I – 4 500 à 4 200 AEC – ATLANTIQUE récent (2)
L’homme apprit à monter, affrontant les alarmes
les rênes à la main et de l’autre les armes ;
Lucrèce – La Nature des choses – livre V
I – 4.500 à 4.200 AEC – HOLOCÈNE – Oscillation froide – ATLANTIQUE récent (2)
Climat
Bien que globalement plus belle que notre époque, cette deuxième phase de l’Atlantique récent fut moins belle que ‘’l’optimum Holocène’’ / ‘’grand humide’’ de l’Atlantique ancien [cf. carte F] et également moins belle que celle du ‘’petit humide’’ des débuts de l’Atlantique récent [cf. carte H]. Comparativement aux moyennes du climat Atlantique, il s’agit même d’une période relativement fraiche et sèche.
D’après les glaces du Groenland, elle commença v. 4500 AEC, par un refroidissement qui fut moins intense que celui de l’aride mi-Holocène [cf. carte G]. Ce refroidissement fut suivi par une modeste amélioration climatique v. 4400 AEC. Bien que cela s’intègre mal à la chronologie que nous proposons, la dendrochronologie pointe l’année 4370 AEC comme l’une les plus froides de ces 7000 dernières années.
Afrique du Nord et Sahara
Afrique du Nord Occidentale
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Egypte et Cyrénaïque
- Les Egyptiens de Basse- et de Moyenne-Egypte conservèrent la culture de Merimde ; tandis qu’en Haute-Egypte le Badarien (v. 4500 à 4200 AEC) constitua une évolution du Tasien avec des différences mineures.
- Au Soudan, les premiers Bos taurus domestique sont attestés v. 4500 AEC. Furent-ils introduits dans la région par des tribus Egyptiennes méridionales ? Ou leur implantation résulta-t-elle d’échanges avec les groupes indigènes *Paléo-Nilotiques ? Pendant très longtemps, l’élevage demeura cantonné au Nord de l’actuelle ville de Khartoum, à la jonction des Nils Blanc et Bleu. Ces gens connaissaient la poterie mais ne pratiquaient pas l’agriculture, soit que le concept leur était encore étranger, soit, plus probablement, parce que dans ces contrées arides l’agriculture n’était pas possible en l’absence d’irrigation, y compris aux abords du fleuve.
Sahara
- v. 4500 AEC, peut-être à la recherche de nouveaux pâturages en relation avec le début de dégradation climatique, les Tchadiques de la culture pastorale bovidienne, continuèrent à avancer vers l’Ouest du Sahara vert. Cette progression est essentiellement déduite grâce aux restes des Bos taurus domestiques. Ainsi, v. 4500 AEC on observe pour la première fois Bos taurus dans les collines de l’arrière-pays algérien. Mais il n’est pas impossible que les vaches soient arrivées là en provenance des néolithiques cardiaux littoraux ?
Afrique sub-saharienne
Afrique subsaharienne de l’Est
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Afrique subsaharienne de l’Ouest
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Forêt pluviale
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Afrique du Sud
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Asie Occidentale Méridionale (Levant, Proche-Orient, Moyen-Orient, Anatolie, Arabie)
- Vers 4500 AEC, la culture d’Obeïd-3-4 (v. 4500 à 3900 AEC) progressa vers le Nord de la Mésopotamie où elle rencontra la technologie chalcolithique chez les gens de la ‘’période de transition’’ de Samarra et d’Halaf. Il faut comprendre ce mouvement comme celui de colons Sumériens, qui parvenaient à s’imposer aux anciennes populations possiblement Kartvéliennes de Mésopotamie, lesquelles étaient peut-être peu nombreuses dans cette région où l’agriculture sèche était difficile. Le succès des Sumériens est expliqué par leur maitrise de l’agriculture irriguée ; cette nouvelle technologie autorisa un accroissement de leur population grâce à l’exploitation de terres qui étaient demeurées incultes jusque-là, parce qu’elles étaient situées en dehors de la zone des collines où les précipitations annuelles sont suffisamment régulières pour assurer le cycle de vie des céréales.
