K – 52 200 à 44 900 AEC
Interpléniglaciaire
Interstade de Glinde ancien : 52.200 à 47.600 AEC
Refroidissement intra Glinde : 47.600 à 47.300 AEC
Interstade de Glinde récent : 47.300 à 46.300 AEC
Stade inter Glinde / Moershoofd : 46.300 à 44.900 AEC
MIS 3 (3/9)
K – 52.200 à 44.900 AEC – Interpléniglaciaire
Climat
L’interstade de Glinde pourrait avoir duré environ 6000 ans si on l’associe aux GI‑14 et GI-13 de la chronologie déduite des carottes de glaces. En suivant ces données, il aurait plus intimement été constitué d’un long interstade de Glinde ancien (GI-14) entre v. 52.200 et 47.600 AEC, et d’un court interstade de Glinde récent (GI-13) entre v. 47.300 et 46.300 AEC. Entre les deux, survint un bref refroidissement interne (GS-14) qui dura environ 3 siècles. Au cours du Glinde, le Nord-Ouest de l’Europe était globalement couvert d’une toundra arbustive dépourvue d’arbres véritables.
A l’issue de cette phase globalement tempérée, les conditions glaciaires se rétablirent au cours d’un épisode stadial *inter Glinde / Moershoofd long de près de 1500 ans ; correspondant au GS-13, il s’étendit de v. 46.300 à 44.900 AEC. Etant donné la complexité climatique, le niveau des océans dut fluctuer sensiblement tout au long de la période représentée sur la carte K. Par commodité, on peut le situer autour d’une moyenne de – 50 mètres : plus bas pendant la phase froide et plus haut pendant les phases chaudes ; ce qui eut pour conséquence de faire émerger et immerger la Béringie alternativement.
En Afrique, la phase aride du Maluekien se poursuivait. Il est cependant probable que, pendant les transitions entre phases stadiales et interstadiales, le climat était plus humide.
Afrique
Peuples africains d’haplogroupes A et B
Nos données ne sont pas assez complètes pour repérer des mouvements humains dans l’Afrique du Glinde. De manière hypothétique, c’est à cette époque que nous proposons d’amorcer les mouvements de B2a en direction du Sud-Est (position actuelle au Kenya et en Ouganda) et en direction de l’Ouest (position actuelle au Cameroun et au Mali). Le mouvement occidental de B2a pourrait avoir contribué au – ou avoir suivi le – repli de B1 vers l’Ouest du continent (position actuelle au Cameroun, au Burkina-Faso et au Mali). Parallèlement, les B2a qui s’avançaient en direction du Sud contribuèrent peut-être au mouvement de tribus BT*vers la Tanzanie où l’archéogénétique les repérera encore à l’époque Holocène. Peut-être centrées sur le Sud-Soudan, les tribus B2b restaient en arrière des mouvements de B2a.
Peuples africains d’haplogroupe DE* et E
Dans le groupe *Rétro-africain du massif éthiopien – bien préservé de la sécheresse maluékienne – les haplogroupes DE*, E1 et E2 étaient déjà séparés. Sous toutes réserves quant aux dates, c’est v. 50.000 / 47.000 AEC que l’haplogroupe E1 donna naissance à ses deux grands variants E1a (E-M33) et E1b / E1b1 (E-P2) ; puis v. 45.000 AEC que E1b1 donna naissance à ses propres variants, E1b1a (E-M38) et E1b1b (E-M215). En l’absence de migrations contemporaines qui expliqueraient l’apparition de chacun de ces grands jalons de la diversité actuelle de l’haplogroupe E, leur émergence régionale témoigne peut-être plus modestement de mouvements tribaux dans certaines vallées ou sur certains plateaux du massif éthiopien, dans un paysage ethnique où la variété haplogroupale de E était alors beaucoup plus étendue que celle que nous connaissons aujourd’hui ? Ainsi, les grand variants actuels de l’haplogroupe E (ceux qui sont nommés ci-dessus) pourraient être les vestiges d’une diversité oubliée ? Si ceux-là ont survécu jusqu’à nous – avec un grand succès démographique – c’est peut-être parce que ce seront des gens appartenant à ces lignées-là qui seront les plus engagés dans la colonisation de la bande sahélienne au cours du Tardiglaciaire [cf. cartes W & suivantes]. Plus tard encore, les tribus E qui seront demeurées sédentaires dans le massif éthiopien, seront acculées à une quasi disparition (en lignée patrilinéaire) par la colonisation afrasienne de la région [cf. atlas n°4].
