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Et le cheval de bois répand[it] sur Pergame,
nocturne enfantement, la vengeance et la flamme.

 

Lucrèce – La Nature des choses – livre I

 

V – 1.200 à 1.100 AEC – HOLOCÈNE – SUBBOREAL final (1)

 

Climat

Au milieu du XII° siècle AEC, un refroidissement abrupt du climat constitua le soubassement des évènements ethno-politiques qui mirent fin à l’âge du Bronze occidental. En valeur absolue, les sociétés humaines avaient déjà traversé des refroidissements plus intenses au cours de l’Holocène ; mais elles semblent avoir été autant impactées que lors des refroidissements survenus v. 6200 AEC et v. 2800 AEC. Peut-être cela n’est-il qu’une impression due à l’effet loupe des données historiques qui nous permettent d’apprécier plus finement les choses que nous n’étions capables de le faire à propos de chacune des crises précédentes ? Le détail des aléas climatiques du XII° siècle AEC n’est pas parfaitement connu mais le maximum de froid semble s’être situé entre v. 1160 et 1100 AEC. C’est pourquoi des climatologues ont proposé de rattacher la crise à l’éruption du volcan Hekla en Islande, qui pourrait s’être produite précisément en – 1159 AEC selon ce que nous enseignent les arbres ; lesquels ajoutent aussi que les années qui suivirent jusqu’en – 1141 furent parmi les plus froides des 7000 dernières années. Cet évènement – qui fut peut-être plus complexe qu’une éruption unique – aurait donc entrainé une vingtaine d’années de froid et autant d’années de mauvaises ou de très mauvaises récoltes. Ce qui aurait suffi pour créer une catastrophe humanitaire majeure en toile de fond des évènements dramatiques de cette époque [cf. ci-dessous]. Quant à la date proposée, elle pourrait expliquer le décalage entre une première agitation politique (peut-être locale) que symbolise la chute de Troie v. 1185 AEC, et le collapse généralisé du Monde survenu non pas immédiatement après cette date, mais plutôt quelques dizaines d’années plus tard. Ainsi, le déroulement de l’histoire du XII° siècle AEC aurait pu survenir en deux actes : 1) une agitation politique qui fragilisa grandement les états et cité-états de la Méditerranée Orientale et que symbolise parfaitement la chute de Troie v. 1185 AEC. Evènements qui, de surcroît, pourraient s’être déroulés sur la toile de fond d’un ‘’orage sismique’’ c’est-à-dire d’une série de tremblements de terre qui aurait affecté la Méditerranée Orientale entre 1225 et 1175 AEC, et qui pourrait avoir contribué aux destructions des villes de ses rivages ; 2) une crise climatique importante survenue peu après, entre 1160 et 1140 AEC environ, dont les édifices étatiques auraient peut-être pu se relever s’ils n’avaient pas été fragilisés par le premier acte ?

Quoi qu’il en ait été, en moins de 100 ans on vit s’effondrer la civilisation du Bronze récent et tous les équilibres ethniques sur laquelle elle s’était constituée. Les sources occidentales qui nous parlent de cette époque gravitent toutes autour du monument littéraire élevé par Homère sur les ruines de Troie ; elles ne sont accessibles qu’au travers d’un ensemble de fragments légendaires mis par écrit longtemps après les faits et dont une partie est aujourd’hui perdue, mais que l’érudition alexandrine s’est autrefois efforcée de mettre en perspective. A cela s’ajoute la fin synchrone des dynasties Mycénienne aux alentours de 1100 AEC ; mais aussi et surtout les courtes mentions de première main, d’origine hittites et surtout égyptiennes, qui se rattachent à l’aventure des peuples de la mer. Si le détail des évènements survenu en Méditerranée Orientale nous échappe, les sources combinées nous livrent cependant des noms de peuples, des noms de personnes, des noms de lieux et même quelques dates ! Au point qu’il est licite de placer le XII° siècle AEC à l’interface de la légende et de l’histoire européenne. Mais si nous sommes convaincus qu’il s’agit bien d’histoire, il s’agit cependant d’une histoire émiettée, géographiquement restreinte, issue de sources tronquées et pouvant donc être interprétés de différentes façons. Il faudra attendre environ 750 AEC pour qu’une véritable histoire émerge de cette grisaille des ‘’siècles obscurs’’. Ici, comme pour les époques plus anciennes, l’archéologie, la linguistique et la génétique demeurent incontournables. Il s’agit même des seules sources disponibles dès lors que l’on s’éloigne du bassin oriental de la Méditerranée.

 

Insensible aux tourments, aux croyances et aux espérances des Humains, le climat continua à se refroidir jusque v. 1000 AEC, période pendant laquelle les glaciers mondiaux progressèrent.

 

Afrique du Nord et Sahara

Afrique du Nord Occidentale

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Egypte et Cyrénaïque

  • En Egypte, la 19° dynastie s’acheva avec la reine Taousert / Tawosret / Thuôris (– 1194/89 à – 1187 AEC). Manéthon situe la chute de Troie sous Polybe (qui est pour nous le roi Ramsès III, de – 1185 à – 1152).
  • La 20° dynastie (– 1187 à – 1069 AEC) lui succéda à l’issue d’une guerre civile accompagnée de troubles sociaux.

 

Sahara

  • Au Sahara, la période dite des chars sahariens fut nécessairement intrusive. On peut mettre l’apparition des dessins rupestres de chars en relation avec l’échec de l’expédition égyptienne des Libou / Libyens qui furent repoussés par Ramsès III en – 1173 (an 11 de son règne). Le nom de Libyen était apparu légèrement plus tôt (entre 1250 et 1200 AEC) dans les sources Egyptiennes, ce qui laisse penser qu’ils étaient perçus comme un nouveau peuple. S’agissait-il de Tyrrhéniens voire de Grecs qui s’étaient installés en Cyrénaïque au temps de Ramsès II et dont les peuples de la mer vinrent renforcer les contingents après leur échec en Egypte ? Sur les peintures Egyptiennes, ils sont représentés comme de classiques Européens avec une peau et des cheveux très clairs. Au temps de Ramsès III ces Libou étaient associés aux Meshwesh – dont le nom était apparu antérieurement dans des inscriptions égyptiennes (entre 1400 et 1350 AEC) ; peut-être après que ces Berbères se soient unis en une confédération ? Ce décalage d’un siècle pourrait laisser penser que les Libou s’incorporèrent aux Meshwesh / Mazices / (A)Mazigh dans lesquels il faut voir la souche des Berbères historiques Botr et Béranes. Plus tard, en – 945, une famille Meshwesh – que les Egyptiens appelleront les ‘‘chefs de Ma’’ – accèdera au trône d’Egypte et fondera les 22° et 23° dynasties [cf. carte X].

 

Afrique sub-saharienne

Afrique subsaharienne de l’Est

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Afrique subsaharienne de l’Ouest

  • Le grand peuple Bantou constituait initialement une fraction du groupe Sud-Volta faisant lui-même partie du vaste ensemble ethnolinguistique Niger-Congo. A partir du Sud-Est du Nigéria, c’est à l’époque où nous nous trouvons que les Bantous amorcèrent un double mouvement colonisateur qui allait les conduire à s’imposer sur une grande partie de l’Afrique sub-saharienne, principalement au détriment des Pygmées et des Khoisans qui vivaient encore au stade mésolithique, mais également au détriment des peuples néolithiques pastoraux Nilo-Sahariens du Sud. La lecture de cet atlas permet de souligner que ce n’était pas la première fois qu’un peuple s’apprêtait à en coloniser d’autres et, en ce qui concerne l’Afrique, nous avons vus que les ancêtres Niger-Congo des Bantous avaient assez récemment colonisé toute la bande sahélienne de l’Ouest au détriment de peuples plus anciens [cf. cartes O & suivantes]. Mais la colonisation de l’Afrique par le peuple Bantou est beaucoup mieux documentée ; certainement parce qu’elle est relativement récente, au point qu’elle ne s’achèvera véritablement que lorsqu’elle sera contrée au Sud du continent par la colonisation Européenne du XVII° siècle et ses moyens militaires beaucoup plus performants. Ces faits doivent être soulignés pour sortir d’une vision dichotomique naïve et infantile de l’histoire qui voudrait qu’il ait existé des gentils peuples indigènes pacifiques qui ont récemment été agressés par des méchants peuples colonisateurs venus troubler une tranquillité intercontinentale qui perdurait  depuis la formation du Monde ; vision dont il faut comprendre qu’elle est insultante pour chacun des protagonistes en cela qu’elle prive les colonisés des composantes sombres de leur humanité et prive les colonisateurs des composantes lumineuses de la leur. La lecture actuelle de l’histoire sous un angle moralisateur agressif, régressif et puritain, – avec un prétendu ‘’bien’’ qu’on oppose uchroniquement à un prétendu ‘’mal’’ sur la base de passions contemporaines projetées toutes crues dans un passé qui n’en avait cure – empêche de comprendre les mécanismes fondateurs des peuples.
  • Mais quittons ces pensées philosophiques. Faute de fouilles en nombre suffisant, les mouvements colonisateurs des Bantous sont essentiellement reconstitués au moyen de la glottochronologie. Bien qu’imprécise, cette approche est cependant parfaitement suffisante pour définir des grands axes de migrations et même des dates approximatives, parce que les diverses langues bantoues sont bien connues et ont été beaucoup étudiées. Ainsi, cette science propose que le groupe Bantou originel ne commençât à se fragmenter qu’après 1500 AEC. La crise climatique du XII° siècle AEC pourrait avoir été un moteur de cette aventure car elle dut, à sa façon, frapper l’Afrique où les périodes froides sont avant tout des périodes sèches. Ainsi, il est probable que la forêt tropicale humide régressa sur ses lisières, comme elle le fit lors de chacun des épisodes froids ; ce qui fait que les agriculteurs Bantous pourraient avoir profité de l’occasion pour coloniser ces marges forestières. Au Sud, ils colonisèrent le Cameroun au détriment des Pygmées *Proto-Baaka, installant l’amorce du groupe Bantou occidental. A l’Est, ils colonisèrent la Centre-Afrique au détriment des Pygmées *Proto-Mbuti et des Nilo-Sahariens du groupe Central-Soudanique, installant l’amorce du groupe Bantou oriental.
  • Pourquoi cette aventure fut-elle réservés aux seuls Bantous et non pas à un autre groupe Niger-Congo ? Probablement parce que les autres groupes Niger-Congo étaient comprimés entre le désert et l’océan, et qu’aucun d’entre eux n’avait le pouvoir de s’imposer aux autres groupes qui leur étaient apparentés, dans la mesure où ils disposaient tous des mêmes techniques. Au contraire, le groupe *Proto-Bantou se trouvait à l’orée de la grande forêt pluviale dont les marges qui refluaient s’offraient à la démographie agricole. Quel fut le moteur de l’expansion ? L’agriculture sur brûlis joua probablement un rôle important, cette technique conduisant les populations à déplacer les villages de proche en proche. De brûlis en brûlis, l’immense orée forestière permettait facilement d’accueillir les surplus de la population Bantoue et d’augmenter encore et toujours sa démographie sans entrave. En effet, disposant probablement de la métallurgie du cuivre, les Bantous avançaient sans rencontrer une résistance sérieuse de la part des indigènes mésolithiques qui étaient obligés de se soumettre et de refluer. Munis de ces deux techniques supérieures et forts d’une densité humaine conséquente, les colonisateurs Bantous disposaient d’avantages considérables sur les indigènes qui ne firent pas le poids !

 

Forêt pluviale

  • Nous venons d’évoquer ci-dessus les conséquences de la colonisation Bantoue sur les peuples de la forêt. De nos jours, 30% des Pygmées Baaka et 35% des Pygmées Mbuti expriment l’haplogroupe E1b1a qui est caractéristique des peuples Nigero-Kordofaniens ; tandis que 4% des Mbuti expriment E2 que nous pensons caractéristique des peuples Nilo-Sahariens originels. Ce fort métissage des Pygmées avec des hommes E1b1a pourrait s’expliquer par la très vigoureuse colonisation Bantoue. Il laisse penser que les Pygmées étaient restés relativement préservés jusque-là, puisque l’haplogroupe E1a – que nous attribuons aux prédécesseurs *Ouest-Africains des Nigero-Kordofaniens – est quasiment absent chez eux. C’est aussi l’explication de l’effacement des langues pygmées originelles au profit des langues coloniales. Toutefois, 30% du vocabulaire de certains groupes est considéré comme original et pourrait donc être l’écho des langues disparues.

