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Complexe Interglaciaire CROMERIEN récent
MIS 15, MIS 14, MIS 13

Carte – R – 620.000 à 470.000 AEC – Complexe interglaciaire CROMERIEN récent – Pluvial Kageran (2)

 

Climat

Comme son pendant ancien, le Cromérien récent fut un complexe climatique globalement interglaciaire mais qui regroupa plus finement trois MIS : le MIS 15 (v. 620.000 à 560.000 AEC), ou interglaciaire ROSMALEN, qui fut chaud et humide ; le MIS 14 (v. 560.000 à 500.000 AEC) ou Glacial CROMERIEN-C, qui ne fut pas excessivement froid ; et enfin le MIS 13 (v. 500.000 à 470.000 AEC), ou interglaciaire NOORDBERGUM, qui fut chaud et humide au point de permettre l’établissement d’une flore subtropicale dans une région aussi septentrionale que le Nord du Caucase !

La carte R représente le MIS 13 au cours d’un épisode pluvial de ‘‘Sahara vert’‘ qui dut correspondre à la fin du ‘’pluvial Kageran’’ en Afrique.

 

Afrique

La méthode Levallois ou Levalloisien / ‘’mode 3’’ pourrait être née au Kenya à l’époque du MIS 16 [cf. carte Q], bien que certains chercheurs penchent plutôt pour le MIS 14. L’industrie comprenait des bifaces hérités du programme génétique des anciens temps acheuléens, auxquels s’étaient ajoutés des outils consistant en des éclats détachés d’une matrice de pierre préparée à l’avance (nucleus / core), laquelle, en elle-même, ne servait à rien. Cela signifie que l’artisan avait acquis une possibilité de planification en deux temps dont ses ancêtres avaient été incapables. Et cela ne peut pas se produire par un simple effet de la volonté ! Très vraisemblablement, la méthode Levallois fut donc le produit d’une nouvelle mutation génétique qui étendit le potentiel cognitif de ses porteurs et qui signa anthropologiquement les débuts d’Homo sapiens rhodesiensis.

Ce progrès considérable inaugura l’Âge de Pierre Moyen (Middle Stone Age, MSA) que l’on divise plus finement en une phase ancienne comprenant toujours des bifaces (MSA ancien, early MSA) et en une phase récente où les bifaces auront disparus (MSA récent, late MSA). Nous associerons prochainement le MSA récent avec les débuts de l’Homme Moderne [cf. carte W] ; tandis que le MSA ancien est associé avec son prédécesseur Rhodesiensis.

Le MSA ancien (MSA ANC) s’étendit en moyenne de 620.000 AEC (Kenya) à environ 250.000 AEC voire au-delà dans des régions restées en retard [cf. carte X]. Il allait comprendre plusieurs variantes africaines et une variante eurasienne célèbre, le Moustérien, qui n’apparaitra que beaucoup plus tard [cf. cartes V & suivantes]. Sur la carte R, le signe générique MSA ANC sera utilisé en Afrique de l’Est pour désigner un MSA ancien générique ; tandis que le MSA ancien d’Afrique du Sud est appelé Fauresmithien (MSA FAU). Ce dernier semble avoir comporté davantage d’éléments archaïques hérités de l’Acheuléen, ce que nous interprétons en termes de métissages locaux ; typologiquement, le Fauresmithien constituerait donc un ‘’mode (2)-3’’ plutôt qu’un pur ‘’mode 3’’.

 

Cette époque de l’arrivée des premiers Sapiens archaïques en Afrique du Sud pourrait avoir coïncidé avec la disparition des Homo naledi dont nous avons fait un vestige des temps HABILINÈS. Toutefois – si elles ne sont pas erronées – les dates du site qui nous a livré les restes de Naledi sont bien plus récentes. Nous continuerons par conséquent à les représenter jusque sur la carte X.

