R – 24 000 à 21 300 AEC
Second pléniglaciaire
LGM phase Brandebourg : 24.000 à 23.000 AEC
LGM modeste réchauffement : 23.000 à 22.200 AEC
LGM phase Frankfort : 22.200 à 21.300 AEC
MIS 2 (1/9)
R – 24.000 à 21.300 AEC – Second maximum glaciaire
Climat
Le maximum du froid – ce qu’on appelle le second maximum glaciaire de la dernière glaciation ou LGM (Late Glacial Maximum) – est survenu entre 24.000 et 21.000 AEC. La chronologie glaciaire du Groenland permet d’associer cette période au GS-3 qui commença v. 25.600 AEC mais dont nous avons choisi d’accoler le début (entre v. 25.600 et 24.000 AEC) à la fin du Tursac [cf. carte Q]. En effet, la dégradation fut progressive à l’échelle d’un millénaire, et le LGM ne fit véritablement sentir ses effets extrêmes qu’à partir de v. 24.000 AEC.
Naturellement, cette période connut des oscillations climatiques. C’est ainsi que l’on distingue : la phase hyper-glaciale de Brandebourg (v. 24.000 à 23.000 AEC) au cours de laquelle le niveau des océans atteignit – 130 mètres ; suivie par un modeste réchauffement (v. 23.000 à 22.200 AEC) qui fut moins marqué que ne le seront les interstades post-LGM de Laugerie et Lascaux ; suivi par la phase hyper-glaciale de Frankfort / Poznan / Chodziez (v. 22.200 à 21.300 AEC) qui fut peut-être un peu moins marquée que celle de Brandebourg et au cours de laquelle le niveau des océans atteignit peut-être – 125 mètres. Ce sont ces deux phases hyper-glaciales qui formèrent le véritable LGM. Par la suite, à l’issue des réchauffements de Laugerie [cf. carte S] et de Lascaux [cf. carte T], les stades de Poméranie (v. 16.500 à 14.000 AEC) [cf. carte U] et de Mecklembourg (v. 14.000 à 12.800 AEC) [cf. Carte V] constitueront deux ultimes phases hyper-glaciales avant que le climat ne bascule dans les conditions tardiglaciaires [cf. carte W].
En Europe, la progression de l’inlandsis rendit de nouveau impossible le déversement vers le Nord des fleuves d’Europe Centrale ; Ils convergèrent alors dans le fleuve Manche, prolongation d’un Méga-Rhin qui se jetait dans l’Atlantique entre la Bretagne française et la Cornouaille anglaise, après avoir été grossi d’affluents dont la Seine et la Tamise faisaient l’une et l’autre partie.
Depuis la fin de l’Hengelo, lors de chacun des épisodes froids pré-LGM, les îles Sakhaline se rattachaient désormais au continent asiatique ; mais pas le Japon qui demeurait hors d’atteinte de l’autre côté du détroit de La Pérouse. C’est vers 24.000 AEC que l’île d’Hokkaido se rattacha à Sakhaline et qu’il devint possible d’atteindre le Japon à pieds secs.
En Afrique, le LGM correspondit à la phase aride du Léopoldvillien qui se prolongera jusque v. 13.000 AEC, date à laquelle le retour de la mousson d’été coïncidera avec le début du Tardiglaciaire [cf. carte W]. Les populations qui vivaient dans les marges semi-désertiques du MIS 3, furent contraintes de fuir leurs terres qui se transformaient en déserts absolus. Toutefois, paradoxalement, cette période globalement très aride vit se repeupler la vallée du Nil à partir de v. 25.000 AEC. Vers cette époque, le faible débit des sources du Nil favorisa les dépôts de sable éoliens au long de son cours et les lacs du Nil-Blanc et les marécages de Sudd commencèrent à rétrécir. L’activité très réduite du Nil Blanc et du Nil Bleu étant incapable d’évacuer le sable éolien venu du désert, plusieurs barrages se créèrent dans la vallée du Nil, chacun d’entre eux abritant un lac qui offrait des conditions idéales à la faune et à la flore et par conséquents aux Humains qui venaient en occuper les rives. C’est ce phénomène qui fut à l’origine du repeuplement de la voie du Nil au MIS 2, après qu’elle ait été désertée pendant toute la durée du MIS 3.
Afrique
Afrique du Nord
Nous venons d’expliquer qu’à partir de v. 24.000 AEC, les Humains réoccupèrent la vallée du Nil où ils établirent des communautés de chasseurs et pêcheurs le long d’un chapelet de lacs. Toutefois, nous ne disposons d’informations archéologiques qu’au Nord du Soudan (Basse-Nubie) et en Haute-Egypte, tandis que la Moyenne- et la Basse-Egypte demeurent encore quasiment inconnues entre cette époque et le début de l’Holocène.
L’Halfien (Basse-Nubie, Haute-Egypte) et l’Ibéromaurusien (Cyrénaïque, Maghreb) présentent des similitudes. Longtemps, l’origine de ces deux cultures microlithiques demeura mystérieuse, jusqu’à ce que l’archéogénétique identifie des *Ibéromaurusiens d’haplogroupe E-M78, un variant de E-M35 dont les formes racines existent toujours en Ethiopie. Dès lors, il devient possible de proposer que ces deux cultures furent le produit d’une expansion vers le Nord de communautés Eb1b1-M35 qui occupèrent tout d’abord la vallée du Nil. Considérant ses descendants, nous proposons d’appeler *Proto-Ibéromauruso-Natoufien ce groupe *Rétro-Africain migré au Nord. Une fois arrivé en Egypte, E-M35 se serait divisé v. 22.000 AEC en : une forme occidentale E1b1b1a-M68, ancêtre immédiat de son variant majeur E1b1b1a1-M78 qui a été retrouvé chez les *Ibéromaurusiens ; et une forme orientale E1b1b1b-Z827qui demeurait encore égyptienne.
