B – 9 000 à 8 000 AEC – HOLOCÈNE – BORÉAL ancien
B – 9.000 à 8.000 AEC – HOLOCÈNE – BORÉAL ancien
Climat
Vers 9000 AEC, après être restée stable pendant 500 ans, la température mondiale recommença à augmenter progressivement. Ce qui signifie également que les précipitations devinrent plus abondantes. Puis, v. 8500 à 8000 AEC, les températures et les précipitations se stabilisèrent autour des moyennes de références du début du XX° siècle.
Afrique du Nord et Sahara
Les *Ibéromaurusiens ‘’cromagnoïdes robustes’’ peuplaient toujours les côtes maghrébines et mauritaniennes, tandis que les *Capsiens ‘’méditerranéens graciles’’ – dont les ancêtres étaient venus du Levant au Préboréal – peuplaient l’intérieur de la Tunisie et de l’Algérie. Nous avons vu que, malgré leurs différences physiques, les premiers reposaient sur l’haplogroupe E-M78* et les second plausiblement sur l’haplogroupe E-M310, c’est-à-dire appartenaient les uns et les autres à la famille des variants de E-M35. C’est peut-être à cette époque que, grâce à l’amélioration climatique sensible, des groupes *Ibéromaurusiens commencèrent à peupler l’intérieur de la Mauritanie en prélude à la culture d’Hassi-el-Abiod qu’ils allaient y fonder [cf. carte C]. Toutes ces cultures étaient acéramiques. De même, un Epipaléolithique acéramique existait dans la partie égyptienne de la vallée du Nil où il allait perdurer jusque v. 7000 AEC : Qarounien au Fayoum, et Elkabien en Haute-Egypte. Nous postulons qu’il s’agissait de *Proto-Berbères encore non afrasianisés, porteurs de E-V65. Plus tard, ces gens seront bousculés par l’intrusion afrasienne levantine des Égyptiens E-V22 et se mêleront aux *Capsiens de Cyrénaïques, à l’origine des Berbères.
Les précipitations plus abondantes du Boréal amorçaient un énième épisode de Sahara vert dans l’histoire de la planète. Dans le même temps que des *Ibéromaurusiens ‘’Cromagnoïdes’’ peuplaient la Mauritanie, ce sont vraisemblablement des groupes *Ouest-Africains E1a venus du Niger qui colonisèrent l’Adrar des Iforas, puis, à partir de là, les massifs situés plus au Nord : Hoggar, Tassili-n-Adjer, Akakus, Messak. La céramique facilite la datation des sites du Sahara central (Niger, Sud-Ouest de la Libye) qui s’échelonnent entre 9000 et 8000 AEC. Ceux du sud-Est de l’Algérie (région saharienne) sont à peine plus tardifs, comme le site d’Amekni v. 7800 AEC. Sur la carte B, nous représentons ce mouvement mésolithique céramique alors qu’il était déjà presque achevé, aux alentours de 8000 AEC. Dans ces régions, ces gens venus du Sud apportèrent leur mode de vie mésolithique céramique de chasseurs cueilleurs. On peut tenter d’associer leur peuplement aux peintures de style ‘’têtes rondes’’ anciennement dites de ‘’style martien’’, qui sont mal datées entre v. 9000 et 5000 AEC, mais qui sont généralement attribuées à des populations Africoïdes sur la base des représentations figuratives humaines.