 

Au Cromérien récent, le Levalloisien / MSA ancien n’avait pas encore colonisé toute l’Afrique. Le déjà très ancien Acheuléen (ACH) – et donc l’Âge de Pierre Ancien (ESA) – perdurait encore probablement dans une grande partie de l’Afrique sub-saharienne ainsi qu’en Afrique du Nord. Nous le représentons également au Sud du continent africain, dans les zones les moins attractives que constituaient certainement les forêts tropicales et le Kalahari semi-désertique.

 

Eurasie

En accord avec Movius [cf. carte P], on ne connait toujours pas de site acheuléen en Europe Centrale et Orientale non plus que sur la péninsule anatolienne. La disponibilité locale en matières premières ou la nature supposée des sites mis au jour (par exemple habitation versus atelier, etc.) ne suffisent absolument pas à expliquer la frontière de Movius qui doit donc découler d’une logique autre que purement fonctionnelle ! Dans cette Europe non-acheuléenne du Centre et de l’Est du continent, on retrouve une industrie lithique dépourvue de bifaces que l’on appelle Tayacien (TAY), laquelle se situe clairement dans la tradition oldowayenne d’outils débité sans méthode élaborée, mais dont la particularité est d’être composée de ‘‘petits outils’‘; tandis que d’autres ensembles plus tardifs, constitués d’’‘éclats épais’‘, seront bientôt référencés au Clactonien (CLA) [cf. carte T].

Dans une vision simplificatrice assumée, ces deux industries seront toutes deux qualifiées de Tayacien et de ‘‘*mode 1bis’‘ dans l’atlas n°2 ; ceci pour connoter qu’elles étaient toutes deux localement issue de l’archaïque Oldowayen / ‘‘mode 1’‘ et constituaient globalement une sorte d’Oldowayen supérieur (OLD+). Nous avons déjà proposé une hypothèse pour expliquer cette évolution du vieil Oldowayen après une longue stagnation de 2 millions d’années [cf. carte P].

 

De l’autre côté de la frontière de Movius, en Europe du Sud-Ouest, plusieurs sites sont attribués à l’Acheuléen (ACH) à partir de cette époque. Toutefois, il ne s’agit pas d’un Acheuléen accompli car dans la plupart de ces sites, les bifaces sont rares et peu élaborés au point qu’on les qualifie souvent de ‘‘protobifaces’‘ ; tandis que l’essentiel du matériel lithique qui les accompagne peut – tout comme en Europe Centrale – être attribué au Tayacien. Face à ces observations complexes, s’opposent – comme toujours en archéologie – les partisans d’une évolution indigène et ceux d’un phénomène migratoire : Les tenants d’une évolution locale, pensent que les bifaces et ‘’protobifaces’’ européens ont été une réinvention convergente des anciens bifaces africains, comme pourrait l’avoir été celle des atypiques ‘’bifaces’’ *Bosiens de Chine [cf. carte P] ; mais cette hypothèse n’explique pas pourquoi le type humain Antecessor fut désormais remplacé par le type humain Heidelbergensis dans les sites d’Europe de l’Ouest qui nous ont livré des fossiles, sauf si l’on invoque une invraisemblable évolution anthropologique qui aurait été convergente sur plusieurs continents ; convergence anthropologique qui, de plus, aurait été parallèle à une convergence technologique ! Cela ne serait pas raisonnable. Par ailleurs, cette hypothèse d’une réinvention locale du biface ne permettrait pas d’expliquer l’existence persistante de la ligne de Movius ; ce qui conduit les partisans de cette théorie à minimiser la réalité de cette frontière technologique !

De leur côté, les partisans d’une nouvelle migration humaine en Europe, n’ont pas de route évidente à proposer : la plus facile, qui aurait consisté à franchir le Bosphore à pieds secs en période glaciaire, se heurte à la non attestation de l’Acheuléen le long de son parcours supposé : c’est-à-dire qu’on ne retrouve pas d’Acheuléen en Anatolie de l’Ouest, ni dans les Balkans, ni enfin en Europe Centrale où la voie du Danube est le débouché naturel de la voie du Bosphore ; toutes ces régions livrant au contraire une industrie tayacienne ! Nous avons vus  [cf. carte Q] qu’un passage par Gibraltar serait par conséquent bien mieux compatible avec la répartition très occidentale de l’Acheuléen européen, mais que cela impose le franchissement d’un bras de mer étroit à une époque où rien ne vient attester de l’existence de la navigation !

