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Primiglaciaire – stade de Herning
Stade de Herning ancien : 115.000 à 113.500 AEC
Réchauffement : 113.500 à 108.500 AEC
Stade de Herning récent : 108.500 à 106.000 AEC
MIS 5d

 

A – 115.000 à 106.000 AEC – Primiglaciaire : stade Herning

 

Climat

Dans l’introduction, nous avons expliqué que les forages profonds réalisés dans les glaces du Groenland nous donnent accès à une chronologie des épisodes froids (Greenland Stadial, GS) et des épisodes chauds (Greenland Interstadial, GI), qui est suffisamment précise pour calculer le temps écoulé en véritables années AEC (Avant l’Ère Commune). Nous avons vu, aussi, qu’il est cependant difficile de les faire coïncider exactement avec les périodes géologiques basées sur l’étude des sédiments. Nous rappelons une dernière fois ici que toutes les dates données dans l’atlas n°3 sont le produit de ce compromis.

La période interstadiale très chaude de l’Eémien (MIS 5e) se termina brutalement vers 115.000 AEC par un refroidissement majeur qui marqua le début du stade de Herning (MIS 5d), encore appelé stade de Kurgolovo ou Early Vistulian dans l’Est de l’Europe. En moins de 1000 ans, les zones climatiques se déplacèrent de 1000 km vers le Sud. Lorsqu’on l’examine dans son intimité, il apparait que le stade de Herning fut en réalité un complexe climatique composé de trois phases majeures couvrant l’intégralité du MIS 5d : Le stade de Herning ancien correspond au GS-26 groenlandais, qui dura 3500 ans entre v. 115.000 et 113.500 AEC. Puis, après un long intermède de 5000 ans au cours duquel le climat se réchauffa significativement (GI-25), il fut suivi par le stade de Herning récent (GS-25) qui dura seulement 2500 ans, entre v. 108.500 et 106.000 AEC, mais au cours duquel le froid fut plus intense. La carte A représente précisément la Terre au Herning récent. A cette période, le niveau des mers se situait peut-être aux alentours de – 50 mètres, voire de – 80 mètres par rapport à celui que nous considérons comme la référence.

L’étude des moraines glaciaires nous oblige à admettre que le froid ressenti fut encore plus beaucoup vif que ce que pourrait-nous donner à penser les prélèvements groenlandais. Ainsi, l’’Europe du Nord-Ouest perdit sa couverture forestière au profit des paysages de parc-toundra et de steppes où des espèces comme le renne, le mammouth et le rhinocéros laineux refirent leur apparition à partir des refuges arctiques où ils avaient survécus pendant l’Eémien ; dans le même temps, les animaux de montagne descendirent dans les plaines.

Comme il se doit au cours des périodes froides, le climat africain subit une phase d’aridification qui impacta nécessairement la flore et la faune. En effet, outre la désertification du Sahara, l’aride africain pourrait avoir rendu impraticable la vallée du Nil pendant tout le MIS 5d ; avant que ce classique boulevard faunique soit temporairement rétabli au MIS 5c ?

Nous avons vu dans l’atlas n°2 que les Humains archaïques n’étaient pas outillés pour vivre dans les forêts pluviales non plus que dans les déserts. Les premiers Humains modernes non plus ! Ce n’est qu’assez tardivement que ceux-ci commenceront à coloniser les forêts pluviales, après avoir développé des technologies adaptées [cf. carte N]. En anticipation de cet évènement, dès la carte A, les forêts tropicales ne sont plus matérialisées sous forme de taches sombres comme elles l’étaient dans les cartes du volume précédent. En revanche, tout au long du paléolithique supérieur, les déserts arides sont demeurés des obstacles infranchissables ; raison pour laquelle ils sont toujours matérialisés sur les cartes de l’atlas n°3.