L’Halfien (HAL) (Basse-Nubie, Haute-Egypte) semble commencer v. 24.000 AEC ; plus tard, peut-être à partir de v. 14.000 AEC, il évoluera en des formes récentes qui porteront des noms différents. Cette culture Microlithique ressemblait à l’Ibéromaurusien.
L’Ibéromaurusien (IBE) (v. 22.000 à 13.000 AEC), encore appelé Oranien ou Taforaltien, s’installa v. 22.000 AEC en Afrique du Nord, à l’Ouest du Bas-Nil. Dans ces régions, il introduisit les techniques microlithiques, avec des lamelles pour pièces caractéristiques. Cette industrie exogène marque une profonde rupture par rapport à tout ce qui la précéda au Maghreb :
- En Cyrénaïque, l’Ibéromaurusien est appelé Oranien Oriental ; il y remplaça le Dabéen (à base C1a2 et peut-être CT*) qui disparut précisément v. 22.000 AEC.
- Au Maroc, à Taforalt, plusieurs *Ibéromaurusiensexprimeront l’haplogroupe E-M78 vers 13.000 AEC. Cette donnée archéogénétique récente, et l’absence de continuité culturelle avec l’époque antérieure, signe probablement une faible participation du pool génétique *Atérien dans la nouvelle population maghrébine. Précisément, l’Atérien se termina v. 22.000 AEC et cette très ancienne culture que nous postulons avoir été principalement basée sur A1b-M13 ne semble pas avoir considérablement influencé les cultures plus récentes du Maghreb, même si cet haplogroupe parvint à se maintenir à faible taux jusqu’à aujourd’hui. Nous envisagerons ci-dessous l’hypothèse de sa participation à la genèse du Solutréen d’Europe Occidentale.
Afrique Tropicale
Peut-être le LSA continua-t-il à progresser en direction de l’Ouest de la bande sahélienne que le climat sec du LGM avait rétréci ? Dans ce cas, des tribus B1 se sont peut-être superposées aux indigènes *Lupembiens A1a ? A centre de cette bande sahélienne décalée vers le Sud se trouvait peut-être B2a ? Plus loin, sur le littoral atlantique, le MSA Lupembien se maintenait encore, porté par les vénérables haplogroupes A00, A0 et A1a ?
Des estimations génétiques indiquent que les Pygmées Occidentaux Proto-Baaka et les Pygmées Orientaux Proto-Mbuti – les uns et les autres principalement à base B2b – se séparèrent aux alentours de 20.000 AEC. Nous pensons logique de reculer cette date vers 24.000 AEC en raison de la classique fragmentation de la forêt pluviale africaine qui résulte de chaque épisode glaciaire intense.
Par ailleurs, on peut essayer de placer au LGM le mouvement les Pygmées Méridionaux Proto-Twa / Cwa– ectopique vis-à-vis des Aka / Baka et des Mbuti – qui occupent aujourd’hui le Sud du Congo, le Gabon, mais aussi les régions frontalières de l’Angola, de la Namibie, du Bostwana et de la Zambie ; il faut peut-être rattacher l’origine de ces Cwa /Twa à un mouvement méridional ancien de B2b ?
Afrique du Sud
Poussant sur sa lancée, c’est peut-être à ce même mouvement méridional de B2b qu’il faut rattacher les ancêtres des actuels Khoisans !Kungs qui sont porteurs de l’haplogroupe B2b1b, et qui sont depuis longtemps mêlés avec les A1b-M51 et les A1b1a ; précisément, ces Khoisans d’haplogroupe B sont B2b1b1 (B2b-P6), ce qui fait d’eux le groupe frère des Mbuti B2b1b2 (B2b-M192).
Eurasie
Les épisodes hyper-glaciaux affectèrent durement les populations septentrionales, qui furent obligées de se replier vers le Sud. Ces mouvements mirent nécessairement en compétition des populations d’origines lointainement divergentes, qui durent se confronter les unes aux autres dans les régions refuges dont certaines étaient relativement peu étendues. Malgré une faible démographie, il en résulta un phénomène de ‘’Monde plein’’ parce que les tribus du Paléolithique supérieur ignoraient l’économie de production et avaient besoin de vastes territoires de chasse et de cueillette pour assurer leur subsistance. Ce ‘’Monde plein’’ rend plus difficile le pistage des haplogroupes ADN-Y, parce qu’ils coexistaient désormais à plusieurs dans une même région. Notons que ces collectifs d’haplogroupes ne doivent pas nous faire croire que les Humains d’alors étaient plus pacifiques que leurs ancêtres ne l’étaient et que leurs descendants ne le seront ; il faut plutôt comprendre ce phénomène comme la conséquence d’une technologie désormais commune à une grande partie du globe, ce qui avait pour effet de rendre les guerres plus équitables qu’aux époques où l’un des belligérants disposait d’armes ignorées de ses compétiteurs. Il faut également comprendre que, bien que le large partage de la technologie PSM ait en partie résulté d’une diffusion de peuples partageant un même héritage génétique, elle fut dans certain cas acquise par des indigènes de ‘’mode 4’’ qui s’acculturèrent au contact de leurs envahisseurs de ‘’mode 5’’, à chaque fois que ces indigènes eurent la faculté de pouvoir digérer la première surprise mortelle. En effet – sauf en Asie du Sud-Est [cf. carte Q] et probablement dans les montagnes [cf. carte S] – il n’y avait plus désormais sur terre que des Humains normo-cognitifs et donc parfaitement capable d’apprendre : c’est cette faculté d’apprentissage au contact d’autrui qui explique que les vieux haplogroupes indigènes réussirent à se maintenir dans les régions conquises par de nouveaux haplogroupes. Plus tard, au Mésolithique (société accumulatrice) et plus encore au Néolithique (société accumulatrice et productiviste), le phénomène s’accentuera encore, en raison du besoin des envahisseurs en main d’œuvre indigène qui sera épargnée pour les servir. C’est seulement alors, que l’association langue vs haplogroupe ADN-Y se dissoudra et conduira de nombreux chercheurs actuels à rejeter toute relation entre gènes et langues ; ce qui est grandement faux quand on examine cette relation sous l’angle des haplogroupes ADN-Y.
