M – 42 300 à 41 300 AEC
Interpléniglaciaire
Stade d’Hasselo : 42.300 à 41.300 AEC
MIS 3 (5/9)
M – 42.300 à 41.300 AEC – Interpléniglaciaire
Climat
Ayant duré environ 1000 ans entre v. 42.300 et 41.300 AEC, le stade d’Hasselo (GS-12) constitua un intermède glaciaire significatif qui coupa en deux la période relativement clémente de l’interpléniglaciaire. Confrontés à la nouvelle offensive du froid, les Humains modernes durent mettre un frein à leur expansion dans les contrées septentrionales qu’avaient atteintes leurs ancêtres immédiats. Le niveau des mers pourrait avoir été situé 80 mètres plus bas que de nos jours, ce qui dut faciliter le franchissement d’un certain nombre de détroits. La Béringie émergea de nouveau, phénomène qui est mis en avant par les partisans d’une migration précoce des Humains en Amérique ; nous ne les rejoignons pas car la contrainte des données considérées dans leur ensemble ne le permet pas.
La fin du stade d’Hasselo coïncida avec celle de l’hyperaride Maluekien en Afrique. Au total, cette période très sèche avait duré environ 30.000 ans, puisqu’elle avait commencé au début du stade de Schalkholz, c’est-à-dire au lendemain de la catastrophe Toba.
Afrique
En Afrique de l’Est et du Sud, où les industries lithique évoluèrent sans rupture, c’est à l’époque d’Hasselo que nous placerons la transition entre le MSA et le LSA (Late Stone Age / Âge Récent de la Pierre). Ce seuil est parfaitement artificiel car nous avons vu que des microlithes, ou à tout le moins des petites pièces lithiques, existaient déjà en Afrique du Sud et de l’Est dès le début du MIS 4, c’est-à-dire déjà 30.000 ans plus tôt ! [cf. carte F]. Pour essayer de donner du sens à une transition MSA / LSA, il faut alors invoquer un enrichissement significatif des pièces microlithiques dans les inventaires industriels. En Afrique du Sud, certains de ces microlithes pourraient avoir été des pointes lancées par des propulseurs voire des arcs ? Tout ceci n’est pas solide. En accord avec cette transition, les mentions ‘’mode (4)-5’’ sont désormais remplacées par ‘’mode 5’’ sur les cartes. L’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest demeuraient en retard, conservant des industries MSA plus classiques.
Peuples africains d’haplogroupes A et B
Situation ethnolinguistique potentiellement inchangée.
Peuples africains d’haplogroupe DE* et E
Les données précédemment établies pour le groupe *Rétro-africain DE* et E, demeurèrent probablement inchangée au cours de l’Hasselo. Cependant, pour essayer de rythmer la diversification des variants de E, c’est peut-être v. 42.000 BCE que le groupe E1b1a donna naissance au variant E1b1a2 (E-M329) qui végétera jusqu’à nous sans jamais quitter l’Est de l’Afrique, et au variant E1b1a1 (E-M2) qui connaitra un avenir bien plus glorieux puisqu’il est aujourd’hui porté par une grande partie des Africains Africoïdes d’Afrique de l’Ouest. Mais la colonisation de la bande sahélienne par les porteurs de E-M2 était encore à venir ; nous la datons du Tardiglaciaire [cf. cartes W & suivantes].
Eurasie
Sous l’effet du froid, les Humains eurasiens les plus septentrionaux durent se replier vers le Sud. Ce mouvement contribua peut-être au peuplement de la Mongolie par les Hommes modernes.