- Au cours de cette seconde moitié du V° millénaire AEC, ces techniques sumériennes d’irrigation des cultures diffusèrent de proche en proche jusqu’au Levant et au Yémen, sans qu’il soit nécessaire d’invoquer des migrations humaines d’ampleur significative.
- Au Levant, le PNB prit fin v. 4300 AEC avec le Ghassoulien (v. 4300 à 3500 AEC) qui correspond à l’introduction locale d’un véritable Chalcolithique maitrisé, et non plus à de simples petits objets en cuivre arrivés commercialement depuis le Nord. Cette nouvelle technologie provenait du Nord-Levant et/ou de la Mésopotamie où la culture de Samarra s’était désormais mêlée à celle d’Obeid. Concomitamment, le Levant adopta également l’agriculture irriguée. Dès cette époque, il est probable que le groupe Sémitique occupait tout le Sud-Levant ghassoulien.
- L’Anatolie demeurait au stade du Chalcolithique moyen. La culture de Beycesultan (v. 5000 à 3700 AEC) occupait l’Anatolie occidentale, en continuité avec les cultures chalcolithiques des Balkans qui étaient de même origine qu’elle. La culture de Mersin-16-15 (v. 4500 à 4200 AEC) était implantée sur le plateau central et en Cilicie.
- Au Sud-Caucase, le Chalcolithique d’Alikemek / Sioni se poursuivait.
Iran, Asie Centrale, Steppes Asiatiques Occidentales, Sibérie Occidentale, Altaï
- Vers 4500 AEC, sur les piémonts du Kopet-Dag, la culture de Namazga-1 (forme locale de la culture de Jeitun) laissa la place à celle de Namazga-2 (v. 4500 à 3500 AEC) qui porte le même nom mais qui découle d’une nouvelle colonisation. En effet, le Turkménistan méridional semble alors avoir été colonisé par des gens qui provenaient du centre de l’Iran et qui apportèrent la métallurgie du cuivre ainsi que d’autres innovations. Comme la précédente dont elle constituait une vague tardive, cette nouvelle population pourrait avoir fait partie de l’horizon Kartvélien et avoir porté l’haplogroupe J2.
- Vers 4500 AEC, les premiers objets en cuivre atteignirent également la culture de Mehrgarh à l’extrémité du plateau iranien, définissant le début de la phase Mehrgarh-3 (v. 4500 à 3500 AEC). Nous avons déjà vu que la percolation commerciale de petits objets de prestige en cuivre, a de partout précédé l’apparition d’un Chalcolithique accompli. Dans cette région, la maîtrise des techniques chalcolithiques ne sera acquise que v. 4000 AEC.
Baïkalie, Sibérie Orientale, Arctique
- La Cis-Baïkalie semble avoir été une région très peu peuplée à cette époque, sans que l’on comprenne pourquoi. Il est cependant prouvé que des groupes *Kitoï se maintenaient.
- En Sibérie orientale, la culture mésolithique céramique de Syalakh continua à descendre la Léna et à remonter ses affluents, au détriment de la culture épipaléolithique / mésolithique acéramique de Sumnagin qui persistait cependant sans solution de continuité au Nord, entre la péninsule de Taïmyr et le Tchoukotka.
Chine, Mongolie, Mandchourie, Corée, Japon
- En Chine du Nord, les groupes Tibéto-Birmans et Chinois Proto-Han conservaient leurs positions respectives, sans changement majeur. Ces peuples étaient néolithiques.
- En Chine du Centre, les Hmong-Mien semblent avoir été partagés entre trois cultures néolithiques proches, nommées Daxi (Guizhou / Sichuan oriental), Sinianshan (Hunan Occidental) et Beiyin (Henan / Hubei).
