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Z – 800 à 700 BCE – HOLOCÈNE – SUBATLANTIQUE (1)

 

Climat

L’épisode frais et humide qui avait débuté v. 850 AEC se poursuivit jusqu’au milieu du VIII° siècle AEC. Il fit la transition entre la fin du Subboréal et le début du Subatlantique, subdivision de l’Holocène dont fait encore partie notre époque. 

Puis, à partir de v. 750 AEC, le climat se réchauffa et s’assécha de nouveau au travers d’une série d’oscillations d’ampleur modérée. Longue d’environ 5 siècles, cette période favorable s’étendit de v. 750 à 250 AEC ; elle est parfois désignée sous le nom de ‘’optimum macédonien’’. Un froid survenu v. 200 AEC le séparera de l’optimum romain qui sera de nouveau l’une des belles périodes de l’Holocène. L’une de ces périodes favorables à la civilisation parce que les Hommes consacrent moins de temps à la survie quand il fait beau ; permettant ainsi à ceux d’entre eux qui sont intelligents de consacrer davantage de temps pour réfléchir à tout un tas de choses spéculatives que les héritiers encore nombreux de la pensée concrète considèrent généralement comme inutiles, sans jamais se douter que, sans elles, ils devraient encore se contenter de chasser les castors au gourdin …

Le début du Subatlantique vit se développer la civilisation de la Grèce classique. Avec la carte Z, l’atlas n°4 se referme sur son seuil. 

 

Afrique du Nord et Sahara

Afrique du Nord Occidentale

  • A partir du VIII° siècle AEC, de nombreux établissements Phéniciens furent égrenés tout au long des côtes d’Afrique du Nord, depuis Hadrumète / Sousse jusqu’à Lixius et Mogador / Essaouira sur la côte atlantique. Les dates de fondation ne sont pas connues précisément, mais pourraient avoir été plus récentes pour Lixius et Mogador. Le commerce de l’ivoire était peut-être l’une de leurs motivations ? Il s’agissait avant tout de comptoirs commerciaux qui n’avaient pas pour objectif la conquête territoriale, sauf à proximité immédiate des ports, pour assurer les cultures vivrières et la défense.

 

Egypte et Cyrénaïque

  • Vers 800 AEC, l’Egypte de la 3° période intermédiaire était  politiquement très morcelée. La 22° dynastie (945 à 715 AEC) d’origine Meshwesh / Berbère continuait à régner depuis Tanis sur une partie de la vallée. Une 23° dynastie (818 à 715 AEC) régnait parallèlement sur une partie du delta, depuis Léontopolis. Puis, en 727 AEC, en réaction vis-à-vis des évènements du Sud [cf. ci-dessous], un autre prince s’autonomisa à Saïs où il fonda la très brève 24° dynastie (727 à 715 AEC).
  • A l’époque de cet émiettement politique en Egypte du Nord, l’Egypte du Sud était en guerre : vers 750 AEC, les Kouchites conquirent la vallée du Nil jusqu’à la 1° cataracte et installèrent la 25° dynastie Egyptienne, populairement dite des ‘’pharaons Noirs’’ mais qui étaient totalement de culture Egyptienne. Dans ce contexte, plusieurs villes de Moyenne-Egypte proclamèrent leur indépendance et devinrent des cités-états en 747 AEC : Hérakléopolis, Hermopolis et Lycopolis ; ces principautés ne reconnaissaient plus les pharaons de  la 22° dynastie non plus que les Grands-Prêtres d’Amon dont le pouvoir déclinait.
  • En effet, v. 730 AEC, l’état théocratique constitué en Moyenne-Egypte par les Grands-Prêtres d’Amon (1081 à v. 730 AEC), dut se soumettre au roi Kouchite de la 25° dynastie. En réaction à cet ébranlement, une coalition se forma qui regroupait les micro-états du Nord, sous la conduite de la toute nouvelle 24° dynastie. Mais cette résistance des Egyptiens ne suffit pas pour enrayer les progrès militaires des Kouchites. En 715 AEC, ayant fini de soumettre les principules les uns après les autres, la 25° dynastie parvint enfin à contrôler entièrement l’Egypte, depuis le delta du Nil jusqu’au Nord de Khartoum (jonction des Nils bleu et blanc) ; mettant fin à l’émiettement politique et donnant à l’Egypte des frontières africaines plus étendues que celles du Nouvel Empire.

 

Sahara

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Afrique sub-saharienne

Afrique subsaharienne de l’Est

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Afrique subsaharienne de l’Ouest

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Forêt pluviale

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Afrique du Sud

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Asie Occidentale Méridionale (Levant, Proche-Orient, Moyen-Orient, Anatolie, Arabie)

Proche-Orient, Anatolie, Arabie

  • Au tout début du siècle, v. 790 AEC, devenue une puissance aux ambitions sans limites, l’Assyrie soumit les Iraniens Occidentaux Perses et Mèdes qui s’étaient installés au Nord-Ouest de l’Iran, poussant ses armes jusqu’à la mer Caspienne. Cependant, l’Assyrie traversa une crise politique entre v. 780 et 740 AEC, et le royaume se resserra une fois encore autour de ses provinces centrales.
  • Pendant cette éclipse de l’hégémonie assyrienne, les vassaux retrouvèrent leur indépendance. L’Ourartou en profita pour s’étendre dans la vallée du Haut-Euphrate et en Cilicie, mais également sur toute l’Arménie, unifiant tous les Néo-Hourrites.
  • Puis, v. 740 AEC, l’Assyrie reprit ses conquêtes et parvint une fois de plus à vassaliser la Babylonie Chaldéenne. Dans les années 740/730 AEC, elle s’étendit ensuite au détriment de ses voisins ; les Ourartéens furent alors repoussés dans leurs montagnes arméniennes. Puis, l’Assyrie tourna son agressivité vers les Levantins qui furent à leur tour vaincus dans les années 730/720. Les Philistins disparurent dans la tourmente, v. 730 AEC. Et le royaume Hébreux d’Israël (prise de Samarie par les Assyriens) en 722 AEC.
  • A partir de v. 750 AEC, il fut de nouveau question d’un royaume Elamite dans les archives du Proche-Orient ; au cours de cette période dite néo-élamite-2 (v. 750 à 646 AEC), ce nouvel et ultime Elam s’était décentré en Susiane, délaissant les collines d’Anshan désormais devenues la Perside dominée par les Perses. Après la conquête assyrienne de la Babylonie, les Elamites durent lutter pour survivre ; cependant, le combat était inégal et le royaume néo-élamite tombera en 646 AEC sous les coups des Assyriens.
  • Le Nord et le centre de l’Arabie était peuplé par des Arabes nomades. Le Sud de la péninsule restait le domaine des Ethiopiques qui commençaient à s’organiser en royaumes rivaux ; les principaux de ces états, qui laissèrent des traces à partir de v. 750, étaient Saba et Aswan. Dans ces régions du Yémen et également en Oman, le fer apparut v. 800 AEC.
  • Peu après 725 AEC, chassés par les Scythes qui s’emparaient de leur territoire ouralo-volgaïque, nord-caucasien et pontique, des groupes Cimmériens franchirent le Caucase et se mirent à dévaster le royaume *Epi-Hourrite d’Ourartou, le territoire des tribus Thraces Mushki, et le royaume de Phrygie. Ajoutant à la confusion, des bandes Scythes franchirent à leur tour les cols du Caucase sur les pas des Cimmériens ; et alternativement luttèrent contre eux et à leurs côté pour mieux razzier les populations d’Anatolie. Le détail de ces excursions dépasse le propos de l’atlas ; il suffit de mentionner que les Cimmériens attaquèrent l’Ourartou en 714 AEC, puis furent battus par les Assyriens en 705 AEC. Ils se tournèrent alors vers l’Ouest pour affronter la Phrygie. Ces déprédations des Cimmériens et des Scythes se poursuivront au cours du siècle suivant, tant en Anatolie qu’au Levant.
  • Chypre et la côte Sud de l’Anatolie étaient peuplés par les descendants des réfugiés Grecs Mycéniens installés là au cours de la tourmente de v. 1200 AEC. A l’intérieur des terres, l’Ouest de l’Anatolie était dominé par le royaume de Lydie, de langue Anatolienne issue du Louvite ; le littoral égéen de l’Anatolie était peuplé par des Grecs Ioniens au Sud et des Grecs Eoliens au Nord. 

 

Iran, Asie Centrale, Steppes Asiatiques Occidentales, Sibérie Occidentale, Altaï

Iran, Asie Centrale

  • Vers 800 AEC, le plateau iranien entra dans l’âge du fer-3 / Yaz-3 (v. 800 à 550 AEC), lequel s’inscrivait largement dans la continuité de la période précédente ; au point qu’il est même artificiel de les distinguer. Au plan céramique, succédant à la période de la poterie occidentale grise récente / LWGW (v. 1100 à 750 AEC), c’était la période de la poterie rouge gravée (v. 750 à 500 AEC). A cette époque, tout l’Iran actuel – y compris le cœur de l’ancien Elam – était déjà peuplé par des Iraniens qui devaient être organisés en confédérations tribales préfigurant les futures satrapies achéménides. Elles ont été présentées carte X. 
  • A cette époque l’existence du royaume Kayanide (v. 900 ? à 550 AEC) est probable.  