Mais revenons au LGM.
Asie Sud-Orientale (Inde, Indochine, Sunda, Sahul)
L’Inde devait principalement être habitée par des populations d’haplogroupe H qui restent encore nombreuses dans le sous-continent actuel. Les régions montagneuses du Nord, concentraient déjà de vieux haplogroupes, parmi lesquels il faut souligner la présence de C1a2, l’haplogroupe par ailleurs probablement majoritaire chez les *Aurignaciens.
Plus étendu que jamais depuis la glaciation de Riss, l’Indo-Sunda demeurait la région en retard que nous avons déjà plusieurs fois décrite et à laquelle nous avons consacré un long développement dans les commentaires de la carte Q. Peu de travaux sont dédiés au Sonvien (SON) que nous avons – sans certitude – fait commencer au cours du Tursac sur la partie indochinoise de la grande péninsule [cf. carte Q]. Il faut dire que, bien que présenté comme un peu plus moderne que les industries très primitives qui l’avaient précédé, le Sonvien ne constitua pas une rupture bien nette. C’est vers 24.000 AEC que nous placerons l’apparition de M1, M2 et M3, ainsi que de S1, S2, S3 et S4, les grandes branches des haplogroupes M et S, les deux haplogroupes caractéristiques du groupe *Papouasien. Il est possible que M ait été en position plus méridionale que S, car l’haplogroupe S existe toujours en Malaisie, en Indonésie et aux Philippines, ce qui n’est pas le cas de M, aujourd’hui uniquement présent en Papouasie Nouvelle-Guinée et au-delà. Ainsi, la scission entre les haplogroupes S et M aurait-elle pu résulter d’un mouvement méridional initial des porteurs de M, qui aurait pour un temps laissé au Nord des porteurs de S ?
Dans les régions voisines de l’actuel isthme de Kra vivaient des tribus d’haplogroupes K2c et K2d, génétiquement proches en lignée patrilinéaires des groupes Austriquesd’haplogroupe O, qui étaient quant à eux installés en Chine du Sud. Ces groupes pourraient donc être qualifiés de *Para-Austriques, à moins qu’ils n’aient déjà été amalgamés aux *Proto-Papouasiens venus les rejoindre sur la péninsule ?
Plus au Sud encore, sur le littoral et dans les grandes plaines alluviales du ‘’Méga-Sunda’’ du LGM, vivaient probablement les ancêtres *Proto-Australiens des Aborigènes C1b2 actuels. Leur pays étant aujourd’hui presque entièrement englouti, on ne peut rien affirmer quant à leur culture matérielle ; on peut cependant se demander si – comme c’était le cas dans les îles et au Sahul [cf. ci-dessous] – la pression de sélection ne leur avait pas déjà permis de redevenir normo-cognitifs et de mettre en place un *Quasi-Paléolithique-Supérieur (*QPS) local ?
Dans les îles séparant – à l’époque comme aujourd’hui – le Sunda du Sahul, des outils d’allure laminaire constituaient une évolution locale des vieux outils sur éclats, et étaient parfois complétés par des pointes lancéolées. D’autres outils, interprétés comme des haches, étaient par ailleurs connus (site de Kosipe). Enfin, les murs de certains abris étaient recouverts de pigments (site de Lene Hara), ce qui atteste un comportement *QPS moderne.
Au Sahul *Paléo-Australiens, rien ne vient attester l’usage de lames ou de pseudo-lames, mais l’ocre était abondant sur tous les sites. Tout cela est qualifié par nous de *Quasi-Paléolithique-Supérieur (*QPS). La sécheresse du LGM vida de sa population tout le désert central australien. Toutefois, certains sites comme Puritjarra continuèrent à être épisodiquement fréquentés.