Peuples asiatiques d’haplogroupe DE* et D
Favorisés par la baisse du niveau océanique, c’est peut-être à cette époque que des porteurs de l’haplogroupe D2émigrèrent aux Philippines depuis l’Est du Sunda où ils pourraient avoir subi la pression des peuples *Proto-Australiens C1b1 et C1b2, eux-mêmes pressés par des peuples F2 [cf. ci-dessous]. Confinées dans le refuge de leur archipel tropical, les tribus *Paléo-Philippines DE* et D2 n’auront plus jamais la possibilité de se développer et seront un jour acculées au bord de l’extinction par de nouveaux envahisseurs qui viendront s’établir en maitres dans leurs îles. En tout cas, les industries lithiques très archaïques des Philippines – ici dites de ‘’mode 1-2’’ parce que faites de galets cassés pouvant parfois résulter d’une taille bifaciale – demeurèrent inchangées entre v. 40.000 et 5.000 AEC, c’est-à-dire jusqu’au beau milieu de l’Holocène ! Cette industrie de ‘’mode 1-2’’ est ici qualifiée d’*Oldowayen supérieur (OLD +).
Enfin, c’est peut-être à cette époque que furent réalisées deux nouvelles conquêtes de l’hypothétique groupe *Paléo-Australien DE* : celle de l’île de Tasmanie, rapprochée de l’Australie par la baisse du niveau océanique ; et celle de l’archipel des îles Bismarck situé à l’Est de la Nouvelle-Guinée. Au Sahul, seul le désert australien demeurait encore vide d’Humains.
Peuples d’haplogroupe C
Peuples d’haplogroupe C d’Asie méridionale
A cette époque, il est possible qu’une poussée des F2 en Asie du Sud-Est ait fini de séparer les populations Déné-Caucasiennes-Orientales en : 1) un ensemble *Paléo-Ryükyüen d’haplogroupe C1a1, qui était établi sur le littoral méridional de la Chine ; et 2) un ensemble *Proto-Australiend’haplogroupes C1b1 et C1b2, qui était établi en Malaisie et au Sunda et qui était peut-être en train d’absorber et de chasser les dernières tribus D de la région ? [cf. ci-dessus]. L’arrivée de ces nouveaux peuples eut elle un impact repérable sur les industries lithiques locales ? C’est difficile à affirmer parce que les données archéologiques sont insuffisantes et insuffisamment datées. Mais malgré ce flou, il semble que c’est seulement à partir de cette époque qu’on observe pour la première fois, à Bornéo et à Sulawesi, un débitage de grands éclats (Flakes, FLK) qui réalisaient ce que nous avons appelé un ‘’mode 3 autrement’’ ; tandis que l’Oldowayen ‘’supérieur’’ (OLD+) / ‘’mode 1-2’’ persistait inchangé à Java, à Sumatra et au cœur de l’Indochine où on le rencontrera encore jusque v. 30.000 AEC. Ces constats technologiques fragiles étant faits, il ne faut jamais oublier que nous n’avons pas accès aux sites littoraux du Sunda du MIS 3 qui sont aujourd’hui recouverts par les eaux et dont rien n’assure que les industries étaient absolument identiques à celles des régions montagneuses de l’intérieur des terres (i.e. les actuelles îles de la Sonde). La différence des industries littorales et montagneuses aurait même pu être assez marquée dans le cas où chaque nouvelle vague d’immigrants modernes se serait à chaque fois installée sur les côtes, et aurait à chaque fois repoussé vers l’intérieur des terres les indigènes qui vivaient sur le littoral avant eux. Vague après vague, ce mécanisme de refoulement itératif des prédécesseurs aurait à chaque fois accentué les occasions de métissages entre les ‘’refoulés’’ et des bandes très métissées ‘’Quasi-Dénisoviennes’’, qui subsistaient au cœur des massifs forestiers de la grande péninsule ? Pérennisant ainsi sur le long terme l’existence d’un peuplement Humains ‘’pauci-cognitif’’ et pauci-technologique dans l’intérieur des terres ; c’est-à-dire dans les seules régions qui sont aujourd’hui accessibles aux archéologues.