- En Chine littorale, les Austronésiens néolithiques étaient séparés du Nord au Sud en culture de Dawenku (Shandong / Hebei), Hemudu (Jiangsu / Anhui), Majiabang (Zhejiang), Keqitou (Fujian / Jiangxi / Hunan oriental) et Pakenpeng (Taiwan).
- En Chine du Sud, la culture de Post Xianglouling (Guangdong / Guangxi) pourrait avoir été celle des Taï-Kadaï. Il s’agissait toujours d’un Mésolithique céramique.
- Dans la vallée de la rivière Rouge et au Nord-Vietnam, la culture mésolithique céramique de Da-But pourrait avoir été celle des Austroasiatiques.
Indes
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Indochine et Indonésie
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Nouvelle-Guinée, Australie, Tasmanie, Océanie
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.
Europe Centrale et Occidentale
Europe atlantique (Ouest-Centre & Ouest-Nord)
- Vers 4500 AEC, l’ancien Cardial franco-ibérique était déjà fragmenté en entités culturelles dites Epi-cardiales, qui possédaient chacune leur originalité propre. Parmi elles, on distingue avant tout le Chasséen (v. 4600 à 3500 AEC), initialement localisé en France du Sud puis étendu jusqu’au Bassin Parisien et en Bourgogne en direction du Nord. Vers 4500 AEC, dans le bassin parisien (sensu lato), la culture de Villeneuve-Saint-Germain (VSG) fut remplacée par celle de Cerny (v. 4500 à 4000 AEC). Le néolithique Moyen Bourguignon (v. 4500 à 3600 AEC) était son équivalent en France de l’Est. Et le Néolithique Moyen Armoricain (v. 4500 à 4000 AEC) son équivalent en Bretagne ; ce dernier groupe érigeait des mégalithes.
- L’autre forme principale de ces cultures Epi-Cardiales était le Cortaillod (v. 4500 à 3500 AEC), situé dans la région Rhône-Alpes, en Franche-Comté et en Suisse. Les caractéristiques du Cortaillod ancien (v. 4500 à 4000 AEC) était clairement dérivées du courant cardial.
- Le Néolithique espagnol et portugais récent commença v. 4500 AEC. Il était décliné en divers faciès proches, tous issus de la culture cardiale. Tous ces groupes étaient mégalithiques.
Europe méditerranéenne (Ouest-Sud)
- Vers 4500 AEC, le Chasséen de France méridionale pénétra en Italie du Nord et du Centre selon un processus rétromigratoire au sein du continuum épi-cardial. Dans cette région il remplaça la culture également épi-cardiale des Vases à Embouchures Carrées / VBQ et constitua la culture de Lagozza (v. 4500 à 3300 AEC). En Italie du Sud, la culture de Serra d’Alto (v. 4500 à 3900 AEC) était un épigone de l’Epi-cardial indigène. De même pour la culture de Stentinello qui se maintenait en Sicile.
- Dans les îles de Méditerranée Occidentale (Sardaigne, Corse), le Cardial Tyrrhénien entra aussi dans sa phase récente, régionalisée.
- Sur la côte dalmate, la culture de Danilo-Kakanj (v. 4500 à 4100 AEC) était la continuation des cultures cardiales et starcéviennes mêlées.
Europe égéenne et balkanique (Centre-Sud)
- Au Sud-Est de l’Europe, toutes les cultures régionales *Vinciennes excellaient dans les techniques de moulage du cuivre. C’était la pleine époque de la ‘’Vieille Europe’’. Parmi elles, la culture de Vinca-D (v. 4800 à 4100 AEC) occupait toujours les Balkans centraux. Des groupes de même nature existaient plus au Sud, dont la culture de Karanovo-6 (v. 4500 à 4200 AEC) en Thrace / Bulgarie ; la culture de Sitagroi-3 (v. 4500 à 4200 AEC) en Grèce du Nord ; la culture de Varna (v. 4800 à 4200 AEC) dans la Dobroudja et en Munténie. Toutes ces cultures étaient des faciès locaux d’une même culture de la ‘’Vieille Europe’’.