 

Afrique du Sud

Situation ethnolinguistique globalement inchangée.

 

Asie Occidentale Méridionale (Levant, Proche-Orient, Moyen-Orient, Anatolie, Arabie)

  • Vers 1185 AEC, la ville de Troie-7a fut détruite par les Grecs Achéens en une année que les fragments de l’ouvrage historique de Manéthon situent sous le règne du roi Polybe d’Egypte qui, pensons-nous, transpose Ramsès III ; c’est-à-dire en coïncidence remarquable avec la date de – 1184/1183 donnée par Eratosthène qui situait l’évènement 408 ans avant la première olympiade.  Dans le contexte de la crise climatique et politique qui en résulta, la chute de Troie constitua un prélude de la fameuse épopée des ‘’peuples de la mer’’. Ce mouvement des peuples égéens, attesté par des textes, est détaillé plus bas [cf. Europe égéenne et balkanique].
  • Vers 1190 AEC, la Babylonie / Karduniash Kassite s’empara brièvement de l’Assyrie qui était affaiblie par une guerre civile. Dans les décennies qui suivirent, le Karduniash lutta sur le double front de l’Elam et de l’Assyrie qui s’était rapidement relevée. Ces guerres tournèrent au désavantage des Kassites : en – 1155, leur capitale Babylone fut prise par les Elamites et ne se releva pas. Ceci ouvrit la voie à l’installation de la seconde dynastie d’Isin (v. 1150 à 1030 AEC) qui établit son pouvoir sur toute la Basse-Mésopotamie et notamment sur Babylone. De son côté, l’Assyrie lutta aussi contre l’Elam dans le Zagros, et contre les nomades Araméens que la crise climato-politique avait fait surgir des marges du désert d’Arabie, comme autrefois leurs devanciers Amorites.
  • En Elam, la dynastie des Shutrukides (v. 1210 à 1000 AEC) succéda sans rupture à celle des Igehalkides et réussit à maintenir le noyau d’un état en Susiane et à Anshan quand survint la tourmente générale. En – 1155, alors que tout le Nord de la Babylonie était passé sous le contrôle Assyrien, les Elamites mirent fin à la dynastie Kassite de Babylonie. Ce n’est que v. 1100 AEC que leur état s’effondrera à son tour sous les coups de la nouvelle Babylonie dirigée par la dynastie d’Isin.
  • Au Levant Cananéen, de nombreuses citées égrenées entre Ougarit et Gaza furent violement détruites par la guerre aux alentours de 1180 AEC ; c’est-à-dire exactement à la même époque que la ville Troie qui était pourtant très éloignée d’elles. Beaucoup de ces cités ne furent jamais réoccupées. Cependant, Tyr, Byblos et Sidon survécurent à la crise et constitueront les bases de la future Phénicie lorsque les réseaux commerciaux se reconstitueront à la fin du siècle.
  • C’est aussi au cours de ce siècle difficile que les pasteurs semi-nomades Apirou / Hébreux entrèrent en conflit avec leurs proches cousins Cananéens sédentaires du Sud-Levant, auxquels ils s’imposèrent dans les collines de Judée et dont ils détruisirent quelques cités. L’archéologie nous révèle que c’est à cette époque seulement qu’ils commencèrent à tabouiser le porc, pour des raisons inconnues ; pratique que leurs descendants conservent encore de nos jours et que le prestige de leur religion a étendu à d’autres peuples.
  • Vers 1200 AEC, le grand Empire Hittite exerçait directement ou indirectement son autorité sur quasiment toute l’Anatolie, à l’exception des rivages de la mer Egée qui étaient peuplés de Tyrrhéniens ou de Louvites plus ou moins indépendants, et également à l’exception d’une partie de la côte du Pont et de l’Anatolie Orientale où vivaient des tribus non assimilées, les Gasgas et les Azzi. Ces derniers étaient organisés en un état ou en une confédération de principautés appelée Hayasa-Azzi, qui faisait le tampon entre l’empire Hittite du côté de l’Ouest et des principautés *Post-Hourrites / *Proto-Ourartéennes du côté l’Est. Pourtant, malgré cette puissance apparente, la capitale Hittite Hattousa fut rasée v. 1190/1180 AEC en belle synchronie avec la destruction de Troie ; et le grand Empire Hittite s’effondra en quelques années seulement sous la pression des traditionnels ‘’barbares’’ Gasgas, mais également de nouveaux ‘’barbares’’.
  • Ces nouveaux ‘’barbares’’ étaient essentiellement les Phrygiens dont le gros du peuple s’installa alors au Centre de l’Anatolie, dans l’ancien cœur de l’empire Hittite. Mais derrière eux suivaient des groupes Thraces appelés Musoi / Mushki par les Assyriens et dans lesquels il faut voir les ancêtres linguistiques et en partie patrilinéaires des futurs Arméniens. Ces Thraces furent peut-être déviés par les Phrygiens qui ne leur permirent pas de s’installer en Cappadoce ? Quoi qu’il en ait été, désormais alliés aux Gasgas et à des bandes *Post-Hourrites originaires des régions arméniennes où sera prochainement fondé le royaume d’Ourartou, ces Mushki se sentirent assez forts pour tenter de s’emparer de l’Assyrie v. 1160 AEC ; mais ils furent repoussés.
  • En Cilicie, le royaume Louvite de Kizzuwatna, longtemps vassal d’Hattousa, se rebella également contre l’autorité Hittite et participa à la curée générale contre la tutelle impériale. Battus de toute part, les Hittites eurent cependant plus de chance dans ces régions sud-orientales. En effet, ils parvinrent alors à se replier et à concentrer ce qui restait de leurs forces en Anatolie Orientale et en Syrie, où leur pouvoir se balkanisa rapidement en plusieurs royaumes Néo-Hittites qui s’installèrent sur le territoire de leurs anciennes provinces orientales.
  • C’est seulement après v. 1200 AEC que le fer devint un métal commun dans le bassin de la Méditerranée Orientale, en Anatolie, au Proche-Orient, et en Egypte. Dans ces régions, comme en Inde et au Nord-Est de l’Iran, les techniques sidérurgiques étaient déjà connues depuis plusieurs siècles. Elles étaient cependant peu utilisées car, en raison de son point de fusion plus bas, un bronze de bonne qualité était plus facile à produire pour peu que les forgerons soient régulièrement approvisionnés en étain. Or, au milieu du XII° siècle AEC, le commerce international s’effondra sous le poids de la catastrophe climato-politique. Les forgerons de toutes les régions citées furent alors confrontés à la pénurie d’étain et furent obligés de se rabattre vers la métallurgie du fer dont ils apprirent à maitriser de mieux en mieux les techniques. Ainsi, lorsque le commerce international fut rétabli aux alentours de 1100 AEC et que l’étain redevint plus facilement accessible, les fonderies de fer étaient devenues pleinement opérationnelles et permettaient désormais de produire un métal qui était à la fois de qualité supérieure et moins cher, puisque le minerai de fer est relativement abondant de partout. La mutation technologique était parachevée et la sidérurgie commença à se répandre dans le Monde.

 

Iran, Asie Centrale, Steppes Asiatiques Occidentales, Sibérie Occidentale, Altaï

  • Vers 1200 AEC, les Iraniens occidentaux entrèrent dans la période du fer-moyen / fer-2 / Yaz-2 (v. 1200 à 800 AEC) au cours de laquelle les objets en fer devinrent plus courant, mais toujours sans qu’on en fasse un usage massif. Au Nord-Est de l’Iran, la transition Yaz-1 / Yaz-2 se traduisit par la disparition de la céramique modelée peinte, à laquelle se substituèrent des poteries cylindro-coniques montées au tour. Ces cultures du fer-2 du Nord (Kirghizstan, Ouzbékistan) présentaient des parallèles avec l’horizon Karasouk d’Extrême-Orient et avec les cultures du Tarim / Xinjiang ; parmi leurs différents faciès régionaux, celui de Chorasmie est appelé Amirabad (v. 1200 à 800 AEC). En Bactriane, au Turkménistan et au Nord-Est de l’Iran, le fer-2 du Sud était porté par des populations Iraniennes que l’on peut dès à présent appeler Avestiques dans la mesure où c’est dans leur langue que sera prochainement écrit l’Avesta des Zoroastriens. Afin de réserver l’appellation d’Iraniens orientaux aux seuls Saces des steppes asiatiques, il est préférable de classer les Avestiques parmi les Iraniens occidentaux dont ils constituaient cependant le groupe situé en position frontalière des ‘’véritables’’ orientaux ; étant par conséquent en position intermédiaire, on aurait pu légitimement les appeler *Iraniens centraux. A l’Ouest de l’Iran, des groupes Iraniens occidentaux – qui peuvent désormais être désignés sous le nom global de Persiques – s’étaient infiltrés au Nord du plateau iranien, dès v. 1400 à 1300 AEC ; à l’époque du fer-2, la culture céramique de ces tribus Persiques –– était la poterie grise récente / Late Western Grey Ware.
  • Au Sud-Est du plateau iranien, les futures satrapies d’Arachosie, de Drangiane et de Gédrosie étaient peut-être encore peuplées par des Indiens demeurés en arrière du mouvement qui avait porté leurs frères dans la vallée de l’Indus. En effet, l’iranisation du plateau iranien fut plus tardive dans le Sud que dans le Nord
  • En conséquence, v. 1200 AEC, l’état Elamite en cours de décomposition voisinait probablement toujours avec des tribus *Para-Indiennes au Sud-Ouest du plateau Iranien. Mais au Nord, il était désormais voisin des Iraniens occidentaux Persiques, d’où sortiront bientôt les Perses et les Mèdes.
  • Chez les Iraniens orientaux, v. 1200 AEC, succédant par transition génétique à la culture de Sargary / Alekseyevka dans les steppes du Kazakhstan, la culture de Begazy-Dandybai (v. 1200 à 800 AEC) était l’équivalent occidental et purement steppique des horizons culturels septentrionaux et orientaux dits respectivement Cherkaskul et Karasouk [voir ci-dessous]. Comme leurs ancêtres de Sargary-Alekseyevka, mais mieux outillés qu’eux grâce à leurs huttes démontables, ces gens étaient des semi-nomades dont la vie quotidienne alternait entre la transhumance dans les grands pâturages et l’agriculture saisonnière dans les oasis. Leur métallurgie du bronze était développée. Leurs chefs étaient enterrés sous de grands kourganes, selon la coutume immémoriale des steppes. Ces gens étaient les ancêtres directs des Saces / Saka ; mais ils sont ici nommés *Proto-Saces pour réserver le nom de Saces aux peuples steppiques postérieurs à l’apparition du nomadisme pastoral exclusif et au départ des Scythes – fraction occidentale de leur groupe – vers les steppes européennes. Ces *Proto-Saces qui se confondent pleinement avec les Iraniens orientaux étaient alors répandus sur toutes les steppes asiatiques. A cette époque, ils s’installèrent peut-être sur l’Iaxarte, repoussant les groupes Iraniens occidentaux locaux ?
  • Vers 1200/1100 AEC, au sortir de la crise mondiale, l’horizon Cherkaskul aborda une phase de régionalisation qu’on pourrait appeler *Post-Cherkaskul (v. 1200 à 800 AEC). Cet horizon évolué rassemblait une chaîne de faciès bronziers que nous distinguons les uns des autres en raison de variantes qu’il ne faut pas surestimer. En effet, les divers faciès fabriquaient tous des céramiques similaires, dans lesquelles se retrouvaient à la fois des formes traditionnelles de la taïga et des formes steppiques dont la coexistence signait l’origine désormais métisse des populations orientales. Dans les forêt-steppes et à la lisière des forêts des deux versants de l’Oural méridional, le groupe de Mezhovka (v. 1200 à 800 AEC) sera à l’origine des Ouraliens permiens ; il manifestait parfaitement la mixité culturelle originelle et rayonnait jusque dans les steppes. A l’Est des monts Oural, plusieurs groupes Ob-Ougriens se succédaient géographiqiuement : dans le groupe de Barkhatovo (v. 1200 à 800 AEC) et dans le groupe de Suzgun (v. 1200 à 800 AEC), les éléments Iraniens Begazy-Dandybai étaient bien visibles ; plus loin vers l’Est, suivait le groupe d’Elovka (v. 1200 à 800 AEC) ; puis le groupe d’Irmen (v. 1200 à 800 AEC) qui manifestait également une forte influence steppique, mais dans une version Karasouk davantage que dans une version Begazy-Dandybai étant donné sa position très orientale.
  • Les premiers habitants du bassin Tarim furent rejoints v. 1200 AEC par des tribus issues de la culture d’Andronovo et donc probablement Iraniennes. Cela se peut se déduire par l’introduction de nouveaux objets, de nouveaux vêtements et de nouveaux rituels funéraires. S’agissait-il de réfugiés R1a-Z94 qui se soustrayaient ainsi à la pression débutante de groupes Bulgares / Xiongnu ?  Toutefois, cet apport ne dut pas suffire pour modifier en profondeur la culture régionale. En effet, les langues tokhariennes arci et kuci n’étaient pas iraniennes mais conservèrent jusqu’à l’époque où des textes les recueillirent des isoglosses qui les apparentent aux langues indo-européennes occidentales et même aux langues anatoliennes. Admettons par conséquent que l’apport Iranien fut rapidement absorbé par le substrat Tokharien. 