Asie Extrême-Orientale (Chine, Corée, Japon, Mandchourie, Mongolie)
Possiblement venu de Mongolie où ils faisaient partie de l’industrie Paléolithique Supérieure Moyenne (PSM), c’est v. 24.000 AEC – c’est-à-dire lors de la phase hyper-glaciale de Brandebourg – que les premiers outils microlithiques firent leur apparition en Mandchourie, en Chine du Nord et en Corée ; il se pourrait cependant que cela ait commencé à se produire un peu plus tôt, au cours de la dernière partie froide du Tursac tel que nous l’avons délimité. On pourrait essayer d’expliquer ce progrès culturel comme une conséquence de la sécheresse glaciaire qui s’installa en Mongolie et qui aurait conduit les peuples *Eurasiatiques orientaux d’haplogroupe N1* à se réfugier vers le Sud et vers l’Est ? Ceci n’est qu’une hypothèse car l’histoire cryptique de N1* fut longue (entre v. 40.000 et 14.000 AEC) et est très difficile à reconstituer faute de jalons intermédiaires. Mais si ce mouvement migratoire parti de Mongolie en direction de l’Est et du Sud peut être tenu pour vraisemblable dans les conditions climatiques extrêmes du LGM, il constituerait une explication simple de l’apparition du Paléolithique Supérieur Récent Microlithique (PSR-MIC) en Mandchourie, en Corée et en Chine du Nord. Selon ce scénario, ce seraient les *Eurasiatiques orientaux N1*qui auraient apporté ce concept aux indigènes *Proto-Déné-Ienisseïo-Sinitiques de la vallée de l’Amour, de Corée et de Chine du Nord, porteurs des haplogroupes C2b, C2a et C2c ? Mais rapidement, ceux-ci auraient réinterprété la nouvelle technologie à leur façon, en mettant au point la méthode Yubetsu (YUB), c’est-à-dire une technique particulière de débitage microlithique par pression à partir de nuclei façonnés en forme de coin (wedge-shaped cores) qui sera promise à un bel avenir ; tandis que les anciennes lames et lamelles des traditions occidentales eurafricaines étaient détachées de nuclei de forme prismatiques (Aurignacien, Baradostien, Gravettien, PSM des steppes asiatiques et des Indes, Kébarien, etc). Pour certains auteurs, c’est seulement à partir de l’apparition de la méthode Yubetsu que l’on est réellement en droit de parler de Microlithisme / ‘’mode 5’’. Quoi qu’il en soit, l’apparition du Microlithisme Yubetsu peut être associée au début du Paléolithique Supérieur Récent (PSR). Additionnellement, on peut aussi se demander si ce n’est pas dans le contexte de cette mutation culturelle que l’haplogroupe *Proto-Na-Déné-Ienisseïens C2b* de Mandchourie donna naissance à ses variants C2b1 et C2b2 vers 24.000 AEC, à une époque de fragmentation des populations due aux conditions hyper-glaciales ? Le second de ces variants est à peine observé aujourd’hui, mais le premier était promis à un grand destin. En effet, peut-être v. 22.000 AEC à l’occasion d’une nouvelle fragmentation du peuplement survenue au cours de la phase hyper-glaciale de Francfort, C2b1 donna naissance à son grand variant C2b1a, aujourd’hui observé au Japon, en Chine du Nord, chez les peuples Altaïques (essentiellement les plus orientaux, Mongols et Toungouses) et chez les peuples Na-Déné qui constitueront un jour la seconde vague de peuplement de l’Amérique du Nord [cf. carte T et suivantes & atlas n°4]. Quoi qu’il en soit de cette hypothèse, c’est bien entre v. 24.000 et 22.000 AEC que le Microlithisme diffusa en Mandchourie (Primorye, Heilongjiang). Si l’on veut bien donner du crédit à ce scénario, il se pourrait que les tribus C2b* qui mirent au point le This triggers the tooltip, eurent un avantage sur toutes les autres tribus C2b*, expliquant l’omniprésence du seul variant C2b1adans le monde actuel ?
C’est à cette époque que les outils de ‘’mode 3 autrement’’ (FLK, S.FLK), qui avaient jusque-là coexistés avec le PSI de ‘’mode 4’’, disparurent de Chine du Nord et de Corée. Mais le PSI ne disparut pas tout de suite ; en effet, si le Microlithisme fit localement son apparition entre v. 24.000 et 22.000 AEC, il ne sera vraiment omniprésent en chine du Nord qu’à partir de v. 19.000 AEC.
Les marges du Tibet *Paléo-Tibétain restèrent en dehors de ce courant modernisateur, conservant toujours leur ancienne industrie sur gros éclats (FLK) que nous pensons avoir été portée par des peuples D1a.
Vers 24.000 AEC, l’île d’Hokkaido se rattacha à Sakhaline et le Japon put enfin être atteint à pieds secs. Il fallut cependant attendre v. 22.000 AEC pour que les techniques Microlithiques Yubetsu (YUB) pénètrent sur l’archipel via Hokkaido qui ne redeviendra pas une île avant v. 8000 AEC. Cette nouvelle industrie pourrait avoir été portée par des populations C2b1a ?
En Chine, le fleuve Bleu demeura une grande barrière tendue entre deux mondes mais dont les différences commencèrent un peu à s’atténuer. Immédiatement au Sud de cette frontière, l’apparition d’outils en os – harpons, alènes et parures (site de Ma’anshan) – réalisa ce type d’industrie que nous avons appelé *Quasi-Paléolithique-Supérieur (*QPS) parce qu’elles mêlaient des artéfacts modernes aux antiques éclats grossiers (FLK) usuels dans la région. Cela pourrait avoir été la conséquence soit d’une montée vers le Nord des populations Austriques d’haplogroupe O, soit d’une descente vers le Sud de populations entièrement modernes d’haplogroupe C2c ? A moins que les deux phénomènes ne se soient conjugués ?