En attendant de nouvelles données, on suggérera quand même une infiltration de groupes acheuléens en Espagne, via un détroit de Gibraltar devenu très resserré au cours du glaciaire MIS 16 (Out andalous) [cf. carte Q], puis leur expansion progressive en Europe Occidentale dès l’interglaciaire MIS 15. Dans ce cas, les sites d’Europe du Sud-Ouest, qui associent des bifaces à une industrie tayacienne, pourraient témoigner de rencontres et de métissages entre des groupes Heidelbergensis / acheuléens ‘’migrants’’ et des groupes Antecessor / tayaciens ‘’indigènes’’, dont le résultat aurait été une hybridation technologique et anthropologique analogue à celle que nous verrons à l’œuvre au temps des industries européennes dites de ‘’transition’’, situées à l’interface des Paléolithiques moyen et supérieur ; c’est-à-dire anthropologiquement à l’interface des Néandertaliens classiques ‘’indigènes’’ et des Sapiens modernes intrusifs [cf. atlas n°3].

 

Si ce scénario devait trouver quelque validation, resterait encore à expliquer pourquoi l’Acheuléen d’Europe du Nord-Ouest (Angleterre, France, Allemagne) nous apparait plus ‘’pur’’ que celui d’Europe du Sud-Ouest (Espagne, Italie) ? En effet, au Nord de l’Europe Occidentale, on connait désormais de nombreux sites acheuléens sur lesquels on a trouvé de véritables bifaces classiquement bien formés et dont certains ont livrés des restes d’Homo heidelbergensis.Les sites les plus représentatifs sont : Boxgrove en Angleterre (v. 500.000 AEC), Mauer en Allemagne (v. 600.000 AEC), La Noira en France (dans le Cher, v. 600.000 AEC), Les Terrasses de la Somme en France (v. 500.000 AEC). La localisation assez septentrionale de tous ces sites acheuléens s’explique aisément au cours d’une époque chaude. Mais pourquoi sont-ils plus purement acheuléens que les sites du Sud-Ouest de l’Europe ? La réponse pourrait tenir à la maitrise du feu ! En effet, les premières traces de feu d’Europe Occidentale apparaissent vers 600.000 AEC, c’est-à-dire au MIS 15, plausiblement en cooccurrence avec l’arrivée puis avec le développement de l’Acheuléen. Dans ces conditions, la maîtrise du feu pourrait avoir permis à des Heidelbergensis / Acheuléens récemment immigrés d’Afrique via Gibraltar – et donc encore peu métissés avec les ‘’indigènes’’ Antécessors / tayaciens –, de gagner rapidement le Nord-Ouest de l’Europe au tout début du MIS 15, lorsque le climat encore froid de ces latitudes ne permettait pas aux Antécessors / tayaciens de les suivre aussi loin, puisque ceux-ci ne savaient pas encore entretenir des foyers.

En conséquence, arpentant seuls les régions européennes de latitude moyenne, les immigrés Heidelbergensis septentrionaux auraient nécessairement conservé un Acheuléen plus ‘’pur’’ que celui de leurs frères restés en Espagne et en Italie. Tandis que leur côté, restés au contact prolongé des ‘’indigènes’’ tayaciens, les immigrés acheuléens demeurés au Sud de l’Europe se seraient peu à peu métissés avec eux ; métissage qui aurait dilué leurs compétences technologiques acheuléennes, puisque celles-ci étaient essentiellement l’expression d’un programme génétique et non pas d’une véritable culture ?