 

Baïkalie, Sibérie Orientale, Arctique

  • Les Ouraliens Samoyèdes demeurés en Cis-Baïkalie continuaient génétiquement la culture Glaskovo dont la nouvelle phase culturelle est dite Shiversky (v. 1200 à 800 AEC). Bien que synchrone du phénomène Karasouk, et bien que l’on retrouve quelques objets Karasouk en Cis-Baïkalie, cette région demeura largement épargnée par l’acculturation venue des steppes.
  • En Sibérie Orientale du Nord et en Arctique, nous proposons une situation ethnolinguistique globalement inchangée. Néanmoins, ces régions durent également subir la crise climatique.

 

Chine, Mongolie, Mandchourie, Corée, Japon

  • Les Chinois sédentaires, paysans et citadins du royaume Shang avaient évidement une opinion négative des peuples du Nord, volontiers remuants et agressifs. Ils leur donnèrent successivement une série de noms souvent péjoratifs parmi lesquels émergent Xirong et Guifang avant v. 1200 AEC, puis Xianyun après cette date, et finalement Xiongnu à partir de v. 300 AEC.
  • A cette époque, les Chinois Zhou – qui renverseront prochainement les Shang – étaient fixés dans la vallée de la Wei ; peut-être venaient-ils de s’y installer ? Leurs ancêtres avaient peut-être été mêlés d’éléments Iraniens au cours du phénomène Karasouk qui apporta certainement les chevaux et les chars de guerre. Mais si tant est que cela soit vrai ils étaient désormais complètement sinisés et faisaient partie des vassaux du royaume Shang. 
  • Dans la vallée du fleuve Bleu, la culture Sanxingdui (v. 1700 à 1200/1150 AEC) des Hmong-Mien du Sichuan, disparut vers le milieu du siècle ; ce qui signifie probablement que la crise climato-politique toucha aussi l’Extrême-Orient. La culture de Shi’erqiao (v. 1200/1150 à 800 AEC) lui succéda.
  • Vers 1200 AEC, l’horizon Karasouk (v. 1300 à 800 AEC) était pleinement constitué à l’Est de l’Altaï. On pourrait le découper en une province occidentale et une province orientale :

1) La province *Karasouk occidentale s’étendait sur l’Altaï et les régions voisines des monts Saïan, la dépression de Tannu-Ola, la Tuva, le bassin de Minoussinsk et la Khakassie. Elle constituait la frange orientale du monde *Proto-Sace dont la variante culturelle locale est nommée Baitag. Ces gens devaient être des Iraniens orientaux, peut-être déjà faiblement métissés d’éléments Altaïques *Proto-Bulgares ? 

2) Plus loin à l’Est, la province *Karasouk orientale coïncidait avec le territoire des Altaïques récemment agrandi à l’Extrême-Orient. Le groupe Bulgaro-Turc s’était peut-être déjà fragmenté en deux composantes : Au Sud du Gobi, les Bulgares étaient peut-être le peuple qui commença à être connu des Chinois sous les noms de Xianyun et qui seront plus tard appelés Xiongnu / Huns. Au Nord du Gobi, nous attribuons aux Turcs les steppes de la Selenga et de l’Orkhon. Plus loin vers l’Est, l’ancien bloc Mongolo-Toungouse s’était lui aussi fragmenté. Les Mongols vivaient en Mongolie Orientale (steppes du Keroulen, de l’Onon et de l’Argoum), sur les deux versants du Grand-Khingan ainsi que dans la vallée de la Liao où ils formaient la culture de Xijiadian supérieur. Enfin, les Toungouses étaient les moins acculturés de tous les Altaïques, en raison de leur mode de vie non pas steppique mais forestier ; du fait de leur rapide extension, eux-mêmes avaient peut-être déjà commencé à se fragmenter en Toungouses septentrionaux dans les hautes vallées de la Vitim et de l’Oliokma ; en Toungouses Nanaïques, de part et d’autre du Petit-Khingan, lesquels entreprenaient de s’étendre au détriment des Nivkhes au Nord-Est ; et enfin en Toungouses méridionaux, ou Djurchen qui étaient les ancêtres directs des futurs Mandchous.

  • Cet horizon Karasouk s’accompagnait de divers éléments culturels que l’on définit sous d’autres noms mais qui se recoupaient largement avec lui : il s’agit des ‘’pierres à cerfs’’ et des ‘’tombes en dalles’’. Les ‘’pierres à cerf’’ / ‘’deer stones’’ ou ‘’elk-stones’’ (v. 1300/1200 à 800/600 AEC) étaient des stèles mégalithiques gravées, sur lesquelles figuraient notamment des cerfs stylisés et des haches. Abstraction faite des définitions restrictives qui les limitent à la Mongolie, on trouvait pourtant des stèles similaires dans l’Altaï et même plus loin encore en direction de l’Ouest, au cœur même des steppes du Kazakhstan. Il est donc impossible d’utiliser les pierres à cerfs comme un marqueur véritablement ethnique, sauf si l’on rappelle que le phénomène Karasouk fut initié par des Iraniens qui se métissèrent avec les peuples indigènes rencontrés dans l’Est. La culture des ‘’tombes en dalles’’ / ‘’slab graves’’ (v. 1300 à 500/200 AEC est une troisième dénomination de cette même réalité Karasouk. Elle était étendue sur une vaste région délimitée par le lac Baïkal au Nord, la steppe de l’Ordos au Sud, le Centre de la Mongolie à l’Ouest, et le Petit-Khingan à l’Est (i.e. Ouest de la Manchourie). Ses marqueurs culturels se distinguent de ceux des cultures de la frange *Proto-Sace. Les tombes étaient centrées sur un caveau rectangulaire en dalles et surmontées d’un kourgane en pierres. Les tombes en dalles étaient courantes au Nord du Gobi ; elles étaient plus rares au Sud de ce désert, mais on en retrouve néanmoins jusque dans le Nord du Tibet. On peut penser que cet ensemble regroupait en un même domaine ethnoculturel tous les héritiers de la fragmentation des Altaïques, c’est-à-dire à la fois les Bulgaro-Turc / Xiongnu et les Mongol / Xianbei. Les populations étaient de type Mongoloïde et avaient un mode de vie nomades ; le bronze était développé et le style animalier – qui débuta à l’époque Karasouk – était en continuité avec celui du monde *Proto-Sace des steppes asiatiques occidentales. Outre ces liens avec le monde steppique, il existait d’autres liens avec la Chine, qui sont bien visibles grâce aux céramiques.
  • Vers 1200 AEC, une intrusion étrangère, la culture d’Urilsky, est décelée sur le moyen-Amour. C’était l’un des avatars du courant Karasouk qui apporta concomitamment le bronze dans la région. Sur le plan ethnique, il s’agissait probablement des premiers Toungouses méridionaux, ancêtres des Djurchen / Mandchous.
  • Dans le même temps, la côte de Mandchourie et l’île de Sakhaline demeuraient de culture Néolithique et probablement peuplées de Nivkhes, à l’exception du sud de l’île de Sakhaline qui était de culture Aïnou / Jomon comme les îles du Japon.
  • La culture Coréenne du Mumun ancien (v. 1500 à 800 AEC) était surtout concentrés en Corée du Nord et du Centre. Les tombes étaient mégalithiques. Les paysans cultivaient le riz et le millet, mais également l’orge et le blé, empruntés aux peuples de l’Ouest qui l’avaient eux-mêmes emprunté aux Indo-Européens. A cette époque, la vieille culture *Paléo-Coréenne de Jeulmun perdurait encore dans le Sud-Est de la péninsule.

 

Indes

  • A partir de v. 1200 AEC, la société jusque-là encore semi-nomade et pastorale des Indiens Védiques, évolua en une société sédentaire et agricole dont le domaine était pour l’instant limité au Pendjab et au Doab. Cela signifie probablement qu’une certaine fusion était en train de s’opérer entre les envahisseurs et les indigènes Harappéens. En plus du blé et de l’orge déjà connus des Harappéens, le riz fit son apparition dans le territoire contrôlé par les Indiens ; ce qui fut probablement dû au fait que c’est dès cette époque que les Indiens Védiques commencèrent à implanter des communautés sur le Moyen-Gange où cette céréale était connue de longue date. Cette époque correspond au début de la période postvédique (v. 1200 à 600 AEC) qui est ainsi qualifiée parce que le Rig-Véda existait déjà sous la forme que nous lui connaissons. Cette Inde postvédique est aussi celle de l’âge du fer ancien (v. 1200 à 600 AEC) ; toutefois, les objets en fer resteront peu nombreux jusque v. 1000 AEC. Enfin, cette époque est également celle de la culture de la céramique grise peinte / PGW (v. 1200 à 600 AEC) qui est une autre manière d’appréhender le même peuple des Indiens Postvédique et grâce à laquelle il est possible de suivre leur progression au long du Moyen-Gange. Parallèlement à ces Indiens Postvédiques, des éléments Harappéens tardifs persistaient encore parmi eux, ce qui témoigne probablement d’un stade d’hybridation encore non totalement achevé entre les indigènes et les envahisseurs
  • A cette époque, les deux courants Indiens du Nord (Védiques) et du Sud (Pirak, cimetière-H) avaient peut-être fusionné ?
  • Dans la vallée du Moyen-Gange que les Indiens commençaient à descendre avec leur céramique grise peinte, la culture de la poterie colorée en ocre / OCP se poursuivait. Il pouvait s’agir d’Harappéens tardifs qui s’étaient peut-être réfugiés là au temps des premières invasions Indiennes ? Plus loin encore, sur le Bas-Gange, vivaient des communautés Austroasiatiques Munda.  
  • Le peuple Dravidien, héritier des Harappéens d’haplogroupe L1, continua peut-être sa progression en direction du Sud de l’Inde ?
  • Mais le Sud du Deccan demeurait peuplé des communautés J2 mégalithiques que nous avons appelées Kartvéliennes et qui n’étaient pas encore touchées par le fer.

 

Indochine et Indonésie

  • L’Indochine était le domaine O1b1 des Khmers et les Môns, proches parents des Munda.
  • Les Vietnamiens et les Thaïs vivaient encore en Chine du Sud.
  • La péninsule malaise, Java et Sumatra étaient peuplés par les Malais. Les Philippines par les Philippins. Et les petites îles de la Sonde par les Malayo-Polynésiens centraux. Tous ces peuples étaient structurés par O1a.

 

Nouvelle-Guinée, Australie, Tasmanie, Océanie

  • Plus loin à l’Est, l’expansion O1a des Malayo-Polynésiens Océaniques se poursuivait inexorablement. La colonisation des îles du Pacifique par ce groupe ethnolinguistique constitue un modèle d’expansion sans équivalent depuis le Paléolithique, puisqu’il se déroula dans un territoire vierge de toute présence humaine. De sorte que l’arbre génétique de ce peuple recoupe exactement son arbre linguistique. Cela nous facilite grandement la compréhension du peuplement du Pacifique et nous donne même des approximations assez fiables des dates de divergence grâce à la glottochronologie. Précédemment, nous avions vu  que le groupe Océanique, s’était installé v. 1500 AEC au Nord de la grande île de Nouvelle-Guinée et dans l’archipel des îles Bismarck [cf. carte U]. A partir des Bismarck, de nouveaux expatriés atteignirent désormais la pointe orientale de la Nouvelle Guinée-Papouasie ainsi que les îles Salomon, peut-être v. 1200 AEC ?