- En Valachie, les populations chalcolithiques de culture Gumelnita étaient désormais à la phase Gumelnita A2 (v. 4500 à 4200 AEC). L’affiliation ethnolinguistique de ce groupe est difficile à déterminer en raison de ses racines mixtes. Certains chercheurs associent toutefois Gumelnita et Karanovo-6 dans une seule et même culture. Pour cette raison, la carte H les inclut sans certitude dans le groupe ethnolinguistique *Vincien.
- En Grèce et sur la côte dalmate, les cultures de Sesklo (v. 6000 à 4200 AEC) et de Danilo-Kakanj (v. 4500 à 4100 AEC) restaient indigènes.
- Entre v. 4400 et 4200 AEC, la culture de Tripolye commença à être influencée par sa nouvelle voisine de Seredny-Stog-2 [cf. ci-dessous], avec laquelle elle se mit à entretenir des liens commerciaux et peut-être des liens matrimoniaux dès cette époque ancienne ? Cette période correspond à la phase Cucuteni A3 (v. 4400 à 4200 AEC).
Europe Centrale (Centre-Centre)
- Au Nord des Balkans, chez les peuples Sémitidiques, les cultures de la Tisza (v. 4800 à 4100 AEC) et de Petresti (v. 4800 à 4100 AEC) poursuivait son évolution. A l’Ouest et au Nord de celle-ci, c’était également le cas de la culture de Lengyel (v. 4800 à 4100 AEC) et des cultures Epi-Rössen / Post Rössen (v. 4500 à 4000 AEC) et Epi-Rubanées qui avaient une grande extension au Nord de l’Europe Centrale.
- Dans ses provinces Ouest, l’Epi-Rössen se confondait avec la culture de Michelsberg ancien (v. 4500 à 4000 AEC).
Europe nordique et scandinave (Centre-Nord)
- La culture de Michelsberg ancien (v. 4400 à 4000 AEC) couvrait un territoire étendu du Nord des Alpes à la Belgique et au Nord-Est de la France. Elle émergea de la rencontre de populations Chasséennes – appartenant au courant Néolithique Cardial qui remontait en direction du Nord – et des populations Epi-Rössen qui étaient issues du courant Néolithique Danubien. Ces deux traditions Sémitidiques séparées depuis le début de la colonisation néolithique de l’Europe, c’est-à-dire depuis 2000 ans environ, se rencontrèrent en France du Nord et en Belgique. En raison de cette durée, on peut penser que, bien que de même origine, les langues de ces groupes n’étaient plus inter-compréhensibles.
Europe Orientale
Europe steppique et caucasienne (Est-Sud)
- Vers 4600 AEC, les technologies néolithiques et chalcolithiques européennes (agriculture, élevage, cuivre) avaient été introduites dans les steppes de la Volga et de l’Oural, et avaient été adoptées en bloc par les tribus de la culture de Samara [cf. carte H]. Une fois pleinement acquise, cette évolution technologique marqua le début de la culture de Khvalynsk (v. 4500 à 3300 AEC) dans sa phase formative (v. 4500 à 4400 AEC) puis ancienne (v. 4400 à 3900 AEC). Serait-ce l’observation des animaux d’élevage dont ils venaient d’entrer en possession qui donna aux gens de Samara / Khvalynsk l’idée de domestiquer également le cheval ? Ce gros animal, autrefois très répandu dans toute l’Eurasie et en Amérique du Nord, ne survivait plus alors que dans les steppes eurasiatiques où il était depuis toujours chassé pour sa viande et pour sa peau. Initialement, pour les tribus Samara des steppes Volga-Oural du milieu du V° millénaire AEC, la domestication du cheval n’eut probablement pas d’autre objectif que de disposer à leur guise de cet animal de boucherie ; à moins que les gens aient d’emblée vu en lui un potentiel plus satisfaisant que les Humains ou les chiens pour tirer les traineaux ? Mais très rapidement, dès v. 4400 / 4300 AEC, les gens de Khvalynsk (phase mature) conçurent l’idée d’utiliser le cheval en tant que monture individuelle. Bien qu’encore très perfectible au plan technique, cette première forme d’équitation dopa leurs chances de succès au cours des raids guerriers qu’ils entreprenaient contre leurs ennemis de tous horizons ; elle fut le principal moteur de l’incroyable expansion des peuples Indo-européens qui allaient prochainement conquérir une grande partie de l’Eurasie et imposer leur langue entre l’Irlande, les Indes et la Mongolie.
