque v. 3500 AEC au travers d’une série de cultures qui ne seront probablement que des faciès régionaux et chronologiques d’un même ensemble. Jusque-là, les populations indigènes de Corée et de Mandchourie pourraient avoir initialement reposé sur des variants de C2b* et des variants de N1* comme nous l’avons dit ? Mais un apport P1*(non-Q non-R) pourrait aussi être suggéré au Boréal récent, en relation avec cette transition ancien / moyen que nous venons de pointer, car des apports occidentaux se laissent deviner [cf. ci-dessous].
- En Corée, la culture mésolithique céramique de Yunggimun (v. 8000 à 7000 AEC) représente la phase formative de la culture de Jeulmun d’un peuple *Paléo-Coréen. Sur les plans matériel – et peut-être génétique – la description du Yunggimun l’apparente aux cultures contemporaines, du Primorye, de Mongolie, de l’Amour et de la rivière Soungari. L’ensemble constituant une
- En Mandchourie, dans la vallée du Moyen-Amour, la culture Yubetsu (nuclei en forme de coin / wedge-shapped core) de Gromatukha laissa la place v. 8000 AEC à la culture de Novopetrovka qui reposait sur des nuclei coniques et prismatiques. Le même phénomène de substitution technologique se remarque dans la vallée du Bas-Amour où la culture Yubetsu d’Osipovka céda la place à la culture ‘’conique et prismatique’’ de Mariinskaya. On constate aussi l’utilisation de nuclei coniques et prismatiques au Primorye dans la culture d’Ustinovka. Toutes ces cultures étaient proches de celle de Yunggimun en Corée. Ce changement généralisé de technologie est mal décrit car il s’agit de cultures pauvres qui ne mobilisent pas l’intérêt principal des chercheurs. Pourtant, nous faisons remarquer que ce changement pourrait constituer un important marqueur témoignant d’un apport de nouvelles populations d’origine occidentale ; lesquelles pourraient peut-être avoir reposé sur P1*(non-Q non-R) ? En effet, nous avons vu que la technique de débitage laminaire Yubetsu était probablement d’origine extrême-orientale tandis que les nuclei coniques et prismatiques étaient d’origine occidentale et ont accompagné les déplacements vers l’orient des populations Eurasiatiques issues de l’haplogroupe P [cf. atlas n°3]. Si nous suggérons ici un apport P1*(non-Q non-R) en Mandchourie et en Corée au Boréal récent, c’est en raison de la relative proximité géographique de la Trans-Baïkalie où nous plaçons un peuple Eurasiatique *Proto-Tchouktcho-Nivkhes basé sur P1*(non-Q non-R) et utilisateur des vieilles techniques microlaminaires occidentales. Dans la prolongation de cette hypothèse, et puisque ceux-ci semblent avoir été basés sur P1*(non-Q non-R), il serait facile de voire dans le mouvement postulé celui qui porta les ancêtres des Nivkhes dans la région du Bas-Amour où l’ethnographie moderne les a découverts. Pourtant, nous reporterons l’installation des Nivkhes vers 3700 AEC [cf. carte L]. Pour l’heure, nous proposons que ces nouvelles populations de Mandchourie – mêlant P1*(non-Q non-R) et C2b1 – provenaient d’une expansion des populations de Mongolie Orientale que nous avons appelées *Paléo-Altaïques. Notons bien que ce raisonnement présente un caractère hautement spéculatif.
Indes
Le passé préhistorique de l’Inde est insuffisamment exploré et les rares datations disponibles sont bien souvent fragiles ; avec une tendance récente à leur rajeunissement. Il se pourrait que dès vers 7500 AEC, la région du Rajasthan et de l’ex rivière Sarasvatî (site de Bhirrana) ait expérimenté un Mésolithique céramique (hakra ware) qui fut antérieur à celui la civilisation de l’Indus. Si les dates sont correctes, cette culture céramique ne devait rien au Néolithique de Mehrgarh dont les porteurs, encore acéramiques, allaient bientôt s’installer du côté occidental des monts Sulaiman. Il se pourrait donc que nous soyons une fois encore en présence d’une invention indépendante de la céramique [cf. carte D]. Ces gens progressèrent probablement en direction de l’Est dans les siècles suivants et pourraient avoir atteints le confluent du Gange et de la Yamuna avant v. 7000 AEC (site de Jhusi). Plus tard, écrasés par le développement de la civilisation harappéenne puis par la conquête aryenne, l’histoire contraindra ces populations *Veddhoïdes du Nord à n’être plus qu’un substrat. Les haplogroupes représentés à l’intérieur de cette culture sur la carte C ne sont qu’indicatifs, car l’Inde mésolithique regroupait vraisemblablement tous les haplogroupes représentés sur la carte ; ainsi que d’autres haplogroupes plus anciens que nous avons cessé de mentionner [cf. atlas n°3].
Indochine et Indonésie (ancien Sunda)
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Nouvelle-Guinée, Australie, Tasmanie, Océanie
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Europe Centrale et Occidentale
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
La culture de Komsa finit peut-être de s’installer sur toute la côte au Nord de la Norvège.
Europe Orientale
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Notons toutefois que des groupes de la culture Suomusjarvi de Finlande progressèrent vers le Nord le long des rives du lac Ancylus (nom du lac d’eau douce qui occupait alors l’emplacement de la mer Baltique) et fonda la culture de Sujala. Nous avons fait l’hypothèse que ces cultures pourraient avoir reposé sur R1a-L664 et probablement sur des variants de l’haplogroupe I.
Notons également que certains auteurs repoussent les débuts de la culture d’Elshan avant la fin du VIII° millénaire AEC ; nous ne les rejoignons pas et ferons commencer cette nouvelle culture au Préatlantique [cf. carte D].