A l’instar des *Ouest-Africains qui colonisaient le Sahara Central, des groupes mésolithiques céramistes du Haut-Nil descendirent la vallée du Nil et en peuplèrent les marges qui sont aujourd’hui redevenues désertiques. Ils s’étendirent vers l’Ennedi, le Darfour, l’Erdi, le Gilf Kebir et le Tibesti, soit à partir du Sud-Soudan soit à partir de la Nubie, en remontant les grands affluents du Nil qui recommençaient à couler depuis les massifs (notamment le Wadi Howar et le Wadi El Milk). Au Sud de l’Egypte, des sites sont datés de v. 8900 AEC (Bir Kiselba), de v. 8400 (site voisin de Nabta Playa), et de v. 8200 dans le désert occidental du Sud égyptien (Wadi-el-Akhdar). De même, la poterie est attestée v.8500 AEC au Soudan (Sorourab), dans la culture appelée mésolithique céramique de Khartoum. Ces dates laissent présager que la découverte de la céramique alimentaire date d’au moins v. 9000 AEC sur le Haut-Nil soudanais, et même date peut-être du Préboréal, c’est-à-dire pourrait avoir été inventée à la même époque qu’au Mali. S’agissait-il d’une invention indépendante dans les deux régions ? On pourrait être tenté de le croire, faute de jalons intermédiaires aussi anciens ; cependant, les poteries à décor ondulé (wavy line) et ondulé pointillé (doted wavy line) seront plus tard homogènes sur le haut-Nil et dans tout le Sahara, ce qui amène à nuancer l’hypothèse d’inventions indépendantes. Ces populations du Haut-Nil – que nous basons sur E-V12 (un épigone méridional d’E-M35) et que nous associons à une ethnie *Paléo-Nilotique – se mirent dès le Préboréal à pratiquer une proto-agriculture basée sur le sorgho, laquelle était tout à fait comparable aux autres proto-agricultures de ces débuts de l’Holocène, qui étaient basées les unes sur le riz (Chine du Sud), les autres sur le millet (Chine du Nord), ou encore sur le binôme blé / orge (Proche-Orient). C’est peut-être à cette époque, v. 8500 AEC, que E-V12 se sépara en ses deux variants : des formes basales E-V12* qui peuplent toujours aujourd’hui le Sud de la vallée du Nil ainsi que la côte Ouest de l’Arabie qui lui fait face ; et E-V32 qui s’est déplacé en direction de la Somalie et de la côte Sud de l’Arabie qui lui fait face. Dans les cartes suivantes, nous amalgamerons E-V32 avec E-V16 que nous avons attribué à une ethnie *Paléo-Somalienne. Ces haplogroupes mésolithiques seront un jour écrasés par les haplogroupes néolithiques des colons *Afrasiens Omotiques puis Couchitiques [cf. carte O].
Afrique sub-saharienne
Nous avons déjà abordé l’Ouest de la verte prairie sahélienne où le groupe *Ouest-Africain était alors en expansion. Dans la partie Est, le groupe Nigero-Kordofanien E1b1a1, toujours indivis, n’était peut-être pas encore céramiste ? Nous reporterons sans certitude cette acquisition dans la seconde partie du Boréal ; sans certitude parce qu’elle n’est pas logique devant l’uniformité future de la poterie ondulée depuis le haut-Nil jusqu’aux massifs sahariens. Enfin, plus loin au Sud ainsi que sur le plateau éthiopien, les autres groupes demeuraient ancrés dans un mode de vie épipaléolithique : Nilo-Sahariens (E2), *Paléo-Ethiopiens (E-M35*, E1b1a2) et *Paléo-Somaliens (E-V16 auquel se rajouta E-V32).
Asie Occidentale Méridionale (Levant, Proche-Orient, Moyen-Orient, Anatolie, Arabie)
Vers 9000 AEC, l’économie de production s’était installée sur l’ensemble de ce que l’on appelle traditionnellement le ‘’croissant fertile’’. Cette forme de croissant était déterminée par la fertilité naturelle des sols sur la côte levantine et dans un arc de collines qui étaient arrosées par des précipitations régulières, à l’Ouest, au Nord et à l’Est d’une région centrale qui restait semi-désertique et donc impropre à la vie en l’absence de technologies appropriées. La diffusion des animaux domestiques d’un groupe humain à l’autre se poursuivit au cours de cette période. Ainsi, le porc et le mouton apparurent v. 8500 AEC dans les piedmonts mésopotamiens du Zagros Central où le bœuf était déjà connu depuis 9000 AEC environ. Du côté levantin, l’équipement animal proche-oriental complet (bœuf, porc, mouton, chèvre) atteignit le Sud de la région v. 8000 AEC ; peut-être plus tard pour le mouton. Dans le même temps, l’Anatolie cilicienne entrait également en possession de cet équipement animal complet ; peut-être à l’exception du porc dont les vestiges connus les plus anciens datent pour l’instant de v. 7500 AEC seulement dans ces régions septentrionales.