 

Steppes asiatiques, Altaï, Baïkalie et Mongolie

  • Succédant à une phase formative (v. 900 à 800 AEC) au cours de laquelle les *Proto-Saces de Begazy-Dandybai avaient adopté le pastoralisme nomade exclusif et l’archerie montée, la culture Sace de Tasmola (v. 800 AEC à 300 CE) débuta dans les steppes asiatiques par une phase Tasmola-ancienne (v. 800 à 300 AEC). Libérées du cycle de l’agriculture dans les oasis, les tribus Saces étaient devenues plus mobiles et pouvaient désormais parcourir de grandes distances, ce qui multiplia certainement les occasions de conflits entre elles, notamment en cas de tensions sur les pâturages ? En raison de cette mobilité accrue et d’une densité humaine importante, le flux génique s’amplifia entre les deux extrémités du domaine Iranien oriental : ainsi, bien que toujours très massivement de type Europoïde, les Saces des steppes du Kazakhstan commencèrent – pour la première fois dans la région – à intégrer de discrets éléments Mongoloïdes qui provenaient in fine d’échanges lointains avec les Altaïques Karasouk. Etendus sur un immense territoire, les Iraniens Saces comprenaient nécessairement plusieurs groupes en cours de différenciation : aux portes de la Chine, se trouvaient les  Yueshi / Tochares ; En Dzoungarie les Wusun étaient peut-être les Asiens / Alains ? ; Au Kazakhstan oriental, les Sauromates étaient les ancêtres des Sarmates et comprenaient peut-être les Issédons dans leurs rangs ? ; A l’Est de la mer d’Aral, se trouvaient les Massagètes ; enfin, au Nord-Ouest du Kazakhstan, les Scythes étaient les plus occidentaux de tous les Saces. Tous ces peuples partageaient une même culture, dont le style animalier était une caractéristique notable. C’est vers cette époque qu’ils adoptèrent collectivement le fer.
  • Vers 725 AEC, sous la pression des Massagètes et peut-être des Issédons, les Scythes furent précipités dans steppes de la Volga et du Pont, où ils culbutèrent eux-mêmes les Cimmériens. Contrairement aux Cimmériens, les Scythes / Saces développaient un art animalier qui pénétra donc pour la première fois dans les steppes européennes.
  • A la période Sace ancienne, la province *Karasouk occidentale [cf. carte V], était partagée en plusieurs groupes : Dans l’Altaï, cette phase est connue sous le nom de culture de Majemir (v. 800 à 500 AEC) ; Dans le Nord-Ouest de l’actuelle Mongolie, dans la région de la Tuva et le bassin de Minoussinsk, elle est connue sous le nom de culture d’Aldy-Bel ou d’Uyuk (v. 800 à 200 AEC) ; et sous le nom de culture de Tagar (v. 800 à 200 AEC) en Khakassie. Ces dénominations diverses constituent, au mieux, des faciès d’une seule et même réalité ethnolinguistique qui était très comparable à la culture Tasmola des steppes du Kazakhstan. En effet, les populations dont il est question avaient adopté toutes les nouvelles technologies qui se répandaient depuis les steppes Saces : le fer, le pastoralisme nomade intégral, et les progrès de l’équitation qui qui rendaient la guerre plus efficace grâce aux unités d’archers montés. En accord avec cet arsenal purement steppique, ces gens étaient de type Europoïde et portaient l’haplogroupe R1a, caractéristique des Indo-Européens orientaux ; d’après les chroniques chinoises, on peut les assimiler au peuple des Dilin / Diling, bien que les Chinois appelaient peut-être ainsi tous les peuples ‘’barbares’’ qui vivaient au Nord du Gobi ? Contrairement à la culture plus orientale des tombes en dalles, les sépultures étaient ici collectives et diversement aménagées (tumulus avec ou sans chambre sépulcrale, cercueils en pierre, etc.). La poterie, les chaudrons de bronze, l’art animalier et les ‘’pierres à cerfs’’ étaient en continuité avec les anciennes coutumes locales. Bien que la part des indigènes ne doive pas être minimisée à l’origine de ces groupes, il est possible qu’une nouvelle vague Iranienne orientale soit venue se fondre dans les populations locales ?

 

Baïkalie, Sibérie Orientale, Arctique

Sibérie – Arctique

  • L’immense bassin de la Léna était le domaine des Youkaghirs, peut-être séparés en deux ensembles ici qualifiés de *Proto-Youkaghirs de culture Ulakhan-Segelennyakh au Nord, et de Youkaghirs ‘’véritables’’ de culture Ust’Mil au Sud. De part et d’autre de ce bassin, vivaient les Tchouktches qui prolongeaient leur vieille culture Ymyyakhtakh.
  • Vestiges oubliés des temps paléolithiques, les Ienisseïens peuplaient le bassin de l’Ienisseï.
  • Au siècle où se termine l’atlas n°4, il semble que la poterie n’existait toujours pas au Nord-Est de l’Asie qui demeuraient techniquement au stade mésolithique ; les rives de la mer de Béring étaient toujours peuplées par des Eskimos Inuit-Yupik encore indivis, tandis que la péninsule du Kamchatka était peut-être le conservatoire des derniers Na-Dene d’Asie, lointains cousins littoraux des Ienisseïens continentaux. Malgré leur prochaine tchouktchisation, les peuples du Kamchatka conserveront jusqu’à notre époque une fréquence élevée du vieil haplogroupe C2. 

 

Chine, Mongolie, Mandchourie, Corée, Japon

Extrême-Orient (Mandchourie, Corée, Chine, Japon)

  • En Mandchourie, les Toungouses avaient laissé aux Nivkhes l’embouchure de l’Amour et probablement le littoral de la mer d’Okhotsk.
  • Vers 800 AEC, une nouvelle vague de peuplement originaire de la côte de Chine du Nord, introduisit le bronze en Corée, définissant le début de la phase Mumun moyen (v. 800 à 550 AEC). Toutefois, le bronze ne sera pas d’un usage courant en Corée avant 300 AEC. Toute la Corée fut rapidement homogénéisée au plan culturel.
  • La dynastie Chinoise des Zhou fut expulsée de la vallée de la rivière Wei en 771 AEC ; cette date est retenue pour marquer la fin de la période *Zhou-ancienne dite Zhou occidentale (1046 à 771 AEC) et la fin du pouvoir politique de la dynastie. A partir de cette date, les rois de la période *Zhou-récente / Zhou orientale (771 à 256 AEC) ne subsistèrent plus qu’en tant que force morale dans un état dilacéré par les ambitions des grands féodaux de la ‘’période des printemps et des automnes’’ (771 à 481 AEC).
  • En Chine du Sud, la culture Shi’erqiao (v. 1200/1150 à 800 AEC) des Hmong-Mien du Sichuan, fut remplacée par la culture Xinyicun (v. 800 à 500 AEC).
  • Dans la province *Karasouk orientale [cf. carte V], la culture des tombes en dalles / slab graves (v. 1200 à 500/200 AEC) persistait, probablement portée par les ancêtres des Bulgaro-Turcs Xiongnu et des Mongols Xianbei.

 

Indes

Asie du Sud (Indes, Indochine)

Situation ethnolinguistique globalement inchangée. Des objets en fer sont désormais certains au Sud du Deccan.

 

Indochine et Indonésie

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Nouvelle-Guinée, Australie, Tasmanie, Océanie

Malaisie, Australie, Océanie

  • Le Proto-Polynésien-Nucléaire se forma dans les îles Samoa. C’est v. 800 AEC que des groupes s’élancèrent à la conquête de la poussière d’îles qu’ils habitent encore, laissant les Samoans en arrière.
  • A l’époque où se termine l’atlas n°4, deux grandes îles de la planète restaient encore vides d’humains et pour longtemps : Madagascar qui ne sera peuplée que v. 650 CE par des Austronésiens originaires de Bornéo ; et la Nouvelle-Zélande qui ne sera atteinte que v. 1250 à 1300 CE par les Maoris, d’autres Austronésiens appartenant au groupe Polynésiens.

 

Europe Centrale et Occidentale

Europe atlantique (Ouest-Centre & Ouest-Nord)

