O – 0.94 à 087 MA DORSTIEN GLACIAIRE
Complexe glaciaire DORSTIEN / ELBIEN
= Glaciation de GÜNZ dans les Alpes
MIS 24, MIS 23, MIS 22

Carte – O – 940.000 à 870.000 AEC – Complexe glaciaire DORSTIEN / ELBIEN
Climat
Le profil du complexe glaciaire DORSTIEN ressembla beaucoup à celui de la ‘’dernière’’ glaciation [cf. atlas n°3]. Il comprit : le MIS 24 (940.000 à 910.000 AEC) qui fut comparable au MIS 4 (premier maximum glaciaire de la dernière glaciation) ; le MIS 23 (910.000 à 900.000 AEC) qui fut un interglaciaire peut-être relativement frais ; et le MIS 22 (900.000 à 870.000 AEC) qui fut un glaciaire très froid et très sec, comparable au MIS 2 (dernier maximum glaciaire de la dernière glaciation) et dont le début coïncida une fois de plus avec une nouvelle inversion magnétique .
C’est à partir de cette époque que commença à s’établir le cycle glaciaire régulier dit ‘‘des 100.000 ans’‘, dont les épisodes froids vont désormais correspondre à des glaciations intenses (de type MIS 2 ou davantage). La carte O représente le MIS 22 avec une extension des calottes glaciaires et des déserts identiques à celle que l’on reconstitue pour le MIS 2.
Afrique
Du fait de l’extension importante des déserts, les Heidelbergensis (anciens) / ‘’Erectus africains’’ se replièrent nécessairement en Afrique sub-saharienne et sur la côte d’Afrique du Nord, bien que les sites de l’époque restent à mettre au jour pour confirmer ce scénario.
Eurasie
De manière routinière, ce glaciaire reproduisit la configuration anthropologique pluri-centi-millénaire des deux glaciaires précédents [cf. cartes M & K], avec d’une part des Humains Erectus / Antécessors de ‘‘mode 1’‘ localisés à l’Ouest et à l’Est de l’Eurasie dans les zones refuges d’Europe méridionale, d’Anatolie, de Chine du Sud et du Sunda ; et d’autre part des Humains Heidelbergensis (anciens) de ‘‘mode 2’‘ localisés dans toutes les zones habitables d’Afrique (y compris d’Afrique du Nord), du Proche-Orient, du Moyen-Orient et des Indes.
Il est cependant possible qu’une évolution du ‘‘mode 1’‘ se soit produite en Eurasie Occidentale vers cette époque, conduisant au Tayacien (TAY) que l’on pourrait proposer d’appeler ‘‘*mode 1bis’‘ ou Oldowayen ‘’supérieur’’ (OLD+) [cf. carte P]. Ainsi, l’antique ‘‘plafond de verre cognitif’’ sur lequel butaient les Erectus depuis des centaines de milliers d’années pourrait avoir commencé à se fissurer ? [cf. carte N]. A moins qu’il ne faille voir dans cette évolution la conséquence d’un apport génétique Heidelbergensis qui, à partir d’un front de métissage anatolien, percolera bientôt le domaine Antecessor européen, via un passage du Bosphore exondé au cours du glaciaire dorstien ? Dans le même temps et de la même façon, un phénomène similaire et de même conséquence pourrait s’être produit sur la marge méridionale de l’Asie Centrale, à l’origine de ce que nous appellerons des Erectus ‘’récents’’, eux aussi porteurs d’un Oldowayen ‘’supérieur’’ (OLD+) qu’ils répandront bientôt jusqu’en Extrême-Orient [cf. carte P & introduction de l’atlas n°3 sur l’impact cognitif des métissages anciens].
Un évènement singulier pourrait aussi dater de cette époque : l’arrivée à Flores des ancêtres du fameux Hobbit (Homo erectus floresiensis) découvert en 2003. Entre l’île de Baliet l’île de Lombok qui lui fait suite dans l’archipel des petites îles de la Sonde, le détroit de Lombok n’est jamais exondé, y compris au cours des périodes glaciaires les plus sévères ! Ce détroit, toujours infranchissable à pieds secs, matérialise la ‘’ligne Wallace’’ qui constitue une barrière biogéographique solide entre les faunes australasiennes et asiatiques. L’île de Flores étant située du côté australasien de la ligne Wallace, il fut donc parfaitement impossible aux ancêtres asiatiques des Hobbits de la coloniser en cheminant pas à pas sur le sol ferme ! Comment et quand ces étranges Humains anciens sont-ils donc arrivés sur Flores, alors que le concept de navigation n’est probablement pas véritablement apparu avant l’Homme Moderne, à l’exception de la traversée d’étroits chenaux ? Les restes de Hobbits les plus anciens datent approximativement de 95.000 ans AEC, mais des outils de ‘‘mode 1’‘ découverts dans le bassin de Soa (Flores) datent de 880.000 AEC, et cela en coïncidence remarquable avec la survenue de plusieurs extinctions animales sur l’île de Flores, dont une tortue géante et un stégodon nain qui pourraient avoir été des victimes faciles de la prédation humaine.
