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Interpléniglaciaire
Interstade d’Hengelo : 41.300 à 37.900 AEC
Stade d’Huneborg : 37.900 à 36.200 AEC
MIS 3 (6/9)

 

N – 41.300 à 36.200 AEC – Interpléniglaciaire

 

Climat

D’une durée totale d’environ 3400 ans, l’interstade d’Hengelo fut la plus belle période de l’interpléniglaciaire (MIS 3). Bien que moins chaude que notre interglaciaire Holocène, cette époque fut suffisamment clémente pour encourager une importante accentuation du peuplement moderne dans les régions eurasiennes de moyenne latitude. Parallèlement, le Paléolithique Supérieur s’étendit sur presque toute la surface du vieux Monde.

Comme la plupart des périodes identifiées par l’étude des sédiments, l’interstade d’Hengelo regroupa plusieurs GI (Groenland Interstadial) et GS (Groenland Stadial). Entre v. 41.300 à 40.200 AEC, le GI-11 constitua un interstade d’Hengelo ancien. Il fut suivi d’un refroidissement entre 40.200 et 39.500 AEC (GS-11). Puis le GI-10 coïncida avec ce qu’on pourrait appeler interstade d’Hengelo moyen, entre v. 39.500 et 38.800 AEC. Après un nouveau refroidissement interne (GS-10) survenu entre v. 38.800 et 38.200 AEC, l’interstade d’Hengelo récent (GI-9) fut un bref réchauffement qui dura trois siècles seulement, entre v. 38.200 à 37.900 AEC. Au cours de l’Hengelo, on peut avancer un niveau moyen des océans proche de – 25 mètres, ce qui fait que la Béringie était de nouveau recouverte par les eaux. Au Nord-Ouest de l’Europe se trouvait une prairie froide parsemée de bouleaux. Le reste du continent était de nouveau couvert de forêts entrecoupées d’espaces dégagés.

En Afrique, la ceinture de désert cessa d’être hyperaride comme elle l’avait été depuis le début du premier pléniglaciaire ; cette phase relativement humide – qui succéda à la très longue phase sèche du Maluekien – est connue sous le nom d’humide Ndjilien ; de ce fait, la vallée du Nil pourrait être redevenue perméable pour un temps ? Comme on le voit sur la carte N, nous faisons toutefois l’hypothèse que la vallée ne retrouva pas significativement son rôle de grand boulevard faunique et ne permit pas de grands mouvements humains. Cette embellie climatique africaine semble s’être étendue de v. 40.000 à 30.000 AEC ; mais il est vraisemblable qu’elle se décomposa en une série d’oscillations humides entrecoupées d’oscillations sèches dont le détail ne nous est pas accessible.

A la suite de l’interstade d’Hengelo, le stade d’Huneborg (GS-9) consista en un retour des conditions glaciaires pendant environ 1700 ans, entre v. 37.900 à v. 36.200 AEC. Ce changement climatique pourrait avoir été lié à l’éruption massive des Champs Phlégréens (Italie) qui survint précisément au début du stade d’Huneborg ? Le niveau des océans baissa alors jusque vers la cote – 50 mètres.

 

Les commentaires de la carte N sont les derniers à être organisés haplogroupes par haplogroupes ; ils sont l’occasion de refaire un point complet sur le paysage mondial des haplogroupes ADN-Y à cette époque charnière qui fut l’un des plus grands temps forts de l’histoire de l’Humanité. A partir de la carte O, en raison d’une densification et d’une complexification croissante du peuplement de la Terre, nous adopterons une logique géographique.

 

 

Afrique

Nous avons répété qu’en Afrique, l’évolution entre le Paléolithique moyen (MSA) et le Paléolithique supérieur (LSA) fut insensiblement graduelle, au moins depuis le MIS 7 [cf. atlas n°2]. A partir de l’Hengelo, les industries d’Afrique de l’Est et d’Afrique du Sud, peuvent désormais être considérées comme appartenant structurellement à un LSA constitué, bien que certains auteurs parlent encore de transition MSA-LSA ou bien de LSA ancien. On y trouve des microlithes en grand nombre, de l’ocre, des pendentifs, etc… Les industries d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique du Nord devaient cependant rester attachées à un MSA plus ancien.

 

Peuples africains d’haplogroupes A et B

Les peuples *Lupembiens porteurs des vieux haplogroupes éémiens devaient encore résider dans l’Ouest de la bande sahélienne où ils maintenaient une industrie MSA Lupembienne qui était moins évoluée que les industries LSA d’Afrique du Sud et de l’Est. Actuellement, c’est en Afrique de l’Ouest et dans les îles du Cap Vert – où ils se sont réfugiés – que l’on trouve encore les traces d’A00et d’A0, les haplogroupes racines de l’Humanité. Leurs porteurs cohabitaient avec des individus A1a, B1 et B2a ; ces derniers vivant peut-être dans la région du lac Tchad ? Aux côtés de B2, B1 reste encore assez fréquent de nos jours en Afrique de l’Ouest où il complète le vieux fond véritablement indigène de la population ; celui qui résistera à la colonisation de la région par les ancêtres des peuples porteurs de l’haplogroupe E [cf. cartes W & suivantes].

 

Sans certitude, nous avons fait commencer au Moershoofd le peuplement de l’orée de la grande forêt pluviale par les ancêtres essentiellement B2b des Pygmées [cf. carte L]. Mais c’est de l’époque d’Hengelo que nous proposons de dater l’occupation de la forêt pluviale dense par ces populations, peut-être ‘’aidées’’ en cela par une pression débutante des peuples d’haplogroupe E qui auraient commencé à amorcer un timide mouvement dans l’Est de la bande sahélienne [cf. ci-dessous] ? Dans cette hypothèse, la forêt tropicale aurait pu constituer un refuge comparable aux refuges plus classiques que constituent les montagnes et les îles ? Ces tribus B2b de la forêt étaient les ancêtres des Pygmées Aka / Baka et Mbuti dont les populations ne se sépareraient pas avant la fragmentation de la grande forêt au MIS 2. Les Mbuti actuels sont B2b1b2 mais intègrent également des éléments B2a ; en revanche, les Aka / Baka sont homogènement B2b1a. Nous avons vu que les Pygmées Gyele du Sud Cameroun ont plutôt quant à eux des racines A1a. Tous ces Pygmées ancestraux devaient encore parler des langues à clics issues du même groupe que celles des Hadza et des Sandawe actuels, eux aussi porteurs de l’haplogroupe B2b. Ces populations disposaient d’une industrie LSA dont certains microlithes étaient peut-être déjà des pointes de flèches ou à tout le moins des pointes de sagaies qui auraient pu être lancées par d’hypothétiques propulseurs non retrouvés ?

 

En Afrique du Nord, l’Atérien était répandu depuis la Cyrénaïque jusqu’à l’Atlantique. A l’écart d’un Monde africain LSA, cette industrie demeurait MSA et exprimait même une grande stabilité depuis le MIS 5a. Ces gens pourraient avoir porté les haplogroupes A1a et surtout A1b? Grâce au climat légèrement humide de l’Hengelo, des *Atériens d’Afrique du Nord pourraient avoir eu la possibilité de repeupler une partie du Sahara, et même de s’avancer jusqu’aux bassins du Niger et du lac Tchad ? Toutefois, si des vestiges de populations atériennes sont bien attestés dans ces régions aujourd’hui désertiques, leur mouvement colonisateur est très mal daté, et rien ne permet d’affirmer qu’il faut le situer à l’époque d’Hengelo, si ce n’est l’embellie climatique.

 

Peuples africains d’haplogroupe DE* et E

Les populations *Rétro-africaines d’Afrique de l’Est possédaient une industrie LSA ancienne. Si l’on accepte les dates de divergence calculées par des méthodes génétiques, elles comprenaient déjà des haplogroupes très différenciés que l’on peut essayer de localiser :

  • L’haplogroupe DE*(non-E), situé au cœur du massif éthiopien et à sa périphérie Ouest, était peut-être déjà devenu résiduel ? E1a devait aussi être situé à l’Ouest du massif éthiopien étant donné sa répartition ultérieure ? C’est même peut-être lors de l’Hengelo, que ces tribus E1a et certaines tribus DE* commencèrent à descendre dans l’Est de la bande sahélienne, à la faveur de son reverdissement ? La séparation entre E1a1 (E-M44) et E1a2 (E-Z958) date peut-être de cette époque, v. 37.000 AEC ? Le premier de ces variants est aujourd’hui représenté à la fois en Afrique subsaharienne centrale et au Proche-Orient, tandis que le second est exclusivement subsaharien et plutôt en position occidentale. L’avancée des tribus E1a se fit nécessairement au détriment des populations indigènes d’haplogroupe B. Pour l’heure, les ancêtres des E1a1 proche-orientaux devaient encore stationner au Soudan ?
  • Descendu du massif éthiopien, l’haplogroupe E1b1a1 (E-M2) prit peut-être la place du groupe E1a, à l’Ouest du plateau ? Ce mouvement préparait E1b1a1 à une future colonisation de la zone sahélienne où ces migrants allaient devenir les ancêtres patrilinéaires d’une grande partie des Africains Africoïdes d’aujourd’hui. Ce morphotype pouvant avoir été acquis au contact des indigènes d’Afrique de l’Ouest ?
  • L’haplogroupe E1b1a2 (E-M329) demeurait localisé en Ethiopie en compagnie d’E1b1b (E-M215). C’est peut-être à cette époque, v. 37.000 AEC, que cet haplogroupe donna naissance à un variant mineur E1b1b2 (E-V16) qui allait jusqu’à nos jours rester confiné en Ethiopie et au Yémen, ainsi qu’à un variant majeur E1b1b1 (E-M35) dont le destin allait être à la fois africain, proche-oriental et européen [cf. cartes R & suivantes], mais dont les formes racines E1b1b1* (E-M35*) sont toujours présentes dans le massif éthiopien contemporain.
  • Enfin, l’haplogroupe E2 pourrait avoir été localisé au Sud Soudan et/ou en Ouganda ?