  • Adoptée en Europe centrale v. 800 AEC, la métallurgie du fer marginalisa rapidement la vieille koinè atlantique Q-Celte ; en effet, la principale justification de celle-ci avait été le commerce de l’étain que la sidérurgie rendait maintenant beaucoup moins utile. C’est probablement parallèlement à ces changements technologiques du monde hallstattien-C, que la prononciation du celtique d’Europe centrale puis d’Europe atlantique évolua en ce que les anciens linguistes ont appelé le p-celtique. Les modèles de progression de la nouvelle prononciation, et jusqu’à l’existence même de la distinction q-celtique / p-celtique ont cependant été contestés par les modernes. Pourtant, le lien entre la maîtrise du fer et la diffusion des langues p-celtiques / *gallo-brittoniques ne peut pas être balayé d’un haussement d’épaule ; en effet, depuis le début de la course aux technologies, nous avons vu que chacun des nouveaux progrès a donné aux peuples qui le maitrisaient les premiers, un avantage sur leurs voisins qui ne le maitrisaient pas encore [cf. atlas n°3 et n°4]. Devenus plus forts grâce à la maitrise du fer, les premiers P-Celtes connurent une phase d’expansion rapide qui les conduisit à recouvrir presque tous les anciens groupes Q-Celtes et Ligures d’Europe atlantique. Bien sûr, ces populations indigènes constituèrent un substrat dont le rôle ne doit pas être minimisé.
  • Vers 750 AEC, sous l’impulsion de ce dynamisme porté par le fer, des groupes de culture Hallstatt-C, pénétrèrent dans la péninsule hispanique en passant au Nord-Ouest des Pyrénées ; ce sont eux qui firent basculer l’Espagne et le Portugal dans l’époque du Fer-Ibérique-1 / FI-1 (v. 750 à 500 AEC). Continuant sur sa lancée, ce mouvement atteignit l’Extremadura espagnole et le Sud du Portugal (Algarve et Alentejo). Les vestiges matériels évoquent fortement ceux des groupes Français du début du Hallstatt-C, lesquels étaient potentiellement P-Celtiques comme nous venons de le voir. L’existence de Bituriges dans leurs rangs renforce l’hypothèse P-celtique, bien que des éléments Celtibériques (Vaccéens et Vetonnes ralliés au passage ?) aient aussi fait partie du mouvement. En Ibérie du Sud-Ouest, la Nation des Celtici se forma à partir de cet ensemble hétéroclite de tribus locales et étrangères, qui s’interpénétraient peut-être en mosaïque.  Plus au Sud, les Cynètes / Conii étaient peut-être des Q-Celtes proches des Tartessiens, devant lesquels se serait arrêtée l’intrusion P-Celte ?
  • Le mouvement dont il vient d’être question avait peut-être longé la côte du Portugal ? Isolant ainsi les derniers Epicampaniformes Lusitaniens dans l’intérieur du pays et dans la région espagnole adjacente. La Meseta espagnole et l’Andalousie demeuraient quant à elles des provinces Q-Celtes.
  • Les Q-Celtes des champs d’urnes avaient autrefois délaissé la rive gauche de l’Ebre et ses affluents dévalant depuis les sommets des Pyrénées. Jusqu’à l’époque où nous sommes parvenus, ces régions avaient été contournées par les grands mouvements humains, conformément à la règle bien connue du conservatisme montagnard. De ce fait, les habitants de ces régions montagneuses conservaient toujours un fond indigène post-cardial, disparu partout ailleurs ; ils parlaient l’Euskarien, une langue non-indo-européenne qui était l’héritière du vieux Sémitidique local, enrichi de mots empruntés aux peuples nouveaux en même temps que leurs technologies. Invoquant l’archaïsme de leur langue, on serait en droit d’avancer que les ancêtres des Basques sont toujours restés à l’abri des flux géniques qui parcouraient les plaines et n’ont acquis les nouvelles technologies successives que par l’intermédiaire de diffusions indirectes. Pourtant, la génétique moderne ne permet plus de dire cela car les hommes Basques expriment très massivement l’haplogroupe ADN-Y R1b, qui est absolument caractéristique des Indo-Européens occidentaux ! Et même, précisément, un sous-type de R1b qui est caractéristique des Celtes de la côte atlantique. Que s’est-il passé pour expliquer qu’une population de langue non-indo-européenne exprime majoritairement un haplogroupe typique des Indo-Européens ? Probablement ceci : où que l’on se situe sur la Terre et quelle que soit l’époque, il arrive que des petits groupes d’envahisseurs masculins, insuffisamment accompagnés de femmes de leur propre ethnie, parviennent à s’imposer dans un territoire étranger grâce à leur supériorité militaire. Si ces hommes étrangers sont victorieux des indigènes, cela signifie que de nombreux jeunes hommes indigènes (haplogroupes ADN-Y indigènes) sont tombés victimes de la guerre, soit qu’ils aient été tués sur le champ de bataille, soit qu’ils aient été massacrés à l’issue des combats, ou, au mieux pour eux, marginalisés aux rangs inférieurs de la nouvelle société. Les envahisseurs victorieux étant des jeunes hommes dépourvus de femmes (où n’ayant pas beaucoup de femmes de leur ethnie avec eux), ceux-ci contractent nécessairement des unions avec les femmes indigènes de l’ethnie vaincue ; unions légitimes ou pas aux yeux de leur coutume, et auxquelles s’ajoute un concubinage ancillaire actif et inévitablement fécond. Toutes ces femmes indigènes, légitimes ou non, donnent par conséquent de nombreux enfants métis aux envahisseurs vainqueurs : selon les lois de la génétique, tous les garçons issus de ces rencontres portent nécessairement les haplogroupes ADN-Y de leurs pères envahisseurs ; mais puisqu’ils sont élevés par leurs mères indigènes, ils en apprennent la langue. Ceux d’entre eux que leurs pères considèrent comme ‘’légitimes’’ ou ‘’intéressants’’, deviennent probablement bilingues à la première génération ; mais une grande partie des autres enfants ne parle quotidiennement que la langue indigène, pigmentée par quelques termes techniques et militaires étrangers, qu’ils ont appris de leur père et seigneur. Si, à partir de ce stade, aucun apport populationnel majeur ne survient plus en provenance des régions d’origine des vainqueurs, il devient rapidement plus pratique pour chacun de parler quotidiennement la langue indigène puisque tout le monde la connaît bien, tandis que la langue intrusive n’est connue que par une poignée d’individus de l’upper-class qui la maitrisent de moins en moins bien, faute de l’utiliser en toutes occasions. Très peu de générations suffisent alors pour que cette situation bancale engendre une nouvelle population homogène, caractérisée à la fois par une langue indigène et un haplogroupe ADN-Y étranger. En effet, tous les hommes socialement élevés étant désormais porteurs de l’haplogroupe ADN-Y étranger et – du fait de leur position dominante – étant en capacité de faire beaucoup d’enfants aux femmes indigènes, cet haplogroupe étranger devient vite majoritaire dans la population toute entière. Bien entendu, à l’inverse, les haplogroupes mtADN – transmis par les mères – demeurent parfaitement de type indigène mais sont eux aussi portés par l’ensemble de la nouvelle ethnie métis, y compris par les chefs, qui sont les descendants directs des femmes indigènes des premiers conquérants. Ceci est davantage qu’un simple scénario, car c’est la seule façon d’expliquer la situation que l’on observe chez les Basques, qui expriment un haplogroupe ADN-Y Indo-Européen combiné à des haplogroupes ADN-mt et à une langue indigènes. Quand cela s’est-il passé ? Vers 2600/2200 AEC, quand les Campaniformes se répandaient en Europe occidentale ? Vers 1000 AEC, quand les Q-Celtes des champs d’urnes de Catalogne remontaient la vallée de l’Ebre ? Ou plus tard, vers 750 AEC quand de nouveaux groupes Celtes – potentiellement P-Celtiques cette foisci – descendirent en Espagne via les cols des Pyrénées ? Sans certitude aucune, c’est cette dernière option qui est choisie ici, même s’il est possible que le phénomène expliqué ci-dessus se soit reproduit plus d’une fois ?
  • Avec les Basques – géographiquement très proches – les Ibères font partie des huit peuples anciens qui constituent les principales épines de la protohistoire européenne. Les Anciens s’interrogeaient sur ce peuple dont ils ont vu la trace en divers lieu d’Europe Occidentale : en Espagne Catalane et du Levante bien sûr, ainsi qu’en France Aquitaine et Languedocienne où la présence de ‘’véritables’’ Ibères était une réalité contemporaine au début de l’époque romaine, mais également dans les îles britanniques où le nom de l’Irlande / Hibernia était erronément rattaché au leur, et aussi dans toute l’Italie préromaine et en Sicile / Sicanie où le peuple des Sicanes était classiquement considéré comme d’origine Ibère. Notons dès à présent que cette très large implantation géographique couvre une bonne partie de l’Europe Occidentale que nous avons attribuée au peuple *Campaniforme [cf. par exemple carte S] ; ce qui laisse penser que les anciens ont souvent confondu les peuples Ligures et Ibères. De leur côté, presque tous les auteurs modernes s’accordent à reconnaitre aux Ibères qu’ils étaient un peuple à la fois non-indo-européen et indigène de l’Espagne. Nous venons de dire que ce peuple, les Romains le trouveront installé sur la côte méditerranéenne de Catalogne et du Levante. Mais ce fait géographique est embarrassant si l’on tient à le prolonger dans un passé plus lointain, en s’efforçant de croire à sa stabilité depuis le néolithique. En effet, dès v. 2600 AEC, le peuple *Campaniforme – dont nous avons longuement explique qu’il faut en faire une composante du groupe Yamnaya occidental – se répandit dans toute la péninsule hispanique et s’implanta en Catalogne, en prélude à sa conquête rapide des côtes françaises et Italiennes ; dès cette époque, donc, les langues sémitidiques post-cardiales durent être bien malmenées en Espagne. Ensuite, les cultures des groupes *Epicampaniformes continuèrent à évoluer en Hispanie. Il est possible que ceux de Catalogne aient été plus proches des groupes de l’Est de la France et du Languedoc et aient été des Ligures *Vieux-Ibères, tandis que ceux du reste de l’Hispanie devenaient les Ligures Lusitaniens. Ensuite encore, l’Hispanie connut l’invasion des Champs d’Urnes Q-Celtes venus d’Europe centrale v. 1150 AEC, et dont il est particulièrement intriguant de constater la forte implantation en Catalogne et sur la côte Levantine, c’est-à-dire précisément dans les régions côtières où vivront plus tard les Ibères. A moins de nier ces faits et de contester la nature Indo-Européenne des Ligures et des Celtes, on est donc obligé de faire l’hypothèse d’une implantation tardive des Ibères dans ces régions côtières de l’Espagne. S’il en fut bien ainsi, deux autres questions se posent en complément : D’où venaient ces Ibères implantés tardivement sur la côte ? Et avaient-ils quelque chose à voir avec les Basques et avec les Aquitains ? Le raisonnement est alors le suivant : on peut se demander si, v. 700 AEC, le groupe sidérurgique *Proto-Basque, installée sur la rive gauche du Haut-Ebre / Iberis, n’aurait pas profité d’une faiblesse des Q-Celtes de la côte – encore à l’âge du bronze des champs d’urnes récents (v. 1000 à 700 AEC) – pour s’imposer à leur place en Catalogne et sur la côte du Levante espagnol ? Ceci en prélude à leur infiltration plus tardive au Sud de la France jusqu’au delta du Rhône ; et plus tardive encore en Aquitaine ? Pour que cette hypothèse ait des chances d’être vraie, il faudrait que les langues Basques, Aquitaines et Ibères aient fait partie d’un même groupe linguistique. Cet apparentement linguistique n’est pas contesté pour le Basque et l’Aquitain. En revanche, de nombreux linguistes – mais pas tous – rejettent une étroite affiliation du Basque et de l’Ibère. Mais cette position tient peut-être à un simple décalage temporel des sources et à l’indigence des vestiges de la langue Ibérique : en effet, malgré son ancienneté évidente, la langue Basque n’est connue avec précision que depuis 1400 CE, tandis que les maigres inscriptions lapidaires des Ibères oscillent dans le temps autour de 500 AEC, ce qui signifie qu’elles sont globalement plus vieilles de 2000 ans ! Les linguistes qui s’accommodent de ce gap temporel font remarquer que le Basque moderne et l’Ibère antique partagent quand même bien des éléments identiques, phonétiques, morphologiques et lexicaux ; ils se souviennent aussi de Strabon qui disait que les Ibères ressemblaient davantage aux Aquitains qu’ils ne ressemblaient aux Celtes. En tant que peuple, les Ibères se dérobent largement à l’archéologie parce que leur civilisation résultait d’influences multiples : influences anciennes de leur substrat Ligure et Q-Celte, et influences modernes Grecques et Phéniciennes qui unifiaient à leur façon la culture de tous les peuples côtiers de Méditerranée occidentale. On ne sait pas grand-chose, non plus de leur religion ; mais étant donné le raisonnement qui précède, elle ne devait pas être très différente de celles de leurs voisins.