Enfin, des *Paléo-Ceylanais C* subsistaient toujours au Sri-Lanka, mais subissaient la pression de tribus F1 passées dans leur île à pieds secs grâce à la baisse du niveau océanique. De même, d’autres C* – que nous avons qualifiés de *Déné-Caucasiens-Paléo-Méridionaux – s’installaient peut-être à cette époque dans les petites îles de la Sonde où leurs descendant patrilinéaires existent toujours aujourd’hui malgré les bouleversements ethniques survenus depuis.
Peuples d’haplogroupe C d’Asie Centrale
Au cours de l’interstade de Moershoofd, nous avons proposé que l’expansion du peuple K2a*(N) en Asie Centrale et en Sibérie occidentale avait séparé en deux parties le groupe C1b* / C1b1 des *Déné-Caucasien-Septentrionaux [cf. carte L]. Nous avons appelé *Proto-Kostenkien le sous-groupe occidental C1b* ; et *Proto-Burusho le sous-groupe oriental C1b1 qui pourrait avoir vécu dans les piedmonts du Pamir et des Tian Shan (monts Célestes).
Peuples d’haplogroupe C de Sibérie
C’est peut-être v. 42.000 AEC que l’haplogroupe C2 émergea d’une forme C* que nous avons appelé C*(C2). Cet évènement survint probablement dans un ‘’hub secondaire’’ situé sur l’Angara, en Cis-Baïkalie ou en Mongolie ? En effet, ces groupes que nous avons appelé *Déné-caucasiens-Orientaux / *Déné-Ienisseïo-Sinitiques arrivèrent à cette époque dans le bassin de la Selenga (Mongolie) où l’on repère un matériel caractéristique du Paléolithique Supérieur Initial (PSI) / ‘’mode (3)-4’’ composé d’outils moustériens mais aussi d’outils laminaires et de parures qui viennent confirmer l’existence de cognitions modernes. Notons bien qu’il serait plausible que la naissance de C2 à partir de C*(C2) soit tout simplement liée à cette migration fondatrice en direction de la Mongolie.
Peuples d’haplogroupe C d’Europe Occidentale et du Maghreb
Nous allons bientôt attribuer la culture Aurignacienne d’Europe à une colonisation portée par l’haplogroupe C1a2venu du Proche-Orient [cf. carte N]. Mais cela était encore à venir à l’époque du stade d’Hasselo où le groupe C1a2 occidental était peut-être encore exclusivement proche-oriental et anatolien ? En définitive, le premier contact des Humains modernes avec l’Europe fut plus probablement le fait des populations *Paléo-Levantines de culture Emiréenne [cf. ci-dessous].
Peuples d’haplogroupes F(non-GHIJK)
Il n’est pas nécessaire de consacrer un long développement aux populations d’haplogroupe F(non-GHIJK) de l’époque d’Hasselo. Sauf pour dire que c’est alors que – favorisées par le rattachement stadial de l’île de Ceylan au continent – des tribus F1 s’installèrent au Sri-Lanka, rejoignant les C* locaux qui commencèrent à régresser.
Par ailleurs, à partir d’un haplogroupe racine F*(F2-F4), c’est v. 42.000 AEC que l’on peut essayer de placer l’apparition de l’haplogroupe F2 aujourd’hui rare en Asie du sud-Est et en Chine du Sud, et de l’haplogroupe F4 qui est encore plus rare, puisque confiné au seul Vietnam.
Peuples d’haplogroupes GHIJK(non-K2)
Le paysage haplogroupal et ethnolinguistique du ‘’hub’’ moyen-oriental devait être proche de celui de l’époque Moershoofd. Ce groupe *Nostratique-Moyen / *Nostratique-2comprenait déjà plusieurs sous-groupes que l’on peut matérialiser par des noms :
- L’haplogroupe GHIJK*(G), ancestral de G, était peut-être situé au Moyen-Zagros. En référence à leur future position au Nord de IJ, ces gens formaient un sous-groupe *Nostratique-2-Septentrional.