 

 

Eurasie

L’Hengelo fut la période où les Hommes modernes d’Eurasie occupèrent presque tout le grand continent septentrional, ne laissant plus subsister de Néandertaliens et de Dénisoviens de ‘’pures souches’’ que dans les marges les plus hostiles (latitude et altitude), en prélude à leur disparition qui suivra bientôt. Cette disparition se fera par dilution du génome des derniers Hommes archaïques de pure souche dans le génome des Hommes modernes, selon un gradient où la proportion de gènes archaïques restera dans un premier temps élevée dans les marges hostiles, avant de baisser progressivement sous l’effet conjugué de métissages croissants et de la pression de sélection. Cela en attendant le grand brassage populationnel du LGM qui homogénéisera les proportions de gènes anciens et modernes [cf. carte R & S].

 

Peuples asiatiques d’haplogroupe DE* et D

Au cours de l’interpléniglaciaire, la poussée de nouveaux groupes humains accentua la marginalisation des peuplades *Paléo-Asiatiques d’haplogroupe DE* / D dont les ancêtres avaient été les premiers Humains modernes d’Extrême-Orient.

 

Nécessairement, les *Proto-Aïnous D1b s’étaient précédemment installés en Chine du Nord Orientale, en Corée et en Mandchourie où cet haplogroupe est toujours faiblement représenté. Peut-être faut-il leur attribuer le site de Zoukoudian Tianyuan, où un homme moderne présentant des traits archaïques a été découvert ? Au cours de l’Hengelo, possiblement confrontés à la double pression des peuples C1a1 qui remontaient en en Chine littorale, et surtout des peuples C2a qui apportaient le Paléolithique supérieur depuis la Mongolie, des groupes D1b atteignirent les îles méridionales de l’archipel japonais et les îles Ryükyü où ils semblent avoir été les premiers Humains. Le site d’Ishinomoto atteste leur présence v. 38.000 AEC. Le détroit de Tsushima – qui sépare le Japon de la Corée – n’était pas exondé à l’époque d’Hengelo et ne le fut d’ailleurs jamais au cours de la dernière glaciation puisque sa profondeur atteint – 140 mètres. Peut-être faut-il alors repousser la première conquête du Japon à l’époque du stade d’Huneborg, v. 37.000 AEC, lorsque le détroit était moins large qu’aujourd’hui et assez facile à franchir grâce aux îles agrandies qui le parsemaient. Ce mouvement des premiers Aïnous doit être considéré comme celui d’un vieux peuple encore mal outillé (outils sur éclats de type Paléolithique moyen ‘’autrement’’, FLK) qui survécut dans le refuge d’un conservatoire insulaire tandis que ses frères du continent étaient progressivement remplacés par un peuple intrusif de ‘’mode 4’’, c’est-à-dire bien mieux outillé qu’eux. Pourtant, ces gens de culture fruste seront un jour à l’origine de la brillante culture Jomon [cf. carte U].

 

En Chine de l’Ouest et du Nord-Ouest, nous avons associés les porteurs de l’haplogroupe D1a à un groupe *Paléo-Tibétain. Confrontés à la pression des peuples C2c de ‘’mode 4’’, et profitant du beau climat de l’Hengelo, ceux-ci commencèrent à peupler v. 40.000 AEC la dépression de Qaidam et la région des lacs du Qinghai, c’est-à-dire les franges Nord du massif tibétain. C’est à cette époque que nous ferons disparaitre hypothétiquement les derniers Néandertaloïdes orientaux du Qinghai, où plutôt que nous les fondrons définitivement dans la population de leurs colons modernes D1a ; il a d’ailleurs été montré que l’aptitude des tibétains à la vie en altitude est un legs des Humains archaïques de la région, que ceux-ci aient été des Dénisoviens locaux ou des populations Néandertaloïdes antérieurement métissées avec des Dénisoviens qui les avaient précédés [cf. atlas n°2]. Dans le même temps, au Sud-Est de la Chine, les reliefs appelés ‘’collines du Sud’’ abritaient peut-être toujours des tribus D1a ? Enfin, au Sud du massif tibétain, demeurait encore des populations DE*, que les envahisseurs plus récents avaient laissé subsister dans le refuge des basses montagnes.

  • Parmi les autres peuples *Paléo-Asiatiques, les Andamanais (haplogroupes DE* et D*) et les *Paléo-Philippins (haplogroupes DE* et D2) conservaient leur technologie ancestrale qu’ils allaient encore garder jusqu’à l’Holocène.
  • Enfin, il restait peut-être des peuples D sur Bornéo ? Le site oldowayen supérieur de Niah  pourrait-il leur être attribué ? Vers 40.000 à 37.000 AEC on y a découvert un jeune Humain moderne mais présentant des traits archaïques. Typique d’un métissage.

 

A l’Hengelo, la remontée des eaux fragmenta en trois sous-groupes géographiques les *Paléo-Australiens du Sahul (haplogroupes DE* ?) : néo-guinéen, australien et tasmanien. Contrairement au Sunda, dont il faut cependant rappeler que les côtes anciennes nous sont inaccessibles, on décèle une évolution technologique dans cette région du Monde : s’il ne s’est pas agi du passage à un franc Paléolithique supérieur de ‘’mode 4’’ comme cela fut le cas dans l’essentiel de l’Eurasie, il existe des vestiges qui attestent désormais l’existence d’une pensée moderne. Ainsi, en Australie, c’est à partir de l’Hengelo que l’on trouve des sépultures intentionnelles (Willendra / Mungo) et une utilisation de pigments (ocre) sur des parois d’abris et probablement comme base de peintures corporelles ; cette matière colorante présentait assurément une grande importance pour les *Paléo-Australiens puisqu’il arrive que les gisements d’ocre soient distants de plusieurs centaines de kilomètres des sites où l’ocre fut utilisé (250 km des lacs Mungo). Dans le même temps, on constate également l’existence de parures qui prennent la forme de dents perforées, ceci à la fois au Sahul et en Nouvelle-Irlande (site de Bang-Merebak). L’ensemble de ces vestiges confirme l’accès à une pensée de type moderne. Curieusement, ce comportement n’est toutefois pas attesté en Nouvelle Guinée Papouasie ; peut-être par lacune de la documentation ? Mais, jusqu’à preuve du contraire, aucun peuple du Sahul de cette époque ne produisit de lames de pierre allongées : sur ce plan, ils continuèrent à se contenter de galets cassés (OLD+) et de gros éclats débités à partir de nucléus simples (FLK), parfois avec une taille bifaciale. Au total, cette étrange industrie *Quasi Paléolithique Supérieur (QPS) – qui cumulait des composantes modernes tout en conservant les plus vieux modes lithiques de Clark – est descriptivement qualifiée de ‘’mode 1-2-3-(4)’’ sur les cartes. Cependant, ces industries du Sahul sont parfois appelées Core Tool and Scraper Tradition (CTS). Ce *Quasi Paléolithique Supérieur très particulier du Sahul met, par contraste, en lumière la grande homogénéité du ‘’véritable’’ Paléolithique Supérieur d’Eurasie. Homogénéité qui se comprends aisément lorsqu’on déroule, comme nous le faisons, la phylogénie des haplogroupes ADN-Y et celle – parfaitement parallèle à ces hautes époques – des langues qu’ils devaient véhiculer.

Pourquoi constate-t-on cette évolution technologique séparée et encore pour longtemps incomplète en direction de la modernité ? Peut-être parce qu’à distance éloignée du stock génétique dénisovien (qui n’exista jamais au Sahul), les habitants du Sahul connaissait une intense pression de sélection en faveur des variants génétiques ‘’normo-cognitifs’’ ; pression de sélection qui n’avait plus la possibilité d’être négativement contrebalancée par une réinjection permanente de gènes archaïques ? En revanche, plus loin au Nord, si jamais une vieille population Dénisovienne de ‘’pure souche’’ – où même déjà seulement Quasi-Dénisovienne – persistait encore dans l’intérieur des terres de l’Indo-Sunda, la poursuite de métissages sur une période plus prolongée pourrait avoir établi un contrepoids durable à cette pression de sélection ; expliquant peut-être l’absence prolongée d’un comportement moderne sur la péninsule (ou en tout cas sur les vestiges actuellement émergés de la péninsule qui sont les seuls accessibles aux archéologues) ?

 

Peuples d’haplogroupe C

Déjà extrêmement fragmentés, les peuples d’haplogroupe Cde l’Hengelo ne peuvent plus être appréhendés que de manière géographique. Rappelons que ces peuples C – nécessairement originaires du ‘’hub’’ moyen-oriental lorsqu’on examine la répartition actuelle des variants de l’haplogroupe C – sont assez bien associés à la macro-famille linguistique Déné-Caucasienne, à l’exception de ceux qui se sont installés dans la région très particulière d’Asie du Sud-Est où il apparait que TOUS les groupes ethnolinguistiques qui s’y sont succédés avant le Néolithique, ont subi d’importants remaniements de leurs langues (langues entrechoquées et donc multi-créolisées). Nous le constaterons bientôt également pour les peuples d’haplogroupe O et pour les peuples d’haplogroupe MS dont les cultures et les langues s’écarteront à leur tour de celles de leurs ancêtres patrilinéaires K2 dont l’haplogroupe est par ailleurs associés aux langues eurasiatiques.

 

Peuples d’haplogroupe C du Sunda

Nous avons précédemment supposé qu’une poussée des populations d’haplogroupe F2 et F4 en Indochine aurait être en relation avec le déplacement des peuples *Proto-Australiens C1b1 et C1b2 en direction du Sunda et des Célèbes. Au prix d’une interprétation de données pauvres et mal datées – Bornéo, Sulawesi et les Philippines semblent avoir connus une industrie lithique sur gros éclats (FLK) qui se superposa à l’industrie sur galets cassés des périodes antérieures (OLD+). Ces nouvelles populations pourraient même avoir été plus modernes que cela et avoir mérité le qualificatif de *quasi paléolithiques supérieures (QPS) ? Aux alentours de 40.000 AEC, plutôt que les outils (FLK), c’est l’apparition d’un comportement pictural moderne qui autorise à se poser la question sur la côte orientale de Bornéo (site de Lubang Jeriji Salèh) et à Sulawesi (site de Maros).