 

Europe Centrale et Occidentale

Europe atlantique (Ouest-Centre & Ouest-Nord)

  • Dans la péninsule hispanique, le Bronze-Ibérique-final (v. 1200/1150 à 750 AEC entama sa première phase BIF-1 (v. 1200/1150 à 1100 AEC). Vers 1150 AEC, succédant à la population R1b-L21 *Epicampaniforme locale du ‘’groupe du Nord-Est Ibérique’’, proche des Ligures de la vallée du Rhône, des tribus Champ d’Urnes venues de France infiltrèrent la Catalogne et une partie de la côte valencienne. Ce peuple intrusif, que nous pensons Celte au plein sens du terme, diffusait probablement une langue q-celtique qui était l’ancêtre direct de ce que l’on appellera plus tard le celtibère. Il diffusait aussi très certainement l’haplogroupe R1b-DF27. En Espagne, la période des Champs d’Urnes anciens (v. 1150 à 1000 AEC) couvrira toute la durée des BIF-1 et -2.
  • Partout ailleurs, la péninsule hispanique, demeurait le domaine des peuples *Epicampaniformes / Lusitaniens de langue lusitanienne et d’haplogroupe R1b-L21 : au Portugal, étendu à la Galice et aux Asturies, vivaient les populations du Bronze-Atlantique-Final / BAF (v. 1200 à 900 AEC) ; cette culture était surtout tournée vers le littoral et entretenait des liens avec les autres domaines *Epicampaniformes / Ligures établis plus au Nord sur la côte atlantique française. Au Sud du Portugal et en Andalousie Occidentale existait toujours la culture du Bronze du Sud-Ouest Ibérique, encore dans sa phase BSOI-3 (v. 1500 à 1100 AEC) ; il s’agissait également de Lusitaniens qui pourraient s’être eux-mêmes nommés *Liguses ? En dépit de l’invasion venue de France qui avaient recouvert la Catalogne voisine, la culture indigène Cogotas1 (v. 1500 à 1000 AEC) se poursuivait inchangée en Castille et au Léon ; ces gens inhumaient leurs morts, contrairement à leurs nouveaux voisins Q-Celtes des Champs d’Urnes qui, eux, suivaient la coutume funéraire incinérante qu’ils avaient apportée depuis l’Europe Centrale. Toutefois, bien qu’épargnés par les Celtes, les gens de Cogotas-1 furent eux aussi touchés par la crise internationale qui survint v. 1200/1150 AEC, puisque c’est à cette époque qu’on vit leurs marqueurs culturels s’étendre depuis la Castille du Nord et le León en direction de la Manche et de la côte méditerranéenne du Levante et de Murcie. Nous ignorons les motivations de cette expansion.
  • En France de l’Est, la culture Rhin-Suisse-France-Orientale / RSFO s’installa v. 1200/1150 AEC. Comme en Catalogne, il s’agissait d’une expansion de la grande culture Celte des Champs d’Urnes d’Europe Centrale. Une majorité de ses porteurs parlaient probablement une langue q-celtique que l’on peut penser légèrement différente des dialectes proto-celtiques qui étaient alors parlés de part et d’autre de la Manche, puisqu’elle provenait directement d’une expansion plus récente des Celtes d’Europe Centrale ? Créditons-là de la conservation du ‘’Kw’’ et peut-être déjà de la disparition du ‘’P initial’’, ce dernier trait étant un marqueur fort de sa celticité. Les plus occidentales de ces tribus devaient véhiculer l’haplogroupe R1b-DF27 mais des clans R1b-U152-L2 les accompagnaient peut-être car la grande répartition actuelle de L2 s’expliquerait bien par la grande expansion des Champs d’Urnes. C’est peut-être à cette époque que DF27 et L2 s’implantèrent en Pologne (Vénètes ?), en France et dans les îles Britanniques, tandis que les clans qui peuplaient l’Espagne étaient majoritairement DF27 ? Le faciès RSFO des Champs d’Urnes français était proche de celui de Canegrate / Proto-Golasecca (PG) qui s’établit à la même époque en Italie nord-occidentale dans la région des grands lacs, et proche du faciès catalan des champs d’urnes méridionaux, dont l’installation fut également contemporaine [cf. ci-dessus]. Dans ce même mouvement qui était manifestement une migration de peuplement, la culture RSFO s’établit également en Bourgogne, en Suisse ainsi que dans la vallée du Rhône jusqu’au Sud de Lyon, apportant vraisemblablement des groupes Q-Celtes R1b-DF27 et surtout R1b-L2 dans toutes ces régions. En revanche, au Sud-Ouest du Massif Central et sur la côte aquitaine, les apports RSFO furent moins marqués à cette époque que dans l’Est et dans le Centre de la France. De même, la basse vallée du Rhône, les Alpes et la Provence furent peu touchées par le phénomène champs d’urnes. Dans les deux cas, cela signifie certainement que les populations locales demeurèrent pour l’instant *Epicampaniformes / Ligures R1b-L21.
  • Aux côté des tribus Q-Celtes, nous faisons l’hypothèse que des tribus Vénètes – ethnolinguistiquement très proches des Celtes et membres comme eux du groupe que nous avons appelé Italo-Celte récent – participèrent à cette migration des Champs d’Urnes français, mais sans encore s’installer en Bretagne qui conservait toujours sa vieille culture atlantique héritière des Tumulus et que nous pensons Proto-Celte [cf. ci-dessous] ; dans le même temps, d’autres fractions Vénètes s’installaient au Nord des Alpes et dans la vallée du Rhône. Ce scénario est hypothétique mais vise à expliquer la riche toponymie vénète d’Europe Occidentale. Il n’a cependant rien d’invraisemblable, car il arrive souvent que des fractions d’un peuple suivent la migration d’un autre peuple. Il va même dans le sens de certains chercheurs du XIX° et du XX° siècle qui croyaient déceler des marqueurs ‘’lusaciens’’ infiltrés en Occident parmi des marqueurs ‘’celtiques’’ qui étaient proches d’eux mais néanmoins différents. Un scénario alternatif, plus audacieux encore, consisterait tout simplement à identifier les Q-Celtes à ces fameux Vénètes qui sont mal saisissables et surtout mal différenciables d’eux. Comme les Celtes – dont nous venons de dire qu’ils étaient de proches cousins, si tant est qu’ils ne puissent pas être identifiés avec eux – ces Vénètes auraient pu véhiculer R1b-DF27 et R1b-L2 ; haplogroupes qui, quoiqu’avec des taux faibles, sont aujourd’hui présents dans le bassin de la Vistule, en Ukraine Transcarpatique, en Vénétie, au Nord des Alpes et, avec des taux beaucoup plus élevé, en Armorique ; c’est-à-dire dans toutes les régions où les Anciens et la toponymie nous signalent la présence de fractions Vénètes. 
  • Sans rupture culturelle avec les époques précédentes, la région de Grande-Armorique (i.e. Petite-Bretagne et Normandie) entra dans le Bronze-Atlantique-Final-2, encore qualifié de Rosnoen-2 (v. 1200/1150 à 1100 AEC). Cette culture *Post-Tumulus tardive, que nous attribuons à des *Proto-Celtes, échappa globalement au phénomène des Champs d’Urnes mais subit quand même des influences venues du RSFO. A la lecture des haplogroupes atlantiques actuels, l’haplogroupe indigène R1b-L21 devait encore prédominer dans la population masculine ? A l’époque de la carte V , nous postulons que les Vénètes venus avec les Champs d’Urnes, n’avaient pas encore pénétré dans le Vannetais où les populations parlaient peut-être une langue protoceltique proche du belge [cf. hypothèse de la Belgique Parocéanique ci-dessous].
  • Vers 1200/1180 AEC, en synchronie avec l’Ouest du continent, l’ensemble des îles Britannique entra dans la phase du Bronze- Récent-1 / BR1 ou période-6 (v. 1200/1150 à 950 AEC). En Angleterre comme en Irlande, cette période d’unification culturelle commença par la phase Penard-2 / Wilburton (v. 1200/1150 à 1100 AEC) qui vit l’introduction des premières grandes épées de bronze pourvues d’une soie dans les deux îles. Notons d’ailleurs que ces épées pourraient précisément avoir été les armes de pointes de cette époque qui permirent le phénomène ‘’champs d’urnes’’ et ses à-côtés culturels dans toute l’Europe Occidentale. De fait, les gens de la phase Penard-2 s’apparentaient sur de nombreux points à ceux des Champs d’Urnes du continent (Hallstatt-A1 et -A2), mais sans avoir adopté – ou peut-être plutôt sans avoir conservé comme eux – les fameux cimetières que nous appelons des champs d’urnes. Pour ces raisons, c’est à cette époque que la pénétration d’un peuplement authentiquement Celte est la plus probable en Grande-Bretagne. On pourrait tenter d’associer ce peuplement aux Tuatha Dé Danann / peuples de la déesse Dana cité dans le livre des conquêtes (de l’Irlande). Toutefois, l’absence de véritables champs d’urnes, la relative continuité avec la phase Penard-1 et le fort taux actuel de R1b-L21 laissent une fois de plus penser que l’élément intrusif R1b-DF27 et R1b-L2 ne fit que se superposer à un peuple indigène qui demeura massivement en place ; beaucoup plus tard, à l’époque romaine, lorsque Tacite signala que les Bretons étaient souvent moins blonds que les autres Gaulois, il ne faisait que peut-être dire la même chose sur une autre base d’observation. Peut-être les Celtes se comportèrent-ils donc à la manière d’une aristocratie étrangère peu nombreuse, qui se mêla rapidement à une aristocratie indigène qui ne fut pas éliminée et s’adapta ? C’est souvent ainsi que les peuples évoluent, et, cela, quoiqu’ils conservent in fine leur ancien nom ethnique ou prennent celui de leurs nouveaux chefs. En quelque sorte, ce fut un chapitre de plus dans l’histoire déjà millénaire de la vieille koinè de l’étain et donc du bronze nord-atlantique ; métal encore indispensable pour ces peuples en retard technologique qui n’avaient toujours pas adoptés le fer. Aux côtés des Q-Celtes, nous nous demandons si les Vénètes / Gwynedd n’étaient pas également l’un des groupes intrusifs en Grande-Bretagne ? Cela au cas où l’on répugnerait à identifier tout simplement les uns aux autres.
  • En ‘’Cassitéride’’, c’est-à-dire en Grande-Bretagne et en Grande-Armorique, les populations locales continuèrent peut-être à parler des langues proto-celtiques mais qui furent influencées par la langue q-celtiques des champs d’urnes, à la manière de la langue des futurs Saxons qui, dans de lointains siècles à venir, sera influencée par celle des futurs Normands mais subsistera néanmoins ? Ce scénario que nous proposons pourrait signifier que le qceltique insulaire (le seul que nous sommes capables d’étudier véritablement aujourd’hui) devint substantiellement différent du q-celtique continental dont seul le celtibérique permettra de vaguement deviner l’état lorsqu’il nous laissera quelques brèves inscriptions, six siècles après les évènements que nous relatons ; différence bien évidement difficile à appréhender à l’époque de la carte V. Nous proposons que, bien qu’étant toutes les deux des langues q-celtiques, le gaëlique et le celtibérique connurent des genèses différentes : 1) le gaëlique pourrait avoir résulté d’une unification progressive de l’Europe nord-occidentale autour d’un ‘’marché commun de l’étain’’ initialement tenu par des populations *Epicampaniformes / Ligures qui furent successivement *protoceltisées puis celtisées mais qui demeurèrent essentiellement basées sur R1b-L21 ; tandis que 2) le celtibérique résulta vraisemblablement d’un mouvement migratoire soudain qui transplanta physiquement en Catalogne des groupes entiers de Q-Celtes de type champs d’urnes, c’est-à-dire de gens qui étaient directement originaires du Nord de l’Europe Centrale et massivement vecteurs de l’haplogroupe R1b-DF27 ; lequel haplogroupe reste aujourd’hui très dense dans le Sud-Ouest de l’Europe, alors qu’il l’est beaucoup moins dans les îles britanniques. Considérons que ce différentiel de fréquence de R1b-L21 et de R1b-DF27 dans les deux groupes de peuples est un message de portée historique.
  • Vers 1200, la culture d’Elp – initialement *Epicampaniforme / Ligure mais qui avait précédemment intégré des éléments de la culture *Proto-Celte des Tumulus – fut de nouveau fortement influencée par le vaste horizon Q-Celte des Champs d’Urnes auquel elle ne s’intégra pas totalement mais dont elle devint une sorte de province extérieure (v. 1200 à 1100 AEC) ; cette phase pourrait être nommée *Epi-Elp. Nous lui conservons une identité Ligure / Ambrone ou Proto-Celte ; ce qui ne signifie pas que sa langue ne fut pas impactée par des intrusions venues des Champs d’Urnes. Dans le continuum géographique et temporel où s’entrechoquèrent des dialectes qui avaient tous la même origine yamnaya occidentale, tout n’est probablement question que d’isoglosses mouvantes dans le temps et dans l’espace, qui appellent autant de seuils arbitraires ; mais de seuils que le matériel subsistant ne nous permet hélas pas de positionner.
  • Un peu plus au Sud, la culture d’Hilversum subit le même processus à la même date, mais avec une influence encore plus marquée des champs d’urnes RSFO ; cette phase de l’horizon champ d’urnes pourrait être nommée *Epi-Hilversum mais il est plus juste de l’appeler Champs d’Urnes du Bas-Rhin (v. 1200/1150 à 800 AEC) au motif de cette infiltration plus évidente de fractions Q-Celtes. Peut-on expliquer ainsi l’importance actuelle de R1b-L2 en Belgique et en Hollande ? Ces évènements pourraient-ils avoir été à l’origine de la cristallisation définitive du peuple Belge distingué par César ? Cela est impossible à déterminer car nous savons seulement que la langue belge – uniquement devinée sur la base de la toponymie et de l’ethnonymie – était une langue conservatrice qui gardait à la fois les vélaires ancestrales ‘’Kw’’ et le ‘’P initial’’, lequel est réputé perdu en celtique ; perdu depuis au moins dès l’époque des Champs d’Urnes puisque la chute du ‘’P initial’’ est également observée en celtibérique. Par conséquent, le belge pourrait avoir été une langue protoceltique reposant sur une base ligure ; ce qui n’interdit pas qu’un dialecte q-celtique ‘’champs d’urnes’’ se soit superposé à son tour à cet édifice, mais avec une force qui fut insuffisante pour supprimer le ‘’P initial’’ archaïque. Cette langue belge dont le texte de César a laissé supposer qu’elle était encore parlée à son époque par un groupe ethnique qu’il jugeait potentiellement distinct des Gaulois, aurait donc été dans une position similaire à celle que nous attribuons au goïdélique / gaëlique ; mais aurait cependant conservé un état un peu plus archaïque que le gaëlique, car disparition du ‘’P initial’’ (qui est réalisée en gaëlique) est l’un des traits les plus facilement distinctifs du celtique. Notons que les traits archaïques du belge sont partagés avec l’italique et avec le lusitanien, ce qui ne signifie évidemment pas qu’il s’agissait de la même langue, mais ce qui le positionne avec elles dans un conservatisme des marges, par rapport au celtique plus novateur
  • Ce que nous venons de dire à propos du belge et des dialectes des îles britanniques était-il partagé avec les dialectes de Grande-Armorique de l’époque Rosnoen-2, que nous avons également postulé protoceltiques ? [cf. ci-dessus]. A ce propos, seul parmi les auteurs antiques, Strabon appelait ‘’Belgique Parocéanique’’ ce que nous appelons Petite-Bretagne / Armorique et comptait les Vénètes et les Osimes / Ostimiens au nombre des peuples Belges. Strabon précise même textuellement que les Belges formaient (avaient formés ?) une ‘’confédération de 15 peuples répandus entre le Rhin et la Loire’’ ! Ainsi, ce que Strabon appelle Belge serait-il équivalent à ce que nous appelons Proto-Celte ? Notons également autre chose à propos de ces Belges : si l’on veut bien accepter cette assimilation dont nous faisons l’hypothèse, cela permet de comprendre pourquoi le livre des conquêtes (de l’Irlande) fait venir les Fir Bolg / Belges avant et non pas après le peuple de la déesse Dana (supposé Celte).