  • En Andalousie, les rares inscriptions laissées par le royaume de Tartessos furent écrites avec les caractères alphabétiques phéniciens de la fin du IX° siècle AEC. Elles semblent transcrire une langue Q-Celte ainsi que cela a été montré récemment. A ce propos, dès le début du XX° siècle, le nom du roi tartessien Arganthonios avait été rapproché de la langue Celtique, dans laquelle le mot ‘’argent’’ se disait ‘’argenton’’. Le mot Celtibère correspondant serait arka(n)ta, qui est exactement de même forme. L’hypothèse selon laquelle Tartessos aurait pu être une implantation Tyrrhénienne ou Anatolienne découlant de l’aventure des ‘’peuples de la mer’’ n’est donc pas confortée par la linguistique, même si la présence de communautés Tyrrhéniennes en ces lieux n’aurait rien de plus invraisemblable qu’en Sicile, en Sardaigne et en Toscane. De manière bien mieux assurée, c’est v. 800 AEC, que les andalous tartessiens laissèrent des comptoirs commerciaux phéniciens se développer sur leurs côtes ; ces étrangers furent certainement bien accueillis parce que – outre leur exotisme fascinant – leur présence donnait surtout aux aristocrates tartessiens une belle occasion de s’enrichir en participant à un commerce à longue portée. C’est surtout à partir de v. 750 AEC que cette dynamique influença considérablement la culture locale qui atteignit la phase Tartessos-B / Tartessos orientalisant (v. 750 à 540 AEC). Cette époque – dont le début coïncide avec le début local de l’âge du fer / FI-1 – est également dite coloniale en raison de l’étroit partenariat qu’entretenait l’aristocratie tartessienne avec les colonies commerciales phéniciennes, en particulier celles de Gadir / Cadix et de Malaka / Malaga (fondée v. 800 AEC). En quelque sorte, l’époque orientalisante de Tartessos fut celle d’une culture mixte, tartesso-phénicienne. Les rites funéraires laissaient désormais une place aux incinérations, bien que les inhumations et les tumulus n’aient pas disparu. Imitant les Phéniciens, mais avec retard et avec moins de succès qu’eux, les Grecs implanteront à leur tour des comptoirs sur les côtes de Tartessos, pour commercer avec ce royaume ultime du Far-West méditerranéen. Grâce à la reprise des relations commerciales mondiales – dont témoigne précisément l’existence même de ces comptoirs – le royaume de Tartessos devint riche. Peut-être le commerce était-il centré sur la production locale de l’argent du Riotinto, qui pourrait avoir été très abondante ? Des relations avec l’Afrique du Nord ont fait penser que Tartessos pourrait également avoir été la plaque tournante par où transitait et était manufacturé l’ivoire africain, dont les anciens faisaient un usage considérable dans toute la Méditerranée ?
  • Vers 800 AEC, des gens de culture Hallstatt-C occidental – potentiellement P-Celtiques / *Gallo-Brittoniques – se répandirent très rapidement en France du Nord-Est et du Centre. Ayant atteint la côte de la Manche, certains de leurs groupes passèrent en Grande-Bretagne où ils introduisirent le fer dès cette époque [cf. ci-dessous]. Dans le Centre de la France l’introduction du fer ne changea que très peu la culture matérielle des populations ; ce qui fait penser à une acculturation des populations locales. Le mouvement atteignit rapidement le Sud-Ouest du Massif Central où l’âge du fer commença là aussi v. 800 AEC. Ensuite, c’est depuis cette région que le fer fut introduit en Aquitaine *Liguro-Q-Celte aux alentours de 750 AEC, juste avant de diffuser en Espagne [cf. ci-dessus] ; toutefois, le bronze restera encore largement utilisé en Aquitaine jusque v. 550 AEC, ce qui pourrait signifier que les intrus ne firent essentiellement que traverser la région avant de s’installer dans la péninsule hispanique ? La grande vague sidérurgique P-Celtiques / *Gallo-Brittoniques de v. 800 AEC épargna pour un temps la France du Sud-Est (Est du Rhône, Alpes et côte méditerranéenne), et du Nord-Ouest (Grande-Armorique). Dans le Sud-Est de la France, l’âge du fer débuta seulement v. 750 AEC, c’est-à-dire un peu plus tard qu’au Nord ; comme en Aquitaine, il s’agissait peut-être d’une simple acculturation des populations indigènes Ligures. Elle aussi épargnée par l’intrusion hallstattienne, la grande-Armorique se retrouva marginalisée dans le nouveau chapitre de la protohistoire occidentale qui s’ouvrait avec le fer. Pendant près de 1500 ans, la ‘’Cassitéride’’ avait été le point de convergence de la koinè de l’étain, puisqu’elle était la principale productrice de ce métal indispensable à la production d’un bronze de qualité. Mais maintenant que la technologie du fer se répandait dans tout l’Occident, la Grande-Armorique perdit toute importance et redevint un bout du Monde / Finis Terrae à l’écart du progrès. La phase ultime du bronze local est dite Gundlingen (v. 800 à 700/600 AEC). Il est vraisemblable que ces gens parlaient toujours une langue q-celtique. Les Vénètes devaient déjà se trouver parmi eux depuis longtemps.
  • Dans le Sud des îles britanniques, l’âge de bronze ‘’intégral’’ prit fin v. 800 AEC avec l’introduction de la métallurgie du fer en provenance du continent. En effet, les objets britanniques en fer (dont les épées typiques de Hallstatt) étaient clairement identiques à ceux de la culture continentale de Hallstatt-C (v. 900/800 à 650 AEC). Toutefois, y compris au Sud de l’Angleterre où s’implantait la nouvelle technologie sidérurgique, les gens continuèrent d’utiliser massivement le bronze au point que la période est appelée alternativement Bronze-Récent-3 / BR3 (v. 800 à 600 AEC) ou Fer-Ancien-1 (v. 800 à 600 AEC). Cette mixité des techniques du bronze et du fer pourrait signifier que les continentaux hallstattiens qui venaient de se superposer aux indigènes insulaires, mirent quelque temps avant de se fondre dans la population. On peut penser que ces artéfacts témoignent de l’arrivée des premiers P-Celtes / Brittoniques dans les îles britanniques, où ils s’imposèrent peu à peu aux communautés Q-Celtes locales avant de fusionner avec elles et de les dominer linguistiquement. Ces P-Celtes insulaires de l’époque de Hallstatt pourraient avoir été les premiers Pictes ! En effet, le ‘’livre des conquêtes’’ indique que les Cruithnig arrivèrent en Irlande ‘’deux générations’’ après l’arrivée des Goidels [cf. ci-dessous et note]. Or, chez les Q-Celtes d’Irlande, le mot ‘’Cruithnig / Cruteni / Cretani’’ correspond vraisemblablement à ce qui aurait était  prononcé ‘’Pretani’’ par les P-Celtes ; ce mot ‘’Pretani’’ étant lui-même à l’origine de la forme ‘’Bretani / Britani’’, nom que les anciens donnèrent aux populations qu’ils rencontrèrent au Sud des îles britanniques
  • . D’ailleurs, le peu que nous savons de la langue disparue des Pictes, la situe du côté du p-celtique ; faisant potentiellement d’eux des P-Celtes insulaires Hallstattiens, qui furent plus tard repoussés vers le Nord par les P-Celtes Laténiens (i.e. Gaulois) puis par les Belges ; qui sont tous des peuples que rencontrèrent les Romains lorsqu’ils envahirent à leur tour la future Angleterre. Toutefois, l’Ecosse du VIII° siècle AEC devait encore être Q-Celte, puisque l’âge du fer ne commença localement que v. 700 AEC.
  • En Irlande, les populations de la période de Dowris-B (v. 800 à 500 AEC) restèrent hermétiques à la technologie du fer et vécurent longtemps dans un âge du *bronze-ultime. Ce conservatisme technologique irlandais est intéressant quand on le superpose au conservatisme linguistique de ces mêmes Irlandais, demeurés Q-Celtes jusqu’à notre époque (peuple des Goidels / Gaëls). Il est cependant possible que l’Irlande de cette époque ait servi de terre d’accueil à des réfugiés Q-Celtes d’Ibérie qui voulaient se soustraire aux pressions hallstattiennes ? Cela à condition de croire que les légendes contiennent une part de vérité !
  • Que penser de tout cela ? Près de 1500 ans plus tôt, v. 2200 AEC, l’apparition du bronze véritable avait rendu l’étain indispensable et un réseau commercial s’était formé entre l’Allemagne et les Cassitérides à la pointe Nord-Ouest de la côte atlantique Nord. C’est dans cette koinè fluide – peut-être déséquilibrée par l’importance démographique des groupes d’Europe centrale – qu’avait évolué la communauté linguistique q-celtique.  Mais v. 800 AEC, l’apparition de la technologie du fer modifia le centre de gravité du monde occidental, en rendant l’étain moins vital. Contrairement aux gisements d’étain, rares et très localisés au Nord-Ouest de l’Europe, les gisements de fer étaient nombreux et bien répartis sur tout le continent et en particulier en Europe centrale où les gens n’avaient plus besoin de personne pour produire ce nouveau métal de grande qualité. Ainsi, la vieille koinè nord-atlantique perdait désormais une grande partie de sa raison d’être aux yeux des Celtes de l’Europe centrale. De ce fait, l’extrémité occidentale du vieux réseau nord-atlantique cessa d’être irriguée par les nouvelles modes continentales et figea des formes linguistiques qui parurent de plus en plus obsolètes pour des oreilles d’Europe centrale. Ainsi, la moindre circulation des gens et des idées accentua la divergence dialectale au sein du monde Celtique.
  • Aux Pays-Bas, la culture des champs d’urnes du Bas-Rhin (v. 1200 à 800 AEC) –  influencée depuis 4 siècles déjà par la culture des champs d’urnes – fut acculturée v. 800 AEC aux technologies du fer ancien qui provenaient de la culture Hallstatt-C occidental. Comme v. 1200 AEC, il est possible que ces innovations aient essentiellement résulté d’une acculturation, sans intrusion Celte substantielle