- L’haplogroupe HIJK*(H) donna naissance à l’haplogroupe H à une date qui pourrait se situer v. 42.000 AEC ? Ces haplogroupes étaient peut-être présents sur les côtes de la mer d’Arabie, vers l’entrée du Golfe Persique (Hormozgân, Balouchistan), au voisinage de tribus F* résiduelles que nous ne mentionnerons plus dans les cartes suivantes. Ces tribus H formaient un sous-groupe *Nostratique-2-Oriental.
- L’haplogroupe IJ, ancestral de I et de J, était peut-être situé au Nord du Golfe Persique, sur les franges du semi-désert mésopotamien et au Nord-Zagros, depuis la Susiane jusqu’au Kurdistan. Ses porteurs constituaient un sous-groupe *Nostratique-2-Occidental qui serait un jour à l’origine des groupes Gravettiens, Magdaléniens, Afrasiens et Kartvéliens.
- L’haplogroupe K1 (= LT), était peut-être situé dans le Zagros central et méridional, ainsi que dans le Fars / Perside ? Ces populations formaient un sous-groupe *Nostratique-2-Central.
Peuples d’haplogroupes GHIJK(K2)
Nous avons proposé d’appeler *Macro-Eurasiatico-Papouaso-Austrique le groupe indivis que formèrent, pendant un court temps, les porteurs de l’haplogroupe K2 ; terme étrange forgé pour rendre compte de sa postérité ethnolinguistique très variée mais néanmoins fondée sur une étroite et indiscutable proximité patrilinéaire. Ceux-ci s’étaient séparés en K2a et K2b v. 45.000 AEC [cf. carte K].
Peuples d’haplogroupe K2a
Clairement, les K2a étaient initialement situés en périphérie des K2b, puisque les K2a partirent les premiers dans les trois directions possibles au départ du Moyen-Orient : la ‘’voie du Nord’’, la ‘’voie du Sud(Est)’’ et la ‘’voie de l’Ouest’’ :
Peuples d’haplogroupe K2a du Nord
Au Moershoofd, des tribus K2a*(N) s’étaient étendues jusqu’en Sibérie occidentale où l’archéogénétique les a repérées v. 44.000 AEC [cf. carte L]. Ces peuplades septentrionales que nous avons appelées *Eurasiatiques orientales contenaient en germe les formes ancestrales de l’haplogroupe N et les ancêtres patrilinéaires majoritaires des peuples Ouralo-Altaïques. Au cours du stade de Hasselo, elles durent en partie refluer vers le midi sous l’effet du froid. C’est peut-être à cette époque stadiale, v. 42.000 AEC, et dans une région située au Nord de l’Asie Centrale, qu’on peut situer l’émergence de l’haplogroupe Nissu de K2a*(N) ?