 

Sur toutes les cartes de l’atlas n°3, nous tenterons de positionner les haplogroupes ADN-Y à la fois géographiquement et chronologiquement ; et de les associer avec les familles linguistiques de l’époque. Est-il besoin de préciser que la reconstitution que nous proposons est hypothétique ? Elle se base cependant sur la phylogénie des haplogroupes ADN-Y dont la connaissance est toujours en progression mais désormais solide (nomenclature ISOGG 2018). La localisation géographique des haplogroupes ADN-Y anciens repose sur la série de contraintes qui fonde chaque carte (climat, industries, langues supposées).

 

Peuples d’haplogroupes A

L’haplogroupe A est l’haplogroupe ADN-Y de TOUS les Humains actuels. Ce n’est que par convention que la grande branche qui a quitté l’Afrique a reçu une dénomination haplogroupale spécifique (CT), et qu’à la suite de celle-ci, les grandes branches de cette grande branche, ainsi que leurs principales ramifications, recevront elles aussi des dénominations spécifiques.

 

Afrique de l’Ouest

Dès avant l’Eémien, peut-être au cours du MIS 6 [cf. atlas n°2], la bande Sahélienne avait été peuplée par des Hommes modernes d’haplogroupe A00 et A0 qui sont les plus anciens haplogroupes parvenus jusqu’à nous, et qui se trouvent à la racine de l’arbre des haplogroupes Y-ADN de l’Humanité actuelle toute entière [cf. atlas n°2]. Aujourd’hui, ces haplogroupes anciens subsistent à des taux résiduels en Afrique de l’Ouest et dans les îles du Cap Vert où ils ont tardivement trouvé refuge sous la pression d’une série de colonisations ultérieures. Ces populations très anciennes d’Afrique de l’Ouest, – plus que mal connues sur le plan archéologique – disposaient d’une industrie lithique que l’on peut globalement rattacher au MSA Sangoen (SAN). Toutefois, aux MIS 5e et au MIS 5d, ce Sangoen d’Afrique de l’Ouest semble avoir encore recelé quelques éléments acheuléens ; ceci était peut-être la marque d’un caractère hybride des populations locales où la composante archaïque demeurait notable, malgré une pression de sélection à l’œuvre [cf. introduction]. Sur la carte, on rattache cependant cette industrie au Sangoen de ‘’mode 3-(4)’’. Contrairement au reste de l’Afrique, le Sangoen pourrait avoir subsisté jusqu’au seuil du MIS 4 en Afrique de l’Ouest. Ultérieurement, l’Afrique de l’Ouest continuera longtemps à accuser un retard technologique en comparaison du reste de l’Afrique.

 

Afrique du Nord

C’est peut-être dès le MIS 7, v. 200.000 AEC, que le variant haplogroupal A1 était apparu en Afrique de l’Est ? Dans l’atlas n° 2, nous avons associé ces populations A1 avec l’émergence du MSA Lupembien (LUP), qui livre des marqueurs technologiques plus modernes que le Sangoen. Au cours du MIS 6, peut-être v. 170.000 AEC, A1 avait donné naissance à ses deux grands variants A1a et A1b [cf. atlas n°2]. A l’occasion d’épisodes humides de l’époque éémienne (MIS 5e), possiblement v. 130.000 AEC, des tribus A1as’étaient peut-être répandues dans l’Est de la bande sahélienne et dans le Sahara vert ; à partir de là elles auraient pu atteindre l’Afrique du Nord maghrébine où s’installa l’industrie lupembienne. Sur place, ces premiers colons modernes avaient rencontré les Néandertaloïdes locaux, dit Hommes du Jebel Irhoud (Homo sapiens *irhoudi). Nous avons postulé que ces Sapiens archaïques se diluèrent dès cette époque dans le stock génétique des Hommes modernes locaux (cf. atlas n°2). Plus tard, toujours au cours de l’Eémien, une technologie MSA plus moderne – appartenant au Complexe Nubien Ancien (NUB ANC) –, avait colonisé les oasis égyptiennes. Les populations impliquées, peut-être A1b1a, auraient à leur tour pu se répandre dans le Sahara vert à l’occasion d’un nouvel épisode humide ; de là, elles auraient à leur tour atteint le Maghreb où elles auraient été à l’origine d’une industrie MSA que nous qualifions de *Paléo-Atérienne (NUB ANC). Ce terme de *Paléo-Atérien étant forgé pour signifier que le véritable atérien constitué n’existait pas encore. Bien qu’il soit hypothétique, notre scénario migratoire en deux temps explique la présence résiduelle d’individus A1a et A1b1a au Maghreb actuel. Plus tard, ces pionniers modernes seront rejoint par des individus A1b-M13, qui pourraient avoir été les porteurs de la ‘’véritable’’ industrie Atérienne [cf. carte D].