 

Europe méditerranéenne (Ouest-Sud)

  • La Provence, les Alpes et la Ligurie italienne de l’époque demeuraient le domaine des Ligures qui restaient des peuples attardés dans l’âge du bronze. Ce n’est que v. 700 AEC que le fer pénétra dans ces régions. De même, les régions à l’Est du Rhône furent pour un temps épargnées par le mouvement hallstattien et demeurèrent donc probablement à la fois bronzières et Q-Celtes
  • L’étude de l’Italie du VIII° siècle AEC conduit inévitablement à discuter le problème Etrusque. Avec les Campaniformes que nous identifions aux Ligures, les Vénètes, les Illyriens, les Basques, les Ibères, les Celtes des îles Britanniques et les Italiotes d’Italie, les Etrusques sont l’une des huit épines majeures de la protohistoire européenne. Ce qui justifie le long développement qui va leur être consacré. D’où venaient-ils ? Et quand arrivèrent-ils en Italie ? Depuis l’antiquité, la thèse de leur autochtonie s’oppose à celle de leur origine égéo-anatolienne. Pourtant, l’éclairage croisé de plusieurs sciences conduit à affirmer que les Etrusques provenaient bien du monde égéen et n’arrivèrent en Italie que peu de temps avant l’efflorescence de leur civilisation remarquable :
  • La linguistique et l’onomastique : Tant que la langue Etrusque apparaissait comme indéchiffrable, la thèse ‘’indigène’’ était confortée par le raisonnement basique suivant : ‘’langue incompréhensible = langue indigène’’, puisqu’on ne savait rien des anciennes langues de l’Europe et que l’on croyait connaitre celles de la Méditerranée orientale. Mais l’obstination des linguistes a permis d’importants progrès et il est peu à peu devenu consensuel que l’Etrusque était une langue apparentée à l’Indo-Européen, dont il constituait une forme basale venant donner du corps à l’hypothétique stade 1 de Brugmann. Tout au long de cet atlas n°4, nous avons appelé ‘’Tyrrhénien’’ ou ‘’Pélasgien’’ le groupe des langues appartenant à ce pseudo-stade 1 qui s’était forgé à l’occident des steppes pontiques de Sredny-Stog-2, dans la même matrice que l’Anatolien (stade 2), tandis que le ‘’véritable’’ Indo-Européen (stade 3) se forgeait plus loin à l’Est, dans les steppes ouralo-volgaïques. Confortant cette réflexion, la découverte des inscriptions de Lemnos, a rendu évident qu’une langue très proche de l’Etrusque était encore en usage v. 600 AEC au Nord de la mer Egée. L’étroite parenté de ces deux langues géographiquement éloignées aurait été impossible si les ancêtres des Etrusques historiques avaient été des indigènes de l’Italie, ou s’ils étaient partis s’y installer très anciennement. Par ailleurs, il apparait que les noms de plusieurs sites Etrusques d’Italie avaient des équivalents dans le monde égéen ancien. Enfin, le nom même des ‘’Tu(r)sci / Etrusques’’ pourrait être lié à celui des ‘’Teresh’’, l’un des ‘’peuples de la mer’’ qui attaqua les Egyptiens ; à celui des ‘’Turrhenoi / Tyrrhéniens’’ connus des Grecs Attiques ; et à celui des ‘’Tursanoi’’ transmis par les Grecs Doriens. Pour aller plus loin, le nom des ‘’Teresh’’ peut à son tour être rapproché du nom de Tarui(sha) / *Tarui, une ville mentionnée dans les textes Hittites et qui pourrait bien être Troie ou de celui de to-ro-ya (troyenne ?) qui apparait à propos d’une femme esclave sur les tablettes linéaires-B de Pylos ; et/ou encore du site de ‘’tu-ri-so’’ (habitants ‘’tu-ri-si-jo’’), c’est-à-dire de Tylissos localisé sur la côte Nord de la Crète. Sur un sujet moins sensible que celui de l’origine des Etrusques, de telles conjonctions emporteraient l’adhésion de tous en faveur de leur origine égéenne Pélasgienne.
  • La génétique : Des études génétiques ont montré des parallèles nets entre les Toscans de souche de notre époque, et les populations de l’Egée, des Balkans et d’Asie Mineure ; or, ces régions sont précisément celles où ont longtemps vécus les Tyrrhéniens. Les haplogroupes ADN-Y introduits devaient former un mélange de E1b1b, G2a, J1, J2, R1b-M269* et R1b-Z2103.
  • L’archéologie. Contrairement à ce qui a régulièrement été avancé par les tenants de l’autochtonie des Etrusques – qui avaient impérativement besoin de cet argument –, il n’est pas licite d’associer aux Etrusques les cultures italiennes protovillanovienne et/ou villanovienne. En effet, ces cultures – qui correspondent à deux vagues successives de peuplement de l’Italie – étaient clairement originaires d’Europe centrale : respectivement du monde des champs d’urnes, puis du monde de Hallstatt. Si la civilisation des Etrusques du VIII° siècle AEC présentait bien une authentique composante villanovienne, c’était tout simplement parce que les premiers Etrusques avaient débarqué dans une région colonisée 100 à 150 ans plus tôt par des Osco-Ombriens / P-Italiotes / villanoviens. Dans cette Italie Centrale déjà Italiote, les Etrusques s’imposèrent aux Ombriens du littoral et devinrent les cadres dirigeants de la nouvelle société coloniale qu’ils mettaient en place. L’imposition d’une aristocatie Etrusque au peuple Ombrien est à l’origine de l’association abusive que firent beaucoup de chercheurs entre la culture Villanovienne et les Etrusques, parce que cette culture ne disparut pas à la suite de leur intrusion. A ce propos, Pline dit que les Etrusques vainquirent 300 citées (pagus) qui appartenaient jusque-là aux Ombriens, dont celles d’Emilie-Romagne où Bologne fut une ville ombrienne. Au début de la culture Etrusque, la coexistence de deux rites funéraires conforte la réalité de cette société mixte : en effet, entre v. 750 et 700 AEC, parallèlement au maintien du rite incinérant des Villanoviens Ombriens, on assista au développement de sépultures à inhumations ; ce qui pourrait signifier que c’est à cette époque qu’un nouveau groupe ethnique – les Etrusques – était soudain apparu sur le territoire des Ombriens où il avait importé ses rites funéraires inhumants. Les cultures véritablement Italiques étant donc étrangères à l’origine des Etrusques, est-il possible de rattacher précisément leurs réalisations matérielles au monde égéen ? La réponse est positive. Elle est fondée sur les rites funéraires comme nous venons de le voir ; sur l’architecture hydraulique des Etrusques (citernes, conduites d’eau) qui avait des parallèles plus anciens dans le monde égéo-crétois ; sur les poteries de type bucchero, caractéristiques de l’art étrusque dès le VII° siècle, et qui avaient aussi des parallèles dans le monde égéen ; sur les armes qui présentent là encore des similitudes ; et jusque sur le costume et la coiffure des premiers Etrusques, qui avaient de très forts parallèles dans le monde égéen.
  • L’alphabet. Les Pélasges / Tyrrhéniens auraient été les premiers Egéens à se servir des lettres alphabétiques, empruntées aux Phéniciens entre v. 900 et 800 AEC. Au siècle suivant, c’est dès le moment où la civilisation Etrusque apparut en Italie, que l’on vit également apparaître l’alphabet en Italie, dès la seconde moitié du VIII° siècle AEC. Tout cela venait clairement et directement d’orient ; et l’on ne voit pas bien ce qui aurait pu inciter de purs indigènes de la marginale Italie, à adopter si rapidement cette nouvelle pratique qui balbutiait encore dans ses contrées d’origine.
  • Les auteurs Grecs anciens. Des auteurs Grecs ont expressément écrit que les Pélasges de la mer Egée se sont réfugiés en Etrurie. Hellanicos de Lesbos dit qu’ils étaient les ancêtres des Tyrrhéniens / Etrusques historiques, et que le chef qui conduisit leur migration en Italie s’appelait Nanas, nom de personne qu’il est impossible de ne pas rapprocher de celui d’Enée ! Ceci explique peut-être pourquoi, beaucoup plus tard encore, Plutarque disait que les Pélasges étaient les ancêtres des Romains (cf. le village de Palantium qui occupait le site de Rome selon l’Eneide). 
  • La légende romaine. La migration des Etrusques pourrait avoir laissé des traces dans la légende des origines troyennes de Rome. S’il est impossible de s’appuyer sur la chronologie du récit de voyage que nous appelons l’Enéide, les étapes géographiques de l’épopée virgilienne sont assez éloquentes : Après avoir quitté Troie et fait une brève escale en Thrace, les troyens rallièrent tout d’abord Ortygie, une île de la mer Egée également appelée Pélasgie (île des Pélasges), qui est notre moderne Délos. Apollon de Délos / Pélasgie ayant conseillé aux troyens de s’établir sur la terre de leurs ancêtres, Anchise proposa de partir pour la Crète, la patrie de Teucros, l’un des ancêtres fondateurs de la famille royale de Troie. A cette époque, la Crète venait de se soulever contre son roi Idoménée, et l’avait chassé du pouvoir. Profitant de ce désordre, les troyens fondèrent en Crète la ville de Pergame. Mais une épidémie les obligea à reprendre la mer et à consulter de nouveau Apollon de Délos qui leur fit alors comprendre que la terre de leurs ancêtres était en réalité l’Hespérie / Italie, patrie de Dardanos, un autre ancêtre fondateur de la dynastie troyenne. Partis derechef pour l’Italie, les troyens suivirent cependant une route étrange qui les conduisit en Epire. Là, Enée et ses hommes visitèrent l’oracle de Zeus Pélasgien à Dodone et eurent également l’occasion de croiser le promontoire d’Actium, où ils purent à loisir se féliciter de la future victoire d’Auguste. Reprenant ensuite une route plus logique, les troyens parvinrent en Sicile et, après avoir fait escale sur la côte orientale, abordèrent la pointe occidentale de l’île à Lilybée / Marsala, c’est-à-dire en plein territoire Elyme. Anchise mourut en ces lieux et fut enterré à Drepanum / Trapani, près du sanctuaire de Vénus qui l’avait autrefois aimé. C’est alors que s’intercala l’épisode du voyage d’Enée à Carthage où il tomba amoureux de Didon, mais où il dut renoncer à cet amour pour assumer son devoir patriotique. Car l’Italie était le but du voyage ! Une nouvelle escale à Trapani permit aux Troyens qui ne souhaitaient pas aller plus loin, de s’établir à demeure en Sicile. Arrivé en Italie, Enée fit escale à Cumes que – contrairement à la côte toute proche de la Grèce – la grande île d’Eubée s’était attardée dans le style Protogéométrique jusque v. 750 AEC, et que ceci pourrait avoir signifié le maintien prolongée d’une population Tyrrhénienne. Ainsi, la Cumes des origines pourrait avoir été une citée Pélasgienne ; ce qui serait logique étant donné son important sanctuaire d’Apollon qui nous ramène au monde égéen ; et ce qui est parfaitement cohérent avec tout le reste de l’Enéide. A la suite de son excursion en Epire, la visite de Cumes permit à Enée de refaire un peu de politique fiction : sa descente aux Enfers lui donna l’occasion de passer en revue toute la future lignée d’Auguste ! Curieux Enfer peuplé de gens qui n’étaient pas encore nés.’]pour consulter la Pythie, puis remonta la côte Tyrrhénienne et aborda au Latium. Ce Latium de l’Enéide était déjà peuplé de Latins. Malgré la bienveillance de leur roi Latinus, les Latins voulurent chasser les intrus. Enée rechercha alors l’alliance des Etrusques et prit même immédiatement la tête d’une alliance étrusco-troyenne. Curieuse alliance du père des Romains historiques, avec les premiers ennemis historiques de ceux-ci ! Après maints épisodes romanesques, les Troyens l’emportèrent et s’unirent aux Latins ; prélude à la gloire de Rome. Que retenir de tout cela en tentant de simplifier la légende ? Qu’après l’effondrement de leur civilisation, des réfugiés venus des rivages de l’Asie Mineure et des îles de la mer Egée s’établirent en Crète. Puis que des nouveaux évènements les conduisirent à partir pour l’occident où ils passèrent par la Sicile, avant de pousser jusqu’en Italie centrale. Dans cette région déjà habitée par les Latins, ils firent corps avec les Etrusques au point de ne former qu’une seule et même armée avec eux ; et cette armée conquérante parvint à s’imposer aux indigènes. N’est-il pas légitime de se demander si, dans cette histoire, les Troyens n’étaient pas en réalité des Etrusques égéens qui avaient le projet de s’établir en occident et qui devaient pour cela parvenir à s’imposer par la force aux indigènes Italiques ?