Plus loin au Sud, des industries *QPS similaires existaient au Nord-Vietnam où les populations commençaient même à produire des éclats laminaires aux côtés des traditionnels outils sur gros éclats (site de Ngoum). Là aussi, les auteurs pourraient avoir été des peuples Austriques d’haplogroupe O ? Entre les deux régions, nous pouvons faire l’hypothèse que toute la Chine du Sud et toute la Chine littorale étaient désormais convertie au *QPS.
Asie Septentrionale (Asie Centrale, Sibérie Occidentale, steppes, Altaï, Baïkalie, Sibérie Orientale, Alaska)
Le domaine des peuples Eurasiatiques prenait en écharpe tout le continent asiatique depuis le Nord de l’Iran jusque à la Moyenne-Lena ; et même jusqu’à la Béringie puisqu’on doit lui rattacher le rameau Amérinde.
Au Sud de cet ensemble, en Asie Centrale ou sur le plateau iranien, vivaient les peuples d’haplogroupe R, déjà séparés en R1 et R2 C’est peut-être au cours de la phase de Brandebourg, v. 24.000 AEC, que R1 se divisa en ses grands variants R1a et R1b ; puis c’est peut-être au cours de la phase de Frankfort, v. 22.000 AEC, que R1a se divisa en R1a2 (qui allait rester essentiellement méridional) et en R1a1 (qui allait s’étendre au Nord) ; tandis que dans le même temps R1b donnait naissance à R1b1-L278. Nous avons qualifié tous ces peuples d’*Eurasiatiques occidentaux méridionaux méridionaux. Parmi les langages eurasiatiques, les leurs devaient être les plus proches du groupe Nostratique demeuré dans le vieux ‘’hub’’ moyen-oriental.
Au cours du Tursac, d’autres tribus R* (i.e. R-nonR1-nonR2) s’étaient probablement avancées vers le Nord en direction des steppes du Kazakhstan ; mouvement hypothétique qu’on est obligé d’inférer pour expliquer la découverte future de R* en Cis-Baïkalie [cf. carte Q et ci-dessous]. La désertification qui accompagna la phase de Brandebourg et qui dut affecter l’Asie Centrale, conduisit peut-être ces tribus à poursuivre leur migration en direction de l’Altaï puis, depuis cette position, jusqu’en Cis-Baïkalie. C’est dans cette région que se développa la prestigieuse culture de Mal’ta-Buret’ (v 22.000 à 14.000 AEC) dont les vestiges ont livré un jeune homme d’haplogroupe R*, c’est-à-dire R (non-R1, non R2). Selon la reconstitution ethnolinguistique que nous proposons, ces tribus de Cis-Baïkalie formaient l’antenne septentrionale des *Eurasiatiques occidentaux méridionaux méridionauxet parlaient donc une langue appartenant lointainement au groupe dont sortira un jour le Proto-Indo-Européen. Les gens de Mal’ta disposaient d’une industrie typiquement Paléolithique Supérieure Moyenne (PSM), c’est-à-dire fabriquaient des lamelles fines tendant vers le microlithisme, qu’ils détachaient de petits nuclei prismatiques hérités de la tradition eurafricaine occidentale. Cette industrie était moins moderne et les outils moins aboutis que leurs équivalents Yubetsu véritablement microlithiques, détachés de nuclei en forme de coins [cf. ci-dessous].
Les peuples P1*(non-R) étaient eux aussi des *Eurasiatiques occidentaux qui s’étaient détachés en amont des peuples R* ; mais à ce stade de leur histoire, ils étaient devenus le groupe central de la chaine Eurasiatique. Nous les appelons donc *Eurasiatiques occidentaux méridionaux centraux ; c’est d’eux que sortiront prochainement les *Proto-Tchouktcho-Nivkhes, étant donné la fréquence actuelle de l’haplogroupe P1*(non-R) chez les membres de ces deux populations en cours d’extinction. Ce peuple P1* pourrait avoir quitté la Cis-Baïkalie lors de l’arrivée des R*, et s’être installé sur Haute-Lena depuis laquelle il aurait pénétré en Trans-Baïkalie ? Nous avons bien conscience que toutes ces propositions sont hautement spéculatives pour ne pas dire d’allure fantaisistes ; elles sont simplement tentées pour rendre compte des positions futures des haplogroupes ADN-Y et des groupes ethnolinguistiques auxquels nous les associons et dont il faut bien tenter d’expliquer l’origine en fonction de données souvent contraintes [cf. atlas n°4].
Si la Mongolie Orientale était devenue désertique dans les conditions du LGM, la Mongolie Occidentale pourrait avoir été moins aride et avoir abrité des peuples Q1b1-L330 dont nous décrivons l’histoire potentielle en leur donnant le nom d’*Eurasiatiques occidentaux septentrionaux du sud.
Dans les steppes de l’Ob, de l’Ienisseï et de l’Angara, vivaient des tribus Q1a1-F746/NWT01 – haplogroupe qui sera plus tard identifié sur le site d’Afontova Gora [cf. carte U] et qui est aujourd’hui fréquent chez les Eskaléoutes. Il s’agissait de groupes PMS.
Le départ en Béringie des *Proto-Amérindes Q1b1-Z780 et Q1b1-M3 avait dû laisser des tribus de même souche en arrière, dans les bassins de la Moyenne-Lena et de l’Aldan. Ces peuples pourraient être appelés *Para-Amérindes.