Avec le début du Primiglaciaire, le Sahara s’assécha de nouveau et les groupes A1a et A1b1a qui l’occupaient furent nécessairement contraints de se replier les uns en Afrique du Nord et les autres dans la bande Sahélienne où ils rejoignirent leurs cousins A00 et A0. Il est possible que cela se soit fait en deux temps, v. 115.000, puis v. 108.000 AEC, accompagnant les deux phases froides et arides du stade de Herning ?

 

Afrique de l’Est

Peut-être au cours du MIS 6, v. 150.000 AEC, l’haplogroupe A1b avait donné naissance à ses variants A1b1 et A1b2, lequel allait être à l’origine de BT [cf. ci-dessous] ; puis v. 130.000 AEC, A1b1 s’était divisé en A1b1a et A1b1b dont le variant A1b1b1 (peut-être apparu v. 125.000 AEC ?) est aujourd’hui résiduel et exclusivement limité à l’Afrique de l’Est ; enfin v. 120.000 AEC, l’haplogroupe A1b1b2 avait donné à son tour naissance à ses deux grands variants A1b1b2a(A1b-M51) et A1b1b2b (A1b-M13) qui eurent une destinée géographique plus étendue que A1b1b1 [cf. atlas n°2]. Parallèlement à l’enrichissement de la famille A1b, le MSA local se dégagea peu à peu du Lupembien pour évoluer en Complexe Nubien Ancien (NUB ANC), une technologie plus moderne qui contenait davantage de marqueurs annonciateurs du Paléolithique Supérieur. Au début du MIS 5d, cette industrie n’existait encore qu’en Afrique de l’Est. Mais lors des deux phases glaciaires de Herning, le détroit de Bab-el-Mandeb – qui sépare l’Afrique de l’Est de l’Arabie – fut réduit à un étroit chenal aisément franchissable ; un chenal ouvert aux convoitises parce que, depuis la rive africaine, on voyait la rive asiatique ! Ainsi, il est probable que dès le Herning ancien, v. 115.000 AEC, des groupes d’Hommes modernes traversèrent ce détroit ; il s’agissait peut-être alors d’individus A1b-M13, un haplogroupe aujourd’hui vestigial au Yémen ? Mais nous verrons plus bas que c’est plutôt au Herning récent que commença la grande aventure des Humains modernes d’Eurasie [cf. Peuples d’haplogroupe BT].

 

Afrique du Sud

Comme en Afrique de l’Ouest, ce furent peut-être des Hommes modernes A00 qui avaient localement porté le MSA Sangoen (SAN) au MIS 7, puis d’autres Hommes modernes, A0 et A1a qui avaient porté le MSA Lupembien (LUP) aux MIS 6 et MIS 5e ? Mais cela ne peut être qu’une hypothèse parce qu’il ne semble rien rester de ces marqueurs ancien en Afrique du Sud d’aujourd’hui. Au MIS 5d, une industrie MSA plus moderne dite Pré-Stillbayenne (P.STI) apparut dans la région, sous une forme ancienne (MIS 5d) que certains appellent industrie de Klasies-River (P. STI-KLA). Bien que relevant du MSA, le Pré-Stillbayen contenait déjà des marqueurs d’un comportement moderne, comme des lames de pierre (blade) et l’utilisation d’ocre ; ce qui nous incite à le qualifier de ‘’mode 3-(4)’’ sur les cartes. Peut-être cette industrie était-elle portée par des individus A1b1a dont l’haplogroupe est toujours présent en Afrique du Sud actuelle ? Nous les nommerons *Paleo-Khoisans afin de les distinguer des *Proto-Khoisans qui les rejoindront plus tard et qui seront les ancêtres majoritaires des Khoisans actuels, principalement porteurs de l’haplogroupe A1b-M51.