Eurasie
Antérieurement au Glinde, il ne semble pas que les Humains modernes d’Eurasie – encore récemment issus d’un peuple tropical – aient réussi à s’implanter durablement au Nord du 35° parallèle. Profitant du réchauffement interstadial, c’est peut-être à l’époque où nous sommes parvenus qu’ils dépassèrent pour la première fois le 40° parallèle et commencèrent à peupler l’Anatolie du Nord, le Sud-Caucase et l’Asie Centrale méridionale ? Des progrès technologiques – difficiles à déceler et à dater [cf. introduction] – les aidèrent-ils à mieux composer avec le froid ? S’agirait-il de la découverte de l’aiguille à chas qui aurait permis la confection de vêtements de peau parfaitement ajustés et par conséquent de mieux supporter les rigueurs du Nord ? Ou de la découverte de la sagaie, sorte d’épieu emmanché comme ceux que l’on connaissait déjà depuis longtemps, mais qui était désormais devenu suffisamment légers pour servir d’arme de jet ? Ce n’est pas impossible car, pour la première fois, des vestiges lithiques de ‘’mode 4’’, c’est-à-dire des éclats minces et allongés appelés ‘’lames’’ (blade), souvent à taille unifaciale, commencent à être retrouvés sur quelques sites eurasiens de l’époque. Sur le continent eurasien – après un long retour au Moustérien qui avait matérialisé la régression de leurs compétences cognitives – ces observations permettent de penser que certains Hommes modernes métissés étaient seulement en train de retrouver des cognitions de type moderne, sous l’effet de la pression de sélection qui agissait invariablement en ce sens. Ces nouvelles industries eurasiennes sont dites du Paléolithique Supérieur Initial (PSI) ; mais au Levant, elles portent le nom spécifique d’Amoudien ou d’Emiréen, termes qui désignent essentiellement un Moustérien ayant désormais ajouté des lames à son répertoire. Bien que cela ne soit pas démontré et bien que certains auteurs pensent que le Moyen-Orient n’a pas été précurseur de ces nouvelles technologies en Eurasie, nous ne les suivrons pas ; nous ne pensons pas non plus que la nouveauté technologique émergea de manière polycentrique : fidèles à l’hypothèse de colonisations en provenance du ‘’hub’’ moyen-oriental, c’est dans cette région ‘’F’’ et/ou dans sa périphérie immédiate ‘’C’’ que nous placerons l’origine de ces progrès de ‘’mode 4’’, qui se répandirent, dès le Glinde, à la fois en direction de l’Occident (Levant) et en direction du Nord (Asie Centrale septentrionale et Sibérie méridionale).
Outre la technologie améliorée, la conquête des latitudes eurasiennes moyennes pourrait aussi avoir été favorisée par une adaptation croissante au froid qui résultait elle-même d’un taux croissant de gènes archaïques dans le pool génétique des Humains modernes ? En effet, les Humains modernes du Glinde s’avancèrent plus loin que leurs ancêtres l’avaient jamais fait, sur des terres jusque-là encore exclusivement peuplées par des Néandertaliens. En dépit de leur technologie fruste, ceux-ci étaient mieux adaptés que les Hommes modernes au climat des régions de latitudes élevées, parce qu’ils y vivaient depuis plusieurs cycles glaciaires. La pénétration des Hommes modernes au Nord accentua les occasions de métissage entre les deux peuples et accentua leur évolution en direction du type Europoïde, puisque les Néandertaliens exprimaient, avant eux, un type physique *Proto-Europoïde. Pareillement, nous avons vu que les Humains modernes qui s’implantaient au Nord de l’autre extrémité du continent eurasien, se métissaient eux aussi avec les Néandertaloïdes *Proto-Mongoloïdes et faisaient par conséquent progresser leur apparence en direction du type Mongoloïde [cf. carte J].
Cependant, il est possible que ces métissages du Nord aient eux moins de conséquences cognitives que ceux qui étaient précédemment survenus dans le Sud ; ceci pour la simple raison que les Hommes archaïques du Nord étaient beaucoup moins nombreux que ceux du Sud ne l’avaient été, en raison de leur technologie fruste qui limitait leur efficacité à la chasse ! Le rapport démographique entre les deux Humanités pourrait ainsi avoir été « Hommes archaïques > Hommes modernes » au temps de la première implantation au Sud de l’Eurasie (ce dont avait résulté, comme nous l’avons vu, une régression cognitive et une longue stagnation technologique), et pourrait ensuite s’être inversé en « Hommes archaïques < Hommes Moderne » à partir du Glinde, lorsque les derniers Hommes archaïques n’habitaient plus que les régions septentrionales et les piedmonts des massifs montagneux où la vie leur était plus difficile ? Cette inversion du rapport numérique pourrait expliquer pourquoi les progrès technologiques de ‘’mode 4’’ ne furent pas une nouvelle fois remis en cause quand les Hommes modernes du Moyen-Orient s’engagèrent sur la ‘’voie du Nord’’ ! Mais ceci fut peut-être moins vrai de l’autre côté du continent, quand les Hommes modernes du Sud-Est asiatique colonisèrent la Chine ; ceci parce que leurs cognitions avaient plus récemment et plus considérablement régressé lors de leur passage dans le ‘’puits’’, et aussi parce que la Chine Centrale et la Chine du Nord abritaient peut-être une population archaïque plus dense que la Sibérie ? Ce qui aurait généré des occasions de métissages plus nombreuses.