Pendant tout l’Interpléniglaciaire, la Sibérie Orientale avait été couverte de forêts ouvertes au Sud, de forêts-steppes au Nord et de forêts-toundra dans le Grand-Nord. Avec le début du LGM, v. 24.000 AEC, ce paysage évolua en forêts-steppes au Sud et en steppe-toundra au Nord, sans qu’on relève aucune trace d’inlandsis y compris sur la péninsule de Taïmyr ; ceci parce que le Nord-Est de l’Eurasie glaciaire subit toujours un climat moins rigoureux que le Nord-Ouest européen du grand continent. En dépit de ces conditions climatiques relativement favorables, certains auteurs pensent que – à l’exception de la Béringie et des vallées de la Moyenne-Lena et de l’Aldan – la Sibérie orientale se vida de se habitants ; tandis que d’autres contestent cette hypothèse. Dans l’atlas n°3, nous nous rangeons à l’hypothèse d’une Sibérie Orientale vidée de ses habitants au Nord de la Moyenne-Lena, à l’exception de l’oasis toute relative que constituait la Béringie, devenue le domaine des *Proto-Amérindes Q1b1-Z780 et Q1b1-M3. En effet, c’est d’environ 22.000 AEC que date la séparation génétique (nucléaire) entre les Amérindiens Amérindes et les populations demeurées en Asie ; ce qui semble pouvoir signifier que le flux génique s’interrompit à ce moment-là entre le pool des Humains eurasien et ce qui apparait dès lors obligatoirement comme une population isolée de l’autre côté d’un désert humain. Le maintien d’une industrie PSM chez les futurs Amérindes ne faisant que renforcer cette hypothèse d’une rupture de contact ! Ainsi, c’est isolé du reste du Monde que les *Proto-Amérindes – ancêtres des premiers Amérindiens – allaient traverser tout le LGM. Plutôt que la Sibérie Orientale (telle qu’elle nous apparait aujourd’hui), c’est l’ensemble constitué par le pont de Béringie et l’Alaska qui constitua le refuge glaciaire de ces populations extrêmes dont les groupes les plus orientaux vivaient déjà géographiquement dans ce que nous appelons aujourd’hui l’Amérique. Ainsi, le site de Bluefish Cave (Alaska, Yukon) date de v. 22.000 AEC.
Asie Occidentale (Moyen-Orient, Proche-Orient, Anatolie, Arabie)
Au Levant, l’Antélien (ANT) était une culture Paléolithique Supérieure Moyenne (PSM) qui était peut-être porté par des populations IJ* ou J*, venues à la rencontre de tribus CT* dont l’haplogroupe sera attesté plus tard dans la région ? En Basse-Egypte et au Sinaï, les populations Eb1b1b-Z827 ne les avaient pas encore rejointes.
Dans le vénérable ‘’hub’’ moyen-oriental, les peuples eurasiens ultra-sédentaires étaient désormais au stade *Nostratique-3 ou *Nostratique-Classique de la ‘’langue centrale’’, tandis que leur industrie demeurait Baradostienne (BAR) et que le paysage ethnolinguistique restait globalement proche de ce qu’il était à l’époque précédente. Sans certitude quant à leurs dates, des mouvements eurent lieu depuis l’Iran :
– Nous proposons que v. 24.000 AEC (phase de Brandebourg), des tribus d’haplogroupe H2 s’avancèrent en direction de l’Anatolie Orientale et de la vallée du Chatt-el-Arab. En effet, H2 se retrouve aujourd’hui à des fréquences basses au Koweït, mais également en Arménie, en Ukraine, en Roumanie, en Italie et en Sardaigne ; ce qui laisse penser qu’il entra en Europe au Tardiglaciaire, parmi la vague de peuplement hétérogène qui sera à l’origine l’Epigravettien récent ? [cf. carte V]. Les descendants des H2 restés en Iran se retrouveront un jour aux Indes et jusqu’en Malaisie (où ils s’implanteront peut-être récemment, lors de la colonisation indouiste de ces régions). Cette répartition oblige à remarquer que – une fois de plus – un même haplogroupe se retrouva à l’Ouest et à l’Est, à partir d’une position centrale qui ne pouvait être qu’iranienne.
– De même, certaines tribus d’haplogroupe T1 engagèrent un mouvement vers l’Anatolie, tandis que d’autres T1 demeuraient en Iran où leurs descendants existent toujours, et que d’autres encore entreraient un jour dans la cristallisation ethnique des Dravidiens des Indes. Cette dispersion multidirectionnelle attestant bien l’origine iranienne. Aujourd’hui, T1 existe toujours en Anatolie Orientale, au Proche-Orient (d’où certains individus ont atteint l’Afrique du Nord). Au cours du Tardiglaciaire, des descendants des T1 anatoliens entreront en Europe où cet haplogroupe subsiste aujourd’hui avec des fréquences basses. Enfin, l’haplogroupe T1 est aujourd’hui bien représenté en Afrique : une route traversant l’Arabie du Sud a été initialement envisagée, mais on considère désormais comme plus probable que les T1 africains résultent d’une rétromigration partie du Proche-Orient via la vallée du Nil à une époque où le pastoralisme existait déjà ? Ce qui le place dans le même cas que R1b-V88 [cf. cartes T & suivantes, & atlas n°4].
Europe Centrale et Occidentale
Le Solutréen (SOL) fut la culture européenne extrême-occidentale du LGM. Il était limité aux littoraux ibériques et aux régions françaises situées à l’Ouest du Rhône ; région qui constituait le ‘’refuge franco-ibérique’’.