Nous avons vu [cf. carte A] que l’invention précoce de l’économie de production avait consolidé le groupe *Afrasien (Haut- et Moyen-Euphrate) et le groupe *Kartvélien (Haut-Tigre / Nord-Zagros). Au cours du Boréal ancien, ces deux groupes néolithiques poursuivirent leur expansion, le premier à l’Ouest (Cilicie) et au Sud (Levant), et le second dans les Zagros.
Groupe Afrasien
- Vers 9000 à 8800 AEC, des *Afrasiens PPNA que nous pensons basés sur J1 s’infiltrèrent au Levant. Si, comme nous l’avons dit plus haut, l’équipement animal néolithique complet n’atteignit véritablement le Sud-Levant que v. 8000 AEC ou après, nous devons admettre qu’il fallut quelques siècles pour que le Néolithique s’impose définitivement dans toute la région. Pourquoi ? Peut-être parce que les conditions climatiques favorables du Boréal permettaient de mettre en balance une abondance alimentaire qu’on ne pouvait acquérir qu’à force de travail, et une abondance alimentaire qu’on pouvait encore acquérir en ramassant sans trop d’efforts ce qu’une généreuse Nature offrait alentours ? Sur le plan génétique, cette abondance naturelle était peut-être cause d’une relative densité démographique des tribus méridionales khiamiennes (i.e. post-natoufiennes) dont nous avons proposé qu’elles étaient essentiellement basées sur des héritiers de E1b1b-M35 (E-Z830, E-V22) ainsi que sur R1b-V88 et T1. Si elle fut relativement équilibrée sur le plan démographique et militaire, cette longue cohabitation pourrait expliquer qu’une osmose se fit peu à peu entre les tribus J1 venues du Nord et les indigènes post-natoufiens du Sud massivement basés sur les variants d’E-M35. Dans une telle situation, les peuples eurent du temps pour échanger des produits, des femmes et des mots ; et certaines tribus mésolithiques indigènes, peut-être celles qui étaient le moins favorisées par la Nature, finirent par se convertir à l’économie de production en imitant les étrangers. Un créole aurait ainsi pu se constituer au Levant, donnant naissance à la forme reconstruite que les linguistes désignent sous le nom de *proto-afrasien. En complément, on ne peut pas exclure que des indigènes d’haplogroupe E furent réduits en esclavage par des colonisateurs J1 pour les besoins de leur production agricole. Dans une telle situation, le dominé apprend la langue du dominant, mais la langue dominante s’enrichit aussi le plus souvent de quelques mots ou tournures grammaticales de la langue dominée ; phénomène qui expliquerait pourquoi la composante nostratique prédomina sur les langues indigènes lors de la constitution du proto-afrasien. Ce scénario basé sur une symbiose volontaire et/ou contrainte permettrait d’expliquer pourquoi J1 est mêlé à des variants d’E-M35 au Proche-Orient, en Arabie, en Afrique et en Europe. En outre, ce scénario permettrait aussi d’expliquer pourquoi ce sont essentiellement des tribus d’haplogroupe E qui implantèrent en Afrique des langues afrasienne qui ne pouvaient absolument pas être les langues originelle de leur ancêtres *Rétro-Africains. Est-ce parce qu’il était un créole mêlant principalement une variante occidentale des langues nostratiques et accessoirement des langues non-nostratiques *post-natoufiennes que le proto-afrasien que reconstituent les linguistes se projette un peu en dehors du peloton central des langues nostratiques ? Enfin, notre scénario explique aussi pourquoi les héritiers d’E-M35 et de R1b-V88 (au Sahara) et d’E-M35 et de T1 (en Arabie puis dans la corne de l’Afrique) acquirent une primauté sur les porteurs de J1 lors de la diffusion des langues afrasiennes en Afrique : c’est parce que, plus les tribus néolithiques J1 descendaient vers le Sud, plus elles s’enrichissaient en indigènes qui s’intégraient à leur communauté *Afrasienne tout en continuant à transmettre à leurs descendants des variants d’E-M35 et des autres haplogroupes méridionaux post-natoufiens. De telle façon que l’élément J1 devint peu à peu minoritaire dans les tribus mêlées du Sud-Levant. Or, dans la mesure où ce sont précisément ces tribus qui étaient géographiquement les plus proches de la porte d’entrée du continent africain, ce sont ces tribus afrasianisées – où prédominaient les variants levantin d’E-M35 et R1b-V88 – qui se retrouvèrent ensuite en position de coloniser l’Afrique.