Peuples asiatiques d’haplogroupe DE* et D
L’amélioration climatique de l’interstade de Glinde pourrait avoir accentué la colonisation de la Chine Centrale et de la Chine du Nord par des tribus D1a qui se situaient en position continentale occidentale, ainsi que par des tribus D1b qui se situaient en position littorale orientale (sites aujourd’hui engloutis ?). Nous avons précédemment qualifié ces deux sous-groupes de *Paléo-Tibétains, parce que D1a est toujours bien présent au Tibet, et de *Proto-Aïnous, parce que D1b est très bien représenté chez les Aïnous d’aujourd’hui et plus largement dans toutes les îles du Japon qui ont servi de refuge à cet haplogroupe ancien. Dans toutes ces régions, ces pionniers modernes durent rencontrer des Néandertaloïdes *Proto-Mongoloïdes au contact desquels leur pigmentation dut s’éclaircir. Certainement, les D1a de l’Ouest rencontrèrent-ils les représentants d’une ethnie archaïque qui s’était acclimatée à l’altitude et qui pourrait donc être longtemps demeurée tranquille dans les contreforts orientaux du Tibet, tant que les Humains modernes ne furent pas eux-mêmes adaptés à l’altitude ; on peut alors concevoir qu’il exista pendant longtemps un front de rencontre peu mobile de part et d’autre duquel percolèrent des gènes ; c’est cet apport archaïque montagnard – que nous rattachons globalement à l’Humanité Dénisovienne – qui conféra, de legs en legs, l’adaptation génétique à la vie en altitude qui caractérise les Tibétains de notre époque. Sur le plan des industries lithiques chinoises, on ne mesure pas de différence avec l’époque antérieure : les éclats (FLK) et les petits-éclats (S.FLK) du temps des premiers Hommes modernes semblent être restés identiques à ceux des Hommes archaïques locaux.
Etant bien obligé de composer avec de grandes incertitudes chronologiques pour reconstituer une trame continue des évènements, c’est à l’époque de Glinde que nous situons la percée des peuples d’haplogroupe C en Asie du Sud-Est [cf. ci-dessous]. Cet évènement eut pour conséquence de scinder en trois blocs les populations Australoïdes d’Hommes modernes : les *Paléo-Asiatiques Septentrionaux (*Proto-Aïnous et *Paléo-Tibétains dont il vient d’être question) ; les *Paléo-Asiatiques Méridionaux (*Paléo-Indochinois, *Paléo-Sunda *Paléo-Philippins, et *Paléo-Australiens) ; et les Andamanais qui ne bougerons plus de leur conservatoire insulaire. Aux alentours de v. 45.000 AEC, c’est peut-être dans le groupe appelé par nous *Paléo-Sunda et pour l’heure peuplant Bornéo redevenu une île ou une quasi-île, qu’il faut situer l’émergence de l’haplogroupe D2 à partir d’une forme D* ; aujourd’hui, cet haplogroupe extrêmement mineur est localisé dans le refuge des Philippines ; il a surtout pour intérêt de situer en Asie du Sud-Est le lieu de divergence entre D1 et D2. Peut-être les Hommes modernes du Sunda finirent-ils alors d’absorber les derniers Dénisoviens locaux de ‘’pure souche’’, dont ils avaient hérité le morphotype Australoïde ? De nos jours, ce type physique Australoïde s’est surtout maintenu dans ce qui reste du Sahul, parce que ces îles petites et grandes seront en grande partie épargnées jusqu’à notre époque par de nouvelles colonisations massives ; contrairement à ce qui s’est passé en Indochine, en Chine du Sud, et dans une moindre mesure au Sunda, où de nouveaux colons finiront, couche après couche, par éliminer – en grande partie mais pas totalement – les caractéristiques de ce type physique [cf. cartes suivantes et atlas n°4].