  • Au total, la véritable protohistoire des Etrusques pourrait avoir été la suivante. Issus de Sredny-Stog-2, les Tyrrhéniens / Pélastes / Pélasges avaient été le premier groupe steppique à pénétrer en Europe v. 4200 AEC [cf. carte J]. Là, ils s’étaient établis dans les Balkans et sur une grande partie de l’Europe centrale, et avaient même poussé des ramifications jusqu’en Italie. Dans les Balkans, ils furent rejoint v. 3600 AEC par des Anatoliens, c’est-à-dire par leurs proches parents dont ils s’étaient séparés 500 ans plus tôt seulement, et dont la langue devait encore comprise par eux  [cf. carte L] ? Puis, v. 3100 AEC, c’est-à-dire plus de 1000 ans après leur installation dans les Balkans, l’arrivée massive des Indo-Européens occidentaux avait profondément bouleversé le paysage ethnique du Sud de l’Europe [cf. carte N]. Chassés hors de chez eux par ces intrus, de nombreux Tyrrhéniens / Pélasges s’étaient alors réfugiés sur les rivages égéens, insulaires et continentaux (Grèce, Anatolie) ; c’est ce mouvement qui fut à l’origine de la première ville de Troie v. 3100 AEC. Après cela, en dépit des intrusions Anatoliennes en Anatolie et en Grèce (v. 2200 et 1900 AEC) [cf. carte R], puis de l’intrusion des Grecs Mycéniens en Grèce péninsulaire (v. 1700 AEC) [cf. carte T], le fond de la population des rivages égéens était demeuré globalement inchangé pendant près de 2000 ans, c’est-à-dire était demeuré massivement Tyrrhénien / Pélasgien.  Ainsi, lorsque la grande île de Crète fut intégrée au monde Mycénien v. 1420 AEC, l’élite Grecque locale ne fit peut-être que régner sur une population indigène dont le fond était demeuré Tyrrhénien [cf. carte U] ? C’était peut-être aussi le cas de certaines régions de Grèce péninsulaire où les Grecs Mycéniens régnaient sur un fond de population Pélasgien dont ils avaient adopté l’essentiel de la civilisation ; un peu comme les Germains le feront beaucoup plus tard dans les provinces occidentales de l’empire Romain où ils ne seront rien d’autre qu’un adstrat étranger jusqu’à la fin des temps Mérovingiens, avant que la cristallisation du peuple français ne se réalise vers le début des temps Carolingiens.  Confrontés à cette hypothèse, on est en droit de faire remarquer que ces indigènes Tyrrhéniens se font bien discrets dans le légendaire Grec et dans les tablettes en Linéaire-B qui sont parvenues jusqu’à nous ! Mais c’est probablement parce que les aèdes Grecs ne s’intéressaient qu’à l’histoire généalogique des princes Mycéniens, et parce que les tablettes n’étaient que des documents comptables rédigés à destination des princes Grecs pour l’administration de leurs palais. Ainsi, il est probable que le paysage ethnolinguistique complet de la Méditerranée orientale de l’époque Mycénienne nous est largement occulté par la nature des sources dont nous disposons. Vers 1200 / 1150 AEC, la crise internationale bouleversa cet équilibre populationnel et entraina l’effondrement rapide des civilisations du bronze récent, aussi bien sur le pourtour méditerranéen qu’ailleurs [cf. carte V]. Les Grecs Mycéniens ne furent plus en mesure d’imposer leur tutelle aux îles de la mer Egée (cf. le renversement d’Idoménée en Crète) où les indigènes reprirent leur indépendance de fait. Dans le même temps, les Tyrrhéniens des côtes d’Asie Mineure furent peut-être conduits à se réfugier dans ces îles et particulièrement en Crète (cf. les Troyens qui fondèrent la ville de Pergame en Crète). Au cours de cette époque troublée, la famine que rapporte Hérodote à propos de la Lydie fut-elle une réalité générale qui amplifia la vague migratoire ? Confrontés à une surpopulation doublée d’une crise alimentaire, et bénéficiant du merveilleux rayon d’action qu’offrait leur grande civilisation maritime, les Tyrrhéniens / Pélasges tentèrent de saisir leur chance dans la tourmente générale et devinrent les fameux ‘’peuples de la mer’’ qui ‘’conspirèrent dans leurs îles’’. Organisés en flottilles multi-tribales – auxquelles se joignaient des groupes d’Anatoliens et de Grecs Mycéniens déboussolés comme eux par la tourmente générale –, les marins Tyrrhéniens accentuèrent les difficultés économico-politiques des états riverains de la Méditerranée, et entraînèrent la destruction de plusieurs d’entre eux. La Crète pourrait avoir été la base arrière de ces expéditions navales dont les motivations oscillaient entre des raids de piraterie et la recherche de nouvelles installations durables. Plus tard, après que les peuples de la mer aient été vaincus et aient été dispersés aux quatre vents de la Méditerranée orientale et occidentale, ceux qui revinrent dans ‘’leurs îles’’ égéennes continuèrent d’y résider pendant toute la durée des ‘’siècles obscurs’’ ; et c’est probablement dans ce monde égéo-crétois qu’il faut rechercher les ancêtres des Etrusques entre le XI° et le VIII° siècle AEC. Pourquoi sont-ils partis pour l’Italie ensuite ? Nous avons vu que c’est peut-être seulement v. 750 AEC, que les Doriens s’établirent dans le Péloponnèse et commencèrent à faire pression sur les populations de la mer Egée pour s’installer à leur place en Crète, à Rhodes et sur la côte Sud de l’Asie Mineure [cf. Europe égéenne et balkanique]. Cette invasion du domaine maritime par les Doriens, pourrait expliquer le départ pour l’occident de certains groupes Tyrrhéniens, tandis que d’autres faisaient le choix de se soumettre aux nouveaux maîtres ? Le Far-West de la Méditerranée occidentale ne leur était pas étranger, et les ancêtres des Etrusques entretenaient des relations régulières avec les fractions de leur peuple (Shardanes et Shekelesh) qui les avaient précédés en ces régions barbares, ainsi qu’avec les Phéniciens qui commençaient à s’implanter à demeure le long des côtes d’Afrique et d’Europe, jusqu’au-delà des fameuses colonnes d’Hercule. Dans ce contexte d’ouverture croissante de la Méditerranée occidentale, la décision d’une migration de masse aurait pu apparaître aux ancêtres immédiats des Etrusques comme une alternative intéressante à la soumission aux Grecs Doriens ? Dans le même temps, les Tyrrhéniens de l’Eubée étaient confrontés à la pression des grecs Ioniens qui s’imposaient sur leur île ; ce qui aurait pu inciter certains d’entre eux à partir fonder Pithecusses / Ischia et Cumes en occident ? Bien sûr, ce n’est qu’un scénario, mais les peuples anciens réagissaient souvent ainsi et n’avaient pas peur des migrations à longues distances. Comme leurs devanciers égéens, qui faisaient des affaires avec les sauvages d’occident depuis les temps mycéniens, les tous premiers Etrusques d’Italie étaient probablement des commerçants arrivés en éclaireurs au moins dès v. 800 AEC si ce n’est plus tôt. Puis, vers 750 / 720 AEC, l’apparition soudaine du style orientalisant (v. 750/720 à 580 AEC) en Etrurie, signifia peut-être que ces hardis pionniers avaient été rejoints par tout un peuple, suffisamment nombreux pour que ses habitudes orientales soient parfaitement repérées par l’archéologie. Peuple civilisateur, certes, mais aussi peuple de combattants qui s’imposa très vite aux Ombriens villanoviens du littoral toscan. Une fois installés, les Etrusques constituèrent une dodécapole, c’est-à-dire un système d’organisation qui était lui aussi originaire de Méditerranée orientale puisqu’on le retrouvera aussi bien chez les Ioniens (Grecs héritiers des Tyrrhéniens qui les avaient précédés) que chez les juifs. Vingt ans plus tard seulement, dès v. 730 AEC, le Latium des Q-Italiotes était à son tour tombé sous influence Etrusque (phase latial-4). Cette société Etrusque, à la fois agressive et culturellement supérieure, imposa rapidement sa domination sur l’Italie centrale, avant de s’attaquer à l’Italie padane des P-Italiotes Ombriens, au Nord, et à la Campanie des PItaliotes Osques au Sud ; dans les deux nouvelles provinces, l’organisation dodécapolitaine fut soigneusement répliquée. 
  • Pour en terminer avec les Etrusques, il reste à examiner comment et pourquoi les Romains s’approprièrent une légende nationale qui n’était pas initialement la leur ? Au temps des rois Etrusques, écrasés par le poids culturel de leurs conquérants, les semi-barbares qu’étaient encore les Latins-Romains entendirent souvent les ‘’aèdes Etrusques’’ réciter une *Proto-Enéide dans le palais des Tarquin. Désireux de s’approprier une parcelle de la prestigieuse histoire de leurs maîtres Etrusques, les aristocrates Romains commencèrent à se rattacher à tel ou tel Troyen de la légende, autrefois arrivé en Italie aux côtés d’Enée / Nanas. Leurs constructions généalogiques avaient d’ailleurs une base véridique, puisque les premiers aristocrates Latins-Romains contractaient des alliances matrimoniales avec les aristocrates Etrusques. En 508 AEC, lorsque les aristocrates Romains se débarrassèrent de leurs rois Etrusques pour mieux se partager les richesses que drainait l’importante métropole régionale qu’était déjà devenue Rome, plusieurs d’entre eux – si ce n’est la totalité d’entre eux – avaient des racines familiales étrusques et pouvaient donc à bon droit continuer d’écouter la légende des origines troyennes. Plus tard, lorsque Rome devint une puissance méditerranéenne hégémoniste, le nationalisme romain toléra mal l’existence des versions alternatives de la légende qui devaient exister  dans de nombreuses villes de la péninsule. Il revint alors à Denys d’Halicarnasse, puis à Virgile, de fixer la vérité officielle qui donnait à Rome – et à Rome seulement –  de vieilles racines égéennes qui légitimaient sa position de leader du monde civilisé ; c’est-à-dire du monde Grec, car les Tyrrhéniens de la mer Egée avaient alors cessé d’exister en tant que peuple. 
  • Le reste de l’Italie du VIII° siècle AEC était occupé par plusieurs peuples. Le Nord-Ouest était partagé entre les Ligures de la côte et les P-Celtes Lépontiques de la culture de Golasecca. Au Nord-Est, les Vénètes italianisés poursuivaient la culture d’Este en Vénétie et en Istrie, tandis que les P-Italiques Ombriens de culture villanovienne peuplaient la plaine du Pô et l’Italie centrale, à l’exception du Latium où subsistaient des Q-Italiotes qui furent, comme nous venons de le voir, dominés par les Etrusques avant la fin du siècle. Le Sud-Est de la péninsule Italienne abritait toujours des Italiques Illyriens (vestiges de la civilisation apenninique) ; tandis qu’au Sud-Ouest, il existait peut-être toujours des Q-Italiotes *Epi-Protovillanoviens en Campanie ? Mais soumis à une pression croissante des P-Italiotes Osques villanoviens et des Eubéens qui s’installèrent à Cumes v. 750 AEC.
  • Le Villanovien-2 (v. 800 à 750/720 AEC) voit la pratique de l’incinération devenir presque exclusive en Etrurie Ombrienne (c’est le rite apporté 100 ans plus tôt par les P-Italiotes locaux). Des liens avec la Sardaigne apparaissent ; ces liens sont donc antérieurs à la domination Étrusque sur la région, qui ne commencera que v. 750/720 AEC. D’autres liens se maintiennent avec le Sud campanien. Enfin, on décèle des relations avec l’Eubée, probablement en relation avec l’installation d’Eubéens à Ischia v. 770 AEC puis à Cumes v. 750 AEC.
  • A partir de v. 750/720 AEC, le « style orientalisant » explose en Toscane où il semble être entré par l’Etrurie méridionale. C’est l’apparition des Etrusques en Italie Centrale. L’incinération villanovienne ne disparait pas, mais l’inhumation fait un retour en force dans l’aristocratie : certainement parec qu’il s’agit d’une nouvelle aristocratie étrangère, d’origine Pélasge. Mais un siècle plus tard, peu-à-peu, l’incinération gagnera du terrain chez les aristocrates étrusques, qui s’accultureront à la coutume incinérante du peuple Ombrien conquis. La Campanie pourrait n’avoir été conquise par les Etrusques que beaucoup plus tard, v. 550 AEC
  • Spina était le port de la dodécapole padane des Etrusques. Au Sud de spina, la côte adriatique était restée aux Ombriens, et plus loin au sud à leurs cousins Sud-Picéniens.
  • En Emilie-Romagne, le Villanovien-3 (v. 750/720 à 680 AEC) témoigne certainement de la survivance du peuple Ombrien local qui était encore non influencé et indépendant des Etrusques désormais implantés à l’Ouest et marqués par le « style orientalisant »
  • La Sicile du VIII° siècle AEC était également un conservatoire de peuples : à l’Est se trouvaient les Sicules dont nous avons dit l’origine complexe ; au Centre les Sicanes ; et à l’Ouest les Liguro-Anatoliens Elymes, désormais mêlés à des Tyrrhéniens proches des Etrusques, qui avaient décidé de s’arrêter là [cf. ci-dessus]. 
  • la Corse devait conserver son vieux peuplement Ligure ; lequel persistait aussi au Nord de la Sardaigne, tandis que le reste de la grande île était dominée par les Shardanes / Sardes, désormais au stade du fer, ou Nuragique-3 (v. 900 à 500 AEC). Comme d’autres peuples de la Méditerranée occidentale, les Sardes de cette époque étaient tombés sous l’influence orientalisante des Phéniciens et des Etrusques avec lesquels ils commerçaient activement ; les objets sardes sont d’ailleurs si nombreux en Etrurie, qu’il est plausible que des communautés Sardes s’y étaient installées à demeure. 