 

Europe méditerranéenne (Ouest-Sud)

  • Vers 1200 / 1150 AEC, en Italie du Nord Occidentale, toujours en parfaite synchronie avec les évènements qui secouèrent l’ensemble de l’Occident, un groupe de champs d’urnes recouvrit la culture Ligure de Scamozzina et constitua la culture Canegrate (v. 1200/1150 à 1100 AEC) dans la région des grands lacs italiens ; laquelle était la phase formative de la culture Proto-Golasecca (PG) qui commencera vraiment 100 ans plus tard mais que nous indiquons dès à présent sur la carte. Certains chercheurs rapprochent ces champs d’urnes de la culture Protovillanovienne qui s’installa à la même époque dans la péninsule italienne, même si l’origine du mouvement n’était pas le même, si tant est que nous puissions le déterminer vraiment. Peut-être venus depuis le Nord des Alpes et la France RSFO [cf. ci-dessus] les intrus *Canegrates pourraient avoir parlé une langue q-celtique antérieure à la langue lépontique (qui sera p-celtique, très proche du gaulois et peut-être même un simple dialecte gaulois) dont les traces attestées sont postérieures au VI° siècle AEC, même si leur langue dut plus tard servir de substrat à ce dernier. En revanche, s’ils sont venus depuis l’Est en tant que composante du mouvement Protovillanovien, il serait logique de leur attribuer une langue q-italique ; langue encore proche du q-celtique à l’époque où nous nous trouvons.
  • Ce mouvement Canegrate / Proto-Golasecca, que nous venons de dire Q-celte ou Q-Italiote eut pour conséquence de rétrécir l’aire que les Ligures occupaient jusque-là dans la vallée du Rhône et dans les Alpes. Il pourrait expliquer les forts taux de R1b-L2 dans la région des grands lacs italiens. 
  • Vers 1200/1150 AEC, la culture des Terramares d’Italie du Nord – dont nous pensons qu’elle était Proto-Italiote et basée elle aussi sur des variants de R1b-L2 – subit également une crise brutale qui conduisit à l’abandon rapide de tous les établissements villageois. Dans le contexte de la crise climatique, on assista donc exactement au même effondrement de la civilisation qu’en Grèce et au Proche-Orient. C’est au cours de cette tourmente de peuples que les *Protovillanoviens Q-Italiotes arrivèrent depuis l’Est et incorporèrent peut-être dans leurs rangs des fractions *Terramaricoles bousculées par eux, comme cela s’est souvent vu dans l’histoire. Cela avec d’autant plus de facilité que les deux langues devaient être proches. Cet apport *Terramaricole a été soupçonné à l’origine de la forme régulières des villes bâties par les Romains avec leurs axes principaux se coupant à angle droit
  • En effet, c’est encore et toujours vers la date charnière de 1200/1150 AEC, que la fraction Protovillanovienne (v. 1200/1150 à 900 AEC) des Champs d’Urnes quitta la Hongrie où elle faisait partie du groupe des cultures Suciu-de-Sus / Gava, et arriva dans une Italie du Nord en crise où elle contribua à faire disparaitre la culture des Terramares [cf. ci-dessus]. Cette culture Protovillanovienne était une version méridionale de celle de Hallstatt-A-B, et était tout comme elle héritière du groupe de Piliny [cf. carte U]. On lui trouve également des affinités avec la culture de Lusace au sein du très vaste horizon des Champs d’Urnes. Les Italiotes *Protovillanoviens – que nous pensons avoir été basés sur le variant R1b-U152-Z56 – progressèrent rapidement dans toute l’Italie où ils s’installèrent en Vénétie, dans la future Etrurie et sur la façade occidentale de la péninsule où ils arrivèrent jusqu’au Sud. Les *Protovillanoviens étaient un peuple incinérant de l’âge du bronze final ; leur stratification sociale était marquée. La swastika faisait partie de leurs motifs décoratifs. C’est de ces *Protovillanoviens / Q-Italiotes que sortiront les ancêtres majoritaires des Latins et les Falisques. Les dialectes italiques de Campanie, antérieurs à l’arrivée des Samnites, pourraient aussi avoir été de ce type, ce que les vestiges Protovillanoviens locaux pourraient signifier. Les tribus Q-Italiotes avaient conservé le ‘’ Kw’’ indo-européen originel, que les Osco-Ombriens / Sabelliens labialiseront en ‘’P’’ (cf. carte Y). Peut-être mêlées d’éléments indigènes rencontrés sur leur route, certaines tribus *protovillanoviennes pousseront un peu plus tard jusqu’en Sicile Orientale qui a tiré son nom du peuple des Sicules, un peuple qui semble par ailleurs avoir subsisté en Calabre jusque v. 700 AEC. Sur l’île, le matériel archéologique protovillanovien ne fait pas débat. En revanche, quoiqu’ayant fait l’objet de nombreuses spéculations, l’affiliation ethnolinguistique de ces Sicules fait toujours le grand écart entre un peuple indigène *Apenninique, un peuple de type Latino-Falisque où même un peuple Tyrrhénien Shekelesh de Méditerranée Orientale qui pourrait être venu s’installer là au terme de l’épopée des peuples de la mer [cf. ci-dessous Europe égéenne & carte U]. Nous préférons cependant les comprendre comme des indigènes de l’Italie, issue du vieux peuplement Ligure auquel s’était superposé la strate *Apenninique. Le fait que des Sicules auraient vécu dans le Latium avant les Latins, et qu’il en aurait même existé sur la côte du Picenum / Marches, plaide plutôt pour un peuple indigène.
  • Repoussés par eux de la côte Ouest, les Illyriens de la culture Apenninique, que nous pensons structurés par R1b-L2 sur un fond d’haplogroupes indigènes, subsistèrent toutefois dans la chaîne des Apennins ainsi que sur toute la façade orientale de la péninsule jusque dans les Pouilles où vivront plus tard les Iapyges et les Messapiens. Il s’agissait alors de la phase Sub-Apenninique (v. 1200 à 900 AEC). Notons qu’il est également possible que les Ombriens et les Osques ‘’originels’’ aient fait partie de ce groupe Post-Apenninique qui avait précédemment intégré le peuple Ligure avant d’être ultérieurement fédéré par des P-Italiotes qui seront un jour à l’origine d’inscriptions ; ces inscriptions feront croire, à tort, aux savants modernes que les Ombriens et les Osques étaient des peuples P-Italiotes, alors qu’ils n’étaient probablement que p-italicisés [cf. carte Y].
  • Du côté adriatique de la péninsule des Balkans, la culture des Castellieri se prolongeait. Nous l’attribuons à des Illyriens que nous disons ‘’véritables’’ pour les distinguer des autres peuples qui viendront habiter l’Illyrie et qui seront malheureusement englobés sous leur nom.
  • On pourrait être tenté de situer à cette époque l’arrivée des Vénètes de Vénétie dont la langue mal connue ne sera pas labialisée et évoquera donc par certains aspects le latin, quoique probablement de manière superficielle. Toutefois, ce que certains appellent culture **Proto-Atestine dans la future région de Vénétie, n’est pas vraiment autre chose que la culture Proto-Villanovienne / Champs d’Urnes locale. Sans certitude, nous reporterons plutôt l’arrivée des Vénètes de Vénétie aux alentours de 900 AEC [cf. carte Y].
  • En Sardaigne, la culture Nuragique classique / Nuraghique-2 (v. 1500 à 900 AEC) survécut à la crise ; ce qui ne signifie pas qu’elle en sortit indemne. En effet, le nom de l’île de Sardaigne fait penser à celui des Shardanes, un autre peuple Egéen Tyrrhénien qui participa à l’épopée des peuples de la mer aux côté des Shekelesh / Sicules. Comme la Sicile, la Sardaigne était déjà connue des peuples égéens de l’âge du bronze récent et ces Shekelesh ne s’installèrent donc probablement pas en terre inconnue s’ils étaient bien originaires de Méditerranée Orientale au lieu d’être tout simplement le peuple indigène de cette grande île, comme le soutiennent certains chercheurs [cf. ci-dessous Europe égéenne & carte U]. Or, dans le cas présent, un vecteur Est → Ouest se laisse plus facilement observer qu’en Sicile car c’est précisément à partir de v. 1200/1150 AEC qu’un matériel égéen et cypriote abondant apparut sur de nombreux sites de l’île sarde, y compris de la céramique protogéométrique et des armes de type égéen. Au sein du Nuraghique-2, ces changements furent suffisants pour définir une époque *Nuraghique-2b (v. 1200/1150 à 900 AEC). Il serait donc difficile de ne pas faire le lien entre le peuple égéen des Shardanes et l’apparition de ces innovations typiquement originaires de Méditerranée Orientale ! Un linguiste du XX° siècle a même proposé que les langues paléo-sarde et étrusque partageaient des traits communs entre-elles et avec les langues anatoliennes. Il se pourrait donc, qu’entre v. 1200 et 1100 AEC, des Tyrrhéniens aient quitté la mer Egée et soient venus s’imposer à des indigènes nuragiques qui étaient jusque-là d’origine *Epicampaniforme. Il est cependant probable que seul les deux tiers méridionaux de la Sardaigne passèrent sous le contrôle de ces nouveaux-venus égéens, tandis que le Nord de l’île ainsi que la Corse seraient demeurés sous celui des indigènes Ligures / *Epicampaniformes ?
  • Pour clore provisoirement la question de l’arrivée possible de peuples Tyrrhéniens de la mer en Méditerranée Occidentale à l’occasion de la crise généralisée, il faut encore citer les Teresh qui ont été identifiés aux Etrusques. Cependant, ce n’est que plus loin que nous aborderons les questions de leur origine et leur devenir, parce que ce groupe pourrait être arrivés en Méditerranée Occidentale plus tardivement que les autres ‘’peuples de la mer’’ [cf. carte Z].