 

Dans la mesure où les Khoisans (haplogroupe A majoritaire) et certaines tribus relictuelles d’Afrique de l’Est vivant au Sud du massif éthiopien (haplogroupe B majoritaire) parlent encore aujourd’hui des langues à clics, il est hautement vraisemblable que toutes les langues des Humains modernes du MIS 5d  étaient des langues à clics. Y compris les langues d’Afrique du Nord et d’Afrique de l’Ouest ; bien que cela ne soit pas démontrable.

 

Peuples d’haplogroupes BT

C’est peut-être, v. 115.000 AEC , 4680 générations avant nous, que le variant BT de l’haplogroupe A1b2 apparut dans une tribu d’Afrique de l’Est ? Le garçon chez qui apparut ce nouvel haplogroupe était l’ancêtre patrilinéaire direct de l’intégralité des populations non-africaines et de la quasi-totalité des populations africaines de notre Monde contemporain, à l’exception d’une majorité de Khoisans. Dans l’intervalle tempéré qui sépara les deux épisodes froids du Herning, l’haplogroupe BT devait encore être exclusivement confiné à l’Afrique de l’Est. Mais vers 108.000 AEC, au Herning récent, la baisse du niveau des mers (– 60 m ?) facilita une nouvelle fois la traversée du détroit de Bab-el-Mandeb, parce qu’il se trouvait de nouveau réduit à un étroit chenal ; il est également possible que l’aridification de certaines régions d’Afrique de l’Est ait contribué à initier ou à renforcer ce mouvement d’expansion ? Avec cette migration, on saisit peut-être le cinquième et dernier ‘’Out of Africa toward Arabia’’ survenu depuis le temps d’Homo ergaster [cf. atlas n°2]. En Arabie méridionale, les ossements modernes du site de Jebel-el-Faya pourraient dater de l’époque du Herning récent. On ne connait pas encore leur haplogroupe ADN-Y, mais le raisonnement qui précède nous conduit à anticiper qu’ils étaient A1b-M13 et/ou BT*. L’industrie lithique de ce site était de type MSA africain, dans sa variante du Complexe Nubien Ancien qui était celle de l’Afrique de l’Est ; cela pourrait signifier que les habitants étaient plutôt A1b-M13, bien que cette hypothèse soit très hasardeuse ? A l’arrière de ces groupes, il est possible que le Nubien Récent (NUB REC) ait été développé au Herning récent par les peuples d’haplogroupe BT et CT qui n’étaient qu’une fraction de ceux-ci ? On trouvera prochainement le Nubien Récent en Arabie du Sud (mais pas plus ‘’haut’’ sur la côte d’Eurasie) et en Afrique de l’Est où il remplacera le Nubien Ancien.

 

Peuples d’haplogroupes CT

Peu de temps après son installation en Arabie – peut-être v. 107.000 AEC – l’haplogroupe BT* donna naissance à son variant CT (= DECF). Il serait même logique que la séparation de CT à partir de BT* ait correspondu à l’évènement migratoire lui-même ? On ignorera toujours quelle fut la vie de l’homme inconnu chez qui survint la mutation CT ; mais cet homme bien réel, né environ 4360 générations avant nous, eut une postérité exceptionnelle puisque – comme son ancêtre chez qui était apparue la mutation BT – il était l’ancêtre patrilinéaire de TOUS les Humains d’aujourd’hui, à l’exception des Khoisans, des Pygmées et de quelques rares autres individus A et B, essentiellement africains.