 

En revanche, le cœur de l’Indochine, Sumatra, Java et les petites îles de la Sonde restèrent fidèles au vieil *Oldowayen supérieur (OLD+), au moins jusque v. 30.000 AEC. S’agit-il d’artéfacts de mesure ? Ou cela peut-il être mis en relation avec d’hypothétiques groupes Dénisoviens (ou désormais Quasi-Dénisoviens) qui auraient survécu tardivement dans les forêts d’Indochine, de Sumatra et de Java ? Si cela fut le cas, les contacts avec ces Humains archaïques (ou quasi-archaïques) auraient pu contrebalancer l’action de la pression de sélection qui tirait partout ailleurs les Hommes modernes d’Eurasie en direction d’un esprit de type moderne ?

Outre Sumatra et Java où leur présence n’est qu’hypothétique mais où il a bien fallu qu’elles passent, les populations C* – que nous avons appelées *Déné-Caucasiennes-Paléo-Méridionales – étaient peut-être déjà installées dans les petites îles de la Sonde et à Ceylan où elles s’étaient réfugiées et où leurs descendants existent toujours. Nous cesserons dès à présent de parler d’elles.

 

Peuples d’haplogroupe C de Chine du Sud

Nous ne savons pas par quelle route sont passés les ancêtres *Paléo-Ryükyüens des individus C1a1 qui vivent aujourd’hui sur les îles Ryükyü, mais nous avons choisi de les faire passer par la ’’voie du Sud’’. Dans cette logique, ils pourraient avoir peuplé le littoral chinois à l’époque d’Hengelo, région où ils firent peut-être pression sur les peuples indigènes D1b, contribuant à l’installation de ceux-ci dans l’archipel du Japon ? Si le site de Longquan (Chine du Sud) peut leur être attribué, ces *Paléo-Ryükyüensexprimaient des pensées modernes ainsi qu’on peut l’inférer de l’existence d’outils en os, dont une alène polie. Cependant, l’industrie lithique demeurait archaïque, réalisant au total un faciès culturel particulier que nous pourrions appeler *Quasi Paléolithique Supérieur (QPS); faciès comparable à celui que nous avons rencontré en Australie et en Nouvelle-Irlande de la même époque, sans qu’il soit besoin d’invoquer un lien étiologique. C’est pourquoi la même explication peut être tentée dans cette région de Chine de Sud : celle d’une population littorale qui n’avait plus la possibilité de se métisser avec des Dénisoviens de ‘’pure souche’’ et au sein de laquelle s’exerçait désormais sans contrepartie une pression de sélection qui poussait dans le sens d’une restauration des cognitions modernes ? Sur le plan linguistique, le séjour des C1a1 en Asie du Sud-Est pourrait avoir eu pour conséquence une profonde modification de leur langue originellement Déné-Caucasienne ? Cela est inaccessible à l’étude.

 

Peuples d’haplogroupe C d’Asie Centrale et d’Europe Orientale

Confronté à l’expansion septentrionale des peuples K2a, le groupe initialement centre-asiatique que nous avons appelé *Déné-Caucasien-Septentrional avait été fragmenté en deux sous-groupes Est et Ouest ; dont les hommes véhiculaient les haplogroupes C1b* et C1b1 – [cf. carte L].

  • A l’Hengelo, le sous-groupe de l’Est – porteur de l’haplogroupe C1b1 – constituait un peuple *Proto-burushoque nous pouvons essayer de localiser dans les basses vallées du Pamir, des Tien-Shan et de l’Hindu-Kush. Certaines de leurs tribus pourraient avoir profité du climat plus humide pour peupler également les piedmonts du bassin du Tarim et la Dzoungarie ? Ce mouvement additionnel n’est pas attesté mais il permettrait d’expliquer pourquoi des variants de C1b1 se retrouvent aujourd’hui disséminés chez des peuples Turcs et Mongols, depuis le Kirghizistan, dans l’Altaï et jusque chez les Toungouses et les Koryaks de la côte du Pacifique Nord. Tout ceci est nécessairement le produit dilacéré d’une ancienne expansion depuis longtemps absorbée par d’autres peuples.
  • Le sous-groupe Ouest – porteur des haplogroupes C* / C1b* / C1b1* – pourrait avoir passé le stade d’Hasselo sur les rives orientales de la mer Caspienne et/ou dans les steppes de l’Oural [cf. carte M]. A l’Hengelo, il s’étendit en Ukraine et en Russie Orientale à la faveur de l’embellie climatique. Commodément, nous nommerons *Kostenkien ce peuple dont l’industrie était du type Paléolithique Supérieur Initial (PSI). Plus précisément, sa culture est désormais appelée Spitzine date aussi d’avant l’éruption des champs Phlégréens.’]Kostenki-Streletskaya ancien ou Kostenki-Spitzine (v. 41.000 à 36.000 AEC)[/simple_tooltip] en suivant la nouvelle chronologie du PSI d’Europe Orientale. Elle comprenait des outils moustériens typiques accompagnés d’outils plus modernes, comme on le voit dans les ‘’cultures de transition’’ d’Europe Occidentale et Centrale. On a également fait remarquer des similitudes avec l’Aurignacien qui pourraient avoir été la marque d’un héritage culturel commun à tous les peuples C1 originels, plutôt que celle d’un apport précoce de l’Aurignacien occidental dans les plaines orientales ? Outre les outils lithiques, la culture matérielle était pleinement moderne, et comprenait notamment des parures (dents perforées). Qui étaient les porteurs de cette culture ? A Kostenki-14, l’archéogénétique vient  d’identifier un individu d’haplogroupe C1b* / C1b1*qui exprimait un fort héritage Néandertalien tout en étant majoritairement un Humain moderne. Ce métissage n’a pas lieu d’étonner car il est probable que d’authentiques Néandertaliens de ‘’pure souche’’ existaient toujours dans la région, au moins au Nord de la Kama ? Ainsi, 10.000 ans plus tard environ, les restes humains plus septentrionaux qui seront découverts à Sungir exprimeront toujours des traits Néandertaliens [cf. carte P].

 

La découverte d’individus C1b* dans les plaines russo-ukrainiennes est importante parce qu’elle est à verser aux pièces qui accréditent la réalité de la famille linguistique préhistorique que des chercheurs audacieux ont depuis longtemps identifiée et baptisée Déné-Caucasienne. Nous les suivons pleinement parce que cette famille s’impose à l’évidence ! Voyons de nouveau pourquoi : Les vestiges de la nappe linguistique Déné-Caucasienne sont aujourd’hui divisés en un groupe Déné-Caucasien-Oriental (comprenant les langues Sino-Tibéto-Birmanes, Ienisseïennes et Na-Dénés, à base C2), et un groupe Déné-Caucasien-Occidental (comprenant les langues Burusho, Basque / Euskarienne et Nord-Caucasienne) que nous découvrons basé sur C1. Actuellement, le Burusho est encore partiellement porté par individus C1b1 que nous pensons être les descendants patrilinéaires de la population fondatrice de ce peuple.

 

Nous tenterons plus loin d’expliquer la formation de la langue Basque / Euskarienne dont les racines – composites – pourraient lointainement atteindre la couche des langues disparues du groupe linguistique C1a2 associé aux *Aurignaciens ; groupe qui était encore présent en Espagne du Nord peu avant la colonisation néolithique [cf. atlas n°4]. Quant au Nord-Caucasien, il comprend aujourd’hui deux groupes : le Nord-Caucasien du Nord-Ouest ou Abkhazo-Adygien, et le Nord-Caucasien du Nord-Est ou Nako-Daghestanien. Or, malgré l’intense renouvellement haplogroupal survenu dans la région depuis le Paléolithique supérieur, il est intéressant de remarquer que les généticiens identifient actuellement 7 % d’individus porteurs d’un haplogroupe C (non précisé) chez les Abaziniens et 2 à 3% d’individus porteurs d’un haplogroupe C (non précisé) chez les Adyges, c’est-à-dire chez deux peuples membres du groupe du Nord-Ouest ; tandis que 7 % des Tabassariens– membres du groupe Lezgique et donc du groupe du Nord-Est – expriment eux aussi un variant de C non précisément déterminé ! Ainsi, comme chez les autres peuples qui ont conservé des langues Déné-Caucasiennes jusqu’à notre époque, nous retrouvons des variants de l’haplogroupe C parmi les peuples Nord-Caucasiens. Ceci s’explique ainsi : bien après l’Hengelo, sous la poussée de nouveaux peuples, les montagnes du Nord-Caucase serviront de refuge aux descendants des peuples *Kostenkiens C1b dont nous venons tout juste de mentionner l’arrivée en Russie Orientale !

Outre la plaine russo-ukrainienne, c’est ce même groupe humain basé sur l’haplogroupe C1b qui fut vraisemblablement à l’origine de la culture de Spitzine (Kostenki-Spitzine) au Nord de la mer Noire. Le consensus n’est pas parfait à son sujet. Mais plutôt qu’une culture ‘’Aurignacoïde’’, comme elle a parfois été qualifiée, il est plus probable qu’elle ait été une forme locale de la culture de Kostenski-Streletskaya ancienne dont on situe la fin v. 36.000 AEC. Il est cependant possible que des bandes *Proto-Aurignaciennes se soient également installées dans la région après avoir franchi les bouches du Danube ?