 

Europe égéenne et balkanique (Centre-Sud)

  • En Thrace, la culture Thrace de Zimnicea-Plovdiv (v. 1300 à 1150 AEC) que nous pensons basée sur R1b-Z2103 fut infiltrée v. 1150 AEC par la vague Gava des champs d’urnes que l’on peut penser Italique et basée sur R1b-L2. Manifestement, cela ne fut pas suffisant pour affecter la dynamique du peuple Thrace qui parvint à se maintenir. Ces mouvements contribuèrent-ils cependant à pousser en Anatolie les ancêtres Thraces des Arméniens ?
  • La culture Thrace de Coslogeni / Zimnicea-Plovdiv évolua génétiquement en cultures filles de Radovanu et Babadag (v. 1150 à 900 AEC) qui correspondent au début du fer ancien dans la région du Bas-Danube.
  • En Moldavie, la culture Noua, Thrace également, fut remplacée par un faciès de transition parfois appelé culture de Saharna-Solonceni (v. 1150 à 900 AEC). Il s’agissait peut-être des premiers Daces ou de *Proto-Daces ; en attendant que le peuple Dace historique soit constitué sur le substrat des tribus Italiotes de ce qui deviendra la Dacie
  • La pression des Thraces pourrait avoir contribuée à pousser le gros du peuple Phrygien sur l’Anatolie, où il participa à la guerre de Troie et contribua à la destruction de l’Empire Hittite. Toutefois, des groupes Phrygiens se maintiendront encore longtemps dans les Balkans ; dont le peuple homonyme des Bryges ainsi que d’autres fractions installées dans la future province d’Illyrie.
  • En Anatolie Occidentale, la ville de Troie-7a fut prise par les Grecs en – 1183. La phase Troie-7b1 (v. 1180 à 1150 ? AEC) fut une réoccupation précaire du site par les Troyens survivants. Elle fut suivie par la phase Troie-7b2 (v. 1150 ? à 1075 ? AEC) qui correspondit à l’installation d’une population venue du monde danubien ou de Lusace, et donc de la mouvance Celte et/ou Vénète. Au Sud-Ouest, les populations Lydiennes se maintinrent, ainsi que les populations Louvites au Sud. Mais les Hittites furent repoussés du Centre de la péninsule par les mouvements Thraces et Phrygiens conjugué à l’agitation des Gasgas, et durent se réfugier en Syrie autour de Karkemish.  
  • En Grèce, la période comprise entre la chute de Troie et la fin du monde Mycénien correspond à l’Helladique-récent-3c / HR3c / LH3c (v. 1180/60 à 1050 AEC). Dès le début de cette période, plusieurs centres urbains Grecs Achéens / Mycéniens furent affectés par la crise ; mais les anciennes hypothèses impliquant une invasion brutale des Doriens n’ont pas de trouvé de validation explicite parce que les destructions constatées semblent plutôt avoir été dues à des troubles sociaux. L’écriture linéaire-B dut se perdre à la fin de cette période en raison de l’effondrement du système économique palatial. Toutefois, en dépit des troubles, la population Achéenne / Mycénienne demeura fondamentalement inchangée, car aucune trace d’invasion n’est observée. Heureusement, les aèdes ont continué à chanter les épopées généalogiques d’antan et à les apprendre à leurs élèves par la succession desquels des pans entiers de l’histoire de l’âge du bronze nous ont été conservé ; n’en déplaise à ceux pour qui tout cela n’est que merveilleuses légendes où viennent paître des psychanalystes diablement inventifs… Que peut-on en tirer ? Le retour des Héraclides a été daté de – 1104 par les Anciens, mais ce sont les modernes – pas les Anciens – qui l’ont associé à la question Dorienne. Plus tard, les rois de la Sparte Dorienne revendiqueront d’ailleurs une origine Achéenne lorsqu’ils se souviendront de leurs ancêtres Héraclides. Les fameux Doriens eurent-ils quand même un rôle à jouer dans la crise grecque ? Nous avons proposé qu’ils étaient originellement des mercenaires semi-étrangers qui pourraient avoir été utilisés de longue date par plusieurs royaumes Achéens ; en suivant cette hypothèse, on peut avancer que le ‘’retour des Héraclides‘’ ne fit qu’accentuer ce vieux phénomène de commensalité, par exemple si ces princes d’origine Achéenne étaient entourés par de nouveaux contingents venus de Doride ?  
  • Au Nord de la Grèce Mycénienne en cours d’effondrement se trouvaient les Grecs Macédoniens au Nord-Est, et les Grecs Epirotes au Nord-Ouest. C’est des rangs méridionaux de ces derniers que le groupe Dorien est issu. Pour l’heure, depuis qu’on les exempte à peu près des malheurs de la Grèce Mycénienne, les Doriens devaient simplement constituer un groupe Epirote méridional. Comme nous l’avons suggéré, les rois Achéens les sollicitaient peut-être comme mercenaires ? Mais il est également possible qu’ils ne se soient installés qu’assez tard en Doride, au Nord du golfe de Corinthe ; peut-être seulement au cours des évènements du XII° siècle AEC que nous relatons ? C’est plus tard encore, qu’ils occuperont l’ensemble du Péloponnèse et des îles [cf. carte Z].
  • Nés d’une fusion entre les Grecs et les indigènes Tyrrhéniens et Minyens, les Grecs Eoliens et les Grecs Attiques-Ioniens étaient en cours de cristallisation. Etant donné la longue tradition maritime de leur substratum indigène, ces fractions du peuple Grec devinrent automatiquement des peuples de marins.
  • Rattachée depuis des siècles au Monde Grec, la Crète du Minoen-Récent-3c / MR3c / LM3c (v. 1190 à 1100 AEC) suivit la même évolution que le continent. Il est possible que la Crète / Kaphtor ait constitué un lieu d’asile pour les populations Tyrrhéniennes / Pélastes / Pélasges de la mer Egée et de ses rivages, qui furent fortement ébranlées par l’agitation du XII° siècle AEC ? De même, il est envisageable que les ancêtres des Etrusques ait un temps habité la Crète [cf. carte Z]. 
  • A cette époque de délitement de la civilisation du Bronze récent, les Cyclades demeurèrent une dépendance du monde Mycénien, ce qui ne signifie pas nécessairement que le fond de la population était Grec. Ici, et dans l’île d’Eubée, l’Helladique-Récent-3c perdura jusque v. 1000 AEC, ce qui incite à penser que la stabilité populationnelle fut importante. C’est dans ces régions, à cette époque et sur le substrat indigène Pélasge que cristallisa le groupe Grec Ionien, proche parent du groupe Grec Attique qui en était la version continentale.
  • Des sismologues ont avancé qu’une série de tremblements de terre (i.e. un orage sismique) pourrait avoir contribué aux destructions des villes de méditerranée orientale entre v. 1225 et 1175 AEC ; il est difficile de dire si et comment ces phénomènes géophysiques intervinrent dans l’épopée des ‘’peuples de la mer’’.
  • Ces ‘’peuples de la mer’’ ont été ainsi nommés par les Egyptiens qui eurent à les affronter à 4 reprises et qui parvinrent à les repousser en périphérie de leur vallée :

1) En – 1219 (an 5 de Merenptah) menée par les Libu, une coalition comprenant aussi des Meshwesh, Qeheq, Dardany, Luka, Ekwesh, Tursha, Shekelesh et Shardanes fut battue près de Memphis.

2) En – 1180 (an 5 de Ramsès III) une coalition de Libu, Meshwesh et Seped attaqua l’Egypte et fut repoussée.

1) En – 1177 (an 8 de Ramsès III), une attaque de Peleset, Tjekker, Shekelesh, Shardanes, Denyen et Weshesh fut défaite près de Tanis. L’inscription de temple funéraire de Ramsès III mérite d’être citée pour illustrer ces troubles : ‘’Les étrangers firent une conspiration dans leurs îles [de la mer Egée]. Subitement, ils quittèrent en masse leur pays, animés du désir de combattre. Nul pays ne put résister à leurs assauts, depuis le Hatti (Empire Hittite), le Karkemish (vice-royauté hittite en Anatolie Orientale), l’Arzawa (état vassal des hittites en Anatolie Occidentale) et Alashiya (Chypre). Ils établirent leurs campements au pays d’Amurru (côte syro-libanaise) qu’ils détruisirent en totalité. Puis ils avancèrent vers l’Egypte qui s’était [heureusement] préparée contre eux. Cette coalition comprenait les Peleset, les Tjeker, les Shekelesh, les Denyen et les Weshesh. Ayant été vainqueurs de partout, ils étaient plein de confiance’’. C’est peut-être à l’issue de leur défaite que les Peleset / Philistins s’installèrent en Palestine qui porte leur nom. Toutefois, il est possible qu’ils aient déjà été installés précédemment

4) En 1174 AEC (an 11 de Ramsès III), menée par les Libu, une coalition de Meshwesh, Asbat, Qaiquash, Shaytep, Hasa et Baqan fut défaite près de Memphis. Après cette date, les Libu et les Meshwesh s’installèrent dans l’Ouest du Delta du Nil et en Cyrénaïque. 

  • Plusieurs de ces peuples sont inconnus, tandis que d’autres étaient cités dès la XVIII° dynastie et que le nom de certains autres se retrouvera dans celui de peuples ultérieurs. Bien que rien ne puisse être affirmé à leur propos, plusieurs de ces peuples peuvent néanmoins être cernés : A) Les Libu étaient évidemment des Libyens. Mais que signifiait le nom de Libyens à cette époque lointaine ? La pâleur de leur peau et les cheveux clairs des peintures égyptiennes nous conduisent à penser qu’il s’agissait d’un peuple du Nord. Des Grecs ? Ou des Pélasges / Tyrrhéniens ? Ces étrangers Indo-Européens auraient pu s’imposer aux indigènes Berbères / Meshwesh et les fédérer en troupes auxiliaires. B) Les Shardanes portaient le nom de la ville de Sarde (en Lydie) et des Sardes de Sardaigne. On en fera également des Anatoliens ou des Tyrrhéniens originaires de la côte anatolienne, qui eurent la bonne fortune de pouvoir s’implanter en Méditerranée Occidentale après avoir échoué en Méditerranée Orientale. C) Les Shekelesh étaient vraisemblablement des Sicules ; que ceux-là aient été un peuple d’Italie du Sud d’affiliation Ligure ou *Apenninique, ou un groupe Pélasge / Tyrrhénien qui allait prochainement s’imposer à un peuple d’Italie du Sud auquel il aurait légué son nom qui est également devenu celui de l’île de Trinacrie / Sicile. Dans ce dernier cas, leur nom est mis en rapport avec la ville de Sagalassos en Anatolie Occidentale (Pisidie). D) Des chercheurs ont pensé que les Denyen pourraient avoir un rapport avec les Danéens et avec la tribu Israelite et dite ‘’idolâtre’’ de Dan, dont le territoire primitif jouxtait au Nord celui des Philistins. S’agissait-il de Grecs ? Etaient-ils une fraction des Achéens qui s’établirent à Chypre ? E) Les Peleset / Philistins / Palestiniens seront crédités par les Hébreux d’avoir été originaires de Kaphtor, c’est-à-dire de Crète. Leur ethnique, popularisé par la Bible, est visiblement basé sur le radical de Pélastes / Pélasges, qui désignait le peuple de la mer Egée. Ils pourraient s’être installés en Palestine v. 1170 AEC, à moins qu’ils n’aient déjà été implantés là avant la crise puisque des textes égyptiens plus anciens situent le Keftiu au Sud de Byblos ? Quoi qu’il en soit, la région porte toujours leur nom.  F) Les Tursha, ils pourraient avoir été des Pélasges du Nord de l’Egée, ancêtres des Etrusques. Nous pensons que ceux-ci se replièrent en Crète après l’échec des expéditions en Egypte ; et que ce n’est que plus tard qu’ils iront rejoindre les Shardanes / Sardes et les Shekelesh / Sicules en Méditerranée Occidentale [cf. carte Z]. G) Enfin, les Weshesh pourraient être les restes des Troyens de Wilusa, même si d’autres affiliations sont possibles.