L’haplogroupe CT des origines doit être associé à un super-groupe ethnolinguistique appelé *Boréal. Ce nom est bien approprié pour un groupe dont la descendance prospéra sur le grand continent septentrional, mais à condition de comprendre que cette postérité allait largement excéder les seuls contours géographiques de l’Europe et de l’Asie ! En effet, de nos jours, les descendants patrilinéaires du peuple *Boréal comprennent aussi toutes les populations d’Océanie et des deux Amériques ; ainsi que la majorité des peuples Africains, dont les ancêtres sont revenus en Afrique au cours de trois rétromigrations successives This triggers the tooltip. Cette ‘’grande coupure’’ entre les ‘’vrais’ Africains’’ (haplogroupes A et BT / B) et les ‘’non-Africains’’ (variants de l’haplogroupe CT, y compris les variants ‘’rétro-africains’’ DE / E que nous examinerons bientôt) se retrouve à de nombreux nivaux. Ceci explique pourquoi cette grande coupure fut génétiquement repérée il y a déjà plusieurs dizaines d’années, avant même l’avènement de la génétique des haplogroupes ADN-Y.

 

Nous venons de dire que toutes les langues anciennes de l’Afrique étaient potentiellement des langues à clics puisque les populations actuelles d’haplogroupe A et certaines populations d’haplogroupe B conservent encore ce trait. Dans la mesure où cette particularité est absente de toutes les langues Eurasiennes (senso latu) et que tous les peuples Boréaux (dont les peuples Africains rétromigrants, c’est-à-dire la majorité des peuples Africains en lignée patrilinéaire), descendent des premiers BT migrants, il faut postuler que ce sous-groupe migrant de BT – i.e. le groupe CT – perdit rapidement les clics ; et cela définitivement. Il faut considérer cette absence de clics comme le principal trait linguistique réunissant les langues *Boréales qui résultèrent de l’Out of Africa du Herning !

 

Peuples Paléo-Levantins A00, A0, A1a ?

Dans l’atlas n°2, nous avons postulé que des Hommes modernes avaient emprunté la voie du Nil v. 200.000 AEC (MIS 7) et avaient débouché au Levant où ils avaient installé l’industrie Hummalienne ; une industrie incroyablement moderne, pour l’époque et pour le lieu, qui serait difficilement explicable en l’absence d’un scénario migratoire. Puis, toujours dans notre scénario, la glaciation du MIS 6 avait conduit des Néandertaliens moustériens à se replier au Levant depuis les régions septentrionales ; mouvement à l’origine de métissages qui avait entrainés une nouvelle unification culturelle Moustérienne, mais sans faire disparaître le morphotype moderne et l’haplogroupe potentiel A00 ? Au MIS 5e, il est possible que des apports A0 et/ou A1a aient rejoint ces premiers groupes, puisque les échanges Sud à Nord n’étaient alors entravés par rien ?

Ces Hommes de Skhul et de Qafzeh ont – anciennement et improprement – été appelés ‘’**Proto-Cro-Magnon’’ ; mais nous proposons plutôt de les nommer *Paléo-Levantins. Il ne s’agissait pas de ‘’parfaits’’ Hommes modernes sur le plan anthropologique ; en effet, ils présentaient un mix de traits modernes et archaïques qui sont bien en faveur de la thèse d’une hybridation. De même, bien que leurs outils fussent moustériens, ils exprimaient un comportement de type moderne puisqu’ils possédaient des parures (pendentifs) et enterraient leurs morts (site de Skhul couche B) ; pour connoter ces éléments annonçant précocement des cultures à venir, la carte A utilise le terme descriptif de Moustérien Récent (MOU REC). Plus tard, à la fin du MIS 5, ces gens seront probablement rejoints par des individus d’haplogroupe BT* [cf. carte D] ; mais pour l’heure, au MIS 5d, la fermeture de la voie du Nil coupait les populations levantines de leur base africaine.