Ce scénario de la ‘’voie du Nord’’ que nous proposons pour N mérite d’être expliqué en détail car des éléments en faveur de la ‘’voie du Sud’’ ont été avancés dans la littérature : en effet, l’haplogroupe N (aujourd’hui caractéristique des peuples Ouraliens), est le frère de l’haplogroupe O (aujourd’hui caractéristique des peuples Austriques). Donc, puisque l’haplogroupe O est aujourd’hui très méridional, cette étroite proximité génétique patrilinéaire semble privilégier l’hypothèse de la ‘’voie du Sud’’, qu’aurait emprunté une forme racine **NO, qui se serait plus tard séparée en N et en O, seulement une fois parvenue en Chine du Sud. Par la suite, en poursuivant ce scénario auquel nous n’adhérons pas, N serait remonté en Chine du Nord puis en Mongolie, laissant son frère O tout seul dans le Sud, actant ainsi la séparation de **NO en deux variants fils. Cependant, cette hypothèse de la ‘’voie du Sud’’ se heurte à un problème linguistique de taille : quoique nécessairement venues du ‘’hub’’ avec des porteurs de K2a*, les langues Austriques (haplogroupe O majoritaire) ont aujourd’hui perdu les caractéristiques qui permettent aux langues Ouralo-Youkaghires (haplogroupe N majoritaire) d’être rattachées à un ensemble Eurasiatique et, au-dessus de ce dernier, à un super-ensemble Nostratique considéré au sens large. Ainsi, si l’on veut privilégier le scénario de la ‘’voie du Sud’’ pour expliquer la migration des ancêtres de N, cela signifie qu’ils auraient probablement perdus les traits nostratiques de leur langue originelle lorsqu’ils traversèrent l’Asie du Sud-Est en compagnie des ancêtres de O (qui les ont perdus), pour retrouver ensuite ces mêmes traits nostratiques après avoir traversé toute la Chine du Nord et s’être installés en Mongolie ! Ce n’est pas impossible si les ancêtres des Ouraliens N ont subi un remplacement linguistique (i.e. si leur langue qui avait perdu ses caractéristiques eurasiatiques a ensuite été remplacée par une langue eurasiatique) ; mais c’est un yoyo compliqué !
A l’inverse de ce scénario, nous privilégions une migration par la ‘’voie du Nord’’ des ancêtres K2a*(N) des porteurs de l’haplogroupe N. En effet, outre les arguments qui viennent d’être cités, un rare variant N2 (P189.2) de N – que nous ferons émerger au cours de l’interstade d’Hengelo [cf. carte N] – a récemment été identifié en Europe chez des populations Slaves du Sud (Serbes, Croates, Bosniaques, Slovaques). Pourtant, si N était un haplogroupe qui émergea véritablement à partir d’un ancêtre **NO en Asie du Sud-Est, il ne devrait pas exister d’individus porteurs d’un variant N2 en Europe. En revanche, cela est parfaitement possible si l’haplogroupe N est né en Asie Centrale septentrionale ou en Sibérie Occidentale ! Dans ce cas, N2 aura par la suite été entraîné en Europe Orientale puis balkanique par l’une ou l’autres des migrations venues du système des steppes asiatiques : la migration tardiglaciaire antérieure aux Indo-Européens [cf. cartes U & suivantes] ou bien la migration protohistorique indo-européenne ou bien les migrations historiques turco-mongoles [cf. atlas n°4].
Au total, si l’on adopte le scénario d’une migration par la ‘’voie du Nord’’, la répartition septentrionale de l’haplogroupe N1 ne pose plus aucun problème : N1 résultant alors tout simplement du départ de tribus N*(N1) dans les steppes asiatiques, pendant que N2 restait en arrière en Sibérie occidentale, sur les flancs orientaux des monts Oural, c’est-à-dire à proximité de l’Europe orientale, dans une région depuis laquelle ses porteurs seront entrainés vers l’Ouest par des mouvements migratoires futurs ! Nous séparerons toutefois un peu plus tard N1 et N2, les deux branches maitresses de N [cf. carte N]. Nous n’en parlons ici que pour positionner au seuil de la ‘’voie du Nord’’ l’haplogroupe N encore indivis. Quant au maintien de la langue eurasiatique, elle s’explique naturellement en cas de migration par la ‘’voie du Nord’’, parce que l’haplogroupe N est un variant de l’haplogroupe K2, support patrilinéaire de avant que le N1a ultra-majoritaire des Ouralo-Youkaghires ne s’en détache et n’entreprenne une rétromigration septentrionale vers la Mongolie (cf. carte X). La présence de N1* en Asie du sud-Est s’explique alors facilement par l’intégration des N1* au pool génétique du peuple Chinois et par les mouvements historiques des Chinois, lorsque ceux-ci colonisèrent le Sud.’]tout le groupe Eurasiatique.