Bien que nous ayons opté pour une date plus haute, c’est seulement à partir de cette date que l’archéologie permet d’affirmer sans conteste que l’Australie était peuplée ; en tout cas les côtes, y compris méridionales ; mais pas la Tasmanie, alors insulaire. Quoiqu’attestée plus tardivement, la coexistence locale de deux types d’Hommes modernes – robustes et graciles – pourrait avoir été la conséquence d’au moins deux vagues migratoires précédant celle, très tardive [cf. atlas n°4], des ancêtres patrilinéaires des aborigènes actuels ? La première très ‘’Dénisovienne-like’’ et la seconde plus moderne ; parce que les gènes dénisoviens avaient commencé à se diluer du fait de la pression de sélection.
Peuples d’haplogroupe C
Insistons une nouvelle fois ici sur l’origine iranienne de l’haplogroupe C et de ses grands variants. Lors des deux périodes chaudes d’Oerel [cf. carte I] et de Glinde, les peuples C profitèrent-ils d’une expansion démographique qui constitua le carburant de leurs migrations ? L’Iran central, aujourd’hui semi-désertique, devient toujours beaucoup plus accueillant lors des transitions climatiques humides, et sa population peut donc s’accroitre mécaniquement. Mais dans une région trop peuplée (même selon les standards des peuples chasseurs-cueilleurs), les tensions sociales s’accumulent vite et peuvent inciter certaines tribus à s’éloigner pour échapper à la guerre et trouver leur pitance ? Un retour vers le cœur du ‘’hub’’ (littoral du Golfe Persique, Zagros) était probablement difficile à accomplir puisque ce cœur pulsatile de l’expansion de Hommes modernes devait être la région la plus densément peuplée. On peut même penser qu’une pression démographique venue du cœur du ‘’hub’’ *Nostratique-Ancien s’exerça alors sur les populations d’haplogroupe C du plateau iranien et les incita au départ ? Il ne s’agit bien sûr que d’hypothèses ; mais qui ne sont pas totalement gratuites puisqu’elles expliquent la répartition actuelle des haplogroupes ADN-Y.
Outre leur démographie, on peut aussi se demander si les peuples d’haplogroupe C ne profitèrent pas d’un progrès technologique qui aurait facilité leur migration ? En Eurasie de l’Oerel, rien de tel n’a été constaté qui aurait pu favoriser les premières expansions des peuples C* (nonC1-nonC2)[cf. cartes I & J]. En revanche, certains de leurs successeurs C1 du Glinde pourraient avoir profité d’innovations technologiques comme, par exemple, les premières sagaies ? Mais peut-être pas tous les C1 ? C’est peut-être parce que ces progrès n’émergèrent que dans une seconde partie de l’interstade de Glinde que les premiers migrants C1 partis du ‘’hub’’ en direction de l’Extrême-Orient, ne manifestèrent aucune technologie de ‘’mode 4’’ à leur arrivée en Asie du Sud-Est ! A moins qu’ils n’aient perdu cette technologie en cours de route, lorsqu’ils tombèrent dans le ‘’puits cognitif’’ ?
En référence à leur futur ‘’hub secondaire’’ – que nous situons en Mongolie [cf. carte M] – nous avons déjà qualifié de *Déné-Caucasien-Oriental le groupe d’Hommes modernes qui fut le premier à emprunter la ‘’voie du Nord’’ au départ du Moyen-Orient ancestral. Il s’agissait de populations porteuses de variants C*, qui contenaient en germes le futur haplogroupe C2 des peuples Sino-Tibéto-Birmans, Proto-Ienisseïens et Na-Déné. Pour cette raison, nous avons pris la liberté de nommer cet haplogroupe C*(C2), ce qui a le mérite de le distinguer des autres C*(nonC1-nonC2) partis en Extrême-Orient par la ‘’voie du Sud’’. Nous avons dit plus haut que ces Hommes se mêlèrent avec les Néandertaliens rencontrés sur la route. De fait, à Obi-Rakhmat (Asie Centrale) on a trouvé des restes humains globalement modernes mais présentant cependant quelques traits archaïques. L’industrie était à la fois moustérienne et laminaire, c’est-à-dire caractéristique du Paléolithique Supérieur Initial (PSI) que nous résumons par l’expression ‘’mode (3)-4’’ sur les cartes. Bien qu’il existe une controverse à ce sujet, la ‘’voie du Nord’’ est bien plus probable que celle du Sud pour expliquer l’origine de l’haplogroupe C2 aujourd’hui fréquent chez les peuples dits Mongoloïdes. En effet, si les peuples C*(C2) ont réellement emprunté la ‘’voie du Nord’’ au départ d’un Moyen-Orient qui était déjà convertis au ‘’mode (3)-4’’, il n’est pas étonnant que les premières populations C2 de Mongolie et de Chine du Nord aient conservé une