 

Europe Centrale (Centre-Centre)

  • Vers 1200/1150 AEC, en synchronie avec la crise générale, le Bronze-Moyen d’Europe Centrale laissa la place au Bronze-Récent. En effet, contrairement aux Balkans et au Proche-Orient, la métallurgie du fer ne touchait pas encore l’Europe Centrale ; peut-être parce que, malgré la crise, la route de l’étain demeura assez bien maitrisée jusque vers les ‘’îles Cassitérides’’, ce qui fit que les forgerons ne furent pas obligés de modifier leurs pratiques ? En Europe Centrale, la notion de Bronze récent se superpose exactement avec la culture des Champs d’Urnes (v. 1200 à 800 AEC) et avec la culture de Hallstatt-A-B (v. 1200 à 900/800 AEC) qui sont globalement des appellations différentes d’une même réalité. Découlant d’une pratique de l’incinération devenue massive, ces fameux champs d’urnes sont des dépôts d’urnes funéraires sous des tombes plates qui contrastent avec les anciens tumuli funéraires. Peut-être cette pratique révélait-elle une démocratisation de la mort ? Dans le détail, on périodise l’époque bronzière de Hallstatt en Hallstatt-A (v. 1200/1150 à 1050 AEC) puis HallstattB (v. 1050 à 900/800 AEC). Précisons cependant que pour certains chercheurs, il faudrait plutôt qualifier cette période de Pré-Hallstatt, et réserver le terme de culture de Hallstatt véritable aux seules phases sidérurgiques qui débuteront au Nord des Alpes entre v. 900 et 800 AEC selon les régions (Hallstatt-C ou Hallstatt ancien [cf. cartes Y & Z]).
  • La rapide propagation des Champs d’Urnes sur une grande partie de l’Europe aux alentours de 1200/1150 AEC pourrait être comprise comme la résultante d’une agitation septentrionale des peuples Italo-Celtes ou Italo-Celto-Vénètes qui survint en exacte symétrie de l’agitation méridionale des peuples de la mer et autres Grecs, Phrygiens, Thraces, Tyrrhéniens et Anatoliens. Ce chapitre consacré à l’Europe Centrale permet de s’interroger sur le moteur des mouvements ‘’Champs d’Urnes’’. Dans les société anciennes qui atteignaient une forte densité démographique en raison d’une économie agricole devenue suffisamment efficace, la survenue d’aléas climatiques soudains pouvait très vite devenir extrêmement problématique : jusqu’à une époque récente, il suffisait de deux années pourries et des mauvaises récoltes qui en résultaient pour que survienne le spectre d’une famine meurtrière et que se précipitent les uns contre les autres des communautés désespérées qui étaient prêtes à tout pour survivre ; la destructions des communautés voisines étant alors la moindre chose. Précisément, c’est ce domino de peuples qui pourrait avoir été activé à partir du refroidissement de 1160 AEC ; date qui allait ouvrir non pas deux années mais deux décennies climatiquement pourries.
  • Dans son acception restreinte, la culture des champs d’urnes et de Hallstatt-A-B / Hallstatt du Bronze (v. 1200/1150 à 800 AEC), s’est étendue de la Hongrie Occidentale à la France Orientale, ainsi que des Alpes aux environs de la mer du Nord. Toutes ces régions étaient peuplées de Celtes que nous appellerons Q-Celtes à partir de cette époque et que nous pensons avoir été principalement basés sur R1b-DF27 et R1b-U152-L2. Les techniques métallurgiques étaient communes à tous les groupes ; peut-être parce que des ateliers spécialisés itinérants étaient sollicités par l’aristocratie des différentes tribus ? Mais des groupes régionaux se distinguaient néanmoins par le style de leurs poteries, dont la répartition pourrait avoir délimité d’authentiques confédérations tribales ou la proportion des indigènes Pré-Celtes et des envahisseurs Celtes pourrait avoir été variable
  • Hormis la culture des champs d’urnes strictement définie, on reconnait aussi un horizon des champs d’urnes qui est plus vaste et qui regroupe des faciès culturels légèrement différents mais qui avaient cependant une base commune. L’expansion des champs d’urnes chez les peuples d’Europe Occidentale (France, Grande-Bretagne, Espagne, Italie du Nord) et chez ceux du littoral de l’Europe Centrale (Belgique, Hollande) vient d’être décrite plus haut [cf. Europe atlantique & Europe méditerranéenne]. Il nous reste maintenant à examiner les champs d’urnes du Sud de l’Europe Centrale (Croatie du Nord, Bassin pannonien, Carpates) et de Pologne. En précisant que la côte dalmate et sa culture Illyrienne des Castellieri semble avoir été épargnée. 
  • Chez les peuples *Post-Otomani de Suciu-de-Sus (v. 1300 à 1200/1150 AEC), la culture Gava (v. 1200/1150 à 900 AEC) – qui s’installa alors – était la composante méridionale de l’horizon des champs d’urnes et de Hallstatt-A-B. Elle pourrait avoir été portée par des tribus Q-Italiotes. Les sites Gava étaient fortifiés et leur production métallique bronzière était abondante ; les morts étaient incinérés et les cendres déposées dans des urnes. Aux alentours de 1200/1150 AEC, la culture Gava se répandit dans plusieurs directions : 1) une de ses fractions précoces, mêlée à des éléments Suciu-de-Sus, migra en Italie où elle porta la culture Protovillanovienne qui appartient au sens large à l’horizon des Champs d’Urnes et contenait potentiellement les ancêtres linguistiques des Latins peut-être basés sur le variant R1b-Z56 de R1b-U152 [cf. Europe méditerranéenne]. La culture Protovillanovienne pourrait ainsi être comprise comme la composante italienne de la culture Gava. 2) Les autres groupes Gava s’installèrent moins loin, en Europe Centrale méridionale v. 1200/1150 AEC : Croatie du Nord (bassins de la Save et de la Drave) Hongrie Orientale, Moldavie roumaine et Transylvanie où elle s’imposa aux peuples locaux. Ainsi, dans le bassin du Moyen-Danube, les cultures que nous avons appelées Proto-Italiotes de Cruceni-Belegis-2 (v. 1600/1500 à 1150 AEC), de Girla-Mare (v. 1600 à 1150 AEC) et de Verbicioara (v. 1600 à 1150 AEC) furent alors remplacées par le faciès Champ d’Urnes de Bistret-Isalnita (v. 1200/1150 à 1100 AEC) que nous attribuons à des Q-Italiotes peut-être basés sur le variant R1b-L2 de R1b-U152 ? En effet, si R1b-U152 est actuellement peu fréquent dans les pays du Danube, le variant R1b-L2 représente 86% du total de U152 en Hongrie et 33% en Bulgarie, ce que l’on peut interpréter comme la trace des anciens peuples Proto-Italiotes et Italiotes locaux. Des champs d’urnes plats ponctuèrent le bassin du Moyen-Danube et les bassins de la Save et de la Drave. 3) La vague Gava / Champs d’Urnes atteignit aussi l’autre côté des Carpates (monts Vénétiques) où elle recouvrit les restes de la culture Slave de Komarov au Nord de la Moldavie et est connue sous le nom de culture Holihrady (v. 1200 à 800 AEC) ; ces groupes étaient peut-être Vénètes et basés sur R1b-L2 ? Aujourd’hui, si R1b-U152 est peu fréquent en Ukraine et uniquement observé en Ukraine Transcarpatique, le variant R1b-L2 représente 100% du total de U152 [cf. aussi ci-dessous pour les Vénètes]. 4) Plus loin au Sud, la vague Gava – que nous pensons ici basée sur R1b-L2 – atteignit également le peuple de culture Noua que nous avons rattaché aux Thraces R1b-Z2103. Ce mouvement d’unification culturelle pourrait avoir eu pour conséquence une acculturation partielle du peuple Noua qui perdit alors son aspect steppique et devint la souche des Daces historiques ? Daces que nous pensons donc d’origine Thrace mais modifié par cet adstrat Italiote R1b-L2 ; lequel sera encore renforcé par le substrat Italiote R1b-L2 de Transylvanie lorsque les Daces s’imposeront prochainement dans cette région [cf. carte Y]. 5) Enfin, v. 1200/1150 AEC toujours, la vague Gava atteignit également la plaine Thrace où vivaient déjà les ancêtres des Thraces historiques de culture Zimnicea-Plovdiv. Toutefois, ces derniers conservèrent obligatoirement leur identité ethnolinguistique puisque leurs descendants des débuts de l’époque classique parleront toujours une langue thrace que nous ne connaissons qu’à l’état de vestiges [cf. Europe égéenne et balkanique]. Selon la mécanique d’un domino de peuples, ce mouvement Gava en direction du Sud pourrait avoir contribué à pousser l’essentiel du peuple Phrygien en Anatolie ? Dans ce mouvement, les Phrygiens furent accompagnés par la tribu Thrace des Musoi / Mushki qui, mêlée aux Ourartéens d’Anatolie Orientale, deviendra prochainement la souche des Arméniens [cf. Proche-Orient, Anatolie]. L’Iliade cite en tout cas des Phrygiens et des Thraces aux côtés des Troyens, et c’est possiblement à l’occasion de ces mouvements de peuples que R1b-Z2013 s’installa en Anatolie où il marginalisa le R1b-M269* que nous avons tenté d’attribuer aux Anatoliens. Est-ce également dans leur sillage qu’un groupe Italo-Celte de la fraction Vénète [cf. ci-dessous] poursuivit sur la lancée Gava et se mêla aux migrants Phrygiens et Thraces ? Devenant ainsi la souche des Vénètes / Enètes qui s’établirent en Paphlagonie sur la côte du Pont où ils sont cités dans l’Iliade parmi les alliés des Troyens ? C’est par synchronie avec l’établissement de la culture de Lusace qui semble liée aux Vénètes [cf. ci-dessous], que nous proposons d’attribuer à cette époque cette migration bien fragile. Si l’on suit les auteurs antiques, ces Vénètes du pont seront ensuite rapidement chassés de Paphlagonie.
  • Les Champs d’Urnes s’étendirent aussi en Pologne où ils recouvrirent à la fois l’ancienne culture Pré-Lusacienne du bassin de l’Oder que nous avons attribuée à un groupe Proto-Celte des Tumulus, et l’ancienne culture de Trzciniec du bassin de la Vistule que nous avons attribuée à des Para-Slaves influencés par les Tumulus [cf. cartes T & U]. Ce fut le début de la culture de Lusace qui était la composante la plus orientale de l’horizon des Champs d’Urnes. Peut-être ce mouvement se fit-il à partir des groupes Italo-Celtes de Petite-Pologne / Ukraine Transcarpatique / Nord des Carpates que nous avons appelé Proto-Vénètes ? [cf. carte U]. Les tribus migrantes pourraient avoir apporté R1b-L2 (présent en Pologne actuelle où il constitue 67% de l’ensemble des U152, par ailleurs peu nombreux) en complément de R1b-DF27 (également faiblement présent) qui seraient venus se superposer au fond R1b-Z2103 et R1a-Z280 de la population indigène ? La culture des Champs d’Urnes de Lusace peut être attribuée à des Vénètes orientaux qui seront plus tard connus par les Allemands sous le nom de Wendes à l’issue d’un processus de slavisation. Pour justifier cette identification, il faut rappeler que les Anciens appelleront golfe Vénétique / Vénédique les territoires qui entouraient le golfe de la Vistule, peut-être jusqu’à l’embouchure de la Dvina ; fait géographique qui doit être souligné. Comme nous l’avons suggéré plus haut, il est possible que la fréquence faible mais non nulle des haplogroupes DF27 et L2 en Pologne actuelle témoigne de cette ancienne présence Italo-Celte que nous attribuons à cette fraction Vénète ? Tardivement, les Vénètes / Wendes installés sur un substrat Trzciniec Para-Slave, pourront apparaitre aux Germains Allemands comme étant proches de l’identité Slave. Peut-être parce que ces Vénètes orientaux se slaviseront in fine, de la même façon que les Vénètes de Vindélicie et de Vénétie s’italianiseront, tandis que ceux du Vannetais renforceront leur celticité ?
  • S’il faut placer au XII° siècle AEC la migration qui porta les Vénètes / Enètes en Anatolie et surtout, comme nous venons de le voir, celle qui porta les Vénètes / Wendes en Pologne, faut-il aussi placer à cette haute époque les mouvements – aujourd’hui indiscernables – qui portèrent d’autres Vénètes en Europe Occidentale et tout particulièrement en France et en Italie ? Rappelons que ceux-ci deviendront les Vénètes / Vendéens & Vannetais de France de l’Ouest et les Vénètes / Gwynedd du Pays-de-Galle, auxquels il faut ajouter les Vénètes qui autrefois peuplèrent la région du lac de Constance (lacus Venetus), le département de l’Ain (où la ville de Venetonimagus est devenue Vieu-en-Valromey), le département du Tarn (où la ville de Venetium est devenue Vénès), ou même encore le Latium où le peuple albain des Venetulani oblige à reconstituer une localité protohistorique appelée *Venetulum. Si les mouvements des Vénètes de France datent bien de la vague des Champs d’Urne, il faut alors supposer que ce peuple parlait une langue q-celtique, voire que le nom de Vénète qu’ils se donnaient était peut-être l’ethnonyme principal des tribus de la vague Q-Celte ? Ce nom pouvant signifier ‘’les vainqueurs’’ ou ‘’ceux qui sont aimés / favorisés par les Dieux’’ ? Nous devons aussi remarquer que la toponymie vénète des Gaules que nous ont léguée les Anciens se situe dans des positions géographiques périphériques (lac des Alpes, France Atlantique armoricaine, département rhônalpin) ; ce qui pourrait s’expliquer par la survie marginale d’un peuple ancien, une fois qu’il aura été repoussé des régions plus ‘’centrales’’ par l’intrusion des tribus Gauloises laténiennes de langue p-celtique. Si l’on adhère à ce scénario, les Vénètes Vénitiens pourraient : 1) soit s’être établis en Vénétie dès l’époque des Champs d’Urnes (mais cela signifie que, bien que porteurs d’une technologie du bronze, ils ne seront pas dispersés par la vague villanovienne qui pénétrera en Italie avec le fer v. 900 AEC) ; 2) soit être arrivés en Vénétie avec le fer, peut-être depuis la Vindélicie et le Norique Q-Celte (aire hallstattienne orientale) en coïncidence avec le début de la civilisation atestine v. 900 AEC, après le passage des P-Italiotes villanoviens ; 3) soit avoir trainé en Europe Centrale jusque v. 900 AEC et avoir suivi de près les mouvements des P-Italiotes, après avoir comme eux adoptés le fer en Europe Centrale. Sans certitude, nous préférons le scénario n° 2 [cf. carte Y].
  • La langue des Vénètes devrait nous aider à nous repérer dans ce maquis géographique et chronologique. Mais elle est très mal connue et le peu que nous en savons provient uniquement d’inscriptions retrouvées en Italie du Nord, c’est-à-dire dans une zone géographique très restreinte compte-tenu de la très grande dispersion européenne du nom des Vénètes. Nous savons ainsi que la langue vénète de Vénétie conservait des vélaires non labialisées, à l’instar des langues q-celtiques et q-italiques avec lesquelles elle semble avoir partagé de nombreux traits. Après que le débat linguistique ait longtemps été anesthésié par les divagations sur les langues illyriennes prétendument ancestrales de l’albanais, la langue vénète des inscriptions a généralement été repositionnée parmi les langues italiques. Mais des études plus récentes l’ont cependant située dans une plus grande proximité du celtique ; les traits italiques du vénète d’Italie pouvant alors avoir été acquis en puisant dans le substrat italique local. Des traits slaves et germaniques ont aussi été soulignés à partir de ces inscriptions, ce qui n’a rien d’étonnant si l’on positionne les Proto-Vénètes du côté des Carpates et de l’Ukraine Transcarpatique comme nous avons essayé de le faire. Pourtant, si Polybe remarquait l’analogie de mœurs entre les Vénètes de Vénétie et les Celtes, il leur reconnaissait toutefois une langue différente. A ce stade de la question, nous pourrions proposer que la langue vénète des origines fut initialement une langue q-celtique ou une langue italo-celtique tardive qui tendait peut-être davantage vers le q-celtique que vers le q-italique ? Ce qui revient à adopter la thèse qui en fait un troisième groupe de dialectes, proches mais cependant distincts des deux autres. Proximité qui pourrait dans tous les cas avoir facilité le rapprochement des locuteurs du vénète avec ceux du q-celtique et du q-italique au cours des différents mouvements du peuple Vénète. Ainsi, quoi qu’il en ait été de sa langue originelle au sein de l’ensemble italo-celtique, le tiraillement du peuple Vénète à la croisée de plusieurs polarités – occidentale (celte), méridionale (Italiote) et orientale (Slave) – expliquera : 1) que ceux de leurs groupes qui accompagneront les migrations Celtes renforceront leur celticité (cf. les Vénètes du Vannetais et d’autres lieux de Gaule et de Grande-Bretagne, à propos desquels on ne laisse jamais entendre qu’ils aient parlé une langue différente de celle de leurs voisins) ; 2) que ceux de leurs groupes qui suivront les Italiotes en Italie renforceront les traits italiques de leurs dialectes (cf. les Vénètes de Vénétie qui ont laissé quelques inscriptions considérées comme plutôt italiques que celtiques, quoique pouvant porter à débats en faveur du celtique) ; et 3) que ceux de leurs groupes qui avaient recouvert la Pologne Trzciniec se mêleront aux Para-Slaves puis seront recouverts par des Slaves authentiques et finiront par devenir les Vénètes orientaux, c’est-à-dire les Wendes des Allemands.
  • Poursuivons cet excursus hardi dans le paysage linguistique européen de la fin de l’âge du Bronze. A cette époque, bien qu’ayant entamé leur séparation près de 1000 ans plus tôt, les langues italiques et celtiques devaient encore former une suite de parlers qui demeuraient inter-compréhensibles de proche en proche. Il faut tenir pour certain que toutes ces langues conservaient encore le ‘’Kw’’ indo-européen, parce que tous les peuples qui s‘installèrent dans le sillage des champs d’urnes (i.e. culture des champs d’urnes) ou qui furent touchés par le phénomène champ d’urnes (i.e. horizon des champs d’urnes), parleront plus tard des langues q-italiques (vague protovillanovienne qui porta le latin en Italie), ou des langues q-celtiques (celtibère d’Espagne, goidel / gaël d’Irlande), ou encore d’autres langues presque inconnues mais qui conservèrent les vélaires (belge ?[).
  • C’est peut-être dans les régions slovaques des Beksides, des Tatras et des monts Métallifères de Slovaquie, à l’interface des groupes Celtes, Italiotes et Vénètes, que subsistait les derniers restes d’une unité Italo-Celte tardive encore non dissolue ? A titre d’hypothèse, c’est peut-être dans ces régions d’interface que commençait à se forger une évolution de la prononciation qui allait affecter conjointement les langues celtiques et les langues italiques récentes : à savoir la labialisation des vélaires qui allait notamment transformer en ‘’P’’ l’ancien ‘Kw’’ de la vieille langue yamnaya occidentale et qui sera à la fois l’origine du brittonique / gaulois (p-celtique) et de l’osco-ombrien / sabellien (p-italique). Notons cependant que cette hypothèse migratoire est fragile en ce qui concerne le p-italique car, même si certains auteurs l’ont postulée, la majorité des linguiste ne propose pas une proximité particulière entre les langues p-celtiques et p-italiques, non plus qu’une invasion de l’Italie par un groupe P-Italiote ; lequel pourra tout aussi bien cristalliser sur place à l’issue d’une interaction entre des *Protovillanoviens intrusifs et des *Apenniniques indigènes ? [cf. carte Y]. Dans le cas où la région slovaque que nous attribuons à une identité Italo-Celte tardive était simplement celle où se forgeait l’identité Gauloise / *Laténienne, l’haplogroupe principal pourrait avoir été le variant R1b-Z36 de R1b-U152.