Peuples d’haplogroupe K2a du Sud-Est
Contrairement à celle de l’haplogroupe N, l’origine de l’haplogroupe O allait être étroitement liée à la ‘’voie du Sud’’. Dès cette époque, d’autres tribus K2a durent s’installer au Pakistan, où elles constituèrent les prémices d’un groupe *Proto-Austrique K2a*(O) au détriment des peuples F1-F3 et des peuples C1a2 que nous avons précédemment placés aux Indes. Ces tribus K2a* étaient accompagnées d’autres variants très mineurs de K2 dont nous n’avons pas encore parlé et donc nous ne reparlerons plus beaucoup, mais qui accompliront bientôt avec elle une grande migration jusqu’en Asie du Sud-Est : il s’agissait de K2c et de K2d que l’on observe aujourd’hui avec une faible fréquence en Indonésie (surtout Java) ; et de K2e qui ne dépassa pas le Pakistan et l’Inde où on le trouve encore. Nous postulons que ces peuples perdirent les caractéristiques eurasiatiques de leur langue originelle, par créolisation en Asie du Sud-Est.
Peuples d’haplogroupe K2a de l’Ouest
Enfin, l’archéogénétique indique que des individus K2a*existèrent aussi en Europe du Paléolithique supérieur. Leurs ancêtres de l’époque d’Hasselo sont indécelables pour l’instant. Nous les situons hypothétiquement au Mazandéran et en Azerbaïdjan, en arrière des groupes C1a2 *Aurignaciens avec lesquels ils s’amalgamèrent peut-être au long de la route qui allait les conduire en Europe ? C’est pourquoi nous ne leur donnerons pas un nom particulier.
Peuples d’haplogroupe K2b
Localisés en position plus centrale que les K2a, le peuple K2b (= PQRMS) * Eurasiatique occidental-Papouasienvivait peut-être à cette époque au cœur de l’Iran. Sa séparation en deux grands variants pourrait dater du stade d’Hasselo, v. 42.000 AEC.
Pour des raisons tenant à la distribution de leurs descendants, les tribus K2b1 (= MS) vivaient possiblement dans l’Est de l’Iran (Drangiane, Arachosie) ; il faut les nommer *Proto-Papouasiennes car il s’agissait des ancêtres patrilinéaires majoritaires des Papous actuels, porteurs majoritaires des haplogroupes M et S.
Les tribus K2b2 (= P/QR) demeurèrent probablement plus longtemps au Centre et au Nord du plateau iranien (Drangiane, Sagartie, Arie, Parthie). Ce groupe *Eurasiatique occidental contenait en germe les ancêtres des peuples Amérindes et Eurasiatiques occidentaux Cette proposition étant conforté principalement par la grande proximité patrilinéaires de ces groupes en termes d’haplogroupes ADN-Y mais aussi par l’association des langues amérindes aux langues du groupe eurasiatique.
Le rapprochement que nous faisons entre des peuples aujourd’hui si différents (Papous d’une part ; Amérindiens, Eskaléoutes et Indo-Européens d’autre part) peut paraître incroyable, mais c’est bien davantage qu’une hypothèse ! C’est un fait dicté sans ambiguïté par les deux haplogroupes frères K2b1 et K2b2. Cependant, il faudra probablement attendre l’Hengelo pour que cet ensemble commence véritablement à se fragmenter en ces deux grands sous-ensembles dont l’un suivra la ‘’voie du Nord’’ tandis que l’autre suivra la ‘’voie du Sud’’ [cf. carte N]. Ainsi, pointons que du côté de K2b, le variant K2b1 (= MS) fut le produit d’une migration qui emprunta la ‘’voie du Sud’’, tandis que le variant K2b2 (= P/QR) fut celui d’une migration qui emprunta la ‘’voie du Nord’’. Ce fait étant donc strictement parallèle à celui que nous avons reconstitué pour K2a, où K2a*(O) fut le produit d’une migration qui emprunta la ‘’voie du Sud’’, tandis que K2a*(N) fut celui d’une migration qui emprunta la ‘’voie du Nord’’. Ce parallélisme remarquable méritait d’être souligné !