L’origine du Solutréen est débattue depuis la découverte de cette culture ; les solutions avancées étant principalement au nombre de trois. 1) La première hypothèse est celle d’une origine purement interne du Solutréen, à partir du Gravettien d’Europe occidentale ; à ce propos il a été remarqué que le cadre de vie des *Solutréens et que ce que nous devinons de leur cadre conceptuel et spirituel, n’étaient guère différents de ceux de l’époque précédente ; ce qui a surtout changé, c’est que de nouveaux types de pointes ont remplacé les anciennes pointes de la gravette, ‘’comme lorsque l’arquebuse a remplacé l’arbalète’’ dans une culture médiévale en train de basculer dans la renaissance. 2) Une seconde hypothèse fait intervenir les peuples *Foliacés du Nord de l’Europe, héritiers modernisés du complexe LRJ. Lors de chaque glaciation, l’Europe du Nord est davantage impactée par le froid que la Sibérie Orientale, à l’autre extrémité du continent. Ces peuples du Nord fabriquaient des pointes lancéolées et des pointes dites de Font-Robert que l’on retrouvera plus tard dans le Solutréen classique. Au début du LGM, cette industrie particulière – parfois appelée Proto-Solutréenne – se retrouva au Sud de l’Angleterre, en Belgique et au Nord de la France où les réfugiés climatiques de la grande plaine du Nord rencontrèrent leurs voisins *Gravettiens. 3) Enfin, une troisième hypothèse insiste plutôt sur l’origine ibérique méditerranéenne du Solutréen Ancien, avançant qu’un élément *Atérien serait entré dans sa composition. Ces hypothèses sont toutes les trois plausibles et n’ont pas lieu d’être rejetées a priori. L’existence d’éléments allogènes constituerait même une explication rationnelle de l’évolution culturelle différentielle qui affecta l’Europe Occidentale, pendant que le Sud de l’Europe Centrale demeurait gravettien comme par le passé. Ces hypothèses pourraient Même se combiner à condition de considérer les éléments *Atériens et *Foliacés comme de simples ferments venus agir sur un fond majoritairement *Gravettien. En effet, le gros de la population dont sortirent les *Solutréens était nécessairement d’origine *Gravettienne si nous tenons pour plausible l’association initiale entre ce peuple et l’haplogroupe I qui est encore très bien représenté dans la population européenne de souche actuelle [cf. cartes P & Q] ; plausibilité d’autant plus grande que les haplogroupes que nous pensons avoir été portés par les peuples *Atériens (A1b et A1a ?) et *Foliacés (A1b, A1a, BT*, F*, C1a2 ?) n’ont pas laissé de traces jusqu’à nous en Europe Occidentale.
Au total, le scénario de peuplement pourrait être reconstitué ainsi : Dès l’orée du LGM (v. 24.000 AEC), le rétrécissement du détroit de Gibraltar incita des tribus *Atériennes à le traverser et à introduire en Espagne les pointes à soie traditionnelles de leur très ancienne culture MSA maghrébine. Ces migrants furent absorbés par les *gravettiens locaux sans laisser de signature ADN-Y mais en modulant peut-être leur culture ? Le Solutréen Ancien (SOL ANC) qui en résulta en Espagne littorale développa surtout des pointes à face plane, qui étaient peu retouchées. Dans le même temps, v. 24.000 AEC, la culture dite Proto-Solutréenne – en partie héritière des peuples *Foliacés – se formait au Nord de l’aire gravettienne rétrécie par le froid (Sud de la Grande-Bretagne, France du Nord, Belgique). Sur le plan chronologique, ces deux industries se développèrent pendant la phase de Brandebourg. Puis, c’est au cours du très léger réchauffement qui sépara la phase de Brandebourg de celle de Frankfort (v. 23.000 à 22.200 AEC) que le Solutréen Ancien diffusa au littoral ibérique atlantique et à la partie française du refuge franco-ibérique. Au total, ces deux mouvements de sens contraire apportèrent chacun des éléments allogènes qui furent intégrés par la population *Gravettienne au cours d’un processus d’uniformisation culturelle des habitants du refuge franco-ibérique. Le Solutréen Ancien semble avoir eu une identité chronologique bien circonscrite puisque les nouvelles datations par Spectrométrie de Masse par Accélérateur (SMA) situent sa fin v. 22.000 AEC.
En revanche, les datations par SMA indiquent que les phases suivantes du Solutréen – traditionnellement qualifiées de moyenne et de récente – commencèrent toutes les deux en même temps, au début de la phase de Frankfort (22.200 à 21.300 AEC). Même si nous conservons leurs appellations, nous devons donc plutôt les considérer comme des faciès culturels contemporains : le Solutréen Moyen (SOL MOY) est caractérisé par des lames en ‘’feuilles de laurier’’, et le Solutréen Récent (SOL REC) par des lames en ‘’feuilles de saule’’ et des pointes à cran. Quelle réalité ces différences pouvaient-elles recouvrir ? En France, le Solutréen Moyen – bien circonscrit à la phase de Frankfort – pourrait avoir été principalement l’héritier de groupes Solutréens anciens ibériques dont le faciès culturel aurait évolué sous cette forme avant de s’étendre vers le Nord à la fin de la phase de réchauffement ? En effet, la transition entre Solutréen Ancien et Solutréen Moyen commença en Espagne et au Portugal entre v. 23.000 et 22.000 AEC. Tandis que le Solutréen Récent serait venu à sa rencontre depuis la France au début de la phase de Frankfort ? Ensuite, seul le Solutréen Récent se serait prolongé au-delà de la phase de Frankfort, jusque v. 20.000 AEC, voire v. 19.0000 AEC, parallèlement au développement du Badegoulien ? [cf. carte S]. C’est l’hypothèse que nous suivrons ; toutefois, les datations par SMA plaideraient plutôt pour une fin du Solutréen Récent v. 21.000 AEC, ce qui en ferait alors un parfait contemporain du Solutréen Moyen sur toute la durée.