technologie PSI de ‘’mode (3)-4’’ à l’autre bout d’une migration relativement calme. A l’inverse, un passage par la ‘’voie du Sud’’ supposerait que les ancêtres patrilinéaires des Chinois du Nord soient partis du Moyen-Orient avec une technologie PSI de ‘’mode (3)-4’’, qui aurait ensuite régressé en technologie quasi-oldowayenne de ‘’mode 1’’ dans le ‘’puits cognitif’’, avant de traverser toute la Chine du Sud dont l’industrie de l’époque pourrait être qualifiée de ‘’Paléolithique moyen à la rigueur ‘’ / ‘’mode 3 autrement’’, et de parvenir enfin en Chine du Nord puis en Mongolie où ils retrouvèrent une technologie PSI de ‘’mode (3)-4’’ ; étant entendu que c’est dans cette dernière région que nous situons le lieu d’émergence de C2 ! Un passage par la ‘’voie du Nord’’ fait l’économie de cet invraisemblable yoyo technologique et permet également de mieux comprendre le maintien des traits linguistiques qui permettent encore de rattacher les langues chinoises (Han) au groupe Déné-Caucasien ! Additionnellement, un passage par la ‘’voie du Nord’’ explique aussi très bien pourquoi l’haplogroupe C2 est apparu plus tardivement que l’haplogroupe C1 (nous proposons la date de v. 45.000 AEC) et pourquoi il n’existe exclusivement qu’en Extrême-Orient : c’est parce que C2 est la conséquence d’un ‘’hub secondaire’’ établi dans les steppes mongoles par un rameau du groupe C*(C2) qui vint s’établir là !
Précédemment, nous avons proposé que d’autres tribus C*(nonC1- nonC2) – dites par nous *Déné-Caucasiennes-Paléo-Méridionales – étaient parties pour l’orient dès l’interstade d’Oerel en longeant la ‘’voie du Sud’’ [cf. carte I]. Dans une première partie du Glinde, potentiellement poussées par les peuples C1 qui suivaient leurs traces [cf. ci-dessous], les tribus C*(nonC1-nonC2) s’infiltrèrent peut-être en Thaïlande puis sur la péninsule malaise ? Aujourd’hui cet haplogroupe C*(nonC1-nonC2), dit C-P343, est exclusivement localisé dans le conservatoire insulaire des petites îles de la Sonde (Flores, Lembata, Timor), c’est-à-dire au-delà du détroit de Lombok où ses porteurs ont dû se réfugier plus tard, poussé par les tribus C1b2 [cf. cartes L & M]. Puisqu’ils tombèrent dans le ‘’puits cognitif’’ du Sud-Est asiatique, nous faisons l’hypothèse que ces gens perdirent la technologie de ‘’mode 3’’ de leurs ancêtres moyen-orientaux (régression). Ils perdirent aussi les caractéristiques Déné-Caucasiennes de leur ‘’langue C’’ (par entrechoquement des langues dans un Finis Terrae, et qui plus est dans un Finis Terrae ‘’pauci-cognitif’’). D’autres tribus C*, que l’on peut rattacher à ce même groupe, ont un temps survécu dans le conservatoire insulaire du Sri Lanka où leurs descendants existent toujours avec un taux faible, depuis longtemps mêlés à des peuples plus récents.
A Kaldar, dans le Zagros, ce fut lors de l’interstade de Glinde que l’on assista à la transition du Moustérien vers le Paléolithique Supérieur Initial (PSI) de ‘’mode (3)-4’’. Aujourd’hui, les variants des haplogroupes C1a et C1b se retrouvent de part et d’autre de l’Iran qui fut très vraisemblablement le centre de leur expansion : c’est-à-dire que ces haplogroupes précédemment attribués à un groupe *Déné-Caucasien-Central sont présents aussi bien en Asie orientale actuelle (C1a1 aux îles Ryükyü ; C1b2 en Australie) qu’en Europe et en Afrique du Nord paléolithique (C1a2 chez les *Aurignaciens et chez les Berbères actuels), tandis que C1b* / C1b1 se retrouve en Asie Centrale (cf. refuge actuel des Burusho), en Asie du Sud-Est et en Europe Orientale paléolithique. Tout cela implique que les haplogroupes C1a et C1b apparurent au cœur ou en périphérie immédiate du ‘’hub’’ moyen-oriental AVANT les grands mouvements migratoires de la famille *Déné-Caucasienne-Centrale C1 [cf. cartes I & J]. On ne peut que spéculer sur les raisons du succès mondial de C1 ? A ce sujet, nous ferons cependant remarquer que l’expansion aurignacienne répandit les sagaies en Europe. Ce qui permet de penser que cette avancée technologique pourrait également avoir contribué au remplacement oriental des peuples DE* / D par les peuples C ou au moins par les peuples C1 ? Mais rien ne vient pourtant attester ce progrès dans les régions orientales et surtout extrême-orientales où la technologie demeura primitive pendant très longtemps : soit parce que ces gens ne la connaissaient pas, soit parce qu’ils l’avait perdue ?