Peuples Paléo-Levantins et autres peuples Levantins
Au stade d’Hasselo, la baisse du niveau des mers facilita le franchissement des détroits. C’est la raison probable pour laquelle les Humains modernes entrèrent pour la première fois en Europe v. 42.000 AEC. Jusque-là, la péninsule occidentale de l’Eurasie avait été exclusivement peuplée par des Néandertaliens dont l’industrie demeurait encore pleinement moustérienne. Les populations A1a*, A1b-M13 et BT* – que nous avons appelées *Paléo-Levantines et qui développaient une industrie émiréenne (EMI) – participèrent nécessairement à ce mouvement de colonisation et furent même peut-être les toutes premières tribus modernes à s’avancer en Europe balkanique ? Nous postulons que ces pionnier ont aujourd’hui pour descendants patrilinéaires directs les rares Ecossais et Irlandais A1a* et A1b-M13 et les rares Sardes A1b-M13. Passée le Bosphore, cette première vague moderne en Europe se répandit dans la vallée du Danube et remonta jusqu’en Tchéquie. Peut-être se rependit-elle également sur la côte occidentale de la mer Noire ? Nous avons cependant vu qu’il était possible que les vestiges émiréens d’Ukraine découlent d’une migration venue depuis la Géorgie [cf. carte L].
Par commodité – mais par anticipation –, les préhistoriens ont souvent associé cette première colonisation de l’Europe avec le début de l’Aurignacien et parfois avec l’arrivée d’un peuple *Aurignacien. Mais ce n’était pas le cas ! En effet, lorsque les données sont examinées de plus près, il apparait que l’Europe moderne du Hasselo n’était encore ni Proto-Aurignacienne ni Aurignacienne sur le plan des industries lithiques. A la place de ces industries qui viendront bientôt la remplacer, on observait une industrie dite de transition, appelée Bachokirien (BAC) ; laquelle appartenait à la sphère ‘’leptolithique’’ issue de l’Emiréen (EMI) proche-oriental ; comme c’était également le cas de l’Ahmarienancien (AHM) du Proche-Orient, culture contemporaine dans laquelle il faut situer l’origine commune du Proto-Aurignacien et de l’Aurignacien. Le Proto-Aurignacien n’apparaitra pas en Europe avant v. 40.000 AEC, On pourrait donc émettre l’hypothèse que la ‘’vague bachokirienne’’ (principalement A1b et BT* ?) se produisit au début de la période froide d’Hasselo, tandis que la ‘’vague proto-aurignacienne’’ (principalement portée par des tribus C1a2 mêlées de tribus CT* et F* ?) se produisit à la fin de la même période ou au tout début de l’Hengelo. Par commodité graphique, c’est à cette époque que nous la placerons [cf. carte N].