- Après avoir examiné le mouvement *Proto-Afrasien qui porta le PPNA au Sud-Levant, il nous reste à examiner le mouvement *Proto-Afrasien qui se dirigea vers le Nord. Aux alentours de 8500 AEC, le Sud-Est de l’Anatolie et la vallée du Haut-Euphrate – zone nucléaire de la ‘’révolution néolithique proche-orientale’’ – firent évoluer le PPNA en PPNB / Pré-Pottery-Néolithic-B. La différence entre les stades A et B du Néolithique acéramique proche-oriental n’est pas considérable. L’identification d’un stade B se justifie cependant par une dépendance un peu plus marquée vis-à-vis de l’économie de production, par la progression du nombre des espèces végétales domestiquées (les lentilles, fèves, pois et lin, s’ajoutèrent aux anciennes céréales), et peut-être par les toutes premières utilisations du lait qui étaient pourtant encore lourdement entravées par l’intolérance au lait qui est la norme chez tous les mammifères adultes ; à cela, il faut également ajouter l’abandon des architectures domestiques circulaires héritées des anciennes huttes de branchages, qui furent remplacées par des maisons rectangulaires, aux sols et aux murs enduits de revêtements. Sur la côte syrienne et en Cilicie, les groupes les plus septentrionaux de l’ensemble *Afrasien sont ici qualifiés de Sémitidiques. Sur le plan haplogroupal, ce sont localement E-V13, G2a et T1 qui subirent le processus d’assimilation que nous venons de relater pour E-Z830, E-V22, R1b-V88 et T1 au Sud-Levant. Il s’agissait des ancêtres des futurs paysans néolithiques de l’Europe qui véhiculeront ces trois haplogroupes en compagnie de J1 [cf. cartes C & D].
En résumé, il est possible que, dès le Boréal ancien, les noyaux de plusieurs futurs groupes *Afrasiens aient commencé à cristalliser en se fragmentant : les tribus de Cilicie pourraient avoir été à l’origine du groupe *Sémitidique qui colonisera prochainement l’Europe (portées principalement par E-V13 qui reste très présent en Europe) ; les tribus du Nord-Levant pourraient avoir été à l’origine du groupe Sémitique (porté par E-Z830, ancêtre de E-M123 et donc de E-M34 qui est très présent chez les Sémites d’aujourd’hui) ; au Sud de celle-ci pouvaient se trouver les ancêtres des Egyptiens (portés par E-V22 qui se déplacera dans la vallée égyptienne du Nil où il est toujours bien représenté) ; et encore au Sud de ceux-ci, peut-être dans le Sinaï, les ancêtres des Tchadiques (portés par R1b-V88 qui est devenu un haplogroupe dominant dans certaines régions d’Afrique) ; tandis que les tribus aventurées au Nord de la côte arabe de la mer Rouge, pourraient avoir préfiguré les futurs Austro-Afrasiens (portés par T1 et par E-Z80, ancêtre de E-CTS11051, deux haplogroupes aujourd’hui caractéristiques de la corne de l’Afrique).
Cette reconstitution donne l’occasion d’une parenthèse sur l’urheimat des langues afrasiennes. Nous avons déjà dit que leur proximité avec le Nostratique exclut complètement une origine africaine. C’est donc par une distorsion de la logique que nombre de chercheurs sont arrivés à cette conclusion. En effet, les langues afrasiennes les plus anciennes – le tchadique et l’omotique – sont aujourd’hui en position africaine, tandis que les langues afrasiennes les plus récentes – les langues sémitiques – sont en position proche-orientale ; situations qui semblent indiquer clairement un vecteur Afrique → Proche-Orient. Pourtant, c’est simplement parce que le tchadique et l’omotique ont rétromigré les premiers – respectivement suivis de l’égyptien et du couchitique – que c’est en Afrique que l’on trouve les langues afrasiennes les plus anciennes !