 

Peuples d’haplogroupe C de Sibérie

Comme pour la plupart des autres migrations paléolithiques, la reconstitution des mouvements des peuples *Déné-Caucasiens-Orientaux porteurs des haplogroupes C*(C2)et de C2 ne peut être basée que sur des recoupements de données, en l’absence actuelle de jalons archéogénétiques. Les principales données solides étant une nécessaire origine moyenne-orientale de la racine de l’haplogroupe C, et la présence massive de son variant C2 au Nord de l’Asie Orientale et au Nord de l’Amérique d’aujourd’hui ; cela en association claire avec la persistance de langues Déné-Caucasiennes. Sur le plan chronologique, c’est v. 41.000 à 40.000 AEC que le ‘’mode 4’’ (PSI) apparut en Mongolie intérieure et en Mandchourie, ainsi qu’on le constate par la découverte d’un débitage laminaire. En définitive, ce progrès technologique pourrait avoir été importé par un peuple occidental qui vint fonder un ‘’hub’’ secondaire en Mongolie où il aurait établi à la fois la base de l’haplogroupe C2 et le noyau des langues déné-caucasiennes orientales [cf. carte M]. Ensuite, au cours de l’Hengelo, c’est peut-être la première expansion de cet haplogroupe C2 – encore indifférencié – dans une vaste région jusque-là vide d’Hommes modernes, qui aurait déterminé, v. 40.000 AEC, la fragmentation de C2 en ses trois grands variants : C2a, C2b et C2c ? Dans son ensemble, le ‘’peuple C2’’ ’était un peuple moderne au comportement moderne : Le site de Xiaogushan (Liaoning) a livré une aiguille en os et une parure (dent perforée) ; et les sites de Tolbor (Mongolie), Khotyk (Trans-Baïkalie) et de Denisova (Altaï) ont livré des os décorés. Au total, on peut considérer le ‘’peuple C2’’ comme le pendant extrême-oriental du peuple *Aurignacien, d’haplogroupe C1 et lui aussi de ‘’mode 4’’, qui colonisait l’Extrême-Occident exactement à la même époque !

 

Les haplogroupe C2b et C2c sont les deux variants majeur de C2. A l’Hengelo, le groupe C2b était peut-être en position septentrionale par rapport aux deux autres variants de C2 ? Et le groupe C2c en position Sud-Ouest de l’aire de C2, peut-être géographiquement à l’Ouest de la Chine du Nord ? Ces deux haplogroupes doivent probablement être placés à l’origine de la famille ethnolinguistique *Déné-Ienisseïo-Sinitique qui fut nécessairement indivise à ses débuts. Plus tard, lorsqu’elle se fragmentera, ce seront des membres du groupe C2b qui seront à l’origine de la colonisation Na-Déné de l’Amérique du Nord ainsi que de la colonisation Ienisseïenne de la vallée de l’Ienisseï, où les langues locales (aujourd’hui en cours d’extinction rapide) se rattachent lointainement à la langue chinoise (han). Par la suite, le chinois parviendra à maintenir jusqu’à nous une association nette avec les haplogroupes C2b et C2c, ainsi que des caractéristiques linguistiques Déné-Caucasiennes ; et cela malgré l’apport de nouveaux haplogroupes et de nouvelles langues dans la région. Nous verrons dans l’atlas n°4 que c’est probablement une découverte précoce de l’agriculture en Chine du Nord qui constituera, un jour lointain, le moteur de la survie génétique et linguistique d’un vieux peuple paléolithique, en prélude à sa colossale expansion historique. Outre les peuples cités, l’haplogroupe C2b est bien représenté chez tous les peuples Altaïques actuels – c’est-à-dire chez les Turcs, les Mongols et les Toungouses – où il constitue probablement le vieux fond indigène, antérieur à l’eurasiatisation linguistique et génétique de ces peuples qui surviendra avec l’arrivée des porteurs des haplogroupes issus de K2 [cf. carte Q & suivantes, ainsi que l’atlas n°4]. Comme l’haplogroupe C2b, L’haplogroupe C2c existe lui aussi chez les peuples Altaïques, en Chine du Nord et du Sud, en Corée et au Japon ; mais il est mieux représenté chez les Han (Chinois) que chez les Altaïques, ce qui incite à le localiser initialement en position plus méridionale que C2b. On le trouve aussi dans certaines régions du Sud de la Chine et même aux Philippines ; mais ces localisations très méridionales résultent probablement de l’expansion historique du peuple Chinois.

 

L’haplogroupe C2a est aujourd’hui très résiduel et limité aux îles du Japon ; ce qui évoque une implantation refuge. Dans ce cas, on pourrait tenter de lui assigner une position initiale au Sud-Est de l’aire globale de C2. Profitant d’un climat tempéré, ces populations occupaient peut-être la Mandchourie au cours de l’Hengelo ? A moins que C2a soit tout simplement né à l’occasion du passage fondateur de quelques hommes C2* dans l’archipel du Japon ? Il n’est pas indispensable de donner une plus forte identité à ce peuple dont le destin allait être de s’amalgamer avec d’autres peuples et de se fondre en eux dans le riche creuset où cristallisera le peuple Japonais [cf. aussi atlas n°4].

 

En raison du climat favorable de l’Hengelo, c’est à cette époque que des Hommes modernes de Cis-Baïkalie pourraient avoir commencé à coloniser la Sibérie Orientale en empruntant le traditionnel boulevard de la Léna ? Le site de Marakovo 4 (Haute-Léna) date de l’Hengelo mais n’a pas donné lieu à une étude archéogénétique. Ces pionniers manipulaient une industrie Paléolithique Supérieure Initiale (PSI) de ‘’mode 4’’ et pourraient avoir porté un haplogroupe C*(non-C2)demeuré en position septentrionale vis-à-vis d’un haplogroupe frère C2 parti s’établir au Sud ? Pour l’heure, cette construction n’est qu’une hypothèse. Jusqu’où ces gens fantomatiques pourraient-ils avoir descendu la Léna en direction du grand Nord ? Peut-être assez loin en raison du beau climat de l’Hengelo, mais cela n’est que déductif. Tout comme il est déductif de penser que les Néandertaloïdes de la Léna – certainement peu nombreux en ces hautes latitudes – furent à la fois absorbés et refoulés en altitude au cours de ce mouvement.

 

Peuples d’haplogroupe C d’Europe occidentale

Entre le stade d’Hasselo [cf. carte M] et le stade d’Huneborg qui suivit l’Hengelo, plusieurs strates de peuplements modernes s’empilèrent dans le Finis Terrae d’Europe occidentale. Ce qui nous incite à étudier les haplogroupes ADN-Y de manière géographique, en prélude à l’organisation du texte qui sera adoptée dans le reste de l’atlas.

 

Bien que consacrée au peuple C, nous commencerons cette section sous l’angle géographique en nous interrogeant sur le devenir des populations précédemment qualifiées de *Paléo-Levantines. A la faveur des eaux basses du stade de Hasselo, nous avons proposé que des tribus porteuses des haplogroupes A1a*, A1b-M13 et BT* furent les premières à franchir le Bosphore exondé et à installer une colonie d’Hommes modernes en Europe balkanique [cf. carte M]. Voisine de l’Emiréen proche-oriental, la culture de ces pionniers est appelée Bachokirien. Cette industrie réalisait une forme de PSI encore mal dégagée du Paléolithique moyen : observation qui pourrait pour partie s’expliquer en raison de ses racines émiréennes, mais pour partie également en raison des conséquences hypo-cognitives de nouveaux métissages survenus entre les colons récemment immigrés et les indigènes Néandertaliens de ‘’pure souche’’ qu’ils rencontrèrent dans les régions du Bas- et du Moyen-Danube ? Dès la présente carte N, ce peuple *Paléo-Levantin devenu peuple *Bachokirien ne sera plus mentionné en tant que tel. Il est toutefois concevable que –ultérieurement repoussés par les vagues *Proto-Aurignacienne et *Aurignacienne  avec lesquelles il ne faut pas les confondre [cf. ci-dessous] – les *Bachokiriens aient contribué à la formation des ‘’cultures de transition’’ qui apparurent à l’Hengelo dans tout l’arc montagneux des latitudes moyennes de l’Europe, au Nord de l’aire Proto-Aurignacienne et Aurignacienne. Si ces cultures sont dites ‘’de transition’’, c’est parce qu’elles combinaient des outils leptolithisés et foliacés d’allure moderne, dans un contexte par ailleurs fortement évocateur du vieux substrat moustérien des Néandertaliens d’Europe. Quoique très semblables entre elles, ces cultures mixtes ont reçu plusieurs noms régionaux : Szélétien dans les Carpates, Bohunicien en Moravie, . A l’Hengelo, il fut recouvert par l’installation des peuples *Proto-Aurignacien et *Aurignacien.’]Jankovichien sur le Moyen-Danube, Altmühlien en Allemagne, Châtelperronien en France du Centre, de l’Ouest et du Sud-Ouest, Néroniendans la vallée du Rhône, Uluzzien en Italie péninsulaire et en Grèce. En France du Nord-Ouest, une industrie de type Châtelperronien remplaça le Moustérien plus tard, peut-être seulement v. 38.000 AEC. En Crimée, habituel conservatoire des peuples anciens, l’industrie de Siuren-1 constitua également une industrie mixte à base Néandertalienne, parfaitement équivalente à celles d’Europe Occidentale. Notons qu’il n’y a plus lieu de s’étonner que ces cultures ‘’de transition’’ soient toutes si semblables entre elles en dépit de leur éloignement géographique, dès lors que nous acceptons l’idée qu’elles furent le fruit cognitif de métissages à répétition qui se firent tout au long d’un front de rencontre, plutôt que de simples ‘’expériences culturelles originales’’ qui auraient constituées autant d’invraisemblables générations spontanées identiques, surgies à la même époque chez de purs Néandertaliens jusque-là caractérisés par une stabilité culturelle panchronique ! Si les cultures de transitions réalisaient un mix d’industries moustérienne et PSI, leurs auteurs étaient-ils biologiquement hybrides ? Datés de v. 40.000 à 36.000 ans, les sites Châtelperroniens d’Arcy-sur-Cure et de Saint-Cézaire ont livré des restes humains qui ont été affiliés aux Néandertaliens ; pourtant, il apparait qu’il ne s’agissait pas nécessairement de Néandertaliens de ‘’pure souche’’ car, récemment, une nouvelle étude du squelette postcrânien de Saint-Césaire a montré une mosaïque de caractères Néandertaliens et modernes. De leur côté, les restes humains d’Arcy-sur-Cure sont plus incontestablement Néandertaliens ; mais peut-on vraiment affirmer que ces gens étaient les auteurs du Châtelperronien local et qu’ils ne possédaient aucun gènes modernes ?