 

Europe égéenne et balkanique (Centre-Sud)

  • Vers 800 AEC, les Cimmériens expulsèrent définitivement les dernières tribus Thraco-Daces qui stationnaient encore sur la rive Nord des bouches du Danube.
  • En Moldavie et en Valachie, ils renforcèrent les Daces de la culture de Bessarabie (v. 900 à 600 AEC). Ceux-ci poussèrent en Transylvanie où ils absorbèrent les restes du substrat Italique post-Wietenberg.
  • Plus au Sud, les Thraces étaient installés en Thrace. Sur leur littoral, ils se heurtaient aux Grecs qui cherchaient à implanter des colonies commerciales. Toutefois, la résistance des Thraces les empêchait encore de fonder des établissements de longue durée.
  • Au Nord-Ouest des Balkans et sur la côte de l’Adriatique, la nouvelle phase culturelle des Italiques Illyriens était désormais appelée Glasinac. Ce changement correspondit-il à une réorganisation des populations régionales impactées par les mouvements Italiques survenus au siècle précédent ? Des éléments Q-Italiotes s’étaient-ils infiltrés dans la région en conséquence des mouvements P-Italiques ? [cf. carte Y].
  • Malgré la vitalité croissante des Grecs, des Pélasges / Tyrrhéniens se maintenaient dans les îles du Nord de la mer Egée, centrés sur Lemnos et sa voisine Imbros. Contrairement à leurs frères des îles plus méridionales, ceux-ci étaient parvenus à conserver leur langue et leur indépendance culturelle. Ainsi, encore v. 600 AEC, les célèbres inscriptions lemniennes seront rédigées dans une langue proche de l’Etrusque. Dans la première moitié du VIII° siècle AEC, l’île d’Eubée et la Crète pourraient elles aussi avoir été peuplées de Pélasges non encore grécisés [cf. ci-dessous].
  • Toute la Grèce continentale, l’Eubée, la Crète et les îles de l’Egée entrèrent v. 750 AEC dans l’époque géométrique récente. Jusqu’à cette date, la Grèce du Sud et les îles citées étaient restées fidèles au vieux style Protogéométrique, tandis tout l’Ouest de la Grèce péninsulaire, les Cyclades et la côte d’Asie Mineure étaient passées depuis longtemps au style Géométrique-ancien puis Géométrique-moyen ; ce conservatisme régional est bien visible dans le Péloponnèse (à l’exception de l’Argolide et de la Corinthie), en Locride / Phocide, mais aussi sur l’île d’Ithaque et sur la grande île d’Eubée, pourtant toute proche de la Grèce de l’Ouest dont elle n’était séparée que par l’étroit ‘’canal’’ de l’Euripe. Malgré la répugnance moderne à attribuer des peuples aux styles céramiques, on peut quand même se demander si cette survivance tardive ne traduisit pas la longue survivance de Grecs *Post-Mycéniens dans le Péloponnèse et de Pélasges / Tyrrhéniens en Eubée comme en Crète ? Stabilité qui aurait soudainement pris fin v. 750 AEC ?
  • La langue des Grecs Doriens faisait partie du groupe Epirote / Grecs du Nord-Ouest [cf. carte Y]. Avant de conquérir le Péloponnèse, ils habitaient la Doride, c’est-à-dire les montagnes qui séparent la Thessalie de la Béotie, l’une et l’autre de langue Eolienne et converties dès v. 850 AEC au style Géométrique. Pour continuer le raisonnement du paragraphe précédent, c’est peut-être v. 750 AEC que les Doriens occupèrent tout d’abord la Locride et la Phocide, c’est-à-dire la côte Nord du golfe de Corinthe où le style Protogéométrique ‘’attardé’’ fut remplacé sans transition par le style Géométrique récent ; puis le Péloponnèse, où l’on observa exactement le même phénomène. Dans les deux cas, il ne faut pas exclure que cette rupture brutale ait témoigné d’une invasion survenue v. 750 AEC, même en l’absence d’autres témoins archéologiques accessibles ? Sous l’effet de cette dynamique, les Doriens auraient continué leur expansion en conquérant dans la foulée la Crète, Rhodes et la côte adjacente de Carie [cf. Europe Méditerranéenne pour la suite du raisonnement concernant l’origine des Étrusques]. 
  • Doriens mis à part, les autres peuples Grecs étaient les Ioniens / Attiques, qui occupaient l’Attique, l’essentiel des îles de l’Egée, la grande île d’Eubée et l’Ionie (côte Sud de l’Asie Mineure, à l’exception de la côte de Carie, en face de Rhodes, prise par les Doriens) ; et les Eoliens qui occupaient la Thessalie et la Béotie en Grèce, ainsi que l’Eolie (côte nord de l’Asie Mineure égéenne).
  • Bien qu’éloignés par une grande distance, les Arcadiens (centre du Péloponnèse) et les Cypriotes, conservaient un langage ancien, dit Arcado-Cypriote, qui était directement issu des temps Mycéniens et de la pagaille survenue v. 1200 / 1150 AEC. 
  • Les Epirotes et les Macédoniens étaient respectivement les Grecs du Nord-Ouest et du Nord-Est. Dans les siècles qui suivront, ils demeureront à l’écart de la koinè qui se constituera plus au Sud et dans laquelle émergera le début de la pensée occidentale moderne. Pour cette raison, à l’époque de la Grèce classique, ils apparaitront comme des semi-barbares aux yeux de leurs frères du Sud.
  • le VIII° siècle Grec avec lequel se termine l’atlas n°4 fut le dernier des siècles obscurs. Avec l’adoption de l’alphabet et la mise en forme des poèmes homériques – les plus vieux textes d’occident – il annonçait cependant un monde nouveau. Celui-ci commencera à naître dès la fin du siècle suivant avec la figure emblématique de Thalès de Millet qui fera les premiers pas sur le long chemin de l’obsolescence de la pensée magique, c’est-à-dire de la Science.