Parmi les surgeons du ‘’peuple C1’’, nous identifions quatre sous-groupes au Glinde :
- Le sous-groupe *Déné-Caucasien-Méridional formé collectivement de tribus C1a1, C1b1 et C1b2 qui partirent en direction de l’Asie du Sud-Est et qui s’installèrent sur les terres où avaient tout d’abord vécus les *Paléo-Asiatiques DE* / D, suivis des peuples C*(nonC1-nonC2) ? Les C1a1 étaient peut-être positionnés en avant des autres et pourraient avoir atteints la Chine du Sud dès cette époque, où ils commencèrent à former un groupe que l’on pourrait appeler *Paléo-Ryükyüen ? Tandis que les *Proto-Australiens C1b1 et C1b2 – ancêtres patrilinéaires des Aborigènes australiens d’aujourd’hui – s’installaient derrière eux, au Nord de l’Indochine ? Tout ceci est spéculatif mais est pourtant absolument nécessaire compte-tenu de la répartition future de ces haplogroupes.
- Le sous-groupe *Déné-Caucasien-Septentrional – formé des tribus C1b1 et C1b* qui vivaient aux marges de l’Asie Centrale – commença peut-être à s’étendre vers le Nord en suivant les traces du groupe *Déné-Caucasien-Oriental ? Ces gens étaient les ancêtres linguistiques et pour partie patrilinéaires des Burusho actuels, ainsi que des peuples paléolithiques *Kostenkiens, peut-être eux-mêmes en position ancestrale vis-à-vis des langues nord-caucasiennes actuelles ?
- Le sous-groupe *Déné-Caucasien-Occidental – formé des tribus C1a2 issues du groupe central – peupla peut-être le Nord-Zagros et l’Arménie au cours du Glinde ? Ces gens étaient les ancêtres des *Aurignaciens qui allaient prochainement se répandre sur l’Europe et sur l’Afrique du Nord [cf. carte M & suivantes]. Dans le même temps que ceux-ci partaient sur la ‘’voie de l’Ouest’’, d’autres tribus C1a2 partirent sur la ‘’voie du Sud(Est)’’ sur les traces des *Déné-Caucasiens-Méridionaux, mais restèrent cantonnés au Nord des Indes ; leurs descendants patrilinéaires existent toujours au Népal.
- Pour l’heure, des C1a2 et C1b1 demeuraient toujours en Iran central où ils formaient un sous-groupe *Déné-Caucasien-Central ; mais pas pour longtemps car ils allaient bientôt être complètement recouvert par l’expansion de variants de GHIJK venus du cœur du ‘’hub’’ [cf. carte L].
L’hypothèse que nous faisons à propos des migrations du ‘’peuple C’’ / Déné-Caucasien permet de comprendre plusieurs points de linguistique profonde : 1) l’appartenance commune des langues sino-tibéto-birmanes, ienisseïennes, na-déné, burusho, basque et nord-caucasiennes à la très ancienne macro-famille déné-caucasienne, entièrement véhiculée par l’haplogroupe C ; 2) l’appartenance du burusho, du basque et du nord-caucasien à un groupe occidental du déné-caucasien (i.e. notre groupe *Déné-Caucasien-Central) porté par la branche C1 ; tandis que le chinois, le ienisseïen et le na-déné amérindien sont affiliés à un groupe oriental du Déné-Caucasien, (i.e. notre groupe *Déné-Caucasien-Oriental) porté par la branche C*(C2) ; 3) la disparition des traits linguistiques déné-caucasiens chez les peuples C*(nonC1-nonC2), C1a1, C1b1 et C1b2 qui sont partis peupler le Sud-Est asiatiques ; parce que ces peuples ont plus tard mêlées et re-mêlées leurs langues dans les entrechoquements successifs caractéristiques d’un Finis Terrae densément peuplé d’où ont fini par sortir des groupes linguistiques multi-créolisés qui sont devenus indéfinissables.