- C’est peut-être grâce à une succession de tels raids guerriers que les groupes les plus occidentaux de Samara / Khvalynsk soumirent et colonisèrent les populations des cultures du Don et de Dniepr-Donets-2 aux alentours de 4400 AEC. Expansion qui fut à l’origine de la culture de Sredny-Stog-2 dont la phase ancienne se nomme (v. 4400 à 4200 AEC). Les vestiges de cette nouvelle culture pontique sont ceux d’une société très inégalitaire dont les chefs portaient des sceptres / masses d’armes en tant qu’attributs de leur pouvoir Skelya. En anticipant l’explication qui va être donnée ci-dessous, nous postulons que les gens de Sredny-Stog-2 / Skelya étaient les ancêtres *Tyrrhéno-Anatoliens, – encore indivis – des Tyrrhéniens et des Anatoliens. Ils pourraient avoir été basés sur des variants R1b-M269*, c’est-à-dire nonL23 ? [cf. cartes J & suivantes].
- A l’Est des groupes de Sredny-Stog-2 qui venaient de s’installer dans les steppes pontiques, leurs frères demeurés en retrait dans les steppes de l’Oural et que nous appellerons Yamnayas [cf. ci-dessous] constituèrent la culture de Khvalynsk ancienne (v. 4400 à 3900 AEC). Cette société très inégalitaire pratiquait abondamment les sacrifices d’animaux (ovicaprinés, bovins, chevaux) et enterrait ses morts en position orientée, caractéristiques qui demeureront des marqueurs culturels forts chez leurs descendants Indo-Européens. En anticipant l’explication qui va être donnée ci-dessous, nous postulons que ces gens de Khvalynsk avaient pour langue une forme ancestrale de toutes les langues indo-européennes qui sont encore parlées aujourd’hui dans le Monde ; langue ancienne à laquelle nous donnons le nom de langue yamnaya. Sur le plan génétique, nous structurons ce groupe autour de R1b-L23 qui apparut peut-être autour de 4400 AEC et qui sera prochainement à l’origine de R1b-L23*, R1b-L51 / M412 et de R1b-Z2103 [cf. carte K].
- Au Sud du groupe Yamnaya en cours de cristallisation, devaient demeurer des populations R1b-M269* qui parlaient naturellement des dialectes proches des dialectes yamnayas et des dialectes anatolo-tyrrhéniens. Nous ne parlerons plus d’eux.
- A ce stade, avant de les justifier, il convient de résumer toutes les positions terminologiques, ethnolinguistiques et génétiques que nous adoptons à propos des premiers Indo-Européens des steppes européennes et de la première scission de leur peuple. Le peuple steppique qui était désormais déployé sur l’ensemble des steppes de l’Oural de la Volga du Don et du Pont est souvent qualifié par les chercheurs de Proto-Indo-Européen ; de même que sa langue. Mais dans cet atlas, nous l’avons nommé Indo-Européen dès l’installation de la culture de Samara en Europe Orientale [cf. carte G]. En effet, ce peuple de Samara devait parler une langue située en amont de l’ensemble anatolien + indo-européen ‘’classique’’ + langues du Tarim.