 

Europe nordique et scandinave (Centre-Nord)

  • En dépit de la crise climatique qui dut aussi affecter les tribus du Bronze Nordique ancien, sa période BN-3 (v. 1300 à 1100 AEC) ne fut pas interrompue. Pour l’heure, la Nation Germaine était encore concentrée en Suède méridionale, sur la côte de Norvège méridionale et au Nord du Jutland. 
  • Au Nord des Germains, l’intérieur de la Scandinavie devait être peuplé par les Ouraliens Sami.

 

Europe Orientale

Europe steppique et caucasienne (Est-Sud)

  • A l’Ouest du Dniepr, la culture de Sabatinovka (v. 1500 à 1200 AEC) avait probablement été celle du peuple Thrace. Vers 1200 AEC, des tribus Srubnaya repoussèrent une partie des Thraces jusqu’aux bouches du Danube et au Prut. Toutefois, certaines tribus Thraces restèrent sur place et se mêlèrent aux envahisseurs orientaux ; ceci se déduit des poteries typiques de la culture Mnogovalikovaya / catacombes finales, qui perdureront jusque v. 900 AEC dans une région par ailleurs devenue Srubnaya. Ce groupe mixte, qui pourrait être nommé *Thraco-Proto-Cimmériens , portait une culture appelée Belozerka (v. 1200 à 900 AEC). Le refroidissement conduisit ces gens à adopter une vie plus mobile et à privilégier l’élevage des chevaux. Comme aux temps ancien de Maïkop, les gens de la région commerçaient toujours avec les peuples du Caucase, au long de la vieille route de la mer Noire.
  • Au Nord du Caucase, la culture du Kouban (v. 1200 à 400 AEC) commença v. 1200 AEC par la phase Kouban-1 (v. 1200 à 1100 AEC). Elle était peut-être la culture ancestrale des Cimmériens et des Méotes historiques.
  • Dans les steppes de la Volga et de l’Oural, la culture Epi-Srubnaya était portée par des groupes *Para-Cimmériens qui faisaient la jonction entre ceux-ci et les Iraniens orientaux. Contrairement aux Iraniens orientaux / Proto-Saces, les peuples Epi-Srubnaya ne connaissaient pas l’art animalier des steppes. 

 

Europe Orientale (Est-Centre & Est-Nord)

  • Superposée à une base Pré-Lusacienne (bassin de l’Oder) et à une base Trzciniec (bassin de la Vistule) que nous avons respectivement attribuées à des *Proto-Celtes et à des *Para-Slaves, la culture de Lusace (v. 1200 à 400 AEC) se développa après que la Pologne ait été touchée par le phénomène Champ d’Urnes. Ces peuples étaient en continuité avec ceux des Carpates que nous avons identifiés comme Vénètes. Il faut probablement voir en eux une fraction Vénète orientale que les Germains Allemand combattront plus tard sous le nom de Wendes, une fois que ce peuple aura tardivement été slavisé [cf. ci-dessus & atlas n°5].
  • Plus à l’Est, les cultures Sosnica des Baltes et Est-Tzrciniec des Slaves, évoluèrent respectivement en bronze baltique final et Est-Tzrciniec final. Dès cette époque, les groupes Est-Tzrciniec méridionaux entamèrent leur mutation vers la culture de Chernoles. Cette phase de transition est appelée Belogrudovka (v. 1100 à 900 AEC), mais on pourrait également l’appeler *Chernoles-formatif.
  • Les Ouraliens d’Europe ne donnent pas l’impression d’avoir été beaucoup affectés par la crise mondiale. Chez eux, le choc climatique fut peut-être atténué grâce à leur faible densité humaine et à leur économie qui tournait encore beaucoup autour de la chasse et de la pêche ?
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