 

Hommes archaïques

Dans l’introduction, nous avons appelé *Néandertaloïdes toutes les populations archaïques d’Eurasie qui possédaient une industrie levalloisienne / moustérienne (MOU), que celle-ci soit pleinement constituées ou dégradée.

  • Les Néandertaliens strictement définis – tous moustériens – vivaient en Europe, aux Proche- et Moyen-Orient, en Asie Centrale et dans les steppes asiatiques. Nous rappelons que ces derniers étaient des Homo sapiens archaïques, génétiquement peu éloignés des hommes modernes, quoique moins doués qu’eux sur le plan cognitif [cf. introduction].
  • En Arabie du Herning ancien et du Herning récent, les Sapiens modernes rencontrèrent probablement les Néandertaloïdes locaux. On n’a pas retrouvé de restes humains qui permettraient de prouver formellement l’existence de ces Néandertaloïdes arabes, mais on a trouvé des artéfacts Levallois dans de nombreux sites de la péninsule. Contrairement à leurs cousins qui peuplaient les régions de latitude plus élevée, ceux-ci avaient peut-être la peau plus foncée ? Leur population pourrait ne pas avoir été très dense ? Et l’asséchement du climat dût à la fois accentuer leur raréfaction et leur repli vers les côtes. Dans le même temps, les Humains modernes commençaient à coloniser l’Arabie méridionale et il est logique de penser que le processus d’hybridation entre Humains modernes africains et Humains archaïques eurasiens commença dès cette époque. Ainsi, faisant l’hypothèse de leur dilution rapide dans le pool génétique moderne, nous cesserons de parler des Néandertaloïdes arabes dès la carte suivante. Dans l’introduction, nous avons avancé que ces hybridations eurent des conséquences considérables parce qu’elles entravèrent la pleine expression des compétences modernes, en attendant que la pression de sélection réduise l’expression des variants alléliques ‘’pauci-cognitifs’’. C’est peut-être cela qui explique que les capacités de pensée abstraite – notamment déduites à partir de ce que l’on appelle ’’art’’ – se manifesteront plus tardivement en Eurasie qu’en Afrique de l’Est ou du Sud. Et cela d’autant plus que les hybridations se poursuivront très longtemps sur le continent eurasien, tout au long d’un ‘’front de rencontre’’ qui progressera peu à peu à la manière d’un feu de prairie, et sur toute la longueur duquel sera absorbé pendant très longtemps un flot continu de gènes archaïques [cf. introduction]. Ainsi, les tous premiers Hommes modernes d’Eurasie devinrent rapidement des Hommes ‘’presque’’ modernes, tandis que les Hommes archaïques qui leur faisaient face, juste de l’autre côté du front de rencontre, devinrent progressivement des Hommes ‘’plus tout à fait’’ archaïques ; le brassage des deux populations pouvant s’accentuer ponctuellement au cours des épisodes stadiaux, qui contraignaient chacun des deux types d’Hommes à se réfugier dans les mêmes zones refuges
  • A l’époque de Herning, d’autres Néandertaloïdes vivaient nécessairement au Moyen-Orient et en Eurasie méridionale qui n’étaient pas encore touchés par la colonisation moderne. N’ayant jamais quitté les latitudes clémentes, ceux des Indes devaient avoir une peau foncée, tout comme les premiers Hommes modernes eux-mêmes. Etait-ce également le cas de ceux d’Iran et d’Arabie dont les terres allaient être les premières touchées par la colonisation moderne ? Peut-être pas ? Question de carnation mise à part, un morphotype proto-Europoïde des Néandertaliens moyen-orientaux serait en effet compatibles avec les données génétiques qui postulent un effet prépondérant des premiers métissages sur le génome des Hommes modernes eurasiens, comparativement aux métissages qui surviendront plus tard lorsqu’ils entreprendront la conquête du Nord du continent.
  • Dans le reste de l’Eurasie, l’équilibre ethnique des Humains archaïques du Herning restait probablement identique à ce qu’il était au cours de l’Eémien, à ceci près que leur frontière septentrionale devait être de latitude moins élevée :
  • En Sibérie, en Mongolie et en Mandchourie, des populations Néandertaloïdes – qu’il convient d’identifier sous ce nom, parce qu’elles étaient porteuses de techniques moustériennes bien constituées – s’étaient anciennement imposées à des prédécesseurs Dénisoviens / Homo heidelbergensis [cf. atlas n°2]. Ces Néandertaloïdes avaient toutefois laissé subsister un noyau de Dénisoviens ‘’septentrionaux’’ dans l’Altaï, puisque c’est dans ces montagnes que fut découvert l’holotype génétique des Dénisoviens (v. 50.000 AEC ?) avant que l’on découvre un autre Dénisovien âgé de plus de 100.000 ans, puis une jeune métisse Néandertalienne et Dénisovienne âgée de 90.000 ans. Ainsi, les montagnes de l’Altaï servirent de refuge à une ancienne population qui avait été repoussée par une nouvelle ; scénario universel du refuge des vaincus dans les lieux les plus hostiles ou les plus isolés de la Planète, que nous retrouverons à de nombreuses reprises dans cet atlas. Sur la carte A, nous avons cantonné dans les hauteurs de l’Altaï ce qui restait des Dénisoviens de ‘’pure souche’’ et nous avons assigné une vaste zone périphérique à  une population hybride (Saïan, Khangaî, Gobi Altaï et dépression de Kobdo). En dehors de cette zone, le pourcentage de gènes Dénisoviens devait être réduit, sauf peut-être en Chine et en Corée.