En Afrique, les *Proto-Berbères (portés par E-V65) et les *Capsiens (portés par E-M310, ancêtre de E-M81), prolongeaient cet ensemble mais demeuraient encore non-afrasianisés ; ils le seront ultérieurement par la reconduction, en terres africaines, du processus d’afrasianisation que nous avons décrit plus haut. Une question additionnelle peut encore se poser : pourquoi tel ou tel haplogroupe ADN-Y précis fut sélectionné dans tel ou tel groupe humain ? Parce que cet haplogroupe donné était présent dans la région, bien sûr, mais aussi et surtout par le hasard du succès reproducteur d’un clan : à une époque très ancienne où les Humains n’étaient pas très nombreux, des succès personnels ‘’originels’’ peuvent avoir eu des effets patrilinéaires clonaux gigantesques ainsi que nous l’avons abondamment observé dans l’atlas n°3.
Groupe Kartvélien
Nous avons vu que la vallée du Haut-Tigre et le Nord-Zagros pourraient avoir été le homeland des *Kartvéliens originels que nous basons sur J2. Notons qu’il s’agit d’une hypothèse très inhabituelle que nous fondons sur la dispersion génétique des céréales. Vers 9000 AEC, en synchronie avec le mouvement Afrasien – et probablement mus par les même raisons – des groupes *Kartvéliens descendirent la vallée du Tigre et s’installèrent dans le Zagros central. Deux cultures PPNA émergèrent alors : le Nemrikien (Haut-Tigre / Haut-Zagros) et le M’léfatien (Bas-Tigre / Zagros Central). Aujourd’hui, le vestige géorgien de la langue kartvélienne présente un caractère nostratique consensuel.
Groupe Elamo-Dravidien
Nous avons déjà avancé les raisons pour lesquelles il apparait légitime de rassembler les ancêtres patrilinéaires des Elamites et des Dravidiens en un même proto-peuple. Basés essentiellement sur l’haplogroupe L, les *Elamo-Dravidiens du Sud-Zagros demeuraient encore mésolithiques.
Au Nord de toutes les régions dont il vient d’être question, le groupe que nous avons descriptivement appelé *Nostratique-3-Septentrional était principalement basé sur G2a à l’Ouest (Anatolie) et sur G1a dans les cultures ‘’Jebel’’ de l’Est (Iran central, rives de la Caspienne). L’haplogroupe G2a reste aujourd’hui très présent en Anatolie, ainsi qu’en Europe où il sera bientôt emporté par la colonisation néolithique. De même, G1a demeure bien présent en Iran.
Asie Centrale, Steppes Asiatiques Occidentales, Sibérie Occidentale, Altaï
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Baïkalie, Sibérie Orientale, Arctique
Situation ethnolinguistique globalement inchangée en Cis-Baïkalie.
- En revanche, depuis le bassin de l’Aldan et de la Moyenne-Lena, les Eskaléoutes descendirent le boulevard de la Léna en exportant leur culture épipaléolithique / mésolithique acéramique appelé Sumnagin. Lorsqu’on se base sur ses descendants actuels, il est probable que ce peuple avait pour haplogroupes majoritaires Q1a1-F746 (venu d’Occident et vecteur du caractère eurasiatique des langues eskaléoutes) associé à C2b1a1 (haplogroupe des indigènes *Na-Déné-Ienisseïens rencontrés localement). Portés par l’amélioration climatique spectaculaire, ces gens occupèrent le bassin de la Vilyuy et de la Basse-Léna v. 8500 AEC ; puis ils atteignirent le Tchoukotka v. 8200 AEC.