Certaines ‘’cultures de transition’’ survécurent au stade de Huneborg ; mais pas toutes, comme le Bohunicien ou encore comme l’Uluzzien de Grèce qui semblent avoir disparu dès la fin de l’Hengelo, v. 38.000 AEC. La plupart des autres ‘’cultures de transition’’ disparurent plutôt au cours de l’interstade de Les-Cottés ou même de celui de Denekamp [cf. carte O]. Cependant, les cultures à pointes foliacées du Nord de l’Europe constitueront, encore plus tard, l’ultime témoignage de cette strate populationnelle hybride, à une époque où les gènes Néandertaliens seront probablement devenus très dilués au sein des populations repoussées vers le septentrion [cf. cartes P & Q]. Pour préciser cette hypothèse, le Moustérien récent à pointe foliacées avait été la matérialisation lithique des cognitions néandertaliennes mâtinées de quelques gènes modernes ; tandis que les cultures à pointes foliacées de l’époque d’Hengelo étaient celles de peuples où la proportion des gènes modernes était peut-être devenue majoritaire ? L’apport de ces cultures à l’origine du Solutréen sera discuté plus loin [cf. carte R].

 

Le Proto-Aurignacien (P-AUR) – qu’il ne faut confondre ni avec le Bachokirien ni avec l’Aurignacien – apparut en Europe dès le début de l’interstade d’Hengelo, v. 40.000 AEC. Il est venu du Proche-Orient / Anatolie où se trouvait une culture très proche appelée Ahmarien (AHM), elle-même à l’origine de l’Aurignacien ancien du Levant (AUR) Ces nouveaux-venus *Proto-Aurignaciens que nous affilions au groupe *Déné-Caucasien-Occidentalprécédemment décrit, étaient potentiellement porteurs de l’haplogroupe C1a2 que l’archéogénétique révèle en Europe paléolithique et révèlera encore en Espagne, en Hongrie et en Anatolie du début de l’Holocène, entre 8000 et 7000 AEC ; ils pourraient cependant avoir été accompagnés ou précédés par des tribus porteuses des haplogroupes CT* et F* que l’archéogénétique révèle également en Europe paléolithique. Entre v. 40.000 et 38.000 ACE, à partir des régions balkaniques où il s’était tout d’abord implanté, le Proto-Aurignacien se répandit assez rapidement dans la cuvette des Carpates ainsi que dans les régions méridionales du continent (Adriatique, Italie du Nord, Provence, Catalogne). Cette répartition dessine les deux voies classiques de colonisation de l’Europe Occidentale que nous retrouvons lors de toutes les futures intrusions qui passeront par le Bosphore : la voie centre européenne du Danube et la voie du littoral méditerranéen [cf. atlas n°4]. Les *Proto-Aurignaciens produisaient des grandes lames de pierre, minces et rectilignes (i.e. leptolithiques), probablement destinées à être emmanchées sur des hampes de sagaies. Toutefois, des outils de type moustérien persistaient encore en assez grande quantité dans leur industrie ; ce qui sera d’ailleurs toujours le cas chez les Aurignaciens jusqu’au stade d’Huneborg. Dans les Balkans et sur la côte adriatique, le Proto-Aurignacien est parfois appelé Olchévien.

 

Deux mille ans plus tard, autour de 38.000 AEC, c’est-à-dire à la fin de l’interstade d’Hengelo ou au début du stade d’Huneborg, c’est potentiellement une nouvelle intrusion d’Humains modernes venus d’Anatolie qui fut à l’origine de l’Aurignacien ‘’typique’’ (AUR). Comme les *Proto-Aurignaciens dont ils étaient très proches mais cependant différenciables, les *Aurignaciens devaient véhiculer une forme de l’haplogroupe C1a2. Dans le même temps, d’autres tribus de ce même peuple durent s’avancer sur la côte levantine où l’Aurignacien du Levant (AUR) constitue une évolution récente de l’Ahmarien. Malheureusement, la carte N contracte ces deux mouvements successifs des *Proto-Aurignaciens et des *Aurignaciens. Elle laisse encore l’Aurignacien ‘’typique’’ confiné aux régions du Moyen-Danube, réservant son expansion européenne généralisée au cours de l’interstade de Les-Cottés [cf. carte O].

C’est à l’un ou à l’autre de ces peuples voisins – peut-être aux *Proto-Aurignaciens – qu’il faut attribuer les premières peintures européennes v. 38.000 AEC (site d’El Castillo en Cantabrie) ; et plus probablement aux *Aurignaciens qu’il faut attribuer les premières sculptures européennes qui furent également les premières du Monde, v. 38.000 AEC également (site du Vogelherd).

 

Au total, nous constatons que ce furent bien trois vagues de colonisation successives qui furent à l’origine du premier peuplement moderne de l’Europe Centrale et Occidentale au début du Paléolithique supérieur eurasien. Nous ferons l’hypothèse que la première des trois – la vague *Bachokirienne – absorba l’essentiel du choc du métissage avec les Néandertaliens des Balkans et du Bas-Danube, puis avec ceux de l’arc carpatique et des monts de Bohême-Moravie ; ce dont aurait résulté un ralentissement de la capacité à innover ? Ce premier bouleversement génétique passé, il est naturel que les deux colonisations suivantes – les vagues *Proto-Aurignacienne et *Aurignacienne – aient été moins impactés cognitivement que la vague pionnière, car les nouveaux-venus ne purent se mélanger qu’avec leurs prédécesseurs immédiats ; c’est-à-dire avec des gens déjà métissés chez lesquels les gènes ‘’pauci-cognitifs’’ étaient déjà dilués et déjà en voie d’élimination naturelle. C’est peut-être cet avantage qui explique le succès colonisateur plus marqué des *Proto-Aurignaciens et des *Aurignaciens, ainsi que la marginalisation des populations pionnières fortement hybridées qui entreprirent alors un mouvement de recul vers le Nord et vers les montagnes, en subissant l’avancée du front de rencontre. Cette situation eut pour conséquence de contraindre ces populations hybrides à maintenir un taux élevé de gènes néandertaliens : cela parce que cette avancée sur des terres inexplorées par les Hommes modernes prolongeait encore et toujours leurs occasions de se métisser avec de nouveaux Néandertaliens de ‘’pure souche’’, même si ceux-ci étaient probablement peu nombreux dans ces régions septentrionales.

En quelque sorte, les industries européennes de transition et leur recul progressif à la fois vers le Nord et vers les refuges montagneux, pourraient donc n’être rien d’autre que la matérialisation archéologique d’une zone tampon mobile entre les Hommes modernes qui avançaient, et les Néandertaliens qui s’effaçaient peu à peu devant eux ! De nouveau, ceci pose la question des capacités cognitives réelles des Néandertaliens. Les cultures de transition exprimaient-elles ‘’mécaniquement’’ les aptitudes cognitives hybrides d’un peuple rendu hybride par le brassage génétique ? Ou bien signifiaient-elles que de purs Néandertaliens avaient eu la possibilité d’apprendre de nouvelles manières de tailler la pierre et apprendre à manier les concepts artistiques grâce au catalyseur que constituait la présence de leurs envahisseurs ? Quoique beaucoup plus romantique, cette seconde hypothèse est beaucoup moins logique car, si cela avait été le cas, le morphotype Néandertalien se serait maintenu jusqu’à aujourd’hui au Nord de l’Europe ! Cela parce que des Néandertaliens nord-européens demeurés de ‘’pure souche’’, mais désormais ‘’civilisés’’, auraient été capables de résister à la pression de leurs envahisseurs modernes, après avoir emprunté à ceux-ci leur culture et par conséquent les moyens de se défendre d’eux à armes égales ! Or, tout indique que cela ne fut pas !

 

Peuples d’haplogroupe C du Maghreb

A l’époque où les *Proto-Aurignaciens et les *Aurignaciensprenaient possession de l’Europe, des Hommes modernes levantins s’infiltrèrent jusqu’en Cyrénaïque sur la côte orientale d’Afrique du Nord, où ils installèrent une culture paléolithique supérieure appelée Dabbéen (DAB). On peut avancer qu’il s’agissait de populations C1a2, proches cousines des envahisseurs *Aurignaciens de l’Europe. Ces gens n’étaient pas les ancêtres majoritaires des Berbères, mais leur haplogroupe C1a2 existe toujours à faible fréquence parmi les Berbères d’aujourd’hui au sein desquels ils se sont depuis longtemps fondus. Des populations CT*les accompagnaient probablement car cet haplogroupe sera plus tard retrouvé chez les *Natoufiens du Levant où il s’était peut-être intégré aux variants de E-M35 dans un processus de cristallisation ethnique [cf. carte W]. Dans sa globalité, leur groupe ethnolinguistique disparu pourrait être appelé *Aurignacien-Méridional. Les restes humains du site de Dabba expriment des traits archaïques, vraisemblablement hérités d’un métissage avec les Néandertaloïdes locaux.

 

 

Peuples d’haplogroupe C du Népal

L’haplogroupe C1a2 est également observé à faible taux au Népal contemporain. A partir de l’époque d’Hengelo, une industrie de ‘’mode 4’’ est connue au Népal occidental (site d’Arjun-3), région dont l’évolution technologique continuera à suivre celle de l’Inde ; son attribution à un peuple C1a2 n’est qu’une hypothèse construite en symétrie avec l’apparition du ‘’mode 4’’ en occident de la même époque. En retard technologique prolongé, le Népal oriental demeurera quant à lui fidèle jusque v. 6000 AEC aux industries archaïques de ‘’mode 1-2-3’’. Nous ignorons ce que recouvre cette frontière ethnoculturelle entre les régions orientales et occidentales du Népal.