Maintenant, livrons-nous encore à une autre remarque sur les peuples d’haplogroupe C. Une remarque anthropologique qui duplique à propos du groupe C, celle à laquelle nous nous sommes déjà livrés à propos du groupe D [cf. carte J]. Quand ils seront prochainement installés en Europe, les *Aurignaciens évolueront en direction du type physique Europoïde. Au contraire, leurs cousins nord-orientaux évolueront en direction du type Mongoloïde (Sino-Tibéto-Birmans et autres peuples d’Asie orientale étendue à l’Amérique du Nord), tandis que leurs cousins sud-orientaux évolueront en direction du type Australoïde (Aborigènes d’Australie). Evidemment, considérant l’étroit apparentement patrilinéaire de tous ces gens (puisque des variants de C1a et C1b se retrouvent aux deux extrémités de l’Eurasie), les différences anthropologiques considérables qui les séparent ne peuvent s’expliquer QUE par leur intense métissage avec des Humains indigènes rencontrés sur leur route ; indigènes archaïques certes, mais aussi indigènes modernes issus de migrations antérieures et donc de métissages antérieurs. Une fois encore, ces éléments d’observation suggèrent que l’établissement des grands groupes raciaux qui sont parvenus à se maintenir jusqu’à notre époque, reposa en premier lieu sur les métissages initiaux survenus dans chaque région lors des premières colonisations modernes du Monde ; puis reposa en second lieu sur des métissages secondaires, certainement beaucoup plus nombreux, survenus entre les diverses couches de populations modernes qui pulsaient les unes après les autres depuis la zone centrale du ‘’hub’’ et qui venaient successivement s’empiler dans les Finis Terrae de l’Eurasie ! Les plus anciennes d’entre-elles transmettant à leurs envahisseurs le fruit du métissage primordial entre les premiers Humains modernes et les derniers Humains archaïques de chaque région considérée. Ainsi, nouvelle couche moderne après ancienne couche moderne, il est toujours resté quelque chose des Hommes anciens de la région ; de telle manière qu’il faut assumer le paradoxe que les races humaines parvenues au seuil de notre époque sont d’une certaine façon antérieures aux Humains modernes qui se contentent de continuer à exprimer leurs caractéristiques morphotypiques sous nos yeux !
Peuples d’haplogroupes F*(non-GHIJK)
C’est peut-être en relation avec l’amélioration climatique du Glinde que des populations porteuses de variants non-GHIJK de l’haplogroupe F, initièrent une 3ème vague de peuplement de l’Asie méridionale, qui survint après celle des très anciens D et dut suivre de peu celle, plus récente, des populations C. Aujourd’hui, en suivant la nomenclature ISOGG 2018, c’est F2 et F4 qui se trouvent le plus loin vers l’Est, en Indochine et en Chine du Sud ; tandis que F1 est vestigial au Sri-Lanka et que F3 ‘’vrai’’ est vestigial au Népal et en Andhra-Pradesh. En attendant d’en savoir davantage sur la phylogénie de ces haplogroupes, nous proposons qu’une migration orientale de F*, survenue v. 45.000 AEC, fut à l’origine commune des formes F*(F2-F4)et des formes F*(F1-F3). Tandis que ceux-ci partaient, d’autres groupes F*(non-GHIJK, non-F1-F2-F3-F4) demeurèrent sédentaires dans la province iranienne d’Hormozgân que nous avons donnée pour origine au groupe *Para-Nostratique, où ils sont toujours représentés. Au Glinde, il est également possible que des tribus F* vivaient du côté arabe du Golfe ?
En symétrie de leurs frères partis vers l’Est, d’autres groupes F* étaient partis vers l’Ouest. Nous avons précédemment placés ces variants F* au Nord-Zagros et en Arménie, en périphérie occidentale de GHIJK et de C [cf. cartes I & J] ? A l’époque où nous sommes parvenus, peut-être sous la pression de l’expansion des C1a2, des tribus F* pourraient avoir vécu en Syrie de l’intérieur, voire plus loin encore vers l’Ouest levantin ? Dans ces régions, elles devaient côtoyer des tribus CT* et s’être rapprochées avec elles des groupes indigènes *Paléo-Levantins A1 et BT*. Ce scénario hypothétique trouve une certaine justification dans le fait que l’archéogénétique retrouvera ces divers haplogroupes dans l’Europe du Paléolithique supérieur. En conséquences possible de ces mouvements venus du ‘’hub’’ et qui pour la première fois de l’histoire atteignaient le Levant, nous constatons l’apparition d’une culture Paléolithique Supérieure Initiale (PSI) au Levant. Cette culture de ‘’mode 4’’ appelée Emiréen (EMI), remplaça alors le Moustérien. Plus tard, elle sera l’une des racines du Bachokirien d’Europe occidentale ainsi que des cultures contemporaines de la plaine ukrainienne [cf. carte M].