- Cette intrusion ethnolinguistique des Eskaléoutes Sumnagin en Sibérie Orientale fragmenta les populations *Na-Déné-Ienisseïennes basées sur l’haplogroupe C2b1a1, qui conservaient encore une culture matérielle Epipaléolithique Yubetsu / Post-Dyuktai. Les groupes *Na-Déné-Ienisseïens de l’Ouest furent à l’origine des futurs *Proto-Ienisseïens ; tandis que les groupes *Na-Déné-Ienisseïens de l’Est constituèrent le groupe ethnolinguistique d’où sortirent les Na-Déné d’Amérique du Nord. C’est peut-être en partie parce qu’ils étaient confrontés à une forte pression de la part des intrus Eskaléoutes, des groupes Na-Déné de culture Campus / Denali franchirent le détroit de Béring v. 8200 / 8000 AEC, et devinrent, ce faisant, la deuxième grande vague de peuplement du Nouveau-Monde : celle qui allait porter les peuples / langues na-déné et l’haplogroupe C2b1a1 sur les territoires où ils existent toujours aujourd’hui (Tlingit, Athapascans, dont les Apaches). D’autres groupes apparentés demeurèrent encore en Asie, essentiellement au Kamchatka qui conserva longtemps une culture primitive ; nous proposons d’appeler *Para-Na-Déné ces groupes demeurés asiatiques.
Chine, Mandchourie, Mongolie, Corée, Japon
Sur la base d’une proto-agriculture qui existait déjà au Préboréal [cf. carte A], c’est peut-être v. 9000 AEC que furent expérimentés les premiers essais de culture du millet en Chine du Nord-Est, dans la basse vallée du fleuve Jaune (Hebei). Ce Néolithique naissant, dit de Nanzhuangtou, était très différent du néolithique proche-oriental contemporain. En effet, le Néolithique proche-oriental ignorait encore la poterie et combinait l’élevage de plusieurs herbivores avec l’agriculture ; tandis que le Néolithique de Chine du Nord-Est connaissait la poterie et l’agriculture, mais ignorait l’élevage à l’exception de celui du chien. Sans certitude, nous attribuons à ces groupes le qualificatif ethnique de *Para-Ouralo-Altaïques et nous leur attribuons des formes racines de l’haplogroupe N1*, ainsi que N1b et des formes racines N1a* du variant N1a, lequel sera caractéristique des Ouralo-Youkaghires. Nous faisons ce choix parce que ces haplogroupes non-N1a seront plus tard attestés par l’archéogénétique dans le Néolithique confirmé de la région. Notons aussi que ces peuples finirent par être intégrés précocement par l’état Chinois.
Pour l’heure, sur les rives orientales de la boucle du fleuve Jaune et de ses affluents (Shanxi, Shaanxi, Henan), les *Paléo-Sino-Tibéto-Birmans (basés sur l’haplogroupe C2c) conservaient une culture épipaléolithique non céramique. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne récoltaient pas le millet sauvage ; mais cette proto-agriculture n’est pas attestée. Au Nord du plateau tibétain, leurs cousins *Paléo-Tibéto-Birmans, eux aussi C2c, vivaient également au stade épipaléolithique appelé Microlithisme tibétain du Nord.
Dans le Monde Austrique de Chine du Sud (bassin du fleuve Bleu et provinces au Sud de cette région), malgré la connaissance déjà antiquissime des poteries, les industries lithiques demeuraient encore figées dans ce que nous avons appelé un Quasi Paléolithique supérieur [cf. atlas n°3], c’est-à-dire étaient paradoxalement très archaïques pour l’époque. Ceci restera vrai jusque v. 8000 AEC, et même v. 7000 AEC pour l’extrême Sud de la Chine, époques où ces régions se convertiront très tardivement à un Epipaléolithique microlithique de type Yubetsu. On constate donc, une fois encore, que les assemblages technoculturels ne se sont pas constitués au même rythme de partout, en suivant une même séquence évolutive universelle. Ces peuples Austriques étaient divisés en quatre sous-ensembles, tous basés sur O1 et O2 : Hmong-Mien, Austronésien, Taï-Kadaï-Austroasiatique encore indivis.
Indes
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Indochine et Indonésie (ancien Sunda)
Situation ethnolinguistique globalement inchangée. Nous proposons la colonisation de toute l’île de Bornéo par des groupes Papouasiens basés sur P*, M et S. Au Nord-Vietnam, le groupe Bacsonien faisait la transition avec les populations de Chine du Sud.
Nouvelle-Guinée, Australie, Tasmanie, Océanie
Situation ethnolinguistique globalement inchangée. L’amélioration des conditions climatiques dut favoriser les peuples *Paléo-Australiens en raison de la régression du désert central.