Après des métissages inauguraux probablement survenus dès l’installation des Hommes modernes au Moyen-Orient [cf. carte A], les occasions de métissages avaient continué lorsque les Hommes modernes du ‘’hub’’ s’étaient avancés dans le Zagros puis en Anatolie. Une fois les premiers Hommes modernes arrivés en Europe, le processus se reproduisit encore une fois, introduisant dans le génome des Hommes modernes occidentaux une proportion toujours plus grande d’ADN indigène. Nous nous sommes déjà interrogés sur la fréquence de ces rencontres intimes qui semblent à première vue avoir été rares puisque le génome des Européens modernes n’exprime que 2% environ d’ADN Néandertalien. On sait cependant depuis peu que ce taux était bien plus important au début de la colonisation européenne : c’est chez un homme moderne d’Oase-1 (Roumanie, v. 39.000 à 36.000 AEC) que l’on trouve le plus fort taux d’ADN archaïque, aux alentours de 10% ; mais aux temps aurignaciens, l’archéogénétique indique que les Européens modernes exprimaient en moyenne 6% d’ADN Néandertalien. Puis, ces mêmes travaux archéogénétiques indiquent une érosion régulière de ces taux initialement élevés, jusqu’à atteindre nos 2% actuels. Devant ces constatations, il faut admettre qu’une intense pression de sélection s’est exercée au long cours contre une grande partie des gènes Néandertaliens ; c’est-à-dire potentiellement contre ceux de ces gènes qui diminuaient les performances praxiques, cognitives et langagières ? A l’inverse, les gènes qui étaient neutres subsistèrent ; tandis que ceux qui conféraient un avantage pour mieux vivre dans un pays froid et de latitude élevée, subirent une pression de sélection en leur faveur (peau claire pour mieux synthétiser la vitamine D, grand nez pour mieux réchauffer l’air, système immunitaire pour mieux résister aux contextes microbiologiques et environnementaux locaux, etc.).
Hommes archaïques
En Europe centrale néandertalienne du MIS 3, aux côtés du Moustérien classique (bassin du Haut- et du Moyen-Danube), on commence à décrire des faciès moustériens ‘’évolués’’ ou Moustérien récent dans lesquels apparaissent des pointes foliacées qui pourraient avoir été des projectiles ou en tout cas des pointes emmanchées. Il est important de faire remarquer que ces innovations coïncident chronologiquement avec l’arrivée des Hommes modernes, ce qu’il est impossible d’interpréter comme un hasard étant donnée la très grande ancienneté du Moustérien en Europe. Alors, s’agit-il d’une ‘’simple’’ influence culturelle ? Ou cela traduit-il plutôt les conséquences d’un début de métissage, du côté Néandertalien du front de rencontre ? C’est l’hypothèse que nous retenons. Précédemment, nous avons qualifié de ‘’mode (3)-4’’ les industries PSI des Hommes modernes. Ici, ces industries ‘’Moustériennes évoluées’’ réalisaient plutôt un ‘’mode 3-(4)’’. Concrètement, on leur donne des noms différents selon les régions où elles ont été découvertes : le Jankovichien (JAN) de Hongrie réalisa la première industrie de transition des groupes indigènes moustériens au contact des envahisseurs *Bachokiriens. Puis rapidement, le Szélétien (SZE) et le Bohunicien (BOH)firent aussi leur apparition un peu plus loin à l’Est (Carpates) et au Nord (Bohême-Moravie), probablement en tant que résultante d’une avancée du front de rencontre. Nous faisons l’hypothèse que la composante moderne des peuples à l’origine de ces industries véhiculait les haplogroupes *Paléo-Levantins A1a* et A1b-M13 ; et peut-être aussi BT* ? Et aussi que leurs groupes contenaient une proportion importante d’ADN néandertalien.
En Europe Occidentale et en Europe Orientale, le vieux Moustérien demeurait inchangé. Cela s’explique probablement parce que les populations Néandertaliennes locales étaient encore à distance du front de la colonisation moderne.
Dans le reste du Monde, des Néandertaloïdes subsistaient encore dans la région de l’Altaï et peut-être en Extrême-Orient septentrional ?
Enfin, dans les montagnes du Sud-Est asiatique, nous faisons toujours figurer des Dénisoviens ; ceci selon l’hypothèse adoptée d’un front de rencontre qui dura très longtemps dans cette région très particulière, où les Hommes modernes exprimèrent pendant longtemps des industries archaïques.
Pour la première et la dernière fois, la carte N distinguera les zones septentrionales inhabitables pour les Néandertaliens (dépourvus de technologie) et pour les Hommes modernes (chaudement habillés). Avant la carte M, la question de cette distinction ne se posait pas car seuls les Néandertaliens vivaient au Nord ; à partir de la carte O, elle ne se posera plus.