 

En effet, dans les régions plus clémentes de Chine et de Corée, les Néandertaloïdes arrivés au MIS 5e avaient probablement rencontré des populations Dénisoviennes plus denses qu’en Mongolie [cf. atlas n°2]. Dans l’introduction, nous avons émis l’hypothèse que c’est le mélange entre ces deux sortes d’Hommes archaïques – Néandertaloïdes et Heidelbergensis – qui constitua le substratum du type physique *Proto-Mongoloïde ; un substratum qui imprimera plus tard sa marque sur les Hommes modernes qui viendront à leur tour peupler ces régions extrême-orientales. C’est peut-être aussi l’hybridation de ces deux populations – aux compétences cognitives différentes – qui explique le caractère dégradé du Levalloisien Chinois et Coréen ; dégradé au point qu’il vaut mieux parler de ‘’Pseudo-Levallois’’ et que certains chercheurs rejettent complètement ce terme et rejettent jusqu’à l’idée qu’il y eut jamais un véritable Paléolithique moyen (‘’mode 3’’) en Chine et en Corée. Pourtant, dès le MIS 6 ou au moins dès le MIS 5e, parallèlement aux productions de tradition oldowayenne, ces régions extrême-orientales livraient des éclats lithiques réalisés à partir de nucléus préparés ; lesquels éclats, bien que très ‘’inférieurs’’ en qualité aux véritables outils moustériens rencontrés plus au Nord et dans le reste de l’Eurasie, procédaient de la même logique ‘’en deux temps’’ qui était la marque de fabrique du ‘’mode 3’’. Au total, pour signifier leurs composantes hybrides de type ‘’Paléolithique inférieur’’ et de type ‘’Paléolithique moyen’’, nous qualifieront de ‘’mode 1-2-3’’ ces industries de Chine et de Corée. Sur les cartes, elles sont symbolisées par les sigles FLK (éclats / flakes), ou S.FLK (petits éclats / small flakes). Ces derniers, plus minutieux, étaient surtout représentés en Chine du Nord et en Corée, ce qui témoignait peut-être de cognitions plus élaborées dans ces régions qu’en Chine du Sud ? ; et cela, peut-être en raison d’une proportion plus importante de gènes Néandertaloïdes dans le mélange ‘’*Proto-Mongoloïde’’ nordiste que dans le mélange ‘’*Proto-Mongoloïde’’ sudiste ?