 

Peuples d’haplogroupes F(non-GHIJK)

Hormis des tribus vestigiales F* demeurées à proximité du ‘’hub’’ moyen-oriental où migrées en Occident (Europe et peut-être Afrique du Nord Orientale), des peuples F1 et F3devaient vivre au Sud de l’Inde et dans le refuge montagneux du Népal où ils avaient peut-être déjà été repoussés par l’intrusion de nouveaux-venus K2 qui s’étaient potentiellement installés dans la plaine gangétique [cf. ci-dessous]. Sous la pression de ces mêmes intrus ou indépendamment d’eux, les peuples F2 et F4 occupaient peut-être déjà la péninsule indochinoise où ces haplogroupes existent toujours avec des faibles taux. Au cœur de ce que nous avons appelé le ‘’puits cognitif’’ d’Asie du Sud-Est, quelle était la culture de ces derniers ? La réponse est loin d’être claire faute de sites archéologiques en nombre suffisant et surtout suffisamment bien fouillés et bien datés. Il est cependant intéressant de constater que le site de Lang Rongrien (isthme de Kra, Malaisie) a livré des grands éclats évoquant partiellement les lames de pierre que l’on trouve partout ailleurs dans le Paléolithique supérieur d’Eurasie ; mais sans que soient attestés d’autres marqueurs d’une pensée moderne. Pour cette raison, il n’est pas légitime d’affilier ce site au *Quasi Paléolithique Supérieur (QPS) que nous attribuons aux peuples d’Australie et de Chine du Sud à la même époque. A Lang Rongrien, s’agissait-il de populations venues des Indes qui s’étaient déplacées rapidement le long des côtes et avaient ainsi diminué les occasions de métissages avec d’hypothétiques Hommes archaïques qui auraient subsisté dans les forêts de l’intérieur de la péninsule ? Nous ignorons tout des industries qui existaient à l’intérieur des terres indochinoises à l’époque d’Hengelo.

 

Peuples d’haplogroupes GHIJK

Les peuples ‘’post-GHIJK’’ étaient depuis déjà longtemps engagés dans la 4ème vague de colonisation du Monde par les Hommes modernes [cf. carte L pour le début de l’expansion de cet haplogroupe].

 

Au cours de l’interstade d’Hengelo, ce mouvement de colonisation était encore principalement porté par les peuples K2a qui étaient déjà implantés dans toute l’Eurasie ; tandis que les peuples K2b commençaient tout juste à suivre leurs traces.

Dans le même temps, au cœur du vieux ‘’hub’’ proche-oriental, les peuples GHIJK*(G), HIJK*(H), IJ et K1(=LT) formaient encore un ensemble homogène mais qui parvenait au seuil de son éclatement. Il ne faut cependant pas se laisser abuser par les sigles distincts dont nous désignons ces variants haplogroupaux qui étaient encore très proches les uns des autres, puisqu’ils étaient tous issus d’un même et unique variant de F*(GHIJK). C’est parce que les variants de F*(GHIJK) s’étendirent par la suite sur une grande partie de la planète – et parce que chacun d’entre eux caractérise aujourd’hui de grands groupes humains – qu’il est légitime de leur conserver des lettres bien à eux (i.e. haplogroupes I, J, L, T, G, H, N, O, P, Q, R, M, et S).

 

Peuples d’haplogroupes GHIJK(non-K2)

Ensemble au cœur du vieux ‘’hub’’ moyen-oriental où à sa proximité immédiate, les tribus porteuses de ces divers haplogroupes composaient un groupe ethnolinguistique encore homogène malgré une diversification haplogroupale en progression. Nous avons proposé d’appeler ce peuple central *Nostratique-Moyen ou *Nostratique-2. A l’Hengelo, ces gens manifestaient un comportement entièrement moderne, comme l’indique le site de Yafteh où les parures étaient connues (dents perforées). Le Baradostien ancien(BAR ANC), industrie de ces régions, était la forme orientale de l’Aurignacien du Levant, mais contenait déjà quelques microlames quoiqu’en petit nombre :

  • La date de naissance de l’haplogroupe G à partir d’une forme ancestrale GHIJK* fait toujours l’objet de débat. Peut-être faut-il la situer vers cette époque au sein d’un sous-groupe *Nostratique-2-Septentrional qui vivait peut-être alors au centre du Zagros ?
  • L’haplogroupe H se divisa peut-être v. 40.000 à 37.000 AEC en ses variants H1, H2 et H3. De nos jours, H1(L902/M3061) et H3(5857) sont localisés aux Indes ainsi qu’en Indochine et en Malaisie où ils se sont probablement implantés après le début de notre ère, dans le contexte de l’expansion hindouiste) ; quant à H2(P96)(ex F3), il a aujourd’hui une répartition occidentale (Sardaigne, Italie, Roumanie, Ukraine, Arménie, Koweit). Comme avec la plupart des haplogroupes, nous retrouvons donc un double destin, oriental et occidental, des porteurs initiaux de l’haplogroupe H : nous ne pouvons que répéter ici, encore et toujours, que ces expansions bilatérales ne sont logiques que si l’on positionne l’origine des haplogroupes concernés dans la région du ‘’hub’’ moyen-oriental. Cependant, les populations H de l’Hengelo n’avaient probablement pas encore quitté les côtes du Hormozgân et du Balouchistan (côte de Carmanie et Gédrosie), où elles formaient un sous-groupe *Nostratique-2-Oriental.
  • Peut-être établi au Nord-Zagros (Nord-Ouest de l’Iran actuel) où il avait remplacé les K2a occidentaux partis vers l’Anatolie et l’Europe, l’haplogroupe IJ était encore indivis, formant le support génétique d’un sous-groupe  ethnolinguistique *Nostratique-2-Occidental. Plus tard, ses variants I et J s’étendront considérablement [cf. cartes P & suivantes ainsi que l’atlas n°4].
  • Encore indivis, l’haplogroupe K1 (= LT) était peut-être implanté au Sud-Zagros (Perside / Fars), constituant la base ethnolinguistique d’un un sous-groupe *Nostratique-2-Central ou *Elamo-Dravidien.

 

Peuples d’haplogroupe GHIJK(K2)

Ils constituaient la frange extérieure des autres sous-groupes de GHIJK avec lesquels ils avaient autrefois composé l’ensemble *Nostratique-Ancien ; ce qui explique à la fois un certain nombre d’éléments linguistiques nostratiques et une originalité suffisante pour faire des peuples K2 la base d’un nouveau groupe linguistique détaché de cet ensemble, dont les langues Eurasiatiques et Amérindes d’aujourd’hui sont issues. A la fin de l’interstade de Glinde ou au début de l’interstade de Moershoofd, c’est précisément l’installation du peuple K2 sur le plateau iranien qui avait déterminé artificiellement les débuts de ce que nous avons appelé le stade *nostratique-2 de la langue centrale, chez les peuples demeurés en arrière, dans la zone du ‘’hub’’ [cf. cartes K & L].

 

Peuples d’haplogroupe K2a

 

Dès le début du Moershoofd, stimulées par un climat tempéré, des tribus K2a* s’étaient rapidement avancées en Asie Centrale et jusqu’en Sibérie Occidentale, dans un mouvement qui est attesté par l’archéogénétique ; tandis que dans le même temps, d’autres groupes K2a* s’étaient peut-être déjà installés au Pakistan, et d’autres encore au Nord-Ouest de l’Iran, laissant leurs frères K2b (= PQRMS)en arrière sur le plateau iranien [cf. cartes L & M].

 

Peuples d’haplogroupe K2a du Nord

Sur le témoignage de l’archéogénétique, nous avons daté du stade de Moershoofd la colonisation de la Sibérie Occidentale par des peuples K2a* *Eurasiatiques orientaux. Ce nom étant à situer à l’origine des deux grands groupes ethnolinguistiques Ouralo-Youkaghires et Altaïque dont des linguistes ont rapproché les *proto-langues reconstituées et qui sont tous les deux caractérisés par une fréquence élevée à moyenne de l’haplogroupe N1 [cf. carte L]. En effet, c’est sur cette ‘’voie du Nord’’ que le grand haplogroupe N-M231 pourrait être apparu aux alentours de 42.000 AEC, à partir d’une forme racine K2a*(N) [cf. carte M]. Puis, c’est au début de l’Hengelo, v. 40.000 AEC, que pourraient s’être séparées les deux branches maitresses de N, c’est-à-dire N1 et N2. L’haplogroupe N1-CTS11499/L735/M2291 devait être en position orientale (parce qu’il est aujourd’hui porté par un très grand nombre d’Humains en Eurasie du Nord-Est) ; et l’haplogroupe N2-P189.2 devait être en position occidentale (parce qu’il est aujourd’hui vestigial chez les Slaves du Sud où il a fini par pénétrer en provenance d’Europe Orientale à une époque indéterminée). Outre N1 et N2 des formes N*-M231* existent encore aujourd’hui ; elles sont faiblement représentées au Xinjiang. A l’Hengelo, les tribus N d’Asie Centrale et de Sibérie Occidentale devaient toujours voisiner avec d’autres tribus K2a*(N) en compagnie desquelles elles formaient un même ensemble ethnolinguistique dont les nuances ne nous sont malheureusement pas perceptibles. Profitant des conditions climatiques favorables, c’est peut-être dès cette époque que des porteurs de N1* migrèrent en direction de la Sibérie Orientale et du Bas-Ienisseï ? Il se pourrait même que ce soit cette migration qui détermina la scission de N1 (migrants) et de N2 (sédentaires) situés de part et d’autre des grands marécages du bassin de l’Ob ? Tous ces peuples maniaient une industrie PSI de ‘’mode (3)-4’’.

 

Peuples d’haplogroupe K2a du Sud-Est

Au cours de l’interstade de Moershoofd et du stade de Hasselo, d’autres tribus K2a* avaient commencé à s’engager sur la ‘’voie du Sud’’, elles aussi en provenance probable du plateau iranien [cf. cartes L & M]. Nous avons écrit leur haplogroupe K2a*(O) parce que c’est de l’un de ses variants que naîtra un jour le grand haplogroupe O [cf. carte O], et nous avons appelé leur peuple *Proto-Austriqueparce que les langues Austriques sont fortement associées à l’haplogroupe O ; langues devenues profondément différentes des autres langues K2 en raison de leur entrechoquement avec les langues indigènes du Finis Terrae – et par ailleurs ‘’puits cognitif’’ – d’Asie du Sud-Est. Ces peuples K2a* étaient accompagnés par des tribus porteuses des haplogroupes K2c et K2d qui sont aujourd’hui vestigiaux en Indonésie (surtout à Java), ainsi que par des tribus porteuses de l’haplogroupe K2e qui s’arrêtèrent au Pakistan et en Inde où on les trouve encore à des taux résiduels. Lors de l’interstade d’Hengelo, hormis les porteurs de K2e demeurés en arrière, les autres tribus avaient peut-être déjà atteint le Bengale où elles avaient installé une industrie Paléolithique Supérieur Initial (PSI) ? Elles pourraient dès lors avoir été talonnées par des tribus K2b*(MS) qui progressaient derrière elles en Inde gangétique ? [cf. ci-dessous].