L’hypothèse d’un peuplement *Solutréen de l’Amérique du Nord – au terme d’une route longeant la banquise – a suscité un vif intérêt et semblait pouvoir donner une solution au type physique Europoïde de l’homme de Kennewick, beaucoup plus récent (v. 9000 AEC). Mais cette hypothèse n’a pas de fondement solide. En effet, si de nombreux Amérindiens et de nombreux Européens partagent l’haplogroupe mitochondrial X, cela s’explique facilement par leur commune origine *Eurasiatique. A ce propos, il faut aussi se souvenir que l’haplogroupe ADN-Y Q des Amérindiens est le groupe frère de l’haplogroupe ADN-Y R d’une majorité d’Européens. Tout ceci relève de la commune origine *Eurasiatique de ces deux grands peuples issus de P(= QR) (l’un parti vers l’Extrême-Est et l’autre vers l’Extrême-Ouest) et il n’est pas nécessaire d’imaginer une traversée préhistorique de l’Atlantique !
On ne trouve pas de vestiges Solutréens sur le plateau central ibérique. Considérant que l’haplogroupe C1a2existera toujours dans la région au Mésolithique, le centre de l’Espagne demeurait probablement peuplée par des *Aurignaciens ?
Tandis que les populations les plus occidentales de l’Europe se contractaient dans le refuge franco-ibérique et faisaient considérablement évoluer leur culture matérielle, les populations d’Europe Centrale se repliaient pour partie dans le refuge italo-balkanique et pour partie dans le refuge oriental des steppes pontiques. En conservant leur culture Gravettienne, désormais dans sa phase récente (v. 24.000 à 21.000 AEC). C’est à cette époque que les ‘’pointes à cran’’ apparurent dans le gravettien.
Aujourd’hui séparés en deux entités géographiques distinctes, l’Italie et les Balkans du LGM composaient une grande région beaucoup plus unitaire, traversée par un fleuve Pô qui se jetait dans une mer Adriatique réduite de moitié. Chassées d’Europe Centrale par le froid intense, les *Gravettiens Récents pavloviens (GRA PAV) se réfugièrent dans cette province italo-balkanique ; et c’est peut-être seulement à cette occasion que l’haplogroupe I2avint se superposer à l’haplogroupe I1a des *Gravettiensanciens de la région ?
C’est en conséquence du même mouvement humain qu’il est légitime de postuler le peuplement de l’île Corso-Sarde, désormais séparée de la côte italienne par un étroit bras de mer aisément franchissable ; sur la grande île, les porteurs de l’haplogroupe I2a durent alors marginaliser leurs prédécesseurs A1b.
Europe Orientale
D’autres *Gravettiens pavloviens (GRA PAV) d’Europe Centrale émigrèrent vers l’Est et s’installèrent en Ukraine au Nord des steppes pontiques, dans ce qui était alors une belle steppe à mammouths. Ce faisant, peut-être cherchaient-ils à conserver le mode de vie qu’ils avaient connu jusque-là en Europe Centrale ? C’est ce mouvement qui fut à l’origine de la culture de Kostenki-Avdeevo (KOS AVD) (v. 24.000 à 18.500 AEC), la variante orientale du Gravettien récent à pointes à cran qui allait perdurer jusqu’au commencement de l’interstade de Lascaux. Il est par ailleurs probable que les peuples *Foliacés orientaux – mal connus – vinrent eux aussi enrichir le pool génétique de ces régions.
Eux aussi chassés par le froid, les *Aurignaciens qui subsistaient encore dans les monts Métallifères et dans les Tatras (Slovaquie) se mêlèrent aux *Molodoviens des vallées du Dniestr, du Prout et du Siret avec lesquels ils s’établirent dans les steppes pontiques au voisinage de la mer Noire dont la superficie était alors réduite. Ce mouvement fut à l’origine d’un hybride Gravettien-Aurignacien (GRA AUR) que l’on appelle généralement Epi-Aurignacien. Ainsi, cette culture ne constituait pas une suite génétique de l’Aurignacien qu’avait autrefois connu la région [cf. carte O], mais découlait plutôt d’une réinjection de nouveaux éléments *Aurignaciens descendus d’un refuge montagneux. Cette culture existait entre le Bas-Danube et le Bas-Don, en passant par la Crimée qui ne présentait pas alors le caractère péninsulaire que nous lui connaissons.
Dans les régions au Nord du Caucase, des groupes C1b* *Kostenkiens devaient se maintenir, puisque cet haplogroupe est toujours présent aujourd’hui chez les Nord-Caucasiens.
Enfin, dans les steppes de la Volga et de l’Oural, des groupes mal connus et probablement peu nombreux pourraient avoir été les héritiers des *Kostenko-Gorodstoviens de la période précédente, auxquels s’étaient amalgamés des groupes *Foliacés chassés du Nord ? Comme celle des peuples tout aussi mal connus de Sibérie Occidentale, leur industrie devait rester de ‘’mode 4’’. Ils pourraient avoir contenus des éléments N2 associés à des C1a2 et à des C1b* ?