Signalons un dernier point : si nous plaçons le mouvement oriental de F après celui de C, nous plaçons le mouvement occidental de F avant celui de C. Cela peut paraître curieux mais ce n’est pas impossible si la position initiale des deux groupes frères était plutôt nord-orientale pour C et sud-occidentale pour F ! C’est l’hypothèse proposée sur la carte K. Mais on peut aussi bien proposer que des tribus F* accompagnèrent marginalement la migration occidentale des C1a2 et s’unirent à leur destin ? Dans ce cas, F* et C1a2 arrivèrent peut-être ensemble au Proche-Orient ?
Peuples d’haplogroupes GHIJK
A l’époque de l’interstade de Glinde, les porteurs des différents variants du vieil haplogroupe GHIJK étaient encore tous concentrés au cœur du ‘’hub’’ moyen-oriental. Nous avons déjà dit que GHIJK s’était divisé – peut-être v. 60.000 AEC – en variants GHIJK*(G) et HIJK [cf. carte H]. Puis HIJK se divisa – peut-être v. 55.000 AEC – en variants HIJK*(H) et IJK [cf. carte I]. Ensuite, on peut situer v. 50.000 AEC l’apparition des haplogroupe IJ et K(=LTNOPQRMS), tous les deux issus de IJK. Enfin, c’est v. 47.000 AEC que l’haplogroupe K pourrait s’être scindé en K1 (=LT) et K2 (=NOPQRMS) ; et v. 45.000 AEC que l’haplogroupe K2 pourrait s’être scindé à son tour en K2a (=NO) et K2b (=PQRMS) ?
Ce foisonnement de dénominations – apparemment très différentes parce qu’on utilise des lettres différentes pour les désigner – ne doit pas nous leurrer ! Car tous ces haplogroupes ne sont jamais que de très proches variants d’un unique GHIJK. Et tous étaient probablement encore géographiquement concentrés dans le ‘’hub’’ moyen-oriental où ils ne constituaient que la variabilité interne à une unique population homogène que nous avons appelé *Nostratique-Ancienne / *Nostratique-1.
Peuples Paléo-Levantins
Au Levant, l’industrie lithique des *Paléo-Levantins de cette époque est parfois appelée Amoudien, mais aujourd’hui, on l’appelle plus volontiers Emiréen (EMI). Cette nouvelle industrie réalisait un ‘’mode (3)-4’’ caractéristique du Paléolithique Supérieur Initial (PSI). En effet, il s’agissait globalement d’un Moustérien auquel s’ajoutait des pièces lithiques ‘’leptolithisées’’ que nous appelons ‘’lames’’ (macroblade des anglo-saxons) parce qu’elles étaient de forme allongée et amincie par rapport aux anciens éclats ; ceci peut-être afin de faciliter leur emmanchement sur des hampes de sagaies ? Les haplogroupes indigènes de la région, A1a*, A1b-M13 et BT*, avaient peut-être été rejoints par CT* et F* à l’origine de ces nouvelles technologies dont découlera bientôt le Pré-Aurignacien d’Europe. Plus tard, l’Emiréen sera localement remplacé par l’Ahmarien qui pourrait avoir été porté par l’avant-garde des tribus C1a2 [cf. carte L] ; et ce sera peut-être la rencontre de ces deux traditions qui sera localement à l’origine du Proto-Aurignacien ?
Hommes archaïques
Etant mieux adaptés au froid que les Hommes modernes, le réchauffement du Glinde permit naturellement aux Néandertaliens occidentaux et aux Néandertaloïdes orientaux de remonter une nouvelle fois vers le Nord, dans les régions que leurs ancêtres avaient été obligés de déserter lors du stade d’Ebersdorf. Peut-être ces mouvements des Hommes archaïques étaient-ils aussi stimulés par la pression accentuée des Humains modernes qui commençaient à prospérer dans des régions que leurs ancêtres tropicaux auraient trouvées trop fraiches pour entreprendre de s’y établir ?
Dans l’Altaï, c’est peut-être de cette époque déjà tardive que datent les vestiges humains qui ont permis de définir l’holotype des Hommes archaïques Dénisoviens ! Etrange holotype chronologiquement situé à la toute fin de la très longue histoire de ce groupe [cf. atlas n°2] et géographiquement situé à 7000 km des régions océaniennes où se concentrent aujourd’hui le plus grand nombre de gènes légués par les Dénisoviens ! [cf. introduction pour l’explication].
Enfin, de nouvelles datations conduisent à penser que c’est aux alentours de l’interstade de Glinde que disparurent les Hobbits de Flores, derniers vestiges nanifiés des anciens Homo erectus. C’était probablement peu de temps après l’arrivée des Humains modernes sur leur île refuge …