Malheureusement, les sites indiens anciens sont insuffisamment fouillés et mal datés, voire non datés ! Chronologie précise mise à part, on remarque toutefois que, jusqu’à la frontière des Sundarbans, les industries indiennes connurent les mêmes progrès que dans le reste de l’Eurasie, avec la classique succession d’un ‘’mode 3’’, suivi d’un ‘’mode 4’’, qui sera lui-même prochainement suivi d’un ‘’mode 4-(5)’’. Il faut une fois de plus noter que cette séquence – qui semble avoir progressé au même rythme qu’ailleurs –, contraste fortement avec la très longue stagnation culturelle du Sud-Est asiatique, situé juste de l’autre côté des Sundarbans. Nous avons déjà plusieurs fois proposé une explication génétique et cognitive à l’origine de ce contraste.

 

Peuples d’haplogroupe K2a de l’Ouest

Les haplogroupes ADN-Y de l’Europe ont été considérablement renouvelés depuis l’époque d’Hengelo ; au point qu’un grand nombre d’entre eux n’existent plus, à moins qu’ils ne subsistent encore à des taux trop faibles pour avoir été identifiés en l’absence d’une étude systématique de l’ensemble de la population européenne ‘’de souche’’. Nous avons précédemment attribué divers haplogroupes aux peuples *Proto-Aurignacien et *Aurignacien, parmi lesquels C1a2 aurait été le principal ? Mais sur le tapis roulant centrifuge où se mouvait l’excédent de population du ‘’hub’’ lors de chaque épisode interstadial, des tribus K2a* – proches cousines  à la fois des tribus K2a*(N) parties sur la ‘’voie du Nord’’ et des tribus K2a*(O) parties sur la ‘’voie du Sud’’ – avaient suivi les traces des tribus C1a2 sur la ‘’voie de l’Ouest’’ [cf. cartes L & M]. Mêlés aux C1a2 ou en arrière de ceux-ci, ces peuples K2a* occidentaux pourraient avoir intégré le creuset où cristallisa le peuple *Aurignacien. C’est ainsi que les vestiges humains de Pestera cu Oase (Roumanie) étaient ceux d’un homme K2a*. La lignée patrilinéaire de cet individu semble aujourd’hui éteinte car aucun homme K2a* n’a encore été identifié dans l’Europe actuelle.

 

Peuples d’haplogroupe K2b

Nous avons situé la position originelle du peuple K2b (= PMS) à l’arrière des populations K2a, dans une région plus proche du ‘’hub’’ originel, qui ne peut guère avoir été que le plateau iranien. Là, au cours du stade d’Hasselo, v. 42.000 AEC, K2b s’était divisé en ses deux variants appelés K2b1 (= MS) et K2b2 (= P) [cf. carte M].

– Les tribus K2b1 (= MS) contenaient en germe les ancêtres patrilinéaires des *Papous d’aujourd’hui, chez lesquels les haplogroupes M et S sont très fortement représentés. Au cours de l’interstade d’Hengelo elles pourraient s’être installées en Inde Occidentale, contribuant peut-être à pousser vers l’Est les tribus K2a*(O) *Proto-Austriques. Ces tribus MS étaient accompagnées de groupes K2b2 (= P) porteurs des variants K2b2* (= P*),K2b2a (= P1) et K2b2b (= P2), peut-être apparus v. 37.000 AEC. Nous englobons sous le nom de *Proto-Papouasiens (sensu lato) l’ensemble de peuples où tous ces haplogroupes étaient majoritaires ; tous ensemble, ils réalisaient une  5ème vague de peuplement de l’Extrême-Orient méridional qui suivait les vagues K2a*(O) (4ème), F2-F4 (3ème), C*/C1 (2ème) et DE*/D (1ère). Nous faisons l’hypothèse que c’est du fait de l’entrechoquement de leur langue originelle avec toutes ces langues qui s’étaient superposées en millefeuilles dans le Finis Terrae d’Asie du Sud-Est, que disparurent les caractéristiques nostratiques des langues associées aux haplogroupes M et S. Cependant, aussi peu probable que cela puisse paraître lorsqu’on se réfère à une approche ethnographique traditionnelle, nous n’excluons pas que des linguistes contemporains puissent en observer quelque unes dans ces ‘’langues Frankenstein’’, maintenant que la génétique des haplogroupes ADN-Y éclaire d’une nouvelle lumière l’origine profonde des peuples ?

 

En Iran Central, peut-être v. 40.000 AEC, K2b2 (= P) avait engendré un variant appelé K2b2a¨P (= P1). Parties sur la ‘‘voie du Sud’’ en compagnie des tribus K2b1 (= MS), K2b2* (= P*) et K2b2b (= P2), certaines tribus P1*(non-Q, non-R) contribuèrent comme nous l’avons vu à la formation du peuple *Proto-Papouasien [cf. ci-dessus]. En revanche, d’autres tribus P1* – que nous pouvons appeler P1*(QR) –  allaient connaître un destin bien différent en s’établissant en Asie Centrale, au seuil de la ‘’voie du Nord’’. Nous avons appelé ce peuple *Eurasiatique occidental.

C’est peut-être v. 37.000 AEC que P1*(QR) donna naissance au grand haplogroupe Q-M242 et à un variant P1*(R) duquel l’haplogroupe R naitra plus tard :

  • En raison de la dynamique d’expansion de ses porteurs – que nous pouvons inférer à partir de leurs positions actuelles et passées supposées – l’haplogroupe Q devait se situer en position septentrionale vis-à-vis de l’haplogroupe P1*(R) demeuré plus proche de l’Iran voire probablement toujours situé en Iran. C’est pourquoi nous nommerons *Eurasiatiques occidentaux septentrionaux les porteurs de Q dont sortiront un jour les Eskaléoutes et les Amérindes ; ces derniers se distingueront par un effilochage rapide de leur langue dès lors qu’ils partiront, seuls, vivre en Sibérie orientale ; phénomène qui s’accentuera sans commune mesure lorsqu’ils pénètreront, toujours seuls, dans l’immense Amérique où ils pourront s’égayer sans contrainte à l’origine de nouvelles cristallisations ethnolinguistiques. Le mouvement de l’haplogroupe Q dans les steppes asiatiques sera amorcé par son variant Q1 au cours de l’interstade de Denekamp [cf. carte O].
  • L’haplogroupe P1*(R) constitua dès lors le support d’un peuple *Eurasiatique occidental septentrional qui demeura en arrière, sur le plateau iranien, faisant la jonction avec l’ensemble Nostratique-Moyen. Ce n’est probablement que lors de l’interstade de Maisières qu’une de ses fractions – dans laquelle se trouvaient potentiellement les ancêtres patrilinéaires et linguistiques des Tchouktches et des Nivkhes – commencera à s’engager dans les steppes asiatiques, laissant en arrière le groupe dont sortiront un jour les Proto-Indo-Européens [cf. carte P].

 

Peuples du Levant

La logique géographique s’impose ici encore pour décrire le Proche-Orient de l’Hengelo où le vieux peuple *Paléo-Levantin avait disparu. Il est difficile d’attribuer les industries levantines du PSI à des peuples précis. Risquons-nous toutefois aux assimilations suivantes :

1) L’Emiréen (EMI) avait autrefois résulté d’une acculturation PSI des derniers *Paléo-Levantins, que nous avons situés en position ancestrale des *Bachokiriensd’Europe [cf. carte M], et par-delà ceux-ci des ‘’cultures de transitions’’ européennes. Avec A1a*, A1b-M13 et BT* pour principaux haplogroupes ADN-Y.

2) L’Ahmarien (AHM) était une forme ancienne de l’Aurignacien du Levant, et était la culture des ancêtres proche-orientaux des *Proto-Aurignaciens d’Europe [cf. cartes L & M] ; le site de Manot (v. 45.000 à 38.000 AEC) témoigne de cette époque *Proto-Aurignacienne du Levant ; c’est v. 40.000 AEC, au début de l’Hengelo, qu’une fraction de ce peuple devint les *Proto-Aurignaciens d’Europe. Les principaux haplogroupes ADN-Y pourraient avoir été CT*, F* et C1a2.

3) Avant le début de l’Hengelo, les ancêtres des ‘’véritables’’ *Aurignaciens étaient peut-être la composante la plus orientale de ce même peuple et pourraient avoir vécus quelque part dans la région du Haut-Tigre et du Haut-Euphrate ? Puis, v. 40.000 AEC, ils pourraient s’être répandus à la fois au Levant et en Anatolie orientale, contribuant à pousser leurs prédécesseurs *Proto-Aurignaciens en direction de l’Europe ? Au Proche-Orient, les deux peuples proches se mêlèrent vraisemblablement ? En effet, à partir de cette époque, l’Ahmarien est inter-stratifié avec l’Aurignacien du Levant (AUR) qui était la culture de ce nouveau peuple. Le principal haplogroupe semble avoir été C1a2, peut-être marginalement accompagné par K2a* ?

4) Nous avons vu plus haut que cet Aurignacien du levant – que ce soit sous sa forme ancienne ou sous sa forme plus récente – était lui-même lié au Dabbéen (DAB) d’Afrique Nord-Orientale. Tous ces peuples pourraient avoir parlé des langues Déné-Caucasiennes et avoir compris une majorité d’individus C1a2 mêlés à des CT*.

Plus loin vers l’Est, dans les Zagros, le Baradostien ancien (BAR ANC) était le pendant oriental de l’Aurignacien, mais était porté par les peuples issus de GHIJK [cf. ci-dessus].