A cette même époque, en association chronologique avec une éruption volcanique majeure dans la région de la Sonde, divers animaux étrangers sont arrivés sur Flores en provenance du côté asiatique de la ligne Wallace, démontrant que, bien que solide, cette barrière faunique n’est pas toujours absolument étanche ; parmi les nouveaux venus, on trouvait notamment le rat et un autre type de stégodon (de taille normale). Puis, cette nouvelle faune intrusive est restée stable sur Flores jusque vers 17.000 AEC, date d’une nouvelle éruption volcanique majeure et d’une autre nouvelle intrusion faunique ! Par conséquent, on peut dater aux alentours de 900.000 AEC l’arrivée des ancêtres des Hobbits à Flores, à une époque où les Erectus étaient déjà présents en Asie du Sud-Est depuis au moins 500.000 ans. La position phylogénétique d’Homo floresiensis n’est pas claire : après bien des hésitations, on le rattache plutôt aujourd’hui (2019) à une forme ancienne des Erectus asiatiques, encore assez proche d’Homo ergaster et donc différente des Erectus chinois ‘’récents’’ [cf. carte P]. Longtemps isolés à l’extrémité du Sunda glaciaire, et naufragés à répétition sur les îles interglaciaires qui n’en sont que les sommets émergés (Sumatra, Java, Bornéo), l’identité raciale des futurs Hobbits aurait commencé à se forger parmi les faunes malaisiennes, avant qu’ils entreprennent leur voyage vers Flores. Comment atteignirent-ils l’île ? Les faunes intrusives de Flores proviennent à la fois de Java, de Sulawesi et d’Australie / Nouvelle-Guinée. Plusieurs de ces animaux étrangers – comme les varans de Komodo (venus d’Australasie), les tortues géantes et les stégodons (venus de Malaisie) – ont pu atteindre Flores à la nage ; mais cela est exclu pour les Humains primitifs qui, comme pratiquement tous les autres primates, avaient vraisemblablement une aversion spontanée pour l’eau et ne savaient pas nager ! C’est donc nécessairement par d’autres moyens que les Humains (et les rats) ont atteint Flores !
Au gré des courants océaniques, ils auraient pu dériver sur des radeaux de végétation arrachés à la côte du Sunda au cours d’une tempête géante ou d’un tsunami (cf. les éruptions volcaniques mentionnées plus haut). De tels évènements sont rares, et encore plus rarement couronnés de colonisations réussies [cf. atlas n°1] ! Mais, sur le très long terme, beaucoup d’évènements rares deviennent statistiquement probables, et l’hypothèse d’un ‘‘radeau dérivant’‘ est bien souvent la seule explication rationnelle de la présence de certains animaux sur certaines îles lointaines ! En raison des courants marins principaux (tels qu’ils se présentent de nos jours), Sulawesi constitue une étape possible de la migration des ancêtres des Hobbits vers Flores, bien qu’on n’y ait encore (2019) découvert aucune preuve d’une présence humaine ancienne, et bien que cette grande île soit, tout comme Flores, située du ‘’mauvais’’ côté de la ligne Wallace ! Cette particularité géographique ne l’a toutefois pas empêchée d’être colonisée à plusieurs reprise par de nombreux animaux asiatiques dont plusieurs sortes de primates (venus de Bornéo, une province du Sunda) ainsi que plusieurs espèces asiatiques de grandes taille (diverses sortes de suidés, bovidés et cervidés), ce qui rend tout autant possible son peuplement par des Humains anciens. Au total, bien que non encore définitivement résolu, le mystère de l’Homme de Flores est aujourd’hui (2019) un peu moins épais qu’en 2003.
Ces Humains rescapés, échoués par hasard sur une petite île vierge du bout du monde, ont vu leur taille s’amenuiser avec le temps ; ils ne semblent pas avoir jamais eu l’occasion de diffuser au-delà de leur étroite prison, et ils disparurent vers 17.000 AEC, probablement victimes d’une compétition avec l’Homme moderne, mais après avoir coexisté avec lui pendant plusieurs dizaines de milliers d’années [cf. atlas n°3]. C’est peut-être vers la même époque que les Philippines furent atteintes elles-aussi, selon un processus comparable ? [cf. carte P].