F – 1.9 à 1.8 MA AEC TIGLIEN C5-6
Complexe interglaciaire TIGLIEN – TIGLIEN-C5 et -C6
MIS 67, MIS 66, MIS 65, MIS 64, MIS 6

Carte – F – 1.900.000 à 1.800.000 AEC – Complexe interglaciaire TIGLIEN – TIGLIEN C5, C6
Climat
La fin de l’hyper-complexe Tiglien fut un doublé climatique appelée TIGLIEN-C5-C6. Au travers de 5 MIS chauds et froids, il s’est agi d’une période globalement tempérée et humide qui offrit même peut-être une succession de Saharas verts et d’autres déserts verts (Iran) qui auraient ainsi été propices aux migrations à longue distance ?
Habilinès
Si Homo naledi / *Habilines naledi fut le dernier représentant du stade Habilinès, il est licite de penser que l’Afrique du Sud demeura plus longtemps que l’Afrique de l’Est peuplée par les Habilinès. En quelque sorte, ce scénario de ‘’survivance’’ rejoue celui des Australopithécinès qui survécurent plus longtemps en Afrique du Sud (Australopithecus africanus) qu’en Afrique de l’Est.
Paranthropes
Sur cette carte et les suivantes, il est difficile de spécifier l’aire d’extension des Paranthropes parce que cette espèce n’habitait pas des territoires bien distincts de ceux d’Ergaster et des Habilinès. Les Paranthropes cohabitaient avec les deux autres groupes dans les mêmes savanes arborées de l’Est (Paranthropus boisei) et du Sud (Paranthropus robustus) de l’Afrique ; toutefois, les habitudes alimentaires plus sélectives des Paranthropes les cantonnaient peut-être davantage dans certaines régions où poussaient en abondance les végétaux qu’ils appréciaient ?
HUMAINS Afrique, Eurasie
Naturellement, ni la première migration humaine hors d’Afrique ni toutes celles qui suivirent jusqu’au Néolithique, ne purent résulter de décisions planifiées sur le long terme ! Lorsque la baisse du niveau des mers est suffisante pour faire émerger des ponts continentaux ou pour transformer les détroits en ce qui se met à ressembler à de simples rivières, ce sont toujours des ensembles fauniques complets (écosystèmes) qui les empruntent sans même s’en apercevoir, dans une quête permanente de nouvelles ressources et d’une moindre compétition intra-spécifique.
Parfois, les ponts ne restent accessibles que pendant une courte durée, et lorsque la mer les submerge de nouveau, les animaux qui les ont empruntés restent piégés de l’autre côté. Mais comme cet effacement des ponts coïncide généralement avec la survenue d’une nouvelle période tempérée (la mer remonte parce que les glaces fondent), les faunes méridionales piégées au Nord voient s’ouvrir devant elles de nouveaux territoires gigantesques où elles vont pouvoir prospérer… prospérer au moins jusqu’au coup de froid suivant ! C’est exactement ce qui était arrivé aux Hominidés eurasiens du Miocène que le retour du froid conduisit à l’extinction, à l’exception des Ponginés protégés par la persistance d’un climat tropical en Asie du Sud-Est [cf. atlas n°1].
L’époque des Tiglien-C5 et -C6 étant un complexe climatique, les passages fauniques en Eurasie furent peut-être des évènements redoublés, car les ponts continentaux ré‑émergent aux mêmes endroits lors de chacun des épisodes glaciaires significatifs. Aux époques où nous sommes parvenus, les MIS 68, 66 et 64 constituèrent autant de supports potentiels pour la ou les ‘’migrations tigliennes’’. Ainsi, le grand ‘‘OUT’‘ tiglien de l’Humanité naissante pourrait plutôt avoir été une salve migratoire composée d’une suite de plusieurs petits ‘‘Outs’‘ ?
Outre la voie d’Arabie, il faut concevoir que les ‘’OUTs of subsaharian Africa’‘ purent aussi prendre la forme de ‘‘Through Sahara’‘ ! A l’échelle des MIS compactés représentés sur la carte F, c’est probablement un épisode de ‘‘Sahara vert’‘ qui permit aux faunes savanicoles africaines – dont les Humains – d’atteindre pour la première fois l’Afrique du Nord. Munis de leur industrie lithique de ‘‘mode 1’’, ils sont attestés en Algérie (Aïn Hanech) vers 1.800.000 AEC, c’est-à-dire à la même époque qu’en Géorgie (Dmanisi). Quoique non datés parce qu’ils ont été récoltés sur des sites de surface, les outils de ‘‘mode 1’‘ retrouvés en Mauritanie, au Tchad (Ennedi) et en Lybie (Fezzan) pourraient eux aussi provenir de cette époque reculée et souligner un peuplement précoce de tout le Sahara. Au cours de ces épisodes climatiques idylliques, il est possible que la voie du Nil ait été brièvement rétablie ? Peut-être devons-nous concevoir un ‘’Nil clignotant’’, parfois en eau et parfois sec, pendant tout le fort complexe hyper-complexe climatique Tiglien ? Au Pakistan, le site de Riwat marque l’extrémité orientale connue du peuplement humain de l’Eurasie vers 1.800.000 AEC.
Selon certains chercheurs, la découverte de galets cassés dans des couches sédimentaires de France, d’Espagne et de Chine, démontreraient que des bandes d’Ergasters anciens étaient déjà parvenues à peupler toute l’Eurasie méridionale dès la fin du Tiglien. Pourtant, d’autres spécialistes pensent que de simples phénomènes naturels peuvent tout aussi bien expliquer les pierres cassées qui ont été retrouvées dans ces régions extrêmes. A ce stade, compte tenu de l’indigence de la documentation (2019), il demeure prudent d’avancer que la colonisation humaine de l’ensemble ‘’Proche-Orient / Anatolie / Géorgie / Iran / Pakistan’’ date du Tiglien-C5-C6 ; et que les colonisations de l’Extrême-Orient et de l’Extrême-Occident furent plus tardives.