 

Hommes archaïques

L’Hengelo fut le crépuscule des Hommes archaïques. Le climat favorable permit aux hommes modernes de se répandre rapidement dans presque toute l’Eurasie, parce qu’ils étaient mieux outillés et, de ce fait, plus féconds que les Hommes archaïques. Partout où les deux peuples se rencontrèrent, les mécanismes universels de génocide, de refoulement dans les refuges et d’assimilation partielle durent se produire activement. Etant désormais cantonnés aux zones les plus hostiles, les hommes archaïques de pure souche virent donc chuter encore leur fécondité.

Toutefois, certaines régions de l’Eurasie demeuraient toujours peuplées par d’authentiques Néandertaliens :

  • En Europe, au-delà de la zone tampon des ‘’industries de transition’’ mixtes [cf. ci-dessus], les régions septentrionales du continent demeuraient encore pleinementmoustériennes et donc probablement pleinement Néandertaliennes ; c’était aussi le cas de l’Espagne où la ‘’frontière de l’Ebre’’ sépara jusque v. 30.000 AEC les Hommes modernes au Nord, des Néandertaliens au Sud ; et aussi le cas du Sud de l’Italie où l’on observe des vestiges moustériens tardifs, probablement parce que des Néandertaliens de ‘’pure souche’’ ou encore peu métissés parvinrent à se maintenir dans ce Finis Terrae plus longtemps qu’ailleurs. On ne connait pas de vestiges paléolithiques supérieurs en Corse et en Sardaigne avant v. 20.000 AEC, non plus qu’aux Baléares avant le Néolithique ; mais même si nous n’en n’avons aucune trace, rien n’aurait empêché d’éventuels Néandertaliens insulaires d’avoir subsisté aussi longtemps dans ces refuges ? Par ailleurs, dans les Balkans du début de l’Hengelo, les Néandertaliens récents de Vindija-G1 sont datés de v. 40.000 AEC. Ces derniers étaient-ils des Néandertaliens de ‘’pure souche’’ ? La question peut paraitre iconoclaste mais ces personnes présentaient une morphologie gracile qui a été notée dès leur découverte, ainsi que quelques traits anatomiques modernes qui autorisent parfaitement à se poser la question d’un flux génique. Les Hommes de Vindija étaient-ils des Néandertaliens avec un faible taux de gènes modernes ? Tandis que ceux de Saint-Césaire auraient été des Hommes modernes avec un très fort taux de gènes Néandertaliens ? Tyrannie des seuils !
  • Le Caucase aussi semble avoir servi un temps de refuge à des populations Néandertaliennes.
  • En Sibérie, les Humains modernes rencontrèrent nécessairement des Néandertaliens dont la présence est attestés à Okladnikov (Altaï) v. 38.000 AEC ; les régions de l’Altaï et du Haut-Ienisseï allaient même continuer à servir de refuge à des Hommes archaïques jusqu’au début du MIS 2. Ils seront les derniers du Monde.
  • Des outils moustériens non datés, retrouvés au Chang-Tang (Tibet Occidental), pourraient dater de l’Hengelo si l’on veut bien admettre que seule une période assez chaude pouvait autoriser la vie de Néandertaliens à cette altitude.

 

Enfin, le peuple archaïque que nous appelons Dénisovien Méridional dans cet atlas, est un peuple fantôme dont l’existence ne nous est pour l’instant accessible qu’au travers d’un raisonnement étayé par deux faits : 1) ce sont les peuples Océaniens, anciennement issus du Sud-Est asiatique, qui expriment aujourd’hui le plus fort taux de gènes dénisoviens ; et 2) le long retard technologique de l’Asie du Sud-Est, s’explique au mieux par la longue survivance d’un peuple à la fois très pauci-cognitif et assez densément représenté sous ces latitudes favorables. Sans qu’aucun vestige matériel ne vienne confirmer son existence, nous avons fait l’hypothèse que ce peuple de spectres – de plus en plus métissé par les apports modernes au fil des millénaires – serait parvenu à subsister longtemps dans les forêts montagneuses de l’intérieur des terres, distillant sur le long terme ses gènes ‘’pauci-cognitifs’’ à chaque vague de nouveaux arrivants qui s’écartaient des côtes pour pénétrer à l’intérieur des terres.

 

Succès migratoire des peuples et technologies

Après ce tour d’horizon des peuples modernes déjà bien diversifiés, ouvrons une parenthèse pour nous demander une fois de plus si les expansions humaines successives dont nous écrivons l’histoire oubliée à l’Est et à l’Ouest de l’Eurasie, n’ont pas été mues par le progrès technologique ?

  • Au tout début de l’expansion moderne en Eurasie, les peuples DE* / D – première vague – disposaient d’une technologie levalloisienne parfaitement identique à celle des Néandertaliens ; mais leur avantage cognitif, même modeste, pourrait suffire à expliquer leur expansion rapide dans les régions chaudes d’Eurasie, c’est-à-dire dans des régions idéales pour une espèce tropicale encore dépourvue de moyens d’adaptation artificiels. Nous avons vu que, par la suite, la sélection naturelle, le progrès des vêtements et le legs génétique des Hommes archaïques constitutionnellement mieux adaptés au froid, leur permit de remonter de plus en plus loin vers le Nord.
  • Pourquoi les peuples C – deuxième vague – repoussèrent-ils les peuples D en Orient et les peuples A1 et BT en Occident ? Se pourrait-il que les armes de jet emmanchées (sagaies) aient constitué l’innovation technologique qui leur permit de se répandre de partout en Eurasie ? Mais outre cela, se pourrait-il qu’ils aient eus un avantage cognitif sur leurs prédécesseurs ? En effet, du côté oriental, les peuples D – qui avaient absorbé le premier choc du métissage avec des Humains archaïques particulièrement archaïques – étaient peut-être encore ‘’semi-modernes’’ sur le plan cognitif ? Tandis que du côté occidental, le peuple *Paléo-Levantin / *Bachokirien pourrait lui aussi avoir été ‘’semi-moderne’’, quoique de manière moins accusée parce que les Hommes archaïques étaient moins archaïques en Occident (Néandertaliens) qu’en Extrême-Orient (Dénisoviens). Quoiqu’il en ait été, les peuples C s’imposèrent de la même manière et à la même époque aux deux extrémités de l’Eurasie. Ce parallélisme remarquable dans ces deux régions opposées doit être souligné : c’est à l’Hengelo qu’apparut un comportement moderne que nous repérons facilement grâce aux manifestations picturales figuratives représentant des animaux (sites d’El Castillo en Espagne et de Lubang Jeriji Salèh à Bornéo). Dans les deux cas, nous proposons d’attribuer ces sites à des peuples porteurs de l’haplogroupe C.
  • La troisième vague de peuplement, celle des peuples F, pourrait n’avoir été que la queue de cette conquête des peuples C, que nous imaginons avoir été entreprise à portée de sagaie ?
  • Enfin, pour poursuivre ce raisonnement associant technologie et colonisation, serait-ce l’invention du propulseur – potentiellement apparu dans la zone du ‘’hub’’ ? – qui allait devenir le moteur des quatrième et cinquièmes vagues de peuplement, celle des peuples de l’haplogroupe IJK, représentés par ses variants K2a*(N) et K2b*(P/QR)en Sibérie (et par-delà aux Amériques), et par ses variants IJ en Occident (Proche-Orient, Europe et Afrique) ? [cf. cartes O & suivantes]. Rien ne permet d’affirmer une relation entre ce progrès technique et ces différentes vagues de peuplement issues d’IJK. Cependant, il faut remarquer que le propulseur sera introduit en Europe aux alentours de 30.000 AEC, et donc probablement par les porteurs *Proto-Gravettiens du variant I de IJ ; tout comme il sera l’une des armes emblématiques des peuples Amérindes K2b(Q1)préhispaniques. Le propulseur aurait-il aussi été introduit en Extrême-Orient par les peuples *Proto-Austriques K2a(O), et au Sunda par les peuples *Proto-Papouasiens K2b(MS)qui l’utilisaient encore quotidiennement il y a un siècle ? Quoi qu’il en ait été de sa relation avec l’expansion des peuples IJK, en multipliant la force du lancer, le propulseur permettait aux guerriers d’attaquer en se tenant loin des ennemis qui se trouvaient alors incapables de riposter avec de simples sagaies ; si les IJK l’ont vraiment possédée, une telle arme pourrait véritablement avoir constitué un atout déterminant dans les luttes incessantes qui ne cessèrent jamais d’opposer les groupes humains les uns contre les autres.

 

Autorisons-nous encore une remarque additionnelle. Contrastant avec les mondes africains et australiens – dont les Humains portaient exclusivement de ‘’vieux haplogroupes’’, (A, BT / B, et DE / D + E) –, le monde eurasien apparait avoir été une construction remarquablement homogène sur tous les plans. Il était homogène sur le plan génétique puisque pratiquement tous ses haplogroupes ADN-Y étaient et sont toujours des variants du seul haplogroupe CF. Il l’était sur le plan technologique, avec tout d’abord un ‘’mode 3’’ levalloisien ‘’classique’’ qui évoluera en un homogène ‘’mode 4’’ laminaire de type PSI. Il l’était vraisemblablement aussi sur le plan religieux avec une spiritualité que nous devinons chamanique et qui subsistera jusqu’au XIX° siècle dans certaines régions reculées du continent ; tandis que l’Afrique et l’Australie exprimaient dans le même temps des approches assez différentes de la relation au Monde surnaturel. Il l’était enfin sur le plan mythique, puisque les peuples eurasiens (dont les amérindiens) partagent les variantes de nombreux récits qui pourraient remonter au Paléolithique supérieur ; comme les récits de la chasse cosmique, du corbeau démiurge ou encore celui du plongeon créateur. A cette liste nous pouvons également ajouter la croyance aux dragons qui est très eurasienne elle aussi. En étudiant méthodiquement les éléments partagés par les mythes – que ceux-ci aient été fossilisés dans la littérature écrite ou bien recueillis oralement par les explorateurs occidentaux depuis le XVII° siècle –, les savants de notre temps nous ouvrent un accès inespéré aux récits merveilleux qui enchantaient déjà nos ancêtres de l’Hengelo.

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