 

La Nature nous offre-t-elle des exemples sur lesquels ce raisonnement pourrait s’adosser ? Oui ; l’exemple des oiseaux Inséparables peut illustrer ce point de vue. Ces Inséparables (Agapornis) sont des petits perroquets d’Afrique et de Madagascar chez qui le comportement de construction du nid est fortement déterminé génétiquement. Le groupe des Agapornis se compose de nombreuses espèces ou sous-espèces qui présentent la particularité d’utiliser des stratégies différentes pour collecter les matériaux nécessaires à la construction de leurs nids ; ainsi, les Agapornis fischeri portent des lambeaux d’écorces dans leur bec, tandis que leurs très proches cousins Agapornis roseicollis, insèrent des morceaux d’écorces sous leurs plumes et les rapportent de cette manière à leur nid en chantier. Or, les individus qui résultent d’une hybridation entre ces deux variétés affichent un comportement intermédiaire ! Cet exemple nous autorise à nous demander si les Humains hybrides *Acheuléo-Tayaciens d’Europe [cf. carte T] ne se sont pas trouvés exactement dans la même situation que ces perroquets ? Nous pensons que les bifaces européens mal formés et mêlés aux petits outils tayaciens constituent la marque fossilisée d’une hybridation comportementale entre deux races humaines aux compétences cognitives différentes ; et que des hybridations similaires plus anciennes expliquaient déjà les bifaces chinois de Bose, de même que les pièces italiennes à enlèvement bifaciaux et, finalement, le Tayacien lui-même [cf. carte P].

 

Contrairement au reste de l’Europe du Sud-Ouest, aucun biface ni protobiface n’est attesté dans les îles de Sardaigne et de Sicile qui avaient peut-être été peuplées au cours de l’hyper-glaciaire MIS 16 lorsque le niveau des mers était au plus bas [cf. carte Q] ? Cette observation fait penser à une population ‘’indigène’’ isolée, qui aurait été d’ethnie Antécessor et d’industrie tayacienne. Jusqu’à la fin de l’atlas n°2, nous suivrons l’hypothèse que ces deux grandes îles de Méditerranée Occidentale demeurèrent longtemps un conservatoire des temps anciens.

En Asie Centrale, l’Acheuléen pourrait avoir atteint le Tadjikistan (Perglana, v. 700.000 à 500.000 AEC), alors que – pour autant que nous pouvons en juger en l’absence de sites stratifiés – le ‘‘mode 1’‘ semblait être présent dans la région avant le MIS 16. Les conditions glaciaires drastiques du MIS 16 auraient-elles conduit à l’extinction les Erectus locaux qui étaient peut-être parvenus à subsister jusque-là en Bactriane et sur le Kopet Dag ? Peut-être pas complètement, car il existerait des sites de ‘’mode 1’’ en Bactriane de cette époque.

 

En Asie Orientale, les Erectus ‘’récents’‘ profitèrent nécessairement de l’interglaciaire pour recoloniser une fois de plus le Nord. Le célèbre site de Zhoukoudian (près de Pékin, v. 600.000 AEC) a livré des traces de foyers entretenus, qui sont les plus anciennes preuves de feux humains en Extrême-Orient. Suivant la logique adoptée dans l’atlas n°2, cette capacité à entretenir le feu devait être un héritage heidelbergensis de ces Erectus ‘’récents’’ qui étaient le produit d’une seconde vague de peuplement de l’Extrême-Orient et qui devaient avoir des capacités cognitives un peu supérieures à celles des premiers Erectus locaux [cf. carte O].

 

Quant au site de Sambungmacan (Java, v. 600.000 à 550.000 AEC) il a livré un fossile Erectus dont le crâne présente des particularités qui le distinguent des Erectus du Nord, ici appelés ‘‘Erectus’’ récents ; on fera l’hypothèse qu’il s’agissait des ultimes Erectus ‘’anciens’’, c’est-à-dire des descendants des premiers Erectus asiatiques qui étaient les plus proches parents des Hommes de Flores ; Hommes de Flores dont la taille était en train de se réduire du fait des conditions insulaires.

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