 

Dans le grand Sud, en Indochine et au Sunda (i.e. en Indo-Sunda), les Homo heidelbergensis / Dénisoviens ‘’méridionaux’’ étaient restés préservés des infiltrations Néandertaloïdes. En effet, les Néandertaloïdes (hybridés) de Chine pourraient avoir buté sur la forêt pluviale qui bordait les frontières chinoises méridionales frontières chinoises méridionales, tandis que leurs cousins Néandertaloïdes des Indes (autrefois hybridés eux aussi avec les Homo heidelbergensis locaux) butaient sur la frontière marécageuse des Sundarbans, dont nous avons déjà éprouvé la solidité à plusieurs reprises [cf. atlas n°2]. Délimitée par ces deux obstacles naturels qui étaient l’un et l’autre surplombés par la masse infranchissable du massif tibétain, le Sud-Est asiatique était demeuré protégé à la fois des Néandertaloïdes qui avaient emprunté la ‘’route du Nord’’ et des Néandertaloïdes qui avaient emprunté la ‘’route du Sud’’. Ce superbe isolement faisait de ces régions un immense conservatoire des anciens temps ; une bulle temporelle du Paléolithique Inférieur parvenue inchangée jusqu’à une époque où les industries étaient toutes devenues paléolithiques moyennes dans le reste de l’Eurasie et même quasiment paléolithiques supérieures en Afrique ! En effet, l’industrie lithique des Dénisoviens méridionaux mêlait encore des outils oldowayens de ‘’mode 1’’ (galets de rivière cassés pour en obtenir de frustes tranchants) ; ainsi que des outils que l’on peine à qualifier d’acheuléens ou de ‘’mode 2’’, comme le sont les pseudo-bifaces de Bose et de Luonan ou, plus frustes encore, les galets à tranchants bifaciaux [cf. atlas n°2]. Nous verrons que ce ‘’conservatoire technologique’’ d’un extrême archaïsme demeurera une réalité bien vivante jusqu’à la fin du Pléistocène, quand bien même le Sud-Est asiatique aura été sillonné à plusieurs reprise par plusieurs vagues d’Hommes modernes venus s’y abîmer ! Martelant les propos de l’introduction, nous aurons l’occasion d’expliquer ce phénomène étrange du ‘’puits-cognitif’’ par la nature fortement ‘’hypo-cognitive’’ des Dénisoviens méridionaux qui étaient génétiquement bien plus éloignées des Hommes modernes que ne l’étaient les Néandertaloïdes, appartenant au groupe des Sapiens tout comme eux. Pour renforcer ce raisonnement, il faut  rappeler que ce n’est que peu de temps avant leur rencontre avec les Hommes modernes, que les Dénisoviens méridionaux du Sunda avaient fini de remplacer les derniers Homo erectus du continent, sans que l’on sache encore si ceux-ci eurent la possibilité de laisser quelques gènes à leurs colonisateurs [cf. atlas n°2] ? Nous pensons cependant qu’ils le firent ; et que cela impacta négativement le potentiels cognitifs des habitants anciens de la région [cf. introduction]. C’est peut-être ce mélange primordial entre les Homo erectus et les Homo heidelbergensis parvenus en Asie du Sud-Est, qui constitua le substratum génétique des Dénisoviens méridionaux et qui fut à l’origine du type physique *Proto-Australoïde. Ensuite, ce morphotype imprimera fortement sa marque sur les premiers Humains modernes qui coloniseront la région ; puis, de métissages en métissages, sur tous ceux qui leur succéderont [cf. carte F et suivantes].

 

Enfin, isolés depuis des centaines de milliers d’années sur l’île de Flores qui ne se rattachait jamais au continent, même pendant les périodes stadiales les plus froides, les Homo erectus floresiensis restaient le souvenir nanifié des tous premiers Humains d’Asie et de leur antiquissime industrie purement oldowayenne.

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