 

Europe Centrale (Centre-Centre)

  • Sur la bordure Nord des Alpes, l’âge du fer ancien avait débuté v. 900 AEC, porté par une expansion précoce de groupes hallstattiens occidentaux, qui s’étaient installés sur le plateau suisse et à Golasecca [cf. carte Y]. Mais au Nord des Alpes, en Europe centrale, l’âge du fer ancien commença seulement v. 800 AEC, avec le début du stade Hallstatt-C (v. 900/800 à 650 AEC). Il est possible que cela corresponde à l’installation d’un premier groupe de P-Celtes dans la région ?). Les groupes Hallstatt-C occidentaux qui véhiculaient la nouvelle technologie se répandirent rapidement sur une grande partie de l’Europe occidentale [cf. Europe atlantique]. Ils étaient potentiellement locuteurs d’une forme ancienne du P-celtique / gallo-brittonique. 
  • A cette époque, la vallée du Moyen-Danube devait désormais être occupée par des P-Italiotes demeurés en arrière de leurs frères Villanoviens installés en Italie ? Ces intrus avaient peut-être repoussé vers le Sud des tribus Q-Italiotes qui s’étaient mêlées aux Illyriens de l’Adriatique, à l’origine de la culture de Glasinac ? [cf. Europe égéenne et balkanique]. 

 

Europe nordique et scandinave (Centre-Nord)

  • Entre v. 800 et 750 AEC, les Germains du Bronze-Nordique-Récent-5 ne progressèrent que très peu sur le continent. En revanche, v. 750 AEC, les Germains du Bronze-Final / BN-6 (v. 750 à 600 AEC) réalisèrent une grande poussée en Poméranie, jusqu’à l’embouchure de la Vistule. Cette installation se fit au dépend des Vénètes et peut-être aussi de tribus Ligures *Epi-Elp résiduelles ? 

 

Europe Orientale

Europe steppique et caucasienne (Est-Sud)

  • Au début du siècle, les Cimmériens occupaient les steppes pontiques entre Prut et Bas-Don ; leur culture était désormais à la phase Novocherkassk (v. 900 à 700 AEC). Vers 800 AEC, ces Cimmériens étaient suffisamment puissants pour rejeter les derniers Thraco-Daces au-delà de l’embouchure du Danube.
  • Dans le même temps, les Méotes peuplaient les steppes du Kouban et les rivages de la mer d’Azov (Palus Meotis). Vers 750 AEC, la métallurgie du fer fit son apparition au Nord du Caucase, inaugurant la phase Kouban-3 (v. 750 à 400 AEC). Enfin, des groupes proches des Cimmériens et des Méotes – ici qualifiés de *Para-Cimmériens – stationnaient dans les steppes ouralo-volgaïques.
  • Vers 725 AEC, un ‘’domino de peuples’’ modifia le paysage ethnoculturel des steppes européennes : poussés par d’autres groupes Saces, les Scythes quittèrent les steppes du Tobol et de l’Ishim et se précipitèrent sur les steppes ouralo-volgaïques. Nous avons vu plus haut que des groupes Cimmériens émigrèrent alors en Anatolie, suivis par des groupes Scythes [cf. Proche-Orient, Anatolie, Arabie]. Ceux des Cimmériens qui restèrent dans les steppes pontiques furent écrasés par les Scythes en moins d’une génération puisque ceux-ci arrivèrent en bordure de l’arc carpatique peut-être dès v. 700 AEC ? La légende rapporte que les aristocrates Cimmériens s’entretuèrent pour ne pas tomber aux mains de leurs vainqueurs ; mais les membres survivants de leurs tribus durent s’amalgamer à la société Scythe qui n’était guère différente de la leur. Il est toutefois possible que les Taures de Crimée / Tauride aient été un vestige des Cimmériens ? Pareillement, les Méotes des côtes de la mer d’Azov (Palus Meotis), devaient être de même origine ?

 

Europe Orientale (Est-Centre & Est-Nord)

  • En Pologne, la culture de Lusace (v. 1200 à 400 AEC) était celle des Vénètes qui étaient demeurés à distance de la celtisation ou de l’italianisation des groupes Vénètes frontaliers, désormais établis en Europe occidentale. Vers 750 AEC, ces gens adoptèrent le fer, sous l’influence de leurs voisins de Hallstatt-C. Bien que la périodisation interne de la culture de Lusace ne fasse pas l’objet d’un consensus, on peut appeler *Lusacien-récent (v. 750 à 400 AEC) cette phase de l’âge du fer ancien.
  • Plus à l’Est, en Biélorussie, les Proto-Slaves de culture *Est-Trzciniec final firent aussi l’acquisition du fer entre v. 800 à 700 AEC, ce qui détermina l’apparition de la culture de Milograd (v. 800 AEC à 100 CE) ; tandis que les Proto-Slaves du Sud, de culture Chernoles (v. 900 à 800 AEC), développaient un faciès *Epi-Chernoles appelé Zhabotin-1 (v. 800 à 750 AEC) puis Zhabotin-2 (v. 750 à 700 AEC). A la différence de leurs frères du Nord, ces Proto-Slaves du Sud étaient pénétrés d’influences steppiques qui se renforceront encore à la période scythique. A partir de v. 800 AEC, des groupes Chernoles / Zhabotin prirent la place des derniers Vénètes Holihrady de Galicie, soit qu’ils les aient chassés, soit qu’ils aient occupée leur patrie laissée vacante par eux ?
  • En Lituanie et en Lettonie, le bronze de la Baltique final (v. 1100 à 500 AEC) se prolongeait chez les Baltes qui étaient désormais technologiquement en retard comparés à leurs cousins Slaves et Vénètes.
  • En Estonie, un groupe d’Ouraliens Finniques constituait déjà les Estoniens ; suivis à l’Est par les Finnois qui mettraient encore plusieurs siècles avant de pénétrer dans le pays qui porte aujourd’hui leur nom et qui vivaient pour l’heure au sud du lac Ladoga ; puis par les Vepses, au Sud du lac Onega ; puis enfin par, par des tribus *Nord-Finniques établies dans le bassin de la Dvina. Enfin, en Finlande et au Nord de la Scandinavie, se trouvaient les Sami déclinés en trois groupes territoriaux A la fois éloignés de l’Europe centrale et des steppes, ces gens conservaient la technologie de l’âge du bronze.
  • En revanche, plus au Sud, les Ouraliens Permo-Volgaïques de la Moyenne-Volga, de la Vyatka et de la Kama connurent le fer v. 800 AEC, sous influence des steppes pontiques. Dans ces régions, la nouvelle culture est dite d’Ananino (v. 800 à 500/200 AEC) ; elle était à la fois portée par les Permiens dans le bassin de la Kama et de la Bielaya (futurs Oudmourtes et Komis) et par les Volgaïques sur la Moyenne-Volga et la Basse-Kama (futurs Mari). Les gens vivaient dans des établissements dont certains étaient fortifiés. L’économie agricole et d’élevage (bovins) demeurait complétée par la chasse et la pêche. Les Ananino enterraient leurs morts. Les poteries avaient un fond bombé qui les distinguaient des poteries à fond plat de la culture Gorodets-Djakovo.
  • Frontalière des Baltes et des Slaves, la culture de Gorodets-Djakovo Gorodets-Djakovo (v. 800 AEC à 500 CE) était la continuation de celle de Pozdniakovo. Elle était portée par des Volgaïques qui seront les ancêtres des Mordves (Merya, Erzya et Moksha). Les établissements Djakovo étaient souvent fortifiés. Contrairement aux morts d’Ananino, ceux de ce groupe étaient le plus souvent incinérés. Les poteries avaient évolué à partir des anciennes poteries peignées et à impressions textiles. Les tombes en kourganes de la culture de Gorodets attestent l’influence de la steppe.
  • Loin au Nord, d’autres Permiens vivaient dans le bassin de la Petchora et jusqu’aux monts Oural subarctiques. Leur culture matérielle est mal connue mais était nécessairement plus fruste.
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