Europe Centrale et Occidentale
Il existe d’importantes divergences entre les chercheurs en matière de dénomination des cultures, de leur aire de répartition et des dates entre lesquelles elles se situent. Cela s’explique facilement par l’adaptation progressive d’une population indigène inchangée que nous avons nommée *Magdalénienne et au sein de laquelle les frontières culturelles – géographiques et chronologiques – ne peuvent être que floues. Par esprit de simplification, nous ne ferons plus figurer que les haplogroupes I1 et I2a sur les cartes de l’Europe Occidentale.
- Vers 8500 AEC, profitant de l’embellie climatique, des groupes Epi-Lyngbien du Nord s’installèrent sur la côte occidentale de la Norvège qui redevenait habitable, à l’origine de la culture Epipaléolithique de Fosna. Puis, v. 8000 AEC, les plus hardis de leurs descendants migrèrent tout au Nord de la Norvège, à l’origine de la culture Epipaléolithique de Komsa. Bien sûr, ces groupes portaient les haplogroupes magdaléniens I1 et I2a.
- Au Sud d’une Scandinavie encore péninsulaire, le reste de l’Epi-Lyngbien évolua insensiblement en Maglemosien. Dans la grande plaine d’Europe du Nord où le Doggerland était en sursis, ainsi que sur les rives du Rhin dont l’embouchure se situait au niveau de la Manche, l’Epi-Ahrensbourgien évolua en Beuronien sans rupture non plus. Il ne s’agissait que d’adaptations des indigènes à une nature moins hostile.
- Dans la péninsule britannique, encore flanquée de sa propre péninsule irlandaise, l’Epi-Creswellien se prolongeait. C’était l’époque de l’homme de Cheddar qui vécut entre 8500 et 8000 AEC et qui a récemment beaucoup fait parler de lui. Son ADN-Y a fait l’objet d’une hésitation, entre le vieux C1a2 des *Aurignaciens et le plus récent I2a des *Gravettiens / Magdaléniens ; c’est ce dernier qui a été confirmé. Mais ce qui a le plus intrigué, c’est que son génome nucléaire laisse supposer des yeux clairs et une peau sombre. Si cette pigmentation foncée était consensuellement acceptée, il faudrait interpréter cela en termes de métissage des populations *Gravettiennes / Magdaléniennes les plus septentrionales avec des groupes marginaux plus anciens qui descendaient de la première vague de peuplement de l’Europe par les Hommes Modernes [cf. atlas n°3 où tout cela est amplement commenté].
- Aux latitudes moyennes et méridionales de l’Europe Occidentale, qui avaient connues une amélioration climatique sensible dès le Préboréal, la situation ethnoculturelle ne changea pas :
- Etendu de la façade Atlantique aux Alpes, et de la Méditerranée à la Seine, le Sauveterrien était la phase ancienne du Tardenoisien.
- Dans la péninsule hispanique, à l’exception du Levante et de la Catalogne, les cultures mésolithiques du Boréal peuvent continuer à être désignées sous le nom d’Epi-Azilien. De même, on laissera perdurer un Epi-Magdalénien en Bohême-Moravie.
En Europe Centrale méditerranéenne et danubienne, étendue à l’Italie eux aux côtes méditerranéennes de France et d’Espagne orientale, l’Epigravettien récent se prolongeait sans changement notable. Nous avons vu que, sur une base essentiellement I2a, ces régions avaient connu l’immigration de populations orientales porteuses d’haplogroupes ‘’vieux-R1b’’ (avec une prépondérance de R1b-L754), de H2, de Q2 et peut-être de T1 et de N2 ? Cette richesse haplogroupale mésolithique sera prochainement écrasée par le rouleau compresseur de la colonisation néolithique.
Europe Orientale
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Notons cependant, qu’au Nord-Est de l’Europe, des groupes de tradition swidérienne s’installèrent dans l’actuelle Finlande v. 8500 AEC, créant la culture de Suomusjarvi. On ignore leurs haplogroupes ADN-Y mais nous proposons qu’ils aient pu être basés sur R1a et peut-être sur R1a-L664 ?