Cette position et ses conséquences nécessitent des explications, en laissant pour l’instant de côté la question des langues tyrrhéniennes (étrusque, lemnien) dont la divergence sera justifiée en fin de raisonnement. Au sein d’un ensemble indo-européen ‘’ancien’’ en cours de fragmentation, il convient de repérer deux aspects d’un même évènement que nous situons v. 4400 AEC : 1) sur le plan linguistique, une scission entre les langues anatoliennes (stade 2 brugmannien) et les langues indo-européennes ‘’classique’’ que nous appellerons ‘’yamnayas’’ (stade 3 brugmannien) ; et 2) sur le plan ethnique, une scission entre un groupe occidental désormais centré sur les steppes pontiques (que nous appelons *Tyrrhéno-Anatolien) et un groupe oriental demeuré centré sur les steppes de l’Oural (qu’il est pratique d’appeler Yamnaya pour lui donner une identité).
Cette scission fondamentale survenue v. 4400 AEC étant exposée, revenons à la question des langues tyrrhéniennes (étrusque et lemnien). Ordinairement, il n’est pas usuel de les inclure parmi les langues indo-européennes – y compris anatoliennes – parce qu’elles s’en écartent trop. Pourtant, certains chercheurs ont quand même rapproché l’étrusque de l’indo-européen au sein des langues nostratiques, en l’assimilant parfois à un stade très ancien de l’indo-européen. Nous ne les suivrons que partiellement. Dans la suite de l’atlas, les langues tyrrhéniennes seront considérées comme dérivant des dialectes de la fraction la plus occidentale du peuple *Tyrrhéno-Anatolien (désormais pontique) et donc comme dérivant des dialectes des premières tribus Indo-Européennes qui pénétreront en Europe balkanique aux alentours de 4200 AEC [cf. carte J]. Mais, dans leur position pionnière, les langues tyrrhéniennes originelles se heurteront frontalement avec les langues du peuple *Vincien qui était culturellement dominant. C’est parce qu’elles seront confrontées à ce fort substrat linguistique vincien puis, dans un second temps, au substrat linguistique des îles de la mer Egée [cf. carte N], que les langues tyrrhéniennes (étrusque et lemnien) s’écarteront de l’indo-européen. Arrivées dans les Balkans après elles, c’est-à-dire en deuxième position coloniale [cf. carte L], les langues anatoliennes seront moins altérées que les langues tyrrhéniennes parce qu’elles rencontreront un substrat linguistique déjà en partie indo-européanisé ; tandis que, dans le même temps, la langue du groupe Yamnaya évoluera dans son isolement steppique relatif, et deviendra l’indo-européen ‘’classique’’ du stade 3 brugmannien.
- Au Nord du Caucase, la culture néolithique de Nal’tchik fit l’acquisition de la métallurgie du cuivre v. 4500 AEC, se transformant ainsi en culture de Svobodnoe (v. 4500 à 3700 AEC). Nous avons vus [cf. carte H] que l’équipement néolithique et chalcolithique de ces gens provenait intégralement de l’Europe balkanique depuis laquelle il avait diffusé. Ce lien ‘’commercial’’ et culturel entre les deux extrémités de la mer Noire, n’a pas été interrompu par l’installation de la culture de Sredny-Stog-2 dans les steppes pontiques. On peut penser qu’au moins une partie de ces populations Svobodnoe devaient parler des langues nord-caucasiennes, issues des formes méridionales de la très ancienne nappe ethnolinguistique déné-caucasienne [cf. atlas n°3]. Ces langues ont été conservées jusqu’à nous dans la région nord-orientale du Caucase.
Europe Orientale (Est-Centre & Est-Nord)
Situation ethnolinguistique globalement inchangée.